Sujet : poésie médiévale, satirique, satire, humour, poète, épigramme, poésies courtes. Période : fin du moyen-âge, début renaissance Auteur : Clément Marot (1496-1544) Titre : D’un curé, épigramme
Bonjour à tous,
ous partageons, aujourd’hui, une nouvelle poésie courte, prise dans le répertoire des épigrammes de Clément Marot. Le poète et auteur du début de la renaissance nous entraîne, cette fois-ci, et toujours avec beaucoup d’humour et d’esprit, dans une moquerie au sujet d’un curé qui, à l’évidence ne cesse de se vanter d’apprécier la gente féminine.
Nous sommes aux portes de la renaissance ou à l’hiver du moyen-âge comme on préférera, pourtant l’esprit satirique qui courait déjà dans les fabliaux au sujet des curés ou prêtres dévoyés, est toujours bien présent chez Marot qui ne perd pas une occasion d’en rire : cupidité, grivoiserie, sexualité débordante, écarts entre la prêche et les actes, tout y passe. Nous avions déjà publié sa Ballade sur frère Lubin, voici donc ici une autre épigramme sur le même sujet. Ce ne sont que deux exemples, on en trouvera encore d’autres chez le poète .
D’un curé, Epigramme.
« Au curé, ainsi comme il dit, Plaisent toutes belles femelles, Et ont envers luy grand credit, Tant bourgeoyses que damoyselles; Si luy plaisent les femmes belles Autant qu’il dit, je n’en sçay rien; Mais une chose je sçay bien, Qu’il ne plait pas à une d’elles. »
Clément Marot, (1496-1544)
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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Sujet : poésie, littérature médiévale, réaliste, satirique, ballade, auteur médiéval, analyse littéraire. Période : moyen-âge tardif Titre : « Ballade des menus propos » Auteur : François Villon (1431- ?1463)
Bonjour à tous,
égèreté et profondeur, de la mouche à la mort, peut-être ne sont-ils pas au fond si menus ces propos de François Villon sur la connaissance du monde et des choses, opposée à la difficulté ou l’impossibilité dérisoire de se connaitre soi-même.
Dans cette ballade dont le titre même semble nous inviter à ne pas la prendre au sérieux, cette litanie de celui qui connaît tout mieux qui lui-même qui revient comme une ronde, vient trancher comme un couperet dans la légèreté du propos. A quelques exceptions, voilà donc une grande liste de connaissances finalement assez peu savantes, pour un narrateur poète qui, pour finir, confesse se connaître lui-même encore moins.
Avec cette pirouette ironique, Villon se rit-il seulement de lui-même ou fait-il encore une allusion ( narquoise ?) à un genre poétique connu de son temps et dont on retrouve la trace aussi dans le lointain XIIe siècle, notamment dans la poésie du duc d’Aquitaine , Guillaume IX (1071-1126) ?
Ieuconosc ben sen et folhor, E conoscanta et honor, Et ai ardimen e paor…
Je connais bien sens et folie Je connais la honte et l’honneur J’ai connu l’audace et la peur
Guillaume IX d’Aquitaine Ben vuelh que sapchan li pulzor
Une hypothèse plus pragmatique
sur la ballade des menu propos de Villon
ans une approche plus pragmatique et plus « factuelle » de la poésie de François Villon et notamment sur la période qui couvre les années 1457 à 1461, le romaniste et professeur de littérature française allemand Gert Pinkernell(1937-2017) a émis l’hypothèse qu’à l’image de la ballade des proverbes, cette ballade des menus propos pouvait être une tentative du poète médiéval pour se réconcilier avec son protecteur Charles d’Orléans. Toujours selon Gert Pinkernell, au moment de l’écrire, Villon avait été chassé de Blois, suite à une querelle entre poètes de cour; le bon Villon aurait pu en effet y égratigné quelque peu un dénommé Fredet, poète alors en faveur du seigneur d’Orléans. Ce dernier, ainsi que son écuyer, en aurait d’ailleurs blâmé FrançoisVillon par poésie interposée qui, humilié, aurait alors décidé de déserter la cour.
Toujours suivant l’hypothèse de l’auteur allemand, cette ballade des menus propos prendrait donc plutôt l’allure d’un plaidoyer de Villon sur sa propre ignorance, animé de la volonté très pratique de se remettre dans les faveurs du noble. Le poète médiéval y relaierait encore dans un jeu de miroir, un plaidoyer fait peu avant par Charles d’Orléans pour la défense de Jean d’Alençon et dans lequel le prince reprenait notamment la phrase suivante empruntée à Saint-Bernard : « plusieurs congnoissent plusieurs choses et ne se congnoissent pas eulx mesmes » et plus loin: « …congnoissant que je ne suis ne sage, ne bon clerc… »
Encore une fois, il est difficile d’être totalement affirmatif sur tout cela et Gert Pinkernelllui-même prend de grandes précautions jusque la fin de son propos: « il pense avoir démontré qu’il est vraisemblable que… » Son approche suscite d’ailleurs quelques polémiques en d’autres endroits, parce que toute théorique et finalement absolument invérifiable même si elle se fonde sur l’ analyse minutieuse des textes, et des rapprochements et renvois aussi précis que troublants d’une poésie à l’autre. Au demeurant, ses efforts pour ancrer les ballades de FrançoisVillon dans le contexte réel de ses relations avec Charles d’Orleans et la cour restent tout à fait louables et pour tout dire, sans aucunement les déprécier, plutôt plaisants à suivre. On y trouve, bien sûr, de nombreux : « Villon a pu » « a dû », « a certainement », mais on suit avec plaisir les investigations littéraires de G Pinkernell pour mettre à jour les intrigues relationnelles possiblement cachées derrière la poésie de Villon, dans le but de la ré-éclairer d’une autre manière. Il faut ajouter que pour un peu, en le lisant, on assisterait presque à une répétition des querelles entre poètes de cour et des règlements de compte par poésies interposées au milieu desquels Clément Marot se retrouvera pris, un peu moins d’un siècle plus tard.
Si le sujet vous intéresse, vous trouverez plus de détails sur la question dans l’ouvrage du : François Villon et Charles d’Orléans (1457 à 1461) de Gert Pinkernell. Plus accessible encore, vous pourrez consulter sur Persée un article détaillé du même auteur, paru en 1983 dans lequel il développe déjà largement cette hypothèse : une nouvelle date dans la vie et dans l’oeuvre de François Villon : 4 octobre 1458.
La ballade des menus propos
Je connois bien mouches en lait, Je connois à la robe l’homme, Je connois le beau temps du laid, Je connois au pommier la pomme, Je connois l’arbre à voir la gomme, Je connois quand tout est de mêmes, Je connois qui besogne ou chomme, Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Je connois pourpoint au collet, Je connois le moine à la gonne, Je connois le maître au valet, Je connois au voile la nonne, Je connois quand pipeur jargonne, Je connois fous nourris de crèmes,* Je connois le vin à la tonne, Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Je connois cheval et mulet, Je connois leur charge et leur somme, Je connois Biatris et Belet, Je connois jet qui nombre et somme, Je connois vision et somme, Je connois la faute des Boemes, Je connois le pouvoir de Rome, Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Prince, je connois tout en somme, Je connois coulourés et blêmes, Je connois mort qui tout consomme, Je connois tout, fors que moi-mêmes.
* Sur ces fous nourris de crème, c’est encore un article de Persée qui vient à notre secours pour tenter de les expliquer : Note sur la Ballade des menus propos. Gertrude Schoepperle. Deux hypothèses existent sur l’interprétation de cette expression. La première y verrait plutôt comme sens que les fous sont bien nourris à l’inverse des sages et des poètes, La deuxième hypothèse, développée dans cet article, souligne l’association fréquente à l’époque du fou et du fromage.
Un excellente journée à tous !
Frédéric EFFE.
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Sujet : poésie, littérature médiévale, réaliste, ballade, Villon chanté, chanson. Période : moyen-âge tardif Titre : « Ballade des menus propos » Auteur : François Villon (1431- ?1463) Interprètes : Monique Morelli Album :François Villon (1974)
‘est une voix surgie du passé qui entonne ici la ballade des menus propos de François Villon, celle d’une chanteuse populaire dans la veine d’une Piaf qui, dans les années soixante-dix chantaient les poètes.
Pour ceux qui se souviennent de la série télévisée Mandrin, Monique Morelli (1923-1993) y incarnait encore le rôle de La Carline et c’est elle qui prêtait aussi sa voix puissante au chant de Mandrin et à toutes les variations narratives chantées qui ponctuaient la série. Sans doute fut-elle une des dernières et dignes représentantes d’une certaine façon de chanter.
A partir de 1962, son cabaret parisien Chez Ubu fut un espace de création et d’expression pour de nombreux artistes et ce n’est pas par hasard si l’on peut encore entrevoir une parenté entre elle et la très créative Brigitte Fontaine, dans l’ambition littéraire et poétique au moins, même si leur style vocal diffère. Quoiqu’il en soit, à l’image de Léo Ferré, le récital de Monique Morelli est resté ambitieux et elle a contribué à faire connaître de nombreux poètes en les chantant.
Pour le reste, hormis les troubadours ou trouvères occitans, les poètes médiévaux de langue d’oil sont relativement peu chantés dans le texte original et elle a sans doute été une de celle qui a le plus exploré le fait de mettre en chanson la poésie de Villon en lui dédiant un album complet.
En vous souhaitant une belle journée!
Fred
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Sujet : poésie médiévale satirique, épitaphe, humour médiéval, humour noir, mots d’esprit. Période : fin du moyen-âge, début renaissance Auteur : Clément Marot (1496-1544) Titre : « De Frère Jehan L’evesque Cordelier Natif D’Orléans », épitaphe (1520)
Bonjour à tous,
ous vous invitons à découvrir, aujourd’hui, un peu de l’esprit caustique et satirique de Clément Marot en partageant une de ses épitaphes pleine d’humour, qui se comprend très bien sans traduction.
« Cy gist, repose et dors léans Le feu Evesque d’Orléans, J’entends l’Evesque en son surnom, Et frère Jehan en propre nom, Qui mourut, l’an cinq cens et vingt, De la verolle qui luy vint. Or affin que sainctes et anges Ne prennent ses boutons estranges. Prions Dieu qu’au frère Frappart Il donne quelque chambre à part. »
Clément Marot (1496-1544),
poète, auteur de la toute fin du moyen-âge, début de la renaissance.
Une excellent journée à tous!
Fred
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