Agenda : la Pentecôte du roi arthur, deux jours de fêtes autour des légendes arthuriennes au château de Comper

blason_armoirie_roi_arthur_legendes_arthuriennes_monde_medievalSujet : festival, fêtes, animations médiévales,  agenda  spectacles, moyen-âge fantastique, légendes arthuriennes, chevaliers, table ronde, Brocéliande
Evénement :  La Pentecôte du Roi Arthur
Lieu : Château de Comper, Concoret Morbihan, Bretagne.
Dates : 
les 19 et 20 mai 2018

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionmis de la Bretagne médiévale et des légendes arthuriennes, ce week end se tiendra un événement à ne pas manquer en la mythique forêt de Paimpont,  (possible site, dit-on, de la forêt de Brocéliande originelle). Le château de Comper et le Centre de l’Imaginaire Arthurien y célébreront en effet, la Pentecôte du roi Arthur.

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Du côté de la légende, une fois l’an, les chevaliers de la table ronde se réunissaient tous à la Pentecôte, pour célébrer leur roi. Moment incontournable de la vie de Camelot, c’était aussi là que les nobles héros venaient conter au grand roi breton leurs derniers exploits et les résultats de leurs quêtes. Fidèle à la tradition, depuis maintenant 14 ans, le Centre de l’Imaginaire Arthurien sis au coeur du château de Comper, fait chaque année, de cette date, une grande célébration.

Pour parenthèse et pour le bon plaisir du roi, gageons que les faits des nobles chevaliers présents à la réunion seront un  brin plus prestigieux que ceux de la légende du Graal, à la façon de Kaamelott dont nous ne résistons pas à donner, ici, un pathétique échantillon :


dagonnet_kaamelott_citation_legende_arthurienne_roi_arthur_alexandre_astier« Le vieux a essayé de me vendre un genre de turban, comme ils se mettent sur la tête, là-bas. J’ai d’abord commencé par l’envoyer chier, puis je me suis dit que ça ferait sûrement plaisir au seigneur Karadoc. » 
Dagonet (Antoine de Caunes)   Kaamelott,
Livre 1, le retour de Judée,
Alexandre Astier.

Programme des réjouissances

U_lettrine_moyen_age_passionn beau programme vous attend donc pour cette Pentecôte du Roi Arthur 2018, à Concoret : campements à la découverte de la vie médiévale, contes, musiques, scénettes,  découvertes des savoir-faire d’antan. Il y aura également des combats et des joutes données en l’honneur du Roi qui sera, bien sûr, présent sur site avec ses chevaliers, pour s’en délecter.

agenda_fetes_medievales_pentecotre_roi_arthur_bretagne_legendes_arthuriennesDe nombreuses compagnies médiévales ont été invitées par le Centre Arthurien pour l’occasion et on pourra compter, sur place, avec la présence de plus de cent reconstituteurs en costumes ou armures d’époque pour faire de cet événement une évocation réussie du moyen-âge des légendes et du roman arthurien.

Compagnies & Maisnies
de réconstituteurs attendus

La Chasse Artus – Les Chevaliers Pourpres – La Compagnie Grise – La Maisnie de Kistreberh – La Compagnie de Pontcastel – La Compagnie Kouviadenn – la Sainte Hermine de Redon – Les Tard Venus  – Les Tisseurs de Brûme

Ajoutons qu’en plus des animations médiévales prévues, ripailles et envies gourmandes trouveront encore largement sur place, de quoi se sustenter.

Pour plus de détails, visitez le site du Centre Imaginaire Arthurien

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La forêt de Paimpont et le château de Comper, terre de légendes arthuriennes et d’Histoire

C_lettrine_moyen_age_passiononsidérée en Bretagne comme un haut lieu des légendes arthuriennes, la forêt de Paimpont fut aussi une terre riche en histoire médiévale et en enjeux. A son orée, le Château du Comper mentionné pour la première fois au milieu du IXe siècle, était alors désigné comme la demeure du Roi Salomon de Bretagne.  Plus tard, dans le courant du moyen-âge central, la place forte passa à la main des Gaël-Montfort et vit se dérouler sous ses murs de rudes chateau_comper_broceliande_histoire_bretagne_medievalebatailles, au cours des conflits opposant ces derniers aux Blois.

Mis à mal par Duguesclin, au milieu du XIVe siècle, au moment de la guerre de succession de Bretagne, le château sera reconstruit quelques années plus tard. Dans le courant du XVe, il passera sous la main des Laval, seigneurs et héritiers des Montfort. Ce sont ces derniers qui, se réclamant de la lignée d’Arthur, identifieront les premiers la forêt de Paimpont comme celle citée par Wace dans son roman de Brut et feront d’elle la légendaire Brocéliande; elle était alors désignée comme Brocélien, ou Brec’helean en breton. Renommée et prestige du légendaire Arthur obligent, à la même époque, la lignée des Rohan, dans le Finistère, se revendiquera aussi d’une filiation arthurienne, tout en situant, du même coup, la mythique forêt sur leurs terres. Rien n’est jamais simple…

A_lettrine_moyen_age_passionprès quelques tergiversations dans le courant du XIXe siècle, sous la plume de Blanchard de la Musse et encore du Chanoine Mahé, la forêt de Paimpont sera à nouveau désignée comme le lieu originel le plus probable de la légendaire Brocéliande.  (Pour plus de détails, voir notre article sur la forêt de Brocéliande et son histoire ici)

De son côté et pour y revenir, le château de Comper connaîtra dans le courant du moyen-âge et après le XVe, quelques épisodes houleux. Il sera notamment assiégé durant plusieurs mois, à la fin du XVIe, pendant les guerres opposant la ligue bretonne à la couronne française et il sera encore sérieusement malmené autour de la période révolutionnaire. Il n’en restera dès lors plus que quelques vestiges médiévaux qui coexistent, aujourd’hui, avec un manoir renaissant, bâti dans le courant du XIXe siècle.

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Du point de vue arthurien, quelques légendes d’origine locale et semble- t-il assez récentes (début du XXe) feront encore du château de Comper rien moins que le site de naissance de la fée Viviane, connue encore comme la célèbre dame du Lac. Dans la même veine, une autre légende (locale elle-aussi et vraisemblablement encore plus récente), conte que Merlin aurait fait édifier, dans les eaux du lac bordant l’édifice, un palais de cristal pour la fée. Ce serait même, dans cet endroit, que le célèbre Lancelot aurait été élevé.

Depuis 1990, le site abrite le Centre Arthurien et est devenu, de fait, un haut lieu de célébration de la légende du Graal et de ses chevaliers. Alors, qui sait ?, en vous y rendant cette fin de semaine, peut-être pourrez-vous entrevoir l’ombre de Merlin dont on dit que le tombeau gît non loin, ou peut-être encore, à la faveur d’un rayon de soleil sur le lac, pourrez-vous voir scintiller les reflets cristallins du palais de Viviane, enfoui sous les eaux ?

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Découvrez les Cantigas de Santa Maria en français actuel

musique_espagne_medievale_cantigas_santa_maria_alphonse_de_castille_moyen-age_centralSujet :  musique médiévale, Cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracles, Sainte-Marie.
Epoque :  Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur :  Alphonse X  (1221-1284)
Index :  Index des Cantigas de Santa Maria traduites, commentées et adaptées en français moderne
Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour faciliter vos recherches sur le site, voici un index des Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X de Castille que nous avons eu l’occasion de commenter et traduire jusque là.

Pour chaque article, vous trouverez une interprétation de la Cantiga de Santa Maria par un grand ensemble de musique médiévale, accompagné d’une mise en contexte, ainsi que des sources manuscrites et anciennes. Egalement, au côté de la version originale en galaïco-portugais, nous joignons systématiquement une traduction française. Ces traductions des Cantigas de Santa Maria en français actuel sont effectuées par nos soins au moyen de diverses sources croisées.

Nos versions commentées et traduites en français des Cantigas de Santa Maria


Autres articles, versions instrumentales

En espérant que ce récapitulatif vous sera utile.

Nous nous efforcerons de le mettre à jour régulièrement aussi, si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à l’ajouter à vos favoris.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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« La misérable vie d’un tyran », une poésie médiévale de Pierre d’Ailly et un portrait de cet étonnant érudit et religieux des XIVe, XVe siècles

poesie_medievale_satirique_morale_pierre_d-ailly_moyen-ageSujet : poésie médiévale, auteur médiéval, poète, moyen-français, poésie satirique, poésie morale, vie curiale, tyrannie,
Période : moyen-âge tardif, XIVe, XVe siècle.
Auteur : Pierre d’Ailly (ou d’Ailliac),
Petrus de Alliarco (1351-1420)
Titre : « Combien est misérable la vie du tyran » ou « Les dits de Franc-Gontier »

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans un article précédent nous avions mentionné les premiers Contre-dicts de Franc-Gontier sous la plume de Pierre d’Ailly. Quelques temps après le texte de Philippe de Vitry mettant en exergue les charmes, la liberté et la paix de la vie rupestre contre la vie de cour, cet auteur rédigeait, en effet, une courte poésie qui y faisait référence,

Cette belle pièce d’un peu plus de trente vers est connue sous le double nom de « Combien est misérable le vie du tyran » ou « les contredicts de Franc-Gontier » (avant ceux de François Villon donc) et nous la publions donc aujourd’hui dans son entier.  Poésie satirique, poésie morale, comme son titre l’indique elle dépeint la vie tragique citation_avidite_convoitise_tyran_eric_frommet, il faut bien le dire, terriblement ennuyeuse d’un tyran avide  qui ne vit que pour la convoitise et la gloutonnerie.

Cette poésie est d’une certaine rareté puisque c’est une des seules poésie en « langue vulgaire » qu’on connaisse à cet auteur du moyen-âge tardif. Pierre d’Ailly s’est signalé et est entré dans la postérité pour bien des raisons sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir dans cet article mais pas pour ses talents de versificateur. Au vue des qualités de ce texte, on peut regretter avec un de ses biographes, le bibliophile et historien du XIXe siècle Arthur Dinoux  (qui nous a permis de la mettre à jour), que plus de poésies de l’auteur ne nous soient parvenues.

Après cela, nous en profitons pour faire le portrait de cet auteur qui fut aussi un personnage de grande importance au XIVe siècle. Sa renommée  et son influence sur son temps furent, en effet, telles que certains de ses biographes n’hésitent pas affirmer qu’on peut pratiquement faire l’Histoire de l’Eglise sous Pierre d’Ailly à travers l’oeuvre et l’influence que ce dernier eut sur elle.

Combien est misérable la vie du tyran
ou les contredicts de Franc-Gontier

Ung chasteau sçay, sur roche espouvantable,
En lieu venteux, sur rive périlleuse,
Là vis tyran, séant à haute table,
En grand palais, en sale plantureuse,
Environné de famille nombreuse,
Pleine de fraud, d’envie et de murmure;
Vuide de foi, d’amour, de paix joyeuse,
Serve, subjecte en convoiteuse ardure.

Viandes, vins, avait-il sans mesure,
Chairs et poissons occis en mainte guise,
Sausses, brouëts, de diverse teincture:
Et entremets faicts part art et diverse.
Le mal Glouton partout guette et advise,
Pour appetit trouver; et quiert manière
Comment sa bouch’, de lescherie esprise,
Son ventre emplit en bourse pautonière.

Mais, sac-à-fien, patente cimetière,
Sepulchre-à-vin, corps bouffi, crasse panse,
Pour sous ses biens en soy n’a lie chère;
Car, ventre saoul n’a eu saveur plaisance,
Ne le delit jeu, ris, ne bal, ne danse;
Car, tant convoit, tant quiert, et tant desire,
Qu’en rien qu’il ays n’a vraye suffisance.

Acquirer veult, ou royaume, ou empire;
Pour avarice sent douloureux martyre.
Trahison doute, en nully ne se fye,
Coeur a félon, enflé d’orgueil et d’ire,
Triste, pensif, plein de mélancolie.
Las ! Trop mieulx vaut de Franc-Gontier la vie,
Sobre liesse, et nette povreté,
Que poursuivir, par orde gloutonnie,
Cour de tyran, riche malheureté.

Pierre d’Ailly (1351-1411), Notice historique et littéraire sur le Cardinal Pierre d’Ailly, Eveque de Cambray au XVe siècle, M Arthur Dinaux (1824)

Note : les scissions en paragraphe sont de notre fait et sont destinés à fluidifier la lecture. La version originale est compact et sans saut de lignes.

Pierre d’Ailly, acteur de son temps

N_lettrine_moyen_age_passionatif de Compiegne, Pierre d’Ailly fut un esprit actif et impliqué de son temps, doublé d’un intellectuel curieux de toutes les sciences. Théologien, philosophe, astrologue, astronome, il fut également un haut dignitaire de l’Eglise et le nombre des fonctions qu’il occupa au sein de cette dernière, au long de son existence, demeure rien moins qu’impressionnante : évêque de Cambray, de Limoges, d’Orange, du Puy-en-Velay, de Noyon, il fut encore attaché à de nombreuses paroisses en tant que chanoine ou trésorier et occupa aussi la haute charge de Cardinal. On ajoutera à cette longue liste (non exhaustive) le fait qu’il fut encore chancelier de l’église Notre-Dame de Paris et de l’université de Paris ainsi pierre_Aylli_biographie_portrait_contredits_franc-gonthier_gontier_poesie_medievale_satirique_moyen-age_tardifqu’aumônier et confesseur du roi.

Du point de vue intellectuel, il a légué nombre de traités autour des sciences, géographie et astronomie notamment, ainsi que quantité d’autres ouvrages philosophiques et théologiques, auxquels il faut encore ajouter des sermons. La majeure partie de son oeuvre latine a traversé le temps et il a aussi écrit en français,  mais une partie de ses écrits dans cette dernière langue s’est, semble-t-il, perdue en chemin.

De Rome en Avignon,
interventions dans la résolution du schisme

Grand acteur de la conciliation et de la résolution du schisme qui, en plein coeur du moyen-âge, avait déchiré l’Eglise, pour donner naissance à deux papes, il se battit pendant de longues années pour y mettre un terme. Voyageant en Italie, il intervint aussi directement auprès des papes en Avignon pour tenter de surseoir à leurs velléités séparatistes. Son activisme et ses vues sur l’unification de l’église et sur la supériorité décisionnelle des conciles lui valurent quelques sérieux déboires, mais finirent à force de persévérance par aboutir. Pris dans les enjeux de son temps, on le vit encore prêcher avec zèle en faveur des croisades ce qui lui valut le surnom de « Marteaux des hérétiques ». Il n’est alors pas le seul à les défendre Pétrarque, Jeanne d’Arc et d’autres encore y sont favorables. Autant de choses qui feront dire à son biographe Louis Salembier :

« Toutes les idées vraies ou contestables de cette époque si troublée parurent se donner rendez-vous dans la tête encyclopédique et si puissamment organisée de l’évêque de Cambrai. »
Pierre d’Ailly et la découverte de l’Amérique, Revue d’histoire de l’Église de France, Persée, Louis Salembier (1912)

De la fête de la trinité
à la conquête des Amériques.

C_lettrine_moyen_age_passiononcernant sa marque, on notera que la fête de la Sainte Trinité fut instituée par le pape Benoit XIII sous son initiative. Son Projet de calendrier destiné notamment à harmoniser les célébrations religieuses avec le calendrier civil fut à l’origine de celui adopté par Grégoire XIII près de 150 ans plus tard. Il impulsa même encore quelques corrections au livre des révélations divines qui furent également entérinées par les papes, à deux siècles de là.

La postérité a également retenu de lui qu’il fut, avec Christophe Colomb et au moins en esprit, un des découvreurs de l’Amérique. Le grand voyageur ne se séparait, en effet, jamais du célèbre Imago Mundi (ou Ymago Mundi): Le tableau du monde de Pierre d’Ailly et c’est sans doute grâce à son aide qu’il fut motivé dans son voyage et pu découvrir les nouvelles terres. Le savant religieux avait, en effet, affirmé dans son traité que les Indes pouvaient être atteintes en pierre_d-ailly_auteur_philosophe_theologien_medieval_portrait_biographie_poesies_moyen-agequelques jours, en faisant route vers l’Ouest. Qu’on vienne nous expliquer encore après cela que les hommes du moyen-âge et notamment l’Eglise pensaient que la terre était plate…

Ci-contre portrait de Pierre d’Ailly, A Lefebvre, Eglise Saint-Antoine, Compiègne, tiré de Ymago Mundi, édition de 1930, par Edmond Buron, BnF, Gallica.

Nous ne rentrerons pas, dans cet article, dans le détail des théories philosophiques de Pierre d’Ailly, mais on retiendra qu’il eut sous sa houlette quelques disciples qui allaient se signer à leur tour par leurs oeuvres et même dépasser, voire éclipser la sienne. On retiendra entre autres noms Nicolas de Clamanges, et  Jean de Gerson.

Visionnaire ? D’étonnantes prophéties

P_lettrine_moyen_age_passion copialus étonnamment, on doit au religieux féru d’astrologie quelques surprenantes prédictions sur les temps qui restaient à venir et qui feront dire à son  biographe Louis Salembier, au début du XXe siècle :

« Non seulement D’Ailly fut le fidèle miroir des opinions et même des erreurs de son temps,mais encore il eut parfois sur les âges futurs des vues prophétique qui nous étonnent et que nous rapportons sans les expliquer. Pareil à certain dieu de la fable, il regarde à la fois le passé et le présent. Il résume l’un et il prophétise l’autre. D’une part c’est un compilateur clairvoyant; de l’autre, c’est presque un voyant. »
 Louis Salembier (opus cité)

Jugez plutôt :

« … Puis après dix révolutions saturnales, viendra l’année 1789. Si le monde dure jusqu’à ces temps, ce que Dieu seul connaît, il y aura alors des nombreuses et grandes altérations et de remarquables changements, principalement dans les lois et dans les religions. »
Concordia Astronimias cum historica narratione. Pierre d’Ailly. 1414.

pierre_ailly_auteur_medieval_savant_philosophe_astrologie_medievale_propheties_moyen-age_chretien_XIVe_siecleDans un autre ouvrage, quatre ans après, il écrivait encore :

« … Avant 1789, il y aura un autre grand bouleversement religieux. Dans un siècle à partir du moment où j’écris, il y aura bien des changements dans le christianisme et bien des troubles dans l’Eglise, magna fiet alteracio circa leges et sectas ».
De persectutionibus Ecclesiae, Pierre d’Ailly, 1418

En 1517 et 1518, naissait le protestantisme. Nous vous laisserons juge de la nature prophétique, anecdotique ou fortuite de tout cela.

Pour aller plus loin sur cet étonnant personnage et auteur des XIVe et XVe siècle et si vous en avez la curiosité, nous ne pouvons que vous recommander l’ouvrage de la docteur en philosophe et agrégée de lettres classique Alice Lamy, qui s’est fait une spécialité des questions de philosophie latine médiévale et de scolastique.  Sorti, en 2013, chez Honoré Champion, il a pour titre : La Pensée de Pierre d’Ailly. Un philosophe engagé du Moyen Âge

En vous souhaitant une excellente journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com
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Sources

Pierre d’Ailly et la découverte de l’Amérique, Revue d’histoire de l’Église de France, Persée, Louis Salembier (1912)

Notice historique et littéraire sur le Cardinal Pierre d’Ailly, Eveque de Cambray au XVe siècleArthur Dinaux (1824)

« De gracieuse dame amer » la courtoisie de Jehannot de Lescurel à l’aube de l’Ars Nova

musique_poesie_medievale_media_book_livre_disque_jehan_de_lescurel_moyen-age_XIIIe_XIVeSujet : musique médiévale, poésie médiévale, amour courtois, fine amor, langue d’Oil, vieux-français, rondeau, Ars Nova, compositeur médiéval, MS 146
Période : Moyen Âge central, XIIIe, XIVe siècle
Auteur : 
 Jehannot (ou Jehan) de Lescurel(ou L’escurel)
Interprète : Ensemble Syntagma, direction d’Alexandre Danilevsky
Album : 
livre-disque & media book sur Jehan de Lescurel

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous revenons aujourd’hui, en musique et en chanson, au Moyen Âge du XIVe siècle avec Jehannot de Lescurel. Annonciateur de l’Ars nova, pour ses innovations autant que pour sa rigueur dans l’approche des formes, cet auteur et artiste médiéval, n’est déjà plus considéré comme un trouvère mais bien chanson_musique_poesie_medievale_jehannot_de_lescurel_manuscrit_ancien_bnf_francais_146comme un compositeur.

Comme  les autres pièces de l’auteur, la chanson du jour est tirée du MS Français 146. Manuscrit ancien daté du XIVe siècle, conservé à la Bnf, l’ouvrage contient, en plus du célèbre Roman de Fauvel, les dits du clerc Geoffroi de Paris, ainsi que les chansons et compositions de Jehannot de Lescurel. Voici d’ailleurs, ci-contre, le feuillet de ce manuscrit correspondant à la pièce du jour.

« Fine amor » d’Oc en Oil

Du point de vue thématique, le legs de Jehannot de Lescurel gravite principalement autour de la « fine amor ». La chanson du jour, qui est un rondeau, se situe donc en plein dans cette tradition lyrique courtoise héritée des troubadours du sud de la France et largement retranscrite en langue d’Oil, par les trouvères du nord, dans le courant du XIIIe siècle.

jehannot_de_lescurel_de_gracieuse_dame_amer_musique_chanson_rondeau_medieval_MS_146_moyen-age_XVIe_siecleEn dehors du MS français 146 on peut encore retrouver cette pièce dans l’ouvrage « Chansons, poésies et rondeaux de Jehannot de Lescurel, poète du XIVe siècle » d’Anatole de Montaiglon (1855). Si vous préférez la version papier à la numérique, l’ouvrage a été également réédité en version brochée chez Forgotten books.

Concernant son interprétation, nous la devons à l’Ensemble Syntagma sous la direction de son talentueux directeur Alexandre Danilesky. (voir leur chaîne youtube officielle ici)

« De gracieuse dame amer », Jehannot de Lescurel – Ensemble Syntagma

Comme nous avons déjà consacré un article sur le travail de l’Ensemble Syntagma autour de Jehannot de Lescurel (notamment au sujet du livre disque et média book que la formation a dédié à ce compositeur), nous vous invitons à le consulter pour plus de détails. Vous y trouverez un portrait de la formation et de son directeur, ainsi que des éléments supplémentaires sur le compositeur médiéval.

« De gracieuse dame amer »,
de Jehannot de Lescurel (en français ancien)

De gracieuse dame amer
Ne me quier ( de querre, querir : désirer, vouloir) jamès departir (séparer).
Touz bienz en viennent, sanz douter,
De gracieuse dame amer,
Et tous deduiz* (plaisir, divertissement).N’en veil cesser :
Car c’est ma joie, sans mentir ;
De gracieuse dame amer
Ne me quier jamès departir.

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

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