Sujet : poésie ancienne, huitains, poésies courtes, épigrammes, ouvrage ancien. Période : moyen-âge tardif, début renaissance Auteurs : collectif (édition originale de 1542) Titre : La fleur de poésie Françoyse, annoté par A Van BEVER, 1909
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous postons un quatrain issu de l’ouvrage la fleur de poésie françoyse. Nous sommes à la toute fin du moyen-âge dans un siècle de transition qui est aussi celui de l’aube de la renaissance et comme toutes les épigrammes et poésies courtes de ce petit recueil du milieu du XVIe siècle, ces vers ne sont pas signés et sont demeurés anonymes. Sont-ils de Melin de Sainct Gelays, de Clément Marot ? Difficile de l’affirmer. Peut-être sont-ils plutôt d’un de leurs « disciples » ?
Nous l’avons dit dans nos articles précédents sur le sujet, dans le courant du XVIe siècle, cette poésie de cour légère qui se tourne vers le mot d’esprit et le divertissement plait et trouve ses émules.
« Je suis à moy et à moy me tiendray, Aultre que moy n’aura sur moy puissance, Tout à part moy joyeulx me maintiendray, Sans que de moy aulcun ayt jouissance. »
Quatrain. Anonyme – XVe, XVIe siècle La Fleur de poésie françoyse (1542)
esitué dans le contexte général de l’ouvrage, qui, plus que tout autre thème, chante les peines, les joies et les déboires d’amour sous toutes leurs formes, y compris les plus grivoises, ce quatrain qui nous conte la liberté d’une indépendance retrouvée, se réfère sans doute plus à la fin d’une histoire de coeur qu’à l’affranchissement de toute forme de pouvoir, au sens large.
Dommage ! Ainsi isolés, ces quatre vers pourraient presque prendre ce sens plus profond et philosophique d’une liberté que rien, ni personne ne saurait contraindre ou soumettre. Cela serait étonnant pour l’époque et même presque jusqu’à aujourd’hui, et, il faut bien l’avouer, ne serait pas tout à fait pour nous déplaire, mais il semble qu’ils faillent plutôt les restreindre au registre amoureux. Même ainsi cela dit, ils conservent une puissance indéniable et une belle force libératoire.
Sujet : douzain, poésies courtes, ouvrage ancien. poésie satirique, humour médiéval, épigrammes Période : moyen-âge tardif, renaissance Auteurs : Melin Sainct-Gelays ou Mellin Saint- Gelais (1491-1558) Titre : La fleur de poésie Françoyse, annoté par A Van BEVER, 1909
ous revenons ici sur la fleur de poésie françoyse dont nous vous parlions, il y a quelques jours, pour vous faire partager, cette fois, un douzain largement plus drôle et satirique.
On le doit à Melin Sainct-Gelays, poète de cour qui fut contemporain de Marot et qui connut lui aussi les faveurs de François 1er, puis d’Henri II. Même si avec le temps, Clément Marot lui a quelque peu damé le pion, ce poète était très prisé et reconnu de ses contemporains. L’esprit de Sainct-Gelays était en tout cas largement aussi aiguisé quand il s’agit d’humour et de satire. Il nous en donne aujourd’hui la preuve avec ce Douzain d’un curé.
Au passage, son humour et ses railleries lui vaudront d’ailleurs quelques sérieuses inimitiés. Il fut notamment l’instigateur d’une querelle contre Ronsard, qu’il tourna en ridicule auprès de la cour en son absence ce qui donna lieu, une fois Ronsard informé du fait, à une guerre ouverte par textes interposés qui dura plusieurs années.
« Nostre vicaire, ung jour de feste, Chantoit ung agnus gringotté, Tant qu’il povoit à pleine teste, Pensant d’Annette estre escouté ; Anette, de l’aultre costé, Ploroit comme prise à son chant, Dont le vicaire en s’approchant Luy deist : Pourquoy plorez vous belle ? Ha! messire Jan, ce deist elle, Je plore ung asne qui m’est mort, Qui avoit la voix toute telle Que vous quant vous criez si fort. » Melin Sainct-Gelays – Epigramme douzain d’un curé
Une belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : poésie ancienne, huitains, poésies courtes, épigrammes, ouvrage ancien. Période : moyen-âge tardif, début renaissance Auteurs : collectif (édition originale de 1542) Titre : La fleur de poésie Françoyse, annoté par A Van BEVER, 1909
« Ung doulx baiser je prins subtillement De celle à qui mon cueur s’est adonné, Pensant par là trouver allégement Au dur travail qu’en amours m’a donné, Mais tout soubdain me trouvay estonné Quant je congneuz (cuidant mon feu estaindre) Que luy avoit nourriture donné Et que mon mal n’en estoit de rien moindre. » Anonyme – XVe, XVIe siècle – la fleur de poésie françoyse
Bonjour,
oici pour aujourd’hui un huitain léger, tiré d’un ouvrage édité pour la première fois en 1542 et 1543 et réédité au début du XXe siècle par Adolphe VAN BEVER, (1871-1927) biographe et érudit français, féru de poésie. Ce petit livre d’un peu plus de cent pages a pour titre : La fleur de poésie Françoyse:, Recueil joyeux contenant plusieurs Huictains, dixains, quatrains, chansons et autres dictez de divers matières.
C’est un carnet de poésie légère qui, on l’a compris, ne vise rien d’autre que l’amusement et le divertissement. Il s’ouvre d’ailleurs sur ces quelques vers au lecteur qui marquent bien l’ambition générale de l’ouvrage :
« Lecteur, si tu as fantaisie D’éviter dueil et desplaisir, Vois cy la fleur de Poésie Pleine de soûlas et plaisir, Tu ne pourrois esbat choysir Pour mieulx chasser oysiveté, ( Voire si tu en as désir) Qu’à lire, et veoir nouvelletè. »
Les auteurs de ce collectif sont pour la plupart restés anonymes mais on y retrouve tout de même identifiés Clément MAROT (1496-1544) ou Melin de SAINCT-GELAYS (1491-1558) dont on sent bien d’ailleurs que leur poésie de cour légère et quelquefois primesautière a inspiré d’autres auteurs de ce carnet. Pour le dire autrement, ils donnent ici le La. Edité une première fois en 1542, l’ouvrage sera réédité un an plus tard avec quelques ajouts en 1543, soit un an avant la mort de Clément MAROT.
Il semble bien que cette fleur de la poésie françoyse soit l’un des plus anciens livrets d’épigrammes et poésies facétieuses de ce genre. D’autres lui succéderont et ces petits ouvrages se multiplieront durant les débuts du XVIe siècle. La poésie s’y fera légère et spontanée, (Adolphe VAN BEVER la qualifiera même de souriante et puérile) et les auteurs en profiteront quelquefois, sous couvert d’anonymat, pour faire passer quelques poésies audacieuses, satiriques ou polissonnes. L’auteur du huitain du jour (plutôt sage), est resté, quant à lui, anonyme.
On trouve ce petit livre qui a plus de 500 ans encore à la vente chez Wentworth Press. En voici le lien à toutes fins utiles: