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LA COMPLAINTE DU PAUVRE COMMUN ET DES PAUVRES LABOUREURS DE FRANCE (3)

Portrait Enguerrand de Monstrelet

Sujet : complainte, poésie médiévale, poésie satirique, guerre de cent ans,  moyen-Français, misère, laboureurs, écorcheurs, routiers.
Période : Moyen Âge tardif,  XVe siècle.
Titre : Complainte du pauvre commun et des pauvres laboureurs de France
Auteur : anonyme – Les chroniques d’Enguerrand de Monstrelet, (1400-1444)

Bonjour à tous,

Nous nous retrouvons, aujourd’hui, pour la troisième et dernière partie de la Complainte du pauvre commun et des pauvres laboureurs de France. Dans ce texte anonyme du XVe siècle, le petit peuple et les paysans lassés des exactions à leur encontre et des disettes grondaient et imploraient de l’aide, tout en pointant du doigt les responsables et les causes de leur détresse.

Les campagnes et le petit peuple
au temps des exactions militaires

Durant la guerre de cent ans, les campagnes et les villes n’ont pas eu à souffrir seulement des armées anglaises et de leurs sièges ou de leurs pillages. Pendant les périodes de trêve ou entre deux batailles, les troupes royales de tout bord ont laissé plus d’une fois, à leur traîne, des soldats et mercenaires qu’elles se gardent de payer. Livrés à eux-mêmes, ces hommes peuvent s’organiser en hordes criminelles qui pillent et rançonnent les petites villes comme les campagnes. « Tard-venus », « grandes compagnies », « écorcheurs » : les mercenaires et fauteurs de trouble ne sont pas toujours en provenance du camp ennemi, ils ont pu être également du parti allié mais pour les paysans et les petites gens cela ne fait guère de différence. Le danger peut venir de tous côtés avec ses troupes errantes.

On connait plusieurs textes qui traduisent les infortunes et les abus connus par le peuple durant cette période. Nous avions eu l’occasion d’étudier, il y a quelque temps, un ballade d’Eustache Dechamps dans cet esprit (voir sa Ballade contre les exactions des routiers). Ce dernier auteur n’a pas manqué de témoigner des souffrances des campagnes au passage de la guerre et des soldats de tout bord sur leurs terres.

Un plaidoyer sur les misères et la condition sociale du petit peuple des campagnes

Nous avons déjà partagé, ici, les deux premières parties de cette complainte particulièrement poignante du Moyen Âge tardif. Ruinés, affamés, mis à mal, les pauvres laboureurs et gens des campagnes en appellent à tous les puissants de la société de leur temps pour en obtenir de l’aide et leur faire souvenance des infortunes qu’ils ont subies.

Dans ce texte, tout vient s’ajouter à l’addition et les écorcheurs à la traîne de l’Ost royal de Charles VII, sont loin d’être les seuls en cause. Une véritable avalanche de déboires y est évoquée ; certains structurels (réalité de classe), d’autres conjoncturels : froid, gel, perte des bovins, mais aussi abus seigneuriaux constants et même encore traitements faits aux paysans par les différentes classes sociales avec lesquels ils sont amenés à traiter.

Dans cette dernière partie tout particulièrement, la complainte s’élargira ici à de nombreuses catégories de la société civile ( bourgeois, avocats, marchands et même artisans) pour leur rappeler les abus subis, les services rendus avant que la misère ne frappe et les fustiger de leur actuelle ingratitude. Bien sûr, tout au long du texte, l’auteur, qui parle au nom de sa classe, s’exprime aussi sous l’œil d’un témoin suprême : Dieu. Le Tout Puissant décidera lui seul de l’issue de tout cela et sa miséricorde est aussi largement invoquée. En revanche, il jugera tout et tous en dernier ressort y compris l’indifférence de ceux à qui s’adressent la complainte.

Pour redire un mot de la datation de cette Complainte du pauvre commun et des pauvres laboureurs de France, à la fin du XIXe siècle, le médiéviste, archéologue et chartiste Jules Quicherat a formé l’hypothèse d’une datation postérieure à 1432. Si l’on sent une colère évidente et beaucoup d’amertume dans ce texte qui avaient pu le faire rapprocher, par certains de ses premiers historiens découvreurs, des grandes jacqueries du XIVe siècle, on semble plus en face de l’impuissance et de l’abattement que d’une réelle volonté d’en découdre.

Voir la première partie de cette complainte Voir la deuxième partie


La complainte du pauvre commun
et des pauvres laboureurs de France (3)

Hélas ! advocats emparlez (emparler : plaider, emparlés : bavards, éloquents),
Maintesfois nous avez brouillez
Et maintenus en plaidoyer :
Dont bien garder vous nous poviez
Se la voulenté en eussiez,
Mais ce n’estoit que voz envies,
Tant qu’eussiez les bources garnies
De nous mettre à nul accord,
Ainçois
(plutôt) que vos voyes subtives (vous montriez ingénieux),
Par voz arts et par vos pratiques,
Nous faisiez du droict le tort :
Bien estes causes les plusieurs
(la plupart)
De partie de nos douleurs,
De noz pertes, et de noz gas
(dégâts, ravages).
Bien en pourriez crier hélas !

Hélas ! bourgeois, qui de nos rentes,
De noz labeurs et de noz plantes,
Avez vescu au temps passé :
Vous voyez nos chiéres dolentes
(nos mines affligées) ,
Et les poux qui nous cheent
(chäoir, chaier… : tomber) des temples (tempes)
De langueur et de povreté.
Maints jours nous avez abusé,
Et recueillis en vostre hostel,
Quand voz rentes vous doubloient :
Mais quand vous nous voyez en debte
Et que nous n’avons ne vin ne bled
(blé),
Plus ne faictes compte de nous :
Pour ce souvent nous faictes vous
Braire
(crier, hurler, se lamenter) et crier haut et bas,
Que ferons nous, chetif
(chétif, misérable : « pauvres de nous »), hélas !

Hélas ! marchans, vous nous avez
Par maintesfois revisitez,
Et voz denrées survendues ;
Mais quand de nous acheptiez
(achetiez)
Vous le nous mesprisiez
(estimer en dessous de sa valeur):
Fay estoit bien en vous perdue.
Vous avez loyauté déceue,
Et vous avez commis usure,
Larrecin et parjurement
(faux serments):
Mais celuy qui rendra droiture
(justice)
A toute humaine créature,
Vous rendra vostre payement
Par son droicturier jugement :
Et mauldirez tous ces amas
(les richesses que vous avez accumulées)
Quand crier vous faudra, hélas !

Hélas ! vous autres de mestiers,
Mareschaux
(officier/artisan en charge des chevaux) et cordouenniers,
Et les tanneaux de peaux velues,
Vous nous avez esté moult chiers
(1) :
Voz parolles nous ont deceues,
Pis nous avez fait que usuriers,
Car pour néant, par chacun jour,
Vous avez eu nostre labour :
Marchands, avant la cueillette
Bien en pourrez avoir mal tour,
Si n’en faictes aucun retour
(2),
Avant que jugement s’y mette ;
Alors saison
(contexte : le temps des semailles) ne sera pas
Que vous faulsist crier, hélas !

Hélas ! vous sçavez tous comment
Nous perdismes nostre froment,
Que entant nous semasme és terres
Pour la gelée dure et grand,
Qui les meit à confondement
(qui les détruisit) :
Et puis vous sçavez tous quels guerres,
Quels meschiefs
(dommage, calamité) et quelles rappines
Nous feirent toutes ses vermines,
Qui vindrent aux saisons nouvelles.
N’y demoura ne pois ne febves
Dont ne tatassent des premiers,
Rats et souris et verminiers
(tas de vermines),
Et les espis en emportoient
Des bleds qui demourez estoient :
Et par moult diverses maniéres
Ils les mettoient en leurs tesniéres,
Et en feirent de grans amas,
Dont maints en ont crié : hélas !

Hélas ! avons crié assez
Pour Dieu que vous nous pardonnez,
Et que vous pensez en vous-mesmes
Si nous vous disons vérité :
Tout notre fait veoir vous povez,
Ainsi que nous faisons nous mesmes.
Courroux, mal talent
(colère) et attaines (querelles, animosité, provocations)
Nous regardent tous chacun heure ;
Beuf ne pourceau ne nous demeure,
Ne brebis, ne noz pauvres vaches,
Dequoy faisions noz laitages,
Qui notre vie soubstenoit,
Et de la faim nous guarissoit :
Mais la mort et le divers temps
Les a fait demourer
(tarder, demeurer) ès champs,
Et morts les trouvons par les tets
(tetel, tette, mamelles ?):
C’est ce que bien souventesfois,
Quand voyons advenir tel cas,
Qui nous fait fort crier : hélas !

Hélas ! sans plus vous dire hélas,
Comment peuvent penser créatures,
Qui bien advisent noz figures
(regardent nos visages en face),
Et ont sens et entendement,
Et nous voyent nuds par les rues
Aux gelées et aux froidures,
Nostre pauvre vie querant :
Car nous n’avons plus rien vaillant,
Comme aucuns vueillent langaigez
(3)
Ils s’en sont tres mal informez ;
Car s’ils pensoient bien en Todigues
(4)
Et Escoçois en leur complices,
Et és yvers qui sont passez,
Et autres voyes fort obliques,
Dont tous estats nous sont reliques
(témoin ?)
Comme chacun nous a plusmé :
Ils seroient bien hérétiques,
S’ils pensoient
(penser, croire) bien en leurs vices,
Qu’il nous fut rien demouré :
Tels langaiges
(belles paroles) ne sont que gas (vaines, négligentes),
Si nous taisons de dire : hélas !

O tres saincte mére l’église,
Et vous tres noble roy de France,
Conseilliers, qui à votre guise
Mettez tout le pays en ballance
(fig : péril),
Advocats de belle loquence,
Bourgeois, marchans, gens de mestiers,
Gens d’armes, qui tout exillés,
Pour Dieu et pour sa doulce mére,
A chacun de vous en droit soy .
Vous plaise penser aucun poy
(n’accorder aucune importance)
En ceste complaincte amére.
Et si vous bien y advisez
(si vous regardez bien les choses en face)
Nous cuidons
(croyons) que appercevrez,
Et que vous voirrez par voz yeux
Le feu bien prés de voz hosteux
(vos demeures),
Qui les vous pourrait bien brusler,
Si garde de prés n’y prenez.

Désormais si nous nous taillons,
Autres lettres vous envoyerons
Closes
(dans le sens de scellées, officielles ?). Dedans voir vous pourrez
Noz faits et noz conclusions,
Et les fins à quoy nous tendons.
S’il vous plaist vous les ouvrirez,
Noz requestes vous conclurez,
Et Dieu du tout ordonnera
A la fin ou quand luy plaira :
Mais Dieu vous y doint
(donner, accorder de, permettre de ) si bien faire,
Qu’acquérir vous puissez sa gloire,
Et qu’en ce ayez tels regards
(considération, attention),
Que plus ne vous crions : hélas !
Amen par sa grâce.


NOTES

(1) « Vous nous avez esté moult chiers« . Deux sens possibles : « cher », au sens propre : « vous ne nous avez pas fait de cadeaux au niveaux de prix ». Au sens figuré « cher au cœur » : « nous vous estimions beaucoup ». Je pencherais plutôt pour la deuxième hypothèse dans le contexte. La question du prix est abordé après : « Pis, nous avez fait que usuriers« 
(2) « Marchands, avant la cueillette, bien en pourrez avoir mal tour, si n’en faictes aucun retour« . En achetant sans contrepartie, cela pourrait bien vous jouer de mauvais tours, si vous ne vous acquittez pas de vos dus.
(3) « Comme aucuns vueillent langaigez » : contrairement à ce que certains beaux parleurs prétendent.
(4) Todigues : Rodrigue de Villandrando, seigneur espagnol à la tête de certaines compagnies de Charles VII et qui n’hésita pas à ravager et piller les campagnes quand il n’obtint pas satisfaction auprès de son contracteur . hypothése J Quicherat (voir l’article sur la deuxième partie de cette complainte). Pour les Escoçois qui suivent, les écossais donc, il peut être question de ceux qui s’étaient également engagés du côté de la couronne française contre les anglais et leurs alliés.


En vous souhaitant une très belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

NB : l’enluminure de l’image d’entête et de l’illustration est tirée du manuscrit médiéval Français 2644 de la BnF et daté du XIVe siècle : les chroniques de Jehan Froissart (à consulter en ligne sur gallica) L’événement qu’elle relate est antérieur à celui qui nous intéresse puisqu’elle représente le pillage de la ville de Grantmont par les Gantois en 1381. Voici ce que nous en dit Froissart dans ses chroniques :  » Et furent les Gantois seigneurs de la ville, et non pas du châtel ; car le sire de Widescot le tint vaillamment avec ses compagnons contre eux. Et de là vinrent les Gantois devant Grantmont, qui s’étoit nouvellement tournée devers le comte, par l’effort et traité du seigneur d’Enghien ; et ne sais s’il y eut trahison ou autre chose, mais adonc les Gantois y entrèrent de force. Et en y eut de ceux de dedans moult de morts. Et quand ils eurent fait ces voyages, ils s’en retournèrent en Gand atout grand butinage et grand profit. »

Les Fils d’Eitri, des vikings dans l’Yonne pour deux jours de festivités médiévales

agenda_sortie_historique_festivals_fetes_ripailles_week_end_theme_medieval_moyen-ageSujet : fêtes, festivités médiévales, viking, invasion, raid, pillage, reconstitution historique, histoire vivante, animation, compagnie, troupe médiévale.
Période  : moyen-âge central, IXe
Lieu : Ancy-le-France (Yonne)
Evénement : petit pillage entre amis
Compagnie organisatrice: les Fils d’Eitri
Dates : les 6 et 7 mai 2017

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passiona passion pour le moyen-âge va se loger en bien des endroits sur nos terres de France et le champ d’investigation est assez large pour contenir toutes les époques et tous les goûts. C’est ainsi qu’en plein coeur de L’Yonne, à Ancy-le-Franc, se tient une fetes_medievales_viking_ancy_le_franctroupe et une compagnie médiévale qui s’emploie à faire revivre le IXe siècle, sous l’angle viking. Leur nom ? Les fils d’Eitri et ce week end, ils organisent justement une fête de deux jours pour vous faire partager leur passion.

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Les Fils d’Eitri ou la passion du monde viking

L_lettrine_moyen_age_passiona troupe médiévale les Fils d’Eitri qui se penche sur les techniques de combats mais également sur l’artisanat et la culture « viking » entend se situer en plein dans les siècles des invasions, des raids et des pillages, et notamment le IXe siècle. Bien sûr, il faut le noter tout de même, pour nos amis d’Europe du Nord francophones qui nous suivent (si si il y en a) l’Histoire a depuis apporté quelques bémols et nuances aux images un peu abruptes sur la cultures des « vikings » autant que les différences entre ses peuples.

Du point de vue de l’Histoire, les Fils d’Eitri incarnent une groupe de guerriers en provenance du Danemark ayant abordé les côtes de France. Dépassion_histoire_vivante_reconstitution_historiques_compagnie_troupe_medievale_viking_moyen-age_centralcouvrant bientôt Paris en  prise avec des pillards danois, nos braves vikings ont décidé de s’enfoncer par les fleuves à l’intérieur des terres. Bientôt privés de leur embarcation, ils ont dû installer un camp et se sédentariser quelque peu dans l’attente de trouver assez de bois pour se fabriquer un nouveau Langskip dans le but de poursuivre leurs aventures fluviales ou peut-être même de rentrer au pays. Hélas, le butin de leur pillage a été perdu en chemin.

Fondée en 2015, la jeune association compte une quinzaine de membres et propose donc de recréer des campements et toute une panoplie d’animations autour de leur thème de prédilection. Il est donc question de village artisanal (avec marché) autant que de techniques militaires et de reconstitution historique. La détente n’en est pas exemple puisqu’ils proposent aussi la découverte de jeux de plateau ou de jeux plus sportifs, tous bien évidemment d’origine nordique.

