Sujet : Kaamelott, série TV, médiéval-fantastique, roi Loth, Hervé de Rinel, légendes arthuriennes, humour, détournement. Période : haut Moyen Âge à central Auteur: Alexandre Astier
Bonjour à tous,
ujourd’hui, pour changer un peu, je vous propose une aventure en vers inspirée très directement de l’univers de la série Kaamelott d’Alexandre Astier. L’histoire est narrée à la façon du le Roi Loth, incarné par le célèbre « professeur » François Rollin dans la série TV. Dans ce petit conte, il tente d’œuvrer à la restauration de la réputation (quelque peu en dessous) de Hervé de Rinel (Tony Saba à l’écran), chevalier qui brille, à la table d’Arthur, par son inutilité.
Pour le reste, ce conte du dragon défait par le chevalier de Rinel est en Alexandrin, mais aussi en argot (que les âmes sensibles en soient averties). J’espère ne pas avoir laissé trop de pieds dépassés mais je suis confiant qu’un ou deux puristes sauront le noter, le cas échéant.
Du bon Hervé de Rinel & du dragon défait
Du bon Hervé d’Rinel, il s’en est beaucoup dit, Des vertes et des pas mûres, surtout des saloperies, Mais en vue d’rétablir l’honneur de ce grand homme, Qu’on a, bien trop souvent, fait passer pour une pomme, Il nous faut conter là, l’un de ses plus haut fait, L’histoire du dragon qui, par lui, fut défait.
Parti un matin tôt, juché sur sa monture, Notre bon chevalier s’en fut à l’aventure, D’aucuns disent qu’il suivait la quête du Graal, Et d’autres, des mauvaises langues, qu’c’était surtout son cheval. Les pires c’est ceux qu’i disent qu’il était aux mousserons Mais moi, j’y crois pas trop, il serait mort sinon. De toute manière tout ça, nous on l’saura jamais Vu que ça échappait même à l’intéressé. Bref, alors qu’il était au milieu d’un sentier A gratter Dieu sait quoi et à se les rouler Un fracas retentit à faire péter le ciel Une vieille odeur de souffre et dans une grand bruit d’ailes, Un dragon titanesque se posa devant lui.
Surpris par la bestiole, il lui dit : « Vous êtes qui ? » » Vous êtes c.. vous ou quoi ? » qu’il lui a fait l’bétiard Si vous êtes chevalier vous devriez l’savoir ! Chuis l’cador des légendes, celui que tout l’monde craint. » L’autre a dit « Désolé, je cherche mais ça m’dit rien… » « — Non mais sans déconner vous êtes un gros débile ? Bon une énigme alors ? ça s’ra pt’être plus facile. Par contre, faîtes un effort avant qu’ça d’vienne gênant : De ma gueule d’écailles jaillit un feu ardent Et de mes ailes noires je défie les nuages, Et tous me redoutent du plus fou au plus sage : Je suis ? Je suis ? Je suis ? Allez-y et pas d’vannes. » L’autre a plissé les yeux, pis il a dit : « Batman ? »
Là, il faut vous avouer que même bien lunée La Bestiole commençait un peu à s’échauffer. « — J’sais pas c’qui m’a foutu un abruti pareil… Ou vous êtes super c.. ou bouché des oreilles ! Concentrez-vous, Bon Dieu !, réfléchissez un peu : C’est facile des écailles, des ailes et puis du feu… » D’Rinel i s’est creusé, ça frisait l’mal de tête Pis tout à coup c’est v’nu, il a dit « Que ch’uis bête ! Non mais ça y est, je sais, ça m’a pris un moment. Je crois qu’j’ai deviné : z’êtes un poisson volant ? » Un tel niveau d’génie, l’dragon connaissait pas. Autant vous l’dire tout d’suite il a baissé les bras. Puis il a décollé, sans même un dernier r’gard, Il est rentré chez lui pour s’coller au plumard… De c’jour là des énigmes, l’en a plus jamais fait(es) L’est resté dans sa grotte à s’compter les doigts d’pieds.
Y a des jours comme ça, vaudrait mieux pas s’lever Rester dans son pageot, à rien foutre, à glander. Cette leçon là, voyez, sans notre bon héros, L’dragon l’aurait zappée, i s’rait p’t’être mort idiot. Du coup après tout ça, je pense que plus personne Osera v’nir encore dire qu’Hervé c’était un pomme.
