Sujet : exposition, BnF, terre du milieu, fantasy Période : Médiéval Fantastique Auteur : JRR Tolkien Titre : Tolkien, voyage en Terre du Milieu Lieu : BnF Galeries François-Mitterrand 1 et 2 Dates : du 22 octobre 2019 au 16 février 2020
Bonjour à tous,
a grande exposition Tolkien vient à peine de fermer ses portes à la BnF que la grande bibliothèque affiche déjà une fréquentation ayant excédé, de très loin, celle de tous ses autres événements similaires.
Les organisateurs s’étaient attendus, en effet, à accueillir quelques 80 000 personnes mais avec plus de 135 000 visiteurs, la grande exposition consacrée à la Terre du Milieu et à l’oeuvre de JRR a surpassé toutes les espérances. Un succès qui fait l’effet d’une véritable raz de marée, pour le meilleur bien sûr, et qui donne de l’espoir quant au goût de nos contemporains pour la littérature. Formons, une nouvelle fois, le vœu que l’événement aura donné envie à des visiteurs, ne les ayant pas encore lu, d’acquérir les ouvrages de Tolkien. Nous l’avons déjà dit, au delà des illustrations, des déclinaisons cinématographiques ou ludiques, il faut vraiment redécouvrir cette oeuvre dans le texte et plonger à bras le corps, dans sa grande poésie et son lyrisme (voir relire Tolkien après Jackson).
Alors que l’on a appris, avec tristesse, il y a quelques semaines, le décès de Chistopher Tolkien, il est réjouissant de voir que la popularité de l’oeuvre de son père, le bon vieux professeur d’Oxford, ne se dément pas. Les nombreux visiteurs l’attestent. Le Seigneur des Anneaux, comme Le Hobbit, ont conquis pour longtemps leurs lettres de noblesse, en s’élevant au rang des grandes aventures littéraires et même des mythes de notre temps.
La Fantasy à l’honneur jusqu’à Mars 2020
Pour les amateurs de fantasy, la Bnf continue, jusqu’à la mi-mars, de faire honneur à ce genre littéraire. Jeux, expositions, conférences, et un superbe site web à la clef. Pour n’en manquer aucune miette, jetez un œil sur le communiqué officiel paru à ce sujet : La fantasy à la Bnf jusqu’à mars 2020
Pour plus d’informations sur le contenu de cette exposition, vous pouvez également consulter notre article précédent : Une grande exposition Tolkien à la BnF
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Monde Médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : littérature anglaise, fantaisie, fantasy, œuvre, médiéval fantastique, podcast Période : XXe siècle, Moyen Âge fantaisie. Auteur : JRR Tolkien (1892 -1973) Titre :La magie Tolkien : voyage au pays des elfes et des hobbits Programme : l’invité(e) des Matins de France Culture, Guillaume Erner, (31 oct 2019)
Bonjour à tous,
l’occasion de l’Exposition de la BnF autour de l’oeuvre de J.R.R. Tolkien, de grands experts français de l’auteur nous font le plaisir de faire entendre leur voix sur le sujet. C’est le cas dans ce podcast de France Culture diffusé le 31 octobre dernier. On y fait un large tour de l’auteur du Seigneur des Anneaux et de ses productions. Entre réflexions sur la genèse de l’oeuvre et ses influences, on aura, également le grand plaisir d’y écouter des extraits d’interviews de Tolkien.
Un podcast autour de Tolkien avec Frédéric Manfrin & Vincent Ferré
Frédéric Manfrin : conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France et Vincent Ferré, universitaire et chercheur, attaché à l’université Paris Est-Créteil.
A propos de Vincent Ferré, ce dernier est un expert reconnu de JRR Tolkien. Il est notamment l’auteur de nombreux livres sur le sujet et on lui doit, également, de nombreuses réflexions autour du médiévalisme. Plus encore que la recherche des traces de Moyen Âge factuel chez Tolkien, il s’est, en effet, fortement intéressé à ce que Tolkien, mais aussi l’intérêt que suscite son œuvre, pouvaient nous apprendre sur notre propre modernité ; il a même soutenu une thèse sur le sujet que l’on peut trouver en ligne. Le podcast étant un peu coupé sur la fin, on n’entend pas toutes les références à ses écrits. Aussi, voici des liens utiles pour y suppléer.
Livres de Vincent Ferré sur l’œuvre de Tolkien
Vincent Ferré compte de nombreuses parutions et contributions au sujet de l’œuvre de Tolkien dont il s’est fait une grande spécialité. Nous n’allons pas tous les citer ici, mais voici une sélection de ses ouvrages les plus prisés.
A propos de l’exposition Tolkien de la BnF, il faut insister sur le faitque c’est un événement tout à fait unique à plus d’un titre. C’est, en effet, une des plus grandes exposition jamais réalisée en France mais, comme le rappellera aussi un des intervenants de ce podcast, c’est aussi la première fois que la BnF organise une exposition sur un auteur étranger pour lequel elle ne possède aucun manuscrit. Si vous êtes sur Paris, ne manquez pas cet événement d’exception.
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : poésie, oxford, gobelins, magie, féerie, littérature anglaise, fantaisie, fantasy. Période : XXe siècle, Angleterre victorienne, Auteur : JRR Tolkien (1892 -1973) Titre :Goblin Feet – Les pieds de Gobelins Sources : Oxford Poetry (1915)
Bonjour à tous,
n 1915, paraissait, dans la revue Oxford Poetry, une poésie de JRR Tolkien qui en disait déjà long sur son intérêt pour le monde des légendes et de la féerie et son talent à les décrire. Il avait alors 23 ans. Un peu plus tard, en 1920, on retrouverait ce texte dans The Book of Fairy Poetry (le livre de la poésie des fées), édité par Dora Owen et illustré par Warwick Goble. Ceci marquerait même l’entrée de Tolkien dans le monde de la littérature pour enfants. A la suite de cette parution et tout au long du XXe siècle, le Goblin feet réapparaîtrait dans des ouvrages du même type ou même des anthologies poétiques. Il serait également mentionné dans une biographie de Tolkien datée de 1977 et, plus récemment encore, dans The Annotaded Hobbit de Douglas A. Anderson (1988).
Une pièce désavouée par Tolkien lui-même
En France, cette poésie compte parmi les textes publiés les moins connus du grand écrivain, aussi nous avons pensé qu’il pourrait être intéressant de vous la faire découvrir. En 1971, cinquante ans après sa première parution, JRR désavouerait cette pièce, en signifiant même à un éditeur qui souhaitait la réimprimer qu’il regrettait de l’avoir écrite ou publiée. Voici ses propres mots à ce sujet : « Je souhaiterais que cette petite chose malencontreuse, qui représente tout ce que je serais amené, si peu de temps après, à détester avec ferveur, puisse être enterrée à jamais. » (I wish the unhappy little thing, representing all that I came (so soon after) to fervently dislike, could be buried for ever).
Quelques pistes
Difficile d’interpréter cela. Certaines sources indiquent qu’il aurait écrit ce poème pour sa fiancée d’alors (Tolkien : A Biography, Humphrey Carpenter, 1977) « qui aimait le printemps, les fleurs et les arbres et le petit peuple des elfes« . A en juger par la qualité du texte et la richesse des éléments que Tolkien y a mis, il n’avait pourtant pas boudé son plaisir à l’écrire.
Illustration de la poésie Goblin Feet de Tolkien dans the Book of Fairy Poetry (1920)
Réaction d’un auteur devenu mature face à une oeuvre de jeunesse ? Certains auteurs soutiennent que la phrase de Tolkien ne devait pas être trop prise au sérieux. Il avait pu s’agir en partie d’une pointe d’auto-dérision, voire peut-être de coquetterie de sa part. Il semble bien, pourtant, que le texte ne lui plaisait plus.
D’autres y ont vu l’expression possible d’une certaine frustration ou grogne de Tolkien devant les maisons d’édition. N’ayant pu faire paraître son Silmarillion en même temps que le Seigneur des anneaux, malgré de longues tractations avec ses éditeurs, il aurait pu se lasser de voir ses « pieds de gobelins » de la première heure, s’inscrire dans la postérité et ne plus en finir d’être republiés (cf Jason Fisher – Early Responses to Goblin Feet). Il est vrai qu’il était passé, depuis, à un tout autre stade dans son processus de création.
Univers de contes de fées victoriens
Pour abonder dans ce sens, on notera encore, avec la spécialiste de littérature fantastique et de Tolkien Dimitri Fimi, que le vocabulaire et l’ambiance de Goblin feet rattachent la poésie à l’imaginaire victorien en matière de contes de fées et d’êtres fantastiques : gnomes, Leprechauns, petites fées volantes telles la fée clochette de Peter Pan (voir Dimitri Fimi « Come sing ye light fairy things tripping so gay”: Victorian Fairies and the Early Work of J.R.R. Tolkien » – lien alternatif pdf). Plus tard, Tolkien allait créer son propre bestiaire et son propre univers, en s’affranchissant largement de ces codes et de ces références. Face à ces petits pieds de gobelins qui semblaient alors l’enchanter, il allait faire des pieds de ses hobbits une de leur plus curieuse caractéristique. De son côté, Gollum garderait ce pas furtif des êtres décrits ici, mais les histoires de JRR allaient s’ancrer bien plus résolument dans le monde médiéval.
Retenir la magie
Quoiqu’il en soit, que Tolkien ne nous en veuille pas de republier ici cette poésie. En accord avec de nombreux éditeurs, nous continuons de la trouver excellente. Comme nous le disions plus haut, elle présente également l’intérêt de nous montrer la fascination précoce de l’auteur anglais pour les mondes féeriques et magiques, autant que son aptitude à en retraduire les ambiances. Sous les émotions soulevées chez le poète par cette vision nocturne, il nous semble aussi lire une parabole de ce qu’il aura tenté de faire tout au long de sa vie d’écrivain : le merveilleux est là, quelque part dans sa vaste imagination. Il en est le témoin fasciné et il n’a de cesse de le suivre, pour le graver de sa plume, de crainte qu’il ne disparaisse à jamais. Au fond, tout Tolkien semble déjà contenu dans cette intention : retenir la magie et faire en sorte que notre monde ne réussisse jamais tout à fait à l’anéantir.
Vers une traduction française de Goblin feet
Nous n’avons pas trouvé de traduction française de cette belle poésie et s’il en existe une, elle nous a, pour l’instant, échappé. Aussi, nous avons décidé de nous y atteler. Une fois de plus, ce n’est pas une adaptation ; nous suivons presque à la lettre le fil littéral de la langue d’origine. La musicalité, le rythme et le nombre de pieds sont perdus au passage : traduire c’est trahir. Il faut s’y résoudre en poésie plus qu’en toute autre matière. L’exercice n’a d’autres prétentions que de mettre à portée des lecteurs non anglophones le sens général de ce texte du grand Tolkien.
The Goblin feet de Tolkien
ou les pieds de gobelins
I am off down the road Where the fairy lanterns glowed And the little pretty flittermice are flying : A slender band of grey It runs creepily away And the hedges and the grasses are a-sighing. The air is full of wings, And of blundering beetle-things That warn you with their whirring and their humming. O ! I hear the tiny horns Of enchanted leprechauns And the padding feet (1) of many gnomes a-coming !
Je suis au bas de la route, Où brillaient les lanternes des fées Et les jolies petites chauve-souris volent : Une fine bande de gris Qui s’enfuit de manière terrifiante Et les haies et les herbes soupirent. L’air est rempli d’ailes Et de coléoptères empotés Qui vous mettent en garde avec leurs sifflements et bourdonnements ô ! j’entends les petites cornes De lutins enchantés Et les pieds furtifs de nombreux gnomes qui s’approchent.
O ! the lights : O ! the gleams : O ! the little tinkly sounds O ! the rustle of their noiseless little robes : O ! the echo of their feet—of their little happy feet : O ! their swinging lamps in little starlit globes.
ô ! les lumières : ô ! les lueurs : ô ! les petits tintements ô ! le bruissement de leurs petites robes silencieuses : ô ! l’écho de leurs pieds — de leurs petits pieds joyeux : ô ! leurs lampes qui se balancent dans leurs petits globes étoilés.
I must follow in their train Down the crooked fairy lane Where the coney-rabbits long ago have gone, And where silverly they sing In a moving moonlit ring All a-twinkle with the jewels they have on. They are fading round the turn Where the glow-worms palely burn And the echo of their padding feet is dying ! O ! it’s knocking at my heart— Let me go ! O ! let me start ! For the little magic hours are all a-flying.
Je dois suivre leur sillage Jusqu’au bas de la rue de la fée tordue où les lapins sont allés depuis longtemps déjà. Et où ils chantent et dansent En un cercle argenté sous la lune Tout scintillants des joyaux qu’ils portent. Ils disparaissent au détour du chemin Là où les vers luisants pâlement se consument, Et l’écho de leurs pieds furtifs s’évanouit (meurt) maintenant ! ô ! Cela fait battre mon cœur — Laissez moi partir ! ô ! laissez moi m’en aller ! Car les petites heures magiques sont sur le point de s’envoler.
O ! the warmth ! O ! the hum ! O ! the colours in the dark ! O ! the gauzy wings of golden honey-flies ! O ! the music of their feet—of their dancing goblin feet ! O ! the magic ! O ! the sorrow when it dies.
ô ! la chaleur ! ô ! le bourdonnement ! ô ! les couleurs dans l’obscurité ô ! les ailes translucides des mouches-à-miel (abeilles) dorées! ô ! la musique de leurs pieds — de leurs pieds dansants de gobelins ô ! la magie ! ô ! la tristesse quand tout cela s’arrête. (cela meurt)
(1) Concernant ces padding feet. Au sens propre et dans le domaine textile, le mot padding renvoie à la notion de matelassage, de rembourrage. To pad peut encore signifier marcher à pied mais la piste ne semble pas la bonne. En creusant un peu, on trouve « padding feet » utilisé dans le sens de pieds dont le son est doux et étouffé. Nous avons donc opté pour « pieds furtifs » qui ne nous satisfait qu’à moitié. De fait, nous serions heureux d’avoir l’avis de spécialiste de langue anglaise sur la question.
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : exposition, BnF, terre du milieu, Période : Médiéval Fantastique Auteur : JRR Tolkien Titre : Tolkien, voyage en Terre du Milieu Lieu : BnF Galeries François-Mitterrand 1 et 2 Dates : du 22 octobre 2019 au 16 février 2020
Bonjour à tous,
ans quelques jours, un exposition unique ouvrira ses portes à Paris. Trois institutions de marque y sont associées : la Bibliothèque Nationale de France, la Bodleian Library et l’Université d’Oxford auxquelles il faut encore adjoindre la collaboration étroite du Tolkien Estate et de la famille Tolkien. Il s’agira d’une véritable première en France. Ce sera, en effet, la plus grande exposition consacrée à l’oeuvre de JRR Tolkien jamais organisée sur le territoire. On pourra, ainsi, y découvrir près de 300 pièces exceptionnelles sur une surface de plus de 1000 m².
Une invitation à arpenter la Terre du Milieu
Quelle meilleure manière de découvrir l’oeuvre de Tolkien que d’arpenter ses terres imaginaires ? Au programme de cette belle exposition, épreuves, manuscrits, dessins originaux du grand maître et une plongée au cœur de son gigantesque univers sous l’angle de la cartographie.
L’oeuvre de JRR est semblable à un iceberg. Le lecteur n’en perçoit qu’une partie. Avec une rigueur et une précision d’orfèvre, le brillant professeur, passionné de philologie et de littérature médiévale, a, en effet, imaginé et construit tout un monde : paysages, géographie, créatures, peuples et « ethnies » avec leurs nombreux langages, leur économie, leurs alliances et inimitiés. Rien n’a été laissé au hasard. Des années après le Hobbit, il en est résulté le mythique Seigneur des Anneaux. Si son histoire prend place dans cet univers patiemment élaboré par l’auteur, il n’en épuise pourtant pas toutes les richesses, ni le potentiel. Pour preuve, Tolkien ouvrira le champ à un véritable « genre » et son monde inspirera de nombreux auteurs, dont tous, il faut bien le dire, n’auront pas son talent de plume, ni ses profondeurs de vue.
Tristes mémoires de guerre ? Allégorie d’un monde des petites communautés et de leur écologie finissant, sous les assauts du progrès ? Oeuvre chrétienne pour d’autres ? Le Seigneur des anneaux ne se laisse pas si facilement réduire ou enfermer mais il possède tous les ingrédients d’un mythe, un lyrisme inégalé, et sous l’aventure et le voyage, c’est encore une invite à une réflexion profondément morale sur notre humanité et notre modernité.
Nous ne le redirons jamais assez. Il ne faut pas s’arrêter aux déclinaisons cinématographiques du Seigneur des Anneaux, pour réussies qu’elles soient. Il faut lire et relire Tolkien pour effleurer la complexité et la perfection de sa gigantesque construction, mais aussi parce que c’est un auteur merveilleux et d’une grande générosité. Il est heureux que cette exposition de la Bnf nous donne quelques clés supplémentaires pour l’approcher et le comprendre.
Les pièces arriveront fraîchement de New York et de la Morgan Library où elles viennent de passer six mois mais il faudra encore attendre jusqu’au 22 octobre pour découvrir ces véritables trésors issus de la production du vieux professeur d’Oxford.