
“La préférence individuelle, le goût personnel existent-ils vraiment ? Tout ce que nous croyons, pensons, admirons, aimons ou rejetons passe toujours par le regard et le jugement des autres. L’homme ne vit pas seul, il vit en société.”
Citation de Michel PASTOUREAU, historien médiéviste, Bleu : Histoire d’une couleur
Bonjour à tous,


Echapper aux déterminismes, exercer notre libre arbitre, espérer faire le deuil de nos « habitus » en faisant la nique à Bourdieu, bien sûr, nous en avons quelquefois soif, mais aux frontières de nos conformismes comme de nos échappées belles, nous demeurons le produit d’un contexte et nous évoluons dans un champ de symboles et de représentations dont les contours nous sont tracés. Alors, si la beauté de nos itinéraires existe, sans doute est-ce dans le dessin et les motifs que nous laissons de nos empreintes, sur la toile figée de ces espaces possibles. Le « génie », ou celui que l’on pointe du doigt comme tel, y échappe-t-il ou ne fait-il que les réagencer en se juchant un peu plus haut, à des hauteurs qui lui permettent de regarder un peu plus loin ? Il faut relire l’archéologie du savoir de Foucault pour trouver quelques éclairages sur ces questions.
De la même façon, la richesse, la distinction unique et ce qui fait nos différences, sont toutes entières contenues dans ces déterminismes. Combien de vocables pour décrire le sable chez les Touaregs, là où nous ne voyons que des dunes? On pense encore à cette tribu indienne d’Amérique latine dont Jean Stoetzel nous parlait dans sa psychologie sociale et qui étaient les seuls à percevoir dans le ciel, une étoile que nul autre ne voit. Alors, prenant la mesure de notre 
L’Histoire, complexité et pluridisciplinarité
Face à cette vérité et cet axiome, l’histoire est devenue une science pluridisciplinaire qui tente de restituer les sociétés du point de vue non plus simplement de leur chronologie mais qui, bien au delà, fait le pari de resituer les hommes du passé dans une histoire des symboles et des représentations, autant que dans les intrications culturelles, psychologiques et sociologiques dans lesquels ils se trouvaient pris.
C’est un travail de reconstruction complexe et subtil, une monographie patiente qui fait appel, bien au delà de la paléographie, l’analyse des sources et documents anciens, ou l’approche des traces factuelles du passé grâce à l’archéologie sous ses formes les plus diversifiées et pointues, aux méthodes et aux apports de toutes les autres sciences humaines, et même encore, nouvellement aux données de sciences récentes comme la climatologie.
En changeant de visage au fur et à mesure de l’évolution des autres sciences pour élargir ses vues, l’Histoire a su opérer sa remise en cause autant que prendre la mesure de sa propre complexité. Elle a su encore retourner sur elle-même son propre regard en développant l’Historiographie pour chercher à mieux se comprendre et pour interroger ses processus de gestation idéologiques, contextuels et sociaux. Gourmande de tous les 
Michel Pastoureau est un de ces médiévistes qui pense la complexité historique en perspective et ses ouvrages le place au coeur de questionnements devenus aussi anthropologiques. Vous pouvez découvrir quelques unes de ses conférences dans les articles suivants :
- L’histoire des couleurs par Michel Pastoureau. Le Noir
- L’histoire des couleurs: rouge sang, rouge feu, rouge passion
- Bleu roi, divin, honnête: l’histoire des couleurs par Michel Pastoureau
- La popularité médiévale des héros des légendes Arthuriennes

l’Ecole d’été de l’Ecole nationale des Chartes : excellence et prestige au service de l’Histoire.
En vous souhaitant une merveilleuse journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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