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Guillaume IX d’Aquitaine : une biographie du tout premier troubadour avec Gérard Zuchetto

poesie-medievale-troubadour-guilhem--Poitiers-Guillaume-IX-Aquitaine-moyen-ageSujet : musique médiévale, biographie, troubadours,  portrait, vidas, naissance de l’art des troubadours
Auteur  médiéval   :  Guilhem de Poitiers ou Guillaume IX d’Aquitaine   (1071-1126)
Période : Moyen Âge central, XIIe siècle
Ouvrage :   La Tròba, l’invention lyrique occitane des troubadours XIIe-XIIIe s. Gérard Zuchetto, éd Tròba Vox, 2020 (2e édition)

Bonjour  à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion-copiaoilà longtemps que nous nous étions promis de  tirer le portrait de Guilhem de Poitiers ou Guillaume IX d’Aquitaine, seigneur et poète que l’histoire nous désigne encore comme le tout premier troubadour du Moyen Âge. « A tout seigneur, tout honneur », notre plaisir est, aujourd’hui, doublé puisque  c’est avec  Gérard Zuchetto que nous allons  le faire. Ce talentueux musicologue, chanteur et musicien chercheur, spécialiste de ces questions  nous fait, en effet, la grande faveur de nous autoriser à partager, ici, un extrait de son ouvrage  La Tròba, l’invention lyrique occitane des troubadours des XIIe-XIIIe siècles :  celui qui concerne, justement, la présentation du comte Guilhem de Peiteus, ainsi que des éléments de sa biographie .

Quelques notes sur le débat des origines

deco_medievale_enluminures_trouvere_Où et comment naissent les idées et les formes culturelles ? C’est un thème cher aux ethnologues ou  aux anthropologues culturels, comme on les nomme quelquefois. Concernant l’origine de l’art des troubadours, ce vaste sujet a été balayé plus qu’à son tour par les médiévistes et les folkloristes, depuis le XIXe siècle.  On pourrait même se divertir à la lecture de certaines envolées  ou  oppositions entre certains débats nord/sud (de France) ou encore entre orientalistes et occidentalistes. Il suffit, pour cela, de marcher dans les traces de l’historiographie et, par exemple, de relire quelques passages de l’Histoire des trouvères du très normand et, sans doute, un peu partisan, Abbé Delarue pour mesurer la taille de certains grands écarts entre hypothèse d’un art provençal ex-nihilo et revendications d’origines nordiques et celtiques.

Un poète de langue d’oc peut en cacher un autre ?

Avant notre comte Guillaume, n’y-a-t-il eu « quelques épaules de géants pour lui  permettre de voir plus loin » ? Sans même s’éloigner du pays d’Oc et concernant la reconnaissance d’une paternité entière de l’art des troubadours  à notre cher coens de Poetieus, on pourrait, avec  Maria Dimistrescu,  se poser la question de la possible influence, sur la poésie de notre noble seigneur, de certains de ses contemporains, et notamment  de    Eble II de Ventadour

Selon la médiéviste, l’homme,  lui-même vicomte de Ventadorn et vassal de Guilhem, aurait pu être, pour ce dernier et pour d’autres, une sorte de mentor en poésie. C’est en tout cas la thèse qu’elle défendit  à la fin des années 60.   Elle  alla même au delà de la simple idée d’inspiration en formant l’hypothèse que certaines chansons attribuées à notre troubadour du jour auraient  bien pu avoir été reprises par lui, mais écrites de première main, par cet autre poète et seigneur languedocien (voir  Èble II de Ventadorn et Guillaume IX d’Aquitaine – Cahiers de civilisation médiévale n°43 (1968), Maria Dimistrescu).   Il faut dire que le  double   registre de notre troubadour « bifronte », capable de manier, avec virtuosité, grivoiserie et courtoisie, pouvait avoir de quoi dérouter. Quoiqu’il en soit, l’hypothèse soulevée par la médiéviste ne put jamais véritablement être tranchée. En l’absence de sources écrites d’époque permettant de l’établir, elle a donc rejoint le rang des spéculations invérifiables (infalsifiables dirait Popper) et à ce jour,  Guillaume IX d’Aquitaine n’a  pas été officiellement détrôné de son statut légitime de premier des troubadours.

Mais alors quoi ? Pour le reste, cet art des troubadours, est-ce une forme culturelle totalement ex-nihilo ? Est-ce encore une variation, une adaptation, un « contrepied », un art qui naît à la faveur de la féodalité et de ses nouvelles normes politiques et relationnelles, ou encore une réponse, qui pourrait prendre, par endroits, des allures de contre feu  à la réforme grégorienne   (voir Amour courtois : le point avec 3 experts  ou encore   réflexions sur la naissance de l’amour courtois) ? Tout cela est possible mais, au delà de toute hypothèse et avec 800 à 900 ans de recul, il résulte que l’art des troubadours fait encore figure de nouveauté culturelle aux formes originales : nouvel exercice littéraire,  nouvelle façon de versifier, nouveaux codes qui vont promouvoir, au moins dans le verbe, de nouveaux modèles relationnels, de nouvelles  formes du sentiment amoureux, etc…

La Tròba de Gerard Zuchetto
ou l’invention lyrique occitane des troubadours

Laissons  là le  grand débat des origines sur l’art des troubadours.  Il est nécessairement complexe comme le sont tous les objets culturels et leur circulation. Il est temps de s’engager  sur  les pas du comte, pour lever un coin du voile sur sa personnalité, son art et quelques uns de ses vers, accompagné de notre érudit du jour, Gerard Zuchetto, en le remerciant encore chaleureusement de cette contribution.

chanson-poesie-medievale-livre-troba-biographie-traduction-art-des-troubadours-gerard-zuchetto-moyen-ageAvant même de lui laisser la parole, précisons que son ouvrage dont est tiré ce portrait de Guillaume IX d’Aquitaine, comte de Poitiers, est toujours disponible à la vente en librairie ou en ligne.  Il a même fait l’objet d’une toute nouvelle édition en 2020.

Au format broché, vous y découvrirez plus de 800 pages sur le sujet des troubadours.  En dehors de votre librairie habituelle, vous pourrez le trouver en ligne au lien suivant :   La troba : L’invention lyrique occitane des troubadours XIIe-XIIIe siècles.  Inutile d’ajouter que nous vous le recommandons vivement.

Sur ce, nous vous laissons  en bonne compagnie,  en  vous souhaitant    une  excellente lecture.


Une biographie de Guilhem de Peiteus   – Guilhem de Poitiers  par  G Zuchetto.

Farai un vers de dreg nien
Je ferai un vers sur le droit néant

Qu’eu port d’aicel mestier la flor
Car moi je porte de ce métier la fleur

L’inventeur !

L’un des premiers troubadours connus fut un des plus grands seigneurs de l’Europe médiévale : lo coms de Peiteus, Guilhem, septième comte de Poitou et neuvième duc d’Aquitaine, né en 1071.
Lorsqu’il hérite de son père, en 1086, le Poitou, la Gascogne, l’Angoumois et le Limousin, des territoires immenses  entre Nord et Sud, de l’Anjou aux Pyrénées, et d’Est en Ouest du Massif central à l’Atlantique, ses domaines sont bien  plus importants que ceux du roi de France, Philippe Ier, qui ne contrôle réellement à la même époque qu’un petit fief  autour de Paris, Etampes et Orléans, la “little France”, pour les Anglais, une île.
Bon chevalier d’armes, jovial et vantard, le fier vicomte du Limousin est poète. Il chante pour réjouir ses companhos, compagnons de batailles et de distractions.

Companho farai un vers [pauc] convinen
et aura·i mais de foudatz no·i a de sen
et er totz mesclatz d’amor e de joi e de joven.

Compagnons, je ferai un vers peu convenable
et il y aura plus de folie que de bon sens
et il sera tout mêlé d’amour, de joie et de jeunesse !

Pour chanter amor, joi e joven, le seigneur de Poitiers l’exprime en romans, terme qui désigne la langue occitane en opposition au latin :

Merce quier a mon companho
s’anc li fi tort qu’il m’o perdo
et eu prec en Jesus del tron
et en romans et en lati.

Je demande merci à mon compagnon
si jamais je lui fis tort qu’il me pardonne
et je prie Jésus sur son trône
en romans et en latin.

A l’exemple des joglars, ces jongleurs-musiciens aux multiples talents qui allaient par les chemins vendre leurs services, mais avec la finesse du lettré, ce grand trichador de domnas se joue des mots et les versifie adroitement pour plaire aux  dames et les tromper : Si·m vol midons… Ma dame veut me donner son amour, je suis prêt à le prendre, à l’en remercier,  à le cacher, et à la flatter et à dire et faire ce qu’il lui plaît, et à honorer son mérite et à élever ses louanges…Guilhem  annonce ainsi l’aube du trobar :

Mout jauzens me prenc en amar
un joi don plus mi volh aizir…

Très joyeux je me prends à aimer
une joie dont je veux jouir davantage…

premier-troubadour-biographie-guillaume-aquitaine-poesie-chanson-medievale-moyen-ageA l’amour légitime, Guilhem, qui s’était marié avec Ermengarda d’Anjou, puis avec Filipa, veuve du roi d’Aragon,  préfère l’amour hors du contrat social et politique, l’amour hors du mariage-arrangement organisé par la classe  seigneuriale et béni par l’Église. Au légat pontifical Girart, évêque d’Angoulême, entièrement chauve, qui lui fit  reproche de ses “liaisons dangereuses” avec la vicomtesse de Chatellerault, surnommée la dangeroza, il rétorqua : “Tu pourras peigner tes cheveux sur le front avant que je répudie la vicomtesse !”

Le comte est “Ennemi de toute pudeur et de toute sainteté”,    écrit Geoffroy Le Gros, un chroniqueur de l’époque. Ce libertin joyeux et fanfaron, n’est pourtant pas un rustre, il recommande à ses auditeurs et surtout au fin aman, l’amant pur :

Obediensa deu portar
a manhtas gens qui vol amar
e conve li que sapcha far
faitz avinens
e que gart en cort de parlar
vilanamens.

Il doit montrer obédience / obéissance
à maintes gens celui qui veut aimer
et il lui convient de savoir accomplir
des faits avenants
et de se garder, à la cour, de parler
comme un vilain.

Guilhem invente les mots-clefs et les règles du trobar, et il se vante d’être le premier, l’inventeur. Et, sûr de sa valeur de trobador e d’amador, il tient à exposer son métier : “J’ai nom Maître infaillible et jamais ma maîtresse ne m’aura une  nuit sans vouloir m’avoir le lendemain car je suis si bien instruit en ce métier, et je m’en vante, que je puis gagner mon  pain sur tous les marchés.” Il se donne lui-même le titre de maistre certa, maître infaillible, en amour comme en poésie.

Guilhem de Peiteus, l’homme politique et chef d’Etat, ne fut ni un grand batailleur, ni un conquérant zélé. Au retour d’un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, sentant sa fin proche, le poète écrivit son adieu au monde, Pois de  chantar…, en tant que troubadour, comte de Poitiers et chrétien. Guilhem mourut à Poitiers le 10 février 1126 après  quarante ans de règne, et l’on suppose qu’il fut enterré en l’abbaye de Saint-Jean-l’Évangéliste à Montierneuf.

La biographie tardive résume sa vie en quelques lignes laconiques :
Lo coms de Peiteus si fo uns dels maiors cortes del mon e dels maiors trichadors de domnas, e bon cavalier d’armas e   larcs de domneiar ; e saup ben trobar e cantar.
Le comte de Poitiers fut l’un des plus grands courtois du monde et le plus grand trompeur de dames, et bon chevalier d’armes et généreux en amour; et il sut bien trouver et chanter.

Sur les onze vers connus de Guilhem de Peiteus, seuls deux poèmes nous ont été transmis avec les mélodies en notation  carrée :   Companhos farai un vers pauc convinen et Pois de chantar m’es pres talens.

deco_medievale_enluminures_trouvere_Le début de la mélodie Pois de chantar m’es pres talens… se retrouve dans le jeu de Sainte Agnès, un mystère du XIVe siècle écrit en langue d’oc, dont le planctus, Bel senher Deus tu sias grasitz…, comporte cette indication : Et faciunt  omnes simul planctum in sonu comitis pictavensis. La chanson de Guilhem, ou bien sa façon de chanter, devait avoir  marqué les mémoires, pour être imitée plus de deux cents ans après ! Dès les premiers chants courtois nous sont posées les questions d’interprétation des troubadours : comment chanter, dire ou réciter les poèmes lyriques ? Quelquefois les auteurs eux-mêmes ou les chroniqueurs de l’époque nous donnent des éléments de réflexion : Orderic Vital, historiographe, contemporain de Guilhem rapporte que ce dernier “en homme joyeux et plein d’esprit récita souvent ses   misères de captivité en compagnie de rois et de personnages importants en déclamant des vers rythmés avec des    modulations subtiles.” [Historia Ecclesiastica X 21] Ces “modulations” faisaient-elles référence à un jeu de voix exagéré  de comédien ou bien à une imitation virtuose des ornementations mélodiques de la liturgie ?

Guilhem, qui avait délaissé le latin de l’Église, s’était-il amusé à détourner la musique liturgique en composant des poèmes sur des airs existant déjà dans les tropes et les versus, par défi et pour réjouir ses compagnons ?

Les Maîtres du troubar  :  Guilhem de Peiteus   – Guilhem de Poitiers (1071-1126) –  La Tròba, l’invention lyrique occitane des troubadours XIIe-XIIIe s.   (Tròba Vox, 2020)

Gérard Zuchetto

Sources :
Manuscrit (s) à notation musicale : STMart. fol. 51v ; F : Chigi fol 81
Principale (s) édition (s) : Jeanroy Alfred, Les Chansons de Guillaume IX duc d’Aquitaine, Paris, 1913 et 1927 (Ed. Champion) ; Durrson Werner, Wilhelm von  Aquitanien. Gesammelte Lieder, Zurich, 1969 ; Pasero Nicolo, Gugliemo IX, poesie, Modena, 1973 (Società tipografica editrice Modenese) ; Bezzola Reto Guillaume IX et les origines de l’amour courtois, Paris, 1940 (Romania vol. LXVI) ; Payen Jean- Charles, Le Prince d’Aquitaine. Essai sur Guillaume IX et son oeuvre, Paris, 1980 (Champion)
Miniature : BNF Ms. fr.12473, fol.128


Au sujet de Gérard Zuchetto, voir également Mos cors s’alegr’ e s’esjau    de Peire Vidal     et  Quan Veil la lauzeta mover de Bernart de Ventadorn.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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L’esprit des lois selon Henri Baude, poète satirique du XVe

henri-baude-auteur-medieval-poesie-satirique-moyen-age-tardif-vieux-francaisSujet : poésie morale, poète satirique,   poésie médiévale, politique, lois, dits moraux, poésie courte, français moyen
Période : Moyen Âge tardif, XVe siècle
Auteur : Henri Baude (1430-1490)
Ouvrage  :    Les vers de Maître Henri Baude, poète du XVe siècle,  M. Jules Quicherat (1856),

Bonjour à tous,
E_lettrine_moyen_age_passionn continuant notre exploration de la littérature médiévale, voici quelques vers bien tournés   de Henri   Baude, poète du Moyen Âge tardif.  Ils sont extraits de ses  Dictz moraulx pour mettre en tapisserie. Ces petites historiettes, qui ne constituent qu’une partie de son oeuvre, mettaient en scène des personnages variés. Elles étaient destinées à être brodées  ou même encore des peintes sur  du verre ou d’autres objets décoratifs.


Le  bon homme et la toile d’araignée

Ung bon homme regardant dans ung bois ouquel a
entre deux arbres une grant toille d’éraigne. Ung
homme de court luy dit :

— Bon homme, diz-moy, si tu daignes,
Que regarde-tu en ce bois?

LE BON HOMME.

Je pence aux toilles des éreignes
Qui sont semblables à noz droiz :
Grosses mousches en tous endroiz
Passent; les petites sont prises.

LE FOL.

Les petitz sont subjectz aux loix.
Et les grans en font à leurs guises.

Dictz moraulx pour mettre en tapisserie    Henri Baude


Henri Baude, esquisse de biographie

Suivant ses biographes ( Jules Quicherat et Pierre Champion ), Henri Baude est né autour de 1430, à  Moulins.  Il est donc contemporain de François Villon même s’il  a vécu bien plus longtemps que ce dernier.

Les mésaventures d’un  petit  fonctionnaire, poète satirique à ses heures

L’histoire n’est pas très précise sur son éducation mais on retrouve Buade à l’âge adulte, commis à la cour. Au moment de la praguerie, il a tout d’abord suivi le dauphin Louis XI, alors prince, dans le conflit qui l’opposait à son père  Charles VII. Finalement, le fonctionnaire royal changera d’avis et reviendra  vers la couronne officielle. Cela  peut, peut-être, expliquer sa nomination en 1458, comme « élu » attaché à la cour du roi. La fonction consistait à  répartir l’impôt, mais aussi  à collecter et traiter les réclamations sur ce même thème. Henri Baude était en charge au bas Limousin mais comme il disposait d’un commis,  il passait le plus clair de son temps à Paris. Installé à la capitale, il pouvait, tout à loisir, suivre de près les affaires qui concernaient sa charge et ses plaignants et houspiller les juges quand ils traînaient trop à les traiter.

Comme il était aussi doté d’un véritable talent de plume et d’humour, Baude ne se priva pas de les exercer. Il faisait même alors partie d’une confrérie de juristes et clercs  qui occupaient une partie de leurs loisirs à se moquer entre eux ou à se rire de certains nobles et notables. Plus tard, son goût de la satire et du bon mot allait d’ailleurs lui valoir quelques  sérieux déboires.

Henri Baude au  Châtelet

henri-baude-poesie-satirique-dits-moraux-tapisserie-moyen-age-tardif-sEn  réalité, le poète connut deux fois la prison. Dans les deux cas, le temps avait passé et Louis XI, le prince que Baude avait suivi, puis lâché, était devenu roi. La première affaire n’est pas très claire sur le fond, même s’il subsiste un certain nombre de documents juridiques à son sujet. Baude semble avoir servi de bouc-émissaire à un noble qui le fit embastillé manu militari, après l’avoir sérieusement fait molester. Le poète fonctionnaire parvint toutefois à se faire libérer et à avoir gain de cause, en obtenant même, au passage, des dédommagements.

Dans la deuxième affaire, c’est une poésie satirique qui le fit mettre en prison, sur ordonnance royale.  Le texte  précis s’est perdu,  mais on peut en déduire la teneur entre les lignes du poète et des sources juridiques. Baude avait fait, semble-t-il, une courte « moralité » pour moquer les  manœuvres et les jeux de pouvoir à la cour et autour de Louis XI. Bien qu’allusive, de nombreux courtisans de l’entourage du souverain s’étaient sentis directement visés, ce qui valut à notre homme d’être à nouveau emprisonné. Voila ce que l’on trouve rapporter dans l’audience de 1486  :   « Aucuns, soubz umbre de jouer ou faire jouer certaines moralitez et farces, ont publiquement dit ou fait dire plusieurs parolles cedicieuses, sonnans commocion, principalement touchant a nous et a notre estât.  »   

Pour avoir le détail des deux affaires, on pourra se reporter aux écrits de Pierre Champion sur le sujet :    Histoire poétique du quinzième siècle, t 2, Honoré Champion (1923) et Maître Henri Baude devant le Parlement de Paris, Romania, n°141 (1907). A son habitude, le grand historien, passionné de Moyen Âge, y épluche les archives avec minutie et fait un travail d’orfèvre pour remonter l’identité des acteurs impliqués et leur interrelations.

Dans tout les cas, on peut se demander si Henri Baude ne paya pas,  indirectement, le prix de son soutien un peu trop épisodique au prince Louis XI, sous la praguerie. Si, après son couronnement, le monarque n’avait pas démis le fonctionnaire de sa charge, il ne semblait pas, non plus, lui montrer de soutien particulier, et encore moins d’empathie. Il ressort, en tout cas, de ce dernier séjour en prison, que Baude en sortit échaudé et rendu plus méfiant sur l’usage qu’il faisait de sa liberté  d’expression. Au Moyen Âge, la poésie satirique est rarement compatible avec les exigences de cour et les susceptibilités qu’on y croise. Le dit moral de l’auteur, publié ici, résonne un peu comme une sorte d’écho à ses diverses mésaventures.

Les œuvres de Baude

livre-henri-baude-poesie-morale-satirique-XVe-moyen-age-tardifElles sont assez fournies et de nature   principalement morale ou satirique.   On retrouve le plus grand nombre d’entre elles dans l’ouvrage que le médiéviste Jules Quicherat a consacré à Baude au milieu du XIXe siècle. Ce dernier confesse, toutefois, en avoir censuré quelques unes dont la nature lui paraissait trop verte et trop grossière pour présenter un réel intérêt.  A 160 ans de là, on aurait  aimé pouvoir en juger nous-mêmes.

Dans les œuvres de Baude, on a souvent mis en avant son Testament de la mule Barbeau . Dans cette   satire humoristique, l’auteur se met dans la peau d’un pauvre animal, vieilli et éreinté, ayant servi de nombreux nobles et puissants au cours de sa vie. Aux côtés de ce testament, on trouve encore nombre de poésies d’intérêt dans lesquelles  l’auteur médiéval montre de belles aptitudes de plume.  Ce talent semble, du reste, avoir été reconnu du temps de Baude et son biographe lui prête d’avoir inspiré certains de ses contemporains. On a même pu, alors, le comparer à Villon.  Un peu plus tard,  Clément Marot aurait aussi été sujet à cette influence sans s’en réclamer. Le poète de Cahors aurait, en effet, « pillé » (le mot est de Quicherat) certaines des pièces de Baude sans le citer.

Les vers de Baude et sa biographie, selon Quicherat, sont réédités chez Forgotten books. On peut toujours trouver ce livre à la vente en ligne. Voici un lien utile pour plus d’informations à son sujet : Les Vers de Maitre Henri Baude, Poète Du XVe Siècle: Recueillis Et Publiés Avec Les Actes Qui Concernent Sa Vie (Classic Reprint)

Le MS Français  24461  & ses belles illustrations

Du point de vue des sources, les écrits de Baude se trouvent réparties dans plusieurs manuscrits médiévaux mais on notera, avec intérêt, l’ouvrage dont est tiré cette poésie courte du jour et son illustration (voir en haut de l’article).

Daté du XVIe siècle, le manuscrit  Français 24461 (ancienne cote La Vallière 44) est, en effet, un manuscrit de 142 feuillets très joliment illustré   (Consulter    le Ms Français  24461 sur le site de la Bnf ).   En plus des diz moraux pour tapisserie et peinture sur verre de Baude, il contient d’autres auteurs et classiques.  On  y trouve, notamment,   Les triomphes de Pétrarque.

En vous souhaitant une excellente journée.

Fred
pour moyenagepassion.com
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Quand la saison est passée : Jacques de Cysoing et l’Amour courtois à l’automne des trouvères

trouvere_chevalier_croise_poesie_chanson_musique_medievale_moyen-age_centralSujet : musique, poésie, chanson médiévale, amour courtois, fine amor,  trouvère, vieux-français, langue d’oïl, fin’amor, biographie, portrait, manuscrit ancien.
Période :   XIIIe siècle, moyen-âge central
Titre:
Quant la sesons est passée
Auteur :  
Jacques de Cysoing (autour de 1250)

Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion-copiaers le milieu du XIIIe siècle, à quelques lieues de la légendaire Bataille de Bouvines qui avait vu l’Ost de Philippe-Auguste défaire les vassaux et rivaux  de la couronne moins d’un demi-siècle auparavant, vivait et chantait un trouvère du nom de Jacques de Cysoing. Connu également sous les noms de Jacquemont (Jakemont) de Chison, Jaque, Jaikes, Jakemès de Kison, ou encore Messire de Chison, et même de Cison, ce poète, qui s’inscrit (presque sans surprise) dans la veine de la lyrique courtoise, compte dans la génération des derniers trouvères.

Eléments de biographie

Jacques de Cysoing serait issu d’un village, non loin de Lille et d’un lignage noble qui lui ont donné son patronyme. Il serait le troisième fils de Jean IV ou de Jean III de Cysoing (les sources généalogiques diffèrent sur cette question). Si l’on en croit ces mêmes sources généalogiques et s’il s’agit bien de lui, en plus de s’exercer à l’art des trouvères et de composer des chansons, Messire de Chison aurait été chevalier, ainsi que seigneur de Templemars et d’Angreau.

jacques_de_cysoing_trouvere_moyen-age_central_XIIIe-siecle

Entre les lignes

On peut déduire un certain nombre de choses entre les lignes des  poésies et chansons de ce trouvère. Il a été contemporain de la 7e croisade et notamment de la grande bataille qui eut lieu au Caire et à Mansourah. Il y fait une allusion dans un Sirvantois, rédigé à l’attention du comte de Flandres (sans-doute Guy de Dampierre, si l’on se fie aux dates). Nous sommes donc bien autour de 1250 ou un peu après.

Dans une autre poésie, Jacques de Cysoing nous apprend également qu’il a été marié et il se défend même de l’idée (dont on semble l’accabler) que cette union aurait un peu tiédi ses envolées courtoises et ses ardeurs de fine amant.

« Cil qui dient que mes chans est rimés
Par mauvaistié et par faintis corage,
Et que perdue est ma joliveté*
Par ma langor et par mon mariage »

joliveté  : joie, gaieté, coquetterie plaisir de l’amour). petit dictionnaire de l’ancien français Hilaire Van Daele

Au passage, on note bien ici le « grand écart » que semble imposer, au moins d’un point de vue moderne, la fine amor aux poètes du moyen-âge central quand, pouvant être eux-mêmes engagés dans le mariage, jacques-de-cysoing_trouvere_manuscrit_chansonnier-du-roy_francais-844_moyen-age-central_chanson-medievale_sils jouent ouvertement du luth (pour le dire trivialement) sous les fenêtres de dames qui ne sont pas les mêmes que celles qu’ils ont épousaillées. S’il faut se garder de transposer trop directement ce fait aux valeurs de notre temps (et voir d’ici, voler quelques assiettes), on mesure tout de même, à quel point, en dehors de ses aspects sociaux quelquefois doublement transgressifs (l’engagement fréquent de la dame convoitée s’ajoutant à celui, potentiel, du poète) la fine amor se présente aussi véritablement comme un exercice littéraire conventionnel aux formes fixes auquel on s’adonne. D’une certaine façon, la question de la relation complexe et de la frontière entre réalité historique et réalité littéraire se trouvent ici, une nouvelle fois posée.

Œuvre et legs

On attribue à Jacques de Cysoing autour d’une dizaine de chansons. Elles gravitent toute  autour du thème de l’amour courtois et du fine amant, mais on y trouve encore un sirvantois dans lequel le poète médiéval dénonce les misères de son temps. Toutes ses compositions nous sont parvenues avec leurs mélodies.

On peut les retrouver dans divers manuscrits anciens dont le Manuscrit français 844 dit chansonnier du roi (voir photo plus haut dans cet article) ou encore dans le Ms 5198 de la Bibliothèque de l’Arsenal;  très beau recueil de chansons notées du XIIIe,  daté du début du XIVe, on le connait encore sous le nom de Chansonnier de Navarre (photo ci-contre). Il contient quatre chansons du trouvère (Quant la sesons est passéeNouvele amour qui m’est el cuer entréeQuant l’aube espine florist et Contre la froidor) et vous pouvez le consulter en ligne sur Gallica.

Quant la sesons est passée
dans le vieux français de Jacques Cysoing

Quant la sesons est passee
D’esté, que yvers revient,
Pour la meilleur qui soit née
Chanson fere mi convient,
Qu’a li servir mi retient
Amors et loial pensee
Si qu’adés m’en resouvient* (sans cesse je pense à elle)
Sans voloir que j’en recroie(de recroire : renoncer, se lasser)
De li ou mes cuers se tient* (mon coeur est lié)
Me vient ma joie

Joie ne riens ne m’agree* (ne me satisfait)
Fors tant qu’amors mi soustient.
J’ai ma volonté doublee
A faire quanqu’il convient
Au cuer qui d’amors mantient
Loial amour bien gardee.
Mais li miens pas ne se crient* (n’a de craintes)
Qu’il ne la serve toz jorz.
Cil doit bien merci* (grâce) trouver 
Qui loiaument sert amors.

Amors et bone esperance
Me fet a cele penser
Ou je n’ai pas de fiance* (confiance, garantie)
Que merci puisse trouver.
En son douz viere* (visage) cler
Ne truis nule aseürance,
S’aim melz* (mieux) tout a endurer
Qu’a perdre ma paine.
D’amors vient li maus
Qui ensi mos maine.

Maine tout a sa voillance
Car moult bien mi set mener
En tel lieu avoir baance
Qui mon cuer fet souspirer
Amors m’a fet assener* (m’a mené, m’a destiné)
A la plis bele de France
Si l’en doi bien mercier,
Et di sanz favele* (sans mensonge)
Se j’ai amé, j’ai choisi
Du mont* (monde) la plus belle.

Bele et blonde et savoree* (exquise, agréable)
Cortoise et de biau maintien,
De tout bien enluminee*(dotées de toutes les qualités),
En li ne faut nule rien (rien ne lui manque, ne lui fait défaut)
Amors m’a fet mult de bien,
Quant en li mist ma pensee.
Bien me puet tenir pour sien
A fere sa volonté.
J’ai a ma dame doné
Cuer et cors et quanque j’é* (tout ce que j’ai)

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
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Jordi Savall, l’autobiographie intellectuelle d’un grand maître de musique ancienne

jordi_savall_fusion_art_et_recherche_musique_ancienne_medievaleSujet : Musique ancienne, musique médiévale, viole de Gambe, maître de musique, autobiographie, artiste, conférence vidéo. viole de gambe.
Période : Moyen-âge, renaissance, baroque
Auteur : Jordi Savall
Lieu : Fondation Juan March   (2014)

Bonjour à tous,

Q_lettrine_moyen_age_passionu’est-ce qui fait un artiste ? Est-ce une capacité ou une volonté de dépasser ses propres inquiétudes et ses peurs, les siennes, mais aussi celles des autres ? Vais-je survivre ? Mangerais-je à ma faim ? Pour avoir la ténacité indispensable de pratiquer son art dans d’infinis efforts, jour après jour, durant des heures incomptables, sans garantie et sans contrepartie économique immédiate ou évidente, il lui faut aussi une flamme que seule la passion peut entretenir  mais n’y a-t-il pas encore, au fond de cet être unique, la certitude obstinée qu’il n’y a pas d’autres voies, quels qu’en soient les sacrifices ? Habité par une sorte de nécessité impérieuse, l’artiste véritable semble quelquefois laissé sans d’autres choix que de poursuivre inlassablement sa quête, comme si c’était pour lui la seule façon possible de traverser la vie.

Sur ce long chemin qui mène à un aboutissement jamais atteint, mené par la soif intarissable de toujours explorer de nouveaux territoires en friche, jordi_savall_autobiographie_intellectuelle_musique_ancienne_viele_de_gambeil faut aussi une poignée de rencontres clefs et de visages amis croisés sur le chemin  qui l’encouragent à poursuivre, ceux qui font un geste aux moments les plus inattendus ou qui, par leurs élans, lui délivrent autant de signes, comme une façon de lui murmurer à l’oreille : « Continues, tu es sur la bonne route ». Et parmi tous ceux-là, il y a bien sûr aussi les maîtres, ceux qui montrent la voie et qu’il faut savoir écouter. Sans une reconnaissance profonde à leur égard, sans l’humilité d’apprendre encore et toujours et sans une gratitude sincère pour ses pairs, un artiste pourrait bien finir par se perdre en chemin. A l’évidence, celui que nous avons le plaisir de vous présenter aujourd’hui ne s’y est pas perdu.

Jordi Savall et la saveur des fraises sauvages

E_lettrine_moyen_age_passionn 2014, le maître de musique, directeur d’orchestre et  virtuose de la viole de gambe Jordi Savall était reçu par la Fondation Juan March pour y donner une conférence au sujet de son autobiographie intellectuelle et de son itinéraire artistique. Le lieu était propice à plus d’un titre puisque l’institution mécène espagnole avait compté dans son parcours en lui offrant, au moyen d’une bourse et alors qu’il étudiait encore son art, la possibilité de pourvoir à ses besoins et de poursuivre son apprentissage.

Itinéraire artistique et biographie à tiroir

Comme on le verra, il n’est pas question ici de répertoire médiéval stricto sensu, même si la quête inlassable des musiques anciennes, jusque dans les manuscrits et les traités d’époque, est demeurée au cœur des préoccupations de toujours de Jordi Savall. En plus de cette fascination singulière pour l’histoire de la musique, de ses instruments et de ses techniques, il aura fallu à ce grand artiste, une infinie patience et une vie soutenue d’efforts pour débusquer, jouer et faire découvrir au public, des trésors de compositions médiévales,
renaissantes ou baroques issus du plus lointain patrimoine méditerranéen et même au delà, jusqu’aux rivages des mondes celtiques ou latino-américains. Une partie de ces musiques compte jordi_savall_maitre_de_musique-ancienne_viole_de_gambe_autobiographie_video_conferencedes partitions pour viole de gambe que personne, jusqu’à lui, ne s’était aventuré à travailler et sa contribution, sur ce seul instrument, demeure unique sur la scène musicale internationale.

Pour le reste, on aura plaisir à suivre dans cette conférence, les pas du grand musicien catalan, de son enfance jusqu’à ses projets les plus récents et les plus ambitieux, en passant par son passage à la Schola Cantarum Basiliensis ou par son travail demeuré célèbre sur la bande originale du film d’Alain Corneau Tous les Matins du Monde. Il nous emmènera également à la source de ses célèbres formations, Hespèrion XX, la Capella Reial de Catalunya, l’Orchestre des nations et on y croisera aussi de grands noms de la scène classique et baroque du XXe siècle.

Pour qui sait écouter, il y a encore, dans cette autobiographie empreinte d’humanité, des leçons à tiroir qui débordent largement le champ historique pour s’intéresser à l’humain, à l’art et encore à l’itinéraire de l’artiste (avec un grand A), et c’est une véritable joie pour nous de pouvoir la partager avec vous ici.

Qui est la Fondation Juan March ?

Pour la culture espagnole et l’Humanisme

C_lettrine_moyen_age_passionréée en 1955, par le financier et homme politique Juan March Ordinas, cette fondation madrilène est une institution patrimoniale et familiale de grand renom en Espagne. Dès son origine, elle s’est donnée pour mission de promouvoir le fleuron de la culture ibérique avec l’objectif d’en faire bénéficier la communauté la plus large et toujours avec un parti-pris de qualité. Dans les premiers temps de son existence, elle a agi principalement à travers des bourses d’études concédées à ceux qui arpentaient les larges avenues de la Culture et de l’Art espagnols et les valorisaient. Un peu plus tard, elle a mis en place ses propres programmes culturels ; ces derniers qui s’inscrivent dans la durée et dans la gratuité ont vocation, pour reprendre les propres mots de la fondation « à diffuser et renforcer la confiance dans les principes de l’humanisme dans des temps tout à la fois d’incertitude et d’opportunités, augmentées par l’accélération du progrès technologique« .

Programmes et actions de la fondation

fondation_juan-march_culture_espagne_musique_artOn y trouvera nombre d’expositions, de conférences et de concerts. La fondation héberge aussi, en son sein, une bibliothèque sur le thème de la musique, un théâtre et possède encore deux musées : le Musée d’Art Abstrait de Cuenca, et le Musée de la Fondation Juan March de Palma de Mallorque. On retrouve également cette institution aux sources de la recherche scientifique, notamment dans le domaine des Sciences Sociales, à travers l’Institut Carlos III Juan March de l’Université Carlos III de Madrid.

La programmation musicale forme un partie importante de ses actions puisqu’elle propose, chaque année, près de cent cinquante concerts. Entre musiques anciennes, opéras, et genres variés, l’approche demeure toujours didactique et orientée sur la découverte et la sensibilisation. Quant aux conférences, elles balayent le large champ de la littérature et de la poésie, celui du théâtre et du cinéma, et vont encore jusqu’à la philosophie, en débordant les frontières de l’Espagne territoriale pour s’étendre jusqu’à l’Amérique latine.  A noter que sur son site web, la Fondation rediffuse gracieusement toutes ses productions par l’intermédiaire de sa propre web Tv : Canal March

Note sur la traduction et la version française

Nous avions mis, depuis longtemps déjà, dans notre « bucket list » la traduction de cette véritable pépite, postée, il y a quelque temps, sur Youtube par la Fondation Juan March elle-même. On peut trouver en ligne nombre de vidéos et d’entrevues de Jordi Savall (qui s’exprime, par ailleurs, dans un français parfait), mais cette autobiographie demeure unique et très particulière, aussi nous espérons que vous aurez autant de plaisir à l’écouter que nous en avons eu à l’adapter en français. Puissiez-vous y goûter, comme le fait le maître de musique, à la saveur incomparable des fraises sauvages.

Avant d’en terminer, il nous faut souligner, une nouvelle fois, l’importance du mécénat ou des aides institutionnelles dans le domaine de la Culture. Il est merveilleux de penser qu’en faisant le geste, il y a près de 50 ans, d’aider un jeune étudiant têtu et passionné à poursuivre ses rêves les plus chers, une fondation a contribué à faire naître l’un des plus grands artistes sur la scène internationale des musiques anciennes.

En vous souhaitant une très belle journée

Frédéric F
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes