n événement aussi récent qu’inattendu nous a contraint de republier un épisode d’une série vidéo que nous avions réalisée en 2016. Cette série de documentaires porte sur l’origine des châteaux forts et des forteresses médiévales que furent les mottes castrales, au Moyen Âge central.
Inutile de nous étaler ici sur les circonstances entourant cette republication, nous souhaitons plutôt en tirer partie pour attirer, à nouveau, votre attention sur ces trois vidéos et leur intérêt.
Une Approche détaillée des mottes castrales
Pour donner le contexte de cette série documentaire, ces trois épisodes se déroulent autour d’une motte castrale fictive qui pourrait être datée du milieu du XIIe siècle. Les vidéos restent légères et divertissantes mais elles sont, toutefois, sérieusement documentées. Une bonne quantité de sources et de références bibliographiques y sont citées. Pour les réaliser nous nous sommes, en effet, appuyés sur de nombreuses recherches en archéologie médiévale et en architecture médiévale.
Formé nous-même à la recherche universitaire, nous faisons toujours en sorte sur Moyenagepassion que les œuvres soient créditées à leurs auteurs. Outre le fait de rendre à Caesar ce qui lui revient légitimement, cela permet à notre audience de pouvoir, par la suite, creuser les sujets.
Redécouvrez la série complète
Comme la vidéo en question fait partie d’une série de trois, nous avons décidé de reposter ici le tout, en espérant qu’ils vous plaisent si vous les découvrez. Avec un peu de chance, les vues disparues de la vidéo originelle seront quintuplées sur la nouvelle qui sait ? La chaîne YouTube n’étant pas monétisée, je précise que ce n’est pas une question de monétisation mais plutôt de transmission.
Depuis leur parution peu après le lancement de Moyenagepassion, ces documentaires sur les mottes castrales nous ont valu un nombre important d’éloges ou de commentaires d’amateurs d’histoire médiévale, de poliorcétique ou d’architecture défensive. Elles ont aussi inspiré des conférences et même des projets de reconstitution ou d’archéo-site médiéval. C’est pour nous la meilleure récompense de nos efforts.
Tout cela étant dit, voici les trois épisodes de cette série.
Episode 1. Naissance des mottes castrales
Comment ces forteresses médiévales ont-elles émergées ? A quel moment du Moyen Âge et dans quel contexte historique ? Quelle est la typographie générale d’une motte castrale ? Y a-t-il des disparités entre elles ? Y en avait il beaucoup sur le territoire ? Dans cette première vidéo, nous tâchons d’approcher toutes ces questions.
Episode 2. La basse-cour du château à motte
Dans ce deuxième opus, nous approchons de l’entrée de la motte castrale pour entrer dans sa basse-cour. Hébergements, cabanes d’artisans, petites gens abrités par les remparts, structure d’une habitation paysanne, greniers à grains ou même zone de combats, cette vidéo est l’occasion d’un grand tour documenté sur la vie médiévale du petit peuple dans un château à motte.
Episode 3. A l’assaut du donjon médiéval
Au centre de la motte castrale, se tient souvent un autre édifice défensif, la forteresse du seigneur. Donjon, tour maîtresse, simple édifice renforcé, dans certains cas et avec le temps, cette construction donnera lieu à de futurs installations de donjon de pierre sur le même site. Accès, pièges, point de vue, nous explorons ici ce dispositif défensif et lieu de vie seigneurial, à la lumière de diverses chroniques du Moyen Âge.
D’autres vidéos semblables sur les châteaux
Sur notre chaîne YouTube vous pourrez également trouver d’autres vidéos de châteaux forts du Moyen Âge reconstitués, avec commentaires et recherches à l’appui. Voir la playlist complète.
En vous souhaitant une belle journée Frédéric Effe Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : archéologie, archéologie médiévale, archéologie française, archéologie expérimentale, archéologie européennes, portes-ouvertes, découverte, chantiers de fouilles, atelier, reconstitution historique. Evénement : les journées de l’Archéologie Dates : le 17, 18 et 19 juin 2022
Bonjour à tous,
eux qui nous lisent régulièrement savent tout l’intérêt que nous portons à l’archéologie. Nous avons partagé, ici, plus d’un article au sujet de sites de fouilles datés du Moyen Âge, mais aussi d’archéosites médiévaux et d’archéologie expérimentale. Quant à l’archéologie médiévale — discipline relativement récente qui, depuis son envol dans les années 70-80, a affirmé son autonomie pour venir compléter utilement, la compréhension du Moyen Âge — nous l’avions abordé dans nos articles et vidéos sur les mottes castrales et à d’autres occasions encore (voir liens en pied d’article). Mais reprenons, ici, un peu de hauteur pour nous intéresser à l’archéologie au sens large.
L’archéologie, discipline majeure
Pour qui s’intéresse aux sciences humaines, à l’histoire de l’homme et, finalement, à ce que nous sommes, l’archéologie est une discipline simplement incontournable. En dehors même des vestiges monumentaux, la culture des objets du quotidien, des vêtements, des parures, l’étude de leurs formes et de leur destination a toujours été au cœur de la compréhension des cultures humaines, présentes ou passées. L’ethnologie (une de nos formations de base), s’en est souvent passionnée autant qu’elle s’est souciée de leur conservation et de muséologie.
Dans la sphère plus particulière de l’anthropologie préhistorique (autre passion provenant de la même source), il existe même un point de fusion pour ainsi dire, entre le terrain archéologique et les conclusions et extrapolations théoriques. A l’origine, le chercheur était souvent d’ailleurs, un paléontologue et un archéologue et, avant toute trace d’archives et de documents écrits, ces deux spécialités continuent de régner en maître sur un territoire temporel qui couvre des centaines de milliers d’années. De fait, les sciences préhistoriques et protohistoriques n’auraient jamais pu voir le jour sans terrain de fouilles, pas d’avantage qu’une bonne partie de nos connaissances sur les origines de l’humanité. Ce n’est même que, bien plus tard dans le temps, que l’archéologue doit partager ses découvertes et mutualiser ses conclusions avec celles de « ceux qui marchent debout au milieu des vieux livres* » (Heu ! désolé ! nous voulons dire, bien sûr, les historiens). Du reste, on croise quelquefois des historiens pluridisciplinaires qui sont, aussi, archéologues.
De l’image d’Épinal à la réalité scientifique
Attachée, dans nos imaginaires, à des personnages comme Indiana Jones au cinéma ou même comme Lara Croft dans le domaine des jeux vidéo, la réalité quotidienne de l’archéologie, autant que ses différentes formes et la profondeur de son intérêt, demeure, quelquefois, assez méconnue du public. Bien sûr, on pourra sûrement s’accorder sur le fait que dans tout archéologue demeure souvent nichée l’âme d’un chercheur de « trésors » guidé par l’amour de la connaissance et toujours prompt à s’émerveiller à chaque nouvelle découverte. Pourtant, aujourd’hui plus encore qu’hier, les défis qu’il a à relever sont de plus en plus pointus et scientifiques.
L’archéologie s’est, en effet, ramifiée en de nombreuses disciplines en fonction des périodes mais aussi des terrains. Elle s’est aussi enrichie de l’apport de sciences du vivant connexes, toutes plus pointues et passionnantes les unes que les autres. Ses méthodes, elles aussi, se sont perfectionnées au point d’en faire une science pluridisciplinaire qui s’épanouit dans la collaboration enthousiaste de ses experts (archéozoologie, archéobotanique, palynologie, …). Enfin, depuis une trentaine d’années, sur le terrain des chantiers d’aménagements ou réaménagements, l’avènement de l’archéologie préventive a rendu cette discipline d’une grande utilité plus présente dans notre environnement immédiat.
Voilà pour ces quelques mots d’introduction sur l’Archéologie, ses réalités et et son grand intérêt, mais nous avons encore bien mieux pour vous. Un événement de taille déboule sur l’agenda qui devrait vous permettre de découvrir directement cette belle discipline, sous toutes ses formes. Le week-end prochain mettra, en effet, l’archéologie à la fête et vous serez conviés au cœur d’une foule d’aventures et d’activités liées à cette discipline.
Le grand retour des Journées de l’Archéologie
Du 17 au 19 juin 2022, auront donc lieu Les Journées Européennes de l’Archéologie. Cet événement à ne pas manquer à été créé, originellement, en 2010, par le ministère de la culture en partenariat avec l’INRAP. Il était alors connu sous le nom de « Journées de l’archéologie » ou « Journées nationales de l’archéologie ». Ces dernières sont demeurées franco-françaises jusqu’en 2019, date à laquelle d’autres pays européens ont suivi l’exemple (peut-être sous l’impulsion du gouvernement actuel. L’histoire ne le dit pas). Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, selon les chiffres du ministère, 26 pays de la communauté européenne y participent et se sont joints à l’événement avec leur propres activités.
Pour recentrer un peu sur les terres de France, pendant ces 3 journées, l’archéologie y sera donc à la fête. A cette occasion, de nombreuses sites de fouilles, habituellement réservés aux professionnels, seront même exceptionnellement ouverts au public. Ils couvriront toutes les périodes historiques que vous puissiez rêver découvrir ou approfondir : de la préhistoire à l’âge de bronze, jusqu’à l’antiquité gallo-romaine ou des périodes bien plus récentes en passant, bien sûr, par le Moyen Âge.
Archéologie préventive – Visite guidée d’un chantier de fouilles préventives en milieu urbain – Inrap.fr
600 lieux pour découvrir l’archéologie et ses trésors sur tout le territoire
Les portes ouvertes de sites de fouilles sont loin d’être les seuls événements prévus pour ces trois journées de l’archéologie : projections, spectacles et reconstitutions, villages de l’archéologie, conférences, visites guidées spéciales de monuments et de sites d’intérêt, ateliers et démonstrations seront de la partie, mais encore événements spéciaux dans les musées et monuments, archéologie expérimentale dans les parcs archéologiques et les archéosites, … La liste est longue des animations prévues et les journées prévoient aussi des activités particulières en direction du milieu scolaire. Pour en prendre la mesure, le site web officiel affiche près de 600 lieux, en France uniquement, qui proposeront chacun leurs activités et événements. Notez que, côté budget, de nombreux établissements et institutions normalement payantes afficheront, exceptionnellement, des entrées gratuites pendant ces 3 jours de grande effervescence culturelle.
Concernant le Moyen Âge, quelques premières recherches avancées nous ont fait remonter quantité d’activités de haut vol. Nous n’allons pas les détailler ici. Sur le site officiel de l’Inrap, vous retrouverez un suivi de tout ces événements, mais aussi des articles fouillés et encore un dossier complet sur l’archéologie médiévale. Pour découvrir le riche programme de ces trois journées découverte, le site officiel des journées de l’archéologie reste également incontournable. Il vous permettra d’obtenir le programme complet de votre région ou des régions voisines et même de le télécharger au format PDF. C’est un bon moyen de ne rien manquer de l’événement.
Tout cela étant dit, inutile d’ajouter que ces journées qui célèbrent en grand l’archéologie, ses réalités, ses trésors, ses trouvailles n’attendent que vous pour partir en aventure !
Archéologie médiévale : Maquette village lacustre – Le superbe nouveau Musée Archéologique du Lac de Paladru à la fête
Retrouvez nos articles les plus populaires sur l’archéologie médiévale
Fred Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
* Ceux qui marchent debout est une expression qui désigne les hommes dans la bande dessinée préhistorique Rahan de Roger Lécureux et André Chéret (Pif gadget représente)
Sujet : bijoux, bracelets viking, archéologie médiévale, mode viking, trésor viking, Viking Heritage, Musée de Copenhague, mondes vikings Période : haut Moyen Âge, Xe siècle, an mille, période moderne Lieu : Danemark, musée de Copenhague, Vejen
Bonjour à tous,
lors que le Moyen Âge demeure toujours à la mode, une partie de cette fascination contemporaine pour la période médiévale s’étire du côté de l’an 1000 et même un peu avant. Cette tendance qui se distingue consiste à s’intéresser, de plus en plus, à la civilisation viking, à son histoire et à l’univers des hommes du nord.
Engouement & mode pour les mondes vikings
Avant que la Covid et, plus encore, les confinements en cascade ne nous tombent dessus, on a vu, ces dernières années, de plus en plus de troupes de reconstitution d’inspiration viking émerger et s’inviter dans les fêtes et réjouissances médiévales. Certaines festivals ou événements se sont même entièrement créés ou fédérés autour d’eux (Normandia, Yggdrasil, …) et on a pu ainsi assister à de nombreuses démonstrations autour de leur mode de vie, leur équipement, leur façon de se vêtir, de se parer ou encore leur façon de combattre. Cet engouement de nos contemporains pour les mondes vikings dépasse de loin les terres normandes qui ont vu des tribus du légendaire chef Rollon s’y sédentariser au Moyen Âge. On le retrouve dans les fêtes médiévales sur l’ensemble du territoire, c’est dire s’il est présent.
Hors des salons médiévaux et de ce genre d’agapes, les vikings sont aussi à la mode dans le cinéma, à la télévision, mais encore la BD ou la littérature. Comme pour le Moyen Âge, la présentation de leur culture ne colle que rarement à leur histoire véritable. Le médiéval fantastique vient aussi s’en mêler en mettant encore plus de distance avec la vérité historique. Au final, on sombre donc bien souvent dans la caricature, même si on sait aujourd’hui que les hommes du nord sillonnaient les mers et les fleuves d’Europe pour y commercer et pas systématiquement pour y piller.
Quoiqu’il en soit, le grand public reste toujours friand de références à la mythologie, aux légendes nordiques ou à la culture de ces navigateurs venus d’Europe du nord. Dans ce cadre, on ne se surprend pas de voir fleurir sur la toile, des boutiques spécialisées qui proposent des bijoux, vêtements, accessoires ou objets de décorations sur le thème viking.
Trésor, Bijoux et Bracelets Vikings
Faisant écho aux légendes au sujet de trésor vikings encore enfouis ou, même, dormant dans quelques eaux profondes, des archéologues en herbe danois ont fait, il y a quelques années, une trouvaille d’exception. Bien que datée de 2016, elle demeure encore, à ce jour, unique : il s’agit, en effet, de sept bracelets vikings en métal précieux (6 d’or et 1 d’argent), qui pourraient faire rêver plus d’un amateur de bijoux nordiques anciens.
Loin de l’imaginaire populaire, ce véritable trésor n’a pas été trouvé dans un souterrain oublié, pas plus que dans les profondeurs des mers ou d’un fleuve. C’est, en effet, dans le sud du Danemark que ces incroyables bracelets d’or et d’argent vikings ont été débusqués, sur le terrain de la municipalité de Vejen. Dans le même registre, ni grande épopée, ni longues recherches ne furent nécessaires pour effectuer cette découverte majeure ; pour trouver ces étonnants bijoux, il n’a fallu que quelques minutes aux trois chercheurs amateurs, équipés de détecteurs de métaux et qui se sont baptisés, eux- mêmes la Team Rainbow Power.
La plus précieuse collection de bracelets viking du Danemark
La collection, datant de l’an 900, pourrait avoir appartenue à l’élite viking locale de l’époque. Avec un poids voisin de 750 g d’or, elle constitue une des plus importante collection d’objets vikings découverte en terres danoises, une vraie pépite en matière d’archéologie médiévale. Les raisons de son enterrement sur le site demeurent toujours sujettes à spéculation.
La mise au jour de tous ces bracelets a, bien sûr, excité les chercheurs et archéologues d’autant que le même terrain avait déjà livré, un lourde chaîne en or au début du XXe siècle (1911). Dans la foulée, de nouvelles recherches ont donc été entreprises, les mois suivants. Bonne pêche ! Elles ont conduit à la découverte de nombreuses autres pièces : près de 160 ! parmi lesquelles des pendentifs dont certains en or, garnis de pierres semi-précieuses ou de perles d’or. Se joignait encore, à ce trésor viking exceptionnel, des pièces de monnaies romaines et même arabes, et d’autres bijoux d’argent.
Des bracelets viking à porter ou à offrir
Bien entendu, qui révérait de porter ces bijoux vikings du Xe siècle ne pourrait y avoir accès. Ils n’ont pas de prix. Aujourd’hui, ces somptueux bracelets sont conservés sous bonne garde au musée de Copenhague où ils ont rejoint le patrimoine national danois.
Ne désespérez pas toutefois, si vous aimez l’art et la bijouterie à la façon des hommes du nord, les amis de Viking Heritage ont pensé à vous. Dans leur boutique en ligne, ils vous proposent, en effet, un large choix de bracelets vikings pour homme ou pour femme du plus bel effet. Tous sont réalisés artisanalement et à la commande, avec les matériaux précieux ou semi-précieux les plus variés : acier, bronze, cuivre, cuir, argent, or, en fonction des goûts ou du budget de chacun.
Du point de vue symbolique, vous retrouverez, bien sûr, sur ces bracelets uniques en leur genre, de nombreux rappels aux légendes et aux mythologies nordiques : runes, dragons, loups, corne d’Odin, Yggdrasil et arbre de vie, et plus encore… De quoi fournir des idées de cadeaux originaux au vue de la période de l’année.
Une excellente journée à vous.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com « A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »
Sujet : archéologie médiévale, archéosite, reconstitution, archéologie expérimentale, parc-musée, Lann-Gouh Melrand. site d’intérêt. Période : XIe au XIVe siècle, Haut Moyen Âge Site : Village médiéval de l’an Mil et Centre Archéologique de Melrand, Lieu : Melrand, Morbihan, Bretagne
Bonjour à tous,
‘est en 1902 que fut mis au jour dans le Morbihan, à proximité de l’agglomération de Melrand, les vestiges d’un village abandonné. Quelques premières fouilles furent effectuées et en l’absence de techniques suffisamment avancées, l’archéologue local, en charge de la trouvaille, pensa, à l’époque, qu’il s’agissait là d’un « oppidum celte » datant de la période préromaine.
Plus tard, on allait découvrir que ces vestiges étaient bien plus récents. Ce petit hameau, perché sur une butte à 115 mètres d’altitude et qu’on avait d’abord pensé antique, était, en réalité, médiéval. Au moment des premières prospections, certains vestiges de céramique caractéristiques avaient été trouvés sur place mais on n’avait pu, alors, les dater précisément. Connue sous le nom de « céramique onctueuse », cette technologie de fabrication a fait son apparition, sur le sol breton, autour de la fin du Xe siècle. Elle y fut en usage presque exclusif jusqu’au XIVe siècle. Dans le courant du XVe, elle se diversifia pour devenir nettement plus marginale à la fin du XVIe. Tout ceci était ignoré en 1902 et il restait encore 50 ans à attendre pour le découvrir ; d’autres techniques d’analyses allaient encore venir à la rescousse des archéologues des générations suivantes pour leur permettre d’affiner leurs conclusions et de percer les mystères de ce village abandonné..
Archéologie médiévale & nouvelles fouilles
Faisons un bond dans le temps pour nous retrouver à la fin des années 70. Le site dit de Lann-Gouh Melrand s’apprête à faire l’objet de nouvelles fouilles et investigations. Est-ce à la faveur d’un certain entrain qu’on voyait émerger alors, autour d’une archéologie plus centrée sur la période du Moyen Âge ? C’est en tout cas la Direction des Antiquités Historiques de Bretagne qui fut à l’initiative de la réouverture d’un grand chantier de fouilles pour une durée de 4 ans. Par les miracles du web (et le travail d’archive du site Persée), on en trouve un compte-rendu détaillé, justement, dans le Tome 12 de la célèbre revue « l’archéologie médiévale ». Il est de la main même de Patrick André, archéologue alors en charge de cette toute nouvelle campagne de prospection du site qui s’étalera de 1977 à 1980. (1)
Les fouilles se sont étendues sur une surface de 2500 mètres carrés. Le chantier correspond à la taille entière du site historique à une infime parcelle près qui n’a pas survécu au temps. Grâce à l’étude de morceaux de charbons de bois, issus des foyers des habitations, on a pu alors affiner la datation des vestiges. On a ainsi fait remonter l’occupation du site à la fin du Haut Moyen Âge et, plus précisément, encore à la fin du Xe siècle et l’aube de l’an mille. On connaissait aussi la céramique onctueuse et les informations pouvaient être recoupées. Mais, au delà des datations, quel portrait pouvait-on dresser de ce Lann-Gouh Melrand du XIe siècle ?
Le village de Lann-Gouh et ses vestiges
Situé en hauteur, le village était enclos et protégé par un talus, surmonté, par endroits, de dalles dressées. Sa disposition tirait aussi partie, sur un de ses flancs, du relief naturel escarpé de la colline sur laquelle il se trouvait installé et pour accéder à ce lieu, une entrée unique avait été ménagée, à l’est de l’enceinte.
Pas de folie des grandeurs sur ce site en l’an mil. Ici, on vivait chichement et on savait, sans doute, se contenter de peu. Les bâtiments étaient de taille plutôt modestes, 40 mètres carrés en moyenne. Du point de vue de la culture matérielle, le site a produit principalement des vestiges d’objets en terre cuite (pot, plat, galettières) ainsi que des fragments de poterie (près de mille), quelques meules de pierre et de granite aussi.
Pour le reste, il est demeuré assez avare en vestiges de type décoratifs, artistiques, mobiliers ou même objets destinés à la parure, pas de monnaie non plus,… Si on a pu en utiliser alors, sans doute qu’une partie d’entre eux du fait de leur composition (bois, matériaux périssables), n’ont pas traversé le temps. Quoi qu’il en soit, il reste que ces traces d’occupation font l’effet d’une communauté relativement (ou peut être simplement naturellement) repliée sur elle-même. De la même façon, on a trouvé, sur place, assez peu d’objets en métal : les simples restes d’une lame de couteau, un petit fragment d’anneau, un peu de patte de fer (mis en valeur, pour ces deux derniers éléments, par des fouilles plus tardives).
Dans l’enceinte, une grande partie des bâtiments et des masures étaient disposés autour d’une place qui semble avoir été le cœur de la vie communautaire des paysans d’alors. Espace social, espace de circulation de quelques 200 m² : on y a trouvé les traces d’un four à pain et les vestiges de ce qui semble avoir été une bergerie, ce qui tendrait à suggérer que le petit bétail se tenait sûrement à proximité de cet endroit et y circulait également. Dans son rapport de fouilles de 1982, Patrick André parle au sujet de cette place de « lieu essentiel de la vie sociale du groupe villageois« . Une autre partie du site de fouilles, celle où les fragments de meules ont été trouvés, suggère une zone sans plus réservée à l’artisanat ou à des dépendances, ateliers, à vocation artisanale : activités de filage ou de tissage peut-être, activités de transformation céréalière,…
Les fouilles des années 80 et d’autres campagnes effectuées dans leur prolongement ont permis d’évaluer à quelques dizaines, les habitants du lieu. Dans son compte-rendu, Patrick André en mentionnait une trentaine pour 9 bâtiments, mais des contributions plus récentes penchent pour un chiffre plus proche de 70 à 85 âmes. Elles semblent avoir vécu de manière plutôt sédentaire au village, avec quelques incursions en direction des marchés voisins (Pontivy) pour vendre leurs produits et, sans doute, s’approvisionner en denrées, voire en outils qui ne pouvaient être produits sur place.
Plus tard, certaines découvertes archéologique ont permis d’établir une datation précoce de la présence sur site au VIIIe siècle, pour les sources les plus reculées. Elles demeurent toutefois marginales et les vestiges les plus nombreux tendent plutôt à situer l’occupation de Lann-Gouh Melrand entre le XIe siècle et le XIVe siècle. Pour compléter cet aperçu archéologique et historique, si le village fait l’effet d’un lieu communautaire plutôt bien structuré et organisé, on ne note pas de présence d’édifices de culte ou religieux sur le site originel. La présence, attestée dans les sources, d’une paroisse dans le voisinage immédiat ne date que des débuts du XIIe siècle. A la même période (autour de 1125-1130), Patrick André relève l’installation d’un noble ayant fondé, à quelques kilomètres de là, une résidence, puis un château (le château de Rohan). Pour autant, l’archéologue médiéviste ne s’autorise pas à en conclure que des mouvements (assez répandus alors) de regroupement ou d’encastillement, aient pu, dès lors, expliquer la désertion de Lann-Gouh par ses habitants.
Pour qui veut creuser toutes ces questions d’un point de vue archéologique, on trouve encore en ligne le rapport de fouilles complet d’une nouvelle campagne effectuée entre 1988 et 1990, sous la direction, cette fois, de l’archéologue Joelle Chavaloux.
Le Centre Archéologique de Melrand : de l’Archéologie à l’archéosite
C’est en 1985 que l’archéologue Joelle Chavaloux, en accord avec la Direction des Antiquités de Bretagne s’attaque au projet passionnant de faire surgir de terre, à quelques distances du site originel, une réplique du village de Lann Gouh. Un espace musée y sera également ouvert.
Pour ce qui est de l’archéosite, l’intention est simple, y conduire des expériences, des études et des reconstitutions au plus près de la réalité. L’objectif : mieux comprendre la vie de ces paysans bretons de l’an mil. Bien sûr, l’autre vocation importante du site sera pédagogique : village musée, exposition du résultat des fouilles, lieu d’information avec un véritable parti-pris éducatif et encore valorisation du patrimoine. Ouvert sur le monde, ce hameau médiéval de l’an mil, sorti de terre comme neuf, pourra accueillir tous les publics pour leur faire découvrir la vie rurale et quotidienne de nos ancêtres du haut Moyen Âge.
Le village de l’an mil, un rêve d’archéologue devenu réalité
Alors, ni une ni deux, on a troqué les petites cuillères contre les outils et les truelles, et peu à peu, le site a pris forme ; les bâtiments sont sortis de terre. Fidèle au Lann-Gouh original, on y a reconstruit, avec le temps, de belles chaumières médiévales d’époque, des abris pour le bois, une bergerie pour les animaux, un four à pain ou encore un grenier sur pilotis.
« L’archéologie, c’est un support de rêves, il faut bien penser qu’on a quelques traces et qu’on est obligé d’imaginer le reste. Donc aussi bien les archéologues que les visiteurs peuvent avoir tendance à rêver. Pour l’archéologue, ce qui est très important, c’est de ne pas faire croire que ces rêves sont des réalités. Mais sinon, tout le monde a le droit de rêver sur un site comme ça, au contraire même. » Joelle Chavaloux, FR3 Bretagne, décembre 1986 (2)
A trente cinq ans de l’impulsion du projet et de ces mots de l’archéologue, le site est plus vivant que jamais. Il a atteint, depuis longtemps déjà, l’âge de maturité et, si l’on y rêve encore largement, la science et les découvertes y demeurent à l’honneur. Aujourd’hui, on y accueille des scolaires, des étudiants et des visiteurs venus de tous les coins de France, de Bretagne et même d’Europe. Très régulièrement, on y organise aussi des ateliers ouverts à la découverte de la vie rurale en l’an mil.
Jardin, élevage et ferme médiévale : archéologie expérimentale
Un beau jardin et des cultures à la façon médiévale
Temps fort de la visite, la ferme expérimentale de Melrand s’étend sur près de 10 ha. Ici, on élève des races d’animaux anciennes et rustiques (vache pie noir bretonne, mouton d’Ouessant,…), et on fait pousser, aussi, comme au Moyen Âge, légumineuses d’époque ou encore herbes aromatiques et médicinales. Avec son grand jardin et ses terres cultivées, situées non loin des bâtiments reconstitués, cette ferme unique en son genre se veut assez proche en variétés, comme en agencement de ce qu’ont pu connaître les hommes et femmes qui occupaient l’endroit aux temps médiévaux.
Bien sûr, pas question ici de déverser même un once de pesticide, de fongicide ou d’insecticide. L’expérience est scientifique, la règle du jeu médiévale. En se tenant au plus prés des réalités du haut Moyen Âge, on peut ainsi suivre et relever, avec soin et d’année en année, l’évolution des cultures, des sols, et encore la vie et les interactions des animaux de la ferme avec leur environnement naturel et humain : autant de façons d’expérimenter, de manière concrète, ce qu’ont pu vivre, là, ces paysans bretons de l’an mil.
Un parti-pris scientifique de chaque instant
Elevage de races anciennes et rustiques dans un cadre idyllique
Au delà de la dimension agricole, depuis sa création, les expériences ont vraiment été légion et continuent de l’être sur l’archéosite du village de l’an mil : travail du cuir, tannage, teinture, process artisanaux, cuissons, etc… La liste serait longue. Pour comprendre à quel point la science archéologique est ici de mise, dans un article de 2008 pour la revue Archéologie médiévale (3), Maud Le Clainche mettait, par exemple, l’accent sur l’étude permanente effectuée, sur place, de l’usure naturelle des matériaux de construction, enclos, toiture, … Au passage, l’impact immédiat et très concret des animaux élevés à la ferme expérimentale, sur l’environnement, les sols, la vie rurale, a également, fait l’objet d’études et de relevés tout aussi sérieux.
Dans le même papier, l’archéologue nous explique encore comment un incendie accidentel survenu sur le site a même été mis à profit. Au delà de la gène occasionnée que l’on imagine bien, on a tout de même étudié la rapidité de propagation du feu sur les installations, mais encore les dommages collatéraux occasionnés sur les masures voisines du fait de la proximité des bâtiments et de l’inflammabilité des matériaux, etc… Tout ça pour dire à quel point, l’expérimentation à visée scientifique ne baisse jamais la garde sur cet archéosite de Lann-Gouh. Tout y est prétexte à une meilleure compréhension et à une connaissance plus approfondie des réalités rurales et médiévales et, de fait, on mesure bien à quel point ce genre de site expérimental est indispensable à l’évolution des connaissances en matière historique.
Profitons-en pour noter au passage que l’archéologue Maud Le Clainche a pris la direction du Centre archéologique et de ses installations, depuis le milieu des années 90. De nos jours, elle le dirige toujours avec la même passion. En 2011, ses travaux et ses efforts pour promouvoir, développer et faire vivre ce beau village breton de l’an mil, lui ont même valu une distinction toute particulière : la Médaille du Rayonnement Culturel de l’Association de la Renaissance française.
Intérieur d’une masure médiévale avec foyer central
Programme, animations, reconstitutions
Pour revenir au programme des visites à Melrand, du côté des animations et des reconstitutions, elles suivent le rythme des saisons et de la vie médiévale d’alors : semis, moissons ou même battage au fléau, broyage du chanvre, cuisson du pain au four, etc… Autant d’activités pour lesquels le public est invité à questionner et à interagir avec les équipes d’encadrement. Aux beaux jours, de grandes fêtes événements y sont également organisées avec des troupes de reconstituteurs et d’acteurs. En costume, ils viennent redonner vie à l’ensemble du site, à l’occasion de journée spéciales.
Bref, vous l’aurez compris, on ne s’ennuie jamais dans ce petit village breton reconstitué. Et s’il est apparu, sur le papier et dans la chronologie, bien après celui (imaginaire) d’Astérix et Obelix, il a su, lui aussi, résister au temps à sa manière.
Ateliers, reconstitutions et fêtes médiévales au village de l’an mil de Melrand
Kaamelott, films & séries : Lann-Gouh Melrand, lieu de tournage privilégié.
Pour en dire un mot, le parc médiéval et l’archéosite de Lann-Gouh Melrand ne suscite pas que l’intérêt des amateurs d’histoire, d’archéologie ou du grand public avide de découvertes. Véritable star du cinéma, il a, en effet, servi de décor, à plusieurs reprises, à des tournages télévisuels et cinématographiques d’anthologie.
Entre autres films, documentaires et productions célèbres, il a été le théâtre, à l’été 2008, de nombreuses scènes du Livre VI de la série TV culteKaamelott d’Alexandre Astier. Nul doute que depuis, il a même dû être un lieu de pèlerinage pour de nombreux fans qui, on le sait, n’en perdent jamais une miette quand il s’agit de leur série fétiche.
Kaamelott – livre 6 -Arthurus Rex et photo de Famille de fin de tournage au Village de l’An Mil
Pour conclure, aujourd’hui, le village de l’an mil de Melrand continue d’attirer plus de 10 000 visiteurs par an. C’est une étape à ne pas manquer pour les curieux d’histoire, d’archéologie mais aussi, bien sûr, pour tous les passionnés de Moyen Âge de passage ou résidents en Bretagne et dans le Morbihan. Autant dire qu’il n’attend plus que vous.
Pour plus de précisions sur les horaires, la programmation, les visites guidées, les groupes scolaires ou toute question, il suffit simplement de contacter le village de l’an mil par téléphone au 02 97 39 57 89. Vous pouvez également vous tenir au courant de toute son actualité via son site web officiel.