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« Science quand elle enfle »: analyse approfondie d’une citation médiévale de Jean De Meung

citations_medievales_Sujet : citations médiévales, auteur poète médiéval, vieux français, analyse, contexte, sémantique,  science, arrogance, humilité.
Période : moyen-âge central (XIIIe siècle)
Auteur: Jean de Meung  (1250-1305)
Extrait : le codicille

« Science, quand elle enfle, est chose si parverse, Qu’elle envenime tout, se la boe n’est terse [essuyée], [J. de Meung, Test. 1044] »
Dictionnaire Littré

Adaptation en français moderne :
“Science, quand elle enfle, est chose si perverse, Qu’elle envenime tout, si l’on n’essuie la boue”.


Bonjour à tous,

U_lettrine_moyen_age_passionne des sources les plus sérieuses de cette citation du poète médiéval Jean Clopinel, plus connu sous le nom de Jean de Meung, se trouve dans le Littré, prestigieux dictionnaire ancien du XIXe siècle qu’il est toujours agréable de feuilleter et dans lequel une grande majorité des définitions sont illustrées par des quantités de phrases d’auteurs célèbres. Dans le cas présent, la phrase de Jean de
Meung  y est citée pour illustrer un exemple historique  du verbe « enfler ».
littre_dictionnaire_ancien_citation_medievale_jean_meung_litterature_moyen-age
Selon le Littré, elle serait donc tirée  d’un texte de l’auteur médiéval appelé le testament mais il y a une première petite correction à apporter sur ce point et nous allons nous y employer.

Codicille contre testament

E_lettrine_moyen_age_passionntre autres écrits de Jean de Meung et sans parler du célèbre Roman de la rose, deux autres textes de lui peuvent, il est vrai, prêter à confusion: l’un s’appelle le testament et l’autre le codicille.

Pour être certain d’être clair, du point de vue des définitions, un testament, tout le monde sait ce que c’est: soit, un ensemble de dispositions que l’on laisse à la postérité sur ses biens, ses volontés et tout le reste, en espérant qu’elles soient, si possible, respectées Post-mortem. Pour le second terme, codicille: c’est un terme notarial qui désigne un amendement ou des modifications apportées au premier. jean_de_meung_citation_poesie_medievale_codicille_En bref, c’est, techniquement, un second testament:

« Alors, cerné de près par les enterrements,
J’ai cru bon de remettre à jour mon testament,
De me payer un codicille. « 
Georges Brassens – Supplique pour être enterré à la plage de Sète.

Or, et c’est là la première petite mise à jour à faire au Littré, la citation du jour est, en réalité, tirée du Codicille de Jean De meung, et non pas de son Testament. En collant au définition, on pourrait, bien sûr, alléguer que le codicille est une sorte d’annexe au testament ou même un second testament, mais cela n’en changerait toutefois ni le nom, ni le titre pour autant, au moment de le citer.

Une voie « boueuse »

C_lettrine_moyen_age_passioncitation_medievale_jean_de_meung_analyseçvieux_francais_interpretation_moyen-agee petit détail étant réglé, allons à la  source de ce codicille que l’on trouve annexé, comme le testament  d’ailleurs, dans certaines éditions du Roman de la rose dont Jean de Meung fut le co-auteur après Guillaume de Lorris. De fait, dans une édition de 1799 du Roman de la Rose, nous retrouvons au Tome IV, notre fameux codicille et la dite citation,  à peu de chose près, puisqu’il n’y est pas question de boue (boe) mais de Voye (voie). Le mot « parverse » y disparaît aussi au profit de « traverse ». Pour la référence, cet ouvrage de la fin du XVIIIe est basée sur une édition de Lengletdufresnoy « corrigée avec soin, enrichie et publiée » en 1737 par J. B. Lantin De Damerey. Voilà la transcription exacte qui nous y est donnée de cette citation:

« Science quant elle enfle est chose si traverse,
Qu’el envenime tout se la voye n’est terse. »
Jean de Meung (1250-1305) Le Codicille.

traverse: tordu, scabreux, de travers. La traduction par perverse se tient  pour peu qu’on la prenne  dans son sens originel, soit non nécessairement connotée sexuellement.