Sujet : poésie médiévale, fable médiévale, vieux français, anglo-normand, auteur médiéval, ysopets, poète médiéval, poésie satirique, poésie morale Période : XIIe siècle, Moyen Âge central. Titre : Des lièvres è des Raines Auteur : Marie de France (1160-1210) Ouvrage : Poésies de Marie de France Tome Second, par B de Roquefort, 1820
Bonjour à tous,
i Marie de France est la première auteur(e) féminine, connue en langue « vulgaire », en l’occurrence l’anglo-normand, elle compte aussi parmi les plus belles plumes de son temps. Au XIIe, XIIIe siècles, entre lais, contes et fables, elle explore histoires merveilleuses et fables anciennes, vieilles légendes celtes et encore monde chevaleresque, dans une œuvre qui réconcilie matière de Bretagne, lyrique courtoise et même récits chrétiens (l’Espurgatoire Seint Patriz, La Vie Seinte Audree). Aujourd’hui, nous la retrouvons dans une fable intitulée : des lièvres è des Raines, soit, en français moderne, des Lièvres et des grenouilles.
Les lièvres et les grenouilles à travers ses auteurs
De Esope à Phèdre, cette fable qui met en scène des lièvres et des grenouilles a traversé le temps tout en connaissant quelques variantes et des nuances. On la retrouvera même, bien après Marie de France, chez Jean de la Fontaine dont la version est sans nul doute, la plus connue à ce jour. Voyons un peu de près les variantes des trois grands auteurs avant de vous proposer la version de la poétesse anglo-normande médiévale.
La version d’Esope
Chez le fabuliste grec des VII et VI siècles av. J.-C., les lièvres, lassés de vivre dans la crainte des chiens, des hommes et d’autres prédateurs, décident de mettre fin à leur jour : « Il valait donc mieux périr une bonne fois que de vivre dans la terreur. » Résolus à se jeter dans un étang, au moment d’y sauter, ils mettent en fuite des grenouilles vivant dans l’endroit.
Un des lièvres en tirera la leçon et on évitera le pire : « Arrêtez, camarades ; ne vous faites pas de mal ; car, vous venez de le voir, il y a des animaux plus peureux encore que nous. ». Et la morale de conclure : « cette fable montre que les malheureux se consolent en voyant des gens plus malheureux qu’eux.» (Tirée de Fables d’Ésope, traduction par Émile Chambry, Les Belles Lettres, 1927)
La version de cette fable chez Phèdre
Le Fabuliste latin du 1er siècle de notre ère marche sur les traces de l’auteur grec, à ceci près que, chez lui, ce n’est pas l’usure du contexte, ni leur statut de proies permanentes, qui mettent nos lièvres en fuite mais leur nature craintive et un événement accidentel. Voici sa version :
« Qui vit dans la crainte est malheureux.
Que celui qui ne peut supporter son malheur considère les autres & apprenne à souffrir. Un jour dans les bois, les lièvres épouvantés par un grand bruit, dirent hautement que troublés par des alarmes continuelles, ils vouloient mettre fin à leur vie. Aussitôt, ces malheureux furent à un étang pour s’y précipiter : à leur arrivée, les Grenouilles effrayées, fuient, se culbutent, se cachent dans les herbes. Ho ho, dit l’un d’eux, en voilà d’autres que la peur tyrannise ; comme eux supportons la vie. » Lepores & Ranae, les fables de Phèdre en latin et en français, traduction nouvelle par l’abbé Lallemant (1758)
Là encore la leçon est la même : quels que soient ses craintes et même plus largement ses malheurs, on peut toujours trouver autour de soi, gens de situation moins enviables.
Le lièvre poltron de La Fontaine
« Un Lièvre en son gîte songeait (Car que faire en un gîte, à moins que l’on ne songe ?) ; Dans un profond ennui ce Lièvre se plongeait : Cet animal est triste, et la crainte le ronge. » Jean de La Fontaine – Le lièvre et les grenouilles
Chez La Fontaine, comme chez les auteurs précédents, la peur sera le moteur de l’histoire. Il y ajoutera sa belle touche de style, avec en plus une touche d’humour et de moquerie. Ainsi, son lièvre (cette fois seul dans son histoire) est peureux par essence : « Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre. ». Comme chez Phèdre, c’est un bruit qui mettra en fuite l’animal. Pour la morale, la leçon viendra encore des grenouilles d’un étang, affolées par son approche. Au passage, il se trouve là, emporté dans sa fuite et pas pour se jeter à l’eau, ni pour en finir : « Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes, Grenouilles de rentrer en leurs grottes profondes. ». Révisant son attitude, à la vue de la panique des batraciens, notre lièvre conclura :
« Il n’est, je le vois bien, si poltron sur la terre Qui ne puisse trouver un plus poltron que soi. «
Si la peur reste au centre du récit chez Esope et Phèdre, leur morale élargit, quelque peu, le propos : « on trouve plus malheureux que soi », « il faut supporter la vie ». La Fontaine reste un peu plus centré sur la nature poltronne de son lièvre et sur la raillerie. De fait, sa morale est aussi plus individuelle et « psychologique ».
