
Historien médiéviste,.
Interview le Monde de l’éducation (mai 2000)


Période : moyen-âge central à tardif
Média : vidéo, chaîne youtube
Bonjour à tous,


Dans le même registre, nous avions déjà publié ici, il y a quelques temps, une « reconstitution » historique d’un village viking du moyen-âge situé au bord de la mer, mais c’est, cette fois, un petit coin de rue médiévale que nous vous proposons de découvrir. Elle est réalisée par un infographiste de talent qui s’est spécialisé avec sa chaîne youtube dans la création d’environnements ou de paysages virtuels à thème, à l’aide du moteur du software Unity 3D ou de celui de Unreal Engine, ce qui est le cas de cette dernière. La vidéo est accélérée mais le résultat obtenu en quelques heures reste impressionnant : ambiance, lumières, architecture, décoration, saisons, tout y est et il ne manque finalement que les habitants.


et 


Bien sûr, pour aller plus loin avec Unity que la simple réalisation de décors et développer des applications totalement interactives, il faudra nécessairement passer par le code et la programmation (C#/Javascript) même si l’intégration des scripts est grandement facilitée par la philosophie de l’éditeur et les outils à disposition. Pour réaliser des environnements simples comme celui que nous présentons aujourd’hui. cela n’est, en tout cas, pas utile; il faudra « simplement » compter avec la prise en main de la couche « édition » du software, la bonne nouvelle étant, sur le plan économique, que la société qui produit Unity 3D propose une version totalement gratuite en téléchargement. Cela permet de créer des mondes virtuels avancés sans en être de ces propres deniers. Bien entendu, pour débloquer certaines fonctionnalités comme l’édition sérieuse de jeux vidéo et leur portabilité sur toutes les plateformes, il faudra compter avec des formules d’abonnement ($75 par mois) ou acquérir la licence ($1500).
Le modèle économique d’Unreal vient, de son côté, de passer également sur du gratuit avec royalties au pourcentage (5%) sur la distribution des applications réalisées. Le soft, s’il fonctionne avec la même philosophie avec son Développement Kit semble toutefois trouver sa préférence chez les gros éditeurs qui, s’ils peuvent parfois modéliser rapidement le Jeu sur Unity 3D pour en valider les principes, finissent tout de même souvent par lui préférer Unreal pour la version distribuée officiellement au public.



Pour le reste, au niveau du workflow autant que de la portabilité, les plus avancés en termes d’infographie 3D, d’architecture ou de design pourront, bien sûr, valablement importer leurs productions dans Unity: terrains, bâtiments, et autres objets ou personnages 3D réalisés à l’aide de programmes extérieurs à l’application (blender, 3DS Max, etc…).

Pour finir, dans la bataille des deux softs pour gagner les faveurs du marché du Jeu 3D, il semble tout de même que la longueur d’avance d’Unreal n’est pas prête d’être reprise par Unity qui s’adresse à un marché plus intermédiaire et n’a pas, pour l’instant comme son concurrent, les faveurs des plus grands studios d’édition.
Une excellente journée à tous avec tout le bonheur, la santé et la joie qu’il m’est possible de vous souhaiter.
Fred
Pour moyenagepassion.com
« A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »

Auteur : François Villon
Titre : Ballade et « Oraison », l’âme du bon maistre Jehan Cotard.
Période : Moyen Âge tardif, XVe siècle?
Bonjour à tous,


Sur la question de qui était ce bon maistre Jehan Cotard, on trouve les traces de deux homonymes portant ce nom là, à Paris, dans une période contemporaine de celle de Villon. Le premier est un procureur en cour d’église mais, si c’est bien lui, l’homme était encore vivant au moment où Villon lui dédiait ses vers. Au vue de l’humour de Villon, il se peut très bien qu’il ait rédigé la ballade du vivant de son camarade de beuverie à la manière d’une farce entre amis. L’autre Jean Cotard était, quant à lui, un marchand orfèvre et bourgeois.
A la lecture de Villon, l’homme auquel François Villon fait référence ici semble bien être le premier des deux homonymes présents dans les registres de la municipalité de Paris. *
(Ci-contre, détail d’une scène de Taverne, (à l’évidence arrosée jusqu’au parquet) Manuscrit Valère Maxime, 1470)
Comme Villon semble s’être fait de nombreux amis, à l’occasion de ses études, dont une partie d’entre eux devint plus tard « de grands seigneurs et maîtres », d’autres hypothèses ont tout de même été fait sur l’identité de ce maître buveur. On a également même avancé la possibilité d’un troisième Jean Cothard mais avec un H cette fois-ci, qui était inscrit comme doyen de la confrérie Saint Jacques de Paris en 1462 et 1463.
Pour juger du bon maître dont il est question dans cette ballade, fions nous donc à la plume de Villon; il reste que ce dernier nous le dépeint comme un boit-sans-soif invétéré ce qui pourrait permettre d’inscrire cette poésie dans la tradition des chansons à boire ou même de la poésie goliardique des XIIe, XIIIe siècles qui encensait, entre autre chose, les plaisirs de la boisson et de la chair, à ceci près que la ballade du bon maistre Jehan Cotard par maistre François Villon n’est pas en latin mais en bon français du XVe siècle.
*Sources : Romania, revue trimestrielle consacrée à l’étude des langues et des littératures romaes (Volume 2, 1873) (consulter sur persée)

Pere Noe, qui plantastes la vigne;
Vous aussi, Loth, qui bustes au rocher,
Par tel party qu’Amour, qui gens engigne,
De vos filles si vous feit approcher,
Pas ne le dy pour le vous reprocher,
Architriclin*, qui bien sceustes cest art,
Tous trois vous pry qu’o vous veuillez percher
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard!
* Loth : s’enivra dans une caverne et ses filles abusèrent de lui pour concevoir
* Architriclin : Personne responsable de l’ordonnance du festin. allusion à l’Architriclin de l’évangile qui commanda qu’on fit servir le vin en premier aux noces de Cana.
Jadis extraict il fut de vostre ligne,
Luy qui beuvoit du meilleur et plus cher;
Et ne deust-il avoir vaillant ung pigne,*
Certes, sur tous, c’estoit un bon archer;
On ne luy sceut pot des mains arracher,
Car de bien boire oncques ne fut faitard.
Nobles seigneurs, ne souffrez empescher
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard!
* Pigne : traduit par peigne dans un ouvrage de 1835. ainsi que dans le glossaire de la langue d’Oil de Alphonse Bos. Pour le sens général de ces deux vers, nous proposons quelque chose comme :
« Et même s’il ne possédait pas grand chose
D’entre tous, il n’était pas du genre à lâcher sa prise. »
Comme um viellart qui chancelle et trepign
L’ay veu souvent, quand il s’alloit coucher;
Et une foys il se feit une bigne,*
Bien m’en souvient, a l’estal d’ung boucher.
Brief, on n’eust sceu en ce monde chercher
Meilleur pion, pour boire tost et tard.
Faictes entrer quand vous orrez hucher*
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard.
* Bigne: Bosse
*orrez hucher : entendrez frapper à la porte)
ENVOI.
Prince, il n’eust sceu jusqu’a terre cracher;
Tousjours crioyt: Haro, la gorge m’ard!
Et si ne sceut oncq sa soif estancher,
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard.
En lisant encore les références à Villon entre les lignes de Brassens, voici un texte assez peu connu du chanteur contemporain du XXe siècle ayant pour titre « la légion d’Honneur ». Il est notoire que Georges Brassens refusa cette légion d’honneur quand on la lui proposa, mais il ne chanta pas cette chanson pourtant de son vivant. On doit à Maxime le Forestier de l’avoir fait connaître, à titre posthume puisque Georges Brassens ne l’enregistra jamais de son vivant. On y trouve quelque vers en référence à ce Jehan Cotard dont Villon nous parle, que je vous livre ici:
« L’âme du bon feu maistre Jehan Cotard
Se réincarnait chez ce vieux fêtard.
Tenter de l’empêcher de boire un pot
C’était ni plus ni moins risquer sa peau.
Un soir d’intempérance, à son insu,
Il éteignit en pissotant dessus
Un simple commencement d’incendie.
On lui flanqua le mérite, pardi !
Depuis que n’est plus vierge son revers,
Il s’interdit de marcher de travers.
Car ça la fout mal d’ se rendre dans les vignes,
Dites du Seigneur, faire des faux pas
Quand on est marqué du fatal insigne.
La Légion d’honneur ça pardonne pas. »
Georges Brassens. La légion d’Honneur
Voici l’interprétation de la Légion d’Honneur
de Georges Brassens par Maxime le Forestier
Une très belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com
« A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes »
Sujet : festival, les médiévales de Provins, divertissement sortie, lieux d’intérêt,
Lieu : Provins, haut site historique, patrimoine mondial de l’UNESCO
Dates : Samedi 11 et Dimanche 12 juin 2016
Bonjour à tous!



Du côté spectacles de rue et animations, le festival vous régalera encore de théâtre comique autour de la légende d’Arthur et des chevaliers de la table ronde (Compagnie Crealid), de spectacles équestres à la poursuite de la légende des chevaliers et bien sûr de nombreux troubadours, jongleurs, équilibristes et autres saltimbanques venus pour ravir vos sens et vous transporter quelques sept ou huit siècles en arrière. La très joyeuse et dynamique compagnie Gueule de Loup sera aussi sur place et il y aura encore, 
Bref, j’en passe, mais une chose est sûre quand Provins se met à l’âge médiéval, tout est fait pour que vous y trouviez votre plaisir et votre divertissement. Sachez encore que des navettes gratuites sont organisées dans la ville, tout au long des deux jours du festival pour vous faciliter les accès à toutes ces réjouissances. Pour plus de détail le programme des festivités des 33e médiévales de Provins est ici. Vous pouvez aussi consulter le site web des 33e médiévales ici.


Provins a vu passer plus d’un personnage illustre de l’Histoire de France. Clovis s’empara de son Castrum Romain à la fin du Ve siècle et plus tard, on sait que Charlemagne y envoya ses « missi dominici », hauts fonctionnaires royaux très proches du roi que ce dernier mandait dans les points les plus importants du royaume afin d’en contrôler la bonne marche.

Plus tard et dès l’an mille, la ville s’impose comme un carrefour commercial de première importance. L’économie y sera florissante et elle attirera alors à elle de nombreux habitants et marchands. Durant le XIIIe siècle, on fortifiera la ville en y faisant construire des remparts de plus de cinq kilomètres de long pour protéger ses gens et ses richesses. Bénéficiant de la protection des comtes de Champagne, la ville connaîtra également le très célèbre roi guerrier troubadour, Thibaud le Chansonnier ou Thibaud IV de
Champagne, vassal de Philippe Auguste et de Saint Louis, dont nous vous parlions plus haut dans cet article..

Provins sera alors devenue une ville de majeure importance avec plus de 80 000 habitants ce qui en fera la troisième ville de France et les célèbres foires de Champagne du XIIe et XIIIe siècles consacreront encore son grand renom. En 1429, la ville verra aussi Charles VII et sa cour, en compagnie de Jeanne d’Arc, communier ensemble autour 
Quand il s’agit de faire revivre et d’animer sa propre Histoire. la ville de Provins n’en est pas à son galop d’essai et loin de là. Elle propose en effet, tout au long de l’année, de nombreux événements et visites de ses monuments ou de ses rues, à la découverte de son patrimoine et, pour ce qui nous intéresse, de la période médiévale de son Histoire. Avec les 33e médiévales, l’ambition est clairement de faire de cet événement l’un des plus grand festival de France sur le moyen-âge. Nul doute qu’avec l’expérience acquise, les efforts fournis, la qualité patrimoniale et monumentale de cette belle ville, et encore l’exceptionnel programme des festivités, le pari sera réussi. Alors, encore une fois, si le coeur vous en dit, voilà une très belle sortie pour égayer cette fin de semaine et la finir dans la joie!
Une merveilleuse journée à tous et, par dessus tout, joie et longue vie!
Fred
Pour moyenagepassion.com
« A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »