Sujet : citation, médiéval fantastique, monde médiéval, JRR Tolkien, médiévalisme, le seigneur des anneaux, poésie
“Home is behind, the world ahead, and there are many paths to tread through shadows to the edge of night, until the stars are all alight.”
J.R.R. Tolkien – The Lord of the Rings
« La maison est derrière, le monde devant nous Et de nombreux chemins restent à arpenter A travers les ombres, jusqu’au bord de la nuit, Jusqu’à ce que les étoiles soient toutes éclairées.«
Sujet : troubadours, langue d’oc, poésie, chanson, musique médiévale, chant de croisade. poésie satirique, occitan Période : moyen-âge central, XIIe siècle Auteur : Marcabru (1110-1150) Titre : « L’autrier, a l’issida d’abriu» Interprète : Ensemble Tre Fontane
Album : Le Chant des Troubadours v1(1992)
Bonjour à tous,
ous repartons, aujourd’hui, pour le pays d’Oc médiéval et ses premiers troubadours, avec une nouvelle chanson de Marcabru (Marcabrun). Au menu, sa traduction de l’occitan vers le français moderne, quelques réflexions sur son contenu, et sa belle interprétation par l’Ensemble Tre Fontane.
Quelques réflexions
sur la chanson médiévale du jour
« L’autrier, a l’issida d’abriu » est une pièce satirique qui débute de manière « conventionnelle », entendez courtoise, avec même de claires allures de pastourelle. Aux portes du printemps, le poète occitan se tient en pleine nature et un chant d’oiseau va l’inspirer. Il croise ainsi une jeune fille, tente de la séduire, mais bientôt les vers de cette dernière se font satiriques et désabusés. La demoiselle se détourne de lui, son cœur est ailleurs, lui dit-elle : prix, jeunesse et joie déchoient. A qui se fier dans un siècle où les nobles valeurs se perdent ? Même les puissants seigneurs s’y associent aux pires goujats. Croyant éviter les trahisons adultérines en confiant à ces derniers la garde de leurs épouses, ils se fourvoient grandement et sont deux fois trahis.
Au delà d’une première approche de traduction, peut-être faut -il renoncer à comprendre totalement la poésie de Marcabru pour la goûter pleinement ? Cette question n’en finit pas d’être posée à travers les vers tout en allusion de ce troubadour qui semblent, si souvent, se référer à des réalités connues, seules, de ses contemporains, quand ce n’est pas seulement de lui-même.
Le texte du jour n’échappe pas à la règle. Avec cette image de l’épouse cadenassée et sous bonne garde, Marcabru fait-il référence, sans le nommer, au cas d’un noble en particulier, en prenant soin, au passage, de le noyer dans une catégorie : celles des « hommes puissants et des barons » ? Le phénomène est-il si généralisé qu’il a l’air de le dire ? N’est-ce là qu’un prétexte fourni au grand maître de cette forme de poésie hermétique qu’est le trobar clus, pour critiquer indirectement la toile de fond courtoise et ses fréquents appels à l’adultère ? On le sait, les valeurs qu’affectionne le poète occitan sont chrétiennes et les amours cachées et interdites mises en exergue par la courtoisie ne sont pas pour lui, ni de son goût « moral ».
« L’autrier, a l’issida d’abriu » Marcabru par l’Ensemble Tre Fontane
Le Chant des Troubadours d’Aquitaine
par l’Ensemble Tre Fontane
« L’autrier, a l’issida d’abriu »,
de l’occitan médiéval au français moderne
Pour la traduction nous avons suivi partiellement celle de JML Dejeanne (Poésies complètes du troubadour Marcabru (1909). Le reste est le fruit de croisements et de recherches personnelles.
I L’autrier, a l’issida d’abriu, En uns pasturaus lonc un riu, Et ab lo comens d’un chantiu Que fant l’auzeill per alegrar, Auzi la votz d’un pastoriu Ab una mancipa chantar.
L’autre jour, au sortir d’avril, Dans des pâturages, au long d’un ruisseau, Et, alors (la chanson) commence un (d’)chant Que font les oiseaux pour se réjouir, J’entendis la voix d’un pastoureau Qui chantait avec une jeune fille.
II Trobei la sotz un fau ombriu —« Bella, fich m’ieu, pois Jois reviu ………………………………………….. Ben nos devem apareillar. » — « Non devem, don, que d’als pensiu Ai mon coratg’ e mon affar. »
Je la trouvais sous un hêtre ombreux. — « Belle, lui dis-je, puisque Joie revit. …………………………………………….. Nous devrions bien nous mettre ensemble.» — « Nous ne le devons pas, Sire, car ailleurs Sont tournés mon coeur et mes préoccupations.» (« pensées & désirs ». Dejeanne)
III — « Digatz, bella, del pens cum vai On vostre coratges estai? » — « A ma fe, don, ieu vos dirai, S’aisi es vers cum aug comtar, Pretz e Jovens e Jois dechai C’om en autre no’is pot fiar.
— « Dites-moi, belle, de ses pensées qui ainsi, occupent votre cœur? » — « Par ma foi, sire, je vous dirai, S’il est vrai comme je t’entends conter, Prix, Joie et Jeunesse déchoient, De sorte qu’on ne peut se fier à personne.
IV D’autra manieira cogossos, Hi a ries homes e baros Qui las enserron dinz maios Qu’estrains non i posca intrar E tenon guirbautz als tisos Cui las comandon a gardar.
D’autre façon (dans un autre registre)sont cocufiés les maris. Et il est des hommes puissants et barons Qui enferment leurs femmes dans les maisons, Afin que les étrangers ne puissent y entrer, Et qui tiennent des goujats aux tisons Auxquels ils donnent ordre de les garder.
V E segon que ditz Salamos, Non podon cill pejors lairos Acuillir d’aquels compaignos Qui fant la noirim cogular, Et aplanon los guirbaudos E cujon lor fills piadar. »
Et selon ce que dit Salomon, Ceux-là ne peuvent accueillir de pires larrons Que ces compagnons qui abâtardissent les rejetons (1),. Et ils caressent les goujats En s’imaginant ainsi couvrir leurs propres fils d’affection.» (2)
(1)La traduction que nous avons utilisée ici de « noirim » comme bouture, rejeton, nourrain provient du Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours: comparée avec les autres langues de l’Europe latine, P Raynouard (1811) De son côté JML Dejeanne (Poésies complètes du troubadour Marcabru (1909) traduit : « abâtardissent la race ». Pour information, on trouve le même terme traduit comme « nourriture » dans le Dictionnaire d’Occitan Médiéval en ligne.
(2) Raynouard : rendre leur fils plus affectueux
En vous souhaitant une agréable journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : fêtes, animations, compagnies médiévales, moyen-âge festif, marché médiéval Lieu : Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays-de-la-Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Evénement: Médiévales d’ici et d’ailleurs Dates: du 19 au 21 juillet 2019
Bonjour à tous,
ncore une fois, le week-end s’annonce chargé en fêtes sur le thème du Moyen-âge et de nombreuses compagnies médiévales seront de sortie pour les animer. Voici une sélection non exhaustive de ces réjouissances.
Les Festes du Castrum d’Arcus
Lieu : Les Arcs sur Argens,
Var, Provence-Alpes-Côte d’Azur Dates : 19, 20, 21 et 22 juillet 2019
Marché médiéval, animations, tournois, joutes inter-villages, spectacles son et lumière en nocturne.
Sujet : musique médiévale, Cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracles, Sainte-Marie, vierge, pèlerin, guérison, El Puerto de Santa Maria. Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle. Auteur : Alphonse X (1221-1284) Titre : Cantiga 375 En todo nos faz merçee Ensemble : Grupo de Música Antigua, dir Eduardo Paniagua Album : Remedios Curativos(1997)
Bonjour à tous,
u côté du culte marial médiéval, voici une nouvelle Cantiga de Santa Maria tirée du corpus d’Alphonse X de Castille. C’est un nouveau récit de miracle qui porte, cette fois, sur la guérison d’un cheval mourant sauvé par l’intervention de la Sainte. Il fait partie d’un groupe de chants dédiés a Santa Maria del Puerto.
Alphonse X et Santa Maria del Puerto
En 1260, le souverain de Castille reprit le port et la cité d’Alcanatif (Alcanate) des mains des conquérants musulmans qui l’occupaient depuis les débuts du VIIIe siècle. Il rebaptisa alors le lieu Santa Maria del Puerto. Un château y fut bientôt édifié (le Castillo de San Marcos) sur le site de l’ancienne mosquée et une église dédiée à Sainte-Marie del Puerto fut fondée. L’Ordre de Santa María de España crée par Alphonse X y fut également établi.
Aujourd’hui, El puerto de Santa María est visitée pour ses attraits balnéaires mais on peut encore y croiser des pèlerins. Une procession y est aussi organisée, chaque année, en septembre, autour de la Sainte, également connue sous le nom de la vierge des Miracles.
Le Cancionero de Santa Maria de El Puerto
Les chants dédiés a Sainte-Marie du port sont au nombre de vingt-quatre dans l’ensemble du corpus des Cantigas d’Alphonse le Savant. Ils sont généralement regroupés sous le nom de Cancionero de Santa Maria de El Puerto ( Santa Maria do Porto).
Eduardo Paniagua et les Remèdes curatifs
dans les Cantigas de Santa Maria
Nous vous avons déjà touché un mot ici de Eduardo Paniagua (Voir portrait détaillé ici). Ce passionné de musiques médiévales s’est forgé une grande réputation du côté de la péninsule ibérique. S’il ne s’est pas limité au répertoire des Cantigas d’Alphonse X, il leur a néanmoins dédié un nombre impressionnant d’albums, au moyen de divers regroupements thématiques. Il a même réussi à couvrir ainsi l’ensemble de ce corpus et, à ce jour, c’est une des seuls, à notre connaissance, à l’avoir fait.
En 1997, entouré de sa formation le Grupo de Música Antigua, le grand directeur de musique espagnol proposait un album de onze Cantigas de Santa Maria sur le thème des remèdes curatifs (pour une autre pièce issue de cet album, voir aussi Cantiga 189 : dragon, poison et guérison miraculeuse pour un courageux pèlerin) Il est toujours disponible à la vente et voici un lien qui vous permettra de le découvrir ou de l’acquérir au format CD ou MP3 : Remedios Curativos – Cantigas de Santa Maria
La Cantigas de Santa Maria 375
et sa traduction en français actuel
Como Santa María do Porro guariú un cavalo dun escrivá del Rey que lle quería morrer.
Comment Sainte-Marie du Port guérit le cheval mourant d’un scribe du roi.
En todo nos faz merçee a Sennor que todo vee.
Elle nous est miséricordieuse (fait grâce) en tout La Dame qui voit tout
Merçee por humildade nos faz, e por sa bondade acorre con pïadade a quen lle pede merçee.
En todo nos faz merçee a Sennor que todo vee.
Elle nous fait miséricorde par humilité
et par sa grande bonté
Et secourt avec piété, Qui lui demande sa grâce.
Refrain
Sequer enas bestias mudas nos mostra muitas aiudas grandes e mui conosçudas a Senor que todo vee.
En todo nos faz merçee a Sennor que todo vee.
Au moins pour les bêtes muettes, Elle nous montre ses nombreuses aides Grandes et très célèbres La Dame qui voit tout.
Refrain
E de tal razon fremoso miragre maravilloso a Madre do Glor’ioso fezo , comprida merçee,
En todo nos faz merçee a Sennor que todo vee.
Et sur ce beau sujet,
La Mère du Glorieux fit Un miracle merveilleux (démontrant sa) parfaite Miséricorde.
Refrain
Na çibdade de Sevilla, que é grand’ a maravilla, mostrou a Madr’ e a Filia de Deus que nos sepre vee,
En todo nos foz merr¡ee a Sennor que todo vee.
Dans la cité de Séville, Qui est grande par ses merveilles Elle a montré la mère et fille De Dieu qui toujours nous voit
Refrain
A Bonamic, que avía seu cavall’ e lle morría. Porend’ a Santa María do Porto pidiu merçee
En todo nos faz merçee a Sennor que todo vee.
A Bonamic (1), qui avait Son cheval qui se mourait Et pour cela, avait demandé grâce
à Sainte-Marie du Port.
Refrain
Que, se ll’o cavalo désse vivo, porende possesse un de cera que sevesse ant’ ela que todo vee.
En todo nos faz merçee a Sennor que todo vee.
Que, si elle sauvait la vie du cheval, Il ferait don d’un de cire qu’il possédait, Devant celle qui voit tout (en son sanctuaire).
Refrain
Est’escrivan del Rey era, que do cavalo presera mui gran coita e soubera que morría; e merçee
En todo nos faz mercee a Sennor que todo vee.
Et celui-là qui était scribe du roi, Etait pris pour ce cheval, De grande douleur, sachant Qu’il allait mourir: et miséricorde.
Refrain
Pidiú aa Glorfosa que é Sennor pïadosa, que de ll’o dar poderosa é, ca nossas coitas vee.
En todo nos faz mercee a Sennor que todo vee.
Il a demandé à la Glorieuse Qui est dame de piété Qu’elle accorde de son pouvoir Car elle voit toujours nos ennuis.
Refrain
E ú iazía tendudo ia come mort’ e perdudo, fez-ll’o a que noss’escudo é viver por sa merçee.
En todo nos faz mercee a Sennor que todo vee.
Et à celui qui était étendu Comme mort et déjà perdu, Celle qui est notre bouclier le fit, Vivre par sa miséricorde.
Refrain
E tan toste deu levada e comeu muita çevada. E porem foi mui loada a Senor que todo vee.
En todo nos faz merçee a Sennor que todo vee.
Et aussitôt que la bête fut levée; Elle mangea de grandes quantités d’orge Et La dame qui voit tout
fut, de tous, grandement louée. .
Refrain
(1)Bonamic Zavila, clerc et scribe du roi établi à Murcia, qui, selon l’universitaire Jesús Montoya Martínez ( Cancionero de Santa María de El Puerto) a également accompagné le souverain Alphonse X durant un voyage qu’il effectua à Beaucaire pour visiter le pape.