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« Petit Pillage entre amis »,
festivités vikings et célébrations médiévales

C_lettrine_moyen_age_passione week end et durant deux jours, la troupe fera d’Ancy-le-Franc son lieu de prédilection en y installant un grand camp. Au programme donc, festivités autour du thème viking : combat, jeux, ripailles et marché médiéval avec démonstration d’artisanat. Vous pourrez notamment y découvrir le travail de la passion_histoire_vivante_reconstitution_historiques_compagnie_troupe_animation_medievale_viking_moyen-age_centralforge, du cuir, mais encore celui de la sculpture ou de la couture à l’ancienne et bien d’autres surprises. Ce sera encore  l’occasion, si le coeur vous en dit, d’y faire des emplettes. Au niveau combat, initiation, démonstration et même adoubement pour ceux d’entre vous tentés de faire une entrée en grande pompe dans le monde des guerriers du nord !

Au niveau des animations, quatorze autres compagnies médiévales spécialisées dans l’histoire vivante et passionnées de reconstitution sont attendues en renfort de l’événement, et des auteurs de bandes dessinés sur le thème des viking seront même de la partie.  Enfin, pour couronner  la fête et célébrer dignement l’événement, le samedi, un grand barbecue participatif et convivial est prévu. Pour plus d’information n’hésitez pas à contacter directement l’Association Les fils d’Eitri sur leur Facebook.

En vous souhaitant une bonne journée et un excellent week-end pour tous ceux qui décideront de partir à l’assaut de cette fête médiévale sous le signe des vikings !

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes

Castlewood : une motte castrale du Xe réalisée avec le jeu vidéo medieval engineers

Bienvenue à Castlewood, motte féodale, forteresse du Xe siècle.

jeu_video_moyen_age_medieval_engineers_motteSujet :
 construction de châteaux, édifices ou engins de siège du moyen-âge, motte castrale du Xe siècle.
Epoque : haut moyen-âge pour cette vidéo.
Jeu video : medieval engineers
Modes proposés : créatif (sandbox), survie, multiplayer.
Editeur : keen software, Sortie en 2015
Vidéo : châteaux, forteresses médiévales,  chaîne youtube sur le moyen-âge,

Time lapse, tutoriel sur la construction de la motte feodale

N_lettrine_moyen_age_passionous partageons, aujourd’hui, une petite vidéo que nous avons réalisée dans le cadre de la découverte du jeu vidéo « medieval engineers ». Elle nous a permis à la fois d’approcher les possibilités du jeu, notamment sur la partie construction bois, (colombages, fortifications, tours et mécaniques liées à ce matériau),  tout en cherchant à recréer une motte castrale du dixième siècle de bonne taille.

Nous aurons l’occasion de publier une vidéo plus complète sur cette motte castrale dans le futur mais pour l’instant, nous vous proposons déjà ce « time lapse » qui permet de voir  en 30 minutes l’ensemble du travail de construction effectué, (qui, au passage, a pris en réalité plus de 60 heures).

Mottes castrales et féodales et naissance de la féodalité

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u point de vue historique, au dixième siècle, l’empire carolingien est disloqué et divisé, la descendance de Charlemagne n’étant, en effet, pas parvenue à s’entendre pour en maintenir la cohésion. A cette même période, des invasions vikings et byzantines font des expéditions et des raids de pillage réguliers sur le territoire de l’empire et l’armée carolingienne ne peut plus y faire face. Dans ce contexte, les barons et seigneurs sont encouragés à construire sur leur domaine des fortifications pour protéger leur territoire et notamment pour résister à ces vagues d’envahisseurs.

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De là, naîtra une période d’enchâtellement qui durera plus de quatre siècles pour passer des châteaux et forteresses de bois au châteaux de pierre et faire évoluer l’architecture médié-vale, autant que l’art de la guerre et de la défense du territoire, de manière unique et irrévocable. Au niveau social, ce phénomène donnera également naissance aux structures de la féodalité médiévale et à l’organisation hiérarchique, économique, militaire et sociale des territoires autour de la personne du seigneur. (photo ci-contre, reconstitution d’une motte féodale du Xe siècle, Institut écologie et environnement CNRS )

C_lettrine_moyen_age_passione simple article ne peut, bien sûr pas épuiser ce sujet passionnant que recouvrent les mottes castrales, l’enchâtellement et la naissance de la féodalité, et il n’y prétend d’ailleurs pas. Nous reviendrons sur tout cela en présentant de manière un peu plus détaillée, cette forteresse du Xe siècle que nous avons baptisée « Castlewood ». Pour l’instant, profitons simplement de cette vidéo pour approcher un peu mieux le potentiel et les possibilités offertes par le jeu médiéval engineers tout en découvrant une grande motte castrale; de quoi, nous l’espérons, assouvir la curiosité des passionnés du monde médiéval tout en donnant du grain à moudre aux joueurs.

Inventaire défensif et architectural du domaine

motte_castrale_moyen_age_passion_jeu_medieval_engineers

N_lettrine_moyen_age_passionotre motte castrale comprend un pont dormant, de larges fortifications équipées de tours d’angles, une barbacane doublement fortifiée.

Dans la basse cour, on retrouve une église de bois, des fermes, maisons et granges avec leur enclos ainsi qu’une incontournable taverne. Au niveau supérieur de la butte, on trouve le logis du seigneur, qui se trouve être une luxueuse demeure de bois
motte_feodale_taverne_eglise_moyen-ageà colombages. On trouve également, à ce même niveau de la haute cour, les écuries du seigneur et à nouveau pour protéger cette zone une barbacane fortement renforcée, avec même à son sommet, un piège de pierre. Une nouvelle palissade de bois a été également installée pour barricader l’endroit, équipé lui-même de force tours sur son périmètre .

barbacane_architecture_defensive_moyen_ageOn est là quand même dans un luxe total bien loin de la motte castrale typique avec son simple donjon dans la haute cour et sa double palissade circulaire dans laquelle on rentre à peine quelques fermes. Ici, le seigneur est puissant et les invasions ont relativement épargné ce domaine pour permettre aux habitants d’avoir le temps de le protéger avec de si grandes défenses. Le grand fossé qui borde notre forteresse est à l’image du reste, de taille imposante. Pas de douves emplies d’eau ici et pas de cours de motte_feodale_fortin_bois_haut_moyen_age_barbacanerivière ou détournée, le fossé reste sec. Côte défense active, nous nous sommes encore fendus de quelques catapultes, ce qui frise le luxe ostentatoire. Avec les tours que nous avons ici et quelques bons archers, nos défenses passives auraient sans doute suffi à mettre au pli une horde de barbares envahisseurs mal éduqués, mais au diable l’avarice!

motte_castrale_barbacane_haute_cour_logis_seigneurA noter que pour ce petit exercice médiéval, nous avons réalisé  l’en-semble des constructions totalement sur terre battue et sans aucune fondation. Si les fermes et les masures semblent souvent construi-tes ainsi à cette période, il faut vraiment se garder de généraliser. De tout temps, les hommes ont eu la sagesse de s’adapter à leur environnement et d’utiliser les matériaux qui se trouvaient à leur portée pour construire leurs habitations. On ne voit donc pas pourquoi dans un environnement où la pierre abonde, ils ne l’auraient pas utilisée. Penser autrement irait encore avec cette idée qu’on s’était faite un peu vite d’un moyen-âge où tout l’héritage du passé aurait été perdu et où finalement on n’aurait tout oublié, ne sachant plus rien, ni de la médecine des plantes, ni engin_de_siege_moyen_age_catapultede l’architecture, ni finalement, de rien. Si cela paraît encore réaliste à certains, levez la main, s’il vous plait. Voilà merci, bon sortez maintenant! Non mais je plaisante vous pouvez rester. Bon mais bref, vous l’aurez compris le fait d’avoir fait dans cette forteresse absolument toutes les constructions sur terre battue relève plus de l’exercice de style que du réalisme historique.

Sur ce, une très belle journée et aussi de bonnes ripailles pour ce réveillon de fin d’année! joyeuses fêtes à tous!

Fred
Pour moyenagepassion.com