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Concerts de Musique Médiévale & Conférences à la Basilique Cathédrale Saint-Denis

Sujet : concerts, musiques médiévales, patrimoine, cathédrale, conférence, site d’exception.
Période : Moyen Âge (haut et central)
Evénement : concerts de Musiques Médiévales & conférence
Dates : octobre 2025.
Lieu : Basilique cathédrale Saint-Denis, 1, rue de la Légion d’Honneur, Saint-Denis, Île-de-France.

Bonjour à tous,

our ceux qui se tiendront en Île-de-France en octobre prochain, un bel événement vous y attend à quelques lieues de Paris. Tout le mois, la Basilique Cathédrale Saint-Denis y célébrera le Moyen Âge avec cinq concerts exceptionnels de musique médiévale. Le programme sera également complété par deux conférences pour les plus férus d’Histoire.

Le cadre patrimonial et historique de la Basilique Cathédrale Saint-Denis est, en lui-même, remarquable. Ce site classé est, en effet, témoin de plus 1500 ans d’Histoire et remonte au haut Moyen âge. Cet événement donnera l’occasion de le découvrir et nous en dirons un mot plus loin dans cet article.

Octobre Médiéval : le programme

Musiques médiévales et conférences sur le Moyen Âge à la Basilique Cathédrale Saint Denis - Affiche 2025 de l'événement "Octobre Médiéval"

Il s’agira là de la 5eme édition de cet « Octobre médiéval ». Fort du succès de ses précédentes éditions, l’événement s’installe dans la qualité et la durée. Cette année encore, sa programmation musicale est aussi variée qu’ambitieuse.

Les thèmes abordés iront des chansons de trouvères, à l’amour courtois et aux chansons de toiles. On pourra encore y entendre des chants sacrés polyphoniques et de rares musiques du XIIIe siècle, dédiées au culte marial.


Les concerts de musique médiévale

Les cinq concerts proposés pour cette édition s’étaleront tous le mois avec des horaires en après-midi ou en soirée. Du point de vue des formations, on reconnaîtra des noms familiers comme l’ensemble Alla Francesca ou encore Diabolus in Musica. D’autres sont un peu plus récentes. Dans tous les cas, l’originalité des programmes est au rendez-vous sur les cinq dates prévues.

Chansons de trouvères des XIIe et XIIIe siècles, d’Aliénor d’Aquitaine à ses descendants

Mardi 7 octobre – 20h « Les trouvères entre ciel et terre, sur les traces d’Aliénor… » par l’ensemble Alla Francesca.

l'Ensemble médiéval Alla Francesca sur scène et en concert

Du XIIe siècle aux suivants, Aliénor d’Aquitaine et sa lignée influencèrent grandement la musique du nord de France et d’Angleterre. Avec ce programme, Alla Francesca se propose de suivre les inspirations musicales de la célèbre reine de France et d’Angleterre. L’exploration s’étendra même à sa descendance avec des noms prestigieux comme Richard Cœur de Lion, Marie de Champagne et, bien sûr, Thibaut IV le chansonnier.

L’ensemble Alla Francesca est un des grands noms de la scène musicale médiévale. Formé par Brigitte Lesne et Pierre Hamon, début 90, il a produit depuis une riche discographie et de nombreux programmes. Attaché, depuis sa formation, au Centre de Musique Médiévale de Paris, il bénéficie d’une reconnaissance internationale.

Musiciens, interprètes : Pierre Bourhis (voix), Michaël Grébil (cistres, luth, voix), Nolwenn Le Guern (crwt, vièle à archet), Lior Leibovici (voix) et Brigitte Lesne (harpe-psaltérion, percussions, direction et conception).

La vie de la Vierge dans les manuscrits parisiens des XIIe et XIIIe siècles

Samedi 11 octobre – 17h « Sur les pas de Marie » par l’ensemble Rue des Chantres.

Ensemble médiéval Rue des Chantres : portrait de Erwan Picquet, Vincent Pislar et Christian Ploix.

Loin des Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X & des routes de pèlerinage médiévales, l’ensemble Rue des Chantres est parti sur les traces du culte marial au travers des manuscrits parisiens du Moyen Âge central. Avec ce programme musical original, on suivra, avec eux, le parcours de Marie, dans une sélection qui mêlera chants polyphoniques et chants grégoriens.

Formé en 2019 par trois anciens chantres de Notre-Dame de Paris, l’ensemble Rue des Chantres entend faire revivre les chants polyphoniques comme on pouvait les entendre dans les cathédrales de l’Europe médiévale du Moyen Âge central. Ce programme musical ajoute aux voix un aspect visuel et des projections.

Musiciens, interprètes : Erwan Picquet (voix), Vincent Pislar (voix), Christian Ploix (voix).

L’Amour courtois aux XIVe et XVe siècles

Samedi 18 octobre – 16h30 « Ay ! Amours… » par l’ensemble Les Métamorphoses de l’Amour.

l'ensemble Les Métamorphoses de l’Amour, portrait de Daniela Maltrain, Julia Marty et Nolwenn Tardy

« Ay ! Amours » : dans nos pages, nous avons approché des centaines de textes médiévaux qui traitent d’amour courtois et de la souffrance du loyal amant dans l’attente d’un retour qui ne vient pas toujours.

Avec ce concert, l’ensemble Les Métamorphoses de l’Amour prend le parti de nous montrer d’autres variations du sentiment courtois. Conversations privées, confidences entre amies, l’angle est original et devrait introduire l’auditoire à tout un monde de nuances. Quant à l’origine des chansons, elles nous entraîneront dans la France et l’Italie du Moyen Âge tardif (du XIVe aux débuts du XVe siècle).

Les Métamorphoses de l’Amour est un ensemble formé en 2023 par trois jeunes musiciennes de la scène des musiques anciennes et médiévales.

Musiciens, interprètes : Daniela Maltrain (vièle à archet, voix), Julia Marty (guiterne, voix), Nolwenn Tardy (vièle à archet).

Chansons & rêveries amoureuses au XIIIe siècle

Samedi 25 octobre – 16h30 « Beles, Belles… » par l’ensemble Diabolus in Musica.

Diabolus in Musica, Portrait de Axelle Bernage et Nicolas Sansarlat

Voilà encore un beau programme concocté ici par l’ensemble Diabolus In Musica qui se produit ici en duo. Dans cette sélection de pièces dédiées aux rêveries amoureuses des belles du Moyen Âge central, on retrouvera notamment des chansons de toile. Monde clos, idéal de beauté, poésie de l’attente et formes du désir amoureux sont au menu de ce concert médiéval.

Depuis sa formation, au début des années 90, l’ensemble Diabolus in Musica s’est forgé une belle renommée sur la scène des musiques médiévales. Avec plus de vingt-cinq albums sur des thèmes aussi variés que les chansons de trouvères et de troubadours, Guillaume Dufay et De Machaut ou encore les chants polyphoniques religieux médiévaux, la formation poursuit, avec talent, son exploration du Moyen Âge et de ses musiques.

Musiciens, interprètes : Axelle Bernage (voix), Nicolas Sansarlat (vièle à archet, direction artistique).

Chants sacrés du Moyen Âge et résonances contemporaines

Vendredi 31 octobre – 20h « Odyssée pour deux voix sœurs » par l’ensemble Dialogos.

Ensemble Dialogos en concert, Katarina Livljanić et Clara Coutouly

Entre chants sacrés, plain chants et polyphonies, ce programme a deux voix explorera les musiques liturgiques médiévales sous un angle nouveau. Au delà de leur spiritualité, l’ensemble Dialogos entend, en effet, mettre en valeur ce qui affleure dans ce genre musical.

Peurs, aspirations, émotions, ces chants liturgiques traduisent aussi de tout un monde là au dehors qu’on craint, auquel on aspire ou encore que l’on fantasme. A l’occasion de ce concert, les chants médiévaux anciens devraient être mis en miroir avec des poésies plus contemporaines.

Depuis 1997, l’ensemble médiéval Dialogos explore le large répertoire des musiques de l’Europe médiévale. En 25 ans, la formation s’est produite sur de nombreuses scènes à l’international. Elle a également reçu de nombreux prix pour ses prestations musicales et scéniques. Sa fondatrice et directrice Katarina Livljanić est également enseignante à la prestigieuse Schola Cantorum Basiliensis.

Musiciens, interprètes : Clara Coutouly (voix), Katarina Livljanić (voix, direction artistique).


Les conférences en Histoire médiévale

En plus de ce riche programme musical, deux conférences d’Histoire médiévale viendront encore ponctuer ce mois d’octobre.

Musique & arts liturgiques au temps d’Hilduin, abbé de Saint-Denis

Jeudi 9 octobre à 19h30
Intervenant : 
Jean-François Goudesenne, Chercheur médiéviste et musicologue, (IRHT-CNRS)

Le mystère des reliques de saint Denis

Lundi 13 octobre à 19h30
Intervenant : Anne-Marie Helvétius, Professeure d’histoire médiévale (université Paris 8).

Pour plus d’informations sur l’ensemble de ce programme, merci de consulter le site officiel de la Basilique Cathédrale Saint-Denis.


La Basilique Cathédrale Saint-Denis : un cadre historique & patrimonial exceptionnel

S’il est de nombreux lieux véritablement chargés d’Histoire sur le sol français, la Basilique Cathédrale Saint-Denis se distingue par les long quelques 1500 d’histoire dont témoigne son site.

Le lieu que choisit Saint-Denis pour mourir

Enluminure du martyre de Saint Denis, manuscrit médiéval NAF 1098 XIIIe siècle - Départements des manuscrits BnF
Enluminure du Martyre de saint Denis, Manuscrit Naf 1098 (consulter en ligne )

Une légende tardive du haut Moyen Âge conte que Saint-Denis, évangélisateur de la Gaule et martyre chrétien décapité à Lutèce par l’empire romain, serait venu y mourir entre le 1er et le 3e siècle de notre ère.

Le premier évêque de Paris aurait même, selon certains récits, porté sa tête décapitée depuis Montmartre en chantant des prières, avant de s’effondrer là où fut construit l’ancêtre de l’actuel basilique et le premier édifice religieux en son nom.

De fait, le lieu fut sanctifié très tôt et devint la tombe de nombreux rois et reines de France à partir du VIIe siècle. En témoignent encore sur place pas moins de soixante-dix gisants et tombeaux parmi lesquels les plus grands noms de la couronne française. On y trouve également certains de leurs serviteurs et des aristocrates eux-aussi désireux de se placer sous la protection du saint.

La période couvre toute l’Histoire médiévale jusqu’au XIXe siècle. Cette étonnante particularité fait même de la Basilique Cathédrale Saint-Denis un lieu unique en Europe en matière de réalisation de gisants funéraires du Moyen Âge central (XIIe siècle) à la Renaissance (XVIe siècle).

Un chef d’œuvre d’architecture gothique

Basilique Cathédrale Saint-Denis, Gisants et vitraux

En terme architectural, si les bâtis de la basilique ont évolué du haut-Moyen Âge à nos jours, le XIIe siècle marque un véritable tournant dans l’histoire de l’édifice. Sa reconstruction par l’Abbé Suger la consacre, en effet, comme un chef d’œuvre de l’art Gothique. Elle est considérée comme un des berceaux de cet art alors novateur. Sa nouveauté architecturale aurait ainsi étendu ses influences à toute l’Europe.

Depuis le Moyen Âge, la Basilique cathédrale Saint Denis a traversé le temps en passant par des phases de grande popularité ou même d’abandon. Elle a aussi connu diverses restaurations du XIXe siècle jusqu’à très récemment. Napoléon 1er y a mis sa patte. Plus tard, Viollet-le-Duc est intervenu également sur l’édifice et les gisants.

Classement de la Basilique

Il faudra attendre la deuxième partie du XIXe siècle et 1862 pour voir la basilique classée monument historique. Ses jardins suivront un peu plus de soixante-ans plus tard en 1926.

Devenue cathédrale depuis 1966, la basilique Saint-Denis est, aujourd’hui, gérée par le Centre des Monuments Nationaux. De par sa longévité et ses merveilles, elle reste un grand trésor du patrimoine culturel et monumental français.

Vous retrouverez les traces de sa longue et prestigieuse Histoire partout sur place : des vitraux aux ogives, à ses jeux de lumière unique, à ses sculptures ou ses gisants. Ici, les pierres parlent et témoignent de la longue histoire de France, du Moyen Âge à nos jours. Pour ceux qui auront la chance de pouvoir assister à ces concerts en octobre, ne manquez pas d’y prévoir une visite plus complète.

Retrouver notre article sur l’édition 2024 de cet événement.

En vous souhaitant une belle journée
Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Agenda conférence : construction médiévale, proportion dorée et cathédrales gothiques

conference_construction_medievale_batisseur_cathedrales_moyen-ageSujet : construction médiévale, cathédrales gothiques, proportion dorée, chantiers médiévaux, bâtisseurs, architecture médiévale. Paris Historique
Période : moyen-âge central à tardif
Intervenant : Pascal Waringo
Conférence : Construction médiévale & proportion dorée
Lieu : Salles des fêtes, Mairie du 4e arrondissement, 2 pl Baudoyer, Paris 4e
Dates : le 5 février 2019, à 18h30

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionprès vous avoir présenté le travail de Pascal Waringo autour des techniques de construction en usage au Moyen-âge ( voir  Les bâtisseurs médiévaux : des maîtres Compagnons au service du patrimoine), nous avons le plaisir de relayer une conférence qu’il donnera le 5 février prochain, à Paris, en partenariat avec l’Association Paris Historique et la mairie du 4e arrondissement.

conference_moyen-age_construction_chantier_medieval_batisseurs_cathedrale_gothiques_sLes thèmes abordés graviteront autour des chantiers médiévaux et notamment de l’édification des cathédrales gothiques. Illustrée par de nombreuses photos, la conférence s’appuiera sur le  très sérieux travail de recherche et de sourcing effectué par le maître artisan et compagnon du Tour de France, au fil d’une période de près de trente ans, ainsi que sur sa large expérience du bâti et des chantiers de construction, comme de restauration et de sauvegarde.

On y abordera notamment les techniques, les engins, l’organisation du travail, mais aussi les règles géométriques et philosophiques  – tracé régulateur, mesures et proportion dorée – présidant à la réalisation des plus prestigieux ouvrages médiévaux. Au passage, quelques clés s’en dégageront pour l’application de certaines de ces règles anciennes au bâti actuel. Entre autres idées reçues, on prendra également le contre pied de celle selon laquelle toutes les constructions du Moyen-âge prenaient un temps infini pour se réaliser.

Pour plus d’informations: page Facebook des bâtisseurs médiévaux.

Précisons pour conclure que cette conférence est ouverte à tous et que son entrée est gratuite.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric F
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Arts et Musique au moyen-âge, trois conférences pointues avec l’INHA

evenement_conferences_monde_medieval_histoire_arts_musique_moyen-ageSujet : conférence, événement, Histoire de l’Art,  Musicologie, monde médiéval.
Période : Moyen-âge central à tardif
Organisateur : Institut National d’Histoire de l’Art
Dates : les 10 et 12 janvier 2018
Lieu :  Galerie Colbert, salle Walter Benjamin
Institut national d’histoire de l’art 75002 Paris

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passiones 10 et 12 janvier, l’Institut National d’Histoire de l’Art en collaboration avec l’Institut National de Musicologie donnera un cycle de trois conférences sur le thème : Arts et musique au Moyen-âge. Attention, toutefois, l’événement concerne des anglophones puisque toutes les conférences seront données dans cette langue.

Le mercredi 10 janvier 2018, de 18h à 20h.


Nightingales in literary texts and images:
diverse modes of subversion

« Renouvel« , amours naissantes,  joies ou jeux plus cachés et interdits, cette conférence se donne pour objectif d’approcher les différentes représentations du rossignol dans les textes littéraires et les images en provenance du monde médiéval.

Morgan Dickson. Spécialisée dans la littérature médiévale, elle enseigne à l’Université de Picardie Jules Verne.

Representing the Music of Minnesang

Art poétique lyrique médiéval du moyen-âge central (XIIe au XIVe), le Minnesang allemand partage des éléments communs avec l’art de nos trouvères ou de nos troubadours.  La conférence approchera cet art en se penchant notamment sur les représentations de la musique dans les  manuscrits   anciens, qui en témoignent.

Henry Hope est chercheur à l’Institut de Musicologie de l’Université de Bern.

Le vendredi 12 janvier 2018, de 17h à 18h30

Music and Architecture: A Shared Aesthetic of the Flamboyant 

Il s’agira ici, d’étudier les possibles rapprochements entre l’architecture flamboyante du XVe et la musique polyphonique de ce même siècle,

Graeme Boone est professeur de Musicologie à l’Université de l’Etat de l’Ohio.

Dans le cadre d’un programme de recherche sur l’histoire de l’Art du  IV au XVe siècle, l’INHA s’est donné pour objectif, depuis 2015, d’approcher les relations entre arts visuels et musique, de l’antiquité au moyen-âge. Ce cycle de conférence s’inscrit dans ces développements et fait aussi un pont avec un séminaire autour de l’iconographie musicale et de l’art occidental que donnera cette année  l’Institut de recherche en musicologie.

L’entrée de ces conférences est libre. Pour plus de détails, le site officiel de l’INHA est ici.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Hildegarde de Bingen et le rire de la rate par Frédéric Rantières

hildegarde_de_bingen_sainte_visions_mystique_chretienne_moyen-age_central_enluminureSujet : musique médiévale, chants, visions, mystique chrétienne, moyen-âge chrétien. rire, médecine médiévale, conférence.
Période : 
moyen-âge central, XIIe 
Auteur : 
Hildegarde de Bingen (1098-1179)
Ensemble: Vox in rama
Evénement : Vox Sanguinis
, mystère médiéval sur la vie, les visions & les chants d’Hildegarde, conférences et ateliers

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passion la faveur du spectacle musical ou plus exactement du Mystère Vox Sanguinis de l’ensemble Vox In Rama autour d’Hildegarde de Bingen qui sera donné plusieurs fois ce mois de novembre, nous avons le grand plaisir de publier, aujourd’hui, un article de la main même de son directeur artistique, Frédéric Rantières, qui se trouve être, en plus d’un artiste et chanteur accompli, docteur en anthropologie religieuse et histoire des religions, mais encore versé (tout autant que passionné) dans le domaine de la musicologie médiévale.

En relation avec le spectacle autour d’Hildegarde, mais aussi des conférences ou ateliers qu’il donnera sur le sujet,  il nous invite  ici à considérer le « rire » dans une perspective historique, médiévale et médicale, à la lumière de différents auteurs mais également des conceptions de l’abbesse et sainte rhénane du XIIe siècle. Nous lui cédons donc la place, non sans vous rappeler avant cela, les dates des différents événements proposés dans le courant du mois de novembre par l’Ensemble Vox in Rama et son directeur autour des visions et des chants d’Hildegarde de Bingen.

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VOX IN RAMA – SPECTACLES, CONFERENCES & ATELIERS
autour d’Hildegarde de Bingen

Lundi 6 novembre à 20h,
Espace le Moulin, Paris 5e

Conférence didactique de F. Rantières sur le chant de l’abbesse
Présentation et réflexion sur le thème – écoute commentée de chants d’Hildegarde de Bingen  Renseignements & réservations

Vendredi 17 et samedi 18 novembre à 20h,
Paris 5e – église évangélique Saint-Marcel

Nouvelles représentations du Mystère Vox Sanguinis sur les chants et les Visions d’Hildegarde de Bingen
Version augmentée du spectacle du mois de mai avec atelier de chant à 18h (sur réservation)  Renseignements & réservations

Dimanche 19 novembre à 15h30
Basilique de Longpont-sur-Orge

Représentation du Mystère Vox Sanguinis sur les chants et les Visions d’Hildegarde de Bingen
Version augmentée du spectacle du mois de mai Renseignements & réservations

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Hildegarde de Bingen et le rire de la rate
Par Frédéric Rantières

Redécouvrir les dimensions spirituelles et thérapeutiques du rire au Moyen Âge

L’époque contemporaine assimile un peu trop systématiquement le rire au divertissement et, à son corollaire, la dérision, ce qui est dommageable pour nous au moins en deux points : comme tout amalgame, la confusion établie entre deux termes distincts entraîne inévitablement une réduction du sens de la langue, et qui plus est, pour les acceptions de ce mot très ancien, en déforme notre appréhension. Plus grave, la conséquence de ce processus affecte notre sens de la psychologie qui se trouve alors amoindri, perdant ainsi la capacité naturelle de voir, à travers cette manifestation par trop banalisée aujourd’hui, ses aspects sainte_hildegarde_de_bingen_mystere_medecine_mystique_medievale_moyen-age_chretienrévélateurs d’une personnalité, d’un caractère et d’un tempérament, comme a su si bien nous le transmettre une Hildegarde de Bingen (1098-1179) et d’autres « sachants » des temps anciens.

Le rire est en effet un symptôme pour l’abbesse, ce qui n’est pas nouveau, car il est considéré depuis la fin de l’Antiquité au même titre que la toux, les larmes, les diverses sortes de douleurs, d’exsudations, de sécrétions, etc., entrant dans la complexion d’un être en révélant l’équilibre subtil de ses humeurs. La prise « au sérieux » du rire est à ce point essentielle qu’elle permet de rentrer de manière plus organique dans « le terrain » d’un déséquilibre causant une maladie. Au lieu de l’ignorer, le thérapeute, pour une approche plus complète de l’homme, devrait alors, à en croire les sources anciennes, prêter attention à la manière dont ce dernier rit, pour en tirer des signes qui pourraient l’aiguiller vers l’origine de sa pathologie. Pour ce faire, il doit être guidé par une connaissance non seulement médicale mais aussi spirituelle des organes.

Le siège du rire est la rate

En Occident, l’idée selon quoi le rire est un symptôme est avérée par le savant Quintus Serenus Sammonicus (fin du IIe-début du IVe siècle ?), qui dans son Liber medicinalis le relie au gonflement de la rate :

« La tuméfaction de la rate est dangereuse et pourtant elle provoque un rire absurde qui me semble voisin de celui qu’engendre la plante de Sardaigne [il s’agit de la sardonie, une variété vénéneuse de renoncule qui provoque un contraction des muscles du visage] qui mêle des rires sans raison [le fameux rire sardonique] à de malheureuses destinées. On dit que son ablation supprime le penchant à l’hilarité et impose un front sévère pour le reste de la vie » (Quintus Serenus, Liber medicinalis, Dr Roger Pépin, Presses universitaires de France, 1950, XXII, Pour guérir la rate, 25-30, p. 25)

rire_sardonique_moyen-age_medecine_medievale_hildegarde_de_bingen( renoncule scélérate, la Sardonia des Romains qui donna son origine à l’expression rire sardonique)

La relation que le médecin peut établir entre la tuméfaction de la rate et le rire qu’elle provoque fait de ce dernier un symptôme à même de lui indiquer un disfonctionnement de l’organe.  Cette croyance remonte en vérité à Pline l’Ancien (23-79 ap. JC), qui, dans son Histoire naturelle, rapporte entre autres qu’un rire immodéré est fonction de la taille de la rate (chap. XI, lxxx), ce passage étant mieux connu pour la mention de la rate que l’on brûlait chez les coureurs afin d’améliorer leur endurance, d’où viendrait l’expression « courir comme un dératé ». Quant à sa fonction, Platon (428-347 av. JC), dans son célèbre Timée, écrit bien connu au Moyen Âge, l’assigne à celle de nettoyer le foie de ses impuretés :

