Archives par mot-clé : 3D

Exposition : Éternelle Notre-Dame, la réalité virtuelle au service du patrimoine

Sujet : événement, exposition, monde médiéval, architecture, Paris au Moyen Âge, réalité virtuelle, cathédrale Notre-Dame
Période : du Moyen Âge central au XXIe s
Titre : Éternelle Notre-Dame : Une expédition immersive en réalité virtuelle
Lieu : Espace Grande-Arche, 1 Parvis de la Défense, 92400 Puteaux, France
Dates : Jusqu’au 05 avril 2022 inclus

Bonjour à tous,

usqu’à début avril 2022, les nouvelles technologies se mettent au service du patrimoine, du Moyen Âge et de l’histoire à Puteaux. L’occasion en est fournie par une exposition débutée depuis la mi-janvier et qui propose à ses visiteurs « une expédition immersive en réalité virtuelle » autour de Notre-Dame-de-Paris.

Un voyage dans le temps à 360° degrés

Affiche de l'exposition sur la cathédrale Notre Dame de Paris

C’est la première fois qu’une exposition de ce genre est proposée autour de la grande cathédrale française. Elle permet de découvrir le passé de Notre-Dame, les événements marquants de son histoire, mais aussi quelques grands personnages historiques qu’elle a pu voir passer. La période couverte est assez large ; elle s’étale du XIIIe au XXIe siècle. Autrement dit, le périple temporel commence au Moyen Âge central pour s’achever après l’incendie de la cathédrale (avril 2019) et même après les travaux de restauration en cours.

L’ensemble du voyage se fait au moyen d’un matériel adapté. Il embarque une cinquantaine de personnes à la fois, sur un plateau de 500 m². Après avoir créé son avatar et chaussé son casque de réalité virtuelle, on est prêt à embarquer pour l’aventure : 45 minutes d’immersion au cœur du passé de Notre Dame-de-Paris. L’étonnement technologique, les sensations et la nouveauté sont au rendez-vous pour cette grande première façon « Futuroscope » à consonnance patrimoniale. Sur place, un documentaire est également présenté sur les travaux de restauration en cours.

La VR au service des musées et des expositions

Ce genre d’exposition laisse entrevoir le rôle que des nouvelles technologies comme la réalité virtuelle, la réalité augmentée mais aussi l’holographie, pourraient être amenés à jouer dans la découverte du patrimoine, au fil de la démocratisation des matériels et pour peu qu’on y mette les moyens en terme de production (modélisation 3D, scénarisation, pédagogie, animations, etc…). Depuis quelques années, 2021 compris, de nombreux musées dans le monde y ont eu, d’ailleurs, recours. Nouvelle tendance ? Peut-être. L’heure est au ludique. La réalité virtuelle interpelle et c’est un bon moyen d’attirer de nouveaux publics dans les musées. D’un point de vue pédagogique cela permet aussi, de faire vivre des sensations aux visiteurs tout en les instruisant. En un mot, cela pourrait être des façons nouvelles et efficaces d’apprendre en s’immergeant.

D’un point de vue technologique, cette performance a été pilotée par Orange, avec la Société Amaclio à l’exploitation, Bruno Seillier à la scénarisation et la Société Emissive à la réalisation. Sur le site officiel de l’exposition, on peut lire que ce développement aurait pris près de deux ans. Quand nous parlons de mettre les moyens, c’est bien de cela dont il s’agit.

L’exposition-immersion Éternelle Notre-Dame intervient près de trois ans après le terrible incendie qui avait dévasté le grand monument médiéval en laissant de nombreux témoins, internautes et téléspectateurs sans voix, en France comme au delà des frontières. Elle entre aussi pleinement en phase avec les opérations de restauration de la cathédrale. En plus de permettre à ses visiteurs de découvrir Notre-Dame-de-Paris sous un nouveau jour, 30% des recettes de l’événement seront, en effet, reversées pour le financement des travaux de réfection de la cathédrale.

Ajoutons que tout au long de l’année, cette exposition voyagera dans différents lieux de Paris. La date butoir d’avril 2022 ne vaut donc que pour l’Espace Grand Arche où elle se tient actuellement. Au printemps, on devrait la retrouver à la Conciergerie de Paris 1er et, à l’automne, sur le parvis même de Notre-Dame.

Pour plus d’informations sur les tarifs et les disponibilités, voir le site officiel de cette exposition ici.

Le calendrier de restauration de Notre Dame

En fin d’année dernière, les dons levés pour la cathédrale s’élevaient à 840 millions d’Euros ce qui avait rendu le général Jean-Louis Georgelin, en charge de la conservation et de la restauration de la cathédrale, plutôt confiant sur l’issue des travaux. Suivant le calendrier fixé par l’actuel locataire de l’Elysée, la fin des opérations de restauration est prévue pour avril 2024, date à laquelle la cathédrale pourra rouvrir ses offices et accueillir à nouveau le public et les fidèles. Pour ces derniers, une grande messe est déjà planifiée le 16 avril de cette même année 2024.

Pour rappel, l’été 2021 a déjà vu s’achever les travaux de sécurisation du bâtiment. Lors de l’incendie, nous avions été nombreux face à nos écrans à regarder, dans une sorte d’état de sidération, ce feu qui n’en finissait plus de consumer la Notre-Dame . Certains commentateurs avaient alors soulevé la possibilité que tout l’édifice pourrait s’effondrer au sol comme un simple château de cartes. S’il n’y avait pas de parenté directe entre ces images et celles de la chute des deux tours du World Trade Center américain, je me souviens que, pendant quelques instants suspendus, cette crainte m’avait aussi traversé l’esprit par une sorte d’étrange jeu de miroirs télévisuel et symbolique. Cela ne s’est heureusement pas produit et, désormais, les voutes les plus fragilisées ont été consolidées.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

NB : l’enluminure en arrière plan de l’image d’en-tête est tirée du manuscrit médiéval Français 2645, soit le tome 3 des Chroniques de Sire Jehan Froissart. Ce manuscrit médiéval daté de la deuxième moitié du XXIe siècle est conservé à la BnF et consultable en ligne sur Gallica. L’illustration représente Louis II d’Anjou arrivant à Paris. En arrière plan, on distingue déjà parfaitement Notre-Dame.

Le château de Ewloe, bastion de la resistance galloise dans l’Angleterre médiévale des XIIe et XIIIe siècles

mondes_3D_virtuels_rue_médiévale_unity_3D_jeux_videosSujet : château-fort, reconstitution 3D, vidéo, architecture médiévale, angleterre médiévale, Pays de Galles monument historique, patrimoine anglais.
Période : Moyen-âge central, XIIIIe siècle
Lieu : Château de Ewloe ( Flintshire, pays de Galles, frontières anglaises)

Bonjour à tous,

I_lettrine_moyen_age_passion copial y a quelque temps de cela nous avions partagé ici une belle reconstitution 3D du château de Flint au pays de Galles et nous avions touché, à cette occasion, un mot de l’histoire de l’Angleterre médiévale.  Aujourd’hui c’est un autre château que nous vous présentons. Il a lui aussi joué son rôle dans le cadre du même conflit qui opposait la couronne anglaise aux natifs gallois.

ewloe_chateau_fort_gallois_angleterre_europe_medievale_moyen-age_central

Situé lui aussi au nord du pays de Galles et dans le comté du Flintshire,  à quelques lieues du site du château de Flint et à deux pas de la frontière anglaise, le site d’Ewloe connut plusieurs épisodes houleux de Henri II d’Angleterre, à son fils Henri III et finalement ,jusqu’au fils de ce dernier, Edouard 1er. Nous en avions parlé dans notre article précédent, c’est ce dernier souverain, qui, d’une main de fer et notamment au moyen d’un grand maillage de forteresses, mit un terme à la résistance galloise qui s’efforçait de regagner le terrain qui lui avait été confisqué depuis les campagnes de Guillaume le conquérant, autour de 1066 et contre les seigneurs de la Marche que le normand avait mis en place derrière lui.

Henri II d’Angleterre, Owain Gwynedd et
La bataille d’Ewloe ou de Coleshill

P_lettrine_moyen_age_passion copiaeu après son accession au trône, Henri II d’Angleterre décida de lancer une campagne en galles pour y rétablir l’ordre et y restaurer la couronne. En 1157, parti de Chester, avec dit-on près de 30 000 hommes, il entendait remonter vers le nord du pays de galles pour le reconquérir mais l’affaire ne fut pas si simple. Il croisa, en effet, bientôt l’opposition galloise sur sa route. Dans le but de la prendre à revers, le souverain anglais envoya son avant-garde dans la forêt d’Ewloe. Erreur fatale. Ses hommes s’y feront piégés et le site sera le théâtre d’une grande victoire des gallois. Les gallois menés par les fils de Owain Gwynedd  y mettront ainsi en déroute les armées d’Henri II.  L’histoire raconte même que le roi anglais manqua d’être tué durant cette bataille qui entra Owain_Gwynedd_armoirie_supposee_angleterre_pays_de_galles_europe_medievale_moyen-age_centraldans la légende du côté gallois, d’autant plus  que ces derniers se trouvaient, à ce que l’on conte, en large sous nombre par rapport aux anglais.

(ci-contre armoiries « supposées » de Owain Gwynedd, non vérifiée historiquement)

Même si Henri II put tout de même, suite à cette bataille, poursuivre ses avancées et contraindre Owain à une trêve, en entreprenant une nouvelle campagne près de 10 ans plus tard et en 1165, il prendra cette fois, une autre route. Il est possible que le souvenir douloureux de l’affront reçu à Ewloe l’y ait poussé. L’histoire ne le dit pas, mais les gallois aiment à le supposer.

Reconstitution de Ewloe par DEXTRAVISUAL

Ewloe sous le règne de
Llywelyn ap Gruffudd, dernier prince gallois

I_lettrine_moyen_age_passion copial est difficile de savoir si le site bénéficiait déjà au XIIe siècle et au moment de la bataille d’Ewloe, d’une construction fortifiée. Si c’est le cas, elle ne semble pas avoir joué de rôle dans les échauffourées qui se passèrent principalement en forêt.  Il faut donc faire un bond, un siècle plus tard, sous Llywelyn ap Gruffudd (ou Gruffyddpour retrouver la trace d’une partie de la construction dont on peut observer de nos jours les vestiges.

Le château-fort d’Ewloe compte d’ailleurs parmi les derniers, sinon le dernier, à avoir été édifié de la main d’un seigneur gallois natif.  Nous sommes au milieu du XIIIe siècle, sous le règne d’Henri III, et le grand seigneur et stratège gallois, encore connu sous le nom de Llywelyn le Dernier (voir article précédent) allait commencer à Ewloe_chateau_fort_architecture_medievale_reconstitution_3D_angleterre_moyen-ageregagner à nouveau du terrain sur la couronne anglaise.

Après avoir repris le site d’Ewloe en 1257, il y engagera  la construction d’une forteresse de pierre. En 1265 et depuis cette position fortifiée, le gallois fera même tomber le château de Hawarden, à quelques kilomètres de là.

A l’occasion du traité de  Montgomery de 1267, les terres furent reconnues à la main du Prince de Galles, mais dix ans plus tard, face aux alliances de ce dernier avec Simon de Montfort, le fils d’Henri III désormais couronné Edouard 1er ne l’entendra pas de cette oreille. Il lancera une campagne qui durera de 1277 à 1283 et aura définitivement raison de la résistance galloise.

Le pays de Galles à la main de Edouard 1er
et la fin du château d’Ewloe

A_lettrine_moyen_age_passionprès avoir assis son autorité dans le Flintshire, le roi d’Angleterre boudera le site d’Ewloe et lui préférera, de loin, le château de Flint, nouvellement édifié, plus vaste et bien plus stratégique du point de vue militaire (structure défensive plus efficace, ravitaillement en troupes et en logistique facilité par voie maritime).

Eléments d’architecture défensive

De son côté, sis sur un monticule rocheux, le château d’Ewloe était noyé au milieu d’une dense végétation forestière qu’il surplombait de ses hauteurs. A l’époque de son occupation, il faut supposer que ses abords étaient clarifiés afin de détecter l’approche d’assaillants potentiels et pouvoir les accueillir, le cas échéant, avec quelques jets nourris de flèches ou de carreaux d’arbalète.

Du point de vue architectural, il était bordé d’un fossé et possédait une structure commune à d’autres châteaux gallois de la même période. A l’image de certaines mottes castrales, il était doté d’une double enceinte : une autour de la basse-cour, l’autre protégeant la haute cour et son donjon. A l’opposé de ce dernier, une autre tour flanquée venait encore protéger l’autre pointe de l’édifice. L’accès à la basse cour s’effectuait par une simple porte, ménagée dans le mur d’enceinte. L’entrée la plus large se trouvait, quant à elle, du côté de la haute cour et était accessible au moyen d’un pont enjambant le fossé. (voir photo plus haut dans l’article)

Ewloe_chateau_fort_architecture_europe_medievale_angleterre_moyen-ageA la fin du XIIIe siècle, le site étant tombé à l’abandon, les belles pierres de Ewloe seront, comme pour beaucoup d’autres  édifices de cette période, pillées ou réutilisées à la faveur d’autres projets. De la gloire passée de Llywelyn le Dernier, il ne reste aujourd’hui à Ewloe plus que quelques murs debout pour encore en témoigner. Comme Flint, le château de Ewloe et la préservation de ses restes ont été confiés au CADW, organisme gallois pour la sauvegarde et la protection du patrimoine.  Encore une fois, il faut rendre grâce ici au travail d’infographie 3D de la chaîne DextraVisual qui nous fournit l’occasion d’approcher de plus près l’histoire mouvementée de l’Angleterre médiévale, tout en nous donnant les moyens de visualiser l’édifice après sa construction.

Malgré la longue résistance du pays de Galles, ce dernier n’échappera toutefois pas à son destin. Le XIIIe siècle est un siècle d’expansion pour les souverains de l’Europe médiévale et ces derniers s’évertuent à regagner du terrain sur des provinces perdues ou même à en conquérir de nouvelles. Contre les pouvoirs et les « identités » régionales, contre les seigneuries, les baronnies ou les duchés, l’Europe des nations est en marche, ou à tout le moins en gestation, et c’est d’abord et avant tout une Europe qui se construit contre les dérives de la féodalité, autour des monarques et des couronnes et de leur volonté de centralisation.

En vous souhaitant une excellente  journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.


Sources :  

The Medieval Castles of Wales Par John R. Kenyon,
University of Wales Press, 2010.

Le site web Castlefortbattles de l’historien James Lancaster

Black’s picturesque guide to North Wales (1874)

Le château de flint : témoin de la conquête du pays de Galles dans l’Angleterre médiévale du XIIIe siècle

mondes_3D_virtuels_rue_médiévale_unity_3D_jeux_videosSujet : château-fort, reconstitution 3D, vidéo, architecture médiévale, angleterre médiévale, Pays de Galles monument historique, patrimoine anglais.
Période : Moyen-âge central, XIIIIe siècle
Lieu : Château de Flint ( Flintshire, pays de Galles, frontières anglaises)

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionepuis la conquête de l’Angleterre par les normands, dans la deuxième partie du XIe siècle, de nombreuses provinces et villes du Pays de Galles étaient tombées aux mains de ces derniers. Guillaume le conquérant en avaient fait des « marches » à la main d’hommes de confiance et ces fiefs, bien que soumis en dernier ressort à la couronne anglaise, étaient pratiquement indépendants.

Dès la fin de ce même siècle, les provinces demeurées galloises ne tardèrent toutefois pas à se soulever pour partir à la reconquête de leurs territoires perdus. Les échauffourées durèrent ainsi pendant près d’un siècle et demi, sans que les rois anglais en fassent véritablement une priorité.

Le château-fort de Flint premier pont de conquête du Pays de Galles par Edouard 1er dans l'Angleterre médiévale du XIIIe siècle
Le château-fort de Flint  pont de conquête du Pays de Galles par Edouard 1er dans l’Angleterre médiévale du XIIIe siècle

De Llywelyn le dernier à Edouard 1er
La conquète du pays de Galles

A_lettrine_moyen_age_passionu milieu du XIIIe siècle, en 1258, Llywelyn ap Gruffydd, (Llywelyn le Dernier), noble gallois conquérant se fit couronner Prince de galles. Souverain sur l’ensemble des provinces galloises y compris celles reprises aux anglais, il obtint même la reconnaissance de son titre par le roi Henri III, sous réserve de se plier à quelques conditions et d’accepter aussi de se déclarer le vassal de la couronne anglaise.

chateau-fort_flint_architecture_medievale_reconstitution_3D_angleterre_conquete_pays_galles__moyen_age_XIIIeUn traité fut signé en 1267 à Montgomery mais les ambitions politiques et conquérantes du Gallois ne s’arrêtèrent pas là. Il conclut, en effet, bientôt  des alliances et même un mariage avec  la famille de Simon de Montfort.  Ennemi juré des anglais, ce dernier avait mené la révolte des barons,  quelques années auparavant, et avait même,  à cette occasion, fait capturer le jeune prince Edouard. Pour la couronne d’Angleterre, la coupe était pleine et le fils d’Henri III, devenu roi depuis, décida  de soumettre, une fois pour toutes, les gallois. (ci-dessus, statue de Llywelyn ap Gruffydd, Conwy, Pays de Galles)

« L’anneau de fer » d’Edouard 1er

E_lettrine_moyen_age_passionn 1277, Edouard 1er d’Angleterre partit donc en campagne. Comme la prise et la défense de provinces au moyen d’un maillage de forteresses restait une stratégie militaire prisée dans le courant du XIIIe siècle, le souverain décida de faire édifier des châteaux forts sur le territoire du Pays de Galles et notamment au nord, région où la main mise des gallois était la plus forte. Il renforça également un certain nombre d’édifices déjà construits par son père Henri III.

chateu-fort_flint_pays_galles_histoire_medievale_edouard_1er_conquete_moyen-age_centralSi, ainsi qu’on l’a nommé, cet « anneau  de fer » d’Edouard 1er semble bien être un des plus grands projets de construction de l’Europe médiévale du XIIIe, sur un territoire aussi petit, il avait, en réalité, pour objectif de minimiser le coût exorbitant représenté par des campagnes militaires mobiles. Flint prit donc sa place dans ce schéma stratégique et militaire de conquête et fut l’un des premiers château-fort nouvellement construit par le souverain. Quelques années plus tard, en 1282, toujours dans l’optique d’asseoir les positions de la couronne anglaise en terres galloises, Edouard 1er vint y adjoindre d’autres places fortes : les châteaux de Beaumaris,  Conwy, Caernarfon  et Harlech, Les villes de   Caernarfon  et Conwy furent également fortifiées.

