Saadi : miroir et devoir des princes en forme de vœuX pour 2020

saadi_mocharrafoddin_sagesse_persane_moyen-age_XIIIe_siecleSujet    : citations médiévales, sagesse persane, poésie morale, miroirs des princes, sagesse politique, mauvais conseillers, précis de morale politique
Période  : Moyen Âge central, XIIIe siècle
AuteurMocharrafoddin Saadi  (1210-1291)
Ouvrage : Le Boustan  (Bustan) ou Verger,  traduction de  Charles Barbier de Meynard   (1880)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous débutons l’année sur les rives du Moyen Âge central et proche-oriental avec le conteur Saadi et ses histoires morales à l’attention des princes. A plus de 800 ans de sa naissance, son Boustan, verger planté de sagesse et de conseils aux puissants, continue de résonner comme une leçon mal apprise. Au jour d’un nouveau départ sur le calendrier, plût au ciel que, parvenu jusqu’à nous, il puisse semer de nouvelles graines dans l’esprits des intéressés.

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Histoire 36
Que les rois doivent ménager le peuple.

J’ai oui dire qu’un roi célèbre par sa justice s’habillait d’une tunique faite d’étoffe de doublure.

— « Roi fortuné, lui dit-on, que ne commandez-vous plutôt un vêtement en brocart de Chine ? »

Le roi répondit :

—  « Celui-ci me suffit pour me vêtir et me préserver des intempéries de l’air : faire davantage ce serait tomber dans le faste et l’élégance. L’impôt que je prélève n’est pas destiné à accroître mon luxe et la pompe du trône ; si je me pare, comme une femme,  d’habits somptueux, pourrai-je repousser, en homme, l’agression de l’ennemi ? Je ne suis pas plus exempt qu’un autre de convoitises et de désirs, mais le trésor n’est pas à moi seul ; il se remplit, non pour entretenir le faste de la couronne, mais pour nourrir l’armée. Le soldat mécontent de son chef ne veille plus au salut du pays.   Si l’ennemi vole l’âne du villageois, le prince a-t-il encore des droits sur l’impôt et la dîme ?  L’ennemi fait main basse sur l’âne et le roi sur l’impôt, comment le royaume peut-il prospérer ? C’est une lâcheté d’opprimer les faibles, comme le passereau avide qui dérobe à la fourmi le grain qu’elle charrie péniblement. Le peuple est un arbre fruitier qu’il faut soigner pour jouir de ses fruits; n’arrache pas impitoyablement les branches et les racines de cet arbre; l’ignorant seul agit contre ses propres intérêts. La fortune et la prospérité sont dévolues au maître qui n’opprime pas ses subordonnés. Garde-toi des plaintes du malheureux que l’injustice foule à ses pieds. — La où la victoire se peut obtenir par la douceur, évite la lutte et l’effusion du sang.

Je l’atteste au nom de l’humanité, tous les royaumes de la terre seraient trop chèrement payés au prix d’une goutte de sang qui tombe sur le sol. » 

Mocharrafoddin Saadi (1210-1291), Le Boustan ou Verger


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En vous souhaitant une belle journée et encore une trés bonne année.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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