 Sujet  : poésie médiévale, trouvère, chanson médiévale, musique ancienne, pastourelle,  amour courtois
Sujet  : poésie médiévale, trouvère, chanson médiévale, musique ancienne, pastourelle,  amour courtois
Titre : «Ce fut en mai »
Auteur   : Moniot d’Arras, Pierre Moniot   (12 ?)
Période    : XIIIe siècle, Moyen Âge  central
Interprète    :   Martin Best Medieval Ensemble
Album : Songs of Chivalry (1983)
Bonjour à tous,

Œuvre et chansons de Moniot d’Arras
A en juger par les adresses de ses poésies, Moniot a entretenu une certaine familiarité avec quelques nobles de son temps : Renaud de Dammartin, comte de Boulogne, Gérard III, vidame d’Amiens, Jehan de Braine, etc… Il a aussi été suffisamment populaire pour qu’une de ses chansons soit, en partie, citée dans le Roman de la Violette de Gerbert de Montreuil (autour de 1230).
La plupart des pièces laissées par Moniot d’Arras sont de nature courtoise et profane. Sur la foi des manuscrits, on lui avait tout d’abord attribué près de 40 chansons, mais l’on doit au médiéviste Petersen Dyggve d’avoir mis un peu d’ordre dans ce corpus ( Moniot d’Arras et Moniot de Paris, trouvères du XIIIe siècle, 1938). Dans ce même ouvrage, ce spécialiste finlandais de littérature romane médiévale en a également profité pour établir des lignes plus claires entre notre trouvère et une autre Moniot avec lequel on l’avait quelquefois confondu : Moniot de Paris.
Le chansonnier provençal d’Estense

Sous la référence aR44, ce codex de 346 feuillets est aussi connu sous le nom de Chansonnier provençal d’Estense. Depuis sa création, vers la fin du XIIIe siècle, il est passé entre plusieurs mains et a même fait l’objet d’ajouts, au fil du temps. Il est conservé à la Bibliothèque italienne de l’Université d’Estense depuis le XVIe siècle. Dans sa version actuelle, il contient la recopie de nombreuses pièces et chansons occitanes, mais également de textes en langue d’oïl et en vieux français comme celui du jour.
Ce fut en Mai de Moniot d’Arras par Martin Best Medieval Ensemble
Martin Best, un chanteur et musicien anglais, sur la scène médievale

En dehors de la scène musicale, Martin Best est aussi connu pour sa longue collaboration avec la troupe théâtrale Royal Shakespeare Company en tant qu’acteur et chanteur. Au carrefour de la musique et du théâtre, il a même produit en 1979, un album sur les musiques et chansons autour de l’oeuvre de William Shakespeare.
L’album Songs of Chivalry  :
chansons du temps  de la chevalerie

La sélection mêlait troubadours occitans et trouvères de langue d’oïl sur le thème de la chevalerie. Entre courtoisie, chansons de croisades, et même quelques pièces instrumentales, de grands auteurs de la France médiévale s’y trouvaient représentés : Guillaume IX d’Aquitaine, Marcabru, Thibaut de Champagne, Blondel de Nesle, Bernart de Ventadorn, Jaufre Rudel, Beatriz de Dia et quelques autres noms encore, dont Moniot d’Arras et la pastourelle du jour.
Edition & disponibilité
A ce jour, l’album est toujours disponible à la vente en ligne au format CD ou au format Mp3. Vous pourrez le retrouver au lien suivant : Songs of Chivalry.
Notons  encore que les travaux du Martin Best    Médiéval Ensemble   sur le thème des troubadours firent l’objet  d’un coffret de 6 CDs  sorti en 1999, sous le titre Music from the Age of Chivalry. Pour l’instant,  il semble qu’il n’ait pas été réédité et il demeure  un peu difficile à trouver.
« Ce fut en mai » ou « l’autrier en mai »
de Moniot d’Arras
Ce fut en mai
 Au douz tens gai
 Que la saisons est bele,
 Main* (de bon matin) me levai,
 Joer m’alai
 Lez une fontenele.
 En un vergier
 Clos d’aiglentier
 Oi* (de ouir) une viele;
 La vi dancier
 Un chevalier
 Et une damoisele.
Cors orent gent
 Et avenant
 Et molt très bien dançoient;
 En acolant
 Et en baisant
 Molt biau se deduisoient* (se divertir, s’amuser).
 Au chief du tor*   (finalement),
 En un destor,
 Dui et dui s’en aloient ;
 Le jeu d’amor
 Desus la flor
 A lor plaisir faisoient.
J’alai avant.
 Molt redoutant
 Que mus d’aus* (aucun d’entre eux) ne me voie,
 Maz* (triste) et pensant
 Et desirrant
 D’avoir ausi grant joie.
 Lors vi lever
 Un de lor per* (des deux)
 De si loing com j’estoie
 Por apeler
 Et demander
 Qui sui ni que queroie* (qui j’étais & ce que je voulais).
J’alai vers aus,
 Dis lor mes maus,
 Que une dame amoie,
 A cui loiaus
 Sanz estre faus
 Tot mon vivant seroie,
 Por cui plus trai
 Peine et esmai* (trouble, découragement)
 Que dire ne porroie.
 Et bien le sai,
 Que je morrai,
 S’ele ne mi ravoie* (revient).
Tot belement
 Et doucement
 Chascuns d’aus me ravoie* (fig; consoler?).
 Et dient tant
 Que Dieus briement* (bientôt)
 M’envoit de celi joie
 Por qui je sent
 Paine et torment :
 Et je lor en rendoie
 Merci molt grant
 Et en plorant
 A Dé les comandoie* (je prie congé d’eux).
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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