Agenda 2019 : le Réel et le virtuel à la lumière du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques

conferences_congres_histoire_sciences_reel_virtuel_comite-travaux-historiques_scientifiques_marseilleSujet : conférences, congrès, histoire, sciences sociales et humaines, virtuel,  techno-sciences.
Evénement : Le 114 congrès du CTHS
Thème : le Réel et le Virtuel
Organisateur : Comité des travaux historiques et scientifiques
Lieu : Mucem, Marseille, PACA
Dates : du 9 au 11 mai 2019

Bonjour à tous,

C_lettrine_moyen_age_passioneux qui connaissent moyenagepassion savent déjà combien nous affectionnons, en plus des sciences historiques, humaines et sociales, les technologies numériques (internet, mais aussi plus largement les mondes virtuels et l’infographie 3D). Ces dernières et plus généralement les techno-sciences peuvent s’avérer précieuses au moment de voyager dans l’histoire et le moyen-âge, et, disons-le aussi, sans leur présence, nombre d’articles et de recherches que nous effectuons dans le cadre de ce site n’auraient pas été matériellement possibles et, en tout cas, pas aussi « aisément ».

Voilà donc un événement qui sort du cadre médiéval mais que nous relayons avec grand plaisir parce qu’il intéresse les manières de conduire les sciences autant que l’apport du numérique dans notre monde moderne et les nombreuses questions soulevées par son utilisation.

Le 114 congrès du CTHS
Marseille du 9 au 11 mai 2019

Ouvert aux jeunes chercheurs, aux universitaires, mais aussi aux auditeurs libres, le 144e Congrès du Comité des travaux historiques et scientifiques se tiendra à Marseille, en mai prochain. Il proposera trois journées de réflexions sur le thème du Réel et du Virtuel en compagnie d’érudits, d’universitaires et de représentants de Sociétés Savantes d’origine pluridisciplinaire.

comite-travaux-historiques-scientifiques_congres_conferences_histoire_sciences_reel_virtuel_MarseilleAu programme, conférences, réflexions et échanges sur « la virtualisation du monde, sur l’histoire et le statut contemporain du virtuel, sur ses conséquences directes sur le fonctionnement et l’organisation de nos sociétés, ainsi que sur les réceptions sociales de ces représentations ».

Sous la présidence scientifique de l’anthropologue et ethnologue, Sophie Chevalier, également co-directrice de la revue numérique  Ethnographiques.org, cinq-cent participants sont déjà attendus, issus, comme nous le disions plus haut, des disciplines les plus variées; histoire, géographie, sciences, ethnologie, anthropologie, préhistoire et protohistoire, archéologie, philologie, environnement, histoire de l’art. De fait, ce congrès promet d’être un événement d’exception pour qui s’intéresse à toutes ces problématiques.

Pour plus d’informations sur les sujets abordés et les inscriptions, voir le site officiel du CTHS et du 114e Congrès

Le Comité des Travaux Historiques et Scientifiques : quelques mots d’Histoire

F_lettrine_moyen_age_passion-copiaondé par décret dans la première moitié du XIXe siècle (1834), par l’historien et homme politique François Guizot, le Comité avait pour vocation de publier des documents et recherches inédites, avec l’appui des fonds publics. Au cours des trois décennies suivantes, il allait faire l’objet de nombreux aménagements de statut, pour devenir un organisme représentant à la fois le champ de la recherche mais également les sociétés savantes. Du même coup, les questions de l’articulation de l’Histoire avec les autres sciences et « humanités » y trouverait une place de choix et les thèmes allaient même bientôt s’élargir du champ national vers  d’autres terres.

Les deux guerres successives du XXe siècle ayant ralenti son activité et décimé aussi un nombre important de ses membres, il fut question, autour de 1942,  de procéder à sa liquidation, mais il tint bon sous l’égide de Julien Cain, alors fraîchement nommé administrateur de la Bibliothèque Nationale. La décision fut la bonne et dès l’après-guerre, le comité se vit attribuer de nouveaux crédits de recherche.

A dix ans de là, en 1956, il modernisa ses statuts en s’ouvrant sur la province et renforça encore ses liens avec les Sociétés savantes et les universités. En 1981, séparé de la Bibliothèque Nationale alors rattachée au Ministère de la Culture, il augmenta ses domaines d’investigation, en confirmant, une nouvelle fois, son ouverture vers les Sociétés savantes et leur représentation. Il accrut également le nombre de ses membres et, dans le courant des années suivantes, put ainsi publier un nombre grandissant d’ouvrages dans ses différents domaines de prédilection : philologie et histoire (jusqu’aux débuts du XVIIIe), archéologie, sciences, géographie, sciences économiques et sciences sociales, histoire contemporaine. histoire des sciences & des techniques, protohistoire et préhistoire, anthropologie et ethnologie française.