« L’herbe plus verte ailleurs ? », une morale différente chez Marie de France
Comme on le verra à la lecture, la poétesse médiévale déplace l’objet de la morale. D’une certaine manière, elle l’élève même en plaçant sa fable sur un plan plus social et plus spécifique aussi que les auteurs précédents.
Chez elle, la peur reste le déclencheur qui motive les lièvres à quitter leur terre qui devient cette fois, natale et d’attachement (terre d’enfance, terre qui les ont vus grandir). Ici aussi, la panique des grenouilles sautant en tous sens à l’arrivée des lièvres permettra de recadrer la situation.
En revanche, Marie de France fera de toute l’histoire une leçon à méditer autour de l’adage qui veut que « l’herbe soit toujours plus verte ailleurs ». Ainsi, selon elle, les mirages de d’exil ne sont pas toujours récompensés et à fuir l’endroit où l’on vit, on ne sait pas toujours ce qui nous attendra en terres étrangères et inconnues. Elle va même, un peu plus loin, en affirmant quelque chose que l’on pourrait résumer comme cela : sachez vous contenter du lieu où vous vivez, il n’est pas de pays en ce monde où vous ne devrez faire des efforts ou travailler pour vivre et où vous ne ne pourrez, à une occasion ou une autre, connaître la peur et les souffrances. On est loin ici du « on trouve toujours plus malheureux ou craintif que soi ».
Hypothèses
Dans Poésies de Marie de France, poète anglo-normand du XIIIe s (1820), B de Roquefort (sur les pas de Le grand d’Aussy), suggère qu’on pouvait sans doute lire, dans cette morale, l’expression du vécu de la poétesse. Ayant évoluée elle-même dans une société féodale et « dans un état partagé entre un million de petits tyrans« , elle « avait dû voir une infinité de personnes molestées par les abus de pouvoir« . Selon cette hypothèse, dans ce monde incertain, en se déplaçant d’une province à l’autre, nul ne pouvait avoir la garantie d’y trouver un meilleur sort et c’est ce que Marie de France aurait voulu refléter ici. Peut-être…
De Roquefort ne se demande pas si le fait que la poétesse du Moyen Âge central, supposément née en France (Ile de France ou Normandie), mais ayant été amenée à vivre ailleurs (Angleterre) pourrait expliquer aussi cette morale. Quoiqu’il en soit, dans un cas comme dans l’autre, il n’y a guère de moyens de vérifier ces deux hypothèses. D’un autre côté, on pourrait aussi voir dans cette fable, une morale plus intemporelle qui n’est pas incompatible d’ailleurs avec une certaine éloge de « la voie moyenne » : cette forme de contentement vis à vis de son propre sort et de sa propre condition, chère au monde chrétien médiéval.
Des Lièvres è des Raines version originale en vieux français
Ci dist que Lievre s’assanlèrent À pallement: si esgardèrent Q’en autre teire s’en ireient, Fors de la grêve ù ils esteient; Car trop furent en grant dolur D’Omes è de Chiens orent pour, Si nes les voleient plus sufri, Pur ço s’en vorent fors issir.
Li saige Lièvre lor diseient Que folie ert quanqu’il quereient A issir de la quenoissance U il èrent nurri d’enfance. Li Autres ne les vodrent creire, Tuit ensanle vindrent lur eire; A une mare sunt venu, Gardent de loin si unt véu Raines qui furent ensambléez, De paour d’eaus sunt effréez, Dedenz l’iave se vunt plunjier. Dès quel les virent aprismier.
Uns Lièvres les a appelez, Segnur, fet-il, or esgardez Par les Reines que vus véez Qui poor unt ; vus purpenssez Que nus aluns quérant folie, Que nostre grêve avuns guerpie Pur estre aillurs miex à seurtez, Jamès teir ne truverez U l’en ne dut aucune rien, R’aluns nus en si feruns bien ; A tant li Lièvre returnèrent En lur cuntrée s’en r’alèrent.
