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Ballade « médiévale »: le moyen-âge de Victor Hugo, inspiré par Bürger et marié au folk de Malicorne

poesie_ballade_medievale_victor_hugo_XIXe_Sujet : chanson, poésie, musique, folk celtique, ballade romantique, ballade médiévale, médiévalisme, poésie d’inspiration médiévale.
Période : moyen-âge fantastique, gothique
XVIIIe, IXe, XXe siècle
Auteur  : Victor Hugo (1802-1885), odes et ballades (1828)
Titre : La fiancée du timbalier
Interprètes : Malicorne
Extrait de l’album : Malicorne 4 « Nous sommes chanteurs de sornettes », 1977 (Sony Music)

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaetit plaisir du jour, suite à notre article sur l’Histoire de la ballade médiévale et ses évolutions jusqu’au XIXe siècle, voici justement une poésie de Victor Hugo teintée de moyen-âge et mise en musique par le groupe folk-celtique Malicorne.

En réalité, du point de vue de sa datation, cette chanson n’a absolument rien de médiéval  puisque son texte remonte aux années 1828. Outre qu’elle demeure fort agréable à écouter – la belle voix de Gabriel Yacoub se coulant toujours parfaitement dans ce style de texte – elle permet aussi de mieux illustrer le procédé littéraire par lequel Victor Hugo crée une facture et une ambiance médiévale sur une toile de fond historique qui pourtant ne l’est pas. Loin des grandes guerres et échauffourées  du moyen-âge, cette ballade a, en effet, pour contexte la bataille de Prague de 1757 qui, pendant la guerre de sept ans, opposa violemment les prussiens aux autrichiens. Elle fut d’ailleurs l’une des plus meurtrières du XVIIIe siècle avec plusieurs dizaines des milliers d’hommes tués ou blessés de chaque bord.

Bataille de Prague 1757, mort du Maréchal Von Schwerin sur le champ de bataille, peinture de Johann Christoph Frisch (1738-1815)
Bataille de Prague 1757, mort du Maréchal Von Schwerin sur le champ de bataille, peinture de Johann Christoph Frisch (1738-1815)

Cette ballade dramatique et romantique de Victor Hugo se situe dans le contexte de cette bataille, au retour des troupes et il nous conte les déboires d’une jeune fille attendant son bien-aimé, parti au combat. En s’apercevant qu’il ne reviendra pas, elle mourra sur le coup. Il n’est donc pas question de récit historique et on s’inscrit ici clairement dans l’univers de la fiction et même du conte. Sur sa toile de fond autant que sur le récit, cette poésie a été directement inspirée à Hugo par le poète allemand Gottfried August  Bürger  (1748-1794), auteur romantique que l’on crédite d’avoir été, dans le courant du XVIIIe siècle, l’un des pionniers de ces nouvelles « ballades » d’inspiration médiévale.

Lénore, une ballade fantastique et gothique  du Gottfried August Bürger

E_lettrine_moyen_age_passionn 1774, cet auteur, célèbre par ailleurs pour son adaptation ou même, peut-on dire pour sa réécriture en  allemand des Fabuleuses Aventures du Légendaire Baron de Munchhausen (que Terry Gilliam porta à l’écran). publia, dans un magazine allemand, une ballade romantique ayant pour titre  Lénore et qui fit date.

Burger_lenore_poesie_balllade_medieval_fantastique_gothique_allemandeBien plus gothique et fantastique  que le traitement qu’a choisi d’en faire Victor Hugo dans son adaptation, il y était aussi question d’une jeune fille attendant le retour de son bien-aimé de la bataille de Prague. Dès le début du texte, ne le voyant pas revenir, elle invoquera la mort et son voeu se verra exaucé d’une étrange manière, tout au long de la ballade. Précisons que le « médiéval fantastique » dont il est question ici n’est pas encore teinté de fortes racines celtiques ou nordiques tel qu’on pourra le retrouver au XXe siècle après JJR Tolkien et la littérature Heroic fantasy. Nous sommes avec Lénore dans un fantastique qui mêle macabre, univers gothique et romantisme, et qui renvoie d’assez près justement à l’imagerie du macabre médiéval tel qu’il se constitue, en occident dans le courant du moyen-âge central (voir le thème de la mort dans la littérature française médiévale, Marie-thèrese Lorcin, À réveiller les morts : La Mort au quotidien dans l’Occident médiéval)


Voici quelques courts extraits de cette ballade de Bürgen, tirés d’une adaptation française versifiée de 1854.; elle ne peut certainement pas rendre totalement justice à l’original, mais elle nous permet au moins de l’approcher  :

D’un songe affreux Lénore poursuivie
Au point du jour se réveilla soudain.
« Mon cher Wilhelm, as-tu perdu la vie ?
Es-tu parjure ou te verrai-je enfin ? »
Sous Frédéric il partit pour l’armée,
Et combattit à Prague en bon hussard :
Mais depuis lors sa jeune bien-aimée
Ne reçut plus de lettres de sa part.

Les troupes sont de retour, l’amant de la jeune fille n’en fait pas partie et elle s’effondre, comprenant qu’elle l’a perdu.

… La mère accourt et vers elle s’élance :
« Que vois-je ? ô Dieu ! Qu’as-tu, ma chère enfant ?
Viens dans mes bras, parle avec confiance,
Dis-moi ton mal : je t’écoute en tremblant »
– Oh ! c’en est fait ; tout est perdu, ma mère !
Tout est perdu ! Hélas ! Wilhem est mort !
Il n’est plus rien qui m’attache à la terre:
Dieu, sans pitié, m’abandonne à mon sort !

… Oh ! C’en ait fait! Wilhem est mort, ma mère !
Il est perdu, oui, perdu sans retour :
Il n’est pour moi plus de bonheur sur terre !
Pourquoi faut-il qu’on m’est donné le jour ?
Mort ! Frappe-moi, brise mon existence,
Et qu’à jamais mon nom soit oublié !
Jouis, ô Dieu! Jouis de ma souffrance,
Puisque pour moi tu n’as pas de pitié.

Suite à ce « voeu », le fiancé viendra bientôt chercher la jeune fille à la nuit. Toute à sa joie, la belle tardera à comprendre que sous le visage de son amant, c’est en réalité la mort qui est venue la prendre pour la guider jusqu’à sa perte et réaliser son voeu. Sans se révéler, la Camarde fardé  et en armure de chevalier l’amènera sur sa monture, à travers la campagne et jusqu’au lit nuptial (le tombeau), dans un voyage gothique et fantastique qu’on imaginerait avoir tout à fait sa place dans l’univers d’un Tim Burton :

Vois-tu vois-tu l’étrange phénomène ?
Au clair de lune, on aperçoit là-bas
Sous le gibet la gent aérienne* (les noirs corbeaux),
Qui danse en rond et qui prend ses ébats.
« Ah ! ça, venez et suivez-nous, canailles !
Je vous voir décorer notre bal;
Vous ouvrirez la danse à nos fiançailles,
Et nous suivrez jusqu’au lit nuptial!

Bürger, Lénore – 1774 – Traduction française de 1854


lenore_burger_ballade_romantique_moyen-age_fantastique_gothique_Ary_Scheffer
Les morts vont vite, toile de Ary Scheffer (1830) sur le thème de Lénore de Bürger, Exposée au musée de la vie romantique à Paris.

T_lettrine_moyen_age_passionhème du blasphème qui prend un tour fantastique avec cette mort invoquée sans y penser vraiment et qui répond à l’invitation de la jeune fille, thème aussi de la mort et de l’érotisme avec ce lit nuptial devenu le tombeau des amants, thème romantique bien sûr des amants unis dans leur fin, le tout dans un univers gothique et une imagerie macabre qui renvoient à des origines clairement médiévales, cette ballade de Bürger fut traduite maintes fois dans d’autres langues et inspira de nombreux auteurs hors de l’Allemagne mais également d’autres artistes comme le peintre Ary Scheffer, considéré comme un des maîtres de la peinture romantique (voir tableau ci-dessus).

Dans son approche du récit, Victor Hugo a, quant à lui, plutôt choisi de se centrer sur le long défilé des troupes, en utilisant un grand renfort d’images et de vocables évocateurs pour nous immerger dans une ambiance médiévale prégnante. En modifiant le déroulement de l’histoire, il privilégie l’attente, l’espoir et met aussi le suspense en exergue. Le thème du blasphème, comme celui du macabre et de l’épopée nocturne et gothique sont, de fait, évacués de sa version (il aura l’occasion d’y revenir dans d’autres textes). L’idée romantique et peut-être aussi, finalement, fantastique, résidera ici dans le trépas soudain de la jeune fille, incapable de survivre à la disparition de son amant.

La chanson de Malicorne inspirée par Hugo

Chanson tirée de l’album Malicorne 4

Daté de 1977, le très réussi et salué album studio Malicorne 4 présentait des chansons traditionnelles françaises revisitées à la manière folk, celtique et « rock-progressif » du groupe. Dans ce corpus, la chanson La fiancée du timbalier (joueur de timbales) était d’ailleurs la seule qui soit album_malicorne_4_chanson_ballade_poetique_folk_medieval_fiancee_du_timbalier_victor_hugorattachée à un auteur connu et identifié. On trouve toujours l’album à la vente au format CD : Malicorne 4 format CD.

D’autres versions vinyle devenues collectors et plus onéreuses peuvent également être débusquées (en voici une disponible au moment de cet article: Malicorne Vol.4  format Vynile )

Concernant cette poésie de Victor Hugo, le compositeur et pianiste Camille Saint-Saëns l’avait lui-même mise en musique dans le courant du XIXe siècle, avec une version pour piano et également une version pour piano/chant nettement plus lyrique (voir partition sur archive.org).

La fiancée du timbalier de Victor Hugo
ballade du XIXe aux couleurs médiévales

 Monseigneur le duc de Bretagne 
A, pour les combats meurtriers, 
Convoqué de Nante à Mortagne, 
Dans la plaine et sur la montagne, 
L’arrière-ban de ses guerriers.

Ce sont des barons dont les armes 
Ornent des forts ceints d’un fossé ; 
Des preux vieillis dans les alarmes, 
Des écuyers, des hommes d’armes ; 
L’un d’entre eux est mon fiancé.

Il est parti pour l’Aquitaine 
Comme timbalier, et pourtant
On le prend pour un capitaine, 
Rien qu’à voir sa mine hautaine, 
Et son pourpoint, d’or éclatant !

Depuis ce jour, l’effroi m’agite. 
J’ai dit, joignant son sort au mien :
– Ma patronne, sainte Brigitte, 
Pour que jamais il ne le quitte, 
Surveillez son ange gardien ! –

J’ai dit à notre abbé : – Messire, 
Priez bien pour tous nos soldats ! –
Et, comme on sait qu’il le désire, 
J’ai brûlé trois cierges de cire 
Sur la châsse de saint Gildas.

À Notre-Dame de Lorette 
J’ai promis, dans mon noir chagrin, 
D’attacher sur ma gorgerette, 
Fermée à la vue indiscrète, 
Les coquilles du pèlerin.

Il n’a pu, par d’amoureux gages, 
Absent, consoler mes foyers ; 
Pour porter les tendres messages, 
La vassale n’a point de pages, 
Le vassal n’a pas d’écuyers.

Il doit aujourd’hui de la guerre 
Revenir avec monseigneur ; 
Ce n’est plus un amant vulgaire ;
Je lève un front baissé naguère, 
Et mon orgueil est du bonheur !

Le duc triomphant nous rapporte
Son drapeau dans les camps froissé ; 
Venez tous sous la vieille porte 
Voir passer la brillante escorte, 
Et le prince, et mon fiancé !

Venez voir pour ce jour de fête 
Son cheval caparaçonné, 
Qui sous son poids hennit, s’arrête, 
Et marche en secouant la tête, 
De plumes rouges couronné !

Mes soeurs, à vous parer si lentes, 
Venez voir près de mon vainqueur 
Ces timbales étincelantes 
Qui sous sa main toujours tremblantes, 
Sonnent, et font bondir le coeur !

Venez surtout le voir lui-même
Sous le manteau que j’ai brodé. 
Qu’il sera beau ! c’est lui que j’aime ! 
Il porte comme un diadème 
Son casque, de crins inondé !

L’Égyptienne sacrilège,
M’attirant derrière un pilier, 
M’a dit hier (Dieu nous protège !) 
Qu’à la fanfare du cortège 
Il manquerait un timbalier.

Mais j’ai tant prié, que j’espère ! 
Quoique, me montrant de la main 
Un sépulcre, son noir repaire, 
La vieille aux regards de vipère 
M’ait dit : – Je t’attends là demain !

