Sujet : centre historique, rencontre, écritures, conférence, atelier, histoire médiévale, paléographie, sigillographie, événement Période : moyen-âge tardif. Lieu : Centre Historique Médiéval d’Azincourt
22, rue Charles VI. 62310 Azincourt Evénement : l‘écriture au XVe siècle Intervenant : Dominique Delgrange Date : Samedi 24 juin 2017 (après-midi)
Bonjour à tous,
our ceux qui souhaiteraient se plonger dans le moyen-âge festif ce week end, nous vous avons déjà indiqué quelques pistes intéressantes: la Fête des Bâtisseurs à Guédelon, les Médiévales de Provins et encore la cité lorraine de Rodemack aux couleurs de moyen-âge. Mais nous voulons ajouter ici un autre événement qui prend cette fois, la forme d’un atelier conférence ludique et néanmoins très sérieux autour d’un aspect particulier de l’Histoire médiévale.
Les rencontres thématiques
du centre médiéval d’Azincourt
i vous vous tenez dans le Pas-de-Calais, le Centre Historique médiéval d’Azincourt vous propose en effet, ce samedi après-midi un atelier-rencontre thématique d’une demi-journée, sur le thème de l’Ecriture au XVe siècle.
Dominique Delgrange, secrétaire général de la Société française d’héraldique et de sigillographie, sera en charge de cette présentation et partira avec vous à la découverte de l’écriture, à l’aube de l’imprimerie et de la renaissance.
Qui écrit au XVe siècle ? Actes officiels, juridiques ou administratifs, relations épistolaires, messages, mais encore manuscrits, chroniques, ouvrages de sciences et techniques ? Dans ce moyen-âge déjà bien tardif, l’écriture n’est plus, depuis longtemps déjà, seulement l’apanage des clercs ou des moines, et son public s’est élargi. Et puis comment écrit-on? Avec quel style et comment le gothique a-t-il évolué au fil du temps? Enfin, de quels outils se sert-on ? Plumes, roseaux, sceaux, l’usage du papier s’est aussi généralisé, les techniques et les instruments ne sont plus les mêmes et l’atelier fournira l’occasion d’approcher ces derniers de près.
Sigillographie, paléographie, codicologie, la rencontre sera aussi le prétexte d’aborder les sciences ou disciplines connexes qui viennent au secours de l’Histoire pour lui permettre de reconstruire avec justesse et au plus près les périodes passées.
Pour plus d’information, vous pouvez contacter directement le centre d’Azincourt au numéro de téléphone suivant : 03 21 47 27 53 ou par courriel :
En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : poésies courtes, épigrammes, école marotique, ouvrage ancien, humour, grivoiseries, gauloiserie, Clément MAROT. Période : hiver du moyen-âge, renaissance Auteurs : collectif (1575, puis 1595) Titre : La récréation et passe temps des tristes, recueil d’épigrammes et de petits contes en vers (1862)
« Gardez bien de toucher ce livre (Mesdames) il parle d’amour : C’est aux hommes que je le livre Que l’on tient plus constants toujours Laissez-le aller vers eux son cours A eux et non à vous est dû Mais vous le lirez nuit et jour Puisque je vous l’ai défendu » La récréation et passe temps des tristes
Bonjour à tous (et à toutes!),
i vous nous suivez régulièrement, vous savez combien nous apprécions ici la poésie de Clément MAROT et plus particulièrement ses pièces courtes, pleines d’esprit, d’humour et de causticité.
Dans la lignée de l’école marotique qui faisait des adeptes dans le courant du XVIe siècle, nous vous parlions, dans un article précédent, d’un petit ouvrage « collectif » de 1542 : la fleur de poésie françoyse. Souvent compulsés à l’initiative des imprimeurs, ces carnets de poésie rassemblaient, pour l’essentiel, des formes courtes et des épigrammes et se souciaient peu des auteurs (qu’ils ne citaient, souvent, pas). Il y était d’abord question de « récréation » et, finalement, d’une poésie « légère » dont l’unique ambition était d’être un « remède » à l’ennui autant qu’une invitation au divertissement et à l’humour.
Aujourd’hui, nous vous présentons un autre ouvrage de la même veine. Son titre est éloquent et en résume tout entier l’objectif : « LA RECREATION ET PASSETEMPS DES TRISTES, Traictant de choses plaisantes et récréatives touchant l’amour et les dames, pour resjouir toutes personnes mélancholiques ». Nous émaillons aussi cet article de quelques extraits choisis pour vous permettre de vous en faire une idée.
Autre d’un amoureux voulant mener jouer s’amie
« Allons aux champs sur la verdure, Passer le temps joyeusement Cependant que le beau temps dure, Il n’est que vivre plaisamment Allons y donc hastivement Allons chanter, gaudir et rire, Mieux faut s’esbatre gayement Q’employer sa langue à mesdire » La récréation et passetemps des tristes
Dans une première réédition du XVIIIe, ces « récréations » avaient été attribuées au poète Guillaume des Autels, mais l’éditeur de 1862 sur laquelle nous nous basons ici venait contredire ce fait. L’ouvrage se situe, en effet, dans la filiation de l’école marotique et certaines de ses pièces ne peuvent même appartenir qu’à Clément MAROT,Mellin SAINT-GELAIS et encore d’autres auteurs qui s’inscrivaient sous l’influence du poète originaire de Cahors pour exercer leur verve et leur esprit.
Il y a, dans ce petit manuel qui a traversé presque cinq siècles, quelques pièces sérieuses qui flirtent avec l’amour courtois, mais il contient surtout d’autres épigrammes largement plus grivois et osés. Au bout du compte, on y trouve bien plus de gauloiseries que dans la fleur de poésie françoyse, même si l’ouvrage reprend quelques pièces qui s’y trouvaient présentes, ainsi que d’autres poésies en provenance d’autres « carnets » de poésie du même type et qui datent tous du XVIe siècle. Comme sa courte préface en vers l’indique, cette récréation et passetemps des tristes a pour thème de prédilection les choses de l’amour. Les « dames » y sont visées par endroits avec un humour souvent plus potache que satirique, mais elles ne sont pas les seules dans la ligne de mire. Maris et amants, bon ou mauvais, y passent aussi et d’autres sujets y sont abordés. On trouve encore quelques jolies perles poétiques « inclassables ».
Du loquet de l’huis de s’amie
« N’a pas longtemps fut faite une dispute Sur instrumens, et faict de la musique. Les uns loüoyent le hautbois ou la fluste, D’autres le luth, comme chose angéliques : Lors un d’entr’eux, le moins mélancolique Leur dit : Messieurs, voulez-vous que je die, Quel instrument a plus de mélodie, C’est à mon gré, le loquet d’une porte : Car quand il faut que la mignonne sorte De bon matin, ferme l’huis doucement : L’oyant sortir, le mignon se conforte Est-il au monde un plus doux instrument ? » La récréation et passetemps des tristes
Si l’on devait y mettre un peu de subjectivité, (pour ce que cela vaut, c’est à dire pas grand chose), nous pourrions avancer que toutes les poésies que l’on trouve dans cette Récréation et Passetemps des Tristesn’ont pas l’élégance, ni la grâce de la poésie d’un MAROT, même si elles tentent d’en emprunter les formes. A n’en pas douter, il y a ici, certains émules moins talentueux que lui, qui s’essayent à son genre ce qui, cela s’entend, ne diminue pas pour autant l’intérêt de l’ouvrage pour qui s’interroge sur l’Histoire de la langue française et de sa poésie, mais encore de son humour.
Ajoutons encore que la deuxième édition de 1595, qui sert de base au livre présenté ici, a été censurée de certaines pièces dont les moines et l’Eglise faisaient les frais et dont l’imprimeur de 1862 nous indique dans sa préface, de manière toute directe, « qu’elles sentaient l’hérésie ».La satire s’y trouve donc quelque peu patinée. De fait les grivoiseries, même si on ne peut résumer uniquement l’ouvrage à cela non plus, y prennent largement le pas.
A une glorieuse tenant sa gravité par trop grande
« Vous estes belle en bonne foy Ceux qui dient que non, sont bestes, Vous estes riche, je le voy, Qu’est-il besoin d’en faire enquestes? Vous estes bien des plus honnestes, Et qui le nie est bien rebelle : Mais quand vous vous loüez, vous n’estes, Honneste, ne riche, ne belle. » La récréation et passetemps des tristes
Du point de vue du contexte historique, au moment de l’impression de cet ouvrage, les temps sont déjà ceux de la pléiade et de ses poètes qui, dans une ambition tout académique, chercheront à élever la langue française tout autant qu’à l’enrichir. Soucieux de trancher d’avec la poésie médiévale, leurs recherches et leur ambition déclarée se tiendront alors bien loin des formes de cette poésie marotique légère et de sa frivolité. Avec la réédition 1595 de l’original de 1575, Nous sommes déjà près d’un demi-siècle après la mort de MAROT. Son oeuvre sera bientôt reléguée aux archives et il faudra pratiquement attendre le XVIIIe siècle pour qu’il soit redécouvert.
Epigrammes et école marotique : une poésie et des formes qui plaisent à la cour
Au XVIe, cette poésie marotique est applaudie et appréciée à la cour pour son esprit. Badine, elle s’épanche en rimes vives et incisives qui semblent tout vouloir sacrifier à la grâce du bon mot et à son élégance, et qui peuvent aller, comme ici, jusqu’à la grivoiserie ou même la gauloiserie.
Et quand d’impertinente et caustique, elle devient nominative et plus directe-ment assassine, on pourrait presque être tenté déjà, à quelques formes près, d’y voir préfigurer les jeux de cour cruels d’un Versailles décadent comme ceux dont Patrice LECONTE nous faisait le tableau dans son film « Ridicule ». Quelques siècles avant sa cour de Louis XVI, on entrevoit alors déjà dans cet « esprit » et ses « bons mots » quelquefois tranchants de MAROT, la verve du perfide abbé VILECOURT (l’excellent et regretté Bernard GIRAUDEAU) et sa bouche en O, pour être tombé en disgrâce pour un vers de trop.
D’un Vieil Amoureux
« Je suis amant en l’extresme saison, Pres de ma mort, je chante comme un cigne, En attendant d’icelle guarison Que mon blanc chef prendra pour mauvais signe La rose, et lis, neige, la lune insigne Et le jour ont telle couleur eslite. Doncques, Amour, mes armes je ne quitte Ains bon espoir j’ay en ma dame seulle, Vieillard je suis mais grand flamme m’incite Car le bois sec plus que tout autre brusle. » La récréation et passetemps des tristes
Favori un jour, exilé ou miséreux le suivant. Dans les méandres des jeux d’influences nobiliaires et les couloirs froids des châteaux, comme ailleurs, on sait que le verbe peut tuer. Sous ces nouveaux dehors légers et moqueurs que Marot, comme Mellin Saint-Gelais pratiquaient si bien, sont-ils, ces jeux de cour, les mêmes que ce dont Eustache Deschampsnous contait déjà les travers? L’ombre de Rutebeuf et de sa paix planent encore ici sur le poète de cour, médiéval ou renaissant, dépendant de son « protecteur », de ses grâces comme de ses largesses. Le drôle doit être transgressif par nature mais la ligne est fine de la moquerie, à l’impertinence, de la satire à « l’hérésie », et l’on s’y brûle quelquefois. On se souvient des combats meurtriers de plume du temps du poète de Cahors, et, plus tard encore de ses successeurs à la cour : Mellin SAINT-GELAIS moquant la pédanterie de Ronsard et ce dernier préférant, semble-t-il, « marcher » sur la tête d’un Marot plutôt que se jucher sur ses épaules. Pour la postérité du français renaissant, il bâtira, en partie sur le terreau de son dédain, d’autres projets pour la poésie et pour la langue.
Flaubert écrira quelques siècles plus tard « Le mauvais goût du temps de RONSARD, c’était MAROT« . Si le public du XVIe siècle goûte suffisamment ces formes poétiques qui se complaisent dans la frivolité ou la « récréation », pour qu’on imprime des manuels à son usage, elles ne rallieront pas, loin de là, tous ceux qui s’exercent à l’art de la rime durant ce même siècle, Ronsard en tête.
Un amant est toujours honteux
« Amour un jour desbanda les deux yeux, Pour contempler ses serviteurs fidèles, Si m’aperceut pensif et soucieux Sans dire mot entre deux damoiselles. Lors promptement il esbranla les aisles, Et vint vers moy, en me disant ainsi : O pauvre amant que fais-tu tan icy. Que ta chaleurs n’est point encore esteinte ? Je lui responds en lui criant mercy Qu’un vray amant n’est point sans honte ou crainte. » La récréation et passetemps des tristes
Les formes courtes de l’école Marotique et
Les « agréables riens » de la poésie du XVIe
Au cours de cet hiver du moyen-âge, dans cette longue aventure humaine de l’art poétique français et au delà de ses apports stylistiques, on sent bien que la forme marotique des XVe, XVIe siècles porte en elle les germes d’une nouveauté. Les racines encore plantées dans le monde médiéval et la tête déjà renaissante, ces thèmes ne sont pourtant pas si nouveaux : l’amour peut y être courtois, la belle Margot et avec elle la pastourelle et ses attraits rupestres y sont encensés (ou moqués), mais on y trouve encore les jeux adultérins, grivois ou transgressifs dont se régalait déjà un certain moyen-âge ou ces odes au buveur qui pourraient être goliardiques si elles étaient encore latines. Bien sûr, les religieux de peu de morale et autres frères « Frappart » que l’on moque y ont aussi leur place. Dans cet héritage thématique « moyenâgeux », cette poésie goûte encore l’usage de quelques vieux mots et quelques archaïsmes que MAROT affectionnait, qu’il remit au goût du jour et qui donne un tour si particulier à ses vers.
