Jacques le Goff : l’occident chrétien médiéval entre magie noire et magie blanche

moyen-age-chrétien-citations-jacques-le-goff-satan-dieu-mentalités-medievalesSujet  : citations, Moyen Âge chrétien, diable, Satan, mentalités médiévales, historien, magie noire, magie blanche,  occident médiéval.
Période :  Moyen Âge central, XIe siècle  & suivants.
Auteur : Jacques le Goff
Livre  :  La civilisation de l’Occident Médiéval    (1964)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous retrouvons, ici, une nouvelle citation de l’historien   Jacques le Goff.   Tirée de son ouvrage La civilisation de l’Occident Médiéval , elle aborde le  thème omniprésent au Moyen Âge du bien et du mal, personnifié  par  la lutte  entre Dieu et Satan.

L’homme médiéval  entre  Dieu  et Satan

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histoire_monde_medieval_jacques_le_goff_citations_moyen-âge« Les hommes du Moyen Age sont donc constamment partagés entre Dieu et Satan. Celui-ci n’est pas moins réel que celui-là, il est même moins avare d’incarnations et d’apparitions. Certes, l’iconographie peut le figurer sous une forme symbolique : il est le serpent du péché originel, il se montre entre Adam et Ève, il est le Péché, péché de la chair ou de l’esprit séparés ou unis, symbole de l’appétit intellectuel ou de l’appétit sexuel. Mais surtout il apparaît sous divers aspects plus ou moins anthropomorphiques. A chaque instant il risque pour chaque homme du Moyen Age de se manifester. Il est le contenu de cette terrible angoisse qui les étreint presque à chaque instant : le voir apparaître ! Chacun se sait constamment guetté par  » l’antique ennemi du genre humain ».

(…) Ce dont ne doutent pas les hommes du Moyen Age, c’est que non seulement le Diable peut, comme Dieu, avec sa   permission sans doute, mais cela ne change rien à l’effet produit sur l’homme, accomplir des miracles ; cette faculté   est aussi associée à des mortels, en bien ou en mal. C’est toute la dualité équivoque de la magie noire et de la magie   blanche dont les produits sont en général indécelables par le vulgaire. C’est le couple antithétique de Simon le Magicien et de Salomon le Sage. D’un côté la gent maléfique des sorciers, de l’autre la troupe bénie des saints. »

Jacques le Goff  – La civilisation de l’Occident Médiéval  (1964)


Sorcellerie  &  danse du bien et  du mal
sur toile de fond médiévale

Pour ceux que ces thèmes  intéressent, vous pourrez  les retrouver  au cœur  de   notre roman   Frères devant Dieu ou la tentation de l’Alchimiste.

roman-historique-magie-noire-sorcellerie-moyen-age-aventure-frederic-effeAu Moyen Âge, le chemin des hommes  est étroit  entre  foi et raison, lumière et obscurité,  et les frontières y sont ténues entre science et surnaturel.  Magie noire, sorcellerie,  superstitions  ou tours du malin, quand la vanité s’en mêle, la menace de la chute  n’est jamais loin. Se pourrait-il que ces questions existentielles résonnent encore jusqu’à nous, en projetant un éclairage nouveau sur nos propres choix  ?

Sur fond de Moyen Âge réaliste et historique, Frères devant Dieu ou la tentation de l’alchimiste propose une exploration des mentalités médiévales, au cœur de cette opposition entre Dieu et  Satan, Bien et Mal. Son histoire conte les aventures de deux frères, un savant, l’autre troubadour, ayant vécu à la cour d’un seigneur de Provence à la fin du XIIIe siècle.

Disponibilité

Ce roman est disponible au format papier dans toutes les librairies françaises du réseau Hachette-Dilicom   mais également, à la commande, sur certains sites. Vous pouvez également le trouver au format ebook dans toutes les  grandes e-librairies en ligne.

icone_livre Format papier en ligne   :      Amazon  –  Thebookedition

icone_epubFormat  Ebook    à  3,99 €uros   :    Amazon  –  Librinova  –   Cultura    –  Decitre  –   Kobo –   Bayard –  Paris Librairies –    Forum du Livre

Retours de lecteurs

Pour  des retours de lecteurs  et des détails supplémentaires sur ce roman, vous pouvez également télécharger ce fichier pdf.

En vous souhaitant une bonne journée.

Frédéric EFFE
Moyenagepassion.com
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« En ceste note dirai » une chanson médiévale courtoise du très plaisant Colin Muset

poesie_litterature_medievale_realiste_satirique_moral_moyen-ageSujet  : musique, chanson médiévale, humour,  trouvère, ménestrel, jongleur, auteur médiéval, vieux-français, amour courtois, langue d’oïl, bonne chère.
Période  : Moyen Âge central, XIIIe siècle.
Auteur : Colin Muset (1210-?)
Titre    « En ceste note dirai »
Ouvrage :   Les chansons de Colin Muset
(2e édition)  éditées par Joseph Bédier (1938)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous vous proposons, aujourd’hui, une nouvelle incursion  au  Moyen Âge central , en compagnie du trouvère Colin Muset.   Entre courtoisie et légèreté,  entre lyrisme et goûts pour les plaisirs de la table,   ce très sympathique auteur médiéval nous a laissé une œuvre courte, d’une vingtaine de pièces,  mais toujours rafraîchissante.

Une chanson courtoise
teintée de joie et de légèreté  

deco_enluminures_rossignol_poesie_medievaleLa chanson du jour  se situe  en plein dans la lyrique courtoise.   Colin Muset y campe le parfait  amant  à la merci du désir et de l’acceptation de  la belle que son cœur a élue.  Conventions obligent, pour peu on y mourrai d’amour.  Pourtant, le ton ici reste léger,  et, au sortir, cette pièce respire  bien plus la  joie,  le divertissement et l’envie  de  célébrer l’amour.

A la différence  de   nombre de ses contemporains, si un baiser de la belle damoiselle fera, à coup sûr, s’envoler le cœur de notre poète, il  sera aussi pour  les deux  amants,  la promesse d’une vie remplie de bonne chère et de  plaisirs Bacchusiens : oies grillées bien grasses et vin à profusion,  chez Colin Muset, les  joies   des banquets et leurs libations ne  sont jamais très éloignées des plaisirs de l’amour. C’est d’ailleurs bien  un   des traits qui fait tout son charme ; à  huit siècles  de  sa maîtrise de la lyrique courtoise et de ses codes,   ses clins d’œil  aux plaisirs de l’estomac comme ici, ou ailleurs à la pingrerie de ses hôtes  (voir sire cuens j’ai viélé) ou même au flirt de leurs dames, sont encore là pour nous faire sourire.

Sources  historiques et manuscrits anciens

Pour la transcription de la pièce du jour en graphie moderne, nous avons choisi  Les chansons de Colin Muset   de  Joseph Bédier. Cet ouvrage,   daté de 1938, fait toujours référence quant à l’œuvre du trouvère. On le trouve encore édité de nos jours : Les Chansons. Edite par Joseph Bedier. Deuxieme Edition Corrigee et Completee. (1938).

Pour le reste, cette chanson est présente dans  trois manuscrits médiévaux d’époque. Depuis Bédier, les nomenclatures ont totalement changé. Il faut donc faire un peu de recherches pour les retrouver. Tout trois sont consultable en ligne sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France. En voici le détail.

colin-muset-musique-chanson-medievale-trouvere-vieux-francais-moyen-age-francais-845-bnf-s  Le Français 845

On citera,  pour commencer le  MS   Français 845 (ancienne cote Regius 7222.2), désigné par Manuscrit N par Bédier. Daté de la fin du  XIIIe  siècle,  ce superbe ouvrage  contient divers chansons, jeux-partis et pastourelles de trouvères avec leur notation musicale.   La chanson de notre trouvère  y est annotée sur son premier couplet, et on peut supposer qu’elle se répète pour le reste de  la pièce.  (voir photo ci-dessus – consulter le manuscrit original sur Gallica)

colin-muset-musique-chanson-medievale-trouvere-vieux-francais-moyen-age-ms-5198-bnf-s

Le MS 5198

On ajoutera à   cela le Manuscrit médiéval désigné  sous le nom de K par Bédier et ses contemporains. On  le retrouve à la BnF sous la cote  Ms  Arsenal   5198 (photo ci-dessus). Ce véritable trésor des débuts du XIVe siècle (1300-1325), également connu sous le nom de Chansonnier de Navarre,  contient pas moins de 420 pages.   Elles sont emplies de pièces et chansons annotées musicalement, de trouvères du   XIIIe, dont, entre autre, l’oeuvre de Thibaut de Champagne.   Vous pourrez  consulter ce manuscrit ancien sur Gallica au lien suivant.

Le   Français 20050

Pour terminer ce tour des sources d’époque, on peut encore trouver cette pièce dans le  manuscrit désigné X (par J Bédier) ou même encore U par d’autres auteurs. Il fait référence au chansonnier occitan X.  A la fin du XIIIe siècle, cet ouvrage à été recopié, avec le  Chansonnier français U, dans le manuscrit référencé Français 20050  à la BnF. Nous vous avons déjà parlé,  à plusieurs reprises, de cet ouvrage médiéval célèbre, également connu sous le nom de  Chansonnier de Saint-Germain-des-Prés (consultation en ligne sur Gallica).


  » En ceste note dirai »  du vieux français
de  Colin Muset au français moderne

Traduction en français moderne

deco_enluminures_rossignol_poesie_medievaleA l’habitude, nous avons nous sommes chargé d’approcher la traduction du vieux français d’oïl de Colin Muset au français moderne. En dehors des dictionnaires et des différents supports sur lesquels nous nous sommes appuyés, nous voulons citer ici une source d’intérêt, trouvée en chemin. Il s’agit d’un site web dédié à la littérature européenne et proposé par l’Université de Rome.  Si vous parlez italien, vous y découvrirez  une véritable mine d’or avec de nombreux auteurs médiévaux approchés et traduits par des chercheurs et universitaires italiens venus d’horizons divers. Voici notamment une traduction (italienne) de la chanson du jour : Colin Muset, letteratura europea,  Università di Roma.

I.

En ceste note dirai
D’une amorete que j’ai,
Et pour li m’envoiserai
Et bauz et joianz serai:
L’en doit bien pour li chanter
Et renvoisier et jouer
Et son cors tenir plus gai
Et de robes acesmer
Et chapiau de flors porter
Ausi comme el mois de mai.

Dans cette chanson je parlerai
D’une amourette (amante) que j’ai,
Et pour elle je me divertirai   (réjouir, divertir)
Et je serai audacieux et joyeux :
On doit bien chanter pour elle
Et se réjouir et se divertir,
Et tenir son corps en joie
Et s’orner de beaux habits
Et porter un chapeau de fleurs (coiffe, couronne)
Comme durant le moi de mai.

II.

Trés l’eure que l’esgardai,
Onques puis ne l’entroubliai;
Adès i pens et penserai:
Quant la vois, ne puis durer,
Ne dormir, ne reposer.
Biau trés douz Deus, que ferai?
La paine que pour li trai,
Ne sai conment li dirai:
De ce sui en grant esmai
Oncore a dire li ai;
Quant merci n’i puis trouver
Et je muir por bien amer,
Amoreusement morrai.

Dès lors que je la vis
Jamais plus je ne l’oubliais ;
Je pense toujours à elle et toujours y penserai:
Quand je la vois, je ne peux résister,
Ni dormir, ni prendre de repos.
Bon et très doux Dieu, que vais-je faire?
La douleur que j’endure pour elle,
Je ne sais comment je lui dirai :
Cela me cause un grand émoi ( inquiet),
Car il me faut encore lui dire ;
Tant que je ne peux trouver grâce
Et que je meurs pour bien aimer
Je mourrai avec amour.

III.

Je ne cuit pas ensi morir,
S’ele mi voloit retenir
En bien amer, en biau servir;
Et du tout sui a son plesir
Ne je ne m’en qier departir,
Mès toz jorz serai ses amis.

Je ne pense pas qu’ainsi je mourrais
Si elle voulait me garder auprès    d’elle
Pour bien l’aimer et bien la servir (avec application):
Et en toute chose, je me tiens à son entière disposition
Ni ne veux m’en séparer
Mais toujours demeurer son ami.

IV.

Hé! bele et blonde et avenant,
Cortoise et sage et bien parlant,
A vous me doig, a vous me rent
Et tout sui vostres sanz faillir.
Hé! bele, un besier vous demant,
Et, se je l’ai, je vous creant
Nul mal ne m’en porroit venir.

Eh! Belle et blonde et agréable (notion de valeur, de mérite ?),
Courtoise et sage, au beau parler
A vous je me donne, à vous, je me livre
Et je suis vôtre tout entier, sans faillir.
Eh! Belle, je ne vous demande qu’un  baiser
Et si je l’obtiens,  je vous garantis (créant : de creire, croire)
Qu’aucun mal ne m’en pourrait advenir.

V.

Ma bele douce amie,
La rose est espanie;
Desouz l’ente florie
La vostre conpaignie
Mi fet mult grant aïe.
Vos serez bien servie
De crasse oe rostie
Et bevrons vin sus lie,
Si merrons bone vie.

Ma belle douce amie,
La rose s’est épanouie;
Sous la branche fleurie
Votre compagnie
Me procure un grand réconfort (aïe : aide, secours).
Vous serez bien servi
D’oie grillée bien grasse
Et nous boirons le vin sur la lie,
Et ainsi, mènerons  une bonne vie.

VI.

Bele trés douce amie,
Colin Muset vos prie
Por Deu n’obliez mie
Solaz ne compagnie,
Amors ne druerie:
Si ferez cortoisie!

Ceste note est fenie.

Belle et très douce amie,
Colin Muset vous supplie
Par Dieu n’oubliez jamais
l’amusement, ni la compagnie,
L’amour, ni les plaisirs amoureux (affection, tendresse, galanterie, gages)
Ainsi vous serez courtoise! (vous pratiquerez la courtoisie)

Cette chanson est terminée.


En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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En mars, le rassemblement médiéval du Prince d’Orange et son marché de l’Histoire

armoiries_blason_ecu_orange_vaucluse_PACASujet : fête médiévale,  rassemblement médiéval, animations, compagnies médiévales, campements, tournois,  spectacles historiques,  reconstituteurs.
Lieu :   Parc des Expos,  Orange, Vaucluse, Provence-Alpes-Côte d’Azur
Dates :   samedi 28  & dimanche  29 mars
Evénement : rassemblement médiéval du  prince d’Orange 2020

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passiones samedi  28   & dimanche   29   mars prochain, les passionnés de Moyen âge festif et de reconstitution  qui se trouveront dans le sud, ne manqueront de se rendre au rassemblement médiéval du Prince   d’orange 2020.

Avec la présence de nombreuses troupes et le renfort de son Marché de l’histoire, le Prince d’Orange  est un des événements médiéval les plus attendus en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour cette saison hivernale. Il compte même d’ailleurs comme un de plus importants de la région pour la saison médiévale.

Au programme des réjouissances

prince-orange-2020-fete-rassemblement-medievale-week-end-compagnies-moyen-ageA l’habituel, cette cuvée 2020 est organisée  par   l‘association locale Le Royaume,  avec le soutien de la ville d’Orange. Pour son marché et son festival du spectacle historique, elle comptera aussi avec le  partenariat de l’Association pour l’Histoire Vivante,

Du points de vue des animations,  l’événement mêlera, une nouvelle fois, un vaste rassemblement de reconstituteurs, avec près de 25 compagnies attendues, à des troupes de comédiens, chanteurs, danseurs, acrobates, conteurs, spécialisés dans l’animation historique au sens large.  On pourra donc  trouver, sur place,   un vaste campement  médiéval animé par les associations  de passionnés, avec découverte de la vie civile et militaire d’époque, ateliers,  combats, échanges, etc… A tout cela, viendront encore s’ajouter spectacles de feu, déambulations, escrime artistique, musique, théâtre de rue, danses, acrobaties, facéties et  autres divertissements.

Sur la partie touchant plus au Festival du spectacle historique, la période couverte  débordera d’ailleurs le strict monde médiéval  et même l’occident : univers féeriques et fantasy,  empire romain,  période renaissante et même encore préhistoire ou natifs amérindiens y sont programmés.


Artistes  &  compagnies médiévales attendues

AERA – Les Bannerets de Gueules et d’Azur – Camp Briand – Les Chevaliers des Terres d’Occitanie – Le Clan de Rollon – Le Clan d’Helvie – Le Clan du Dragon – Clan Ligefer – Cie Almogavar Teruel Frontera – Cie de l’Ombre Ardente – La Cie de Trencavel – La Cie Merces – La Coterie du Renard – Les Dragons Noirs – Les Flibustiers de la Voile Noire – Folkint – Les Frères de la Côte – Gamela Nostra – La Hanse du Loup des Steppes – La Juste Solde – Les Mains d’Or et de Fer – La Maisnie de Castelnau Managarm Vikingar – La Plume et l’Epée – Au Siècle d’En Temps  –  Battle of Color – Les Aboyeurs – Atelier du Chat Botté – La Chevauchée des Lices – Compagnie Les Boulegans – Compagnie Ars Moriendi – Compagnie Arteflammes – Compagnie Lez Accros – Les Mains à Terre – Scaramouche et Cie – La Trace du Geste – Aux Trois Clefs – Maux-Dire – Tulette Osada Rekodziela Artystycznego – Agde Au Fil du Temps – Confrérie Marguerittoise des Forgerons C – Sapiens Origines – Compagnie Ratafia Théâtre – Les Menest’rolls


Autres  temps forts du rassemblement

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Les  Tournois du Ceinturon d’argent

A l’image de l’année dernière,  le Prince d’Orange 2020 sera aussi l’occasion d’ouvrir les premiers échanges des Tournois du Ceinturon d’Argent. On se souvient que ces épreuves annuelles sont composées de six tournois, dans six cités différentes, du sud au Dauphiné. Elles s’inspirent  du XIVe siècle et d’un temps où les papes  d’Avignon   récompensait un   chevalier  en lui offrant une  épée, un ceinturon d’argent,  ainsi qu’un chapeau orné de perles (pour connaître le détail  des  épreuves suivez le lien du site officiel, en bas de page).

Le Marché  de l’histoire

Toujours très attendu, le  marché de l’histoire fait partie intégrante de l’événement. Il aura lieu, cette année encore, à couvert, dans le Parc des expos. Cent exposants y sont déjà annoncés, en provenance de seize nations différentes. Pour ce qui est des produits qu’on pourra y trouver, connaissant le savoir faire de l’Association pour l’Histoire Vivante  en la matière autant que son ample réseau, on peut être certain qu’ils seront à la hauteur des plus exigeants.

Voir le programme détaillé sur le site officiel

Voir nos articles sur les éditions précédentes de cet événement :

Le Prince d’Orange   2017 –   Le Prince d’Orange 2018 –   Le Prince d’Orange 2019  –   Voir aussi la célèbre chanson   du même titre

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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La Ballade pour un prisonnier et l’école de Villon par Antoine Campaux

Francois_villon_poesie_litterature_medievale_ballade_menu_propos_analyseSujet  : poésie médiévale, ballade médiévale, moyen-français,  poésie réaliste,    corpus Villon.
Auteur  :    anonyme,   attribuée à   François Villon    (1431-?1463)
Période    : Moyen Âge tardif, XVe siècle.
Titre    : « Ballade pour ung prisonnier »
Ouvrage     :    Jardin de plaisance et fleur de rethoricque,  A Vérard  (1502). François Villon, sa vie et ses oeuvres,  Antoine Campaux (1859)

Bonjour à tous

D_lettrine_moyen_age_passionans le courant du XIXe siècle, avec le développement des humanités et du rationalisme, émergent plus que jamais, la volonté de catégoriser, classer mais aussi de mettre en place  une véritable méthodologie dans le domaine de l’Histoire. De fait, de nombreux esprits brillants s’attellent alors aux manuscrits et à la systématisation de leur étude, et ce sera, également, un siècle de grands débats autour des auteurs du Moyen Âge et de la littérature médiévale.

Manuscrits, attributions et zones d’ombre

Corollaire de ces travaux variées, mais aussi de la découverte de nouvelles sources, on se pose alors souvent la question d’élargir, ou même quelquefois de restreindre, le corpus des nombreux auteurs médiévaux auxquels on fait face. D’un expert à l’autre, la taille des œuvres prend ainsi plus ou moins « d’élasticité », suivant qu’on en ajoute ou qu’on en retranche des pièces, en accord avec les manuscrits anciens ou même, parfois, contre eux.

 deco_poesie_medievale_enluminures_francois_villon_XVe_siècleOn le sait, dans ces derniers, il subsiste  toujours des zones d’ombre. A auteur égal, les noms ou leur orthographe peuvent varier sensiblement. En fonction des manuscrits, des pièces identiques peuvent aussi se retrouver attribuées à des auteurs différents. Enfin, certains codex foisonnent de pièces demeurées anonymes.   Dans ce vaste flou, on comprend que les chercheurs soient souvent tentés de forger des hypothèses pour essayer de mettre un peu d’ordre ou de faire des rapprochements.

Ajoutons que cet anonymat des pièces n’est pas que l’apanage des codex du Moyen Âge central et de ses siècles les plus reculés.   Entre    la  fin du XVe siècle et le début  du XVIe siècle, on verra, en effet, émerger un certain nombre de recueils, fascicules ou compilations de poésies qui ne mentionneront pas leurs auteurs d’emprunt  (La  récréation et passe temps des tristes, Fleur de poésie françoyse, etc…).  Un peu plus tard, ce phénomène sera même favorisé par l’apparition de l’imprimerie.  En recroisant avec d’autres sources historiques, on parviendra alors à réattribuer certaines de ces pièces à leurs auteurs mais d’autres demeureront  anonymes et, là encore, on sera tenté, quelquefois, d’y voir l’empreinte d’un poète connu et, à défaut, d’éventuels copieurs ou disciples.

Le corpus de François Villon

Concernant cette « élasticité » des corpus,  à  l’image d’autres poètes du Moyen Âge, François Villon n’y fera pas exception. La notion d’auteur étant peu fixée durant la période médiévale, et la copie considérée comme un exercice littéraire louable, on peut alors  légitimement supposer que le poète a pu faire des émules.  Bien sûr, il en va aussi des grands auteurs médiévaux un peu comme les grands peintres : on est toujours, à l’affût et même désireux, de découvrir une pièce nouvelle.

Comme Villon est un auteur du Moyen Âge tardif et donc assez récent, on lui connait, depuis longtemps, une œuvre assez bordée. Dès après sa mort et plus encore après l’invention de l’imprimerie, son legs  a aussi fait l’objet de maintes rééditions. Pourtant, depuis le milieu du XVIIIe siècle, un ouvrage est déjà  venu semer le doute sur le corpus réel de notre poète médiéval.

Les travaux de Nicolas Lenglet Du fresnoy

 Signé de la main de Nicolas Lenglet Du Fresnoy, le MS Paris Arsenal 2948  est un essai inachevé sur l’œuvre de Villon qui élargit, notablement le nombre de pièces pouvant lui être attribuées. Pour étayer ses propos, Lenglet s’appuie sur plusieurs sources, dont une qui nous intéresse particulièrement ici. Il s’agit d’un ouvrage daté du tout début du XVIe siècle et ayant pour titre « Le jardin de plaisance et fleur de rethoricque » (Ms  Rothschild 2799).

On trouve, dans ce manuscrit très fourni, certaines pièces que d’autres sources historiques attribuent, par ailleurs, clairement à Villon ; à leur côté, se tiennent d’autres poésies, inédites,    demeurées sans auteur, mais qui évoquent suffisamment le style ou la vie de Villon pour que Lenglet   Du Fresnoy  soit tenté de les rapprocher de ce dernier.

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La Ballade pour ung prisonnier dans le jardin de plaisance et la fleur de rethoricque

Un aparté sur l’attribution de l’œuvre :
Lenglet Du Fresnoy  éclispé par   La Monnoye

Pour en  dire un mot,   sur la question des attributions, l’affaire prend un tour assez cocasse, mais cette fois-ci, du point de vue  de l’oeuvre sur l’oeuvre. En effet, une erreur fut faite au XIXe siècle, vraisemblablement par Pierre Jannet  :   dans ses Œuvres    complètes de François Villon  (1867), ce dernier attribua les travaux de Lenglet Du Fresnoy à  Bernard de la Monnoye et cette erreur a perduré jusqu’à nous. Elle continue même d’être faite régulièrement et on doit à  Robert D Peckham de s’être évertué à la déconstruire. Voir   Villon Unsung : the Unfinished Edition of Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Robert D Peckham, tiré de Breakthrough: Essays and Vignettes in Honor of John A. Rassias,  2007, ed. Melvin B. Yoken. Voir également Le Bulletin  de la Société François Villon numéro 31.


Quoiqu’il en soit, pour revenir à nos moutons, autour des années 1742-1744, Nicolas Lenglet Du Fresnoy avait extrait du Jardin de plaisance et fleur de rethoricque de nombreuses pièces, en les attribuant à notre auteur médiéval, au risque même de le faire un peu trop largement. Ce sera, en tout cas, l’avis de certains biographes postérieurs de Villon dont notamment Jean-Henri-Romain Prompsault,  au début du  XIXe siècle. S’il ne suivra pas son prédécesseur sur toute la ligne,  ce  dernier  conserva, tout de même, une partie des pièces retenues par Lenglet dans ses  Œuvres  de maistre François Villon, corrigées et augmentées d’après plusieurs manuscrits qui n’étoient pas connues (1835).

Antoine Campaux sur les pas de Lenglet

Vingt-cinq ans  après Prompsault, dans son ouvrage François Villon, sa vie et ses œuvres (1859), l’historien et écrivain Antoine Campaux  reprendra  d’assez près  les conclusions de  Lenglet sur certaines pièces du Jardin de Plaisance et Fleur de Rhétorique et leur attribution possible à Villon.  Voici ce qu’il en dira  :

« Plusieurs de ces pièces semblent se rapporter, de la façon la moins équivoque, aux circonstances les plus caractéristiques de la vie du poète, comme à ses amours, à sa prison, à son exil, à sa misère, à son humeur. Quelques-unes présentent, avec certains huitains du Petit et particulièrement du Grand- Testament, des rapports si étroits et parfois même des ressemblances si grandes de fond et de forme ; l’accent enfin de Villon y éclate tellement, que c’est, du moins pour nous, à s’y méprendre. (…) Nous sommes donc persuadés avec Lenglet, qu’un grand nombre de pièces de cette compilation ne peut être que de Villon, ou tout au moins de son école. Elles en ont à nos yeux la marque, et entre autres la villon-antoine-campaux-ballade-poesie-moyen-age-tardiffranchise du fond et de la forme, assez souvent la richesse de rimes, et parfois ce mélange de tristesse et de gaieté, de comique et de sensibilité qui fait le caractère de l’inspiration de notre poète. »     A Campaux –  op cité

Pour information, si cet ouvrage vous intéresse, il a été réédité par Hardpress Publishing.  Vous pouvez le trouver au lien suivant : François Villon, Sa Vie Et Ses Oeuvres.

L’École de Villon selon Campaux

Bien que largement convaincu de la paternité villonesque d’une majorité des pièces retenues, Campaux prendra la précaution de les rattacher à une « école de Villon », en soumettant la question de leur attribution à la sagacité du lecteur ; à quelques exceptions près, ses commentaires, insérés entre chaque pièce, ne laisseront pourtant guère d’équivoque sur ses propres convictions.

deco_poesie_medievale_enluminures_francois_villon_XVe_sièclePour le reste, le médiéviste retiendra dans son Ecole de Villon, autour de 35 rondeaux et ballades,  issus du Jardin de Plaisance, qu’il classera en plusieurs catégories : chansons à boire, poésies sur le thème de l’amour, ballades plus directement liées à l’évocation de l’exil, la misère et l’incarcération de Villon. Il dénombrera, enfin, des ballades sur des sujets plus variés  et des pièces plus satiriques et politiques. Concernant ces toutes dernières, l’historien tendra, cette fois, à les attribuer plutôt à Henri Baude, qu’il désignera, par ailleurs, comme « un des meilleurs élèves de Villon« .

Aujourd’hui, parmi tous les poésies citées par   Campaux, nous avons choisi de vous présenter celle intitulée « Ballade pour ung prisonnier ». Voici ce qu’il nous en disait   :    « Cette pièce est certainement de Villon, du temps qu’il était dans le cachot de Meung. J’y entends et reconnais les plaintes, les remords, les excuses, les projets de changements de vie, et il faut le dire aussi, les sentiments de vengeance de la première partie du Grand-Testament. »

Nous vous laisserons en juger mais il est vrai qu’à la lecture, on comprend aisément le trouble du médiéviste. Depuis lors, aucun expert n’a pu trancher définitivement sur la question de cette attribution et à date, on n’a trouvé cette pièce dans aucun autre manuscrit d’époque.

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Ballade pour ung prisonnier

S’en mes maulx me peusse esjoyr,
Tant que tristesse, me fust joye,
Par me doulouser et gémir
Voulentiers je me complaindroye.
Car, s’au plaisir Dieu, hors j’estoye,
J’ay espoir qu’au temps advenir
A grant honneur venir pourroye,
Une fois avant que mourir.

Pourtant s’ay eu moult à souffrir
Par fortune, dont je larmoye,
Et que n’ay pas pou obtenir,
N’avoir ce que je prétendoye,
Au temps advenir je vouldroye
Voulentiers bon chemin tenir,
Pour acquérir honneur et joye,
Une fois avant que mourir.

Sans plus loin exemple quérir,
Par moy mesme juger pourroye
Que meschief nul ne peult fouyr,
S’ainsy est qu’advenir luy doye.
C’est jeunesse qui tout desvoye,
Nul ne s’en doit trop esbahyr.
Si juste n’est qui ne fourvoye,
Une fois avant que mourir.

ENVOI.

Prince s’aucun povoir avoye
Sur ceulx qui me font cy tenir,
Voulentiers vengeance en prendroye,
Une fois avant que mourir.


Une belle journée à tous.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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