MORALITÉ
De ce se deivent purpenser Cil qui se voelent remuer E lor ancien liu guerpir Qui lor en puet après venir ; Jamais pays ne toverunt N’en cele terre ne venrunt K’il puissent estre sanz poour, Ou sanz traveil, u sanz dolour.
Adaptée en français moderne
Un jour, les lièvres s’assemblèrent En parlement et décidèrent Qu’en d’autres terres ils s’en iraient, Loin de l’endroit où ils vivaient ; De trop de maux les accablaient Hommes et chiens qu’ils redoutaient Et ne voulant plus en souffrir Leur seul choix restait de partir.
Tous les sages lièvres leur dirent Que c’était folie de s’enfuir Loin de ces terres de connaissance Qui avaient nourri leur enfance. Mais les autres n’écoutèrent rien Et se mirent bientôt en chemin. Lors, près d’une mare, venus A distance, ils ont aperçu Des grenouilles en grande assemblée. Effrayées par leur arrivée, Elles plongèrent de tous côtés, Sitôt qu’ils se furent approchés.
Voyant cela, un lièvre dit : « Seigneur, retenez-bien ceci Par les grenouilles de ce lieu Et qui s’effrayent de bien peu. Quelle grand folie avons commis En quittant notre cher abri, Cherchant ailleurs sureté, Quand nulle terre on ne peut trouver Où ne survienne aucun dommage. Rentrons-chez nous, c’est le plus sage. » Sur ce, les lièvres retournèrent En leur contréeet en leur terre.
MORALITÉ
De cela doivent méditer Tous ceux qui veulent s’exiler Et partir loin de chez eux, A ce qui peut leur advenir : Jamais pays ne trouveront Ni terre ici-bas, ne verront Où ils puissent vivre sans peur Ou sans efforts ou sans douleur.
Notes sur les enluminures utilisées
Pour ce qui est des enluminures utilisées dans les illustrations de cet article, les Lièvres sont tirés d’un ouvrage du Lion des Pyrénées, Gaston Febus : Livre de la chasse Gaston III (comte de Foix ; 1331-1391). Ms Français 1291 de la BnF. Les « grenouilles » ont, quant à elle, sauté tout droit sur nos pages depuis un manuscrit du Xe siècle, originaire de Constantinople : De Materia Medica. (actuellement conservé à la Morgan Library de New York – Morgan, Ms M652).
Enfin, pour l’image d’en-tête le fond aquatique nous vient du mythe arthurien. Il vient du manuscrit Lancelot du lac, Ms Français 113 conservé à la BnF (datation vers le milieur du XVe). La fée Viviane tenant dans ses bras Lancelot s’en est momentanément éclipsée pour faire place aux animaux de notre fable.
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : citation, épidémie, peste noire, pandémie, historien médiéviste, histoire médiévale, covid. Période : du Moyen Âge central au XVIIIe s Auteur : Jacques le Goff (1924-2014) Livre : L’Europe est-elle née au Moyen Âge (1964)
Bonjour à tous,
our avoir vu passer à plusieurs reprises, sur les réseaux sociaux, une comparaison entre la Covid 19 et la peste noire, voici une longue citation de l’historien Jacques le Goff. Tiré de son ouvrage l’Europe est-elle née au Moyen Âge, cet extrait sur la réalité du terrible fléau qui perdura du XIVe siècle aux suivants, devrait permettre de remettre les choses à leur juste place pour qui aurait encore des doutes.
« (…) La colonie génoise de Caffa en Crimée fut assiégée par des Asiatiques qui utilisèrent comme armes contre les assiégés des cadavres de pestiférés jetés par-dessus les murailles. Le bacille véhiculé par les puces des rats ou, comme on le croit plutôt aujourd’hui, par le contact humain vint en Occident à bord de bateaux originaires de Caffa. Au cours de l’année 1348, il se diffusa dans pratiquement toute l’Europe. La peste Noire commença à être un phénomène catastrophique qui dura en Occident jusqu’en 1720, date de la dernière grande peste, celle de Marseille, avec toujours une origine orientale. Ce qui rendit l’épidémie catastrophique, c’est d’abord le caractère foudroyant de la maladie. Les hommes et les femmes contaminés par le bacille étaient terrassés au bout d’une courte incubation par un accès qui, au bout de 24 à 36 heures, aboutissait le plus souvent à la mort.
(…) Nous ne possédons pas de documents permettant d’évaluer de façon assez précise la mortalité de l’épidémie. Elle varia suivant les régions. Il est probable qu’elle ne fut dans aucune région inférieure au tiers de la population, et l’évaluation la plus vraisemblable va de la moitié aux deux tiers de la population de la Chrétienté. La chute démographique fut de 70 % pour l’Angleterre qui passa d’environ 7 à environ 2 millions d’habitants en 1400. »
Jacques Le Goff – L’Europe est-elle née au Moyen Âge (1964)
Comme on le comprendra bien à la lecture de ces lignes, si le coronavirus a tristement emporté des victimes dans sa course, le comparer à une épidémie de peste noire qui a décimé de la moitié à 2/3 de la population médiévale est (ou était) rien moins qu’une énorme ânerie. Cela dit, ce ne sera pas la première dont les réseaux sociaux nous gratifient…
NB :l’enluminure utilisée pour l’image de la citation est tirée des Annales de Gilles Le Muisit, ouvrage conservé actuellement à la Bibliothèque Royale de Bruxelles. Elle illustre la peste à Tournai en 1349.Sur l’image d’en-tête, la gravure du médecin de peste qui s’y superpose n’est pas médiévale. Historiquement, ce type de tenue, encore très prisée dans les carnavals vénitiens date plutôt des XVIIe et XVIIIe siècle.
Sujet : Kaamelott, série télévisée, médiéval-fantastique, comédie, légendes arthuriennes, musique, album, bande originale, film, cinéma Auteur-compositeur :- Alexandre Astier Musique : Kaamelott premier volet, l’album Dates : sortie le 25 novembre 2020
Bonjour à tous,
ialoguiste, scénariste, réalisateur, musicien, auteur-compositeur, Alexandre Astier a de quoi surprendre et ça tombe bien parce qu’il aime ça. D’une certaine façon, il vient à nouveau de le faire puisqu’à l’heure où les mesures sanitaires n’en finissent plus de pleuvoir, Regular Prod, sa maison de production, vient d’annoncer la sortie de l’album de la musique de Kaamelott, le film, premier volet pour le 25 novembre.
Une sortie de la musique du film en phase avec la sortie en salles
En réalité, il s’agit plus d’une confirmation que d’une surprise puisque cette date coïncide avec celle annoncée (et toujours officielle) de la sortie du film en salles. Le seul élément étonnant tient donc moins à ce choix de calendrier qu’aux doutes que pourrait faire planer la gestion du Covid sur une sortie cinématographique sereine du premier volet de la trilogie Kaamelott. En général, une bande originale de film sort en même temps, voire un peu après un film, même si, dans l’histoire du cinéma, il a pu arriver que l’inverse se produise et que la musique d’un film draine les spectateurs au cinéma.
Alors faut-il y voir une façon de faire la nique à ce Covid qui n’en finit plus de nous pourrir la vie, tout en confirmant que le film sortira bien à l’échéance convenue ? Ou la décision suit-elle simplement le plan de distribution prévu ? Point ne le sait. En tout cas, quelles que soient les mesures qui paralysent le pays, son économie, ses spectacles et sa culture, la musique du film Kaamelott, suivra, elle au moins, le calendrier et c’est une bonne chose.
Sergio Astier ou Alexandre Morricone ?
« Pour Alexandre Astier, chaque projet artistique est avant tout prétexte à écrire de la musique. »
Pensant à cette musique qui pourrait peut-être pré-exister à la découverte du film, je relisais cette citation au sujet d’Alexandre Astier, glané dans un dossier de presse, et tout cela m’évoquait un peu certains interviews, redécouverts dernièrement sur youtube du légendaire Sergio Leone. Celui qui avait fini par s’allier comme complice, dans la plupart de ses films, le grand compositeur et directeur Ennio Morricone, concevait la musique comme quelque chose qui devait se trouver au cœur du 7ème art. Pour Leone, elle n’était jamais un accessoire de l’œuvre cinématographique mais un pilier et presque un préalable. Elle devait, tout à la fois, venir poser, prolonger, soutenir l’univers. Il n’est pas question ici de fond, mais quelquefois même de poser le cadre : renforcer les dialogues au point de les rendre superflus, remplir de sens les longs silences des personnages. On raconte que le réalisateur italien la diffusait même, parfois, sur les plateaux et demandait aux acteurs de s’en imprégner parce qu’elle contenait une partie des clés pour les aider à comprendre leur personnage.
un beau teaser musical à se mettre sous la dent en attendant la sortie de l’album
Aujourd’hui, repenser aux grandes réalisations de Sergio Leone sans que la musique d’Ennio Morricone ne vienne à l’esprit relève de la gageure. Ce n’est pas dû qu’au talent de ce dernier ou du réalisateur, c’est une alchimie entre les deux. une façon d’écrire et faire en sorte que la musique participe entièrement de l’œuvre.
Avec le premier opus de cette fresque Kaamelott sur grand écran, il va être intéressant de voir à quel point Alexandre Astier a adopté cette « écriture » entremêlée ; comme il en est à la fois l’auteur, le réalisateur et le compositeur, on ne doute pas qu’il y soit allé franchement. La musique était déjà indissociable de la sérié télévisée. On se souvient même qu’elle y a pris une ampleur grandissante, à partir du Livre V et au fil des formats qui gagnaient en durée.
Sous la direction de Frank Strobel
Du côté de la direction d’orchestre, vu le perfectionnisme de A. Astier et son goût pour la chose, on est presque étonné qu’il l’ait déléguée ; on se souvient aussi d’avoir vu quelques teasers le montrant face au grand Orchestre national de Lyon et laissant présager qu’il « faisait » l’orchestre à sa main. C’est le cas puisqu’il signe la composition mais aussi l’orchestration de cet album. Quant à la direction, elle a été confiée à Frank Strobel, talentueux chef d’orchestre allemand au brillant parcours.
Compositeur, arrangeur et interprète des plus grands compositeurs, Frank Strobel est un directeur de renom qui a, lui-même, beaucoup travaillé sur les interrelations entre musique et cinéma. Il a même été projectionniste avant de se consacrer à la musique d’où cette double passion. Avec le temps, il est devenu un grand spécialiste de la direction de musiques de films et on a pu le voir à la tête de nombreux orchestres de renommée internationale sur des projets touchant le 7eme art et la télévision. Avec une baguette de cette trempe, on peut être sûr que l’œuvre musicale de ce « Kaamelott premier volet » sera desservie comme il se doit.
« Dans la grande tradition de la musique symphonique pour le cinéma »
Pour Frank Strobel, l’alchimie a, en tous les cas, fonctionné puisque le grand chef d’orchestre a laissé un belle éloge à l’attention du compositeur.
« La musique d’Alexandre Astier est enracinée dans la grande tradition symphonique de musique pour le cinéma. Il faut se souvenir que ce qu’on appelle aujourd’hui le “Hollywood sound” a été créé en majorité par des compositeurs européens qui ont fui leur continent pour l’Amérique dans les années 1930. (…) Alexandre Astier, en choisissant une formation de 85 musiciens, s’inscrit dans cette tradition postromantique, mais conserve une “French touch”. Parfois, ses notes s’envolent de manière délicieuse, ses changements de couleurs sonores sont subtils : c’est presque impressionniste et assez français selon moi. »
Frank Strobel
La main à la pâte
Avec 34 pièces au menu, si Alexandre Astier s’est affranchi de la direction de ce généreux premier volet musical, c’est peut-être pour mieux céder au plaisir de mettre la main à la pâte en tant que musicien. Dans l’album, on le retrouvera, en effet, comme soliste à des instruments variés dont certains peu connus voir même exotiques : piano, guembri, ghungroo, cajón, dholak, hulusi, Bon courage aux fans de Kaamelott qui vont s’empresser de les googleliser s’ils ne les connaissent pas déjà. Retenons pour l’instant que l’auteur donne là un échantillon de ses larges talents d’instrumentiste sur claviers, percussions et instruments à cordes.
Il ne sera pas le seul à plonger dans l’arène puisque cette musique du film Kaamelott réunit autour d’elle pas moins de 115 artistes : l’Orchestre national de Lyon, le Choeur de chambre Spirito, ainsi que les solistes Cyril Dupuy (cymbalum), Gabriel Rignol (théorbe).
Pour ce qui est des 34 pièces, les titres en sont très évocateurs. En bon auteur, Alexandre Astier, soigne toujours cette partie là. Un peu moins énigmatiques que certaines autres fois, à leur lecture, on imagine même déjà les vidéos des youtubeurs venues pêcher quelques vues, en essayant de deviner ou d’anticiper ce que sera le film et ses intrigues. Bon courage à eux. Hors comédie musicale, une bande originale de film est bien souvent plus étendue que ce que le film en donne à entendre. Attention par contre ! Le titre numéro 32 de cet album risque d’en faire bondir, trembler et spéculer plus d’un. Oui je sais, c’est dur. A moi aussi, ça me le fait, faut pas croire. En cherchant un peu vous devriez le retrouver facilement.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes