Archives de catégorie : Lieux d’intêrèt

Une sélection de lieux et sites d’intérêt autour du Moyen-âge : trésor du patrimoine, châteaux, musées, monuments classés, archéosites ou encore lieux plus orientés sur le divertissement découverte,

Un Chantier Historique et Médiéval pour rebâtir une cathédrale en 2024

Sujet : lieu d’intérêt, chantier médiéval, projet expérimental, bâtisseurs médiévaux, art roman art gothique, chantier historique, construction cathédrale, architecture médiévale.
Période :  Moyen-âge central à tardif.
Lieu :  Le Chantier Médiéval de Guyenne, La Lande-de-Fronsac, Gironde, Nouvelle Aquitaine.

Bonjour à tous,

uelquefois, les hommes portent en eux des rêves et des ambitions qui peuvent sembler démesurés aux yeux de leurs contemporains. Plus rarement encore, certains d’entre eux portent ces songes suffisamment loin pour les concrétiser. Le rêve que nous vous présentons aujourd’hui prend sa source du côté du Moyen Âge, au temps des cathédrales. Son ambition est de faire sortir de terre des édifices médiévaux, au cœur de notre temps. Après 5 ans d’étude et de démarches, il est déjà en train de prendre la forme d’un chantier historique inédit.

Ceux qui s’intéressent à l’architecture médiévale et qui nous suivent connaissent déjà des expériences comme celles du Château Guédelon, le Musée des temps barbares, ou le Village médiéval de l’an mil de Melrand. Cette fois-ci, c’est en Aquitaine qu’une équipe de bâtisseurs passionnés s’est lancé un défi de taille.

Nous sommes à la Lande-de-Fronsac, à quelques lieues au Nord-Est de Bordeaux et au cœur des vignes. Ce chantier historique s’est ouvert, il y a quelques mois à peine. Sur trois hectares de plaine, il devrait voir s’édifier, dans les décennies qui viennent, tout un monde médiéval. Retour sur les premiers pas de cette aventure.

chantier médiéval et historique, croquis général du terrain avec cloître et chapelle

le Chantier médiéval de Guyenne : sur les traces des bâtisseurs de cathédrale

Baptisé le Chantier médiéval de Guyenne, ce projet d’envergure a été lancé par Valéry Ossent. Cet ingénieur du bâtiment, formé au métier de tailleur de pierre, affiche une longue expérience dans la conduite de travaux. Il a aussi formé de publics de haut niveau dans les métiers du bâtiment et de l’ingénierie.

C’est en visitant des chantiers historiques comme Guédelon et l’Hermione (1) que le virus de la reconstitution l’a piqué. Construire, former et transmettre, cette triple ambition n’a pu que résonner avec son propre parcours. Le projet germe alors, dans son esprit, de se lancer dans un chantier médiéval d’envergure proche de là où il réside, en Gironde.

Un chantier médiéval, certes, mais quel chantier ! Le maître d’œuvre met d’entrée la barre haute. Il laisse à Guédelon son beau château fort du XIIIe siècle et sa frégate à l’Hermione. De son côté, il projette l’édification d’un ensemble architectural médiéval dont le point culminant sera une cathédrale gothique. Sur les croquis d’architecte, on distingue également une chapelle, un superbe cloître, ainsi que d’autres dépendances religieuses de taille plus modeste.

croquis du chantier historique et médiévale ; une chapelle et un cloître.

Sur la vue d’ensemble, ce chantier historique s’annonce rien moins que pharaonique. Construire une cathédrale, même modeste, en plein cœur du 21e siècle, quand on vous disait que le projet était ambitieux !

Sur 40 ans de construction, les différents édifices devraient illustrer différentes période de l’architecture médiévale, de l’art roman à l’art gothique. A la vue du projet et des bâtiments pressentis, les défis seront aussi variés et complexes. De nombreuses spécialités et techniques seront requises pour mener à bien cet ensemble. Différents corps de métiers y seront aussi sollicités. Enfin, il faudra une part importante de recherche et d’ingéniosité pour retrouver certains savoir-faire dont il ne subsiste aucune trace écrite.

Un chantier d’insertion : construire comme au Moyen Âge en restant tourné vers l’avenir

Nous le disions plus haut, 5 ans ont passé de l’idée initiale à l’ouverture du chantier. Entre-temps, Valery Ossent s’est entouré de collaborateurs compétents. La Fabrique de Guyenne, association en charge du pilotage se présente comme un vivier d’experts de la construction ancienne et de la restauration, de d’histoire médiévale, avec également une dose de pédagogie.

L’objectif du chantier historique est, en effet, double. Ouvert au public, il devrait permettre d’expérimenter et d’exposer les méthodes de construction en usage au Moyen Âge. Pourtant ses objectifs ne limitent pas là. Il affiche également des visées d’insertion puisqu’il sera ouvert aux personnes en quête de qualification. Le chantier médiéval de Guyenne devrait ainsi employer une dizaine de salariés et demandeurs d’emplois longue durée en recherche de reconversion. Un tremplin en quelque sorte vers les métiers du bâtiment pratiqués autrement.

