Sujet : citations médiévales, sagesse persane, morale médiévale, miroirs des princes, sagesse politique, bonté, charité, bonnes œuvres, mort. Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle Auteur : Mocharrafoddin Saadi (1210-1291) Ouvrage : Le Boustan (Bustan) ou Verger, traduction de Charles Barbier de Meynard (1880)
« Que ta main s’emplisse de bonnes œuvres, tandis qu’elle a la vie et la force ; bientôt tu ne pourras plus la tirer hors du linceul. La lune, les pléiades, le soleil continueront à luire dans le ciel, mais ta tête ne soulèvera pas la dalle du sépulcre. »
Citations Médiévales – Mocharrafoddin Saadi – Le Boustan ou verger
Bonjour à tous,
u cœur de la Perse médiévale, le conteur, érudit et voyageur Saadi dispense sa sagesse sous forme d’histoires courtes et d’anecdotes, à l’attention des hommes, en général, et de ceux de pouvoir en particulier. De son « Jardin des Roses », le Gullistan à « son Verger », le Boustan, ses contes philosophiques sont comme autant de petits trésors qui égrainent les travers humains et passent en revue les situations de vie les plus diverses, pour mieux nous distiller l’importance des valeurs morales.
Compassion, mansuétude, charité, justice, amitié, discernement, sagesse, … contre cupidité, orgueil, ignorance, bêtise, aveuglement, mauvaises influences…, les ouvrages de Saadi sont aussi de petits guides éducatifs pour l’action en politique, à l’image de ceux qui émergent alors, du côté du Moyen Âge occidental, et que que l’on nommera les « Miroirs des princes » .
Bonté & charité pendant qu’il en est temps
Aujourd’hui, c’est sur le terrain de la charité et des bonnes œuvres que le conte moral de Saadi nous entraîne. On y croisera un roi d’Egypte qui, aux portes de la mort, réussira tout de même à souffler, à l’oreille des vivants, une dernière leçon sur le sens de la vie.
Au Moyen Âge, du Proche-Orient à l’Occident, conteurs, poètes comme moralistes nous rappellent souvent que la mort devrait toujours éclairer nos actions, en éternelle conseillère. Du côté de la France médiévale, on pourra ainsi trouver quantité de morales assez similaires à celle du jour et qui prônent l’inutilité de s’accrocher aux avoirs de ce monde et la charité contre l’évanescence de la vie et cette mort qui bat le rappel : au fond, semer de bonnes graines avant son dernier souffle. Nous ne citerons ici que deux grands auteurs français, un du XIIe et l’autre du XIVe siècle (on pourra également consulter notre article sur la mort médiévale).
« Pensons que quant ly homs est au travail de mort, Ses biens ne ses richesses ne luy valent que mort Ne luy peuvent oster l’angoisse qui le mort, De ce dont conscience le reprent et remort »
Jean de Meung (1250-1305)– Le Codicille
«Prince, empereurs, rois, dames et barons, Religieus, peuples, considérons Que tuit sommes du monde pèlerin Et qu’en passant nous y trespasserons; Faisons donc bien et le mal eschivons : Il n’est chose qui ne viengne a sa fin.»
Sur ce, voici le conte de Saadi, dans sa traduction par Charles Barbier de Meynard , en 1880.
Les regrets d’un roi d’Egypte
« Un grand prince qui régnait sur l’Egypte venait d’être renversé par le choc de la maladie : son noble et beau visage pâlissait comme le soleil au déclin du jour. Les médecins se désespéraient de ne pas trouver, dans leur art, de remède contre la mort : car toute royauté doit finir et disparaître, excepté celle du Dieu tout-puissant et éternel. Au moment où sa vie allait s’évanouir dans les ténèbres du trépas, on entendit ses lèvres expirantes murmurer ces paroles :
— L’Egypte n’eut jamais un maître aussi puissant que je l’ai été, mais cette puissance n’était que néant, puisque c’est la qu’elle devait aboutir. J’avais amassé les biens de ce monde, au lieu de les dépenser et voici que je m’en vais comme le plus pauvre des hommes !
