
Auteur : François Villon (1431-?1463)
Titre : Ballade de Mercy (Merci)
Période : Moyen Âge tardif, XVe siècle.
Interprétes : Corvus Corax. Album: Seikilos 2006
Bonjour à tous,

Corvus Corax: rock folk néo-médiéval

Corvus Corax a été fondé, à l’origine, en 1989 par deux allemands de l’Est ayant profité de la chute du mur de Berlin pour passer en RFA. L’histoire conte que les deux musiciens durent laisser derrière eux un Corbeau apprivoisé d’où le nom du groupe. Depuis lors,, Corvus Corax a gratifié son public d’une bonne trentaine de productions énergiques entre albums studio, opéras, dvd et albums live.
Toujours actifs depuis leur création, avec quelques changements de musiciens et d’artistes en cours de route qui n’ont pas affecté l’existence du groupe, Corvus Corax se produit principalement en concert en Allemagne. Leurs tournées s’étendent quelquefois à d’autres dates dans d’autres pays européens.
La marque de fabrique de Corvus Coras
La formation allemande propose un style néo-médiéval, soit une musique aux tendances rock et folk et aux accents celtiques et nordiques qui prend sa source d’inspiration dans le Moyen Âge mais n’hésite pas à l’enrichir de sonorités modernes.
La bande utilise de nombreux instruments d’époque. cornemuses et autres chalumeaux 
Ajoutons que cette ballade de Villon, tiré de leur album Seikilos, sorti en 2002 est la seule de l’auteur sur ce CD. Cet album est disponible à la vente en ligne, sur le lien suivant : Seikilos de Corvus Corax.
Pour suivre de plus près les Corvus Corax, vous pouvez consulter leur site web (en allemand et en anglais).
La Ballade par laquelle Villon
crye mercy à chascun

Villon crie donc, ici, du fond de sa geôle, même si cette poésie semble plutôt être déclamée dans la rue, à l’attention de tout ce petit peuple qui y vit et que le poète connaît si bien. Dans le second tome de son excellent ouvrage sur la vie du poète médiéval « François Villon, sa vie, son temps » (1913), Pierre Champion y verra même, de son côté, une référence certaine aux crieurs de corps qui annonçaient alors les noms des morts.
La Ballade originale de Villon dans le moyen français de l’auteur

Elle est tirée des oeuvres de Maistre François Villon, par Jean-Henri-Romain Prompsault (1835) dont nous avons déjà parlé ici; l’ouvrage nous sert d’ailleurs aussi de guide principal pour les annotations.
A Chartreux et à Célestins,
A Mendians et à Dévotes,
A musars et claquepatins (1),
A servans et filles mignottes
Portants surcotz et justes cottes,
A cuideraulx d’amours transis, (2)
Chaussant, sans méhaing, fauves bottes,
Je crye à toutes gens merciz.
A fillettes montrans tétins,
Pour avoir plus largement hostes,
A ribleurs meneurs de hutins (3)
A basteleurs traynant marmottes,
A folz et folles, sotz et sottes,
Qui s’en vont sifflant cinq et six
A marmousetz et mariottes, (4)
Je crye à toutes gens merciz,
Sinon aux trahistres chiens mastins
Qui m’ont faict manger dures crostes, (5)
Et boire eau maintz soirs et matins,
Qu’ores je ne crains pas trois crottes.
Pour eulx, je feisse petz et rottes ;
Voulentiers, si ne fusse assis;
Au fort, pour éviter riottes, (6)
Je crye à toutes gens merciz.
S’on leur froissoit les quinze costes
De bons mailletz, fortz et massis ;
De plombée, et de telz pelotes. (7)
Je crye à toutes gens merciz.
Notes
(1) Musars : badauds. oisifs. Cliquepatins ; « galopins » qui court les rues.
(2) Cuideraulx : de « cuideor »: présomptueux. Vaniteux élégamment chaussés.
(3) Ribleurs : coureurs de nuit, crapules faisant du tapage de nuit
(4) Marmousets : petits garçon et petites filles
(5) Crostes : croûtes de pain
(6) Au for pour éviter riottes ; Du reste pour éviter toute querelles
(7) De plombées et de tels pelotes : garnis de plombs ou de choses semblables.
En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.



u grand François Villon, nous ne pouvons pas nous résoudre à ne retenir ici que son épitaphe, pour merveilleuse que puisse être cette prière à l’attention de ses « frères humains« , appelant Dieu pour qu’il les veuille (lui, ses compagnons d’infortune et sans doute nous avec) absoudre. De fait, nous explorons souvent dans nos pages et sans bouder notre plaisir, l’ensemble des textes légués par le maître de poésie médiévale, des plus ludiques aux plus dramatiques, des plus simples, en apparence, aux plus ardus mais, comme cette entêtante ballade des pendus reste de loin sa plus 


ien qu’il serait sans doute plus simple de publier, d’un coup d’un seul, toute l’oeuvre poétique de François Villon ou même tout le Grand testament puisque c’est ce dont il s’agit ici, sa publication par fragments ou extraits offre l’avantage de prendre toute la mesure de la force et la beauté du verbe de ce poète médiéval à nul autre pareil.

n 1962, la Bibliothèque Nationale de France, en collaboration avec le label Believe digital, proposaient à la distribution un disque dans lequel on pouvait retrouver des 



uelques strophes plus loin, on retrouvera encore cette plume et ce verbe réaliste dont François Villon a le secret et il nous y décrira la mort dans le détail, un peu comme il l’avait fait pour les pendus de son épitaphe.