« La science envenime tout » si la voie n’est: essuyée, polie, nettoyée. Oui mais nettoyée de quoi? Et bien, de toutes les causes possibles de « surgonflement » : arrogance, orgueil, superbe, volonté de briller, , etc…
jean_de_meung_citation_poesie_medievale_codicille_analyse_citation_vieux_francais_moyen-age_centralReste à savoir maintenant quelle version des deux est la plus proche de l’auteur. Dans les temps reculés de l’imprimerie, les erreurs de retranscriptions depuis les manuscrits ou même les coquilles n’étaient pas rares quand ce n’était pas encore des adaptations simples de l’imprimeur ou de l’éditeur pour des questions de « régionalisme » linguistiques, même de modernisation pur et simple de la langue originale de l’auteur pour des questions de compréhension. Difficile dans ce cadre de savoir quel mot a réellement utilisé l’auteur Jean de Meung, sauf à remonter à une source plus ancienne du texte. Or, cela tombe merveilleusement bien puisque la bibliothèque nationale de France, qui, au passage, ne lasse pas de nous surprendre par les trésors historiques qu’elle met à la disposition du public, a justement digitalisé un manuscrit bien plus ancien du roman de la rose, consultable directement sur son site web.

Au final de l’investigation, qui prend relativement longtemps parce que tout de même l’écriture manuscrite du XIIIe XIVe siècle n’a pas grand chose de commun avec la nôtre, la récompense est là et l’évidence est implacable.. La boue l’emporte sur la voye, mais Jean de Meung a utilisé  traverse contre parverse.  Le littré ne colle donc au texte qu’à ce dernier détail près. D’ailleurs, voici la preuve en image:

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

La différence sémantique n’est pas énorme, me direz-vous, mais la boue reste, tout de même, plus connotée que la voie. La bonne nouvelle est que nous conservons notre rime sur le deuxième alexandrin de cette citation, dans la traduction-adaptation en français moderne que nous en avions faite: Qu’elle envenime tout, si l’on n’essuie la boue”. Merci la BnF! Il ne nous reste donc plus qu’à examiner le contexte.

Le contexte

A_lettrine_moyen_age_passionu siècle où nous lisons de moins en moins, saucissonner les auteurs est devenu un sport et il est toujours amusant, autant qu’instructif, face à une citation, de creuser un peu plus avant, pour aller à la racine du texte et pouvoir resituer son contexte.

jean_de_meung_citation_medievale_science_arrogance_jean_de_meungDe notre point de  vue moderne, une fois isolée de son contexte historique et sémantique, cette citation médiévale de Jean de Meung se présente comme une mise en garde générale à l’adresse de la Science, en tant que discipline: science qui enfle, (science sans éthique et sans prudence) qui  envenime tout. Prise telle quelle et de prime abord, cette phrase raisonnerait même d’une sagesse médiévale presque prophétique et plus de sept cents ans après qu’elle fut écrite, le monde moderne ne semble pas, en effet, tarir d’exemples pour l’étayer. Car enfin, sans entrer dans la polémique, dans nos sociétés devenues industrielles et technicistes: scientifiques, mécaniques, robotiques, agro-pétroléo-pharmatico-chimiques, toutes entières menées par les lois de la déesse finance, fusse contre la société des hommes,  on peut légitimement se demander si le fameux principe de précaution en matière d’alimentation, de chimie, de génétique, de pharmaceutique et dans quelques autres domaines technologiques n’a pas été quelque peu galvaudé (sacrifié, voire immolé dans certains cas, serait peut-être plus indiqué), sur l’autel du sacro-saint marché. Et de fait se demander un peu aussi, si, dans le contexte, la Science n’a pas trop enflé.

Prise dans ce sens là, cette citation médiévale était d’ailleurs tellement inspirante que nous vous partageons ici un autre détournement « steampunk » que nous avions fait pour la présenter, en partant du grand peintre hollandais baroque Johannes Veermer et de sa toile la laitière:  The Milkmaid (1658):

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Tout cela étant dit, voyons donc, maintenant, un peu plus loin que les deux alexandrins du Codicille de Jen de Meung qui forment cette citation pour tenter de mieux l’éclairer. Voici les vers qui la précèdent :

« Que se nulz homs sçavoit toute philosophie,
Se il n’est doulx et humble, tout ne vault une ortie.
Estre humble sans clergie vault mieulx que la converse,
Que quanque Iy ungz dresse, ly autre tumbe et verse:
Science quant elle enfle est chose si traverse,
Qu’el envenime tout se la boe n’est terse. »

Et leur adaptation/Traduction libre par nos soins:

Qu’un homme qui connaitrait toute la philosophie
Sans être doux et humble, vaudrait moins qu’une ortie.
Etre humble sans instruction vaut mieux que le contraire,
Que quand les uns sont droits, les autres tombent et versent:
Science quant elle enfle est chose si perverse,
Qu’elle envenime tout, si l’on n’essuie la boue. 

E_lettrine_moyen_age_passionn réalité, la notion de science replacée dans son contexte,  comme celle de clergie (qui par ailleurs désigne aussi l’enseignement des clercs, leur cursus, et même la réunion de clercs dans d’autres cas) s’adresse plus, ici, à la notion de savoir, d’instruction, d’étude, et à l’arrogance qui peut en naître vis à vis des autres, qu’à ce que nous nommons, au sens propre, dans notre monde moderne, la Science en tant que discipline. Dans l’ensemble de ce passage, avant et après, Jean de Meung adresse d’ailleurs une critique envers les clercs et les religieux que leur instruction peut quelquefois « enfler » et rendre prompts à élever des débats et des querelles à tout propos, pour en « rabattre », comme on dit trivialement. Un peu plus loin, ce brillant auteur médiéval que la satire n’effrayait point, ce qui n’est pas pour nous déplaire, élargira même le propos à la vanité qui résulte du fait de vouloir accumuler des richesses par les frères, les ordres et les moines. Le passage dont est extrait cette citation se présente donc comme un rappel à l’ordre, aux valeurs et à l’humilité, pour ceux qui étaient, alors, les détenteurs principaux de l’instruction: les clercs et, par extension, les religieux. La science dont il est question est peu ou prou la même que celle contenue dans l’expression populaire: « Arrête d’étaler ta science », autrement dit: « ton instruction ».

Ce n’est pas surprenant d’ailleurs, au XIIIe siècle, la science telle que nous la connaissons ne connait pas encore son âge d’or, loin de là! Il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour  conquérir son autonomie théorique, inventer le matérialisme et pouvoir enfin trouver les financements nécessaires pour mettre au point: la bombe atomique, la chaise électrique, le clonage et les manipulations génétiques, le neuro-marketing ou les OGMs entre autre florilège. Bon mais je plaisante! Il n’y a pas eu que cela, bien entendu. De grâce,  n’allez pas penser que je suis passéiste. Je suis de mon temps tout comme vous. Nier les apports de la science moderne serait absurde, même si faire un bilan juste et réel de certaines de ses applications ou effets secondaires peut s’avérer sain et utile, de temps en temps. Je rebondissais simplement, ici, sur la possible interprétation moderne « erronée » des pieds de vers tronqués de Jean de Meung, et la question de la conduite de la science et de ses valeurs éthiques que tout cela pouvait soulever.

On peut toujours se demander, cela dit, si Jean de Meung avait assisté à l’avènement de la science comme nous y assistons depuis le XXe siècle, s’extasiant, assurément, des progrès gigantesques et de premier ordre effectués, ces derniers années, dans le domaine de la téléphonie mobile, mais lucide aussi sur certaines autres conséquences néfastes de ses applications, s’il aurait lui-même décidé de tronquer quelques uns de ses alexandrins pour élargir le sens de sa citation et nous en proposer une lecture plus moderne comme celle que nous en faisons, de nos jours, en nous fourvoyant la plupart du temps et en lui faisant dire ce qu’il n’a pas dit.