D’un Avocat et de sa Femme
« Un avocat dict à sa femme Sus mamie, que jouerons-nous? Si je gaigne ( ce dict la Dame) Vous me le ferez quatre coups : Quatre coups ? c’est couché trop gros, Comment seroit jeu sans pitié. Non, non maistre, tenez-les tous, (Dict le clerc) J’en suis de moitié. » La récréation et passetemps des tristes
A l’évidence, sur sa « modernité » renaissante, les codes de son humour, de ses « badineries » ou de sa satire sont déjà plus directement « saisissables » par nous que ne le sont ceux des fabliaux des XIIe et XIIIe siècles. Et tout cela n’est pas qu’affaire de meilleure compréhension entre le vocabulaire du « français moyen » renaissant et celui d’un Oil balbutiant. Cette poésie marotique n’a plus la Rudesse ou la lourdeur du Boeuf, pas d’avantage que la nature souvent absconse des proverbes aux vilains. La langue a changé mais les codes de l’humour aussi.
Pour le reste, si cette poésie, avec son goût pour l’épigramme, renoue avec les formes classiques des grecs du IVe siècle avant notre ère ou encore celles d’un MARTIAL, le tour qu’elle lui donne est plus résolument satirique ou « spirituel ». Il y souffle un esprit léger et frais et elle cherche, dans le cadre étroit et contraint des formes courtes, à affûter la pointe de sa plume. De fait, c’est aussi une école de précision (les rhétoriciens et leurs jeux de mot comme les pratiquaient le père de MAROT ont peut-être été de quelque influence sur ce fils prodigue). Et même si elle cède par instants aux gauloiseries (on la dira même immorale), quand de grivoise, elle deviendrait presque graveleuse, sa recherche d’élégance et de justesse dans le verbe vient à la rescousse de ses rimes comme un dernier rempart dressé : on peut bien être impertinent, pourvu que l’on est de l’esprit.
D’un bon biberon
« Blanc et clairet sont les couleurs De ce bon vin que j’ayme fort, Dont souffriray maintes douleurs Si de luy n’ay souvent confort. D’en user, bien fay mon effort, Pour en avoir meilleure grace, Si je n’en boy, me voila mort, Car de boire eau, je me pourchasse. » La récréation et passetemps des tristes
Alors, élégance stylistique « renaissante », émergence d’un esprit nouveau, d’une définition nouvelle du bon mot ? Sommes-nous ici face aux signes d’un rapport à la langue en mutation ou simplement face à un esprit original dont certains feront, bien plus tard, l’annonciateur d’un Voltaire, d’un Jean de La Fontaine ou même encore d’un Musset ? (voir Pierre JOURDA – MAROT – Universalis). Quoiqu’il en soit, après Marot, l’épigramme restera une arme de choix dans la besace des poètes et des auteurs, au service de leurs règlements de comptes.
Ayant dit tout cela, il faut encore ajouter que Marot ne saurait se résumer à ses épigrammes pas d’avantage qu’à son impertinence ou ses traits assassins. Il a aussi contribué par ses poésies à la littérature religieuse, a légué de beaux vers sur des thèmes plus profonds et fut encore traducteur de nombreuses œuvres classiques.
D’une Dame aisée à courroucer
« M’amie et moy apres joyeux esbats, Nous courrouçons si tressoudainement Et reprenons apres noise et debats, Soudaine paix, et doux esbatement, Que je crains plus ses beaux yeux doucement Tournez vers moy, et ses ris gracieux, Que ses sourcils et regards furieux : Car j’ay espoir de joye et paix nouvelle Apres courroux, apres esbats joyeux Je crains toujours une guerre mortelle. » La récréation et passetemps des tristes
En vous souhaitant une très belle journée
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes
Sujet : douzain, poésies courtes, ouvrage ancien. poésie satirique, humour médiéval, épigrammes Période : moyen-âge tardif, renaissance Auteurs : Melin Sainct-Gelays ou Mellin Saint- Gelais (1491-1558) Titre : La fleur de poésie Françoyse, annoté par A Van BEVER, 1909
ous revenons ici sur la fleur de poésie françoyse dont nous vous parlions, il y a quelques jours, pour vous faire partager, cette fois, un douzain largement plus drôle et satirique.
On le doit à Melin Sainct-Gelays, poète de cour qui fut contemporain de Marot et qui connut lui aussi les faveurs de François 1er, puis d’Henri II. Même si avec le temps, Clément Marot lui a quelque peu damé le pion, ce poète était très prisé et reconnu de ses contemporains. L’esprit de Sainct-Gelays était en tout cas largement aussi aiguisé quand il s’agit d’humour et de satire. Il nous en donne aujourd’hui la preuve avec ce Douzain d’un curé.
Au passage, son humour et ses railleries lui vaudront d’ailleurs quelques sérieuses inimitiés. Il fut notamment l’instigateur d’une querelle contre Ronsard, qu’il tourna en ridicule auprès de la cour en son absence ce qui donna lieu, une fois Ronsard informé du fait, à une guerre ouverte par textes interposés qui dura plusieurs années.
« Nostre vicaire, ung jour de feste, Chantoit ung agnus gringotté, Tant qu’il povoit à pleine teste, Pensant d’Annette estre escouté ; Anette, de l’aultre costé, Ploroit comme prise à son chant, Dont le vicaire en s’approchant Luy deist : Pourquoy plorez vous belle ? Ha! messire Jan, ce deist elle, Je plore ung asne qui m’est mort, Qui avoit la voix toute telle Que vous quant vous criez si fort. » Melin Sainct-Gelays – Epigramme douzain d’un curé
Une belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : poésie ancienne, huitains, poésies courtes, épigrammes, ouvrage ancien. Période : moyen-âge tardif, début renaissance Auteurs : collectif (édition originale de 1542) Titre : La fleur de poésie Françoyse, annoté par A Van BEVER, 1909
« Ung doulx baiser je prins subtillement De celle à qui mon cueur s’est adonné, Pensant par là trouver allégement Au dur travail qu’en amours m’a donné, Mais tout soubdain me trouvay estonné Quant je congneuz (cuidant mon feu estaindre) Que luy avoit nourriture donné Et que mon mal n’en estoit de rien moindre. » Anonyme – XVe, XVIe siècle – la fleur de poésie françoyse
Bonjour,
oici pour aujourd’hui un huitain léger, tiré d’un ouvrage édité pour la première fois en 1542 et 1543 et réédité au début du XXe siècle par Adolphe VAN BEVER, (1871-1927) biographe et érudit français, féru de poésie. Ce petit livre d’un peu plus de cent pages a pour titre : La fleur de poésie Françoyse:, Recueil joyeux contenant plusieurs Huictains, dixains, quatrains, chansons et autres dictez de divers matières.
C’est un carnet de poésie légère qui, on l’a compris, ne vise rien d’autre que l’amusement et le divertissement. Il s’ouvre d’ailleurs sur ces quelques vers au lecteur qui marquent bien l’ambition générale de l’ouvrage :
« Lecteur, si tu as fantaisie D’éviter dueil et desplaisir, Vois cy la fleur de Poésie Pleine de soûlas et plaisir, Tu ne pourrois esbat choysir Pour mieulx chasser oysiveté, ( Voire si tu en as désir) Qu’à lire, et veoir nouvelletè. »
Les auteurs de ce collectif sont pour la plupart restés anonymes mais on y retrouve tout de même identifiés Clément MAROT (1496-1544) ou Melin de SAINCT-GELAYS (1491-1558) dont on sent bien d’ailleurs que leur poésie de cour légère et quelquefois primesautière a inspiré d’autres auteurs de ce carnet. Pour le dire autrement, ils donnent ici le La. Edité une première fois en 1542, l’ouvrage sera réédité un an plus tard avec quelques ajouts en 1543, soit un an avant la mort de Clément MAROT.
Il semble bien que cette fleur de la poésie françoyse soit l’un des plus anciens livrets d’épigrammes et poésies facétieuses de ce genre. D’autres lui succéderont et ces petits ouvrages se multiplieront durant les débuts du XVIe siècle. La poésie s’y fera légère et spontanée, (Adolphe VAN BEVER la qualifiera même de souriante et puérile) et les auteurs en profiteront quelquefois, sous couvert d’anonymat, pour faire passer quelques poésies audacieuses, satiriques ou polissonnes. L’auteur du huitain du jour (plutôt sage), est resté, quant à lui, anonyme.
On trouve ce petit livre qui a plus de 500 ans encore à la vente chez Wentworth Press. En voici le lien à toutes fins utiles: