
Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle
Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406)
Titre : « Ballade a double entendement, sur le temps présent»
Ouvrage : Poésies morales et historiques d’Eustache Deschamps , G A Crapelet (1832)
Bonjour à tous,

C’est donc bien, à son habitude, une nouvelle satire en creux de son époque qu’Eustache Deschamps nous proposait là. Notons que ce n’était pour lui qu’un exercice de style et d’humour et pas un faux-fuyant, puisqu’il a largement démontré, par ailleurs, qu’il n’hésitait 
Quoiqu’il en soit, pour l’heure et dans cette ballade à double sens, ce sont les valeurs générales de son temps qu’il interpelle ou plutôt leur absence : cupidité, déloyauté, ambition, égoïsme, vice, haine mutuelle, sans oublier bien sûr, au passage, une petite pichenette de rigueur sur la tête des gens de cour, tout y est entre les lignes.
Ballade à double entendement,
sur le temps présent d’Eustache Deschamps
L’en me demande chascun jour
Qu’il me semble du temps que voy,
Et je respons : C’est tout honour,
Loyauté, vérité et foy,
Largesce, prouesce et arroy (1),
Charité et biens , qui s’advance
Pour le commun ; mais , par ma loy,
Je ne di pas quanque je pence.
Chascuns doubte* (redoute) son Creatour,
L’un à l’autre ne fait annoy*, (d’ennui)
Sans vices sont li grant seignour,
Au peuple ne font nul desroy* (tort, mal, tourment),
Et appaisiez se sont li roy;
Cure n’ont d’or ne de finance,
Guerre fault* (manque, fait défaut) : c’est vrày, or me croy,
Je ne di pas quanque je pence.
Li grant, li moyen, ly menour,
Ne sont pas chascun à par soy,
Mais sont conjoint en une amour;
Sanz rebeller bien le congnoy;
Et se le contraire vous noy (2),
Et mon dit n’a vraie sentence,
Je vous pri, pardonnez-le-moy :
Je ne di pas quanque je pence.
Envoi
Prince, à court ont li bon séjour;
Honourez y sont nuit et jour,
Et li hault cuer plain de vaillance;
Mais ly menteur et ly flateour
N’y osent plus faire demour* (séjour) :
Je ne di pas quanque je pence.
(1) arroy, aroi : dans ce contexte, contenance, discipline, bonnes manières?
(2) Et si on le nie ou si on vous dit le contraire
En vous souhaitant une excellente journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com.
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

illes d’Esope, écrivain grec des VIIe et VIe siècles avant Jésus-Christ, dont on a fait l’illustre père bien avant La Fontaine, les fables se sont perpétuées avec succès dans la France du moyen-âge central.


ous revenons ici sur la fleur de poésie françoyse dont nous vous parlions, il y a quelques jours, pour vous faire partager, cette fois, un douzain largement plus drôle et satirique.


ême si elle est clairement osée, nous ne résistons pas au plaisir de poster cette poésie grivoise de Clément Marot. Ames sensibles s’abstenir donc, épigramme polisson au programme aujourd’hui.

ien loin de ces considérations morales et sociologiques, Marot revisite ici le genre de la pastourelle et notamment le devenu très classique jeu de Robin et Marion, à sa façon, c’est à dire avec causticité et sans retenue dans un épigramme tout en grivoiserie qui nous montre jusqu’où son humour peut s’aventurer.