Archives par mot-clé : Jean Pau Verdier

Quand la belle langue occitane des troubadours rend hommage à Léo Ferré et à Rutebeuf

pauvre_rutebeuf_poesie_medievale_occitan_joan_pau_verdierSujet : musique, poésie médiévale, poésie réaliste, troubadours, trouvères, langue d’oc,  Rutebeuf en occitanie.
Auteur : Léo Ferré
Titre : Pauvre Rutebeuf (en Occitan)
Interprètes : Joan Pau Verdier
Album : Léo en òc (2006)

Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaous le savez sur moyenagepassion, nous aimons la langue française autant que les langues qui l’ont faite. Nous avons déjà parlé de l’importance de la langue occitane ici et de son histoire. Pour ceux qui ne vivent pas dans le pays d’oc et même d’ailleurs pour une partie de ceux qui y vivent, nous n’avons plus tellement l’occasion d’entendre cette belle langue et pourtant. Quand la France était encore divisée en plusieurs berceaux linguistiques, dont deux particulièrement grands: oil et troubadours_provençaux_poesie_chanson_medievaleoc, ce fut elle, la belle occitane, que chantèrent les troubadours du sud de la France. Elle fut la première langue de l’Amour courtois chanté, de la satire aussi, et ses jongleurs, chanteurs et artistes du XIIe siècle l’emportèrent à leur traîne dans leurs voyages de la autour de la méditerranée, jusque dans Italie ou l’Espagne médiévale, et parfois même encore plus loin. Leur art influença encore jusqu’à la cour de Paris y faisant naître des vocations et des trouvères qui leur emboîteraient bientôt le pas. Et si c’est un véritable plaisir que de pouvoir encore dédier un article à la belle occitane, c’en est un encore plus grand que de l’entendre chanter par un véritable artiste engagé pour sa défense et pour ses idées aussi d’ailleurs, depuis près de 40 ans: l’artiste occitan Joan Pau Verdier.

Pauvre Rutebeuf en langue d’oc extrait

Extrait 1  – Extrait 2

Joan Pau Verdier.
« Léo en òc » et avec lui Rutebeuf

poesie_medievale_joan_pau_verdier_rutebeuf_en_occitan_hommage_leo_ferre

N_lettrine_moyen_age_passioné en 1947, ce musicien, guitariste, chanteur, auteur, compositeur a déjà derrière lui une longue carrière qu’il débutera dans les années 70. Il alternera, dès lors, les albums sur fond de musiques folk ou plus rock sans s’interdire aucun genre. Du côté des paroles, il  passera du français à l’occitan au gré de ses inspirations, chantant tantôt ses propres textes, tantôt ceux de poesie_medievale_leo_ferre_pauvre_rutebeuf_en_langue_ocpoètes ou auteurs qui le touchent.

Dans un album datant de 2006, intitulé Léo en òc, il rendait hommage à Léo Ferré en traduisant en occitan des pièces choisies du poète anarchiste parisien et ô belle surprise!, dans le lot, il eut l’excellente idée de nous gratifier d’une reprise du célèbre « Pauvre Rutebeuf » auquel nous avons déjà consacré ici plusieurs articles. C’est donc une interprétation toute nouvelle de ce morceau qu’il nous propose dans cet album puisque, pour notre plus grand plaisir, elle est en occitan et dans la langue des troubadours.

poesie_medievale_joan_pau_verdier_pauvre_rutebeuf_un_trouvere_chante_en_occitan_par_un_troubadour

D_lettrine_moyen_age_passiones dizaines d’interprètes ont repris ce titre de Léo Ferré depuis sa création, et il semble bien qu’il ait fait le tour du monde, mais cette version de Joan Pau Verdier est particulière et unique à plus d’un titre. D’abord, chanter un trouvère dans la belle langue d’oc des troubadours est suffisamment rare pour ressembler à une première. Ensuite, bien au delà d’être un simple admirateur de Léo Ferré qu’il a rencontré à de nombreuses reprises dans le courant des années 70, Joan Pau Verdier est aussi, depuis bien longtemps, un héritier spirituel de l’esprit libre et libertaire du grand Léo. En 75, il reprenait déjà en occitan la mythique chanson « Ni Dieu, ni Maître » de ce dernier, véritable hymne qui résume presque à elle seule l’esprit de libre pensée et d’anarchisme que portait en lui le poète à vif et indompté qu’était Léo Ferré. Outre le répertoire de ce dernier, on doit également à Joan Pau Verdier, des traductions et adaptations en langue d’Oc d’un autre grand poète et esprit insoumis du XXe siècle, digne héritier de Villon, le maître de poésie Georges Brassens. Enfin, s’il fallait encore une raison de plus, cette version occitane du Pauvre Rutebeuf a du coeur, et d’un point de vue vocal et musical en supère bien d’autres que vous pourrez trouver à la ronde.

Pour parenthèse et pour revenir à Rutebeuf, nous publierons bientôt ici la complainte qu’il fit sur son oeil et qui inspira à Léo Ferré cette belle chanson en forme de collage, faite d’extraits pris à la source de la poésie de Rutebeuf et d’inspirations plus libres. Pour retrouver les paroles originales de la chanson de Léo Ferré suivez le lien.

En vous souhaitant une bonne écoute!

Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C.