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Lecture audio, poésie satirique : au coeur du XVe siècle, la ballade de l’Appel de Villon

Francois_villon_poesie_litterature_medievale_ballade_menu_propos_analyseSujet    : poésie médiévale, ballade médiéval, moyen-français, poésie réaliste, poésie satirique
Auteur    :   François Villon (1431-?1463)
Période  : moyen-âge tardif, XVe siècle.
Titre : « La ballade de l’Appel de Villon
ou question au clerc du guichet»
Média : lecture audio

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans la foulée de notre analyse de la ballade de l’Appel de François Villon, en voici une petite lecture audio. Du point de vue de la prononciation, à l’arrivée du XVe siècle et du moyen-français, les « oi » deviennent des « Oué ». Les R sont, semble-t-il, toujours roulés.

NB : vous pourrez trouver dans certaines autres versions de cette poésie : « estoit-il lors temps de moi taire ? » en lieu de « estoit-il lors temps de me taire? » nous avons, quant à nous, choisi cette dernière version, conforme à de nombreuses transcriptions de l’oeuvre de VIllon..

Pour plus de détails sur cette ballade médiévale et quelques clés de vocabulaire, n’hésitez pas à vous reporter à notre article précédent la concernant.

En espérant que cette lecture audio vous agrée.

Une belle journée à tous.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-âge sous toutes ces formes.

La Quinte Estampie Royale dans un album de Anne Azema, dédié au culte marial et ses miracles

chanson_musique_danse_medievale_manuscriit_ancien_français_844_chansonnier_du_roi_moyen-ageSujet :  danse, musique médiévale,   estampie,  manuscrit ancien, chansonnier du Roy, trouvères, troubadours, Miracle, Vierge Marie, Culte marial,  Français 844, chansonnier du Roy.
Période :  moyen-âge,  XIIIe siècle.
Auteur :  anonyme
Titre    : La quinte estampie royale
Interprètes    :   Anne Azema – Shira Kammen
Album : Etoile du nord – Le Miracle Médiéval (2003)

Bonjour  à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn 2003, la directrice d’orchestre, musicienne et chanteuse soprano Anne Azema sortait un album dédié aux poésies et chansons médiévales sur le thème des miracles de la Vierge, ayant pour titre: Gauthier de Coincy. Etoile du Nord, le Miracle médiéval.

De Coincy. Etoile du nord, le miracle marial
par Anne Azema

Avec onze pièces datant du moyen-âge central, Anne Azema faisait le choix, dans cet album, d’une formation réduite à minima, en s’accompagnant uniquement de la talentueuse vielliste et instrumentiste américaine Shira Kammen. Du reste, les deux artistes n’en étaient pas à leur première collaboration puisqu’elles avaient déjà eu l’occasion d’exercer leur talent mutuel et leur complicité, bien avant cela, et notamment dès le début des années 90, dans le cadre de la Boston Camerata et de la  Camerata Mediterranea.

culte-marial-medieval_miracle_vierge-marie_album_musique-poesie_moyen-age_Anne-Azema

Du point de vue des pièces présentées, l’idée directrice de  Anne Azema était la mise en miroir des miracles chantés ou narrés par les trouvères du Nord de la France avec ceux de l’Espagne médiévale. A ce titre,, l’oeuvre majeure compilée par Alphonse X le Sage de Castille dont nous sommes familiers ici (voir index des Cantigas de Santa Maria) y tenait une bonne place.

Contenu de l’album

On peut ainsi  trouver, dans cette Etoile du Nord, des compositions de trouvères célèbres de la fin du XIIe et même plutôt du XIIIe, siècle florissant du culte marial : une chanson de Rogeret de Cambrai, une de Thibaut de Champagne, trois Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse le Sage et encore quatre pièces de Gauthier de Coincy, qui occupe un place particulière dans cet album puisque ce dernier lui est dédié. On peut encore y écouter deux pièces demeurées anonymes dont la Quinte Estampie Royale du manuscrit médiéval Français 844 ou Chansonnier du roy que nous vous présentons ici. En terme de contenu, ce n’est, certes, pas la plus représentative de l’album et elle pourrait même sembler y faire un peu office d’interlude, mais comme elle est, à l’image du reste des pièces, très réussie, nous avons jugé intéressant de vous la faire connaître.

Du point de vue distribution, l’album est encore édité à ce jour et toujours disponible à la vente en ligne. On peut le trouver au format  CD, mais aussi au format digitalisé, ce qui offre l’avantage de pouvoir en pré-écouter les différentes titres pour s’en faire une meilleure idée ; L’album Etoile du Nord: le miracle médiéval, de Anne Azema

La quinte estampie royale sous la vielle de Shira Kammen

Gauthier de Coincy (1177-1236)

Disons un mot ici de Gauthier de Coincy (Gautier) avant que l’occasion nous soit donnée, d’en faire un portrait plus complet. On doit à ce moine trouvère de la fin du XIIe et des débuts du XIIIe siècle nombre de chansons et récits de Miracles au sujet de la vierge ( Les Miracles de notre Dame). Certains inspireront même d’autres auteurs médiévaux et notamment certaines Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X de Castille.

Dans cet album, on notera parmi les pièces présentées du trouvère, de courts récits de miracles mais aussi de beaux échantillons de son talent courtois. Sa chanson « Ja pour yver, pour noif ne pour gelee »  notamment, est une véritable ode à la vierge et à son amour sur le modèle de la lyrique courtoise des troubadours. Nous aurons assurément l’opportunité de vous la présenter plus tard dans le temps.

Ecouter une autre version de la Quinte estampie par le Early Music Consort of London.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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La Ballade de l’appel ou la question au clerc du guichet, de François Villon

Francois_villon_poesie_litterature_medievale_ballade_menu_propos_analyseSujet : poésie médiévale, ballade,  auteur médiéval, moyen-français, poésie réaliste, poésie satirique
Auteur : François Villon (1431-?1463)
Période : moyen-âge tardif, XVe siècle.
Titre : « La ballade de l’appel de Villon
ou question au clerc du guichet»
Sources et ouvrages ; voir pied d’article.

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous partons en direction du Moyen-âge tardif, avec une nouvelle ballade de François Villon, et quelle ballade puisqu’il s’agit d’un des derniers textes qui nous soit connu de lui, dans l’ordre chronologique.

Villon dans les Manuscrits médiévaux

Du côté des manuscrits anciens, on pourra retrouver les poésies de Villon aux côtés d’autres auteurs médiévaux, dans le Manuscrit de Stockholm Vu 22, daté du XVe siècle (image ci-dessous). Pour consulter en ligne, suivez le lien.

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La ballade de l’appel de Villon dans le Manuscrit de Stockholm Vu 22 

On citera également ici le Français 1661 (consulter sur Gallica), le Français 20041 (en ligne ici) ou même encore le célèbre Jardin de plaisance et fleur de réthorique (voir fac-similé) tous trois datés du XVe siècle et conservés à la BnF. A la fin de ce même siècle et avec l’arrivée de l’imprimerie, l’oeuvre de Villon commencera à être plus largement diffusée et par un grand nombre d’éditeurs. Il sera, dès lors, le seul à y « tenir la vedette » et pour longtemps.

Contexte historique
Villon rattrapé par sa triste destinée

Sorti de sa  geôle de Meung à la fin de l’année 1461, François Villon n’eut que peu de répit. De retour à Paris, le poète semble y avoir vécu dans la précarité, logeant probablement, à nouveau, dans une petite chambre d’Escolier du cloïtre Saint-Benoit (François Villon sa vie et son temps, Pierre Champion, 1913). Dans la foulée de cette libération il a vraisemblablement parachevé de rédiger son oeuvre majeure « le Testament » et, entre les lignes de ce legs, autant qu’en accord avec certains de ses deco_poesie_medievale_enluminures_francois_villon_XVe_sièclebiographes, on peut imaginer un Villon assagi autant que fortement diminué par la dure épreuve de l’emprisonnement et les tortures qu’on lui a fait subir. Si la grâce du Roi a miraculeusement soustrait le « Pauvre Villon » comme il se nomme désormais lui-même dans ses vers, des mains de ses tortionnaires, il faut se souvenir que, dans la solitude du cachot, il a aussi passé de longues heures à craindre le pire, se voyant déjà pendu, et tout cela l’a marqué de manière indélébile.

Libre à nouveau et convenu d’être désormais un homme de bien, a t-il pour autant les moyens de vivre honnêtement et de déroger à la force de l’habitude ? Ce n’est pas si sûr. Ses soutiens ne sont guère nombreux et arrêté une nouvelle fois dans le courant de l’année 1462 pour un vol dont le détail n’est pas connu mais qui semble de peu d’importance, son passé le rattrapera durement : comme Villon refait surface avec cette affaire, il se retrouvera, en effet, astreint à payer à la faculté de théologie une amende de 40 écus d’or par an, sur une durée de 3 ans en compensation du vol au collège de Navarre, datant de 1456.


Après avoir été relaxé, le destin et peut-être encore un peu les habitudes de « mauvaise vie » et leur lot de fréquentations douteuses semblent coller à la peau du Poète. Un soir, alors qu’il rentre de souper avec quelques compagnons qui n’ont pourtant plus rien des coquillards qu’il avait jadis côtoyés, son chemin d’infortune croisera celui de François Ferrebouc ; l‘homme est notaire pontifical et jouit alors d’une bonne réputation et d’un certain pouvoir à Paris. A la nuit tombée, alors que la petite bande passe devant l’étude encore allumée du notaire, Rogier Pichard  – l’un des hommes présents aux côtés de Villon et que P Champion nous décrit comme un clerc particulièrement querelleur – passe sa tête à la fenêtre pour invectiver les employés qui se trouvent là. Est-il éméché ? Tout le laisse paraître. Quoiqu’il en soit, face aux provocations, ces derniers finissent par sortir. Une bagarre éclate et Ferrebouc en personne finit par s’en mêler. Sorti à son tour dans la rue, le notaire moleste l’un des compères de Villon, Robin Dogis, qui, en retour, le frappe de sa dague. La blessure est légère et Villon n’a peut-être même pas été témoin de toute deco_poesie_medievale_enluminures_francois_villon_XVe_sièclel’affaire puisqu’il aurait continué son chemin sans assister à l’ensemble des échauffourées. Qu’à cela ne tienne, dès le lendemain, il sera  arrêté et embastillé à nouveau au Châtelet, avec un des quatre compagnons de cette virée malencontreuse : Hutin de Moustier. Les deux autres hommes dont celui qui avait usé de sa dague ne semblent pas avoir été inquiétés.

A cette période, le châtelet comptait, semble-t-il, dans les influences de Ferrebouc et Jacques Villiers de l’IsIe-Adam, prévôt de Paris, autant que son lieutenant-criminel Pierre de la Dehors, n’avaient pas la réputation d’être des tendres. Ils n’avaient, en tout cas, pas de raison particulière de faire de cadeau à  Villon qui devait paraître à leurs yeux comme un criminel émérite et récidiviste. Ce dernier fut de nouveau mis à la torture de l’eau pour avoir simplement assisté à la rixe et on requit qu’il soit condamné à mort, étranglé puis pendu. Si Pierre Champion suppose une certaine influence de Ferrebouc dans toute l’affaire, fut-elle indirecte, le médiéviste Gert Pinkernell se pose, de son côté, la question de savoir si la dureté de la sentence ne peut s’expliquer en partie par le fait que les intéressés avaient eu connaissance par ailleurs, du testament de Villon et de sa nature irrévérencieuse. On ne peut véritablement vérifier  ni l’une ou l’autre de ces deux thèses.

Bien qu’abattu par la condamnation et son injustice, Villon ne se laissera pas si facilement abattre. Il défendra sa peau (comme il en prendra lui-même l’image dans cette ballade). en faisant appel de la décision devant le parlement de Paris. A son grand soulagement, la cour cassera le jugement en le commuant en un bannissement de la ville de Paris pour une durée dix ans.

Cette nouvelle décision de justice donnera lieu à cette Ballade de l’appel que le poète adressa à Etienne Garnier, clerc du guichet du Châtelet de Paris, sans doute peu après que le jugement fut rendu. Avec la poésie, Louenge à la court qui lui fait suite, c’est un des derniers textes que l’on connaisse de François Villon. On l’y découvre très inspiré, mais aussi heureux et soulagé d’avoir échappé aux fourches. Peu de temps après, il disparaîtra, emportant avec lui le mystère de sa destinée, dans le dédale de rues sombres et agitées du Paris de l’époque. D’anciens coquillards à des dignitaires froissés par la franchise ou les railleries de Villon, combien d’ennemis y avait-il, là, au dehors, qui auraient rêvé de l’occire ?

La Ballade de l’appel
ou question au clerc du guichet

Que vous semble de mon Appel,
Garnier ? Feis-je sens ou follie ?
Toute beste garde sa pel* (peau) ;
Qui la contrainct, efforce ou lye,
S’elle peult, elle se deslie.
Quand donc, par plaisir voluntaire,
Chanté me fut ceste omélie* (sentence),
Estoit-il lors temps de me taire ?

Se feusse des hoirs Hue Capel, 
Qui fut extraict de Boucherie,
On ne m’eust, parmy ce drapel,
Faict boyre à celle escorcherie (1):
Vous entendez bien joncherie* (raillerie, tromperie) ?
Mais quand ceste peine arbitraire,
On m’adjugea par tricherie,
Estoit-il lors temps de me taire ?

Cuydez-vous que, soubz mon cappel* (coiffe, bonnet)
Ny eust tant de philosophie,
Comme de dire : « J’en appel ? »
Si avoit, je vous certifie,
Combien que point trop ne m’y fie.
Quand on me dit, présent notaire:
« Pendu serez ! » je vous affie* (certifie, assure),
Estoit-il lors temps de me taire ?

Envoi

Prince, si j’eusse eu la pépie (2),
Pieça*  je fusse (je serais depuis longtemps) où est Clotaire, (3)
Aux champs debout, comme ung espie (4) :
Estoit-il lors temps de me taire ?


Notes

(1) S’il s’était agi des héritiers de Hugues Capet, fils de boucher,  on ne m’aurait soumis à cette torture (l’eau). Escorcherie a également le double-sens d’abattoir et Villon en joue ici. Pourquoi  cette allusion ? Au moment des faits, le lieutenant criminel Pierre de la Dehors qui le fit soumettre à la torture et le condamna est encore boucher juré de la Grande Boucherie de Paris (cf Marcel Schwob)

(2) Pépie : maladie qui chez les oiseaux gêne l’alimentation ou même le chant. Autrement dit, « si je n’avais rien dit, si je m’étais tu. »

(3) Selon Prompsault, il s’agit d’une allusion au gibier de Monfaucon puisque le tombeau de Clotaire se trouve non loin : « Le gibet de Monlfaucon , où se faisoient les exécutions, étoit situé sur le chemin de l’abbaye Saint-Denis, où fut inhumé Clothaire III. ». 

(4) pendu comme un épieur de chemin, un voleur de grands chemins. 

Sources et Ouvrages

François Villon, Oeuvres, édition critiqueLouis Thuasne (1923)
François Villon sa vie et son temps, Pierre Champion (1913)
Oeuvres complètes de François Villon par P.L Jacob (1854)
François Villon: rédactions et notes,
 Marcel Schwob (1974)
François Villon, Poésies complètes, Gert Pinkernell  (1991)


Une  belle journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
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La Sagesse de Saadi contre l’avidité et les abus de pouvoir envers les pauvres et les déshérités

saadi_mocharrafoddin_sagesse_persane_moyen-age_XIIIe_siecleSujet : citations médiévales, sagesse persane, poésie morale, conte moral, cupidité, avidité, justice, devoir politique, abus de pouvoir.
Période : moyen-âge central, XIIIe siècle
Auteur : Mocharrafoddin Saadi (1210-1291)
Ouvrages: Gulistan, le jardin des roses,  par Charles Defrémery (1838) et  Gulistan le Parterre de Fleurs du Cheick Moslih-Eddin Sadi De Chiraz par N Semelet, (1834)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous levons les voiles en direction du moyen-orient médiéval pour découvrir une nouvelle histoire d’un des plus célèbres conteurs de la Perse du moyen-âge central : Mocharrafoddin Saadi.  D’entre tous ses écrits, Le Gulistan ou Le Jardin des Roses demeure un véritable miroir des princes, un guide de la morale et de l’action pour les hommes, les puissants ou ceux qui les côtoient, et dans lequel seul le vrai sage saura tirer son épingle du jeu, par ses actes et non par ses mots.

Mansuétude, écoute, discernement, la sagesse dont il est question ici transcende l’application de quelque loi écrite, elle est la qualité suprême et intrinsèque qui peut élever le plus puissant comme le plus miséreux. Et Saadi fustige sans merci : cupidité, stupidité, égoïsme, orgueil, ambition, flatterie, négligence ou abus dans l’exercice du pouvoir, … Sous l’œil du conteur,  il n’est nul homme, fut-il roi ou vizir, qui ne finisse par saadi_sagesse_persane_conte_poesie_morale_medievale_XIIIe_moyen-age_centralrencontrer sa propre destinée : l’impunité n’existe pas et tout finit, tôt ou tard, par se payer. C’est encore le cas dans le conte moral du jour. On y assistera à la ruine et la déroute d’un tyran contre les larmes de sang qu’il avait arrachées, par cupidité, aux plus déshérités et on trouvera, au passage, cette belle image de « la fumée des cœurs » des miséreux spoliés, montée en prière et entendue.   » Ne trouble pas un coeur, parce qu’un soupir bouleversera tout un monde. « 

Une fois de plus, le sage persan plaide pour la raison du plus faible contre la tyrannie  du plus fort, la justice contre l’abus de pouvoir et l’avidité et c’est une justice à la fois transcendantale et sociale qui est ici à l’oeuvre, un peu, peut-être, dans l’esprit de celle que Saint-Louis avait rendue sous son chêne.  Enfin, chez le conteur persan, comme dans notre moyen-âge central occidental, la roue de la fortune et du temps tourne et vient fournir un argument supplémentaire à la morale. Le temps de l’existence passe comme le vent du désert et le pouvoir comme la royauté demeurent éphémères.


Abus de pouvoir et avidité :
le pouvoir d’un cœur blessé

On raconte qu’un Tyran achetait, par la violence, le bois des pauvres et les donnait aux riches, moyennant un prix qu’il fixait arbitrairement. Un sage passa auprès de lui, et dit :

– Es-tu un serpent, toi qui piques tous ceux que tu vois ? Ou un hibou, puisque tu fouilles partout où tu te poses ? Si ta violence te réussit avec nous, elle ne réussira pas avec le maître qui connaît tous les secrets (ie: Dieu). N’exerce pas la violence sur les habitants de la terre, afin que leurs prières contre toi ne parviennent  au-dessus du ciel.

saadi_justice_devoir-politique_tyrannie_conte-medieval-poesie-morale-sagesse-persane

L’oppresseur fut irrité de cette parole, fronça le sourcil a cause de ce conseil et n’y fit aucune attention; jusqu’à ce qu’une certaine nuit le feu tombât de la cuisine dans son magasin de bois, brûlât toutes ses richesses et lui laissât pour seul siège, au lieu d’un coussin bien rembourré, la cendre chaude.

Par hasard, le même sage passa auprès de lui, et l’entendit qui disait a ses amis :  » Je ne sais d’où ce feu est tombé dans mon palais.  » ll dit :  » Il a été allumé par la fumée du coeur des pauvres (les soupirs). »

Distique : Garde-toi de la fumée des coeurs blessés, car la blessure du coeur se montre, à la fin, au dehors. Tant que tu le peux, ne trouble pas un coeur, parce qu’un soupir bouleversera tout un monde.

Sentence. Il était écrit sur la couronne du roi Qaï-Khosrou* (3eme roi de Perse, de la dynastie des Caïanides ) :

« Pendant combien d’innombrables années et de longs siècles les hommes marcheront sur la terre, au-dessus de notre tête* (notre tombeau) ? De même que la royauté nous est parvenue de main en main, ainsi elle parviendra aux mains des autres ».


Puisse cette belle leçon continuer de résonner à travers les siècles, aux oreilles des intéressés.

Une belle journée à tous.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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