C’est encore un léger glissement sémantique, me direz-vous, celui de la citation du grand Khal Kubilai Khan dans sa lettre à Saint Louis était largement plus abusif, mais il illustre encore une fois assez bien le fait que les citations, pour séduisantes qu’elles soient, valent souvent qu’on en remonte un peu le cours, au risque de faire dire n’importe quoi à leurs auteurs et, du même coup, de dire n’importe quoi aussi. Rien de bien nouveau, me direz-vous, la technique du saucissonnage et de la phrase sortie de son contexte, bien connue et pratiquée en journalisme a fait plus d’une victime. Pour le reste, tout cela est aussi une belle illustration du fait que même quand les mots ressemblent comme deux gouttes d’eau à poesie_citation_medievale_jean_de_meung_analyse_manuscrit_ancien_littre_interpretation_semantiqueceux que nous employons, il y a toujours une distance à parcourir pour se rapprocher du monde médiéval, des ses réalités et de sa compréhension.

Tout cela étant dit et pour conclure. Qu’on la prenne dans son sens originel et fidèle à l’auteur en appliquant cette leçon d’humilité aux détenteurs individuels d’un savoir, ou dans l’autre sens – loin de la réalité médiévale de son auteur – en l’appliquant à l’ensemble d’une discipline, cette citation contient une sérieuse dose de sagesse qui ne lasse pas de me séduire. J’en viendrais presque, d’ailleurs, à me poser la question de la transposition possible de l’une à l’autre de ces deux interprétations médiévales et modernes en me demandant si les « valeurs » d’un savoir ou d’une discipline humaine quelle qu’elle soit et à supposer qu’elle  en véhicule, n’est pas simplement la somme ou le reflet des valeurs des acteurs qui la compose et de leur éthique. Dit autrement, peut-on légitimement renvoyer dos à dos une discipline dans sa globalité et ses applications, et ses détenteurs? Comment, en effet, une discipline ou un savoir pourraient-ils devenir « arrogant », ou enfler tout seul, si chacun de ses détenteurs, individuellement, se tenait dans une stricte réserve , une éthique irréprochable et une certaine humilité? Cela me semble un vrai question.

En vous souhaitant à tous une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Abélard et Héloïse : une histoire passionnelle du moyen-âge devenue mythique

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“Ce n’est pas la quantité de tes paroles que je mesure, mais la fécondité du cœur d’où provient ce que tu dis.”
Pierre Abélard (1079-1142),  philosophe, dialecticien et théologien chrétien du moyen-âge central.

Bonjour à tous,

O_lettrine_moyen_age_passionutre son legs philosophique, Pierre Abélard, clerc et philosophe du moyen-âge central, épris de logique et de didactique, sera aussi rendu célèbre pour son idylle avec la brillante Héloïse d’Argenteuil, aristocrate cultivée qui étonne le tout
pierre_abelard_amour_courtois_moyen-age_centralParis du début de XIIe siècle par son érudition et ses connaissances des langues anciennes, autant que par son esprit libre et émancipé. A la trentaine passée, issu de famille noble et fils de chevalier, Pierre Abélard est alors un enseignant reconnu et sûr de lui, doublé d’un séducteur. Il se fera d’ailleurs le précepteur de la jeune fille, dans le but avoué, dit-on, de la conquérir.

De fait, leur relation épistolaire et platonique se transformera bientôt  au point que  les mots ne seront plus les seuls à se retrouver couchés sur le papier, mais tout le reste avec. Le fruit de l’amour courtois sera alors largement croqué et la passion brûlera d’un feu ardent entre les deux amants. Elle s’égarera même, quelquefois, sur les rivages d’une relation explosive et sulfureuse, à la fois intellectuelle et charnelle, qui n’est pas sans évoquer par certains côtés le marquis de Sade, et dans laquelle, les points ne sembleront pas tous s’écrire avec un T, ni se trouver uniquement sur les I.

Jean Vignaud, "Abélard et Héloïse surpris par Fulbert (1819), Joslyn Art Museum, Nebraska. USA
Jean Vignaud, « Abélard et Héloïse surpris par Fulbert (1819), Joslyn Art Museum, Nebraska. USA

A_lettrine_moyen_age_passionprès qu’il lui ait donné un enfant et se soit marié avec la belle Héloïse pour réparer la faute, non qu’ils y tenaient tous deux particulièrement mais contraints et forcés, l’histoire vaudra tout de même au clerc philosophe d’être émasculé sur une erreur de jugement par l’oncle et tuteur de la jeune femme, le dénommé Fulbert, chanoine de caractère, très en vue à la cour de l’époque qui lui même avait exigé leur mariage.

Instrument du rapprochement d’Abélard avec sa nièce et complice involontaire du fruit défendu de leur passion.  l’homme  avait  hérité du noyau qu’il avait, semble-t’il, mal digéré. Alors qu’Héloïse s’était retiré un temps au pensionnat  pour échapper aux remontrances de ce tuteur furibard, ce dernier, encore à cran et la croyant répudiée par Abélard  dont une épouse pouvait gêner la carrière ( un clerc ne pouvait déjà plus alors faire un bon mari pour l’église) ne fit ni une, ni deux. Il  envoya des hommes de main pour châtier, je devrais dire châtrer Abélard. La langue du chanoine a-t’elle fourché au moment de lancer ses sbires au train du clerc? L’histoire ne le dit pas. Les deux exécutants finiront, en tout amour_passion_moyen-age_abelard_heloisecas, punis par là où ils avaient péché en vertu de la loi du talion. Couic! Fulbert, quant à  lui, sera suspendu, non, pas par l’objet du délit, mais de ses fonctions et verra ses biens confisqués.

Suite au drame, les deux amants finiront religieux: Abélard moine, Héloïse  au convent. L’histoire des deux amants autant que l’infortune d’Abélard, fera grand bruit. Elle entrera, par la suite, dans la postérité par les lettres qu’ils ont échangé mais pas seulement. En littérature, citées ou reprises par Jean de Meung dans le nom de la Rose, Pétrarque, les amours d’Héloïse et Abelard deviendront bientôt mythiques et inspireront encore nombre d’artistes, de peintres et de grands auteurs pour de longs siècles,  (ci-dessus « l’adieu d’Abélard et Héloïse , de  Maria Angelica Kauffmann XIIXe siècle).  Souvenons-nous encore, ici, de l’hommage que fit François Villon, plus de trois cent ans plus tard dans sa ballade des dames du temps jadis à cette écrivain et femme du XIIe siècle, hors du commun, qui fut Héloïse d’Argenteuil.

poesie_medievale_epitaphe_villon_ballade_pendu_erik_satie_lecture_audio« Où est la très sage Hélois,
Pour qui fut chastré et puis moyne
Pierre Esbaillart à Sainct-Denys.
Pour son amour eut cest essoyne. »
François Villon  – Les neiges d’Antan

Bien au delà du moyen-âge, la dimension tragique et passionnelle de cette histoire du XIIe siècle, en fera le symbole d’une forme d’amour libre, dépassant de loin les formes et le cadre de l’amour courtois, qui trouvera, tour à tour, un écho auprès des libertins, comme des romantiques.

Une belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C.

« Rrrrrrrouler ou ne pas rouler? » La question du R apical ou uvulaire en vieux français

Sujet : vieux français, langue d’oil, lectures audio vieux français, la prononciation du R en vieux français et en langue d’Oil.
Média : fichier audio

Bonjour à tous,

J_lettrine_moyen_age_passionuste pour clarifier et pour ceux que ça intéresse, voici une petite histoire brève et sans prétention du R et de sa prononciation en vieux français. Dans les lectures ou les fabliaux audio que nous avons R_vieux_francais_langue_oil_audioquelquefois l’outrecuidance de poster et, à quelques exceptions près, nous les roulons, en général, à l’italienne. Si d’aventure vous vous demandiez pourquoi, en voilà  l’explication.

Une très belle journée à tous!
Fred

Angus Mcbride, un artiste-peintre surdoué au service de l’Histoire

monde_medieval_artiste_illustrateur_andy_mcbrideSujet : illustrations médiévales, art, peinture, reconstitutions historiques, portrait d’artiste.
Auteur, Artiste : Angus McBride(1931-2007)
Edition : Osprey publishing, Iron Crown Enterprises.

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous sortons un peu de l’ornière pour faire tribut  à Angus McBride, un peintre  britannique contemporain de talent, décédé, hélas, il y a  quelques années et qui a dédié la plus grande partie de sa carrière à se spécialiser dans les illustrations historiques et d’époque. Bien sûr, tout cela nous ramène, comme on s’en doute, au monde médiéval et au moyen-âge qu’il a aussi contribué largement à illustrer.

Portrait  d’un artiste de talent

Infanterie française Guerre de 100 ans. Angus McBride
L’infanterie française pendant la guerre de cent ans. Angus McBride

Né dans l’Angleterre de l’entre deux guerres, de parents écossais, Angus McBride devient orphelin à l’âge de cinq ans et sera recueilli et éduqué par l’école de la cathédrale de Canterbury.

Après guerre, la crise économique anglaise le poussera à immigrer en Afrique du sud pour y tenter sa chance. Il commencera à s’y faire connaître pour son Art et son talent d’illustration. Se sentant pourtant à l’étroit sur le marché sud africain, il en reviendra dans les années soixante pour s’installer à nouveau en Angleterre. Il y travaillera principalement pour des magasines éducatifs de renom, exerçant monde_medieval_moyen-age_illustrations_historique_reconstitutions_angus_mcbridealors déjà son art sur les illustrations et reconstitutions d’époque. Il y consacrera d’ailleurs sa vie.

Quelques temps plus tard, il aura l’opportunité de travailler pour la célèbre compagnie Osprey Publishing, un éditeur d’Oxford spécialisé dans les ouvrages autour de l’histoire militaire. Il participera notamment à une série historique spécialisée sur les hommes d’armes (Men-at-arms).

De l’Histoire militaire jusqu’au médiéval fantastique et l’univers de JRR Tolkien

Angus Mac Bride illustration historique, charge celte
Charge celte, Angus Mc bride, illustrations historiques, XXe siècle

Dans les années soixante-dix la crise économique qui frappera à nouveau l’Angleterre poussera Angus McBride à retourner vivre avec sa famille en Afrique du Sud tout en continuant à travailler pour Osprey Publishing et quelques autres sociétés spécialisées dans l’histoire militaire.

tolkien_monde_medieval_fantastique_illustration_angus_mcbrideIl aura également l’occasion de s’aventurer, avec succès, sur le terrain du médiéval fantastique, en mettant son talent au service de Iron Crown Enterprises, une société américaine spécialisée dans l’édition de jeux de sociétés. A ce titre, il participera notamment, pour le plus grand plaisir des rôlistes, à la réalisation des illustrations d’une série de jeux de rôle inspiré de l’univers de JRR Tolkien et la terre du Milieu (Middle-earth Role Playing). Dans ces années là, il gratifiera encore de son Art la société d’édition anglaise  Ladybird, à l’occasion d’une collection dédiée au monde de l’horreur et autres créatures  « vampiresques » ou « momietesques » ( je sais, cela n’existe pas et c’est totalement « pléonasmique », d’où les guillemets).  Du point de vue des techniques, le talentueux peintre utilisera indifféremment l’huile ou la gouache mais gardera une prédilection pour cette dernière.

Le moyen-âge et Angus Mcbride

Angus Mac Bride illustration historique
1241 Bataille de Legnica ou Liegnitz. Les envahisseurs mongoles mettent en déroute les chevaliers chrétiens.

Tout au long de sa carrière, Angus McBride a eu l’opportunité de s’atteler à bien des genres historiques différents, des époques les plus reculées aux plus récentes, mais sur la partie qui nous intéresse, le monde médiéval, on lui doit un grand nombre de planches de qualité. Avec l’appui et le soutien de ses éditeurs et un sérieux travail sur les sources et les références, son Art et ses illustrations font revivre, avec force détail et mouvement, les grandes batailles du monde médiéval, mais aussi les costumes, les armes et armures d’époques.

Comme nous avons déjà ici sollicités quelques unes de ses excellentes œuvres à l’occasion de certains articles, il nous semblait grand temps de rendre justice à cet illustrateur de talent et à son travail, autant qu’aux compagnies qui l’ont soutenu et fait travailler. C’est donc chose faite. Merci encore à Angus Mcbride pour son art et pour avoir fait renaître sous ses pinceaux et avec son art, un peu de l’histoire des hommes.

Une très belle journée à tous. Longue vie!

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
« A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »