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A Dinan, 100 000 visiteurs attendus pour le grand retour de la Fête des Remparts

Blason, armoirie de la ville de Dinan, Côtes d'Armor, Bretagne

Sujet : festival médiéval européen, compagnies médiévales, festival historique, animations médiévales, campements, marché, inspiration médiévale, monde médiéval. Moyen Âge festif, médiéval Fantastique.
Evénement : La fête des Remparts de Dinan 2023, 40eme anniversaire.
Lieu : Dinan, Côtes-d’Armor (Bretagne)
Date : les 22  et 23 juillet 2023

Bonjour à tous,

ans la famille des événements festifs autour du Moyen Âge, il en est un qui se distingue à plus d’un titre dans l’hexagone, et pas seulement parce qu’il se déroule en Bretagne dans un cadre patrimonial et historique d’exception.

Avec plus de 100 000 visiteurs attendus, la Fête des Remparts de Dinan a, en effet, su se convertir en un des festivals médiévistes les plus populaires de l’hexagone. Idéalement programmée au cœur de l’été, on vient même la visiter de loin et si elle a lieu tous les deux ans, c’est sans aucun doute pour mieux savoir se faire apprécier.

Les 40 ans de la Fête des remparts

Affiche de la Fête des Remparts de Dinan 2023

Cette année, après une absence de près de 5 ans, l’Association de la Fête des Remparts de Dinan célébrera ses 40 ans et, avec eux, le 40eme anniversaire de l’événement. La fête avait, en réalité, connu une édition 2021 réduite sous le coup des restrictions Covid. Autant dire que tous les efforts ont été déployés pour que la qualité de cette édition soit plus que jamais au rendez-vous.

Pour s’assurer de son succès, pas moins de 700 bénévoles s’y sont investis. Au nombre des partenaires de l’événement, la région, le département et la commune y sont associés ainsi que de nombreux acteurs économiques et commerçants locaux. Enfin, en ce qui concerne les compagnies médiévales et les professionnels de l’animation attendus, ils seront légion, ce week-end, à animer les rue de la cité médiévale bretonne.

Un festival médiévaliste européen

Ici, l’ambition de l’organisateur s’affiche de manière double et si l’événement se veut festif, il entend bien également être à la hauteur d’un certain parti-pris pédagogique : en un mot, faire découvrir le riche patrimoine et l’histoire de Dinan est aussi au programme. On pourra donc y célébrer, autant que mieux comprendre la nature de ce Moyen-Âge qui se dévoile, ici, à chaque coin de rue dans l’architecture, les pierres et le patrimoine de la cité qui n’est pas classée ville d’art et d’histoire par hasard. C’est d’ailleurs dans cet esprit pédagogique que cette médiévale s’ouvre, à l’habitude, sur un prélude de deux jours qui permettra aux plus jeunes d’assister à différents ateliers de sensibilisation dès les 20 et 21 juillet.

A cette double ambition, vient encore s’ajouter, cette année, la volonté d’être la vitrine d’un médiévalisme plus moderne. Aujourd’hui, la Fête des Remparts se positionne donc comme un Festival Médiévaliste Européen, autrement dit un événement qui entend s’ouvrir plus largement sur le monde médiéval pas seulement historique mais également tel qu’il est représenté, joué, mis en scène ou célébré de nos jours.

Animations de rue, tournois et campements

Pour ce cru 2023, la liste des compagnies invitées, autant que la programmation, laissent présager d’une belle intensité et les festivaliers devraient avoir fort à faire ce week-end, à Dinan. Dans les rues du centre ville, musiciens, saltimbanques et comédiens seront là pour faire battre le cœur de la fête entre concerts, farces, théâtres et saynètes, et autres déambulations spectaculaires ou humoristiques.

Grand marché médiéval et artisanal aux Fêtes de Remparts de Dinan 2023

Au titre des temps forts de cette Médiévale, on pourra également assister à un grand tournoi de chevalerie, en l’honneur de Bertrand Du Guesclin, découvrir les arcanes de la fauconnerie ou encore se replonger dans l’ambiance des foires, comme il s’en tenait à Dinan, au cours du Moyen Âge central. En d’autres espaces dédiés, la fête des remparts permettra aussi de s’immerger dans la vie de Dinan, au Moyen-Âge plus tardif avec des campements d’époque animés par des troupes de reconstituteurs, dont même une d’origine viking.

Autant dire que l’immersion sera de la partie entre découverte de la vie civile et militaire aux temps médiévaux. Au programme, démonstrations diverses d’artisanat et de savoir-faire d’époque, armements et techniques de combat, mais pas seulement, l’interactivité sera au rendez-vous avec divers jeux ou ateliers immersifs pour tous les âges.

Sur le plan des horaires, la fête et ses animations se prolongeront jusqu’à la nuit et le samedi soir fournira même l’occasion d’un défilé géant de toutes les troupes dans les rues de la ville. Pour clore l’événement dans la bonne humeur, la soirée du dimanche se prolongera, quant à elle, par un grand bal animé.

Compagnies médiévales et troupes invitées

Arkaval Spectacles – Battle of Colors – Parchemin et par Pot – Forge d’Arnthor – La Petite Hulotte – Cie Lilamayi Mediemome – Scriptoria Mima – Meute de Nuada – Confrérie de la Corneille – Les Mains à la Terre – Jardin Parallèle – Les compagnons de Rivallon – Maisnie des remparts de Dinan – La Gargouille – Gweltaz le Sauvage – La 9e baronnie – Via Cane – Smedelyn et la Volte Gaillarde – Cie Lily – Les Griboulets – Le foubon – L’envolante – Entre chien et jeu – Les coupeurs de bourses – Chamania – La Confrérie de Coëtquen – La Milites-Pagenses – L’Host à Moelle – Le Clan Asketill – La Meute de Nuada – Cie La Beluga – Axel le Jongleur – Venere Gumaine – Les Tritons Ripailleurs – Théâtre du laid cru – Cie du Théâtre de Pan – Le Chat Botté – Rhésus – Passion de roy – Cie Paris Bénarès – Cie de la Lune d’Ambre – les Lions de Montfort – La Muse – La Chalémie – Cie Armutan – Aouta –

Animations médiévales, reconstituteurs et compagnies invitées à la fêtes des remparts 2023

Grand marché artisanal d’inspiration médiévale

Pour parfaire ce programme et comme à chaque édition, de nombreux artisans et leurs échoppes seront aussi là pour combler les désirs de shopping, comme les envies de souvenirs ou de cadeaux originaux. Les exposants seront plus de cent-quarante cette année à Dinan, pour un marché artisanal qui regroupera des tendances allant de la reconstitution historique à des inspirations médiévales plus libres et imaginatives.

Salon du livre, conférences & jeux de rôles

Enfin pour terminer, un salon du livre viendra assurer les nourritures plus intellectuels du Festival. Il sera l’occasion de découvrir des maisons d’édition et auteurs entre histoire médiévale, fictions ou même bandes dessinées. Des conférences se tiendront également tout le week-end dans son prolongement, sur le thème du médiévalisme et du Moyen Âge imaginaire.

Le vendredi soir, une soirée spéciale jeux de rôles est aussi prévue sur réservation. Elle sera animée par deux universitaires, William Blanc et Laurent Di Filippo ; ils troqueront pour l’occasion leur toge pour un rôle de maître du jeu et un divertissement assurément plus débridé.

Pour plus d’informations sur le programme de ces fêtes des Remparts 2023, connectez-vous sur le site officiel de l’événement.



Voir aussi nos articles précédents sur cette fête médiévale bretonne :
Edition 2016 (avec mention sur l’histoire médiévale de Dinan)
Edition 2017 fous d’Histoire Edition 2018Edition 2021

En vous souhaitant une belle  journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Monde médiéval sous toutes ses formes.

sur l’agenda, Le moyen âge festif de retour à Locronan

Blason armoirie de la ville de Locranan en Bretagne

Sujet : agenda médiéval, fêtes, animations médiévales, Moyen Âge festif, reconstitution, marché artisanal, marché médiéval, compagnies médiévales, campements.
Evénement : La Médiévale de Locronan 2022
Lieu :  Locronan, Finistère, Bretagne.
Dates : le dimanche 30 avril et lundi le 1er mai 2022

Bonjour à tous,

prés deux ans d’absence, la Médiévale de Locronan est, de retour sur l’agenda. Elle se tiendra durant tout le week- end du 1er mai et fournira l’occasion aux locaux, comme aux visiteurs de passage dans le Finistère, de célébrer le Moyen Âge en grand.

Au programme de la Médiévale de Locronan

Affiche de la Médiévale de Locronan 2022

En 2019, la dernière édition de cette fête médiévale avait accueilli près de 20000 visiteurs. Pour ce cru 2022, les associations Memoria Medieval Heram & MedievaLokorn qui l’organisent attendent un beau succès. Il s’agira d’une première reprise de l’événement, après deux ans d’annulation dues à la crise sanitaire.

Au programme des animations, mesnies, compagnies médiévales, mais encore joyeux troupes de musiciens et de comédiens viendront animer la fête. En plus d’un campement médiéval avec ses combats et ses ateliers, on assistera à des démonstrations de Béhourt effectués par des combattants chevronnés venus de Brest et de Quimper, spécialement pour l’occasion. A tout cela, viendront s’ajouter déambulations variées, animations de rue et musique d’époque. Pour faire bonne mesure, un marché d’inspiration médiévale sera aussi de la fête avec ses artisans et ses échoppes.

Compagnies médiévales & artistes attendues

Photos des Animations et compagnies des médiévales de Locronan

La Mesnie du Goëlo – Monkey flamme – MedievaLokorn La compagnie Ar Laouen Broc’h – Memoria Medieval Heram – Bardawen et le chaudron folklorik – Thierry Brillault – Combattants de Béhourt de Renne et Quimper – Medievalokorn – et plein d’autres surprises encore en préparation !

Voir la page officielle de l’événement

Par les heureux hasards du calendrier, un Fest Noz est également prévu, à Locronan, cette même fin de semaine. On y attend les concerts de huit groupes bretons dans une ambiance celte et festive. En voici la liste : Belbeoc’h – Tosser – Deudé – Hémon – Henaff – Gloaguen – Kervern et DBL. A noter que la cité bretonne accueillera aussi, ce même week-end, un salon du livre pour les amateurs de littérature et notamment de polars.

A toutes ces raisons de visiter Locronan, pour ce week end du 1er mai, il faudra encore ajouter, pour ceux qui ne s’y sont jamais rendus, les charmes de cette jolie cité bretonne et son patrimoine architectural unique qui l’ont faite labeliser au titre des plus beaux villages de France.

Voir notre article sur la médiévale 2019 de Locronan.

Une très belle journée à vous.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

NB : les photos ayant servi à illustrer cet article sont tirées du travail de Claude Pichavant. Vous pourrez en retrouver bien plus sur sa page Facebook dédiée aux nombreux événements qu’il couvre.

Agenda : en juillet, le Moyen Âge festif de retour à Dinan

Blason armoirie Dinan, Bretagne

Sujet : fêtes historiques, fêtes médiévales, compagnies médiévales, spectacles, animations médiévales, marché médiéval
Période : Moyen Âge, médiévalisme
Evénement : Les Remparts de l’Histoire
Lieu : Dinan, Côtes-d’Armor (Bretagne)
Date : du 20  au 25 juillet 2021

Bonjour à tous,

i l’année 2020 a vu s’annuler un nombre incalculable d’événements culturels, dont bien sûr aussi des festivals et fêtes médiévales au motif que l’on sait, cette tendance s’est poursuivie en 2021. Le climat psychologique a joué ; il faut beaucoup d’énergie mais aussi un minimum de foi en l’avenir pour mettre en place des événements. En l’absence de visibilité, de calendrier stratégique et de directions claires, pas facile de se mobiliser.

Gestion culturelle & fêtes médiévales 2021

Animations médiévales Dinan, les remparts de l'Histoire

Plus encore, pour des raisons évidentes de logistique tout autant que de balance économique, les organisateurs n’étaient et ne sont pas toujours en situation de se plier aux mesures sanitaires et aux « jauges » imposées par l’exécutif. Enfin, Pour donner une vision complète du tableau, on pourra encore mentionner dans ces difficultés, la possibilité de décisions intempestives de dernière minute (par l’exécutif et aux mains des préfets) susceptibles de venir annuler une fête ou un festival sur le point d’être lancé et qu’on croyait acquis.

Bref pas simple, même si cet été, certains organisateurs se donnent tout de même les moyens d’être dans les clous pour reprogrammer des fêtes autour du Moyen Âge. C’est notamment le cas de la cité médiévale bretonne de Dinan. En cette fin de mois de juillet, elle entend, en effet, célébrer son Moyen Âge avec une fête qui prendra, toutefois, une forme un peu différente. Présentée comme « intimiste », pour la distinguer de la traditionnelle fête des remparts, l’Association organisatrice a baptisé l’événement ”Les Remparts de l’Histoire”. Formule intermédiaire, il ne s’agit donc pas de l’habituelle Fête bisannuelle des remparts, annulée l’année dernière et qui devrait retrouver sa programmation normale en 2022.

Au programme de la fête médiévale de Dinan

Compagnies médiévales et Moyen Âge festif à Dinan

Soucieux de respecter toutes les mesures encore en vigueur, les organisateurs précisent avoir tout mis en œuvre depuis un an pour proposer un événement qui corresponde aux exigences fixées par l’exécutif. Comme la situation semble s’être un peu éclaircie en matière de coercition, on peut se montrer doublement optimiste.

Si la voilure a été réduite au motif de mesures sanitaires, l’Association des Remparts a tout de même packagé, à son habitude, un événement plutôt attractif : compagnies médiévales, animations et spectacles, marché inspiré du Moyen Âge resteront au programme. Mais là où tout le centre ville se mobilise, de manière ouverte, à l’occasion de la Fête des remparts, pour ces Remparts de l’histoire, les lieux seront mieux circonscrits pour en maîtriser les accès et les règles : masques obligatoires, respect des distances, nombre de personnes en simultanée sous contrôle. L’Association précise que « L’accès se fera sans pass sanitaire car la jauge totale est inférieure à 1 000 personnes«  (1).

Liste des compagnies médiévales répertoriées

Du point de vue des animations programmées à l’occasion de ces festivités de Dinan, elles se tiendront sur deux sites. Une vingtaine de compagnies médiévales y sont attendues. Des joutes et tournois à cheval sont aussi prévus. Quant au marché artisanal, un peu plus d’une trentaine d’exposants devraient y être présents.

Arkaval – Les Ecuyers de l’Histoire – Clair Obscur – L’effet Railleur – Créalid – Théâtre du Laid Cru – Les pies – OO-Kaï – Gueule de loups – Les coupeurs de Bourses – Rêves temporels – Trace du Geste – Battle of color – Belli Mercator – Sembadelle – Confrérie de Coëtquen – Vitalamine – Art’Themis – La Mesni du Goëlo – Sonjévéyés – La Chalémie – Julien Danielo

Stands et marché médiéval à Dinan

Si les visiteurs sont enjoints, comme d’habitude, à se costumer à la façon médiévale, tous les lieux de spectacles et animations seront, avec le marché d’inspiration médiévale (rebaptisé marché « médiévaliste ») accessible pour une somme modique. C’est mathématique, en réduisant la voilure, on peut moins compter sur le nombre pour aider au financement d’un tel événement, sans compter la logistique induite par le contexte.

Pour conclure, la fête s’adresse-t-elle seulement aux dinannais ou même aux habitants de Bretagne et des Côtes-d’Armor ? Loin s’en faut. Les 5 jours prévus devraient pouvoir permettre de contenter un grande nombre de visiteurs dans le respect des règles. Si vous prévoyez de venir de loin, la prudence recommanderait de contacter les organisateurs pour s’enquérir des places disponibles ou d’éventuelles réservations. Consulter le site officiel ici pour en savoir plus : Fête des remparts Dinan.

Vous pouvez consulter nos articles précédents sur les fêtes de Dinan ici : Edition 2018 de la fête des Remparts Les fous d’Histoire 2017 Les fous d’Histoire 2016

En vous souhaitant une très belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

(1) Pardon pour cette disgression, mais il est difficile de s’empêcher de réprimer un frisson à se dire que ce type d’affirmations est peut-être, en passe, de se banaliser : « Pass sanitaire requis ou non à l’entrée ». Vous nous avez compris, pas du fait des organisateurs d’événement de taille, mais en raison des orientations politiques en cours. S’il est bien clair que les visiteurs n’auront pas à le faire à cette fête de Dinan, l’idée de devoir présenter, en d’autres circonstances, un document de santé à l’entrée d’un lieu privé et à un parfait étranger, donne franchement l’impression qu’on est en train de passer dans un monde orwellien. Si cela perdure, on peut même supposer qu’il faudra s’attendre à des baisses substantielles de fréquentation d’un nombre important de grands événements. On pense aux complications engendrées par ce genre de contrôle mais aussi à tout ceux qui se sentiront bafoués dans leur liberté et leur intimité, et seront réticents à étaler leur état de santé (chose jusque là totalement privée) à la vue de n’importe quel quidam, non officiel, non habilité, ni même lié par une quelconque obligation de secret médical. Au passage et pour clore cette parenthèse, on parle déjà de faux documents et de fausses attestations de tests et l’on mesure bien que ce pass sanitaire est un engrenage dans lequel l’exécutif s’engage sans du tout mesurer où tout cela pourra le mener et nous avec.

Le village médiéval de l’an Mil de Melrand : une aventure archéologique

blason armoirie Melrand

Sujet : archéologie médiévale, archéosite, reconstitution, archéologie expérimentale, parc-musée, Lann-Gouh Melrand. site d’intérêt.
Période : XIe au XIVe siècle, Haut Moyen Âge
Site : Village médiéval de l’an Mil et Centre Archéologique de Melrand,
Lieu : Melrand, Morbihan, Bretagne

Bonjour à tous,

‘est en 1902 que fut mis au jour dans le Morbihan, à proximité de l’agglomération de Melrand, les vestiges d’un village abandonné. Quelques premières fouilles furent effectuées et en l’absence de techniques suffisamment avancées, l’archéologue local, en charge de la trouvaille, pensa, à l’époque, qu’il s’agissait là d’un « oppidum celte » datant de la période préromaine.

Plus tard, on allait découvrir que ces vestiges étaient bien plus récents. Ce petit hameau, perché sur une butte à 115 mètres d’altitude et qu’on avait d’abord pensé antique, était, en réalité, médiéval. Au moment des premières prospections, certains vestiges de céramique caractéristiques avaient été trouvés sur place mais on n’avait pu, alors, les dater précisément. Connue sous le nom de « céramique onctueuse », cette technologie de fabrication a fait son apparition, sur le sol breton, autour de la fin du Xe siècle. Elle y fut en usage presque exclusif jusqu’au XIVe siècle. Dans le courant du XVe, elle se diversifia pour devenir nettement plus marginale à la fin du XVIe. Tout ceci était ignoré en 1902 et il restait encore 50 ans à attendre pour le découvrir ; d’autres techniques d’analyses allaient encore venir à la rescousse des archéologues des générations suivantes pour leur permettre d’affiner leurs conclusions et de percer les mystères de ce village abandonné..

Archéologie médiévale & nouvelles fouilles

Plan de fouilles

Faisons un bond dans le temps pour nous retrouver à la fin des années 70. Le site dit de Lann-Gouh Melrand s’apprête à faire l’objet de nouvelles fouilles et investigations. Est-ce à la faveur d’un certain entrain qu’on voyait émerger alors, autour d’une archéologie plus centrée sur la période du Moyen Âge ? C’est en tout cas la Direction des Antiquités Historiques de Bretagne qui fut à l’initiative de la réouverture d’un grand chantier de fouilles pour une durée de 4 ans. Par les miracles du web (et le travail d’archive du site Persée), on en trouve un compte-rendu détaillé, justement, dans le Tome 12 de la célèbre revue « l’archéologie médiévale ». Il est de la main même de Patrick André, archéologue alors en charge de cette toute nouvelle campagne de prospection du site qui s’étalera de 1977 à 1980. (1)

Les fouilles se sont étendues sur une surface de 2500 mètres carrés. Le chantier correspond à la taille entière du site historique à une infime parcelle près qui n’a pas survécu au temps. Grâce à l’étude de morceaux de charbons de bois, issus des foyers des habitations, on a pu alors affiner la datation des vestiges. On a ainsi fait remonter l’occupation du site à la fin du Haut Moyen Âge et, plus précisément, encore à la fin du Xe siècle et l’aube de l’an mille. On connaissait aussi la céramique onctueuse et les informations pouvaient être recoupées. Mais, au delà des datations, quel portrait pouvait-on dresser de ce Lann-Gouh Melrand du XIe siècle ?

Le village de Lann-Gouh et ses vestiges

site archéologique haut Moyen Âge

Situé en hauteur, le village était enclos et protégé par un talus, surmonté, par endroits, de dalles dressées. Sa disposition tirait aussi partie, sur un de ses flancs, du relief naturel escarpé de la colline sur laquelle il se trouvait installé et pour accéder à ce lieu, une entrée unique avait été ménagée, à l’est de l’enceinte.

Pas de folie des grandeurs sur ce site en l’an mil. Ici, on vivait chichement et on savait, sans doute, se contenter de peu. Les bâtiments étaient de taille plutôt modestes, 40 mètres carrés en moyenne. Du point de vue de la culture matérielle, le site a produit principalement des vestiges d’objets en terre cuite (pot, plat, galettières) ainsi que des fragments de poterie (près de mille), quelques meules de pierre et de granite aussi.

Pour le reste, il est demeuré assez avare en vestiges de type décoratifs, artistiques, mobiliers ou même objets destinés à la parure, pas de monnaie non plus,… Si on a pu en utiliser alors, sans doute qu’une partie d’entre eux du fait de leur composition (bois, matériaux périssables), n’ont pas traversé le temps. Quoi qu’il en soit, il reste que ces traces d’occupation font l’effet d’une communauté relativement (ou peut être simplement naturellement) repliée sur elle-même. De la même façon, on a trouvé, sur place, assez peu d’objets en métal : les simples restes d’une lame de couteau, un petit fragment d’anneau, un peu de patte de fer (mis en valeur, pour ces deux derniers éléments, par des fouilles plus tardives).

Dans l’enceinte, une grande partie des bâtiments et des masures étaient disposés autour d’une place qui semble avoir été le cœur de la vie communautaire des paysans d’alors. Espace social, espace de circulation de quelques 200 m² : on y a trouvé les traces d’un four à pain et les vestiges de ce qui semble avoir été une bergerie, ce qui tendrait à suggérer que le petit bétail se tenait sûrement à proximité de cet endroit et y circulait également. Dans son rapport de fouilles de 1982, Patrick André parle au sujet de cette place de « lieu essentiel de la vie sociale du groupe villageois« . Une autre partie du site de fouilles, celle où les fragments de meules ont été trouvés, suggère une zone sans plus réservée à l’artisanat ou à des dépendances, ateliers, à vocation artisanale : activités de filage ou de tissage peut-être, activités de transformation céréalière,…

Une vie paysanne sédentaire bien réglée

grenier médiéval reconstitué
Grenier surélevé pour des agriculteurs-éleveurs sédentaires – crédit photo © Cédric Adonel

Les fouilles des années 80 et d’autres campagnes effectuées dans leur prolongement ont permis d’évaluer à quelques dizaines, les habitants du lieu. Dans son compte-rendu, Patrick André en mentionnait une trentaine pour 9 bâtiments, mais des contributions plus récentes penchent pour un chiffre plus proche de 70 à 85 âmes. Elles semblent avoir vécu de manière plutôt sédentaire au village, avec quelques incursions en direction des marchés voisins (Pontivy) pour vendre leurs produits et, sans doute, s’approvisionner en denrées, voire en outils qui ne pouvaient être produits sur place.

Plus tard, certaines découvertes archéologique ont permis d’établir une datation précoce de la présence sur site au VIIIe siècle, pour les sources les plus reculées. Elles demeurent toutefois marginales et les vestiges les plus nombreux tendent plutôt à situer l’occupation de Lann-Gouh Melrand entre le XIe siècle et le XIVe siècle. Pour compléter cet aperçu archéologique et historique, si le village fait l’effet d’un lieu communautaire plutôt bien structuré et organisé, on ne note pas de présence d’édifices de culte ou religieux sur le site originel. La présence, attestée dans les sources, d’une paroisse dans le voisinage immédiat ne date que des débuts du XIIe siècle. A la même période (autour de 1125-1130), Patrick André relève l’installation d’un noble ayant fondé, à quelques kilomètres de là, une résidence, puis un château (le château de Rohan). Pour autant, l’archéologue médiéviste ne s’autorise pas à en conclure que des mouvements (assez répandus alors) de regroupement ou d’encastillement, aient pu, dès lors, expliquer la désertion de Lann-Gouh par ses habitants.

Pour qui veut creuser toutes ces questions d’un point de vue archéologique, on trouve encore en ligne le rapport de fouilles complet d’une nouvelle campagne effectuée entre 1988 et 1990, sous la direction, cette fois, de l’archéologue Joelle Chavaloux.

Le Centre Archéologique de Melrand : de l’Archéologie à l’archéosite

Plan de l'archéosite médiéval

C’est en 1985 que l’archéologue Joelle Chavaloux, en accord avec la Direction des Antiquités de Bretagne s’attaque au projet passionnant de faire surgir de terre, à quelques distances du site originel, une réplique du village de Lann Gouh. Un espace musée y sera également ouvert.

Pour ce qui est de l’archéosite, l’intention est simple, y conduire des expériences, des études et des reconstitutions au plus près de la réalité. L’objectif : mieux comprendre la vie de ces paysans bretons de l’an mil. Bien sûr, l’autre vocation importante du site sera pédagogique : village musée, exposition du résultat des fouilles, lieu d’information avec un véritable parti-pris éducatif et encore valorisation du patrimoine. Ouvert sur le monde, ce hameau médiéval de l’an mil, sorti de terre comme neuf, pourra accueillir tous les publics pour leur faire découvrir la vie rurale et quotidienne de nos ancêtres du haut Moyen Âge.

Le village de l’an mil, un rêve d’archéologue devenu réalité

Alors, ni une ni deux, on a troqué les petites cuillères contre les outils et les truelles, et peu à peu, le site a pris forme ; les bâtiments sont sortis de terre. Fidèle au Lann-Gouh original, on y a reconstruit, avec le temps, de belles chaumières médiévales d’époque, des abris pour le bois, une bergerie pour les animaux, un four à pain ou encore un grenier sur pilotis.

« L’archéologie, c’est un support de rêves, il faut bien penser qu’on a quelques traces et qu’on est obligé d’imaginer le reste. Donc aussi bien les archéologues que les visiteurs peuvent avoir tendance à rêver. Pour l’archéologue, ce qui est très important, c’est de ne pas faire croire que ces rêves sont des réalités. Mais sinon, tout le monde a le droit de rêver sur un site comme ça, au contraire même. »
Joelle Chavaloux, FR3 Bretagne, décembre 1986 (2)

A trente cinq ans de l’impulsion du projet et de ces mots de l’archéologue, le site est plus vivant que jamais. Il a atteint, depuis longtemps déjà, l’âge de maturité et, si l’on y rêve encore largement, la science et les découvertes y demeurent à l’honneur. Aujourd’hui, on y accueille des scolaires, des étudiants et des visiteurs venus de tous les coins de France, de Bretagne et même d’Europe. Très régulièrement, on y organise aussi des ateliers ouverts à la découverte de la vie rurale en l’an mil.

Jardin, élevage et ferme médiévale : archéologie expérimentale

reconstitution d'un jardin du Moyen Âge
Un beau jardin et des cultures à la façon médiévale

Temps fort de la visite, la ferme expérimentale de Melrand s’étend sur près de 10 ha. Ici, on élève des races d’animaux anciennes et rustiques (vache pie noir bretonne, mouton d’Ouessant,…), et on fait pousser, aussi, comme au Moyen Âge, légumineuses d’époque ou encore herbes aromatiques et médicinales. Avec son grand jardin et ses terres cultivées, situées non loin des bâtiments reconstitués, cette ferme unique en son genre se veut assez proche en variétés, comme en agencement de ce qu’ont pu connaître les hommes et femmes qui occupaient l’endroit aux temps médiévaux.

Bien sûr, pas question ici de déverser même un once de pesticide, de fongicide ou d’insecticide. L’expérience est scientifique, la règle du jeu médiévale. En se tenant au plus prés des réalités du haut Moyen Âge, on peut ainsi suivre et relever, avec soin et d’année en année, l’évolution des cultures, des sols, et encore la vie et les interactions des animaux de la ferme avec leur environnement naturel et humain : autant de façons d’expérimenter, de manière concrète, ce qu’ont pu vivre, là, ces paysans bretons de l’an mil.

Un parti-pris scientifique de chaque instant

reconstitution ferme médiévale
Elevage de races anciennes et rustiques dans un cadre idyllique

Au delà de la dimension agricole, depuis sa création, les expériences ont vraiment été légion et continuent de l’être sur l’archéosite du village de l’an mil : travail du cuir, tannage, teinture, process artisanaux, cuissons, etc… La liste serait longue. Pour comprendre à quel point la science archéologique est ici de mise, dans un article de 2008 pour la revue Archéologie médiévale (3), Maud Le Clainche mettait, par exemple, l’accent sur l’étude permanente effectuée, sur place, de l’usure naturelle des matériaux de construction, enclos, toiture, … Au passage, l’impact immédiat et très concret des animaux élevés à la ferme expérimentale, sur l’environnement, les sols, la vie rurale, a également, fait l’objet d’études et de relevés tout aussi sérieux.

Dans le même papier, l’archéologue nous explique encore comment un incendie accidentel survenu sur le site a même été mis à profit. Au delà de la gène occasionnée que l’on imagine bien, on a tout de même étudié la rapidité de propagation du feu sur les installations, mais encore les dommages collatéraux occasionnés sur les masures voisines du fait de la proximité des bâtiments et de l’inflammabilité des matériaux, etc… Tout ça pour dire à quel point, l’expérimentation à visée scientifique ne baisse jamais la garde sur cet archéosite de Lann-Gouh. Tout y est prétexte à une meilleure compréhension et à une connaissance plus approfondie des réalités rurales et médiévales et, de fait, on mesure bien à quel point ce genre de site expérimental est indispensable à l’évolution des connaissances en matière historique.

Profitons-en pour noter au passage que l’archéologue Maud Le Clainche a pris la direction du Centre archéologique et de ses installations, depuis le milieu des années 90. De nos jours, elle le dirige toujours avec la même passion. En 2011, ses travaux et ses efforts pour promouvoir, développer et faire vivre ce beau village breton de l’an mil, lui ont même valu une distinction toute particulière : la Médaille du Rayonnement Culturel de l’Association de la Renaissance française.

Intérieur d'une masure médiévale
Intérieur d’une masure médiévale avec foyer central

Programme, animations, reconstitutions

Pour revenir au programme des visites à Melrand, du côté des animations et des reconstitutions, elles suivent le rythme des saisons et de la vie médiévale d’alors : semis, moissons ou même battage au fléau, broyage du chanvre, cuisson du pain au four, etc… Autant d’activités pour lesquels le public est invité à questionner et à interagir avec les équipes d’encadrement. Aux beaux jours, de grandes fêtes événements y sont également organisées avec des troupes de reconstituteurs et d’acteurs. En costume, ils viennent redonner vie à l’ensemble du site, à l’occasion de journée spéciales.

Bref, vous l’aurez compris, on ne s’ennuie jamais dans ce petit village breton reconstitué. Et s’il est apparu, sur le papier et dans la chronologie, bien après celui (imaginaire) d’Astérix et Obelix, il a su, lui aussi, résister au temps à sa manière.

Archéologie et reconstitution au village de l'an mil
Ateliers, reconstitutions et fêtes médiévales au village de l’an mil de Melrand

Kaamelott, films & séries : Lann-Gouh Melrand, lieu de tournage privilégié.

Pour en dire un mot, le parc médiéval et l’archéosite de Lann-Gouh Melrand ne suscite pas que l’intérêt des amateurs d’histoire, d’archéologie ou du grand public avide de découvertes. Véritable star du cinéma, il a, en effet, servi de décor, à plusieurs reprises, à des tournages télévisuels et cinématographiques d’anthologie.

Entre autres films, documentaires et productions célèbres, il a été le théâtre, à l’été 2008, de nombreuses scènes du Livre VI de la série TV culte Kaamelott d’Alexandre Astier. Nul doute que depuis, il a même dû être un lieu de pèlerinage pour de nombreux fans qui, on le sait, n’en perdent jamais une miette quand il s’agit de leur série fétiche.

Kaamelot au village de l'an mil
Kaamelott – livre 6 -Arthurus Rex et photo de Famille de fin de tournage au Village de l’An Mil

Pour conclure, aujourd’hui, le village de l’an mil de Melrand continue d’attirer plus de 10 000 visiteurs par an. C’est une étape à ne pas manquer pour les curieux d’histoire, d’archéologie mais aussi, bien sûr, pour tous les passionnés de Moyen Âge de passage ou résidents en Bretagne et dans le Morbihan. Autant dire qu’il n’attend plus que vous.

Pour plus de précisions sur les horaires, la programmation, les visites guidées, les groupes scolaires ou toute question, il suffit simplement de contacter le village de l’an mil par téléphone au 02 97 39 57 89. Vous pouvez également vous tenir au courant de toute son actualité via son site web officiel.


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En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes


NB : Crédit photo de l’image d’entête © Cédric Adonel

Sources

(1) Un village médiéval breton du XIe siècle : Lann-Gouh Melrand (Morbihan). André Patrick. Archéologie médiévale, tome 12, 1982
(2) Melrand (56). Lann Gouh. Rapport de fouille programmée, Joelle Chavaloux, 1988 -1990
(3) Melrand (Morbihan). Lann Gouh, Maud Le Clainche. Archéologie médiévale, 39, 2009
Un Reportage de France 3 Bretagne archivé sur le site de l’Ina