Rattaché depuis 2007 à l’Ecole Nationale des Chartes sous le nom de Comité des travaux historiques et scientifiques, il se compose aujourd’hui de 255 membres titulaires élus, tous adhérents de sociétés savantes nationales et locales. Ses missions et travaux ouvrent la participation  de près de 700 000 intervenants. En plus des ouvrages et publications qu’il fait paraître chaque année, il édite également un Bulletin gratuit sur ses activités et colloques: le bulletin de liaison des sociétés savantes.

Plus intéressant encore, en visitant le site  du Comité vous pourrez encore trouver nombre d’articles et de publications d’intérêt en accès gratuit mais aussi un conséquent dictionnaire topographique de la France  (sous divers formats numériques).

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Larmes et plaintes : pauvreté et devoir des princes sous la plume médiévale de Jean Meschinot

manuscrit_24314_jean_Meschinot_poete_breton_medieval_poesie_politique_satirique_moyen-age_tardifSujet : poésie satirique, morale, poésie médiévale, poète breton. devoirs des princes, miroirs des princes, poésie politique, auteur médiéval, Louis XI
Période : moyen-âge tardif, XVe siècle
Auteur : Jean (Jehan) Meschinot (1420 – 1491)
Manuscrit ancien : MS français 24314 bnf
Ouvrage : Les lunettes des Princes & poésies diverses.

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans le courant du XVe siècle et à l’aube de la renaissance, le poète breton  Jean Meschinot s’élevait avec véhémence contre la poigne et les abus de la couronne, en la personne de Louis XI. De sa plume satirique et acerbe, l’auteur médiéval contribuait ainsi à alimenter la légende du roi tyrannique, injuste et cruel qui allait suivre longtemps le souverain du moyen-âge tardif  (voir par exemple   le verger du roi Louis de Théodore de Banville) (1).

O vous qui yeux avez sains et oreilles,
Voyez, oyez, entendez les merveilles -,
Considérez le temps qui présent court.
Les loups sont mis gouverneurs des oueilles ;
Fut-il jamais (nenny!) choses pareilles?
Plus on ne voit que traisons à la court.

Je croy que Dieu paiera en bref ses dettes,
Et que l’aise qu’avons sur molles couettes
Se tournera en pouvretez contraintes.
Puisque le chef qui deust garder droicture
Fait aux pouvres souffrir angoisse dure
Et contre luy monter larmes et plaintes.

Les bestes sont, les corbins et corneilles,
Mortes de faim, dont peines non pareilles
Ont pouvres gens : qui ne l’entend est sourd !
Las ! ilz n’ont plus ne pipes ne bouteilles,
Cidre ne vin pour boire soubz leurs treilles,
Et, bref, je vois que tout meschief leur sourt…

Seigneur puissant, saison n’est que sommeilles,
Car tes subjectz prient que tu t’esveilles.
Ou aultrement leur temps de vivre est court.
Que feront-ils si tu ne les conseilles ?
Or n’ont-ilz plus bledz, avoines ne seigles,
De toutes parts misère leur accourt.

A grant peine demeurent les houettes.
L’habillement des charrues et brouettes,
Qu’ilz ne perdent et aultres choses maintes,
Par le pillart* (allusion au roi) qui telz maulx leur procure,
Auquel il faut de tout faire ouverture.
Et contre luy montent larmes et plaintes.

(…)

Le peuple donc qu’en main tenez
Ne le mettez à pouvreté,
Mais en grant paix le maintenez,
Car il a souvent pouvre esté,
Pillé est yver et esté,
Et en nul temps ne se repose :
Trop est batu qui pleurer n’ose.

Croyez que Dieu vous punira
Quant vos subgectz oppresserez;
L’amour de leurs cueurs plus n’ira
Vers vous, mais haine amasserez ;
S’ilz sont pouvres, vous le serez,
Car vous vivez de leurs pourchas* (leurs avantages, leur travail)

Bien sûr, le contexte a changé et il ne s’agit pas de comparer la France de   Louis XI  à celle du XXIe siècle, et encore moins l’action de ce souverain à celle de nos dirigeants en date.

Si ce dernier a rien moins que tripler ou quadrupler l’impôt au cours de son règne, l’usage qu’il en fit reste sans commune mesure avec les politiques actuelles. Pour n’en dire que quelques mots, il modernisa, en effet, le royaume, mis à mal la féodalité et œuvra dans le sens de sa prospérité économique. A tout cela et pour mieux se resituer dans le contexte, il faut encore ajouter que   Meschinot  était pris activement dans le conflit qui opposait alors le roi de France à ses nobles et vassaux, sous la bannière de la ligue féodale du bien public auquel le duc de Bretagne avait adhéré.

Au delà de tout cela, il reste tout de même, de ces Lunettes des princes de Meschinot quelques belles leçons de morale politique qui continuent encore, aujourd’hui, de faire sens sur le fond.

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

(1) Sur les représentations complexes et paradoxales autour de la personne de Louis XI et notamment l’usage qu’en firent les romantiques du XIXe siècle, voir l’article de Isabelle Durand-Le Guern : Louis XI entre mythe et Histoire, Figures mythiques médiévales aux XIXe et XXe siècles, CRMH, 11.2004.