Amour courtois et « fine amor », un point sur la question avec trois experts

poesie_medievale_fine_amor_amour_courtois_origine_definition_conference_moyen-age_centralSujet  :  littérature, poésie médiévale, fine amor, amour courtois, histoire, définition, contexte d’émergence, hypothèses.
Période : moyen-âge central (XIIe et XIIIe  siècles)
Média :  émission de radio,  France Culture
Titre :   la fabrique de l’Histoire, l’amour courtois (2016) par  Emmanuel Laurentin
Intervenants : Michel Zink,  Didier Lett,  Damien Boquet.

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passion‘où vient la notion d’Amour Courtois ? En dehors de son « invention » au XIXe siècle par Gaston Paris, que recouvre-t-elle de réalités médiévales et quelles furent les conditions de son émergence ? Voilà autant de questions que France Culture se proposait d’adresser en mars 2016 dans le cadre de son programme la Fabrique de l’Histoire, en invitant à sa table trois éminents universitaires et spécialistes d’histoire et de littérature médiévale :  Michel Zink, professeur au Collège de France (Chaire de Littératures de la France médiévale), Didier Lett (professeur d’histoire médiévale à l’université de Paris 7) et Damien Boquet (maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille I).

NB  ; ce n’est pas à proprement parler une conférence mais comme il s’agit d’un échange assez ouvert et informatif sur la question, nous indexons aussi cet article sous cette catégorie.

L’amour courtois, invention originale
du monde médiéval et occidental chrétien

Né dans le contexte d’une réforme grégorienne qui affirme plus que jamais le mariage comme institution et définit aussi clairement les lignes entre prêtres et laïques en faisant injonction formelle à ses derniers de demeurer célibataires, faut-il y voir là une relation de poesie_litterature_medievale_enluminure_codex_manesse_amour_courtois_moyen-age_centralcause à effet ou constater plus prudemment avec Michel Zink que cette poésie qui met au centre cette fin amor ou cet amour courtois n’émergera, en effet, qu’au sein du moyen-âge occidental chrétien et lui sera propre.

Au vue du contexte dogmatique et clérical des XIIe et XIIIe siècles, on pourra alors sans doute mieux comprendre ce sentiment amoureux ou cette définition d’une « nouvelle forme » d’amour (littéraire), qui se cherche entre l’interdiction du passage à l’acte (hors mariage pour l’homme, adultérin pour la femme) et l’assouvissement symbolique d’un désir interdit, condamné d’avance à ne jamais se poser sur son objet :

« … C’est une poésie (celle de l’amour courtois)  qui essaye d’intégrer à la vision chrétienne de l’amour cet amour relevant de l’Eros, mais qui dépasse largement le simple désir charnel et qui essaye de le récupérer… »
Michel Zink  – Extrait La Fabrique de l’Histoire

Lien vers le podcast original sur le site de France Culture

Ce serait donc aussi ce même « Amour » avec un grand A qui se tient au centre du christianisme, celui de Dieu, celui des uns et des autres qu’on cherche aussi à décliner, dusse-t-on le tirer du côté charnel et émotionnel, tout en ménageant les conditions pour transcender ces deux dimensions matérielles et le rendre, finalement, spirituel ?

En dehors de cette idée de l’exaltation, cette Delectatio Morosa qui lui sert de pendant ou d’argument (ce plaisir venu de l’attente et de la non satisfaction du désir qui excite et agite l’imagination), cette fine amor (fin’amor) et son désir jamais assouvi (quand la dame est sage ou que l’on respecte les interdits,) se transforme si souvent en souffrance et en complainte – celle de l’attente, celle de la distance infranchissable physique ou symbolique, celle du rejet, celle de la frustration pesante du non passage à l’acte, cet état où l’on n’en finit pas de se mourir d’amour – qu’on pourrait se demander s’il ne ménage  pas encore une forme de « pénitence » qui ne serait, après tout, pas totalement étrangère au christianisme.

poesie_litterature_medievale_enluminure_codex_manesse_amour_courtois_fine_amor_moyen-age_central_XIIe_XIIIePourtant, s’il est si chrétien, dans son essence, cet amour courtois, pourquoi se pose-t-il si souvent sur la dame du seigneur et de l’homme de pouvoir, et de fait aussi la femme déjà  mariée ?

Faut-il voir là une forme de valorisation symbolique   de l’adultère, et une sorte de « poésie résistante »  ou plutôt ne pas perdre de vue que cet amour courtois naît aussi, au sein des méandres et des jeux de pouvoir de la féodalité. N’y aurait-il pas, encore ici, une forme de report ou d’extension symbolique de la relation de soumission, forte et codée du seigneur à ses vassaux ou ses sujets, vers ses proches ? En d’autres termes, faut-il aimer ou louer la dame de son maître comme on est supposé l’aimer et le louer lui et lui être fidèle ? Peut-être, à condition de ne pas déraper trop loin sur le terrain glissant des analyses de genre et de la théorie des « affects », en invoquant un peu hâtivement la grille commode de la psychanalyse moderne pour la calquer sur l’époque.

Et puisque nous n’en sommes plus à une question près, si je voulais ici semer une autre hypothèse, sans doute plus terre à terre et en tout cas plus micro-sociologique, au risque de me faire tirer l’oreille pour son manque cuisant de romantisme. Sans prétendre épuiser le sujet mais pour offrir un autre angle : au delà du simple attrait et de la séduction qu’inspire la femme du seigneur, et par contagion quelquefois sa sœur, sa cousine, bref encore la gente féminine alliée au pouvoir et souvent de condition supérieure à celui qui la convoite, pourrait-il y avoir, là aussi, quelques niches secondaires, pour paraphraser Erving Goffman dans Asiles, ou, pour le dire plus trivialement, quelques avantages indirects à retirer (économiques, politiques, jeux d’influences ou supplément de soupe, poesie_litterature_monde_medieval_enluminure_codex_manesse_amour_courtois_moyen-age_centraletc…) quand on est poète ou petit noble,  en cherchant à devenir, à tout prix, le favori de la dame,  au risque de se perdre dans ce jeu littéraire d’un désir à jamais inassouvi, ou même de se faire chasser de la cour par le seigneur en cas de dépassement des bornes  ?

Bref, pour en revenir à l’émission du jour, si elle ne répond pas à toutes les questions, elle a le mérite d’en soulever un certain nombre en donnant trois approches assez différentes de cet amour courtois, qui peuvent se rejoindre par endroits (quoique) : une qui se centre sur l’analyse des genres et les lignes de démarcation entre les sexes, l’autre un peu plus axée sur la fine amor comme une forme de réponse littéraire, « anticléricale » ou « résistante » dans le cadre de la réforme grégorienne, et la troisième, sans doute un peu moins sociale ou psychologique et, de fait, plus prudente et moins spéculative aussi, basée sur une analyse qui se situe plus au niveau littéraire et au cœur des textes.

En vous souhaitant une bonne écoute et une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes  ses formes.

PS ; vous aurez certainement reconnu, tout au long de cet article, des miniatures  (quelque peu retouchées par nos soins) du Codex Manesse, célèbre manuscrit ancien allemand, contenant près de 700 chansons d’amour courtois. 

Saadi et les vertus du silence

gullistan_sagesse_medievale_persane_saadi_jardin_rose_moyen-age_centralSujet : contes moraux, sagesse persane, poésie morale, citation médiévale, érudition, humilité, vertus du silence.
Période  : moyen-âge central, XIIIe siècle.
Auteur :  Mocharrafoddin Saadi  (1210-1291)
Ouvrage  :  Gulistan, le jardin des roses.

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous repartons ici pour la Perse du moyen-âge central et du XIIIe siècle, à la découverte d’un autre conte ou historiette de Mocharrafoddin Saadi. Il nous invite, cette fois-ci, à méditer tout à la fois sur l’humilité nécessaire face à ses propres connaissances ou sa propre « science » et par conséquent sur la relativité de l’érudition, autant que sur les grandes vertus du silence. L’historiette est d’ailleurs tirée d’un chapitre dédié tout entier à ce dernier thème.

sagesse_persane_conte_poesie_morale_citations_Mocharrafoddin_Saadi_moyen-age_central

Comme souvent chez lui, la sagesse ne vient pas toujours d’où on l’attendrait le plus. Elle n’a rien à voir avec la condition sociale, ni même, en l’occurrence ici, avec l’âge.

“Un jeune homme intelligent, qui était fort versé dans les diverses sciences et qui avait un caractère plaisant, ne disait rien tant qu’il était assis dans des réunions de savants. Une fois son père lui dit :

– O mon fils! pourquoi ne parles-tu pas aussi de ce que tu sais ?

– Je crains, répondit-il, qu’on ne me demande ce que j’ignore, et que je n’aie à supporter la honte de mon ignorance.”

 Mocharrafoddin Saadi –   Gulistan, le jardin des roses.

On pourra encore lier cette citation avec une autre qu’on trouve un peu plus loin dans le même chapitre du Gulistan, toujours sur cette idée d’un excès de paroles qui, pour le sage, va souvent de pair avec une certaine ignorance :

« J’ai entendu un sage qui disait : Jamais homme n’a confessé son ignorance, excepté cette personne  qui, lorsqu’un autre est engagé dans un discours et qu’il n’a pas encore achevé, commence à  parler. »

Mocharrafoddin Saadi  (opus cité)

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Agenda : un beau festival du livre médiéval et de l’imaginaire à Châteaugiron

blason_armoirie_heraldique_chateaugiron_bretagne_festival_livre_medieval_et_imaginaireSujet ;  agenda médiéval, salon, livre médiéval, heroïc fantasy, médiéval fantaisie, médiéval fantastique
Nom:  Les enchanteurs, festival du livre médiéval et de l’imaginaire
Lieu : Châteaugiron, Ille-et-Vilaine, Bretagne
Dates : les 25 et 26 novembre 2017

Bonjour à tous,

U_lettrine_moyen_age_passionn très bel événement est à retenir, cette fin de semaine, sur l’agenda médiéval pour tous ceux d’entre vous qui se trouvent en Bretagne : le 6e Festival du livre médiéval et de l’imaginaire, à Châteaugiron.

Organisé par la communauté de communes du pays de Châteaugiron entourée de nombreux partenaires, ce festival recevra durant tout le week end en les murs de son château mais aussi autour, de nombreux auteurs et créateurs. Au delà de cet aspect salon, il promet encore de très belles animations thématiques autour  du monde médiéval et de l’imaginaire.

agenda_festival_medieval_livre_moyen-age_imaginaire_fantastique_legendes_bretonnes_chateaugiron_bretagneAvant de poursuivre et au titre de ces partenaires privilégiés, mentionnons ici que l’événement compte le Centre de l’Imaginaire ArthurienInstallé au coeur de la forêt de Brocéliande, ce dernier propose à l’année de nombreuses animations de qualité autour de la célèbre légende du Graal et des chevaliers de la table ronde et il sera présent, tout au long de ce week end sur le site, aux côtés d’autres artistes et compagnies médiévales.

Moyen-âge historique ou plus fictionnel et rêvé, il sera donc question durant ces  deux jours à Châteaugiron, d’approcher ces deux univers mais, vous le savez, tous les moyen-âge(s) nous interpellent ici a fortiori quand la rencontre s’annonce de qualité.

Le programme des réjouissances

Pour cette 6eme édition, la Nature sera à l’honneur. Nature nourricière et domestiquée, sans laquelle même le plus urbanisé des hommes ne saurait survivre, c’est ici plus favorablement la Nature rêvée qui sera invitée,  celle qui sait se parer des plus profonds mystères pour inspirer les contes les plus merveilleux et la littérature. (Ah ! Quel lecteur de Tolkien n’a marché, au moins une fois à sa suite et avec délice, sur le sol moussu d’une forêt profonde,  à la rencontre des Elfes ? )

Auteurs, illustrateurs, photographes 

festival_salon_livre_medieval_animations_fetes_moyen-age_historique_fantastique_chateaugiron_bretagneDu roman ou de la BD historique, aux genres les plus fictionnels et fantastiques, en passant même par l’archéologie médiévale, ils seront plus de vingt-huit auteurs et créatifs à Châteaugiron, ce week end pour répondre aux questions des visiteurs et dédicacer leurs oeuvres.

Amour et célébration du livre obligent, le festival sera aussi l’occasion de riches rencontres littéraires autour de l’Histoire, de la nature, ou du thème du héros dans la littérature fantaisie ou fantastique.  Du côté des créations graphiques et visuelles, On notera  encore trois belles expositions dont une du photographe Philippe Manguin sur la forêt de Brocéliande.

Animations médiévales, théâtre, contes, danses, musiques & farces

En dehors des livres, le grand divertissement ne sera pas en reste puisque le festival lui ménage une large place : spectacles équestres, musiques médiévales et danses anciennes, parades déambulatoires et festives, défilé de costumes sur le thème « Natures extravagantes », contes en continu autour de Brocéliande, scénettes et théâtre humoristiques ( il y aura même des farces du XVIe en français ancien ), visite guidée et animée des rues de la ville sur les pas d’un « veilleur de nuit » qui vous ménagera bien des surprises, et ce ne sont là que quelques unes  des réjouissances et festival_salon_livre_medieval_animations_moyen-age_historique_fantastique_chateaugiron_bretagnedes animations prévues.

Pour les plus actifs et prompts à l’exercice, il y aura aussi du tir à l’arc, de l’accrotour et un tournoi de « TrollBall », mélange de jeu de rôle grandeur nature et de sport.

Marché médiéval et Ripailles « tavernicoles »

Côté emplettes, l’événement propose un marché médiéval et du côté gastronomique, les affamés trouveront largement de quoi ripailler auprès des maîtres queux, crêpiers, rôtisseurs ou vendeurs de bière et d’hypocras, venus pour l’occasion.

Télécharger le programme complet du Festival du livre médiéval et imaginaire 2017.

Consulter le site officiel  –  Rejoindre la page FB de l’événement

En vous souhaitant une belle journée et un excellent festival à Châteaugiron, si vous avez l’opportunité de vous y rendre.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

La cantiga de Santa Maria 139, servie par le talent du luthiste Guy Robert

musique_medievale_luth_moyen-age_XIIIe_XIVeSujet :  musique médiévale, Cantigas  de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracles,  pèlerinages médiévaux.
Epoque : moyen-âge central, XIIIe
Auteur :  Alphonse X de Castille (1221-1284)
Titre : Maravillosos e piadosos , cantiga 139
Interprète : Guy Robert et l’Ensemble Perceval 
Album : 
L’art Du Luth au moyen-âge (1980 )

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn route pour la grande Espagne médiévale du XIIIe siècle, celle de la cour d’Alphonse le Sage et l’incontournable héritage musical et poétique qu’il nous a laissé avec les célèbres Cantigas de Santa Maria.

Il s’agit, cette fois, d’une version instrumentale plutôt enlevée et aux accents, par instants, presque byzantins de la Cantiga 139, arrangée et interprétée avec brio par le luthiste Guy Robert et l’ensemble Perceval (dont le musicien était, par ailleurs, le directeur et le co-fondateur).

La Cantiga Santa Maria 139 par Guy Robert et l’Ensemble Perceval

Guy Robert, l’Ensemble Perceval
et l’art du luth au moyen-âge

On se souvient que l’Ensemble Perceval se forma à la faveur du film d’Eric Rohmer Perceval le Gallois. Guy Robert en assuma alors la direction musicale et artistique et décida, par la suite, de poursuivre sur cette lancée sa riche exploration du répertoire des musiques médiévales avec une partie de l’équipe (comédiens et musiciens) que le film avait permis de constituer. Le travail artistique engagé depuis lors se poursuivit avec une partie de l’équipe originelle, pour donner naissance aux Productions Perceval dont nous avons déjà parlé ici.

La pièce musicale que nous partageons aujourd’hui est extraite d’un album sorti en 1980, chez Arion. Tout entier dédié à l’art du Luth au moyen-âge et gravitant autour de la virtuosité instrumentale de Guy Robert, l’album présentait onze pièces musicales : estampies italiennes et même anglaises, virelais, ballades, motets et encore cantiga. Avec, entre autres sources, le Manuscrit de Montpellier,  le Chansonnier du Roy ou le Codex Faenza, l’ensemble médiéval y musique_medievale_alphonse_X_cantiga_Santa_Maria_139_-Guy_robert_Ensemble_Perceval_luth_moyen-age_XIIIe_sieclerevisitait au Luth ou à la guitare sarrasine, les musiques de l’Europe médiévale des XIIIe et XIVe  siècles. On pouvait encore y trouver une version du virelai Douce Dame Jolie de Guillaume de Machaut.

Sorti originellement en vinyle, l’album fut réédité, plus tard dans le temps, au format CD pour le plus grand plaisir des amateurs de Luth tout autant que de danses et de musique médiévale. On le trouve aujourd’hui toujours disponible à la vente en ligne, sous un format dématérialisé. En voici le lien si vous êtes intéressés : L’Art du Luth au Moyen-âge (format MP3).

La Cantiga Santa Maria 139  :  miracles de Sainte-Marie et culte marial médiéval

Même si la version du jour est instrumentale,nous présentons tout de même ici les paroles de cette Cantiga en vous fournissant quelques clés de compréhension. Nous aurons, sans doute, dans le futur l’occasion d’en poster une version vocale et nous prenons ainsi un peu d’avance.

Intitulé Maravillosos e piadosos, autrement dit Merveilleux et pieux, la cantiga 139 loue,  une fois de plus, la vierge et ses miracles. La pièce est scandée tout du long par un refrain qu’on peut traduire ainsi:

« Merveilleux, plein de piété et très beaux, sont les miracles que tu fais, Sainte-Marie qui nous guide à la perfection de nuit comme de jour et nous apporte la paix. »

deco_medieval_moyen-age_chretienIl est donc ici question d’un miracle survenu en Flandres, nous dit le poète. Une femme avait apporté à la vierge et en son église, son petit enfant pour que la Sainte le prenne sous sa garde et le protège du malheur. Dans un élan spontané, l’enfant offrira alors du pain à l’image du Christ (la statue) en lui demandant s’il a faim, et la vierge s’adressera alors au Christ qui, à son tour, répondra directement à l’enfant, à haute voix :  «  Tu mangeras demain avec moi au ciel, et quand tu m’auras vu tu resteras toujours avec moi et tu entendras comment chaque saint chante, car je chante et défais le mal ». 

Ainsi, l’enfant mourra et sera accueilli directement au Paradis où « Dieu fait règner la joie et le rire » ( Gozo y rizo). ie : récompensé pour sa bonté et sa charité (le partage spontané du pain), il sera délivré de l’emprise du mal et du malin, et accédera au royaume de Dieu, en évitant une vie de souffrance. Au passage, on note bien ici dans le culte marial, cette idée que la vierge (plus humaine par nature) peut intercéder directement auprès du Christ puisque le poète médiéval nous conte, dans ce Miracle de la Cantiga 139, qu’elle le fait même directement et à haute voix.

Maravillosos et piadosos et mui
Fremosos miragres faz
Santa Maria, a que nos guia
Ben noit’ e dia et nos dá paz

E d’est’ un miragre vos contar quero
Que en Frandes aquesta Virgen fez
Madre Deus, maravillos’ et fero, por
Hua dona que foi hua vez
A sa eigreja d’ esta que seja
Por nós et veja-mola sa faz
No parayso, u Deus dar quiso
Goyo et riso a quen lie praz

Maravillosos e piadosos ….

A questa dona leuou un menynno
Seu fillo, sigo, que en offrecon
Deu aa Virgen, mui pequenynno
Que de mal ll’ o guardass’ e d’ oqueijon
Et lle fezesse per que disesse
Sempr’ e soubesse den ben assaz
Que, com’ aprendo, seu pan comendo
Foi mui correndo, parouss’ en az

Maravillosos e piadosos ….

Cabo do Fillo daquela omagen
E diss’ o menynno: « Queres papar? »
Mais la figura da Virgen mui sagen
Diss’ a seu Fillo: « Dille sen tardar
Que non ss’espante, mais tigo jante
U sempre cant’ e aja solaz
E seja quito do mui maldito
Demo que scrito é por malvaz. »

Maravillosos e piadosos ….

Respos ao menynno: « Pparas
Cras mig’ en Ceo; e que me visto
Ouveres, senpre pois migo seerás
U ouças, que chanto e mal desfaz. »
Esto comprido foi, e transsido
E moç e ydo a Deus viaz

Maravillosos e piadosos ….

En vous souhaitant une bonne écoute et une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes  ses formes.