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La 5eme édition des Grands Tournois de la cité d’Aigues Mortes

blason_ecu_heraldique_aigues_mortes_occitanie_moyen-ageSujet : tournois, festivités historiques  fêtes, animations médiévales, combat médiéval,  histoire vivante, reconstitution
Evénement : Les Grands tournois
Période : du haut moyen-âge à Renaissance
Lieu : Aigues Mortes, Gard, Occitanie
Dates: les 9 & 10  juin 2018.

Bonjour à tous,

T_lettrine_moyen_age_passionandis qu’au sud-est de la capitale, on ira célébrer à Provins, les hommes, les bêtes et les grandes foires médiévales de la Champagne, le sud de la France ne sera pas en reste, puisque la fille méridionale de Saint-Louis, la prestigieuse et belle cité d’Aigues-Mortes y donnera ses grands tournois.

Organisé par la Fédération Française Médiévale & Renaissance, il s’agira là de la 5ème édition de l’événement. Comme les années précédentes, on entend bien couvrir de larges aspects du tournoi historique et, de fait, une grande variété de disciplines y sera fetes_animations_medievales_reconstitution_historique_tournois_chevalerie_aigues-mortes_représentée : lice à pied des XIVe et XVe siècles, tournoi d’archerie et d’arbalestrie, mais encore jeux & archerie équestre. Les épreuves  proposées tout au long du week-end donneront lieu le dimanche, en fin de journée, à des remises de prix.

Nous l’avions déjà mentionné à l’occasion de notre article sur l’édition précédente de ces Grands Tournois d’Aigues Mortes mais il vaut de le répéter. On ne badine pas avec l’Histoire, ici, et les organisateurs sont particulièrement attachés aux aspects de reconstitution. Pas question donc de présenter un fatras approximatif mais bien de respecter, au plus près, la réalité historique pour pouvoir ainsi sensibiliser le public aux différentes formes de tournois, mais aussi à leur évolution dans le temps.

Haut moyen-âge, moyen-âge central, moyen-âge tardif et pré-renaissance, les Mesnies sont ainsi classées, de manière stricte, en trois périodes. Le souci de réalisme s’étend également aux aspects périphériques de l’événement : artisanat, technologies, vêtements, aspects de la vie militaire ou quotidienne présentés dans le grand camp multi-époque installé sur place. Tout ceci n’exclut bien sûr pas le divertissement mais est plutôt censé le monter en exigence et en qualité.

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Animations permanentes,
Marché et conférences

E_lettrine_moyen_age_passionn plus des nombreuses épreuves qui rythmeront les journées et du grand camp qui réunira les différentes troupes de reconstituteurs, différentes animations seront encore prévues pour retraduire l’ambiance qui régnait autour de ces grands événements populaires et festifs du moyen-âge : musique, ateliers-spectacle ou participatifs, jeux divers, etc…

On notera également la présence sur place d’un marché artisanal médiéval, mais aussi d’une bourse d’échange de matériel médiéval.  Le samedi soir sera aussi l’occasion d’une nocturne avec danses et ripailles autour d’un bal animé. Enfin, des conférences sur des thèmes variés émailleront encore ces Grands tournois d’Aigues-mortes 2018.

FB de l’événement – Programme détaillé des Grands tournois

Voir article sur l’édition précédente de l’événement – Découvrir l’Histoire médiévale d’Aigues-Mortes

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Eglogue au Roi sous les noms de Pan & Robin, une parabole aux accents bucoliques de Marot, à l’automne de sa vie

portrait_clement_marot_poesie_medievaleSujet :  poésie renaissante, moyen-âge tardif, poésies courtes, églogue, Robin, Marion.
Période : fin du moyen-âge, renaissance
Auteur :  Clément MAROT (1496-1544)
Titre : « Eglogue au roy (roi), sous les noms de Pan et Robin»
Ouvrage :. oeuvres complètes de Clément MAROT, par Abel grenier, Tome 1 (1879)

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionaté de 1539, l’Eglogue au Roy de Clément Marot fait partie de la poésie tardive de l’auteur. Notre poète a passé la quarantaine et il laisse ici de côté le ton grivois et gaulois qu’il a si souvent tutoyé sur le thème de Robin et de Marion, pour une poésie plus sage et plus profonde, mais dont le ton reste léger et imagé.


Eglogue :  l’églogue est une poésie lyrique en général assez courte qui loue et met en exergue le thème de la vie champêtre et pastorale. Son origine remonte aux grecs et au poète Virgile. Dans la forme dont il est question ici, c’est un genre poétique repris aux débuts du XVe.


Les deux visages de Marot

deco_medievale_enluminures_clement_marotEn réalité, ce n’est pas qu’une affaire d’âge, ni de maturité. Les deux visages de Marot homme de cour trivial à l’humour caustique  d’un côté et, de l’autre, auteur talentueux d’une grande sensibilité qui sait aussi traiter les sujets avec style et profondeur, sont présents tout au long de son parcours.

Peut-être ne peut-on pas totalement en vouloir à Boileau de l’avoir un peu enfermé et sans doute réduit à ce rôle d’amuseur et cet « élégant badinage ». Marot a cédé plus qu’à son tour aux traits d’esprit et sa verve a, de fait et souvent, pu un peu éclipser l’auteur plus sérieux et formel qu’il savait être aussi. L’humour a quelquefois ceci de « dévorant » qu’il suffit d’en faire un peu pour qu’on veuille vous y réduire ou  même en faire, à votre place, une profession de foi. C’est loin d’être le cas de Marot et on ne peut l’y cantonner, ceux qui se sont penchés sur la totalité de son oeuvre le savent bien. Comme de notre côté, nous avons jusque là beaucoup cédé à ses bons mots, il est temps sans doute que nous approchions un peu son autre visage, pour contrebalancer.

Contexte historique

Que de chemin parcouru entre la première églogue à Virgile de l’Adolescence Clémentine, ou celle encore, en forme d’épitaphe à Ma Dame Loyse de Savoye et celle du jour. De longues années se sont écoulées, plus de vingt ans, avec dans l’intervalle, quelques sérieuses épreuves.

En 1539, Marot est revenu depuis quelque temps déjà de son premier et douloureux exil. Trois ans auparavant et sur demande de François 1er, il a abjuré solennellement à Lyon et, ayant obtenu le pardon du roi, il se tient à nouveau à la cour. Ses conflits avec les autres poètes sont loin derrière lui et sa réputation, autant que sa position, y sont de nouveau bien assises. Quelques années auparavant, ces oeuvres ont été publiées à la faveur d’une imprimerie qui s’impose de plus en plus comme une technologie avec laquelle il faudra désormais compter et malgré les vicissitudes et le parcours agité que notre auteur a connu, le roi semble toujours autant l’avoir en ses faveurs, goûtant, sans les bouder, les charmes de sa plume.

deco_medievale_enluminures_clement_marotPourtant, pour autant qu’il pourrait se contenter du confort dans lequel il se tient, il semble qu’il faille que Marot ne soit jamais tout à fait sage et conforme, ni tout à fait docile. En l’occurrence et cette  même année 1539, il sera, en plus, rattrapé par son passé. L’Enfer – sulfureux pamphlet qu’il avait composé à l’attention de ceux qui l’avaient fait emprisonner en 1526 et contre la magistrature et les théologiens – sera, en effet, édité sans son autorisation. Trois ans plus tard, le même texte sera à nouveau publié par Estienne Dollet dans des conditions similaires.

D’un autre côté et, pour le coup, bien volontairement, Marot continue d’oeuvrer à sa traduction des psaumes. Sait-il que se faisant, il prendra encore le risque d’éveiller les foudres de ses anciens ennemis qui continuent de le surveiller d’un oeil ? Il ne peut l’ignorer et, en tout cas, il semble le redouter, comme on pourra le lire entre quelques lignes de cette Eglogue du Roy.

« Il me suffit, que mon trouppeau (tu) preserves* (Pan)
Des loups, des ours , des lyons, des loucerves, »

Du reste, ces foudres, il les connaîtra à nouveau, quelques temps après, avec ses mêmes psaumes. La Sorbonne en tête, bientôt suivie par l’église et une cohorte de détracteurs, se dressera contre la traduction et la versification de Marot. Bien que le succès de la parution ait été indéniable à la cour comme ailleurs, on le frappa d’hérésie et on vint même demander au roi d’entériner la sanction. Ajoutés au contexte houleux de la réforme et de la chasse aux luthériens, la publication de l’enfer en 1542 et cette agitation autour des psaumes comptèrent sans doute parmi les raisons qui conduisirent le poète à un nouvel exil. On en connait les suites, il s’enfuit à Genève, de là et un peu plus tard, il se réfugia en Savoie, puis encore en Italie et à Turin où, il finit par périr, deux ans plus tard,  loin de son sol aimé.

Liberté et conscience de la postérité

Plus idéaliste que marginal ou même révolté ( au sens social), pour être pensionné et au service du roi, nous le disions plus haut, Marot n’en est pas, pour autant, totalement servile ; une nécessité le pousse à mener son art, autant que ses actes, là où bon lui semble et où sa conscience lui dicte. On ne peut sans doute pas réduire cette liberté à une protection royale et peut-être même une certaine bienveillance qu’il tiendrait pour acquises et dont, le supposant, il aurait fait quelques abus. En 1539, l’expérience lui en a déjà largement démontré les limites. Les choses lui échappent-elle vraiment ? Se pose-t-il même toujours  la question ? A l’image de ses convictions, il semble tout de même que l’écriture reste pour lui une affaire sérieuse qui devrait situer le poète, en dernier ressort, à une certaine hauteur de débat et même au dessus des simples contingences alimentaires. (1)

Est-ce une tendance naturelle, un trait de caractère frondeur ou est-ce l’écriture critique et satirique du Jean de Meung du Roman de la Rose, qui l’a formé à l’école d’une certaine liberté qu’on ne peut simplement réduire à de l’impertinence ? Plus haut et plus loin que le désir puéril de provoquer, la plume est un chemin vers une liberté deco_medievale_enluminures_clement_marotqui ne souffre l’aliénation. On a parlé quelquefois à son propos d’étourderie, d’impulsivité, c’est lui prêter, sans doute, un peu trop de « légèreté intellectuelle » et moins de conscience qu’il n’en avait.  La vérité est entre les deux. S’il serait exagéré de faire de Marot un auteur clairement engagé, loin s’en faut, on ne peut pour autant  le résumer à un poète de cour  épris de trivialité et aveuglément au service du roi. (2)

Peut-être un peu de la fronde de François Villon a t-elle aussi fini par se greffer dans un coin de l’esprit de Marot et jusque dans sa destinée houleuse ? On sait l’admiration qu’il vouait à ce dernier et si c’est le cas, le poète de Cahors aurait eu de qui tenir. Même si le rapprochement ne peut se faire que de loin entre  le parcours et « l’anticonformisme » de l’auteur du Grand testament et Marot,  Villon a indéniablement insufflé à la poésie une forme d’absolu, en la mettant, d’une certaine manière, au dessus des lois des hommes et du conformisme. Dans les méandres de sa vie chaotique et marginale, à travers la grande aventure de son écriture, armé de sa seule plume, Villon est finalement demeuré seul face à ses actes, face à Dieu et face à la postérité, insaisissable et élevé par son art.

Marot a-t-il pu être touché par cet absolu et la hauteur à laquelle ce dernier plaçait la poésie ? Peut-être. Dans ses siècles où se forme plus résolument la notion d’auteur, il eut aussi une conscience aiguë de la notion de legs et de postérité :

 « Et tant que ouy, & nenny se dira,
Par l’univers, le monde me lira »
Clément Marot. Epitre LXI a un sien amy (1543)

L’imprimerie, de plus en plus présente, n’est sans doute pas étrangère à cela. Dans ce XVIe siècle déjà renaissant, elle a déjà édité et souvent même égratigné des oeuvres poétiques (celles de Villon notamment) pour les besoins de son commerce, Marot s’en est assez plaint. Nouvelle technologie à double tranchant, elle peut, certes, déformer l’art du poète ou éditer contre lui des oeuvres passées en lui ôtant des mains le contrôle de son legs mais, en même temps, elle l’affranchit (idéalement plus que matériellement) de son royal bienfaiteur en lui offrant un large lectorat. Il est difficile de savoir à quel point cela a pu faire partie des éléments favorisant chez le poète de Cahors la conscience d’inscrire son art et ses actes dans la durée, à l’ère des manuscrits le succès de certains auteurs avait déjà été assuré, mais c’est un élément de contexte que l’on ne peut totalement ignorer.

L’Eglogue au Roy,
sous les noms de Pan & Robin  

Dans cet églogue à la première personne, Marot se glisse dans la peau d’un pastoureau nommé Robin qui nous conte sa vie champêtre tout en louant le Dieu Pan.

De fait, l’ensemble de cette oraison du petit berger à Pan est une belle parabole aux accents rupestres dans lequel le poète relate et « encode » les moments forts de sa vie. On y trouvera donc de nombreux allusions à son propre parcours, beaucoup de légèreté, un brin de mélancolie et de questionnement sur l’avenir mais pas de trace d’amertume. Point de verve ou de vitriol, le calme est retrouvé et à l’approche de l’hiver, l’auteur semble ne rêver que d’un peu d’abri et de tranquillité.

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On en connait le passage célèbre, maintes fois cité que nous reprenons ici à notre tour. Au delà de ces quelques vers connus, en plus du plaisir à la lire, cette églogue vaut vraiment d’être redécouverte dans sa totalité pour ce qu’elle nous apprend de la vie du poète, mais aussi de ses vues sur son art. Nous vous proposons d’ailleurs en pied d’article un lien vous permettant de la télécharger au format pdf.

(…)

Sur le printemps de ma jeunesse folle,
Je ressemblois l’arondelle qui volle
Puis ça, puis là : l’aage me conduisoit,
Sans peur ne soing, où le cueur me disoit.
En la forest (sans la craincte des loups)
Je m’en allois souvent cueillir le houx,
Pour faire gluz à prendre oyseaulx ramages,
Tous differens de chantz et de plumages ;
Ou me souloys (pour les prendre) entremettre
A faire bricz, ou cages pour les mettre.
Ou transnouoys les rivieres profondes,
Ou r’enforçoys sur le genoil les fondes,
Puis d’en tirer droict et loing j’apprenois
Pour chasser loups et abbatre des noix.

Saluant au passage la « jeunesse folle » de Villon,  dans quelques uns de ses premiers vers sur le printemps de sa vie, on pourrait presque entendre raisonner avec quelques siècles d’avance, certains accents lyriques du Chant du monde de Giono ou revoir encore défiler les plus belles pages contemporaines de l’enfance buissonnière de Pagnol à la Gloire de son père. Le cadre de la vie campagnarde est joliment posé.

Viendra encore s’y ajouter l’affirmation de la vocation précoce du poète et un long hommage à son père Jean Marot pour lui avoir transmis cet art que l’auteur mettra ici en comparaison avec celui des troubadours ou des trouvères de la lyrique courtoise, en parlant de ‘chants », de « chansons », de « notes » et encore de « flûtes » et de « flajolets« .

O quantesfoys aux arbres grimpé j’ay,
Pour desnicher ou la pye ou le geay,
Ou pour jetter des fruictz ja meurs et beaulx
A mes compaings, qui tendoient leurs chappeaux!
Aucunefoys aux montaignes alloye ,
Aucunefoys aux fosses devalloye,
Pour trouver là les gistes des fouynes,
Des herissons ou des blanches hermines,
Ou pas à pas le long des buyssonnetz
Allois cherchant les nidz des chardonnetz
Ou des serins, des pinsons ou lynottes.
Desja pourtant je faisoys quelques nottes
De chant rustique, et dessoubz les ormeaux,
Quasy enfant, sonnoys des chalumeaux.

Si ne sçaurois bien dire ne penser
Qui m’enseigna si tost d’y commencer,
Ou la nature aux Muses inclinée,
Ou ma fortune, en cela destinée
A te servir : si ce ne fust l’un d’eux,
Je suis certain que ce furent tous deux.

Plus tard, plus loin, arrivant à l’été, il nous parlera encore du plaisir qu’il a eut à exercer son art. Cigale plus que fourmi, il n’a eu cure d’accumuler les biens.

Plus me plaisoit aux champestres séjours
Avoir faict chose (ô Pan) qui t’agreast,
Ou qui l’oreille un peu te recreast,
Qu’avoir autant de moutons que Tityre;
Et plus (cent foys) me plaisoit d’ouyr dire :
‘( Pan faict bon oeil à Robin le berger. »
Que veoir chés nous trois cents beufz héberger,
Car soucy lors n’avoys en mon courage
D’aucun bestail ne d’aucun pasturage.
Mais maintenant que je suis en l’autonne,
Ne sçay quel soing inusité m’estonne.
De tel’ façon que de chanter la veine
Devient en moy, non point lasse ne vaine,
Ains triste et lente, et certes, bien souvent,
Couché sur l’herbe, à la frescheur du vent,
Voy ma musette à un arbre pendue
Se plaindre à moy qu’oysive l’ay rendue;

Et le souci le prend un peu de pouvoir se mettre à l’abri, lui et les siens pour anticiper sur l’hiver déjà proche :

D’autre costé j’oy la bise arriver.
Qui en soufflant me prononce l’yver;
Dont mes trouppeaux, cela craignant et pis,
Tous en un tas se tiennent accroupis,
Et diroit on, à les ouyr besler,
Qu’avecques moy te veulent appeller
A leur secours, et qu’ilz ont cognoissance
Que tu les as nourriz dès leur naissance.
Je ne quiers pas (ô bonté souveraine)
Deux mille arpentz de pastiz en Touraine,
Ne mille beufz errants par les herbis
Des montz d’Auvergne, ou autant de brebis :
Il me suffit que mon troupeau préserves
Des loups, des ours, des lyons, des loucerves.
Et moy du froid, car l’yver qui s’appreste
A commencé à neiger sur ma teste.

Certains auteurs se sont demandés si sous le visage de Pan, Marot ne s’adressait pas ici, de manière allégorique, à la personne de François 1er. De fait et par son titre cette Eglogue est explicitement adressée au souverain. On a même évoqué l’hypothèse que le poète puisse ici s’adresser au Christ (2). Il semble, en tout cas, qu’à la même période, Marot ait obtenu du roi la donation d’une demeure (« une maison avec jardin rue du clos Bruneau à Paris »).  Les auteurs sont partagés sur la question d’une doléance voilée au souverain ou même encore de remerciements que le poète lui aurait fait à travers cette oraison comme les deux derniers vers semblent le suggérer:

« Sus mes brebis, trouppeau petit et maigre,
Autour de moy saultez de cueur allaigre,
Car desja Pan, de sa verte maison,

M’a faict ce bien d’ouyr mon oraison. »

On trouvera une autre version de cette oraison plus tardive et découverte après le mort du poète. Son authenticité ou sa paternité ont quelquefois été questionnées, mais il semble qu’on n’ait plus grand doute de nos jours sur le fait que cette réécriture est bien de Marot et sans doute du temps de son dernier exil. Elle a pour titre « La Complaincte d’un pastoureau chrestien faict en forme d’églogue rustique, dressant laplaincte a Dieu, soubz la personne de pan, dieu des Bergers ». La « verte maison » en a été gommée :

Puis je connois par ce chesne tremblant
Que Pan mon dieu me monstre bon semblant,
Dont à mon coeur ferme joye est rendue
Puisqu’il a jà ma prière entendue.

Retrouvez l’Eglogue au Roy de Marot dans sa totalité ici :
Télécharger l’églogue au Roy de Clément Marot au format PDF

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes


(1) Sur la liberté de Marot, on lira avec intérêt l’article de Daniel Martin « Clément Marot, nouveaux horizons de la poésie et du poète à la Renaissance«  dans le numéro 54 de la revue Réforme, Humanisme, Renaissance de 2004.

(2) Du même auteurLe Valet de chambre et son roi, Marot impertinentRéforme, Humanisme, Renaissance, 2014.

Epigramme, quand Clément Marot moquait Geoffroy Bruslard

portrait_clement_marot_poesie_medievaleSujet :  poésie renaissante, moyen-âge tardif, humour, poésie satirique, poète, épigramme, poésies courtes.
Période : fin du moyen-âge, renaissance
Auteur :  Clément MAROT (1496-1544)
Titre : « Epigramme  à Geoffroy Bruslard»
Ouvrage : oeuvres complètes de Clément MAROT, par Pierre JANNET, Tome 3 (1868)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous partons en balade sur les rives de la fin du moyen-âge et de la renaissance avec un peu de l’humour caustique dont Clément Marot avait le secret. Le temps a emporté depuis ce Geoffroy Bruslard mais, pour le meilleur ou pour le pire, grâce à la verve du poète de Cahors plus sûrement qu’à la teinture, sa barbe est resté épinglée sur le mur de la postérité.

poesie_humour_satirique_renaissance_moyen-age_tardif_Clement_Marot_Epigrammes

A Geoffroy Bruslard

Tu painctz ta barbe, amy Bruslard, c’est signe
Que tu vouldrois pour jeune estre tenu ;
Mais on t’a veu nagueres estre un cigne,
Pous tout à coup un corbeau devenu.
Encore le pis qui te soit advenu
C’est que la Mort, plus que toy fine et sage,
Coingnoist assez que tu es tout chenu,
Et t’ostera ce masque du visage.

Clément Marot (1496-1544)
Mentiris juvenem –  Epigramme

Une belle journée à tous dans la joie et aussi loin que possible de la dictature des apparences !
Fred
Pour moyenagepassion.com
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Patrick Proust, portrait d’un artiste multifacette passionné d’Histoire et de musiques anciennes

artiste_musiques_anciennes_historiques_spectacles_fetes_animations_medievales_patrick_proustSujet :  musique médiévale, musique ancienne, danse médiévale, portrait, passion, passionné, animations historiques, animations médiévales, musicien, artiste, fêtes médiévales
Epoque :  moyen-âge central et tardif,  et plus largement du XIIe  au XIXe siècle
Artiste,musicien :  Patrick Proust

Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoilà longtemps déjà que nous voulions faire ici le portrait d’un musicien, danseur et comédien passionné d’histoire qui va sur les chemins de France là où le vent de son art le mène, avec une prédilection pour les événements culturels et les grandes fêtes médiévales ou historiques. Nous sommes donc très heureux que cet article nous donne enfin l’occasion de vous le présenter.

Itinéraire d’un vendéen de coeur

Musicien professionnel depuis de nombreuses années, Patrick Proust venait d’un tout autre univers musical jusqu’à sa rencontre avec l’auteur, metteur en scène et musicien  Laurent  Tixier, à la fin de l’année 2000. Son parcours artistique s’en trouvera grandement influencé et il fera peu de temps après, grâce à ce dernier, son entrée dans le monde de la musique ancienne. Depuis, il a fait son chemin et est allé chercher bien d’autres formations et savoir-faire pour compléter sa large panoplie artistique et pouvoir donner libre cours à sa créativité.

Pour ouvrir de nouvelles voies dans le monde de l’évocation ou de la reconstitution historique, il faut savoir, en plus d’être créatif, être autodidacte. Mené par sa passion, ce vendéen de naissance et de cœur est ainsi allé Patrick_proust_artiste_musicien_musiques_anciennes_animations_medievales_historiques_passion_moyen-agepuiser directement à la source des manuscrits et documents anciens, ce qu’aucune école ou formation n’aurait pu lui apprendre.

Au sortir de longues années consacrées à son art et à sa passion, entre musiques médiévales, renaissantes  ou baroques, théâtre, contes, humour et farces, et encore danses anciennes, il ne manque décidément aucune corde à l’arc de cet artiste complet et enjoué qui met aussi en scène ses propres spectacles.

Au niveau instrumental, il passe sans problème de la vièle à archet, au rebec, à la cornemuse ou encore à la flûte, sur des instruments fabriqués avec les techniques d’antan et sur mesure par des luthiers vendéens. Depuis quelques années, il étudie également le  violon baroque au conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique de la Roche sur Yon auprès de la célèbre  Zuzana Branciard.

Pour le reste, comme il s’est aussi formé très sérieusement à l’escrime ancienne durant plus de dix ans auprès du maître d’armes Michel Palvadeau ( champion de France et champion du Monde en 2004 ) et a aussi reçu les enseignements du grand maître Claude Carliez, quelque soit l’art qui vous intéresse chez lui, ne vous étonnez pas si « à la fin de l’envoi, il touche ».

Du sur mesure aux spectacles écrits

Une large palette de réjouissances musicales, théâtrales et historiques

De ses propres mots « Authenticité, créativité et Histoire patrimoniale » sont les trois piliers qui guide sa démarche artistique. A l’intérieur de ce cadre bien posé, la créativité peut s’exprimer à plein. De fait, en plus des nombreuses fêtes historiques ou médiévales dans lesquelles il intervient, de nombreuses institutions culturelles et patrimoniales ne s’y sont pas trompés font aussi appel à lui pour leurs événements.

Patrick_proust_artiste_musicien_comedien_musiques_anciennes_animations_historiques_medievales_passion_moyen-age« Veillées d’antan »,  accompagnées de la comédienne Roumégous Stéphanie  pour un spectacle, autour des  contes de  la Vendée du XVIIIe siècle. « Leçons du Sieur Baldin, musicien notoire , maître à danser chancelant et bretteur de salon » du XVIIIe, autour de  l’initiation aux danses anciennes, la liste est longue des spectacles ou concerts qu’il propose ou a déjà montés.

En dehors de ces « pièces » déjà bien rodées qui laissent toujours place à la surprise et à l’improvisation, Patrick propose aussi des prestations sur mesure que son large répertoire en terme musical et historique, comme en terme de jeu, lui permet de couvrir.

Du moyen-âge historique à un moyen-âge teinté de farces, d’imaginaire et de fantaisie.

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour la partie touchant le moyen-âge qui nous interpelle le plus ici pour des raisons éditoriales, on retiendra, au titre de ses dernières créations, une formation  ayant pour nom DUCTIA, qui met en scène le musicien avec l’artiste, percussionniste, conteuse  et  envoûtante danseuse Caroline Jacquet. Le monde médiéval se teinte ici de fantastique et de féerie dans un duo  qui mêle contes, danses, musiques médiévales ou d’inspiration médiévale et créations.

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Sur une période cette fois plus proche du moyen-âge tardif et de la renaissance, il faut encore mentionner ici les « Bouffonneries Ménestrières ou les Facéties de Maistre Bouzine » (en photo et en costume ci-dessous).

Patrick_proust_artiste_musicien_musiques_anciennes_farces_theatre_animations_medievales_historiques_passion_moyen-agePersonnage  inspiré de Triboulet, le fou de Louis XII, mais aussi des songes de Pantagruel, avec encore une touche  de couleurs prises au bord des toiles de Jérôme Bosch  ou de Brueghel, Maistre Bouzine  est une invitation au voyage dans un univers où se rejoignent musiques anciennes, humour visuel et farces burlesques ou grotesques. Comme son créateur, cet amuseur et jongleur haut en couleur joue de bien des instruments, avec tout de même, une grande prédilection pour la cornemuse. que l’on appelait justement  « Bouzine » dans certaines provinces de France, dans le courant du moyen-âge central.

La passion de transmettre: pédagogie, concerts éducatifs, initiation et ateliers

Bien sûr, à travers tout cet art qui se livre et se donne à partager, à travers encore toutes ces « histoires » que Patrick Proust nous conte autour de l’Histoire, il est question de divertissement mais aussi de transmission. Il n’est donc pas surprenant que notre passionné et artiste du jour se double d’un pédagogue.  Alors, quand il n’est pas occupé à ravir le public  entre les hauts murs d’un château, dans les salons d’une belle demeure historique, ou encore à l’occasion d’une grande fête médiévale, on peut le retrouver donnant des concerts éducatifs dans les milieux scolaires ou para-scolaires ou même animant des ateliers de « danseries » pour le compte de diverses associations historiques.

Retrouvez tous les liens utiles pour suivre Patrick Proust ici :
Site officiel –  FacebookFB Maistre Bouzine – FB Ductia

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE.
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.