Les premières pierres du chantier médiéval et historique de Guyenne

Partenaires institutionnels, mécènes privés
et soutien du public


Comme on peut l’imaginer, il a fallu de longues études en amont pour viabiliser le projet : financement, normes de sécurité, choix des matériaux en usage, transport, définitions des bornes entre réalisme historique et faisabilité, … Au delà de tout cela, il a fallu aussi convaincre de solides partenaires institutionnels et mécènes de le soutenir.

A ce titre, la commune de La Lande de Fronsac et la Région Nouvelle Aquitaine se sont pleinement associées au projet. C’est aussi le cas de grandes Fondations du bâtiment, dont certaines spécialisées dans les métiers de la restauration comme les bâtisseurs médiévaux de Pascal Waringo. Les compagnons bâtisseurs de Nouvelle Aquitaine sont aussi partenaires de l’opération au côté d’autres soutiens du secteur. S’y sont encore adjoints des sociétés locales privées de nature variées (assurance, cabinets d’avocats, …). On imagine que devant l’enthousiasme suscité par le projet, d’autres se joindront en cours de route.

L’opération fera appel au soutien du public de plusieurs manières : sous forme de visites, de dons ou même encore sous forme de participation active et de bénévolat. Le chantier prévoit d’ailleurs l’ouverture au public, dés cette année, afin d’associer pleinement les visiteurs à l’aventure, dès ses premiers pas.

Chantier médiéval et historique de Guyenne : torchis et pose des premières pierres de la chapelle

Lancement réussi du chantier en 2023

Le chantier médiéval de Guyenne a vu ses premières pierres posées à l’été 2023, après une campagne additionnelle de cofinancement réussie auprès du public. L’objectif de la collecte a été dépassé de plus de 50%, ce qui montre bien l’élan autour de ce beau projet de chantier médiéval artisanal et solidaire.

Sur le terrain, le chef de travaux s’est déjà attaqué à l’édification de la chapelle. C’est un maître compagnon du devoir tailleur de pierre qui a déjà largement fait ses preuves. Frédéric Thibault est notamment intervenu sur le chantier de restauration de Notre Dame de Paris. Une telle référence en matière d’encadrement augure déjà de l’excellente tenue du chantier.

Si les porteurs de ce projet citent souvent les Piliers de la Terre de Ken Follett pour faire référence à cette aventure destinée à faire revivre un peu de notre Moyen Âge en terre de Guyenne, on ne peut s’empêcher de penser aussi aux Pierres Sauvages de Fernand Pouillon. En 1964, le célèbre architecte et urbaniste français faisait revivre, dans cette fiction très réussie, la vibrante construction d’une abbaye cistercienne. Gageons que le chantier médiéval de Guyenne saura faire voyager ses publics autant que les lecteurs de ces célèbres romans historiques.

Pour suivre cette aventure et son actualité, n’hésitez pas à vous rendre sur le site officiel du projet. De notre côté, nous lui souhaitons une longue vie et beaucoup de courage à tous les professionnels et bénévoles impliqués. Ils en auront besoin pour résoudre les défis que ce chantier historique ne manquera pas de poser.


Sur un sujet semblable, voir aussi :


En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

(1) Ce chantier historique consiste à restaurer une superbe frégate de la fin du XVIIIe siècle. Voir fregate-hermione.com

l’Histoire « éclairée » de Claire : interview exclusive d’une vraie passionnée de patrimoine et d’histoire vivante

Sujet : patrimoine, histoire vivante, reconstitution historique, visites guidés, interview, conférences, animations médiévales,
Période : Moyen Âge central à tardif
Intervenante : Claire Barbier, conférencière, intervenante, guide professionnelle, doctorante en histoire de l’Art.
Site web : eclairerlhistoire.fr

Bonjour à tous,

oilà longtemps que nous n’avions eu l’occasion de vous proposer un portrait de passionné de Moyen Âge. Nous en sommes d’autant plus heureux que la personne qui fait l’objet de ce portrait, cumule des compétences qu’il est rare de trouver réunies en un même profil.

Jugez plutôt : chercheuse en histoire de l’Art spécialisée dans la période médiévale (actuellement en doctorat et déjà mastérante de la Sorbonne), guide touristique professionnelle pour le compte de lieux patrimoniaux prestigieux (ville de Chartres, centre historique, cathédrale, musée et centre du vitrail, château de Châteaudun, …) mais encore conférencière et intervenante en présentiel ou à distance en Histoire. Et si cela ne suffisait pas elle est encore reconstitutrice passionnée de confection de costumes médiévaux au plus près de leur réalité et elle n’hésite pas à les revêtir pour donner une touche unique à certaines de ses visites ou de ses activités ! Alors, quand le goût du patrimoine se met à rimer avec Histoire vivante et pédagogie, tout en conservant la rigueur de l’approche historique, qui pourrait y résister ? Certainement pas nous et c’est donc avec grand plaisir nous vous proposons de découvrir ci-dessous, une interview exclusive de la pétillante et dynamique Claire Barbier de Eclairer l’histoire.

L’interview de Claire Barbier
de Eclairer L’histoire

Claire Barbier, une passionnée d'Histoire et de Patrimoine

Itinéraire & parcours

Mpassion : Bonjour Claire. Nous sommes ravis de vous recevoir, aujourd’hui, pour parler de vos nombreuses activités dans le domaine du patrimoine, de l’enseignement et même des animations médiévales. Ce n’est pas si souvent que nous avons l’occasion de rencontrer une passionnée d’histoire aussi active et qui soit à l’intersection d’autant de domaines. Pour commencer, peut-être pourriez-vous présenter un peu votre parcours atypique à nos lecteurs ?

Claire B : Bonjour, je suis également ravie de partager avec vous les différents aspects de ma vie qui sont, comme vous l’avez souligné, animés par ma passion de l’Histoire et du Patrimoine. Pour moi, tout a commencé lorsque j’avais 6-7 ans : j’allais chez mes grands-parents et je leur posais des questions sur les objets qu’ils avaient rapportés de leurs différents voyages à l’étranger (notamment les sculptures et papyrus égyptiens). De là est née ma passion et mon admiration pour l’Egypte Antique qui m’ont poussée à faire l’Ecole du Louvre pour devenir archéologue. Par la suite, différents évènements dans ma vie m’ont obligé à changer de voie : j’ai donc engagé un BTS Tourisme que j’ai obtenu en 2010, en travaillant en même temps au Château d’Angers et dans les musées de la ville d’Angers. J’y ai alors appris le métier de guide et médiateur du patrimoine. J’ai ensuite obtenu une Licence Arts, Lettres et Langues à la Sorbonne, en faisant des petits boulots alimentaires pour subvenir à mes besoins.

Visite de lieux patrimoniaux, cathédrales, musées et châteaux

A l’époque, les Masters à distance n’étaient pas encore tellement développés, et j’ai dû abandonner momentanément l’idée d’aller plus loin dans mes études. J’ai travaillé plusieurs années dans un groupe de communication à Paris où j’ai appris plusieurs métiers (assistante commerciale, chargée de développement et de prospection, etc…) mais le sentiment de plaisir, d’échange, et de passion que j’avais lorsque je faisais des visites guidées au château d’Angers me manquaient énormément. J’ai alors quitté mon travail et, ayant déménagé à Chartres, j’ai commencé à travailler en tant que guide avec les visites de la crypte de la cathédrale, puis les visites de la cathédrale et de la ville. Après quelques années, j’ai développé de nouveaux thèmes et on m’a proposé également de travailler, ponctuellement, pour le musée du vitrail, le château de Villebon, le château de Châteaudun, la ville de Bonneval, les tours de la cathédrale de Chartres…

Mpassion : Voilà de belles références patrimoniales. Et pour le côté histoire vivante ?

Claire B : En parallèle, je faisais de la reconstitution historique depuis près de 10 ans. J’ai tellement d’objets et de vêtements de reconstitution que je pourrais vivre complètement avec mes seules affaires médiévales ! Avec la crise Covid, les écoles ne pouvant pas faire de sorties scolaires, j’ai eu l’idée de proposer aux établissements de mon département d’aller en classe pour parler du Moyen Age aux enfants et échanger avec eux. J’ai eu du succès dès la première année ! J’ai fait la même chose avec les centres de loisirs et je participe également à des projets avec des classes de collège. Je propose aussi des visites de lieux patrimoniaux, vêtue comme au Moyen Age, pour les enfants comme pour les adultes (et même en nocturne !). Pour finir, je donne des cours et des conférences pour les adultes sur des thèmes de l’Histoire et d’Histoire de l’Art. Et lorsque j’ai un peu de temps libre, je travaille sur ma thèse. J’ai donc réussi à lier un travail qui me passionne à ma passion pour la reconstitution, ce qui donne cette touche d’originalité à mon travail.

Pourquoi le Moyen Âge ?

Mpassion : A voir votre succès sur les réseaux et les retours de vos audiences, tout le monde y trouve son compte. Partant de cet intérêt général pour l’histoire et le patrimoine, comment en êtes-vous venus au Moyen-Âge ?

Claire B : Mon intérêt pour l’Histoire et le Patrimoine est lié à mon histoire personnelle (intérêt de mes grands-parents) et mes parents m’emmenaient souvent dans des musées et des expositions. Comme je voulais assez tôt être archéologue ou égyptologue, je me suis fortement intéressée à l’Egypte Antique. J’étais même amoureuse d’un pharaon quasi-inconnu lorsque j’étais enfant (Didoufri, fils de Khéops) ! Donc, cette période était ma favorite. Le Moyen Age est arrivé un peu plus tard, il y a 10 ans, lorsque mon compagnon qui faisait partie d’une association de reconstitution médiévale m’a transmis son intérêt pour cette période. Ensuite, travaillant à la cathédrale de Chartres, on ne peut que tomber en amour devant cet édifice, et vouloir en apprendre davantage sur la période qui l’a créée !

Mpassion : On le comprend aisément. La cathédrale de Chartres regorge de trésors. Dans un autre registre qui touche peut-être plus la perception du Moyen Âge par le grand public, quel est votre point de vue sur la vision actuelle de la période médiévale ? Certains préjugés continuent-ils d’être résolument ancrés dans l’esprit des gens ou a-t-on un peu avancé ? Je pense à des poncifs comme le manque d’hygiène ou l’ignorance de l’homme médiéval, ce genre de choses ou même encore la vision d’un Moyen Âge foncièrement obscurantiste, etc…

Claire B : J’ai l’impression que toutes les tranches d’âges ont encore beaucoup de clichés sur le Moyen Age. Mais j’ai tout de même le sentiment que ça va dans le bon sens : avec les vidéos de vulgarisateurs ou certains reportages à la télévision, on commence à avoir des pans de la population qui s’intéressent à cette période, et qui peuvent plus facilement trouver des réponses ou s’informer sur ce qu’ils ont vu dans des séries ou des films qui se veulent «fidèles historiquement ».

Visites animées et histoire vivante

Mpassion : Pour revenir à vos activités sur le terrain patrimonial et touristique, pour l’instant un nombre important d’entre elles se centre sur Chartres : conférences, enseignement au centre du vitrail, visites des grands lieux historiques de la ville, etc… Pourquoi cette ville ? C’est un coup de cœur ? Y a-t-il quelque chose qui vous touche particulièrement dans son patrimoine et son histoire ?

Passion reconstitution historique et costumes du Moyen Âge

Claire B : J’ai vécu plusieurs années près de Chartres (entre 6 ans et 16 ans) en étant au collège et au lycée dans cette ville. J’en suis partie en 2005. La vie a fait que mon conjoint a trouvé du travail à Chartres en 2015. Nous sommes donc venus nous installer ici. C’est donc un hasard mais heureux. J’ai toujours adoré la cathédrale qui est la mieux conservée de France. Elle n’a pas subi de dégâts trop importants pendant la Révolution française ou les 2 guerres mondiales et elle a aussi la plus grande collection de vitraux du Moyen Age du monde entier ! C’est une vraie splendeur qui ne finit pas de m’impressionner. Et même si je pourrais tenir plusieurs dizaines d’heures de visite (littéralement), j’en apprends encore tous les jours !

Mpassion : Du fait de vos nombreuses casquettes, vous pourriez être ce que l’on appelle une « historienne de labo », puisque vous êtes désormais une brillante universitaire, avec un master en poche et un doctorat bien engagé. Pourtant, vous continuez de cultiver ce véritable intérêt pour le tourisme, le patrimoine et l’histoire vivante. Vous semblez même tenir à opérer une fusion unique entre transmission, animation et découverte patrimoniale. Parlez nous un peu de ces formules originales que vous êtes la seule à proposer ? Comment ces idées vous sont-elles venues ? Comment le public a-t-il accueilli le concept ? On imagine que certains ont dû être surpris.

Claire B : Oui ! Alors d’abord, merci pour les compliments. J’ai la chance d’avoir des intérêts divers et variés mais qui me passionnent tous ! Comme j’ai la particularité d’être la seule guide à faire de la reconstitution médiévale et à faire un doctorat, j’ai pu créer des produits touristiques uniques avec un vrai parti pris de qualité ! Et donc me voici, à présent, à proposer des visites guidées en costume (en journée ou la nuit) à partir du résultats de mes recherches sur la vie quotidienne au Moyen Age à Chartres, ou à organiser des visites-enquêtes pour les scolaires comme pour les familles et adultes ! Je suis également la seule à ma connaissance qui sois guide professionnelle mais qui propose aux établissements scolaires de me déplacer en costume médiéval sourcé pour faire découvrir le Moyen Age aux enfants, et sous forme d’échanges et d’interactions.

Comme je le disais, j’ai pensé à proposer ces interventions médiévales en établissements scolaires avec la crise Covid, même si j’avais en tête de faire des visites guidées en costume avant cela (sans l’avoir encore mis en place). Cette idée de visites en tenues médiévales est venue notamment du fait que parfois, lors d’une visite, j’avais envie de montrer concrètement aux gens ce à quoi pouvait ressembler une robe au 15e siècle par exemple (la forme, la matière, le poids ! etc…) et la différence entre le sous-vêtement et la robe… C’est plus parlant lorsqu’on a l’objet sous les yeux ! Idem pour les lanternes, les pièces de monnaie, etc. De nombreux locaux sont habitués maintenant à me voir déambuler en ville, mais je croise encore souvent (en visite ou en dehors de visite), des personnes très interloquées de me voir ainsi vêtue ! (rires)

Fête médiévales et reconstitution

Mpassion : Cela n’est pas surprenant ! (rires) Ce n’est pas quelque chose de très habituel hors des fêtes médiévales. Justement en parlant de cela, dans vos activités vous semblez tout faire vous-même et en solitaire : confection de costumes, personnages, écriture et scénarisation de vos visités animées et même de vos activités ludiques. Avez-vous aussi le goût des fêtes médiévales ? Est-ce un endroit où on peut vous croiser ? Faites vous également partie d’une troupe de reconstituteurs ?

Visites nocturnes ou en journée de monuments patrimoniaux avec Claire Barbier

Claire B : C’est justement parce que j’ai commencé à apprécier le Moyen Age par le biais de la reconstitution historique (et donc temps passé en fêtes médiévales) que j’ai eu l’idée d’intégrer cet aspect dans mes visites. Depuis plusieurs années, je fais partie de l’association La Massenie Saint Michel 1473 et nous allons dans des châteaux et autres abbayes, sites patrimoniaux de Bretagne en Allemagne, de Dordogne en Belgique. Nous sommes reconnus dans le milieu de la reconstitution par les institutions pour refléter une image de qualité de la société médiévale de la fin du 15e siècle ! Pour le reste, effectivement, je réalise tous mes costumes moi-même depuis près de 10 ans, je me suis découvert une passion pour la couture à la main ! — et je crée toutes mes visites moi-même également. Pour les livrets des visites-enquête, je demande à ma meilleure amie qui est infographiste de se charger des visuels et de la mise en page.

Mpassion : Quand nous disions en préambule que vous étiez une passionnée très active et dynamique dans ses champs d’intervention, nos lecteurs doivent, maintenant, bien mesurer à quel point. Dans ce monde des animations dites médiévales justement, une des dernières questions que j’aurais souhaité vous poser est votre sentiment sur ce Moyen Âge un peu fourre-tout qu’on voit prendre forme, de plus en plus, y compris dans des fêtes qui, auparavant, se voulaient plus historiques. On pense à l’ajout de fantasy, de cosplay, de fantastique, etc… A votre avis c’est un phénomène comme le décrivait Georges Duby ? Le Moyen Âge est devenu ce « western » dont il parlait ? Une sorte de territoire imaginaire où toutes les projections sont permises ? Ou c’est plutôt un phénomène d’acculturation permanent sous la pression de la culture anglosaxonne et particulièrement américaine littérature, cinéma, jeux de rôles, jeux vidéo , avec un Moyen Âge fantastique/fantasmagorique encore véhiculé par des œuvres comme celle de Tolkien et d’autres auteurs ? Pour poser la question de manière un peu abrupt, pensez-vous qu’on aura, d’ici quelques années, des Fêtes de Jeanne d’Arc « Steampunk » ou des Fêtes de la Saint Louis avec des nuées virevoltantes de costumes de trolls et d’elfes ? Dit encore autrement : Moyen Âge historique, restitué, rigoureux d’un côté et totalement fantaisie et imaginaire de l’autre, est-ce que tout cela peut coexister ? Ou est-ce qu’il faut œuvrer à préserver un peu de réalisme historique et quelques lignes de démarcation ? Et surtout, est-ce que l’historien a aussi un rôle d’éducation à jouer sur ces terrains-là ?

Claire B : C’est vrai que c’est un sujet un peu compliqué… Comme la barrière entre le Moyen Age et l’univers fantasy/fantastique est très mince, cela peut créer des clichés sur le Moyen Age historique ! Typiquement, on va être persuadé que les vikings avaient des casques à corne ou portaient des manteaux en peaux de bêtes, qu’en France on avait des vêtements en cuir ou des capes à capuches… Tout cela vient de ce qu’on a pu voir en BD, films, séries, etc…, depuis plusieurs dizaines d’années ! Je dois avouer que c’est un peu mon objectif également (en plus de me faire plaisir dans ce que je fais et de faire passer des bons moments aux gens) : casser les clichés qu’on a sur le Moyen Age et expliquer comment trouver les bonnes informations si le sujet nous intéresse ! Donc oui, ce sera à nous, historiens mais surtout guides et médiateurs du patrimoine, de profiter de ces instants privilégiés avec le public pour leur faire entrevoir la réalité historique derrière l’imaginaire collectif.

Où et comment contacter Claire ?

Claire Barbier, entre la passion du patrimoine, de l'histoire et de l'histoire vivante

Mpassion : Voilà une noble mission et une belle direction pour l’avenir ! Pour finir, où est-ce que nos lecteurs peuvent vous contacter pour suivre vos aventures patrimoniales et y participer, voire encore assister à vos conférences ou étudier avec vous la possibilité d’une intervention en milieu scolaire ou autre ? Des nouveaux projets 2022-2023 en vue ?

Claire B : Oui ! J’ai une page Facebook et Instagram professionnelle « Eclairer l’Histoire » (j’ai fait un jeu de mot avec mon prénom) sur laquelle je publie des informations sur l’Histoire, le Moyen Age, la cathédrale de Chartres, la reconstitution historique, mes visites à venir, des photos des lieux que je fais visiter, etc. Depuis peu, j’ai également rajouté une billetterie en ligne sur mon site internet www.eclairerlhistoire.fr qui permet à qui veut de se rajouter à une visite guidée ou de suivre mes cours en visio-conférence, par exemple.

Pour l’année 2022-2023, j’ai mis en place une nouvelle visite de la cathédrale et des cryptes « Légendes et secrets de la cathédrale », et je compte en proposer deux nouvelles sur le thème « Codes et symboles médiévaux dans la cathédrale » et « Anges et Démons à la cathédrale ». Et je vais essayer de prendre quelques jours de vacances à l’occasion, ça ne m’est pas arrivé depuis plusieurs années !

Mpassion : C’est plutôt un indicateur de succès même si, de temps en temps, il faut savoir lever le pied ! Merci beaucoup pour toutes vos réponses, en tout cas, Claire ! De notre côté, on espère vous retrouver bientôt, peut-être à l’occasion d’une visite à Chartres, ou même pourquoi pas, à l’occasion d’un article dans nos colonnes ? Ce sera avec grand plaisir.

Claire B : Merci à vous !


Voilà pour cette interview, mes amis. En espérant qu’elle vous ait autant plu qu’il nous a été plaisant de la conduire. En dehors de ses visites guidées, de ses activités en milieu scolaire, et des aspects de reconstitution historique de son travail sur lequel nous avons particulièrement mis l’accent ici, Claire donne aussi des cours et des conférences. Les thèmes abordés sont aussi variés que le costume civil et militaire du Xe au XVe siècle, l’hygiène au Moyen Âge, l’histoire et les merveilles de la cathédrale de Chartres ou encore la représentation de l’Arche d’Alliance au Moyen Âge. Les sujets sont traités sous forme de cycles ou de conférences uniques. Pour suivre ces interventions, vous pouvez retrouver Claire au Centre international du vitrail de Chartres, mais aussi la joindre directement sur son site pour des sessions à distance sur internet.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge  sous toutes ses formes.

NB : toutes les photos de cet article proviennent de la page Facebook de Claire, à l’adresse : Eclairer l’histoire.

MUSÉE ANNE DE BEAUJEU : une Grande exposition & un colloque autour d’Anne de France

Musée Anne de Beaujeu

Sujet : Anne de France, exposition, colloque, peintures, arts, sculptures, manuscrits anciens, ducs de Bourbon, Bourbonnais.
Expositions & colloques : Anne de France, Femme de pouvoir, Princesse des Arts
Dates : jusqu’au 18 septembre 2022
Lieu : Musée Anne-de-Beaujeu, 5 Pl. du Colonel Laussedat, 03000 Moulins, Auvergne-Rhône-Alpes

Bonjour à tous,

l y a plus d’un siècle, on inaugurait à Moulins, dans l’Allier, le Musée départemental Anne de Beaujeu (mab). Situé dans un pavillon attenant au prestigieux Château des ducs de Bourbon, l’institution accueille encore, de nos jours, de nombreux visiteurs. Elle leur propose la découverte de collections variées qui lui ont, quelquefois, valu le surnom mérité de « petit Louvre ». L’institution, qui suscite un grand enthousiasme auprès du public, est référencée dans de nombreux guides et elle est même entrée, en 2016, au classement des musées étoilés du guide vert Michelin.

Un petit Louvre au cœur de l’Allier

Collections du Musée Anne de Beaujeu

En terme de périodes historiques et de pièces exposées, les visiteurs trouveront au mab un parcours aussi vaste que riche. Si le Moyen Âge y est représenté, il est loin d’être le seul. Du côté des expositions permanentes, les collections du mab vont de l’égyptologie et de l’archéologie régionale jusqu’à l’art décoratif local et encore de grandes toiles et sculptures du XIXe siècle. Entre le temps des pharaons et le XIXe siècle, le musée présente également l’histoire des Bourbons et des sculptures bourbonnaises allant du Moyen Âge à la renaissance, mais aussi des peintures et sculptures des XVe et XVIe siècles, en provenance d’Allemagne et des Pays Bas.

Les collections de l’institution ne s’arrêtent pas là. Le beau musée Anne de Beaujeu a, en effet, en charge la conservation de près de 20 000 objets et œuvres d’art qu’il dévoile, aux yeux du public, au fil d’expositions plus temporaires. On peut alors y découvrir des pièces d’exception dans des domaines aussi variés que les arts, les arts décoratifs, ou même l’histoire naturelle et la numismatique. Au delà de ses expositions permanentes et temporaires, le musée répond également présent à l’occasion d’événements spéciaux comme les journées nationales du patrimoine ou la nuit des musées. Enfin, dans la veine de ses activités de conservation et de promotion de ses collections, il édite également divers guides, de beaux livres d’art ou des catalogues d’exposition.

L’actualité du Musée Anne de Beaujeu

Côté actualité, un triple événement vous attend, en 2022, au Musée Anne de Beaujeu. Débuté depuis mars dernier, il se poursuivra jusqu’au 18 septembre de cette année et on y célèbre l’anniversaire de la disparition des 500 ans d’Anne de France (1461-1522).

Exposition événement : Anne de France,
Femme de pouvoir, Princesse des Arts

Affiche Exposition colloque sur Anne de France

Le Ministère de la Culture et la région se sont associés au mab pour faire de cette exposition sur Anne de France un événement exceptionnel. Le musée s’est également allié à d’autres établissements de renom et des pièces de haut vol sont venues enrichir momentanément le patrimoine du musée. Elles proviennent d’institutions aussi prestigieuses que Le Louvre, Versailles, Ecouen, la National Gallery et la Wallace Collection.

Comme on le verra, la grande princesse de la fin du Moyen Âge, épouse de Pierre de Bourbon et fille ainée de Louis XI et de Charlotte de Savoie, n’a pas fait que régner sur le duché du Bourbonnais et donner, plus tard, son nom au Musée Anne de Beaujeu. Cette exposition est là pour témoigner de la grandeur d’Anne de France sur les terrains étatiques, comme artistiques. En juin, l’événement se doublera même d’un colloque visant à explorer, de manière plus large encore, l’influence de cette grande dame des XVe et XVIe siècles, sur les arts, comme sur la politique et la société de son temps.

Deux ouvrages pour accompagner l’exposition

Livre bibliographie Anne de France

Pour tout ceux désireux de mieux connaître la personnalité et les faits d’Anne de France, Aubrée David Chapy, docteure et professeure agrégée d’histoire, co-commissaire de l’exposition vient également de faire paraître, aux éditions Passés-composés l’ouvrage « Anne de France, Gouverner au féminin à la Renaissance ». Il s’agit d’une biographie-essai sur la princesse et femme d’Etat de la fin du Moyen Âge. L’historienne qui a fait de la construction du pouvoir au féminin au Moyen âge tardif et à la Renaissance, un de ses sujets de prédilection est aussi une grande spécialiste d’Anne de France. Elle y avait, en effet, déjà consacrée une partie de sa thèse de doctorat, brillamment reçue, en 2014.

A noter également que les deux commissaire de l’exposition, Aubrée David Chapy donc, et Giulia Longo, conservatrice du musée ont également fait paraître le catalogue de l’exposition, sous le titre Anne de France (1522-2022): Femme de pouvoir, princesse des arts. Il est, lui aussi disponible depuis courant mai (voir en ligne).

Un grand colloque sur Anne de France

Comme indiqué plus haut, d’ici quelques semaines, un colloque viendra s’ajouter à l’exposition pour honorer Anne de France et son leg. Il aura lieu les vendredi 17 et samedi 18 juin 2022, au théâtre de Moulins et aura pour titre : « Autour d’Anne de France. Enjeux politiques et artistiques dans l’Europe des années 1500.« 

Colloque autour d'Anne de France et pouvoir féminin médiéval

Du point de vue du programme, la qualité des invités est à la mesure des ambitions de l’événement. Ils seront, en effet, près de 20 universitaires, conservateurs et spécialistes venus des plus prestigieuses universités et institutions françaises ou étrangères pour parler d’Anne de France, de livres et des arts bourbonnais contemporains de la Princesse. Un journée entière de ce colloque sera également dédié au pouvoir conjugué au féminin durant ces même siècles, du Moyen âge tardif et à la Renaissance.

Pour nous qui nous nous sommes déjà avancé en partie sur ces thématiques de l’empreinte des femmes dans l’histoire de France (voir le cycle sur les grandes dames de la guerre de cent ans), ce programme s’annonce d’excellente faction. On y trouvera du savoir de qualité librement dispensé puisque l’entrée est libre et sans réservation.

Voir le programme détaillé de ce colloque

De prestigieux manuscrits de la BnF

Exposition manuscrits anciens BnF - Collection ducs de Bourgogne

Pour ajouter à ces deux événements, une seconde exposition débutera le 18 juin et se poursuivra, elle aussi, jusqu’au 18 septembre 2022. Le public aura l’opportunité d’y découvrir de prestigieux manuscrits de la BnF sur le thème « Trésors enluminés des ducs et duchesses de Bourbon ». Nous restons donc dans le thème.

D’autres conférences et visites guidées autour de ces expositions animeront la vie du musée durant les mois à venir. Pour le détail de ses programmes et des horaires, voir le site officiel du Musée Anne de Beaujeu.


Ajoutons, pour conclure, que ceux qui ne s’y sont jamais rendus au musée Anne de Beaujeu de Moulin pourront profiter de leur présence sur place, pour effectuer une visité guidée du château des ducs de Bourbon.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes

NB : le portrait d’Anne de France sur l’image d’en-tête est extraite du superbe Triptyque du Maître de Moulins de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation de Moulins . Il a vraisemblablement été réalisé par le peintre Jean Hey entre la toute fin du XVe et le début du XVIe siècle. Les autres photos de l’article proviennent du Musée Anne de Beaujeu.


J-5 : le musée de CLuny en route vers un nouveau Moyen Âge

Réouverture du musée de Cluny

Sujet : événement, monde médiéval, musée, collections, réouverture officielle, restauration, rénovation,
Période : De l’antiquité au Moyen Âge tardif
Lieu : Musée National du Moyen Âge,
Musée de Cluny, Paris.
Dates : Réouverture officielle le 12 mai 2022
Adresse : 28 rue Du Sommerard, Paris 5
Tél : 01 53 73 78 00 – 01 53 73 78 16

Bonjour à tous,

‘est une excellente nouvelle pour les amateurs de découverte culturelle et d’histoire, autant que pour les passionnés de monde médiéval qui l’attendaient depuis longtemps. A Paris, le grand Musée National du Moyen Âge aka le Musée de Cluny est en passe de rouvrir ses portes au grand public, après 10 longues années de restauration et un projet des plus ambitieux. L’ouverture officielle aura lieu le jeudi 12 mai 2022 et nous sommes donc, au moment de cet article, à moins de cinq jours de cet événement incontournable.

Un renouveau sous le signe de l’accessibilité

La nouvelle entrée du musée de Cluny

C’est donc chose faite. Les grands travaux effectués au musée du Moyen Âge, auxquels était étroitement associé le ministère de la culture, se sont officiellement achevés après quelques retards dus à la crise sanitaire. Au menu de ce chantier chiffré à plus de 20 millions d’euros, il n’était pas simplement question de mettre un léger coup de plumeau sur les superbes collections du musée mais plutôt de deux défis de taille et d’égale importance : restaurer en profondeur les intérieurs et permettre à l’institution de mieux valoriser son patrimoine. Autre défi tout aussi ambitieux en terme d’enjeu, rendre accessible le musée et ses bâtiments classés aux personnes à mobilité réduite. Comme on le verra, au sortir de cette grande opération de rénovation, cette notion d’accessibilité s’est vu notablement élargie, de sa dimension pratique initiale, à bien d’autres aspects qui font, désormais, du musée un espace plus ouvert, plus visible mais aussi plus lisible pour tous les publics. Petit tour de ce musée de Cluny nouvelle génération.

De l’accueil aux aménagements

extrait des collections du musée du Moyen Âge (1)

Commençons par la visibilité extérieure de l’institution et son attractivité. Elles ont été, toutes deux, grandement améliorées par l’ouverture d’un nouveau bâtiment d’accueil moderne, esthétique et fonctionnel, le long du boulevard Saint-Michel. Conçu par l’architecte Bernard Desmoulin, cet édifice très réussi vient s’intégrer, harmonieusement, au reste des bâtis historiques de l’institution, tout en permettant de recentraliser l’ensemble des services utiles au public : guichet, orientation, boutique,…

Sur le thème de l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, dans un ensemble de bâtiments historiques classés et qui présentait de multiples niveaux, le défi était aussi noble à relever que techniquement complexe. Mission réussie sur ce point important du cahier des charges. Au sortir des travaux, tout à été mis aux normes : on a élargi certains passages et installé des rampes. On a également fait la place à des cages d’ascenseurs flambant neufs. Enfin, le niveau de certaines pièces a même été rehaussé pour se plier à ses nouvelles exigences d’accueil. L’institution peut donc, désormais, ouvrir ses portes et ses collections aux personnes à mobilité réduite. Elles bénéficieront, dès à présent, de l’accès mais aussi de toutes les grandes nouveautés qui attendent les futurs visiteurs du musée.

Le Moyen Âge autrement

extrait des collections du musée du Moyen Âge (2)

Dans un documentaire récent posté sur Viadeo par l’Oppic (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture en charge de la maîtrise d’œuvre du chantier), Séverine Lepage, médiéviste et directrice du musée de Cluny depuis 2019, parlait également des grandes ambitions de cette rénovation en terme d’accessibilité intellectuelle. Sur ce versant des travaux, l’enjeu était ouvertement affiché d’accompagner les publics les plus larges dans une découverte plus compréhensive du Moyen Âge.

Pour atteindre cet objectif, on a refondu totalement le parcours des visites et la présentation des collections. Fini le regroupement par thématique, comme on l’avait voulu en 1956, l’itinéraire sera désormais chronologique. Les visiteurs seront ainsi guidés de l’antiquité gallo-romaine, en partant du frigidarium des thermes de Lutèce, jusqu’aux collections les plus représentatives du Moyen Âge tardif, dans un beau voyage à travers les temps médiévaux. Bien sûr, durant leur expédition, ils ne manqueront pas de découvrir la célèbre tapisserie de la Dame à la Licorne, véritable fleuron du musée, au milieu de nombreux autres trésors d’époque.

Regard, scénographie, que la lumière soit !

extrait des collections du musée du Moyen Âge (3)

Notons enfin qu’au titre de cette restauration en profondeur du musée national du Moyen Âge, on a également dégagé les ouvrants des édifices pour laisser entrer la lumière. La mode des longs tunnels muséographiques n’est plus. Ce parcours plus lumineux permet de mettre mieux en valeur les bâtiments historiques qui hébergent les collections, tout en favorisant la découverte de certaines œuvres sous un jour plus naturel.

Dans l’esprit d’une expérience enrichie pas seulement par l’intellect, mais aussi par la sensibilité et le regard, une attention particulière a été portée sur la mise en espace des collections. Cet agencement savant s’est porté autant sur la recherche de l’émotion esthétique que sur la volonté de favoriser une meilleure compréhension des mondes médiévaux traversés et de leur sensibilité. Lumière, scénographie, itinéraire, mise en espace, dans cette nouvelle version du musée médiéval parisien, tout a été soigneusement pensé pour ravir, séduire et, parfois, même surprendre le visiteur.

Un Moyen Âge nouvelle génération ?

Alors « un Moyen Âge nouvelle génération » comme le dit la communication du musée annonçant sa réouverture ? Plus certainement encore, ce qui vous y attend, à partir du 12 mai, c’est un musée résolument tourné vers le XXI siècle, après une rénovation comme l’établissement n’en avait jamais connue depuis son ouverture, en 1843. Alors, courez-y si vous êtes sur Paris ou si vous y passez. Avec son nouveau visage, le musée de Cluny pourrait bien devenir, dès 2022, l’un des plus en vue de la capitale mais ce n’est pas l’unique raison : 1600 œuvres, 2600 m2 d’exposition, et plus de 1000 ans d’histoire n’y attendent que vous. Cerise sur le gâteau, le 12 mai, les entrées devraient être exceptionnellement gratuites. Retrouvez tous les détails et infos sur le site officiel du musée national du Moyen Âge.

En vous souhaitant une excellente journée.

Frederic Effe
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