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Histoire des châteaux-forts & techniques de siège médiévales 4

index des autres articles sur le sujet
1. Naissance des châteaux-forts
2. Du bois vers la pierre
3. Mottes, forteresses de bois et techniques de siège

4. XIIe, XIIIe siècles
L’ÂGE D’OR DES CHATEAUX-FORTS

« Sur un territoire couvert de châteaux fortifiés occupés par des seigneurs turbulents, audacieux, la guerre était et devait être à l’état chronique. D’ailleurs, celui qui possède une arme n’attend que l’occasion de s’en servir, et la provoque au besoin. De même celui qui possède une forteresse ne vit pas sans un secret désir de la voir attaquer, ne fût-ce que pour prouver sa puissance. »
Eugène Viollet Le Duc,
Dictionnaire Raisonné de l’architecture française, 1856

N_lettrine_moyen_age_passionous voilà donc rendu dans le courant du XIIe siècle. Aux points de tensions les plus forts, à la faveur de la disponibilité du matériau mais aussi de la capacité des seigneurs les plus fortunés et les plus aptes à s’entourer d’experts dans la construction, les fortifications de pierre viennent peu à peu se substituer aux palissades de bois des siècles précédents. Bien sûr, les disparités régionales commandent et, comme nous l’avons déjà dit dans les articles précédents, on construira encore longtemps des mottes castrales de terre et de bois. Certaines continueront même d’être occupées durant plusieurs siècles, sans être fortifiées par la pierre.

chateau_fort_histoire_medievale_guillaume_conquerant_normandieA la faveur du tassement de la terre, il faut quelquefois attendre plus de cinquante ans pour pouvoir  jucher une haute tour  de pierre sur une butte, mais on admet généralement que dans le courant du XIe siècle, on commencera gra-duellement à ériger des donjons en pierre sur de nombreuses mottes castrales en lieu et place des tours de bois. Graduellement, les murailles défensives, entourant cette grande tour – et même celles de la basse-cour quand on le peut – seront elles-mêmes construites dans ce matériau bien plus résistant au feu que le bois. Quand l’espace et le diamètre de la butte castrale à son point le plus élevé le permettra, on construira aussi, directement sur la motte de véritables châteaux. (photo ci-dessus château Guillaume le Conquérant, ou château de falaise, un des premiers châteaux normands en pierre, sa construction s’étale du Xe au XIIIe siècle)

En l’absence de place sur la motte  pour y construire tous les édifices utiles au seigneur, les bâtiments connexes pourront aussi venir s’appuyer contre la butte même comme à Windsor. Dans d’autres cas encore, on désertera tout simplement les mottes castrales pour des endroits plus accessibles et plus spacieux sur lesquels on s’installera à la faveur de la sécurité qu’offre la pierre. Au fond, même si l’élévation reste appréciée pour les avantages défensifs qu’elle confère, avec l’usage plus systématique de la pierre, la possibilité est aussi offerte d’élever des remparts  bien plus hauts et bien plus résistants. De fait, même si l’on continuera à jucher des châteaux sur des hauteurs ou des promontoires durant ce siècle, l’élévation du terrain ne sera peut-être déjà plus une donnée aussi sensible pour la construction de telles forteresses, fait que l’avènement de l’architecture philippienne viendra encore consacrer.

« Enchâtellement » et monde féodal

Château-Gaillard, XIIe siècle, le château d'un roi d'Angleterre au coeur de la Normandie
Château-Gaillard, XIIe siècle, le château d’un roi d’Angleterre au coeur de la Normandie

En réalité, il faut bien encore le répéter, aucune généralité ne convient vraiment quand il s’agit de dépeindre l’histoire des châteaux-forts et l’Histoire de ces terres de France qui se fortifient durant le moyen-âge central; l’architecture médiévale défensive reste hétérogène parce que ses avancées sont avant tout commandées par la loi du contexte, des moyens et ressources en présence, et encore de la nécessité. Les donjons de pierre ou les châteaux de pierre existent déjà dans certains endroits depuis le XIe siècle et on connait aussi les enceintes castrales, sans même parler des monastères ou des fortifications d’origines urbaines, villageoises ou religieuses. Tous les châteaux sont loin d’être à motte en ce début de XIIe siècle.  Malgré cette disparité, une vérité semble aujourd’hui indéniable, durant ce siècle comme celui qui le suivra, on verra les châteaux ou les donjons de pierre se multiplier. « L’enchâtellement » se poursuivra donc et ce maillage du territoire par des édifices défensifs et des seigneurs vassalisés connaîtra encore de beaux jours. La féodalité n’est pas encore à son automne même si Philippe Auguste s’emploiera à la mettre à mal pour renforcer sa couronne et avec elle, le pouvoir du roi sur les terres de France et sur les grands vassaux. (ci contre architecture_defensive_histoire_medievale_chateau_fort_l_age_d_orchâteau de Lassay, Loire, construction du XIIe au XVe siècle. Comme bien d’autres châteaux, ce bel édifice est construit en lieu et place d’une ancienne motte.)

Quoiqu’il en soit, avec l’avènement de la pierre, quelques hommes juchés sur un rempart ou un tour de pierre pourront ainsi défendre de manière encore plus efficace le territoire mais surtout le seigneur qui occupe le château et y vit. Les temps où une poignée d’hommes déterminés pouvait mettre en échec une motte castrale sont en recul et les châteaux forts entrent dans leur âge d’or. Le simple feu désormais ne suffit plus et,  du point de vue des techniques de siège, il semble désormais que sans alliés dans la place prompts à trahir le maître des lieux, seul le blocus du château-fort en lui coupant les voies de communication, ou même une armée forte et experte en travail de mines ou dotée d’engins de siège puisse faire échec à ces édifices. Pour les assaillants les plus empressés, il faudra même faire appel à de plus gros engins de siège que les simples catapultes afin d’en venir à bout .

Quand le château de pierre fait le seigneur

« Si l’on en juge par les comptes de l’Échiquier anglais, de telles constructions en pierre étaient très coûteuses. Seuls les grands princes pouvaient en assumer les frais. Leur multiplication est un signe d’un renforcement du pouvoir monarchique en Occident. Tandis que s’opérait cette révolution, la masse des seigneurs continuait à vivre dans des châteaux périmés. Certains élevaient encore des mottes – désormais quadrangulaires – dans la première moitié du XIIIe siècle. S’épuisant à moderniser leur demeure, beaucoup étaient entraînés dans un processus de déclassement qui touchait en même temps le lignage et le bâtiment. »
Michel Bur. Château Fort, Universalis

D’un point de vue sociologique et pour faire écho à Michel Bur sur ces questions, durant les siècles précédents, là où quelques hommes et paysans, rangés aux côtés d’un seigneur ou d’un vassal (même de prestige modeste), pouvaient construire en quelques temps une motte castrale, une tour ou une palissade de bois, l’ère des châteaux de pierre marquera encore la distance, à l’intérieur même de la classe des seigneurs, en permettant aux plus puissants et riches d’entre eux de se distinguer de leurs pères par le prestige tout autant que l’efficacité défensive du château de pierre.

L’architecture philippienne et les nouveaux standards d’un roi bâtisseur pour les châteaux

Le Louvre de Philippe Auguste (XIIe, XIIIe siècle), pionnier de l'architecture philippienne
Le Louvre de Philippe Auguste (XIIe, XIIIe siècle), pionnier de l’architecture philippienne

Dans le courant de ce XIIe siècle, le roi de France, Philippe Auguste, lancera  la construction du Louvre. (ci-dessous portrait de Philippe-auguste par Louis-Félix Amiel, XIXe, Château de Versailles). Il en profitera pour formaliser et synthétiser, avec ses bâtisseurs, les standards de tout bon château-fort qui se respecte; l’architecture chateaux_architecture_medievale_philippienne_philippe_auguste_moyen-age_passionque l’on nommera de son nom « philippienne » verra alors le jour: murs à créneaux et courtines, chemin de ronde cintrant l’édifice et courant sur les murailles d’une tour à l’autre permettant de les protéger plus efficacement, porterie et corps de garde solidement plantés à l’entrée et défendant l’accès principal, trouées d’archères dans les tours ou les murs, tours flanquées aux angles des remparts, et présence d’un donjon qui, du centre de la forteresse, se déplacera bientôt sur l’un des angles. Le standard évoluera avec les successeurs de ce roi « bâtisseur » au très long règne, et influencera, indubitablement, les siècles qui suivront, rayonnant au delà des frontières du royaume, et notamment en Angleterre.

Château de Bodiam, Angleterre, XIVe, tribut tardif d'un chevalier anglais à l'architecture philippienne?
Château de Bodiam, Angleterre, XIVe siècle, tribut tardif d’un chevalier anglais à l’architecture philippienne?

Avec l’architecture philippienne, on admet généralement que la défense passera aussi de passive à active puisque la masse de la pierre ne sera plus la seule parti-prenante à la défense du bâtiment et, plus loin, du territoire.  Il ne s’agit plus, en effet, d’opposer simplement l’inertie de la matière et l’élévation aux attaquants: ouverts aux quatre orients et sis sur ses remparts, le château-fort pourra désormais protéger l’ensemble des terres qui l’entourent et les hommes juchés sur son  chemin de ronde ou embusqués dans son corps de garde, pourront par les dispositifs défensifs des tours et des murailles, autant par la circulation facilitée sur les courtines, défendre activement l’édifice. De fait, comme nous le suggérions plus haut, on se mettra même à construire les châteaux philippiens en plaine, sans nécessairement avoir à le jucher sur une hauteur.

Du XIIe au XIIIe siècles : continuité dans les innovations de l’architecture défensive

Maquette du Château de Dourdan, début XIIIe très bel exemple d'architecture philippienne, de fait propriété de Philippe Auguste
Maquette du Château de Dourdan, début XIIIe très bel exemple d’architecture philippienne, de fait propriété de Philippe Auguste

D_lettrine_moyen_age_passionans la série des innovations que ce siècle verra encore émerger, les architectes médiévaux privilégieront progressivement la tour ronde plutôt que la tour carrée parce qu’elle offre moins de prise aux projectiles. Cette nouvelle forme architecturale connaîtra un succès plus marqué lors du siècle suivant, même si en fonction des disparités culturelles on continuera dans certaines régions de privilégier le haut donjon résidentiel carré (Michel Bur, château fort, Universalis). Ce XIIe siècle verra aussi les mâchicoulis ou les bretèches commencer à s’ouvrir dans les hauteurs des murs de pierre, des porteries ou des remparts, pour remplacer progressivement  les hourds de bois. On ne démontra pas forcément ces derniers notamment quand ils forment
herse_chateau_fort_histoire_medievaleles supports des toitures sur le haut des tours  mais les nouveaux châteaux leur préféreront désormais, les mâchicoulis, bien plus résistants au feu mais aussi aux projectiles.

Du point de vue des porteries, on note l’émergence des herses (porticullis) et autres grilles de fer ou de bois, et les barbacanes à double porte renforcée qui peuvent être dotées d’assommoirs, viennent encore s’ajouter à la panoplie défensive (Jean Mesqui. La fortification des portes avant la guerre de cent ans). Enfin, dans le courant du XIIIe siècle et face aux progrès de l’enceinte, impulsée sous Philippe auguste, le donjon disparaîtra même dans un nombre important de nouveaux édifices et le logis du Seigneur sera alors construit dans la cour intérieure, appuyé sur l’une des murs d’enceintes. 

En définitive, l’image du château fort « type » que nous avons souvent en tête doit beaucoup aux innovations de ces XIIe et XIIIe siècles. Concernant le pont-levis, il faudra toutefois attendre la fin du XIIIe au début du XIVe siècle pour les voir émerger et se standardiser, même si les siècles précédents connaîtront déjà l’existence de ponts mobiles: « les ponts torneis » et les « postis ». (Eugène Viollet le Duc. dictionnaire raisonné d’architecture médiévale. sur les ponts). 

Château fort de Douvres, XIe siècle et suivant. Guillaume de Normandie, illustration du XIXe siècle. L
Château fort de Douvres, XIe siècle et suivant. illustration du XIXe siècle.  Place forte historiquement célèbre fortifiée par Guillaume de Normandie puis Henri II

L’héritage sarrasin et l’expérience acquise
au retour des croisades

Dans le courant de ce même siècle, les croisés reviendront de l’Orient, aguerris de dures batailles à l’issue pas toujours favorable, mais avec dans leurs bagages de notables améliorations des engins et des techniques de siège. Plus que d’une véritable révolution en matière de poliorcétique, on aura finalement renoué avec l’héritage gréco-romaine enrichi de la science des sarrasins. Et de la même façon qu’ils rapportèrent les écrits et le canon de la médecine du génial Avicenne et d’autres écrits de histoire_siege_chateaux_medievale_croisade_jerusalem_moyen-agesavants arabes, et avec eux Aristote, les croisés ramèneront aussi les progrès effectués sur les engins et techniques de siège, à la lumière des connaissances scientifiques et mathématiques sarrasines, et encore à la richesse des échanges avec ingénieurs italiens ou d’autres provenances qui se sont joints à eux sur le terrain des batailles. Connaissances certainement, mais expérience aussi, car les croisés reviennent aguerris par le fruit des combats, et tout cela aura permis d’éprouver à la fois la discipline militaire dans les sièges autant que leurs  stratégies d’attaque. (ci-dessus Godefroi de Bouillon (1058-1100) attaque Jerusalem, ‘Roman De Godefroy De Bouillon et de Saladin’, 1337)

Dans le même temps, ces croisades joueront en faveur des rois. En plus de renforcer le sentiment national et le pouvoir des rois, elles auront pour conséquence d’affaiblir la féodalité et la puissance des seigneurs qui auront pris la croix, puisque ces derniers quand ils n’y laisseront pas leur peau en reviendront bien souvent ruinés, ce qui renforcera leur dépendance vis à vis du trésor royal. Au final, l’ost qui tirera le bénéfice de toute cette expertise militaire semble bien l’armée du roi, même s’il faudra encore attendre le règne de Saint Louis qui poursuivra l’oeuvre de Philippe Auguste pour que la féodalité et le pouvoir des vassaux soient en plus net recul.

Première croisade, prise d'Antioche, source Bnf, manuscrit du XVe siècle
Première croisade, prise d’Antioche, source Bnf, manuscrit du XVe siècle

Trébuchets à contrepoids & Mangonneaux

C’est également autour de cette période du XIIe siècle que l’on verra émerger l’usage du Trébuchet à Contrepoids. Il est assez difficile de dater précisément son apparition durant les sièges mais on s’entend généralement sur le fait que c’est son usage qui impulsa la naissance de l’architecture philippienne et que c’est pour contrer cet engin trebuchet_architecture_medieval_chateau_fort_histoire_militairequ’il décida de formaliser et améliorer avec ses ingénieurs militaires l’architecture des châteaux-forts. L’ombre de la poule plane sur l’oeuf.

On peut lire, encore, en certains endroits, que le trébuchet était connu et utilisé dès le VIe siècle en Europe. Peut-être l’était-il de manière marginale? Cela reste à vérifier. Il semble en tout cas que son usage se soit généralisé dans le bassin méditerranéen autour du XIIe siècle. Dans le même registre, concernant cette redoutable machine de jet, certains historiens en avaient fait une invention française du XIIe siècle, mais à la lumière d’autres études, la version médiévale que nous connaissons de cet engin, semble bien n’être que l’importation tardive et l’adaptation d’une invention chinoise du Ve siècle avant Jésus Christ.

Capable de propulser des blocs de pierre de plus de cent kilos contre les murailles et les tours des châteaux, cet engin de siège impressionnant, pèche, toutefois, par son peu de maniabilité et la lenteur de sa cadence de tir; des variations plus légères et plus rapides sur le principe de la fronde avec contrepoids, verront le jour (bricoles) même si elles ne pourront pas rivaliser avec lui en matière de capacité de propulsion. On a fait également du Trébuchet un engin de siège représentatif de la guerre biologique médiévale. De la même façon en effet, que les défenseurs utilisaient les hourds ou les mâchicoulis pour jeter, entre autres choses, sur la tête des assaillants, immondices, excréments, et autres entrailles d’animaux dans l’espoir de les contaminer, le tir en cloche mangonneau_histoire_chateaux_forts_engins_siège_medievaldu Trébuchet aurait été utilisé pour projeter des cadavres infectés à l’intérieur des remparts de la fortification ou du château assiégé. Pas très ragoutant, forcément, mais c’était l’effet recherché.

Dans cette famille des engins de siège « mastodontes », il y aura encore le mangonneau qui, par un système complexe de contrepoids, compensera certaines limites du trébuchet. Mais il reste que ces deux engins supposent tout de même de mobiliser un nombre conséquent d’hommes pour les manipuler, les connaissances suffisantes pour les fabriquer ou les monter, et faut de mieux, les deniers pour les acquérir. Il n’est donc à pas à la portée d’un quelconque vassal.

Inquiétants mais pas suffisamment dissuasifs pour faire perdre la foi dans les châteaux

Aussi terrifiant soient-ils, ces engins de siège ne freineront pourtant pas la confiance que l’on pouvait alors avoir dans la pierre et dans l’efficacité stratégique des châteaux pour défendre les terres. Au contraire, le XIIe siècle est encore considéré comme l’âge d’or des châteaux forts et le siècle suivant verra encore s’élever nombre de ces édifices de pierre. Ils évolueront encore sous l’arrivée de la poudre et il faudra encore la conjonction de plusieurs facteurs pour que l’on cesse d’en construire et ceci fera l’objet d’un prochain article.

Voilà, c’est donc tout pour aujourd’hui, mes amis. Comme nous l’avions indiqué dans le début de cette série d’articles, notre prétention n’est pas encyclopédique, l’idée étant plutôt de jeter les bases de l’histoire des châteaux forts. En attendant le prochain article sur le sujet, et comme toujours, nous vous souhaitons une merveilleuse journée où que vous vous trouviez sur les terres de ce vaste monde.

Fred
Pour moyenagepassion.com
« A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »

Châteaux forts & Architecture médiévale défensive : hourds, mâchicoulis et bretèches

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« Il n’y a point de place faible, là ou il y a des gens de cœur »
Pierre de Terrail de Bayard  (1476 – 1524)
Citation médiévale du célèbre chevalier sans peur et sans reproche.

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour aborder l’architecture médiévale et les systèmes de défense essentiels des châteaux forts que sont les hourds, les mâchicoulis et bretèches, voici une autre de nos vidéos,  réalisée  à l’aide du moteur du Jeu Medieval Engineers.

En dehors de ses tours défensives, de ses hauts murs, ses pont-levis ou ses élévations (qu’elles soient naturelles ou de pierre), en dehors même des archères ou meurtrières qui offrent aux défenseurs la possibilité de tirer sur les assaillants en restant à couvert, au moyen d’arcs longs ou à l’arbalète, minimisant ainsi leurs chances d’être vus ou touchés, il existe, dans l’architecture des châteaux forts et forteresses, d’autres mécaniques de défense passive qui permettent d’ouvrir des angles supplémentaires sur les pieds de murailles ou les portes, et de les défendre avec plus d’efficacité.

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Ces systèmes de défenses sont plusieurs ordres : les hourds, les mâchicoulis et les bretèches.  Dans les trois cas, ils procèdent d’ouvertures  verticales qui permettent des tirs plongeants ou des jets de liquides ou d’objets sur les assaillants arrivés au pied des murailles ou devant les portes du château ou de la forteresse. Dans les trois cas encore, ces systèmes défensifs ménagent une couverture au défendeur, de façon à ce qu’il puisse tirer ou jeter des choses sur les assaillants sans être lui-même fortement exposé à leurs possibles représailles. Qu’ils se tiennent sur des murs droits ou de corbeilles à créneaux, l’objectif des hourds et des mâchicoulis reste donc toujours le même, améliorer la visibilité sur les pieds de murs ou de tours et offrir un couvert propice à la défense du bâtiment.

Les Hourds : histoire & définition

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Les hourds sont en bois. On trouve les premières traces de leur présence ou, en tout cas, de leur mention, dans l’ouvrage de Jules César « commentaires sur la guerre des gaules ». On a donc la certitude que les romains les connaissaient, même s’il est difficile de les dater précisément.

On a émis l’hypothèse que les hourds n’étaient montés qu’en temps de guerre et ôtés en temps de paix. On les trouve sur les hauts des murailles, le long des chemins de ronde, ou en haut des corps de garde et des porteries, mais aussi sur le haut des tours défensives qu’ils ornent des leurs merveilleuses boiseries. Dans ce dernier cas, comme ils sont aussi, souvent, les supports de toitures, il semble peu probable qu’on se soit pris de l’idée de les démonter, sauf à s’assurer que les années de paix allaient durer; nul doute qu’on ne le faisait pas dans les régions où les conflits perduraient entre seigneuries ou entre territoires frontaliers. Avec le temps, ces installations de bois ont été peu à peu supplantées par les mâchicoulis qui sont des trous et des ouvertures ménagés directement dans les corbeilles de pierre qui soutiennent les créneaux; le défenseur bénéficie alors de l’abri des créneaux et le dispositif a l’avantage d’être plus solide que les hourds de bois et surtout moins inflammable.

* sur la photo ci-dessus, prise à Carcassonne, les hourds reconstitués par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc en 1850 .

Les Mâchicoulis & Bretèches

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Avec l’évolution des engins de siège et spécialement l’avènement des trébuchets dans le courant du douzième siècle  – engins redoutables, capables de propulser à grande vitesse dans les airs et contre les murailles des châteaux des blocs de pierre pouvant peser plus de 140 kilos -, la résistance des hourds se trouvait fortement compromise. De fait, progressivement, au fil du XIIIe XIVe siècle, les mâchicoulis sont venus s’y substituer. Jusque tard dans le temps et même s’ils n’avaient plus la même fonction défensive, on a tout de même souvent laissé les anciens hourds en place en haut des tours défensives, justement parce que, comme nous le disions plus haut, les toitures reposaient sur eux.

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breteche_architecture_medieval_defensive_moyen_age_passionComme les mâchicoulis, (photo ci-dessus) les bretèches sont également en pierre et sont ménagées le long des murs, pour protéger une porte ou même un angle de mur ou de muraille. (photo à gauche).


Survivance de ces systèmes de nos jours

Comme le bois est périssable, la majorité des hourds n’a pas traversé le temps, certains ont été entretenus et les bois remplacés et sont encore visibles, d’autres ont été reconstitués totalement. Il faut savoir qu’à la période où les hourds étaient populaires, on pouvait en observer, pas uniquement sur les tours de garde ou les murailles des châteaux, mais également sur les églises ou même sur les bâtiments ou fermes qui se situaient dans des zones fortement exposées ou  conflictuelles.

hourds_moyen_age_meuse_egliseOn trouve encore aujourd’hui sur le territoire français et, notamment, dans la Meuse, des églises qui ont conservé ou pris soin de leur hourd.

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Quant aux mâchicoulis ou aux bretèches, on peut encore les observer dans les châteaux en pierre d’époque quand les œuvres de restauration des siècles précédents ne les ont pas détruits ou simplement bouchés.

Dans le courant du XVe siècle, avec l’avènement de l’artillerie lourde et la recentralisation des pouvoirs autour d’un roi et d’une armée forte, les guerres changeront. Graduellement, les châteaux passeront alors de châteaux forts et bâtiments défensifs à palais d’agrément et de prestige, on trouvera pourtant, encore, dans ces nouveaux édifices élevés à la gloire de leurs princes ou de leurs rois, des traces de bretèches mais elles ne seront plus alors que décoratives, comme en hommage à leurs ancêtres de pierre et aux châteaux forts.

Voilà, mes amis, un peu d’informations sur ces systèmes de défense et sur l’architecture médiévale défensive.

Une excellente journée à tous.

Frédéric EFFE.
moyenagepassion.com
A la découverte du monde du moyen-âge sous toutes ces formes.

Medieval Engineers : tous dans le bac à sable pour construire des châteaux

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Medieval Engineers : un jeu vidéo sur le moyen âge

Titre : MEDIEVAL ENGINEERS
Editeur :
Keen Software
Type de jeu : construction et architecture médiévale, siège de château, etc…
Environnement : médiéval réaliste
Mode : Solo, bac à sable, sandbox créatif ou survie et multiplayer

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoilà enfin un jeu qui va vous transporter en plein coeur du moyen-âge et vous permettre, après une prise en main rapide, de pouvoir construire vos propres châteaux et forteresses, et plus encore.

Le château de Bodiam recrée avec le jeu vidéo Medieval Engineers
Le château de Bodiam recrée avec le jeu vidéo Medieval Engineers
Un château du Moyen- âge crée avec le jeu vidéo Medieval Engineers
Un château du Moyen- âge crée avec le jeu vidéo Medieval Engineers

De nombreuses pièces sont disponibles dans « medieval engineers », sans parler d’une communauté relativement active qui crée autour du moteur du jeu des mods* additionnels. Le jeu se passe dans un environnement 3D, architecturé sur une technologie voxel. Vous pouvez donc non seulement construire châteaux et forteresses avec force pont-levis, créneaux, tours défensives et autres hourds ou mâchicoulis, mais vous pourrez également agir sur les reliefs de la carte en creusant des douves, en créant de montagnes, des souterrains ou des mines, à l’envie.

Voici la vidéo de présentation du jeu par la société keen software:

TUTORIEL DE PRISE EN MAIN 

Voici un petit tutoriel  de prise en main maison pour vous présenter un peu Medieval Engineers et sa boîte à outils.

BAC A SABLE MAIS PAS SEULEMENT!

Mode Survie/Mode créatif

Outre le fait de pouvoir créer vos forteresses en mode bac à sable, Medieval Engineers vous permet également de jouer en mode survie en récoltant les ressources nécessaires à vos constructions (bois, pierre) et en devant, bien sûr, vous alimenter pour survivre. Les sous-bois sont nantis de nombreuses baies et champignons pour vous permettre de le faire.

Barbares en vue!

Si vous le souhaitez, vous pourrez également mettre à l’épreuve vos capacités de survie et la résistance de vos constructions médiévales en faisant face à des hordes de barbares qui viendront vous défier,  par vagues successives.

Mode Multi

Le mode multiplayer vous permettra de jouer en mode survie mais propose également un mode Siège médiéval (Castle Siege) dans lequel vous pourrez défendre ou attaquer des forteresses à grand coups d’engins de siège, de masse ou encore d’arbalète.

INTEGRITE STRUCTURELLE

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Casse réaliste des bâtiments et intégrité structurelle font une grande différence dans ce jeu puisque, si vous activez ces options, vous devrez construire vos bâtiments en respectant certaines contraintes logiques et mécaniques pour qu’ils tiennent debout!

EN BREF

S_lettrine_moyen_age_passioni vous êtes de ceux qui sont restés sur leur faim sur les jeux de la série Stronghold, sortis il y a maintenant quelques années, attendant vainement qu’un autre jeu graphiquement acceptable donne le change, Medieval Engineers devrait vous combler.

Reproduction de château Montbrun à l'aide de Medieval engineers
Reproduction de château Montbrun à l’aide de Medieval engineers

Bien que ce jeu vidéo soit encore en Alpha, ce qui a l’avantage de le rendre accessible à petit prix et le désagrément de devoir un peu essuyer les plâtres par moments, la société Keen Software l’actualise chaque semaine avec des nouveautés ou des corrections. La communauté autour du jeu est aussi relativement active pour un titre qui n’a que quelques mois. Pour les fans de « modding »*, il y a donc aussi de quoi s’amuser. Il faut dire que Keen Sotfware a déjà, à son actif, le jeu vidéo Space Engineers qui a rencontré un grand succès; une partie de cette communauté faisant déjà confiance à la petite société d’édition tchèque a, naturellement, accordé sa confiance à Medieval Engineers.

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Esthétiquement, l’environnement est convaincant, gère les modes jour/nuit, le brouillard, mais pas encore le climat, et même si l’on aimerait quelques blocs en plus mais aussi voir l’eau « procédurale » débarquer dans le jeu (elle n’est pas encore disponible et il faut se contenter pour l’instant d’eau statique), on parvient à passer des heures agréables en explorant les modes créatifs ou survie pour des forteresses qui, au final, peuvent être très réussies pour peu qu’on y passe un peu de temps.

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En plus des blocs statiques de pierre ou de bois (planches, toits, murailles, créneaux, arches, portes et fenêtres, etc…), le jeu vous propose également des outils dynamiques permettant de faire des pièces mécaniques assez élaborées :  rotors, poulies, rouleaux de corde, ressorts, roues, crochets, pales de moulin, etc… Avec tout cela, vous pourrez créer sans problème, pont-levis et autres mécaniques ou engins de levage mais aussi, bien entendu, engins de siège, catapulte etc… Bonne nouvelle, les trébuchets et leur force de propulsion impressionnante sont aussi disponibles.

Bon jeu donc!

Fred
moyenagepassion.com

* Modding :  le modding consiste à installer en plus du noyau d’un jeu videos de petits programmes additionnels (les « mods »)visant à l’améliorer, voir même le modifier. Dans le cas de médiéval engineers, comme dans le cas de nombreux autres jeux vidéos, les mods sont développés par la communauté de joueurs gravitant autour du jeu.