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La table ronde, le tombeau d’Arthur et l’influence des légendes arthuriennes sur le moyen-âge central

excalibur_legendes_arthuriennes_conference_histoire_medieval_litterature_moyen-age_michel_pastoureauSujet : légendes arthuriennes, popularité médiévale, légende, influence médiévale des héros arthuriens, roi Arthur, table ronde, chevaliers, tombeau, littérature médiévale, reliques,
Période : moyen-âge central, haut moyen-âge
Auteurs : corpus, du XIIe à nos jours.
Sources: Britannia, Université de Rochester (the Camelot projet).

Bonjour à tous

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour ceux d’entre vous qui s’en souviennent, nous avions posté, il y a quelque temps ici, une conférence de Michel Pastoureau sur la popularité médiévale de la légende du Roi Arthur, notamment à travers l’étude des prénoms en usage durant le moyen-âge central. L’article d’aujourd’hui nous donne l’occasion de prolonger ces réflexions dans une autre direction et nous partons, cette fois, de l’autre côté de la Manche, pour y découvrir des objets historiques et des reliques, témoins de l’intérêt suscité par l’histoire de l’illustre roi de Bretagne, durant les siècles qui ont vu naître sa légende et les suivants.

La table ronde de Winchester

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Dans le grand hall du château de Winchester en Angleterre se tient, depuis près de six cents ans, une table ronde peinte qui mentionne les noms des chevaliers de la célèbre légende. Elle est en bois de chêne massif et dans sa forme originale, elle reposait sur douze pieds. Du point de vue de ses dimensions, elle mesure 5,5 legendes_arthur_roi_chevalier_table_ronde_relique_moyen-age_centralmètres de diamètre et pèse plus d’un tonne. Les dernières datations effectuées sur l’objet, dans le milieu des années soixante-dix, font remonter sa création, au début du règne d’Edouard 1er, soit dans le dernier tiers du XIIIe siècle: carbone 14 à l’appui, l’objet daterait précisément de 1270 et aurait été peint (ou repeint) autour du début du XVIe siècle, en 1522.

Si cette table ronde n’est pas contemporaine de la légende du roi Arthur qui se déroule au VIe siècle, elle reste indéniablement d’une grande valeur historique. Durant le moyen-âge central, parmi les grands personnages « mythiques » ou même ceux ayant vécu réellement mais étant devenues légendaires après coup, les figures de Charlemagne ou de Roland, côtoient celles du grand roi breton et de ses preux chevaliers en quête d’élévation dans la noblesse des valeurs comme dans la spiritualité et cet objet apporte encore la preuve de ce intérêt. Comme les légendes arthuriennes  ont circulé entre la France et l’Angleterre, du fait de l’origine de ses auteurs, anglais, gallois ou français, ses héros ont, sans conteste, imprimé leur marque des deux côtés de la manche, même si c’est sans doute plus Charlemagne qui remportera l’adhésion du côté des souverains français. Les deux héros ont, en tout cas, en commun d’être de grands fédérateurs qui ont su unifier leurs terres et tous deux ont edouard_1er_angleterre_legende_arthurienne_chevaliers_table_ronde_tournois_monde_medieval_moyen-age_centralencore hérité d’une ferveur chrétienne toute médiévale. Concernant cette dernière et pour ce qui est du Roi Arthur, des auteurs comme Chrétien de Troyes ou Robert de Boron s’emploieront encore à la renforcer.

(Portrait de Edouard 1er d’Angleterre, Anonyme, XIIIe siècle, Westminster)

En Angleterre, le roi Edouard 1er s’était, dit-on, pris d’un vif intérêt pour la légende du roi Arthur et l’on suppose que cette table a pu être utilisée lors de tournois organisés par lui, au début de son règne. Jouait-on alors à incarner Lancelot, Yvain, Gauvain ou Perceval? L’histoire n’en a, semble-t-il, pas gardé la trace. C’est, en tout cas, ce même roi Edouard 1er qui assista à l’ouverture du tombeau supposé d’Arthur et de Guenièvre sur les vestiges actuels de l’abbaye de Glastonbury, tombeau dont il est intéressant de dire un mot ici.

Le Tombeau du Roi Arthur et de Guenièvre

Le site originel de la tombe supposée d'Arthur à Glastonbury
Le site originel de la tombe supposée d’Arthur à Glastonbury

Tandis que les reliques de Charlemagne occupent les esprits en France et même au delà, en Europe, notamment du côté des Saints Empereurs de l’Empire Germanique, on découvre qu’en Angleterre, celles du bon roi Arthur suscite un vif legende_arthur_table_ronde_tombeau_moyen-age_central_popularite_medievale_mythe_arthurienintérêt. A ce titre, l’histoire de ce tombeau est assez édifiante. Il aurait, en effet, contenu un cercueil dans lequel on retrouva, à la fin du XIIe siècle, des ossements supposés être les restes d’Arthur et de Guenièvre, avec même une mèche de cheveux blonds tressés, ainsi qu’une croix de plomb arborant l’inscription suivante en latin: Hic iacet sepultus inclitus rex arturius: « Ci-gît enterré le renommé roi Arthur ». On rapporte encore que le cercueil se trouvait entouré, de part et d’autre, de deux pyramides sur lesquelles étaient gravées des lettres dont l’usure du temps autant que le style « barbare » avaient rendu impossible le déchiffrage. Suivant un autre récit d’époque, « Les chroniques de l’abbaye de Margam (1200-1299), il y aurait eu, non pas un seul, mais trois cercueils: celui du roi Arthur, celui de Guenièvre et plus surprenant encore, celui de Mordred, le neveu d’Arthur.

L’histoire de cette tombe d’Arthur vaut son pesant de deniers puisqu’on la doit à des moines, ceux de l’abbaye de Glastonbury qui, en 1190, annoncèrent, avec émotion, au roi Henri II d’Angleterre, leur étonnante découverte. Ils affirmèrent, en effet, avoir trouvé le tombeau après avoir été frappés de rêves et de visions leur en indiquant l’endroit. Nous sommes alors à peine soixante ans après que  Geoffrey de Monmouth ait écrit son Historia regum Britanniae et jeté les bases qui feront vraiment référence pour les récits autour du roi Arthur. A l’évidence la légende a alors déjà fait un peu son chemin. On dit, en effet, qu’une fois la nouvelle répandue, on vint de tous les coins du pays pour voir la tombe et qu’on fit également de nombreux dons à l’abbaye. Cela tombait à point nommé, puisqu’il semble que celle-ci traversait alors  les pires croix_tombeau_arthur_legende_chevalier_table_ronde_influence_moyen-age_centraldifficultés financières.

Faut-il voir une relation de cause à effet entre les coffres vides de l’abbaye et la découverte? Les moines n’en étaient, semble-t-il, pas à leur première tentative de « buzz » à la sauce médiévale puisqu’ils avaient déjà déclaré en 1184, avoir retrouvé les restes de Saint Patrick, sans parvenir à en convaincre quiconque. Ceci ne les avaient pourtant pas freiné puisque quelque temps après, ils récidivaient, en clamant avoir, cette fois, retrouvés ceux de Saint-Dunstan, sans pour autant rencontrer, là encore, plus de succès. Il fallait bien un roi Arthur pour venir à leur secours, fut-il mort, et le fait que cela fonctionna prouve au moins le crédit et la foi que l’on prêtait déjà à la légende.

Comme l’indique le panneau informatif que l’on peut trouver sur place, les restes furent déplacés en 1278 en présence du roi Edouard 1er dans une tombe de marbre noir sur le même site.

Quoiqu’il en soit, concernant la découverte du possible tombeau d’Arthur, si l’on semble bien s’entendre aujourd’hui du côté des experts pour affirmer que le bon roi n’a pas été enterré à Glastonbury mais qu’il s’agissait plutôt d’une invention des moines, les  recherches continuent et animent bien des débats passionnés. Encore récemment un historien anglais spécialiste du sujet, du nom de Graham Phillips affirme avoir trouvé le véritable emplacement après des années de recherche sur la question. La tombe serait dans le West Midlands et aux dernières nouvelles (courant 2016) il attendait les autorisations pour pouvoir y mener des fouilles.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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Tribu(t) Kaamelott: Perceval et les échecs

kaamelott_alexandre_astier_legende_medievale_roi_arthur_moyen_age_passionSujet:  Kaamelott, roi Arthur, Perceval, maître d’armes, légendes arthuriennes, Saint Graal, jeux d’échec, humour, humour médiéval, hommage, Alexandre Astier,exercice de plume.
Période: haut moyen-âge, moyen-âge central
Série télévisée : Kaamelott

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, je vous propose un petit exercice d’écriture en forme d’hommage à la série Kaamelott d’Alexandre Astier. L’idée est simple: tenter de faire vivre aux personnages attachants de cette grande série  culte quelques nouvelles aventures.

A l’heure où Alexandre Astier se prépare à chausser sa casquette de Directeur-réalisateur pour, cette fois-ci, porter la suite de la légende du Roi Arthur sur grand écran, c’est une occasion de reparler de la série culte diffusée par M6, de 2005 à 2010alexandre_astier_des_nouvelles_de_kaamelott_le_film_et_kaamelott_resistance. Pour rappel, la situation qui compliquait l’exploitation par l’auteur de son oeuvre au cinéma, s’est, en effet débloquée, depuis quelques temps déjà, pour le plus grand plaisir de ses fans et de ses aficionados.

Encore une fois, l’exercice du jour n’est qu’un simple tribut, une façon de passer quelques heures en la compagnie des héros de la légende arthurienne revisitée par le comique incomparable d’Alexandre Astier. L’idée m’en est venue, il y a quelques mois, dans cette attente de la trilogie, et après avoir revisionné pour la énième fois la série. Pas d’autres prétentions donc que le divertissement, un moyen en quelque sorte d’entretenir la flamme, même si je sais, à en juger par les nombreux groupes présents sur les réseaux sociaux qu’elle est toujours bien vive et c’est heureux. Pour le reste, vous seuls jugerez si ce clin d’oeil reste cohérent avec l’oeuvre originale. Au niveau des droits et de l’écriture, il est bien clair que cette dernière appartient, corps et âme, à son auteur et à sa société de distribution. Alors, en attendant la trilogie, pour ce qui est de mieux connaître kaamelott_perceval_et_les_echecsKaamelott, le seul, le vrai, l’original, vous pouvez vous reporter valablement à cet article complet, ou mieux encore, acquérir directement les coffrets DVD en ligne. Pour chaque livret, il y a plus de deux heures trente de visionnage jubilatoire, alors n’hésitez pas à vous faire plaisir!

Perceval et les échecs

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour revenir à nos moutons, nous nous situons quelque part entre le livre 1 et le livre 2. C’est une période de joyeuse innocence durant laquelle aucun drame n’est encore venu entacher le royaume.

kaamelott_alexandre_astier_guenievre_talentueuse_Anne_GirouardDans l’épisode d’aujourd’hui, nous retrouvons le maîtres d’armes et Perceval. Le bon roi Arthur n’y fait qu’une courte apparition, au début. A l’écran, Perceval est incarné par l’excellent Franck Pitiot  (à droite sur le visuel ci-dessous) et le maître d’armes par le non moins talentueux  Christian Bujeau (à gauche sur le visuel). C’est, bien sûr, Alexandre Astier qui incarne le roi Arthur. La reine Guenièvre qui est mentionnée dans cet « épisode » sans y être présente est jouée à l’écran par la très drôle Anne Girouard.

Extérieur. Dans la cour du château, le maître d’armes est assis avec le roi Arthur. Ils finissent une partie d’échecs:

Arthur : Bon allez, c’est pas tout ça, maître d’armes, mais j’ai à faire,
moi.

Le maître d’armes. Hé! Mais attendez Sire! On est encore en plein milieu de la partie! Vous n’allez tout de même pas partir comme ça!

Arthur avance sa tour : Non, mais je crois que vous n’y êtes pas en fait.. Regardez. Tac! Tiens voilà! Échec et mat! Apparemment, c’est pas encore cette fois ci que vous sauverez les miches de votre roi.

Le maître d’armes. Diable! Mais comment? Je n’ai encore rien vu venir. Non décidément Sire, vous êtes trop fort à ce jeu…. Mais allez tant pis! Faisons donc quelques passes d’armes pour nous réchauffer un peu les sangs!

Arthur : Heu là non. Désolé mais vous ferez ça sans moi.

Le maître d’armes : Comment?

Arthur : Non mais vous vous souvenez? On avait dit qu’on travaillait la stratégie aujourd’hui ? Bon bin voila c’est fait.

Le maître d’armes : Certes, Sire, mais tout de même! L’entrainement de terrain est d’une importance majeure dans votre formation et ce vulgaire jeu de plateau ne saurait se substituer à la qualité d’un combat à l’épée. (il se lève et dégaine) Allez! En garde ma mignonnette!

Arthur : En garde rien du tout… Vous l’avez mauvaise parce que vous avez encore perdu mais moi j’ai un peu autre chose à faire aujourd’hui! Allez bonne journée!

Le maître d’armes : Sire, revenez! Sire…. Bon…

Arthur s’éloigne et le maître d’armes se rassoit, vaincu. Pendant ce temps, Perceval arrive sur les lieux et regarde le jeu sur la table.

Perceval : C’est à quoi que vous étiez en train de jouer là?

Le maître d’armes : Aux échecs mon bon ami.

Perceval : Mais c’est compliqué ça?

Le maître d’armes : Hé bien cela dépend de ce que vous appelez compliqué. (il le regarde). Heu oui c’est assez compliqué en fait…

Perceval : Mais vous pouvez m’apprendre ou pas?

Le maître d’armes : Là tout de suite? Non. Je crains que cela soit tout de même un peu ambitieux…

Perceval : Mais allez! Au moins les bases!

Le maître d’armes : Quelle heure est-il?

Perceval : Ch’ais pas. I doit être dix heures du matin par là. Pourquoi ça se joue qu’à certaines heures?

Le maître d’armes : Non, non; là n’est pas la question.

Perceval : bin alors quoi?

Le maître d’armes : Bien… C’est l’été. La nuit se couche plus tard, ça nous laisserait, disons une dizaine d’heures pour vous apprendre les bases, soit moins de deux heures pour apprendre les mouvements de chaque pièce. Non vraiment… Vous connaissant et sans vouloir vous vexer, ça risque d’être juste, mon ami…

Perceval : Allez quoi… Moi aussi j’veux devenir bon en stratégie militaire. La dernière fois qu’ils ont voulu me faire commander un groupe d’archers, y en a trois qu’ont réussi à se planter une flèche dans la tête et deux qui ont failli se noyer en traversant le ruisseau alors qu’il y a même pas de fond. Soyez sympa…

Le maître d’armes soupire, vaincu : Bien… D’accord… Mais vous me promettez de faire un effort pour vous concentrer!

Perceval : Promis.

(…le temps passe…)

Le maître d’armes : … Comme je vous le disais, la reine bouge en ligne droite ou en diagonale…

Perceval : Mais la reine, vous voulez dire la reine?

Le maître d’armes : Mais oui, mon ami, ça fait vingt fois que je vous l’explique!

Perceval : Bon, moi je la croise pas tout le temps et c’est souvent dans les couloirs du château… Du coup, je la vois plus souvent marcher droit quand même, mais en diagonale, non ça me dit rien… Et puis ça à quoi à voir avec votre jeu çà? Vous aviez dit que vous m’apprendriez les règles. Alors moi, j’veux bien me concentrer mais si vous commencez à partir dans tous les sens, on va pas sans sortir.

Le maître d’armes : La reine mon ami! La reine! Cette pièce là s’appelle la reine… Je ne vous parle pas de notre bonne reine Guenièvre! Vous le faites exprès ou quoi?

Perceval s’énerve : Et c’est ma faute à moi si les mecs qu’ont fait votre jeu, ils ont filé à des petits bouts de bois des noms de trucs qu’existent déjà en vrai? Ca aurait pas été plus simple d’en inventer d’autres plutôt que de venir tout compliquer comme ça?

Le maître d’armes s’affale sur sa chaise en soupirant : Ecoutez, je crois qu’il vaut sans doute mieux que nous laissions tout cela de côté… Je commence à fatiguer…

Perceval : Mais non, mais attendez, j’avais presque tout compris. Allez soyez chic quoi!

Le maître d’armes hoche la tête en soupirant : Bon d’accord, mais concentrez-vous!

(…) Le soleil est déjà bas. Ils se sont enfin mis à jouer et la partie semble bien avancée.

Le maître d’armes avance un pion, d’un air las : Allez, à vous, mon ami…

Perceval prend son cavalier en main et joue avec en le faisant hennir à grands renforts de cavalcade avant de le déplacer sur l’échiquier.

Le maître d’armes: Mais Bon dieu vous êtes obligé de faire tout ce bruit à chaque fois…

Perceval. Bin, c’est un cheval quand même…

Le maître d’armes : On le voit bien que c’est un cheval, vous n’êtes pas forcé de faire tout ce tintamarre.

Perceval: C’est écrit quelque part dans les règles qu’il est muet votre cheval?

Le maître d’armes : Non.

Perceval. Bin alors, qu’est ce que vous en savez?

Le maître d’armes soupire : Passons… J’ose a peine imaginer ce que vous allez nous sortir quand vous allez déplacer votre reine.

Perceval. Ah non, mais moi ça j’y touche pas à la reine.

Le maître d’armes : De quoi ?

Perceval : Non mais le respect… C’est rapport à Arthur.

Le maître d’armes, l’air las, mais prenant sur lui: Je vous ai déjà expliqué cinquante fois que ce n’était pas Guenièvre….

Perceval: Non mais même, la reine c’est la reine…D’ailleurs j’ai rien dit quand vous avez bougé la vôtre toute à l’heure, mais ça a bien failli partir…

Le maître d’armes lève les yeux au ciel: Comme vous voudrez, mais si vous jouez sans la reine à ce jeu là, vous n’êtes pas rendu mon ptit vieux…

Perceval : Non mais arrêtez avec ça, ça peut encore partir en vrille. (regard appuyé). Sans ça, vous énervez pas, mais je voulais vous demander…

Le maître d’armes : De quoi encore?

Perceval : C’est comment déjà qu’on dit?

Le maître d’armes : C’est COMMENT QU’ON DIT QUOI?

Perceval : Hé bin quand le grand bout de bois, enfin le roi, comme vous dites, il est tout coincé dans les petites cases et qu’i peut plus bouger.

Le maître d’armes : Ah ça? On dit Échec et Mat, mon bon ami…

Perceval : Malte comme la ville?

Le maître d’armes : Mat comme le teint…

Perceval : J’comprends rien…

Le maître d’armes : Je plaisantais… Mat comme Mater. Ne cherchez pas non plus trop à toujours tout expliquer… Retenez simplement qu’on dit Echec et Mat…

Perceval : D’accord… Bon bin voilà… L’échec est malte alors… Autrement dit, vous êtes dans la mouise comme on dit chez moi au pays de Galles…

Le maître d’armes : De quoi? Mais comment? Mais ce n’est pas possible…  Il a réussi à me mettre mat! (il regarde le jeu, stupéfait, puis Perceval sans trop y croire, avant de s’affaler sur sa chaise déprimé).Et en plus sans la reine. Quelle humiliation!

Noir

Perceval : N’empêche i fait p’t’être du bruit mon cheval mais en attendant vos petits bouts de bois i sont tout coincés.

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En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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« Douce dame jolie » de Guillaume de Machaut, brillant compositeur médiéval du XIVe siècle

Guillaume-de-Machaut_trouvere_poete_medieval_moyen-age_passionSujet : musique médiévale, musicien, compositeur médiéval, poète médiéval, chanson médiévale,
Titre : Douce Dame Jolie, Virelai*
Auteur: Guillaume de Machaut (1300-1377)
Période : XIVe siècle, Moyen Âge
InterprétesAnnwn
Album :  Orbis Alia (2007)

Bonjour à tous,

C_lettrine_moyen_age_passionette fois-ci, les amateurs de musique médiévale authentique devraient s’en réjouir, nous partageons ici une pièce de Guillaume de Machaut, auteur du moyen-âge,  reconnu par tous comme l’un des plus grand poète et musicien du XIVe siècle.

Douce dame jolie de Guillaume de Machaut, par Annwm

Annwm, folk médiéval ou mystique folk en provenance d’allemagne

Fondée en 2006, par l’archéologue, chanteuse et harpiste (uf!) Sabine Hornung, la formation allemande Annwm  se classe bien plus du côté du « Folk » d’inspiration médiévale que de l’ethno-musicologie au sens strict.

Les inspirations puisent dans le répertoire du moyen-âge ou même celui du folk et des musiques plus traditionnelles et proviennent des origines les plus diverses : celtiques, nordiques, bretonnes, séfarades, mais encore d’autres pays de l’Europe médiévale. Elles sont prises dans le répertoire profane, comme dans le liturgique. Au gré des pièces proposées, les compositions sont revisitées et modernisées et les instruments anciens y côtoient les plus électriques ou récents.

Baptisée par la formation elle même « Mystic folk », on peut tout de même rattacher cette approche à un mouvement folk médiéval qui a musique_folk_medievale_album_orbis_allia_Annwn_Sabine_Hornungpris, au début des années 2000, une certaine ampleur,  notamment en Allemagne, et dans lequel on peut trouver des formations comme   Faun.

La pièce du jour de Guillaume de Machaut est tirée de l’album Orbis Alia, sorti un an après la création de la formation, dans lequel on pouvait encore découvrir une sélection éclectique de compositions en provenance des quatre coins d’Europe (France, Suède, Allemagne, Pays de Galles, Espagne), et s’étalant du XIIIe siècle à des périodes plus récentes, en passant par la renaissance.

L’album est toujours disponible en ligne au format CD import. Si vous souhaitez plus d’informations, en voici le lien : Orbis Alia [Import allemand]. Pour information, l’interprétation de la chanson du jour est également disponible, séparément et au format MP3, au lien suivant : Douce Dame Jolie par Annwn

Guillaume de Machaut, brillant musicien, poète,  et compositeur du moyen-âge

Eléments de biographie

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Guillaume de Machaut, XIVe siècle

On ne sait pas grand chose des premières vingt années de vie de ce poète compositeur, ni de sa date ou son lieu de naissance exacts que les historiens font balancer entre la Champagne et les Ardennes. Sa vie nous est mieux connue à partir des années 1323, quand étant clerc, il entre comme secrétaire au service du roi de Bohème, Jean de Luxembourg. Par la suite, il voyagera et suivra Jean 1er dans de nombreuses expéditions ou campagnes, et l’influence à la fois de l’éthique du clerc autant que les valeurs attachées à la chevalerie, se feront nettement ressentir dans ses écrits et son œuvre. Après la mort de Jean 1er de bohème durant la bataille de Crécy, Guillaume de Machaut servira différents seigneurs et plus tard, il s’installera comme chanoine attaché à la Cathédrale de Reims, période durant laquelle son œuvre sera plus productive.

L’oeuvre laissée par Guillaume de Machaut

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On lui doit de nombreuses pièces – messes, lais, virelais, ballades, chants royaux, œuvres narratives, complaintes  et autres rondeaux – et on reconnait assez largement chez les spécialistes que sa maîtrise des formes classiques et lyriques, s’il ne les a pas inventées lui-même, lui a permis de mieux les préciser, tout en les amenant plus loin, préfigurant ainsi la musique moderne. Il a aussi largement contribué au développement de la musique polyphonique. En bref, il y aura un avant et un après Guillaume de Machaut.

L’amour courtois 

La pièce que nous partageons aujourd’hui est sans doute une des plus populaires du compositeur médiéval. C’est une pièce de lyrique courtoise et il y chante ici cette Fine Amor littéraire et très codifiée qui,  durant le XIIe siècle et une partie du XIIIe, influencera une partie des valeurs de la chevalerie. Colporté et promu, et chanté abondamment par les troubadours et trouvères du moyen-âge central, on le retrouvera aussi sous la plume de nombreux auteurs médiévaux. Du côté chevaleresque, on pense notamment à Chrétien de Troyes et ses légendes arthuriennes.

Adoubement Lancelot, Évrard d'Espinques, 1475 Bibliothèque Nationale de France
Adoubement Lancelot, Évrard d’Espinques, 1475 Bibliothèque Nationale de France

D’entre tous les chevaliers de la table ronde, Lancelot sera le plus sûr représentant de cet amour courtois, au moins jusqu’à ce que certaines suites du roman arthurien lui offrent l’opportunité de la transgression et du passage à l’acte.

Amour prude souvent chaste et  hors mariage, du chevalier pour sa dame, préférablement de haut rang et dont il lui faut séduire le cœur avec courtoisie, la Fine Amor s’épanche bien souvent dans un désir contraint à demeurer inassouvi et qui se traduit dans la douleur du refus, de l’impossibilité d’être, ou encore de la distance ou de l’attente; en position basse, le fine amant, fébrile, tout entier « au service » de sa dame, vit au bord du gouffre et à la merci de son propre sentiment dont il est « prisonnier »; autant d’épreuves à traverser qui, pense-t-on, font la force autant que la faiblesse de ces jeux amoureux courtois. Leurs tourments sont leurs plus grands délices dans un mouvement qui oscille entre frustration et espérance.

*Virelai : « forme poétique du XIVe siècle (fin XIIIe), particulièrement prisée par les trouvères (Guillaume de Machaut). Dans sa forme la plus simple, le virelai se compose d’une strophes rimée de deux vers, suivie d’une strophe refrain ou formule répétitive, propre à la reprise en chœur. Plus complexe, il mêle des strophes de différentes métriques, le refrain pouvant alors changer, mais par exemple avoir un mètre (en général court) et une assonance particuliers, comme une réponse régulière obstinée.  Lire la suite sur musicologie.org.

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Les paroles de Douce Dame Jolie 
dans le moyen-français de Guillaume de Machaut

Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.

Qu’adès sans tricherie
Chierie
Vous ay et humblement
Tous les jours de ma vie
Servie
Sans villain pensement.

Helas! et je mendie
D’esperance et d’aïe;
Dont ma joie est fenie,
Se pité ne vous en prent.

Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.

Mais vo douce maistrie
Maistrie
Mon cuer si durement
Qu’elle le contralie
Et lie
En amour tellement

Qu’il n’a de riens envie
Fors d’estre en vo baillie;
Et se ne li ottrie
Vos cuers nul aligement.

Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.

Et quant ma maladie
Garie
Ne sera nullement
Sans vous, douce anemie,
Qui lie
Estes de mon tourment,

A jointes mains deprie
Vo cuer, puis qu’il m’oublie,
Que temprement m’ocie,
Car trop langui longuement.

Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.

deco_frise

Sur ces belles paroles, excellente journée à tous !

Fred
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