Les richesses d’ici-bas ne profitent qu’au sage qui sait les dépenser pour lui même et pour les autres. Efforce-toi d’acquérir des biens durables puisque ceux qu’on laisse après soi sont une cause d’inquiétudes et de regrets. Vois ce moribond dont la tête repose sur l’oreiller de l’agonie ; il étend ses bras comme s’il voulait à la fois donner et repousser ; à cette heure suprême où sa langue est paralysée de terreur, il semble te dire par ce geste :
— Étends une main pour faire l’aumône, et repousse de l’autre les passions et l’injustice. Que ta main s’emplisse de bonnes œuvres, tandis qu’elle a la vie et la force ; bientôt tu ne pourras plus la tirer hors du linceul. La lune, les pléiades, le soleil continueront à luire dans le ciel, mais ta tête ne soulèvera pas la dalle du sépulcre. »
Saadi – Le Boustan (op cité)
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : inquisition, légende noire, idées reçues, définition. monde médiéval, Languedoc, Provence Période : moyen-âge central, XIIIe et XIVe siècle Média : vidéo-conférence, livres. Titre : L’inquisition médiévale Conférencier : Laurent Albaret, historien médiéviste Lieu : Ecole nationale des chartes (2019)
Bonjour à tous,
‘il y a bien une chose à laquelle l’imaginaire populaire lié au moyen-âge aime à s’accrocher, c’est cette vision d’une période médiévale peuplée de bûchers, sur lesquels quelques frères dominicains fanatisés, grillent, à tour de bras et après force tortures, d’ingénus contradicteurs : du bonhomme cathare au guérisseur de campagne, jusqu’à une pauvre marginale dénoncée par son voisin comme suspecte de commerce avec le diable.
Dans cette construction/reconstitution, aussi effrayante que spectaculaire, l’apparition d’un Bernard Gui, glacé et sanguinaire, tout droit sorti du film Le Nom de la Rose ( réalisé par Jean-Jacques Annaud sur la base du roman d’Umberto Eco) tomberait à point nommé. Pour un peu, elle cristalliserait même très exactement (tout en l’alimentant), une « légende noire de l’inquisition » qui se tenait, depuis longtemps, cachée dans les replis de notre imaginaire et qui ne demandait qu’à en sortir.
Méthode historique vs sensationnalisme
Pour faire un peu le tri dans tout cela, plusieurs historiens médiévistes se sont penchés, jusqu’à récemment, sur le sujet de l’inquisition et des hérésies médiévales. Ils l’ont fait avec beaucoup de méthode et de sérieux et nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer quelques-uns d’entre eux ici : Andre Vauchez et son histoire des hérésies médiévales (2014) ou encore Jean-Louis Biget avec son Hérésie et inquisition dans le midi de la France (2007). Aujourd’hui et pour le dire trivialement, c’est au tour de Laurent Albaret de s’y coller. Cet historien, actif dans de nombreux domaines, a également fait de l’inquisition un de ses sujets de recherche, notamment celle des XIIIe et XIVe siècles en Languedoc et dans le midi de la France. Ainsi, en septembre 2019, il était accueilli dans le cadre prestigieux de l’Ecole Nationale des Chartes pour y donner une conférence sur ce thème que nous avons le plaisir de partager, plus bas dans cet article.
Des documents et des faits
Pour autant qu’il soit devenu presque banal de charger l’Eglise catholique romaine à tout propos, sur le sujet de l’inquisition au moyen-âge, il faut s’atteler à détricoter certaines idées reçues pour rétablir un semblant d’objectivité. Cela tombe bien puisque, la conférence du jour se propose justement de réintroduire des éléments factuels sur ce terrain conquis de longue date par un imaginaire débordant. Bien sûr, à travers cela, il s’agira aussi de rendre justice à l’Histoire. A l’attention de ceux qui, pour des biais idéologiques ou des croyances personnelles, pourraient être tentés d’y voir une façon de « trouver des justifications » ou de « fournir des excuses » aux procédés questionnés, la méthodologie historique n’aura qu’une chose à opposer : le principe de réalité, la froideur des chiffres et des faits, et, plus que tout cela encore, des réserves prudentes à l’égard de tout jugement.
Une fois le tableau restauré, si l’inquisition médiévale et les acteurs impliqués s’en tirent plutôt plus favorablement, dans leurs méthodes et leurs statistiques, que l’imagerie populaire et littéraire moderne ne l’avaient jusque là supputé, c’est simplement que les historiens (celui du jour et d’autres avant lui), ont fait parler les sources manuscrites d’époque : soit, principalement, les documents juridiques issus des tribunaux inquisitoriaux, avec leurs minutes, leurs sanctions, leurs relaxes et leurs chiffres.
Une « légende noire » pour des « Dark Ages »
Pour le reste, pas plus que Laurent Albaret ne le fait dans cette conférence, nous n’allons prétendre décortiquer, ici, les raisons complexes (historiques, idéologiques, littéraires, …) ayant favorisé la promotion (sensationnaliste) d’une inquisition médiévale essentiellement aveugle et massivement « meurtricide », au point de forger à son égard, ce que l’on a pu quelquefois appeler « une légende noire ».
Sans entrer dans le détail, on pourrait s’en tirer avec une généralité. A l’image de la notion anglaise de « Dark Ages », un voile noir à été jeté sur les 1000 ans du moyen-âge propice à bien des fantasmes et des instrumentalisations : plus sales, plus méchants, plus ignorants, plus barbares, plus fanatiques, plus injustes et, finalement, moins « civilisés ». Notre belle modernité rationaliste, matérialiste et progressiste brille de mille feux en comparaison de cette ombre tremblante, peuplée de tristes fantômes, que nous avons formée au sujet des temps médiévaux. Grâce à elle, nous pouvons occulter, un peu plus aisément, le fait que ce siècle et le précédent ont emporté dans leur barbarie, des dizaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants pour des raisons géo-politiques, économiques, religieuses même, et souvent, très cyniquement pour des visées d’appropriation.
Sur le sujet de l’inquisition médiévale, si, à bien des égards, les morts à compter pourront toujours nous sembler de trop, remis dans leur contexte, les chiffres sont très loin d’égaler d’autres massacres perpétrés dans l’histoire. Quant à l’arbitraire et la barbarie supposés des méthodes et des sanctions, jusqu’à ce jour et en accord avec l’historiographie récente, l’examen des faits et des statistiques semble plaider en leur défaveur.
Des confusions « classiques »
Pour finir cette introduction sur les représentations autour de l’inquisition médiévale, notons que de nombreuses choses sont venues s’y mêler dans une sorte de confusion générale : 1/ Les périodes : l’inquisition du moyen-âge n’est pas celle des siècles suivants, 2/ Les « justices » et les tribunaux concernés : les tribunaux inquisitoriaux et le bras séculier (justice royale, seigneurial, civile, politique) sont deux choses différentes. Les enjeux politiques et économiques sont souvent à démêler (procès des templiers, méandres de l’affaire Gille de Rais, etc…) 3/ Il faut encore dissiper les confusions qui planent entre l’histoire de l’inquisition française des XIIIe et XIVe siècles et celle de l’inquisition espagnole de la fin du XVe siècle.
Enfin, il faut aussi le comprendre, bien souvent, c’est l’ignorance qui nous fait « tout mettre dans le même sac », comme on le dit l’expression populaire. Quand on s’approche avec sérieux et méthode de la réalité, en général, les visions grossières et sans nuance fondent comme neige au soleil. Demandez-le à quiconque est engagé dans des recherches de haut vol. Quelque soit sa matière scientifique, la première chose qu’il fera est de border très précisément son sujet et son champ d’observation. Tout en le faisant, vous verrez qu’il vous parlera d’humilité, bien avant de vous parler de certitudes. Tout cela bien compris, nous vous souhaitons une excellente conférence.
La conférence de Laurent Albaret sur l’inquisition médiévale
Laurent Albaret : esquisse de Biographie
Après une formation en histoire et une spécialisation dans le domaine des Inquisitions médiévales dans le Sud de la France, Laurent Albaret a enseigné plus d’une dizaine d’années dans le secondaire (1991-2002), puis dans le monde universitaire (2002-2006), avant de voguer vers d’autres horizons.
Sur le terrain de l’Histoire et de la Culture
Ayant laissé derrière lui sa carrière dans l’enseignement, on le retrouvera bientôt très impliqué dans le secteur de la culture, du patrimoine et de la muséographie. Dans le même temps, il restera fortement présent dans le domaine de l’Histoire. A ce titre, et pour ne citer que ces deux charges, il est de longue date membre associé de la Société des Historiens Médiévistes de l’enseignement supérieur public, ou encore administrateur de la Société des Amis du Musée de Cluny. Actuellement, il termine un doctorat à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales sous la direction de Jacques Chiffoleau. Notons qu’il avait effectué son DEA sous la direction de André Vauchez (directeur de l’Ecole Française de Rome, spécialisé dans les hérésies médiévales).
Histoire contemporaine & présence médiatique
Les années 2010-2020 verront Laurent Albaret investi du côté de l’Histoire postale (conservateur au Musée de la poste) mais aussi de l’Histoire de l’Aviation (secrétaire général et secrétaire de la commission Histoire, Arts & Lettres de l’Aéro-Club de France). A côté de cela, il lancera également des opérations dans le domaine culturel et patrimonial (Association Parix Louxor ou encore Un soir, un musée, un verre) auxquelles viendront s’ajouter des activités dans le monde de la presse au sein de divers magazines. Aujourd’hui, dans le champ de l’Histoire médiévale ou plus contemporaine, on le trouve très actif sur de nombreux médias : conférences, interviews, podcasts, publications diverses. Il intervient même, à titre de conseiller historique, auprès d’émissions télévisuelles (voir son site web pour plus de détails).
Présence dans le domaine du consulting digital
A ces nombreuses activités, Laurent Albaret a encore ajouté, dernièrement, une présence dans le secteur de la création et de la communication digitale. En 2016, il a, en effet, créé, une agence web baptisée Le doigt sur le truc. C’est en occupant divers postes à responsabilité au sein de pôles numériques et médias sociaux de diverses filiales du groupe La poste (2010-2015), qu’il s’est forgé des compétences dans cette matière. Il y a, depuis, ajouté de nombreuses autres références.
Deux ouvrages de Laurent Albaret pour en savoir plus sur l’inquisition médiévale
Pour approcher de plus près les éléments abordés dans cette conférence, voici deux ouvrages de Laurent Albaret sur le sujet de l’Inquisition médiévale.
Les Inquisiteurs : portraits de défenseurs de la foi en Languedoc
Privat (2001) – Acheter en ligne
Sujet : Kaamelott, humour, série télévisée, trilogie, cinéma, tournage, légendes arthuriennes, quête du Graal, médiéval-fantastique, comédie. Période : haut Moyen Âge à Moyen Âge central, Auteur-Réalisateur : Alexandre Astier
Bonjour à tous,
e n’est une nouvelle pour personne, dans le cadre du confinement lié au Covid 19, le secteur de la culture est aussi fortement touché. Nous en avons déjà largement parlé sur les fêtes et autres événements que nous relayons, ici, autour du monde médiéval, et, désormais, quelques célébrités ont aussi fait entendre leur voix et leurs préoccupations.
Théâtres, concerts, animations, comme le reste de l’économie, le secteur est sinistré. Les événements culturels, du mois de mars à l’automne 2020, ont été déprogrammés ou annulés en avalanche. Certains ont décalé leur sortie quand ils le pouvaient mais rien de simple en l’absence totale de visibilité. Du côté des productions cinématographiques ou télévisuelles, les calendriers de sortie et de tournage sont aussi chamboulés et on a même déjà appris le retard probable de saisons très attendues sur les sites de streaming.
« Seigneur, je me vouerai tout entier à la noble quête dont vous m’honorâtes. Mais avec l’équipe de romanos que je me promène, on n’est pas sorti des ronces. »Arthur (Alexandre Astier) – Série Kaamelott
Kaamelott : sortie prévue à novembre 2020
Dans ce contexte, le premier long métrage d’Alexandre Astier autour de Kaamelott n’échappera pas à la règle. Le lancement avait été annoncé pour juillet 2020 et, sur son compte twitter, l’auteur a relayé, hier, un communiqué officiel du groupe M6 confirmant une sortie nouvellement prévue pour le 25 novembre 2020.
Au vue du contexte , on se doutait bien que les cinémas en juillet n’allaient pas avoir repris leur activité normale. Ce n’est donc qu’une confirmation. Quant aux nombreux fans qui attendent le film depuis de nombreuses années, on peut gager que quelques mois de plus ne feront guère de différence.
epuis quelques semaines, sur les réseaux sociaux et sur les groupes de médiévistes ou de passionnés de Moyen Âge, on voit passer certaines créations très drôles autour du confinement. Jusque là, nous n’avions pas eu l’occasion d’en partager mais voici quelques vidéos pour nous rattraper.
« Ce sont des temps troublés, Une nouvelle épidémie a vu le jour… Tandis que le royaume est en confinement, isolé et protégé dans son manoir, il appartient à Sire Gregory SAIS de maintenir son domaine. Tout en se tenant prêt pour la bataille…. »
Une Dance macabre du confinement
par Anno Domini 1250
Dans un style un peu plus grinçant, voici la Medieval confin dance d’une bande de développeurs et joyeux drilles réunis sous le nom de Anno Domini 1250 (voir page Facebook). D’origine tchèque, ils ont semble-t-il en projet, la réalisation d’une plateforme autour d’un jeu médiéval. En attendant , ils occupent aussi leur confinement avec créativité.
Une note de swing et de bonne humeur
avec The Medieval Thing
Cette fois, c’est sur fond de musique (pas du tout médiévale) que les réconstituteurs et amateur de behourd de la compagnie médiévale espagnole TheMedievalThing se fendait, début avril, d’une petite dance pour égayer le confinement de tous. (Facebook ici)
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
pour moyenagepassion.com A la découverte du Monde Médiéval sous toutes ses formes