La guerre de conquête dura de 1277 à 1283 et vit tomber le pays de galles aux mains des anglais. Edouard 1er  hérita ainsi, par la force, du titre de Prince de Galles. La majorité des fiefs passa à la main royale, d’autres furent concédés à des vassaux de la couronne. Pour que la fin de l’indépendance du Pays de Galles soit effective sur le portrait_edouard_1er_angleterre_conquete_XIIIe_pays_de_galle_moyen-agepapier il fallut toutefois attendre encore trois siècles et les « Laws in Wales Acts » qui, en 1536 et 1543, entérinèrent son intégration à l’Angleterre.

(Ci-contre portrait d’Edouard 1er, abbaye de Westminster, datant du règne de ce dernier  (1272- 1307).

Après la conquête du pays de Galles, Edouard 1er se tourna vers l’Ecosse. Il eut, cette fois, un peu moins de réussite puisque le conflit s’éternisa jusqu’à la fin de son règne. On se souvient  d’ailleurs du rôle joué par William Wallace, (le Braveheart de Mel Gibson) dans la résistance opposée par les écossais à la couronne anglaise.

Reconstitution 3D de la chaîne youtube DEXTRAVISUAL

Le château de Flint, premier témoin
de la guerre de Galles d’Edouard 1er

L_lettrine_moyen_age_passiona construction du château de Flint dura près de 8 ans. Pour l’édifier, il fallut faire intervenir près de 3000 hommes dont 1845 en charge de creuser les digues et fondations, 320 maçons, et encore 790 charpentiers et ouvriers de toutes sortes pour travailler les bois de construction (The medieval castle in England and Wales : A political and social History, Norman JG Pounds).

Bordé de tours aux quatre coins, dont l’une était un grand donjon, le château de Flint est un modèle typique de l’architecture philippienne dans ses évolutions. On se souvient, en effet, que le donjon d’abord situé au centre des édifices fortifiés fut ensuite plutôt construit sur un de leurs angles. Le fait que le donjon soit totalement détaché de la structure semble n’être une variante de cette architecture, inaugurée d’ailleurs par Philippe-Auguste lui-chateau_flint_pays_galles_angleterre_medievale_conquete_edouard_1er_moyen-age_XIIIe_sieclemême, à l’occasion de la construction de la forteresse de Dourdan, dans l’Essonne (autour de 1220-1222)

Ci-contre, un carte de 1610 qui font état de fortifications additionnelles en bois. 

Quoiqu’il en soit, le bien fondé de la position stratégique du château-fort de Flint fut avéré puisqu’il fut assiégé à plusieurs reprises par les gallois durant les guerres de conquêtes anglaises. Il dut même essuyer une première attaque durant sa construction.

A la fin du XIVe siècle,  en 1399, la forteresse revint sur le devant de la scène puisque le roi Richard II s’y trouva capturé par Henry Bolingbroke dans une lutte de succession qui verra ce dernier triompher et se faire couronner Henri IVShakespeare immortalisa la scène de l’enlèvement du roi dans son Richard II, en prenant comme Décorum le château de Flint. Quelques années plus tard, au début du XVe les gallois du comté de Flint se soulèveront contre Henri IV et la légitimité de son règne et la forteresse autant que la ville connaîtront encore quelques années houleuses.

chateau_fort_anglais_Flint_pays_de_galles_peinture_turner
J.M.W. Turner, le château de Flint (1838)

Au XVIIe siècle, durant la guerre civile anglaise, le château de Flint fut tenu par les royalistes jusqu’à sa prise, après un siège de plus de trois mois, par les parlementaires, qui ordonnèrent ensuite qu’il fut rasé. Comme de nombreuses forteresses anglaises qui subirent le même sort que lui, l’édifice médiéval ne se réduit plus, aujourd’hui, qu’à quelques ruines. Déclaré monument public, il y a près près d’un siècle, il a été depuis confié à la protection d’une organisation de sauvegarde du patrimoine dépendant du gouvernement gallois.

Il fallait bien l’aide de l’infographie 3D pour nous permettre de nous en faire une belle idée, aussi nous remercions encore la chaîne youtube Dextravisual pour ce beau travail.

En vous souhaitant une excellente  journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Une belle reconstitution 3D pour le château-fort anglais de Corfe

mondes_3D_virtuels_rue_médiévale_unity_3D_jeux_videosSujet  : château-fort, lieu d’intérêt, reconstitution 3D, vidéo, architecture médiévale, Guillaume le Conquérant, monument historique, patrimoine anglais.
Période  : Moyen-âge central (XIe siècle)
Lieu :  Château de Corfe (Dorset, île de Purbeck, Angleterre)

Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoilà quelque temps que nous n’avions pas publié un article sur un édifice et château-fort médiéval, et c’est un reconstitution très réussie à l’aide de technologies de pointe en matière de 3D qui nous en fournit aujourd’hui l’occasion.

Cette fois, il s’agit d’un château anglais, celui de Corfe. Situé dans le Dorset sur la péninsule de Purbeck, à la pointe sud de l’Angleterre,  avant son occupation normande, le site et sa belle élévation auraient été occupés par des saxons. On prête la construction de cet édifice défensif à Guillaume le Conquérant, dans le courant du XIe siècle. Il est d’ailleurs considéré comme un des plus anciens châteaux fort anglais de cette époque à avoir été construit, dès le départ et partiellement, en pierre et non en terre et en bois comme de nombreuses autres châteaux à mottes ou mottes castrales de cette période.

architecture_medievale_chateau-fort_corfe_angleterre_reconstitution_maquette_3D_moyen-age_centralPar la suite, le château de Corfe est demeurée forteresse royale anglaise jusqu’au milieu du XVIe siècle et plus précisément en 1572, date à laquelle il fut cédé par la couronne au lord chancelier Christopher Hatton, pour changer à nouveau de main jusqu’à l’aube de la révolution anglaise. Durant les XIIe et XIIIe siècles, ce  beau château-fort connut un certain nombre d’aménagements par ses différents monarques successifs. dont la construction de son donjon, l’aménagement de sa cour intérieure et encore diverses autres opérations de restauration ou de renforcement sur ses ouvrages défensifs. Au début du XIIIe siècle, il servit encore de prison royale, de garde du trésor et même d’entrepôt militaire, c’est dire si l’on comptait alors sur la fiabilité de son architecture défensive.

Plus tard, dans le courant du XVIIe siècle, il fut un des derniers bastions des partisans de la royauté et du roi Charles 1er et fut assiégé par les Parliamentarians puritains farouches défenseurs du parlement anglais contre la couronne. Ils finirent d’ailleurs par faire tomber le château et ordonnèrent qu’il soit démantelé. Il le fut pratiquement complètementDe fait, aujourd’hui d’un édifice témoin du moyen-âge central, il est devenu également  un des symboles encore débout de la révolution anglaise.

Comme nombre d’autres monuments historiques du patrimoine anglais, le château de Corfe est actuellement géré par le National Trust qui y organise les visites et finance le maintien de ses vestiges.


Les technologies 3D au service
de l’architecture médiévale et de l’Histoire

Pour en revenir à la vidéo qui accompagne cet article, bien qu’assez courte, elle permet bien de se représenter l’édifice tel qu’il se présentait encore dans le courant du XVe siècle. D’un grand réalisme et d’une très belle qualité d’intégration (sur le site réel), elle démontre bien tout l’intérêt et l’apport des technologies 3D pour approcher de manière réaliste l’architecture médiévale. Ajoutons encore qu’elle a été réalisée dans le cadre d’un projet de fin d’études par l’infographiste  Ciprian Selegean, alors étudiant en animation digitale et 3D de l’université de Porthmouth. Le moteur de modélisation utilisé ici  était le très puissant software Maya d’Autodesk.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.