
Période : haut moyen-âge (VIIIe siècle)
Ouvrage : Historia Brittonum
Auteur : Nennius
Bonjour à tous,

En réalité, le propos, ici, n’est pas tant de discuter de la véracité historique des affirmations de Nennius, ni d’entrer dans le détail des lieux possibles et probables de ces fameuses batailles; de nombreux historiens s’y sont essayés et nous aurons sûrement l’occasion d’y revenir. Avant les derniers siècles et la période moderne, avant que l’Histoire ne se forge quelques méthodes et prenne son indépendance scientifique, le genre des chroniques historiques n’était pas avare d’approximations ou même d’inventions et il y a indéniablement, dans cet extrait de Historia Brittonum, de nombreuses digressions de la part de son auteur. Pourtant, et c’est justement ce qui nous intéresse ici, à sa lecture, on ne peut s’empêcher de mesurer la distance franchie depuis les Annales Cambriae. Au fond, ce qui se joue dans cet extrait, avant Chrétien de Troyes et bien d’autres auteurs du roman arthurien, c’est rien moins que la naissance littéraire du Arthur de la légende. A ce titre, ce texte est sans nul doute une des premières pierres (écrite, sourcée, formelle presque) sur lequel se bâtira un peu plus tard, auteur après auteur, l’édifice du roman arthurien.
“Ce fut alors que Arthur, le magnanime, avec tous les rois et la force militaire de Grande-Bretagne, lutta contre les Saxons. Et bien qu’il y ait eu beaucoup plus de nobles que lui seul, il fut pourtant choisi douze fois comme leur commandant et fut tout aussi souvent vainqueur. La première bataille dans laquelle il fut engagé se trouvait à l’embouchure de la rivière Gleni. Les deuxième, troisième, quatrième et cinquième étaient sur une autre rivière, appelée Duglas par les Britanniques, dans la région de Linuis. La sixième, sur la rivière Bassas. La septième dans le bois Celidon, que les Britanniques appellent Cat Coit Celidon. La huitième se trouvait près du château de Gurnion, où Arthur portait l’image de la Sainte Vierge, mère de Dieu, sur ses épaules et par le pouvoir de notre Seigneur Jésus-Christ et de la sainte Marie, il a mis les Saxons en fuite et les a poursuivi, durant tout le jour, jusqu’à leur grande défaite. La neuvième était à la ville de la Légion, appelée Cair Lion. La dixième était sur les rives de la rivière Trat Treuroit. La onzième était sur la montagne Breguoin, que nous appelons Cat Bregion. La douzième fut le combat le plus dur quand Arthur pénétra sur la colline de Badon. Dans cette bataille, neuf cent quarante sont tombés par sa seule main, personne excepté le Seigneur ne lui prêtant assistance. Dans tous ces combats, les Britanniques réussirent. Car aucune force ne peut prévaloir contre la volonté du Tout-Puissant. »
Historia Brittonum – Nennius
Une belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Sujet :
ujourd’hui, nous publions un vidéo-documentaire télévisuel produit par la très bonne émission Des Racines et des ailes de France 3 et ayant pour sujet ce conflit incontournable du moyen-âge que fut la guerre de Cent ans. C’est donc un cours de rappel pour ceux qui connaissent l’histoire sur le bout des doigts, et un cours de rattrapage pour les autres.


out de même au sortir de tout cela, niveau stratégie militaire, il reste un constat un peu gênant: mettre près de cent ans pour se rendre compte que l’arc long ça pique et qu’il faut s’en méfier, ça fait quand même un peu long même s’il est vrai, comme le fait remarquer l’historien Olivier Naulleau (est-il cousin de Eric et surtout est-ce vraiment une question pertinente dans le cadre de cet article?) que la foi dans la chevalerie et ses valeurs avaient alors une grande place dans l’idée de la gloire et de la guerre du côté français. Cela ne peut tout expliquer. Il y a peut-être encore des histoires de discipline militaire, mais aussi certainement quand même des bons et des mauvais chefs de guerre dans toute cette histoire. Crécy (1346), Azincourt (1415), après les nombreuses guerres de croisades, les armées royales des XIVe et XVe siècles sont tout de même censées être un peu plus professionnalisées et disciplinées que celles des siècles précédents.
