Archives de catégorie : Médecine médiévale

Régimes spéciaux, théories, croyances, pharmacopée, saignées, règles d’hygiène. Nous vous proposons ici une incursion dans la médecine médiévale d’époque, avec certains de ses auteurs ou de ses traités.

Médecine médiévale : les quatre saisons au rythme de l’école de Salerne

medecine_medievale_ecole_salerne_science_savant_Regimen_SanitatisSujet :  médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage,  manuscrit ancien,  saignée.
Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles)
Titre:  l’Ecole de Salerne (traduction de 1880)
Auteur :  collectif d’auteurs anonymes
Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous poursuivons la lecture du Flos Medicinae de l’Ecole de Salerne et après avoir vu l’influence de l’air et des quatre vents sur la santé dans notre article précédent, l’ouvrage du XIIe siècle nous parle, cette fois-ci, de l’influence des saisons sur nos états de santé, et nous donne la marche à suivre pour assurer notre bien être en automne, en hiver, au printemps, comme en été.

Nous sommes toujours dans le chapitre concernant l’hygiène et ses principes généraux et on y apprendra entre autre que le régime alimentaire, le repos, les exercices et même « l’amour » ont intérêt à se calquer sur le rythme de la nature et sa saisonnalité. Même si nous le pratiquons encore un peu intuitivement « manger moins l’été, manger plus riche l’hiver, » etc… , la vie moderne et urbaine – ses rythmes, ses exigences, ses produits toujours disponibles qui ne suivent plus aucune saisonnalité – nous citations_medecine_medievale_ecole_salerne_hygiene_saisons_bain_moyen-age_centraldonne souvent l’impression que nous pouvons nous affranchir  des rythmes de la nature. Pourtant depuis des temps immémoriaux, nos ancêtres, pas seulement médiévaux, mais même ceux qui les avaient précédés depuis, au moins l’invention de l’agriculture et de l’élevage, dépendaient des saisons et étaient fortement attachés à la terre et à ses cycles de production. Il ne serait pas venu à l’idée pour la médecine d’alors que l’homme puisse s’affranchir de ces cycles naturels et en vivre totalement dissocié sans en payer le prix sur son bien-être et, plus loin, sa santé. Entre les lignes des prescriptions d’hygiène alimentaire ou purgative, on retrouve d’ailleurs dans cet extrait, quelques références claires à la saisonnalité des produits (vin en automne, viandes rôties des campagnes l’hiver).

A tout celà, il faut ajouter que ces recommandations du Flos Medicinae  ne peuvent être dissociées de la théorie des humeurs. Cette dernière guide alors le médecin dans ses diagnostics, autant que dans ses prescriptions, à la recherche d’une santé qui se situe dans l’équilibre des quatre humeurs présentes dans le corps, et que le climat et les saisons viennent encore influencer. Il y est notamment fait allusion clairement dans le paragraphe sur l’Eté :

« L’Été sec et brûlant survient: sache qu’alors
La bilieuse humeur domine dans le corps. »

Bile jaune, chaude et sèche comme le feu, propice aux états colériques que l’été vient faire bouillonner, pour être devenue la saison des congés payés et des doigts de pieds en éventail sur la plage, à premier vue, nous nous sommes un peu distanciés de la vision médiévale de cette saison, en terme de représentations. 

citations_medecine_medievale_ecole_de_salerne_regimen_sanitatis_influence_saisons_saignee_phlebotomies_moyen-age_central

La saignée, un pratique médicale
ancestrale et médiévale

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour le reste on  découvrira encore dans cet extrait du Regimen Sanitatis que  l’automne nous permettra d’échapper à la saignée ce qui nous donne l’occasion d’un  petit détour sur cette pratique médicale ancienne.

Au moyen-âge, la saignée est encore un moyen comme les purgatifs de rétablir l’équilibre des humeurs. Elle s’inscrit donc dans cette théorie. Pratiquée depuis l’antiquité, si Hippocrate (460-370 av J-C) la limitera dans son utilisation, Gallien (129-200 av J-C) en élargira le champ d’application, au risque d’en faire une remède applicable dans un grand nombre de cas de figures. L’influence de ce dernier sur le sujet sera durable et perdurera jusqu’au XVIIe siècle.

Dans le courant du moyen-âge central, Salerne suivra ce mouvement en faisant notamment de cette saignée une mesure d’hygiène préventive, et en préconisant même la « saignée de précaution ». On continuera toutefois de ne pas la prescrire aux personnes âges, aux enfants, et aux personnes en grand état de faiblesse. Curiosité propre à ce moyen-âge chrétien et conséquence de l’ascétisme sexuel que le Concile de Latran est venu imposer à ses moines et au personnel de l’épiscopat romain, dans le courant du XIIe siècle, au delà de cet usage préventif sur la santé, on retrouvera même une utilisation de cette pratique dans le champ spirituel en direction des ecclésiastiques, pour « affaiblir leurs désirs et leurs appétits de chair » .  

medecine_medievale_salerne_saignee_theorie_humeur_moyen-age_central
A la source de la médecine médiévale, la théorie des humeurs et de leur équilibre.

Quoiqu’il en soit, même si elle en élargit quelque peu le champ en la plaçant du côté de la médecine préventive, l’Ecole de Salerne continuera, nous l’avons dit, d’encadrer cette pratique de la saignée ne la recommandant qu’à certaines périodes, comme on le voit dans notre extrait du jour. En réalité, les médecins de Salerne iront même plus loin que cela en ne la prescrivant qu’à certaines dates et même qu’à certaines heures de la journée ou certains jours du calendrier lunaire. En remontant un peu plus loin dans le temps, on retrouvera encore chez Avicenne un champ d’intervention assez précis la concernant et elle ne s’adressera pas, là non plus et loin de là, à tous les cas, ni à tous les malades.

En réalité, pour rendre justice à cette pratique dans le cadre de la médecine médiévale, il semble que c’est largement plus le siècle de Molière, le XVIIe qui fera de cette saignée une véritable panacée et en élargira encore le champ et la pratique, au point de la rendre totalement abusive.

La saignée dans la médecine moderne

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour le cas où vous poseriez la question d’un éventuel soubassement scientifique à cette pratique de la saignée que Molière a si bien moquée et pour cause et qui, pendant, des siècles fut une réponse médicale à bien des maux, voici quelques éléments de réflexion qui n’ont pas la prétention de l’exhaustivité..

Tout d’abord, les globules rouges contiennent du fer, et la saignée par le prélèvement d’un peu de sang permet de favoriser l’élimination d’un éventuel excédent de fer dans le sang. On apprendra encore que ce dernier finit souvent par se déposer en d’autres endroits du corps et peut être, notamment une cause de cirrhose du foie. Des cas d’anémies, également dus à cet excès de fer, peuvent être encore traités partiellement et sous contrôle médical, bien évidemment, par le prélèvement de sang. Dans ces cas là, il semblerait que la saignée, medecine_medievale_enluminures_saignee_ecole_salerne_flos_medicinae_moyen-age_centralcontre l’idée générale qu’elle pourrait affaiblir, permettrait, en réalité, de stimuler l’organisme et la production de « sang neuf ».

Rebaptisés en médecine moderne « phlébotomies », ces prélèvements sont encore en usage chez les médecins urgentistes qui les pratiquent dans un certain nombre de cas. Si elle a changé de nom et si on ne l’utilise plus aujourd’hui de manière aussi large que l’on pouvait le faire aux périodes antérieures, la saignée est donc toujours pratiquée par la médecine moderne.

Du régime suivant les saisons

Printemps.
Le Printemps et l’Été, l’Automne, enfin l’Hiver
Se partagent l’année. Humide et doux est l’air
Au printemps; pour saigner le moment est propice;
D’un amour modéré goûte le pur délice:
La saison te prescrit les purgatifs, les bains,
exercice, sueur, liberté d’intestins.

Été.
L’Été sec et brûlant survient: sache qu’alors
La bilieuse humeur domine dans le corps.
Plus d’amour; des mets froids sur la table discrète;
De bains et de saignée abstinence complète;
De longs repos; ne bois qu’avec sobriété;
Le corps est desséché des jeûnes de l’été:
Un vomitif chassant les humeurs viciées
Lave de l’estomac les routes balayées.

Automne.
L’Automne est froid et sec; par ses fruits redoutables;
Aux mets chauds unis donc les bons vins sur la table.
Garde-toi de saignée et de mets farineux;
D’un amour trop ardent fuis l’excès dangereux.

Hiver.
L’Hiver, saison glacée, humide et rigoureuse,

Chargera de mets chauds la table copieuse;
Satisfais à ton aise un appétit actif;
Qu’on te saigne, mais peu; jamais de purgatif.
Mange rôtis les mets que la campagne donne;
Toute viande de poivre assaisonnée est bonne.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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L’influence de l’air et des vents dans la médecine médiévale de l’Ecole de Salerne.

medecine_medievale_ecole_salerne_science_savant_Regimen_SanitatisSujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage, manuscrit ancien. humilité
Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles)
Titre:  l’Ecole de Salerne (traduction de 1880)
Auteur :  collectif d’auteurs anonymes
Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc

« Hygiène: influences physiques.
Air.
Respire un Air serein, brillant de pureté, Dont nulle exhalaison ne ternit la clarté ; Fuis toute odeur infecte ou vapeur délétère Qui, montant des égouts, empeste l’atmosphère.

Vents.
De l’Aurore nous vient le Vulturne, l’Eurus, Et le Subsolanus;Zéphir, Favonius Soufflent à l’Occident; sur les plages lointaines S’élèvent, nous portant leurs brises africaines, Le Notus et l’Auster, et du Septentrion S’élancent le Caurus, Borée et l’Aquilon. »

Extrait, citation médecine médiévale: hygiène, influences physiques
“Flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanum” ou “L’Ecole de Salerne” Traduction par Charles Meaux Saint-Marc (1880)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous poursuivons, ici, notre étude de la médecine de l’Ecole de Salerne en suivant le fil de ce long poème appelé le Flos medicinae et qui fut populaire aux XIe XIIe siècles et même jusqu’à bien des siècles plus tard.

Nous sommes toujours dans le chapitre qui concerne l’hygiène et, cette fois-ci, les médecins médiévaux de Salerne nous parlent d’Air et de Vent.  Chose qui peut nous paraître bien curieuse pour autant qu’elle soit devenue anecdotique dans les prescriptions de la médecine moderne, la qualité de l’air respiré était considérée, au moyen-âge, comme une condition véritable de santé. Bien sûr, nous le savons encore: « L’air pur, comme l’eau pure fait du bien » et il nous reste cette idée que l’air de la montagne ou l’air de la mer sont bons pour la respiration, mais cela s’arrête à peu près,aux problèmes des voies respiratoires. On sait aussi, bien sûr, et pour les mêmes raisons que tout air vaut mieux que celle de nos villes, tant elle y est de plus en plus viciée et polluée; ce n’est un mystère pour personne.

Au moyen-âge et en terme de médecine préventive, on prend l’affaire très au sérieux et il ne s’agit pas alors de pollution atmosphérique. Vapeurs méphitiques, mauvaises odeurs peuvent être considérées comme dangereuses pour la santé, et on n’hésite d’ailleurs pas à établir des relations directes entre mauvaises odeurs, émanations insalubres, air vicié et maladie.

Dans le même registre, on prête aussi aux vents une grande importance et de grandes influences sur la santé et cela vous frise_vent_deco2explique le deuxième paragraphe de l’extrait que nous publions aujourd’hui. C’est une idée sans doute plus incongrue dans le contexte de la médecine occidentale moderne que la précédente. Même si les médecins actuels n’ignorent sans doute pas que certains endroits ou climats sont bons pour le rétablissement ou la convalescence (on pense notamment aux villes thermales et à la qualité de leurs eaux), il n’existe pas véritablement, à ma connaissance, de carte répertoriant des lieux géographiques et climatiques propices à soigner précisément telle ou telle maladie ou faiblesse et encore moins en fonction des vents qui y soufflent ou des saisons.

Si vous comptez parmi les sceptiques de l’incidence direct du vent sur les états de santé, ne croyez pas cependant cette idée relève de « l’hérésie » médiévale. Les vents nommés dans l’extrait du jour sont connus et identifiés chez les anciens grecs, chez Horace et plus tard chez Pline. Et comme ils sont en relation avec les saisons qu’ils annoncent ou qu’ils accompagnent, chacun d’entre eux est aussi associé des qualités: froid, chaud, sec, humidité, fort, impétuosité, propice à calmer, etc,… On les considère donc comme créant des conditions favorables pour éradiquer certains problèmes de santé.

En l’occurrence, comme nous sommes ici, avec cette médecine versifiée du moyen-âge central, à Salerne, les vents qui s’y trouvent mentionnés sont ceux de la péninsule italienne. Pourtant, plus près de nous, en fouillant un peu ces aspects, on trouve dans le courant du XIXe siècle la tentative d’un médecin, le docteur Edouard frise_vent_deco2Carrière pour établir une carte géo-médicale de l’Italie dans un ouvrage intitulé : « Le climat de l’Italie sous le rapport hygiénique et médical ».  Voici ce qu’il nous dit à propos de la péninsule italienne dans son introduction. Nous sommes en 1849:

« Si l’Italie attire pour ses souvenirs d’histoire et ses œuvres d’art , elle attire aussi pour les qualités de l’air qu’on y respire. Si elle est la terre des artistes, des curieux et des rêveurs, elle est aussi celle des malades. Si les uns vont y demander des satisfactions ou des amusements pour l’esprit, d’autres, et ils sont en grand nombre, accourent pour essayer de ranimer, sous ce ciel brillant, un flambeau qui s’éteint, le flambeau de la vie. »
Dr Edouard Carrière –  Le climat de l’Italie sous le rapport hygiénique et médical

Compas des vents XVIIIe siècle, Matthaus Seutter: "Tabula Anemographica seu Pyxis Nautica",
Compas des vents XVIIIe siècle, Matthaus Seutter: « Tabula Anemographica seu Pyxis Nautica »,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour l’auteur, il ne fait aucun doute que l‘Italie était alors considérée comme une terre d’élection pour les malades et, dit-il encore, les « souffreteux ». Il n’est pas impossible que l’influence de l’Ecole de Salerne que l’on visitait déjà depuis tous les coins d’Europe à partir du XIe siècle y soit pour quelque chose, mais les lieux que l’on visite dans le courant du XIXe siècle débordent de loin cette seule ville. Au fil des siècles, il semble donc bien que c’est frise_vent_deco2l’ensemble de la péninsule qui a acquis cette réputation.

Voila là table des vents mentionnés dans l’ouvrage du Dr Carrière avec leur origine. Elle nous permet d’éclairer ceux mentionnés dans la citation de l’Ecole de Salerne qui nous occupe aujourd’hui:

Septentrion (ou Aparctias de l’antiquité): nord
Le Coecia : nord-est
Le Subsolanus ou l’Apeliotes: est
L’Eurus ou le Vulturne: sud-est
L’Auster ou le Notus : sud
L’Africus ou Libs; sud-ouest
Favonius ou Zéphir: ouest
Corus, Argestes; nord-ouest

Même s’il dédie un chapitre complet à l’influence des vents, à leur nature et à leur qualité, l’auteur ne s’arrête pas là et les déborde largement, s’intéressant encore à l’atmosphère, aux eaux, aux forêts, à la géologie, la topographie et même aux météores. Si l’on en juge par la grand place faite à cet ouvrage original dans les Annales d’Hygiène publique et de médecine légale parues autour des mêmes années,  le travail du Docteur Carrière n’a alors rien de fantaisiste, ni de marginal. Et l’on se surprendra peut-être de voir à quel point la relation établie entre climat, vent et lieu peut être précise, une fois traduite en frise_vent_deco2prescription.  En voici un extrait tiré de ces annales qui reprennent donc les travaux de E. Carrière:

« A l’instar de Massa, de Sorrente, Castellamare est parcourue par les vents septentrionaux, qui sont seulement un peu moins tièdes et un peu plus secs, aussi a-t-on remarqué que le séjour d’été des hauteurs de Castellamare est favorable aux engorgements du foie, de la matrice, sans dégénérescence des tissus, aux épuisements nerveux dus à la fatigue des plaisirs, du travail intellectuel, des affaires. (…) Ces indications se rapportent à la saison d’été, pour éviter un trop long déplacement, les malades pourraient aller passer l’hiver à Salerne. »
Annales d’Hygiène publique et de médecine légale Vol 43 (1850)

Pour être très honnête, hormis peut-être des lieux de cure répertoriés, je ne sais pas à quel point, la médecine moderne prend encore ce genre de faits vraiment en considération, et surtout de manière aussi précise, pas d’avantage que je ne peux avancer si l’Italie est toujours perçue, de nos jours encore, comme une terre de rémission privilégiée comme elle l’était encore dans le courant du XIXe: « Allez pour votre foie, vous irez me passer trois jours à Rimini et pour votre problème de Stress, vous ferez suivre avec une semaine à Rome » Chouette!

Pour revenir à des choses plus sérieuses et à la vue de ces éléments, il nous faut sans doute encore avancer dans le temps l’influence des principes de l’école de Salerne dans la médecine occidentale au moins jusqu’au XIXe siècle.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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L’usage du don, une citation de Paracelse et un saut du côté des amérindiens

citations_alchimie_medecine_medievale_moyen_age_paracelse« Si tu as reçu un don, fais en usage librement et joyeusement comme le soleil: donne de ta splendeur à tous !. »
Theophrastus Bombastus von Hohenheim, Paracelse (1493-1541)
Médecin, alchimiste, astrologue et savant, du moyen-âge tardif.

Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoilà un belle éloge du don et de son usage, venu de la toute fin du moyen-âge et de Paracelse. A propos de ce dernier, son don, il l’a, assurément trouvé du côté  de la médecine et des sciences, même si son chemin, en marge des universités, lui a valu l’opprobre et les critiques de ses contemporains et d’autres encore bien après sa mort.

Le don chez Paracelse

Pour creuser un peu plus cette notion de don chez Paracelse, il faut faire appel à quelques autres extraits de son oeuvre:

« Mais nous traitons ici des choses naturelles: car combien que ces dons soient de Dieu, on entend et comprend toutefois que ces choses ne se fassent aucunement selon l’ordre de la nature, parce que l’homme apprend les arts et les astres, et est aussi trompé et déçu par eux, d’autant qu’ils l’ont crée tel, qu’il semble avoir été incliné à apprendre les arts et sciences, ou bien à en être ignorant, et à sagesse ou à folie. »
La grand chirurgie de Philippe Aoreole Theophraste Paracelse

medieval_frisure_decoration_ornement_moyen-age_passionPour Paracelse, l’affaire est claire, on naît ou on ne naît pas avec un don pour faire certaines choses. Ce Don vient de Dieu et il faut savoir l’écouter et le reconnaître. Et l’on peut bien faire des pieds et des mains, pour apprendre les Arts et la Science, par exemple, et vouloir se faire médecin, si l’on n’en a pas le Don, on passera simplement à côté. On reconnait bien, là encore, le Paracelse qui se fraye son propre chemin dans l’exercice de son art, en définissant le mauvais médecin, du bon; l’apprentissage des Arts et Sciences n’ayant rien à y voir et ne suffisant, en tout cas, pas pour en faire un bon. Les uns, possédant le don, en seront « embellis et en triompheront encore à cette heure » (dans le domaine des Arts et Science), tandis que les autres se perdront et se feront même « embrouillés de badineries sophistiques, suivant que la nature bonne ou mauvaise du ciel ou firmament  leur a donné cela ».

Pour lui, il y a donc le don est de nature divine, mais les astres s’en mêlent aussi. Si l’homme sait suivre et écouter la parole du créateur pour découvrir et exercer son don, il pourra alors passer au delà de l’influence des Astres ou même la « dominer ». S’il veut, malgré tout, faire quelque chose de contraire à son don, en suivant uniquement « la nature » et non pas la parole de Dieu, alors il se fourvoiera, non seulement, dans l’activité ou le métier qu’il s’est choisi, mais il ne pourra pas non plus dominer l’influence, éventuellement mauvaise, des astres sous lesquels il est né.

La quête de visions
ou le « connais-toi toi-même » amérindien.

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Pour élargir sur cette citation sur le don, et sans rester à proprement parler sur le terrain médiéval, un certain nombre de tribus de natifs d’Amérique du nord ont toujours pensé, et ils le faisaient sans doute déjà, au moment où Paracelse écrivait ces lignes, que chacun de nous, dès son arrivée dans ce monde, naît avec quelque chose d’unique, qui lui appartient et qu’il peut mettre au service de sa communauté. Quand arrive l’adolescence, dans certaines de ces tribus, le jeune est envoyé dans la montagne pour faire ce que l’on appelle une « quête de visions ». Il y reste quelques jours, seul, à jeûner, à méditer, à affronter ses peurs aussi. Cette période a pour vocation de lui permettre de retrouver, par l’introspection, la solitude et la méditation, ce à quoi il est destiné.

medieval_frisure_decoration_ornement_moyen-age_passionEn général, au sortir de cette recherche introspective, « l’initié » trouve, dans son coeur le pourquoi de sa venue, soit ce à quoi il va consacrer sa vie et en quoi il va contribuer à élever la communauté humaine au sein de laquelle il est né: faire du pain? Confectionner des chaussures? Danser? Chanter? etc… Ce don n’a pas à être quelque chose d’extraordinaire ou de particulièrement « exceptionnel », ce qui le rend tel c’est la conscience profonde qu’il lui appartient en propre, autant que l’intention ou la passion profonde qui l’anime. Selon ces tribus, chacun a un don, il n’en existe pas de petit. et, si l’on n’en a pas encore pris conscience, il suffit de le retrouver au plus profond de soi-même. Il n’y a donc pas pour eux de conditionnel comme dans la phrase de Paracelse, et chacun, une fois ce don trouvé, peut donner de la splendeur à tous. En revanche dans ce questionnement et cette quête de visions, la mystique est omniprésente: l’aide du Grand Manitou est sollicitée et nous rejoignons là d’une certaine manière, la mystique de Paracelse, sur l’origine à la fois innée et divine de ce don qui peut être retrouvé par l’appel à la transcendance.

Ayant dit tout cela, et quelque soit le votre, qu’il brille de toute sa splendeur.

Une belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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La médecine médiévale selon l’Ecole de Salerne: l’hygiène principes généraux

medecine_medievale_ecole_salerne_science_savant_Regimen_SanitatisSujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage, manuscrit ancien.
Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles)
Titre:  l’Ecole de Salerne (traduction de 1880)
Auteur :  collectif d’auteurs anonymes
Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc

« La fatigue, les maux, les chagrins, la colère
De tes jours dévorés abrègent la carrière;
Esprit vif, enjoué, de fleurs sème tes pas.

Fuis des festins pompeux les perfides appas.
souffrant d’un flux cruel, si tu ne veux mourir,
crains le froid, la boisson, l’ivresse du plaisir.

Repas, travail, sommeil, prends tout avec mesure;
L’excès en ces trois points blesserait la nature.
Lève-toi de bonne heure, et le soir marche tard,
Tu prolonges ta vie, heureux et gai vieillard »

Citation médecine médiévale – l’hygiène, principes généraux.
“Flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanum” ou “L’Ecole de Salerne” Traduction par Charles Meaux Saint-Marc (1880)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous poursuivons avec la médecine médiévale de l’Ecole de Salerne à laquelle nous avions déjà dédié un long article. Cette fois-ci, nous vous partageons une citation sous la forme de pieds de vers caractéristique de ce manuscrit ancien. Elle concerne les principes généraux d’hygiène et même si elle date des XIe XIIe siècles, il y aurait, sans ripailles_moyen-age_festin_medievale_medecine_conseil_hygiene_ecole_salernedoute, peu de médecins modernes pour la désavouer.

Alors, autant le concéder par contre, à la veille des fêtes de Noël ou du nouvel an, pour ceux qui pensent s’adonner joyeusement aux excès et aux grandes ripailles, ces quelques lignes prennent un peu  la forme d’un méga « spoil », mais, en même temps, c’était peut-être le moment ou jamais de les découvrir. Un peu de mesure ne faisant jamais mal au foie.

Une très belle journée à vous et n’oubliez pas de semer des fleurs sous vos pas, en évitant les chrysanthèmes quand même!

Fred
Pour moyenagepassion.com
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