Archives par mot-clé : littérature

Nouveauté : Thibaut de Champagne, son art poétique, ses chansons et leurs variantes mélodiques chez Honoré Champion

thibaut_le_chansonnier_troubadour_trouvere_roi_de_navarre_comte_de_champagneSujet : chansons, musique, poésie médiévale, amour courtois, poésie lyrique, trouvère, vieux français. livre,
Période : Moyen Âge central
Auteur : Thibaut IV de Champagne (1201-1253), Thibaut 1er de Navarre
Ouvrage : « Thibaut de Champagne, textes et mélodies »
Auteurs : Christopher Callahan, Marie-Geneviève Grossel, Daniel E. O’Sullivan
Editeur : Honoré Champion (avril 2018)

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionepuis près d’un siècle et demi, la prestigieuse maison d’édition Honoré Champion publie de diffuse les plus grands titres de la recherche universitaire de l’espace francophone. De fait et sur le sujet qui nous préoccupe, nous lui devons nombre des ouvrages sur la littérature, la poésie médiévale et ses auteurs que nous avons déjà cités ici. Depuis ses premières parutions, la maison a poursuivi son oeuvre sans relâche et avec plus de 10 000 titres déjà parus, elle s’est s’imposée comme une référence incontournable dans son honore_champion_edition_livres_litterature_poesie_medievaledomaine de prédilection.

Sur la partie médiévale, à la lumières des nouvelles découvertes et des avancées des romanistes ou médiévistes, elle revisite régulièrement des œuvres ou des auteurs déjà édités longtemps auparavant. C’est le cas de l’ouvrage que nous vous présentons aujourd’hui puisqu’elle nous fait le grand plaisir de publier un livre tout entier consacré à Thibaut de Champagne et à ses chansons. Un siècle s’étant écoulé depuis le dernier ouvrage en date dédié au grand roi poète du XIIIe siècle, il était grand temps de réexaminer son œuvre et c’est désormais chose faite.

Exhaustif & ambitieux : art poétique, chansons adaptées & variations mélodiques

Avec un ouvrage qui déborde les huit-cent pages, les auteurs ne se sont pas contentés ici de présenter et d’adapter en français moderne le legs poétique de Thibaut le Chansonnier, ce qui aurait déjà représenté, en soi, un travail conséquent. Au delà des traductions de ses œuvres, ils ont aussi compilé les nombreuses variantes mélodiques associées à ses chansons. De ce point de vue, en plus des férus d’histoire, de littérature et de moyen-âge, ce livre devrait encore ravir les amateurs de musique ancienne désireux de restituer, au plus près, l’art du roi de Navarre et seigneur-trouvère de thibaut_de_champagne_trouvere_chansonnier_livres_chansons_partitions_lyrique_courtoise_honore_championChampagne.

Comme nous l’indiquions plus haut, l’ouvrage bénéficie encore des éclairages les plus récents en matière de littérature médiévale. En plus des éléments biographiques rassemblés sur Thibaut de Champagne, mais aussi  de la revue des manuscrits anciens dans lequel on peut retrouver  ses chansons, une large partie du livre est ainsi consacrée à l’analyse de sa poétique; il s’agit ici de remettre en perspective son originalité et son art dans le contexte de la lyrique courtoise de son siècle.


Un mot des auteurs

Trois  grands experts de littérature, de vieux-français d’oil et de lyrique courtoise  se sont attelés à cet ambitieux projet. Il s’agit de Christopher Callahan, Marie-Geneviève Grossel, et Daniel E. O’Sullivan et il convient d’en dire quelques mots.

Christopher Callahan est professeur de français et de littérature médiévale et renaissante à l’Université Wesleyan de Bloogmington, dans l’Illinois, Passionné par cette période historique, cet universitaire américain s’est fait une véritable spécialité de la poésie lyrique du moyen-âge et on lui doit nombre de contributions, articles et parutions dans ce champ. Au sujet des trouvères des XIIe et XIIIe siècle, on retiendra notamment sa participation à deux ouvrages sur Les Chansons de Colin Muset, parus également chez Honoré Champion en 2005.

thibaut_de_champagne_oeuvres_chansons_musiques_poesies_medievales_vieux_français_oilMaître de conférence à l’Université de Valenciennes où elle enseigne le français médiéval et le latin, Marie-Geneviève Grossel, est, de son côté, une spécialiste reconnue de la Champagne du XIIIe siècle et de son bouillonnement littéraire et artistique d’alors. L’art et les chansons des trouvères de cette période, ainsi que les codes de l’amour, de la séduction et de la lyrique courtoise font donc partie de ses grands sujets de prédilection et on lui doit des ouvrages reconnus sur la question ou sur des sujets connexes: Le Milieu littéraire en Champagne sous les Thibaudiens: 1200-1270, (1994), Les chansons de langue d’oïl: l’art des trouvères (2008), pour ne citer que ces deux-là. On peut encore retrouver nombre de ses contributions ou articles dans des ouvrages collectifs ou actes de colloques portant sur le moyen-âge.

Enfin, « last not least« , professeur de français médiéval à l’Université du Mississippi, Daniel E. O’Sullivan s’est fait une spécialité de l’approche comparative et interdisciplinaire de la musique, la littérature et la culture de l’Europe médiévale. Il a lui aussi, à son actif, de nombreuses parutions sur la période, sur des thèmes aussi variés que le culte marial dans la lyrique française du XIIIe siècle (Marian Devotion in Thirteenth-century French Lyric, 2005), la formation et la naissance de la courtoisie dans la France médiévale (Shaping Courtliness in Medieval France, 2013) ou même encore sur le jeux d’échecs du moyen-âge à l’entrée de l’ère moderne. On doit également à cet universitaire des articles de référence sur la lyrique de Thibaut de Champagne.

Il fallait bien l’oeil aiguisé et la collaboration de ces trois érudits pour approcher de manière complète et avec toute la rigueur que l’on pouvait en attendre, l’oeuvre du seigneur trouvère croisé, élevé dans la grande effervescence culturelle et artistique de la cour de Champagne des débuts du XIIIe siècle (1).


Où se procurer l’ouvrage ?

Ce nouvel ouvrage autour de Thibaut de Champagne avec lequel il faudra désormais compter vient juste de paraître. Vous le trouverez donc dans  toutes les bonnes librairies et il est aussi disponible en ligne, sur le site de l’éditeur et à l’adresse suivante :   Thibaut de Champagne, Chansons, Textes et Mélodies

thibaut_champagne_chansonnier_trouvere_poesie_chanson_partition_medievale_traduite_moyen-age

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes

(1) Sur le sujet de la cour de Champagne et des trouvères champenois de la fin du XIIe et des débuts du XIIIe siècle, on pourra valablement consulter nos articles sur Blondel de Nesle, sur Gace Brûlé et bien sûr sur Thibaut de Champagne.

« Temps perdu n’est a recouvrer », Michault Caron Taillevent, le passe-temps, fragments (2)

poesie_medievale_michault_le_caron_taillevent_la_destrousse_XVe_siecleSujet : poésie, littérature médiévale, poète médiéval, bourgogne, poète bourguignon, bourgogne médiévale, poésie réaliste, temps,
Période : moyen-âge tardif, XVe
Auteur : Michault (ou Michaut) Le Caron, dit Taillevent ( 1390/1395 – 1448/1458)
Titre : Le passe-temps

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous publions aujourd’hui quelques strophes supplémentaires du Passe-temps de Michault Taillevent.  En réalité, nous en suivons le fil. Nous avions, en effet, déjà publié les onze premières strophes et voici donc les suivantes.

Un auteur médiéval
redécouvert tardivement

Même si l’on connait une version imprimée du XVIe siècle du Passe-temps, ce bel auteur du moyen-âge central, populaire en son temps, a souffert d’un manque d’exposition jusqu’à une date  relativement récente, bien que quelques auteurs du XIXe et des débuts du XXe avaient  tout de même fini par s’y pencher.

Référence : Michault Caron Taillevent avec Robert Deschaux

Michault_Taillevent_poeste_bourguignon_robert_deschaux_livre_poesie_litterature_medievale_moyen-age_XVe_siecleNous ne nous basons pas sur cette édition pour produire les extraits du Passe-temps, mais rappelons tout de même le travail incontournable de Robert Deschaux  sur  l’auteur médiéval : Un poète bourguignon du XVe siècle : Michault Taillevent (Droz, édition et étude, 1975).

Pour dire un mot de cet auteur, Robert Deschaux (1924-2013) agrégé de grammaire, natif de Charavines, se fit une grande spécialité de la poésie du XVe siècle et notamment celle de la cour de bourgogne. Docteur de la Sorbonne, il enseigna longtemps auprès des universités, la langue et la littérature françaises du Moyen-âge et de la Renaissance.  Son ouvrage sur Michault le Caron dit Taillevent est d’ailleurs la publication de la thèse qu’il soutint dans ses matières devant la Sorbonne.

Avant Robert Deschaux et à la période moderne, le poète médiéval était plus connu des chercheurs romanistes ou des médiévistes spécialisés dans le moyen-âge central et tardif que du public; certaines de ses poésies n’avaient d’ailleurs pas même été retranscrites depuis les manuscrits dans lesquelles on les trouvait et  ces derniers ne pouvaient être décemment approchés sans une solide formation en paléographie.  Cet ouvrage de 1975 reste donc,  à ce jour, une référence et la meilleure parution pour découvrir le poète médiéval et l’ensemble de son oeuvre.

Le passe-temps : « Je » poétique et universalité du thème

N_lettrine_moyen_age_passionous n’allons pas ici revenir sur le statut de la vieillesse au moyen-âge que nous avons déjà abordé précédemment, mais simplement ajouter deux mots sur le Passe-temps du Michault et sur ses qualités.

Il y a, en effet, dans cette poésie de l’ancien joueur de farces à la cour de Bourgogne parvenu à l’hiver de sa vie, une force véritable qui poesie_medievale_moyen-francais_michault_caron_taillevent_passe_temps_XVe_siecle_moyen-agetouche sans doute autant par l’universalité de son thème que par l’approche  subjective que le poète en fait: ce  « Je »  poétique et en détresse qui se tient au centre de l’oeuvre.  A chaque fin de strophe, les locutions proverbiales ou en forme de proverbes, ouvrent encore la réalité poignante de l’expérience vécue sur l’universel et ce temps qui a filé entre les doigts du poète, dévient nôtre.

Au delà, on trouve encore, dans ce Passe-temps, la marque d’un style impeccable, le signe d’une écriture parvenue à sa maturité. On notera, bien sûr, quelques traces de l’école des rhétoriciens dans certains jeux de rimes ou de mots (flourissant/flor issant, parfont/parfont, amer/amer, etc…), mais sans parler ou s’arrêter à ces démonstrations de virtuosité, les mots coulent avec aisance et soulignent toute la grâce de ce moyen-français du XVe siècle. En bref, pour qui aime la langue française et son histoire, cette poesie_poete_medieval_moyen-francais_michault_caron_taillevent_passe_temps_XVe_siecle_moyen-agepoésie est une pure délectation.

Michault  Taillevent a vieilli mais son passe-temps n’a guère pris de rides. Il gagne à être plus largement redécouvert, lu ou relu. Et même s’il est difficile de l’établir avec certitude, on ne se surprend pas que certains passages de cette longue complainte et poésie sur la fuite du temps et l’âge de vieillesse ait pu inspirer François Villon.

Pour raccrocher sur l’article précédent, nous étions resté sur la strophe suivante :

Et le temps par mes ans hastoye,
Que je ne m’en guettoye pas.
Vieillesse m’attendoit au pas
Ou elle avoit mis son embusche :
Qui de joye est en dueil trebusche.

deco_frise

« Temps perdu n’est a recouvrer »,
Michault Caron Taillevent, le passe-temps  (2)

Et la perdy tout l’apetis,
De chanter, car Dame Viellesse
Courut adont tout l’apetis
De ma joye & de ma liesse;
Dont il convendra que je lesse
Le ditter et le rimoyer :
Aprez le rire larmoyer. 

En mon joly temps fuz astrains
De faire ballades de flours;
Or suy je mainenant contrains
A faire ballades de plours
Et complaintes de mes folours
Pour mon temps qu’ay gaste en vain :
Telle penne, tel escripvain. (1)

En mon estude florissant
Jadiz a ditter aprenoye,
Ou avoit maine* (maintes) flour issant*, (sortant, fleurissant)
Surquoi mes matiers prenoye;
Et ore en pleurs mon cuer prez noie.
Ainsi est mon fait tout divers :
Chappeaux ne sont pas tousdiz vers. (2)

Aux escolles d’amour haultaines
Usay tous mes beaux jours seris* (paisible, serein),
Mais les ruisseaux et les fontaines
De ma joye sons tous taris,
Et les fosses tous ateris
Ou je puisoye faiz d’amer :
Soubz arbre doulz fruit plain d’amer.

Ainsi m’a tollue* (de tolir, ravir, enlever) & hoste
Toute ma joye et mon deport* (joie, plaisir)
Vieillesse, par mes ans hastee,
Et destruit le havre et le port
Ou tout le gracieux aport
De mon doulx plaisir arrivoit :
Qui vist changer dueil à riz voit. (3) 

Viellesse adont rompi le mas
De ma nef, je le voy moult bien,
Dont venoit l’esparnz* (l’épargne) & l’amas
De toute ma joye et mon bien;
Si ne scay encore combien
J’ay de temps et d’age a durer:
Qui vist il fault tout endurer.

J’estoye de joye atourne* (entouré, paré)
Ou temps que jeunesse hantoye,
Mais le temps est bien retourne:
Je pleure ce que je chantoye,
Car adonques point ne tastoye
De viellesse le gue parfont* (profond):
Les regres les douleurs parfont* (de parfaire).

Helas ! se j’eusse en congnoissance
De ce que j’ay depuis trouve,
Ou que maintenant congnois, sans ce
Que je l’eusse adonc esprouve,
Ja n’eusse este prins ne prouve* (éprouvé)
Ainsi de joye desgarny :
Mal vist qui n’est adez garny* (désormais, de nos jours pourvu, nanti)

Bien feusse, se j’eusse eu ce sens,
Quand de jeunesse estoye es mains,
Que temps passe, comme je sens
A toutes heures, soirs et mains ;
Mais je ne cuidoie avoir mains
Du bien dont mon cuer est issu :
Drap s’uze, comme il est tissu.

Jeunesse, ou peu de gouvern(e) a,
Pour ce que de bon cuer l’amoye,
Mon fait et mon sens gouverna
Se fault y a, la coulpe est moye.
Chose n’y vault que je lermoye,
Et ne feisse riens qu’ouvrer (4)
Temps perdu n’est a recouvrer.


NOTES

(1) « telle plume, tel écrivain » : le mot fut sujet à des évolutions désignant le transcripteur d’un manuscrit ou le rédacteur d’un texte à partir du milieu du XIVe il se fixe pour désigner de plus en plus le rédacteur d’un texte. La revue Romania nous apprendra toutefois en 2014 qu’en milieu bourguignon (ça tombe bien nous y sommes) :

« … la production des œuvres et des manuscrits est difficilement dissociable, en particulier en milieu bourguignon, pour des personnalités comme Jean Miélot, Jean Wauquelin, Jean Duquesne, David Aubert et bien d’autres, le même mot (escripvain) pouvant encore désigner, vers la fin du xve siècle, à la fois des auteurs qui se font copistes et des copistes qui se font auteurs »
« Olivier Delsaux. Qu’est-ce quun « escripvain«  au Moyen Âge? Étude d’un polysème« Maria Colombo Timelli, Romania, 132, 2014

(2) Métaphore sur le ver(t) qui désigne le printemps, la jeunesse.

(3) celui qui vit longtemps voit le rire se changer en deuil

(4) ouvrer :  y travailler, fig. ne fasse que « le remâcher », « en souffrir » 

deco_frise

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

« Dou lièvre et dou cers », une fable médiévale de Marie de France sur la convoitise

poesie_fable_litterature_monde_medieval_moyen-ageSujet : poésie médiévale, fable médiévale, langue d’Oil, vieux français, anglo-normand, auteur médiéval, ysopets, poète médiéval, convoitise
Période : XIIe siècle, moyen-âge central.
Titre : Dou lièvre et dou Cers
Auteur : Marie de France (1160-1210)
Ouvrage : Poésies de Marie de France Tome Second, par B de Roquefort, 1820

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour aujourd’hui, voici une nouvelle fable médiévale de Marie de France. auteur et poétesse anglo-normande de la fin du XIIe siècle. A l’image du cheval qui « louchait » sur l’herbe du pré voisin, c’est encore la convoitise qui est, ici, montrée du doigt et la morale élargit même à la cupidité et à l’avidité.

Le lièvre et le cerf

fable_medievale_poesie_ysopet_lievre_cerf_marie_de_france_moyen-age_central_vieux_francais_oilVoyant la belle ramure d’un cerf, un lièvre se prit à rêver d’en posséder une semblable. Ayant étudié son sujet et vu que nul n’était doté, par Mère nature, de tels bois, il alla voir la destinée, pour lui demander quelques comptes et obtenir, à son tour, qu’on lui offre ces beaux atours. La déesse ayant rétorqué qu’il ne saurait, s’il en avait, en faire usage ni les porter, l’animal se montra têtu, et par force persévérance, vit son souhait exhaussé, au sortir de l’entrevue. Las!, il découvrit, un peu tard, qu’il ne pouvait lever le chef, ni même aller par les chemins, tant la ramure était pesante : « car il avait plus qu’il devait et qu’il convenait à sa grandeur« .  Moralité ?

« Par cet exemple on veut montrer
Que l’homme riche et l’homme avide*
Veulent toujours trop convoiter
Et s’ils se voient exhausser;
Ils prennent tant pour leur usage
Que leur honneur en prend dommage. »

* « aver » à le double sens d’avare et d’avide

deco_frise

Dou lièvre et dou Cers

Uns lièvres vit un Cerf ester
Ses cornes se prist à esgarder,
Mult li senla bele sa teste;
Plus se tint vix que nul beste,
Quand autresi n’esteit cornuz,
E qu’il esteit si poi créuz.
A la Divesse ala paller,
Si li cumnece à demander
Pur-coi ne l’ot si huneré,
E de cornes si aturné
Cume li Cers k’il ot véu.
La Destinée a respundu :
Tais toi, fet-ele, lai ester,
Tu nès purreies guverner;
Si ferai bien, il li respunt.
Dunt eut cornes el chief à-munt
Mais nés pooit mie porter,
Ne ne pooit à tot aler;
Qar plus aveit q’il ne déust
E qu’à sa grandur n’estéut.

Moralité

Par cest essample woel mustrer
Que li rique hume et li aver
Vuelent tuz-jurs trop cuvietier,
E si vuelent eshaucier;
Tant emprennent par lor ustraige
Que lor honur turne à damaige.

deco_frise

O_lettrine_moyen_age_passionn ne peut manquer de se souvenir ici de la fable du cerf d’Esope, reprise par Jean De La Fontaine. L’animal se mirant dans l’eau, lamentait la disproportion de ses jambes et tirait gloire de ses bois, pour se voir finalement condamner par eux.

«Quelle proportion de mes pieds à ma tête?
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte;
Mes pieds ne me font point d’honneur.»
Le cerf se mirant dans l’eau, Jean de la Fontaine (1621 – 1695)

Dans notre fable médiévale du jour, ce n’est, cette fois, pas lui qui en sera la victime mais leur beauté excitera la convoitise d’un ambitieux lièvre qui finira par en faire les frais.  On croise de très près le thème de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf.

marie_de_france_lievre_cerf_fable_medievale_litterature_poesie_moyen-ageConvoitise, cupidité, avidité conduisent à l’impasse et même au déshonneur et ces travers viennent encore, dans la morale de cette fable, s’inscrire en miroir du manque de charité.

Quant aux ramures du cerf, sont-elles tout à la fois ici symbole de beauté, de prestige ou de pouvoir ? Remis en perspective sociologiquement, on peut se demander si, à travers la symbolique de ce glorieux « chef », un certain cloisonnement social n’est pas également suggéré entre les lignes, un peu comme c’était le cas entre la fable de la puce et du chameau. La destinée (fortune encore elle ?) a donné à chacun une place « avec raison » et il convient de savoir l’occuper. S’il n’est même pas ici question de dépréciation « à chacun sa grandeur« , une chose demeure certaine, avoirs et pouvoir ne sont pas synonymes, encore moins quand l’avidité s’en mêle.

En vous souhaitant une belle  journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Un portail sur le monde médiéval & déjà plus de 700 articles

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour ceux qui passent de temps en temps ici, comme pour ceux qui nous visitent pour la première fois, il peut sembler utile de dire un mot de ce  site. S’il utilise un moteur WordPress,  Moyenagepassion n’est, en effet, pas un blog classique fait de billets d’humeur,  mais plutôt un site ressources sur le moyen-âge.

A ce titre, il entend couvrir de larges aspects – historiques, littéraires, artistiques,  architecturaux, politiques – de la période deco_medievale_enluminures_trouvere_médiévale mais ce n’est pas tout. Comme il s’intéresse aussi au moyen-âge reconstruit ou revisité par notre monde moderne (avec une volonté de réalisme ou quelquefois une touche de fantaisie). à côté d’études de textes, de poésies, chansons, fabliaux d’époque ou encore d’articles sur l’histoire médiévale, l’architecture défensive et les châteaux forts, vous y trouverez aussi des informations et un agenda sur l’actualité du monde médiéval: expositions, conférences, manifestations, fêtes ou événements, mais aussi sites d’intérêt.

A l’heure où l’information se fragmente en des unités chaque jour plus un peu plus petites, nous avons voulu relever la gageure de présenter un véritable portail sur le monde médiéval. Le projet est donc ambitieux, encyclopédique même, et le site évolue constamment dans le temps.

portail_passion_moyen-age_litterature_chansons_histoire_architecture_actualite_medievale

Déjà plus de 700 articles sur et
autour du moyen-âge

Après deux ans et demi de posts quotidiens (à quelques exceptions près), Moyenagepassion totalise déjà plus de 700 articles sur et autour du moyen-âge.  Sur la partie la plus historique, le site s’est, pour l’instant, un peu plus spécialisé sur le moyen-âge central et tardif et notamment une période allant du XIIe au XVeme siècle inclus, mais vous y trouverez tout de même quelques articles sur le haut moyen-âge.

Méthode, recherche et approche

deco_medievale_enluminures_trouvere_Chaque publication fait l’objet d’une attention particulière et de recherches creusées. Nous puisons dans les auteurs et historiens modernes, mais également à la source des manuscrits ou des ouvrages anciens. Il ne s’agit jamais ici de faire des copier-coller à la hâte ou « brut de fonderie » d’articles existants, mais toujours d’un démarche sourcée et rédactionnelle soignée.

A titre d’exemple, concernant les auteurs médiévaux, vous trouverez, pour l’instant, des portraits et des éléments de biographies détaillés sur 35 d’entre eux ainsi que des extraits choisis de leurs oeuvres. Plus de 260 articles sont ainsi consacrés à leurs productions : littérature, poésies, chansons, fabliaux, cantigas, etc…, en vieux français, en moyen-français, et même encore dans d’autres langues anciennes ou plus récentes (anglais, espagnol, italien, langue d’Oc, Gallaïco-portugais). Tous ces textes sont commentés, replacés dans leur manuscrit d’origine et, pour la plupart, traduits ou adaptés en français moderne par nos soins. Ces contenus sont totalement exclusifs et là encore, la liste évolue constamment.

Partie-pris esthétique et positionnement

S_lettrine_moyen_age_passionur les traces des manuscrits anciens, nous apportons également un soin particulier à l’habillage graphique du site et à son imagerie : lettrines, décorations, illustrations, images, etc… Produire des articles originaux, mais qui soient également immersifs autant qu’agréables à la lecture, depuis le départ, cela a été pour moyenagepassion, un autre élément important de différenciation. Dans cet esprit et à ce jour, près de 3000 images ont été produites pour illustrer les articles, mais aussi pour leur apporter une « touche » médiévale.

En prenant en compte l’ensemble des nouvelles technologies, nous souhaitons aussi tirer partie de toutes les richesses médiatiques (graphiques, audio, vidéo, etc…) accessibles en ligne afin de produire des articles multisupports, qui, en plus d’être agréables, soient aussi pédagogiques et vivants. Dans cette continuité, nous avons également mis en place une chaîne Youtube et créé des contenus.  deco_medievale_enluminures_moine_moyen-ageNous ne publions pas de nouvelles vidéos chaque jour. La quantité ne nous intéresse pas, nous privilégions l’originalité et pourtant, grâce à vous, nous avons  déjà totalisé près de 170 000 vues.

Moyenagepasssion est-il un site de vulgarisation ?  La frontière entre le profane et l’initié est quelquefois sujette, hélas, à quelques glissements péjoratifs. De la même façon, quand vulgarisation devient synonyme de simplification excessive, elle finit par tutoyer les idées fausses. Disons donc que si notre invitation à découvrir le moyen-âge s’adresse au plus grand nombre et même si certains articles peuvent s’avérer ardus, nous essayons toujours de faire en sorte que nos contenus restent accessibles à tous, sans jamais sous-estimer, pour autant, l’intelligence de notre auditoire. Entre le chercheur et le journaliste « pigiste », il reste, nous l’espérons, un champ d’exploration pour quelques voies intermédiaires. Nous nous employons en tout cas à l’ouvrir.

Catégories et exploration

D_lettrine_moyen_age_passione part l’ambition même du site, nous l’avons dit, nos publications se répartissent dans de nombreuses catégories. Actualité, événementiel, lieux d’intérêt y côtoient des réflexions de fond sur l’architecture du moyen-âge, mais encore sur l’histoire, la poésie, la musique et la littérature médiévale.  Toutes ne sont pas encore aussi replètes que nous le souhaiterions, mais petit à petit et  comme on le dit, l’oiseau fait son nid. Pour vous en donner une idée, voici quelques unes des plus importantes catégories et le nombre d’articles que vous pourrez y trouver :

Pour le reste, explorez, prenez votre temps, le site est fait pour cela !

Bienvenue encore et puisque vous y êtes déjà, merci chaleureusement de votre présence.

En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric F.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.