Volons ! plus de noires pensées ! 
Ce sont les tambours que j’entends. 
Voici les dames entassées, 
Les tentes de pourpre dressées, 
Les fleurs, et les drapeaux flottants.

Sur deux rangs le cortège ondoie : 
D’abord, les piquiers aux pas lourds ;
Puis, sous l’étendard qu’on déploie, 
Les barons, en robe de soie, 
Avec leurs toques de velours.

Voici les chasubles des prêtres ; 
Les hérauts sur un blanc coursier. 
Tous, en souvenir des ancêtres, 
Portent l’écusson de leurs maîtres,
Peint sur leur corselet d’acier.

Admirez l’armure persane 
Des templiers, craints de l’enfer ; 
Et, sous la longue pertuisane, 
Les archers venus de Lausanne,
Vêtus de buffle, armés de fer.

Le duc n’est pas loin : ses bannières
Flottent parmi les chevaliers ;
Quelques enseignes prisonnières,
Honteuses, passent les dernières…
Mes soeurs ! voici les timbaliers !… « 

Elle dit, et sa vue errante 
Plonge, hélas ! dans les rangs pressés ; 
Puis, dans la foule indifférente,
Elle tomba, froide et mourante…
Les timbaliers étaient passés.

Une belle journée à tous et une bonne écoute !

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes

Musique ancienne: une légende et du folk en provenance des terres du nord

geek_culture_medieval_fantastique_fantaisie_dragonSujet : ballade, légendes nordiques, musique folk médiéval, ancienne, troll, chevalier, médiéval fantaisie, légendes celtiques.
Période : médiéval fantastique (?)
Groupe : Garmarna
Titre : Herr Mannelig ou Bergtrollets frieri
Album : Guds spelemän (1996)

Bonjour à tous,

S_lettrine_moyen_age_passioni vos racines normandes vous grattouillent ou si le celte en vous brûle de se frotter à de vieilles légendes et rêve encore de dragons et de trolls, nous avons trouvé, aujourd’hui, exactement ce qu’il vous faut. Nous vous proposons, en effet, une vieille légende du nord de l’Europe, en forme de ballade  musicale et folklorique.

La demande en mariage d’une troll des montagnes à un chevalier

Garmarna, les interprètes du jour.

L_lettrine_moyen_age_passione groupe GARMARNA est d’origine suédoise. Formé dans les années 93, il est bien plus spécialisé dans le rock que la dans les musiques anciennes. A l’occasion de leur second album, en 1996, ils décidèrent pourtant de faire une incursion dans le genre folk de l’Europe du nord et de la Suède, en y consacrant un album complet ayant pour titre, Guds spelemän: les violons de Dieu ou les violoneux divins.

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La chanson que nous vous proposons aujourd’hui est la première de l’album. C’est une belle ballade de style médiévale qui nous entraîne dans l’univers fantastique des légendes et des terres du nord. Elle est connue sous plusieurs titres Bergtrollets frieri (la proposition (en mariage) de la Troll des montagnes) ou Herr Mannelig musique_folk_legende_celtique_medieval_fantastique_suede_troll(Messire Mannelig et quelquefois même Mannerlig). Comme le titre est devenu populaire au delà de l’Europe du nord dans les milieux néo-folk ou dans le registre du folk-médiéval, elle est loin d’en être à sa première reprise. Vous en trouverez donc des versions suédoises, mais aussi d’autres en allemand, en italien, ainsi qu’en Polonais ou même en biélorusse.

L’histoire de la chanson

E_lettrine_moyen_age_passionlle conte les déboires d’une femme troll des montagnes  qui, pensant ainsi devenir humaine, essaya de persuader un preux et jeune chevalier de l’épouser. La chanson rapporte leur dialogue et sa tentative et ses mensonges pour le convaincre.

Malgré tous ses arguments, l’homme de guerre ne se laissera pas tenter et ne l’épousera pas car, dira-t-il, elle est fille de troll de montagnes et du Diable et n’est pas chrétienne. La pauvre « trollette » ne se délivrera donc pas de sa malédiction au sortir de la chanson.

Datation?

Concernant la datation, on trouve, ici ou là, affirmé que c’est une des plus anciennes chansons suédoises. De notre côté, nous n’avons trouvé, pour l’instant, aucun élément fiable permettant de l’affirmer. La seule certitude c’est qu’on la retrouve imprimée et mentionnée, avec sa partition, dans un vieil ouvrage suédois du milieu du XIXe siècle et de l’année 1877 (visuel ci-dessus pour la partition). Ce livre, qui ne nous dit rien de précis sur les origines ou sur l’auteur de la chanson, regroupe des chansons folkloriques de Sudermanie (Södermanland), un antique province de Suède, situé au Sud de Stockholm. La ballade Herr Mannelig est la première à être citée dans l’ouvrage et elle est sans doute originaire de la même région, puisque ses paroles mentionnent deux lieux qui s’y trouvent: Tillo et Terno.

Pour le reste, nous savons aussi qu’elle est écrite en vieux suédois et comme beaucoup de chansons réputées médiévales, il est possible qu’elle soit antérieure au XIXe siècle, mais pas au point d’avoir ses origines avant le XVe siècle. Est-elle du XVIe, du XVIIe siècle? encore une fois et pour le moment en tout cas, il demeure difficile d’en être certain.

Adaptation française des paroles.

Nous vous en proposons ici une adaptation libre en français. Si vous êtes « suèdophone », la version en langue originale vient après.

Un matin, à l’aube, avant que le soleil ne luise
Et que les oiseaux se mettent à chanter
La troll des montagnes s’offrit au juste chevalier
Et lui conta de fausses paroles

Messire Mannelig, Messire Mannelig, m’épouserez-vous?
Pour tout ce que je vous offrirai sans compter
Répondez seulement oui ou non
Dites moi si vous voulez ou pas

A vous, je donnerai douze chevaux véloces
Ils se tiennent dans le bosquet rose
Ils n’ont jamais été sellés
Et leur bouche n’a connu de bride

A vous, je donnerai douze moulins
Qui sont entre Tillo et Terno
Les meules sont de l’or le plus rouge
Et leurs roues couvertes d’argent

A vous, je donnerai une épée dorée
Qui brille de quinze anneaux d’or
Pour que vous soyez fort au combat
Et gagnez toutes vos batailles

A vous, je donnerai une tunique
Des meilleures et des plus brillantes
Non cousue de fil à l’aiguille
Mais crocheté de pure soie blanche

(il répond)

Des cadeaux comme ceux-là, je prendrai volontiers
Si tu étais une femme chrétienne.
Mais je sais que tu es fille de troll des montagnes
Des mauvais esprits et du diable

La troll des montagnes est sortie par la porte
En gémissant et en criant:
Si j’avais pu avoir pour moi
ce jeune chevalier juste et bon,
Mes tourments aurait pris fin.

Messire Mannelig,  Messire Mannelig, m’épouserez-vous?
Pour tout ce que je vous offrirai sans compter
Répondez seulement oui ou non
Dites moi si vous voulez ou pas

Version originale suédoise

Bittida en morgon innan solen upprann
Innan foglarna började sjunga
Bergatrollet friade till fager ungersven
Hon hade en falskeliger tunga

Herr Mannelig herr Mannelig trolofven i mig
För det jag bjuder så gerna
I kunnen väl svara endast ja eller nej
Om i viljen eller ej

Eder vill jag gifva de gångare tolf
Som gå uti rosendelunde
Aldrig har det varit någon sadel uppå dem
Ej heller betsel uti munnen

Eder vill jag gifva de qvarnarna tolf
Som stå mellan Tillö och Ternö
Stenarna de äro af rödaste gull
Och hjulen silfverbeslagna

Eder vill jag gifva ett förgyllande svärd
Som klingar utaf femton guldringar
Och strida huru I strida vill
Stridsplatsen skolen i väl vinna

Eder vill jag gifva en skjorta så ny
Den bästa I lysten att slita
Inte är hon sömnad av nål eller trå
Men virkat av silket det hvita

Sådana gåfvor jag toge väl emot
Om du vore en kristelig qvinna
Men nu så är du det värsta bergatroll
Af Neckens och djävulens stämma

Bergatrollet ut på dörren sprang
Hon rister och jämrar sig svåra
Hade jag fått den fager ungersven
Så hade jag mistat min plåga

Herr Mannelig herr Mannelig trolofven i mig
För det jag bjuder så gerna
I kunnen väl svara endast ja eller nej
Om i viljen eller ej

En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.