
Période : fin du moyen-âge, début renaissance
Auteur : Clément Marot (1496-1544)
Titre : « Epigramme à Francois 1er sur Villon »
Bonjour à tous,

« Si, en Villon on treuve encore à dire,
S’il n’est reduict ainsi qu’ay pretendu,
A moy tout seul en soit le blasme (Sire)
Qui plus y ay travaillé qu’entendu :
Et s’il est mieulx en son ordre estendu
Que paravant, de sorte qu’on l’en prise,
Le gré à vous en doyt estre rendu,
Qui fustes seul cause de l’entreprise. »
Clément MAROT, (1496-1544)
Epigramme au Roy François Ier, sur Françoys Villon (1532).
C’est cette fois-ci une poésie qui, d’une certaine manière, réunit trois poètes: l’auteur de l’épigramme Clément Marot lui-même, l’hommage qu’il rend au Roi François 1er, mécène, grand amateur d’art et poète à ses heures, pour lui avoir demandé de réimprimer et rééditer François Villon, et enfin l’hommage qu’il fait directement dans ses lignes à Villon lui-même. Le roi, Marot lui-même nous l’apprend, était un grand amateur de Villon. Qu’on ne pense pas pourtant que le grand Maistre de poésie médiévale ait dû attendre si longtemps 
Si la popularité de ce dernier était alors indéniable, l’édition de Marot « les oeuvres de François Villon de Paris, revues et remises en leur entier par Clément Marot, Valet de chambre du Roy » est pourtant reconnue comme la première à rendre véritablement justice au poète médiéval, en publiant son oeuvre dans son intégralité, Plus loin, Marot fera également un véritable travail de fond pour restituer le texte de l’auteur au plus proche du verbe original, fustigeant au passage les imprimeurs pour leur négligence dans le traitement de l’oeuvre originale de Villon : coquilles variées, libertés prises avec le texte, et par dessus tout, attribution à l’auteur médiéval de poésies dont il n’est pas l’auteur, ce que Marot résumera au début de son ouvrage avec ses deux simples vers qui disent bien son ambition:
C’est donc tout à la fois avec son expérience d’éditeur (il a publié quelques années auparavant le roman de rose), et toute l’exigence et la rigueur de l’auteur et poète qu’il est lui-même que Clément Marot se posera en véritable défenseur du verbe de Villon et de son oeuvre originale. Il y mettra même, sans doute, plus d’exigence que Villon en avait lui-même projeté de son vivant, déjà conscient qu’il était que son oeuvre serait galvaudée, élargie ou même modifiée. Faut-il voir là deux conceptions de la notion d’oeuvre et d’auteur? L’une médiévale finissante qui n’a pas encore tout à fait mis en place une définition stricte du statut d’auteur et qui considère même 
Quoiqu’il en soit, le public saura reconnaître la qualité du précieux travail de Marot puisque son édition rencontrera un franc succès et sera republiée dix fois, de sa première parution à l’année 1542. Elle fera longtemps autorité et il faudra même attendre le XIXe siècle pour la voir remise en question et critiquée à la faveur des nouvelles méthodologies dont se sera alors dotée l’Histoire: datation, authentification des sources et également accès à un nombre plus large de documents anciens sur l’oeuvre de Villon.
Quelques articles complémentaires utiles
sur l’édition de Marot :
Si vous souhaitez creuser un peu plus le sujet, voici quelques sources très utiles comme point de départ :
L’édition des Œuvres de Villon annotée par Clément Marot, ou comment l’autorité vient au texte, de Pascale Chiron
Clément Marot éditeur et lecteur de Villon, de Madeleine Lazard , sur Persée.
Les oeuvres de Françoys Villon, de Paris, par Clément Marot, le manuscrit original, sur Gallica, site de la Bnf
En vous souhaitant un belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.


ous continuons, aujourd’hui, l’exploration des poésies courtes de Clément Marot de Cahors avec quelques vers en complément d’une première épigramme que nous avions publiée ici, il y a quelques temps, sur le même thème: celui du temps qui passe.
‘il était encore besoin de démontrer l’esprit et l’humour caustique de Clément MAROT quand il s’y adonne, autant que sa maîtrise du verbe et de la rime jusque dans les formes courtes, nous vous proposons aujourd’hui un de ses savoureuses épigrammes. Celui-ci prend la forme d’une flèche assassine en direction d’un poète concurrent. Nous avions déjà abordé le thème des querelles par poésies et plumes interposées en abordant la biographie de cet auteur du début de la renaissance et vous pouvez valablement consulter l’article en question pour plus de détails : 

lément Marot n’a que vingt-deux ans quand il écrit cette courte poésie, que l’on a souvent appelé le petit épître au roi, épître étant à prendre, ici, dans son sens littéraire et non pas liturgique, soit une poésie en vers qui prend la forme d’une missive.

nécessairement, depuis des temps reculés par le bon vouloir et la générosité de bienfaiteurs argentés; le monde médiéval n’y a pas dérogé. Plus près de nous et depuis la fin du XXe siècle, et c’est une question tout à fait ouverte, je ne sais même plus s’il est possible de « vivre » uniquement de sa poésie, même miséreux; je veux donc dire survivre. Hors des anthologies d’auteurs confirmés, des éditeurs se risquent-ils sur de nouveaux auteurs? Les gens la lisent-elle encore? Ou ne peut-elle passer que par l’art musical et la chanson, même si les deux arts ne se recouvrent pas toujours, loin s’en faut.