– Qu’est-ce que tu ne sais Roland, toi qui sait tout? – Et bien ça. – Quoi ça? – Oui, je ne sais pas ce que je ne sais pas. C’est simple!
Citation de Nicolas de Cusa , (1401-1464)
Tirée de la Docte Ignorance.
icolas de Cusa, (ou encore Nicolas de Cues ou Chrypffs) est un religieux (cardinal puis vicaire), philosophe, penseur et savant allemand du moyen-âge tardif. Sa pensée l’inscrit dans une modernité en rupture avec la scolastique du monde médiéval qui l’avait précédé et préfigure déjà l’esprit de la renaissance. On lui prête notamment une grande influence sur la philosophie des sciences, pour les siècles qui suivront, d’Hegel à Descartes, mais aussi sur l’astronomie.
« Le Moyen Age a connu une grande aspiration à la nature, à la paix, à la raison ; et a été, dans le même temps, une période de violence, en particulier à travers l’existence endémique de la guerre – quoique la guerre au Moyen Age, si elle entraîne beaucoup de destructions et de malheurs, ne fasse pas beaucoup de morts, et soit soumise à réglementation : les hommes, les théoriciens de l’époque se réfèrent, de manière à peu près constante, à la conception de saint Augustin, n’autorisant que la guerre juste, c’est-à-dire menée contre les infidèles, ou contre les chrétiens injustes ; le prince est seul qualifié pour déclarer ou arrêter la guerre, ce qui a d’ailleurs favorisé la construction de l’État moderne, à partir du xmc siècle ; enfin, même dans la guerre juste, Augustin recommandait de faire preuve de miséricorde à l’égard de l’ennemi. » Citation de Jacques le Goff, (1924 -2014), historien médiéviste. Extrait d’un entretien pour la revue L’Histoire, mensuel 236, 1999
« Cher fils, je t’enseigne que tu aies une solide intention, que les deniers que tu dépenseras soient dépensés à bon usage et qu’ils soient levés justement. Et c’est un sens que je voudrais beaucoup que tu eusses, c’est-à-dire que tu te gardasses de dépenses frivoles et de perceptions injustes et que tes deniers fussent justement levés et bien employés-et c’est ce même sens que t’enseigne Notre Seigneur avec les autres sens qui te sont profitables et convenables. » Citation médiévale; Louis IX, Saint-Louis, extrait de son Testament à son fils, 1270
oilà une citation d’un roi de France à son fils, que nous aimerions voir au fronton des Etats et sur lesquels devraient s’engager tout politique du monde moderne. L’Histoire elle, en tout cas, ne l’a pas oubliée.
Elle est extraite du testament de Saint Louis à son fils, le futur roi de France, Philippe III le Hardi. C’est un document empreint aussi d’une grande dévotion que l’on cite souvent chez les chrétiens, mais rien d’étonnant bien sûr. Enfant d’un moyen-âge profondément chrétien, Louis IX était, en effet, un roi très pieu dont la vie prenait, en bien des aspects, exemplarité sur celle du Christ. (ci contre le testament de Saint Louis, Annales nationales).
Quoiqu’il en soit et que l’on soit ou non chrétien, on trouve dans ce testament du roi de France, des paroles de sagesse et de belles idées qui contrebalancent, à elles seules, avec quelques idées reçues sur un moyen-âge sans loi et sans valeur, qu’en dehors de cercles d’historiens et de passionnés de ces questions, on ne semble généralement pas très prompt à déconstruire. Dommage! Le monde moderne aurait peut-être quelques bénéfices à s’inspirer de certaines d’entre elles.