« Par ailleurs, la constitution du viscère voisin [la rate] et sa situation sur sa gauche [par rapport au foie qui est à droite] trouvent dans le foie leur explication, car ce viscère sert à garder le foie toujours brillant et net, comme un instrument fait exprès pour essuyer un miroir et toujours prêt à ses côtés à être utilisé. Voilà justement pourquoi, chaque fois que des impuretés apparaissent sur le foie, impuretés produites par des maladies qui frappent le corps, la rate les nettoie toutes ; elles sont absorbées par les trous qui parsèment la texture de ce viscère, qui est creuse et exsangue. Par suite, lorsqu’elle se remplit des impuretés qu’elle enlève, son volume augmente, la rate devient grosse et malsaine. Et, à rebours, quand le corps est purgé, elle rapetisse et revient à son volume primitif » (Platon, Timée, traduction de Luc Brisson, 2001, 72c-d, p. 187).

Hildegarde savait tout cela. Dans son traité de médecine, elle évoque au sujet de l’Adam un lien entre la rate et les rires qu’il émet depuis la transgression du précepte divin dans le jardin d’Éden, les deco_medievale_enluminures_sainte_hildegarde_ricanements discordants remplaçant désormais la faculté harmonique innée qui lui permettait, avant sa déchéance, de chanter avec les anges :

« Adam, avant la faute, connaissait le chant des anges et toute sorte de musique, et il avait une voix harmonieuse, comme celle d’un monocorde. À cause de sa faute, causée par la tromperie du serpent, s’est introduit dans sa moelle et sa cuisse une sorte de vent qui se trouve maintenant en tout homme. Sous l’effet de ce vent, la rate de l’homme se dilate, et, dans une manifestation de joie inepte, des ricanements et des éclats de rire en jaillissent » (Hildegarde de Bingen, Pierre Monat, Les causes et les remèdes, Grenoble, Jérôme Millon, 1997, La prudence d’Adam, p. 179).

Notre botaniste, comme tout médiéval, n’ignorait pas non plus le quadruple adage du compilateur Isidore de Séville (560 ?-636), qui dans ses Étymologies affirmait que « c’est avec la rate que nous rions, avec la bile (ou la vésicule biliaire) que nous nous mettons en colère, avec le cœur que nous comprenons et avec le foie que nous aimons » (Étymologies livre XI, i, 127). Au XVIe, le médecin de la Renaissance Laurent Joubert (1529-1582) repartira de ce savoir dans son traité sur le rire à propos des tempéraments mélancoliques :

« Or il etoit bien seant à l’homme, de s’ajouyr & rire : et pource il ha eu la rate fort convoiteuse et rapineuse de cette lie […] Car ayant grand force d’attirer l’humeur melancholique [qui provient de la bile noire], qui d’alheurs et copieus en l’homme, elle ne peut fahlir d’etre bien noire. Donqs tandis que celà se pratique bien, l’homme et plus joyeus : mais si la rate n’attire autant de melancholie […] ou à cause de sa foiblesse […] le sang demeure noir (comme aussi sera la rate) & l’esprit en devient triste. Il echait quelquefois, que à cause des opilacions, la lie qui et attiree & anclose dans la rate, ne se peut libremant vuider. Dontil s’y fait une tumeur dure ; que nous appelons Schyrrhe, menassant d’hydropisie […] Mais que dirons-nous au poëte Quint Serain, qui attribuë à la rate grosse et anflee, la cause de certain Ris ? […] Ha-il point voulu sinifier la manie ou folie, qui procede souvant de la rate mal disposee ? dont grand humeur melancholique monte au cerveau ? Mais celà ne seroit pas le Ris Sardonien […] » (Laurent Joubert, Traité du ris (facsimilé), Paris, Nicolas Chesneau, 1579, Maxtor, novembre 2014, « pourquoy dit-on que la rate fait rire ? », p. 286-288).

deco_medievale_enluminures_sainte_hildegarde_L’auteur, partant de la même source qu’Hildegarde, distingue cependant le rire mortel, le fameux rire sardonique que provoque la plante de Sardaigne, du rire maniaque causé par une rate mal disposée, symptôme très proche de ce dont nous avait parlé Hildegarde. Ce texte ajoute à la vision platonicienne le fait que la rate, lorsqu’elle est en bonne santé, aspire à elle l’humeur noire, ladite mélancolie, qui, telle une lie, encrasse le sang au point de le noircir, assombrissant en conséquence le tempérament tout entier de l’homme. Elle est donc l’organe qui assure bonne humeur, joie et gaité en clarifiant le sang du voile de la bile noire. Sans son aide, l’homme sombrerait assurément dans la mélancolie… C’est d’ailleurs de cette science de la rate que vient le terme « désopilant », tiré de l’expression médicale « désopiler la rate », signifiant littéralement « dégorger la rate » pour mieux libérer le corps de l’humeur noire (Grand dictionnaire étymologique et historique du français, Larousse, 2005, à « désopiler »). On comprend mieux ainsi que l’homme, pour pouvoir rire sainement, doit avoir une rate désobstruée. Mais s’il advient que celle-ci ne soit plus en mesure d’éliminer la bile, alors ce dernier ne sera plus enclin à se réjouir et encore moins à rire…

Le vent du péché envahit aussi la rate

Pour en revenir à notre abbesse, qui ne manque jamais de ressort, on peut constater, après ce petit périple autour de la rate, qu’elle va beaucoup plus loin que ses propres sources, en ancrant cette connaissance médicale dans l’épisode du dialogue de la Genèse entre Ève et le serpent, comme nous l’avons vu plus haut. Notre médecin médiéval va de surcroît rentrer dans une minutieuse description sur la manière dont le souffle maléfique du serpent parcourt désormais le corps de l’Adam :

« […] Et lorsque l’homme se réjouit des bonnes choses, ou des mauvaises qui lui plaisent, le souffle dont j’ai parlé, sortant de sa moelle, touche d’abord sa cuisse, occupe sa rate, emplit les veines de sa rate, s’étend jusqu’au cœur, emplit le foie, et ainsi pousse l’homme à rire et fait sortir sa voix sous la forme d’un ricanement semblable aux cris des animaux. »

Elle ajoutera même, au sujet de la rate et de sa relation avec le rire :

« L’homme qui, sous l’effet de ses pensées, est emporté ici et là, facilement, comme le vent, a une rate un peu épaisse, et, pour cette raison, il est facilement dans la joie et rit facilement. Et, de même que la tristesse et la colère affaiblissent l’homme et le dessèchent, de même un rire sans mesure blesse la rate, fatigue l’estomac, et, par le mouvement qu’il crée, disperse les humeurs de façon anormale, dans toutes les directions. » (Hildegarde de Bingen, Pierre Monat, Les causes et les remèdes, Grenoble, Jérôme Millon, 1997, la joie et le rire, p. 180).

deco_medievale_enluminures_sainte_hildegarde_Le souffle pervers qui s’est introduit dans Ève durant son entretien avec l’homme-serpent aurait pris racine dans la moelle de l’Adam, s’immisçant dans les organes du corps humain, dès que l’homme tente de se réjouir. Il va alors infester la rate, le cœur et le foie. Le malheureux Adam, pour s’en libérer, n’aurait alors d’autre choix que de ricaner à l’instar d’un animal qui crierait! Mais ensuite, on découvre que le rire peut à son tour blesser la rate.

On ne sait plus alors vraiment si c’est la poule qui fait l’œuf, à savoir si c’est la rate tuméfiée qui provoquerait un rire incohérent, ou si c’est plutôt l’œuf qui fait la poule, autrement dit si c’est le rire lui-même qui endommagerait la rate causant alors des ricanements ineptes ? Mais pour comprendre Hildegarde, mieux vaut ne pas trop se cramponner à une logique cartésienne, ce qui serait anachronique, mais plutôt prendre une hauteur de vue qui permette de dégager des axes de réflexion plus élargis.

L’idée en effet que le rire puisse être à la fois le symptôme d’un désordre organique de l’Adam, et en particulier de sa rate, ne s’oppose guère pour notre visionnaire au fait qu’il puisse également être la cause de la souffrance de la rate, puisque un rire démesuré peut avoir un effet pervers qui altère la qualité des organes, en dispersant leur énergie, jusqu’à les blesser.

Le rire, s’il est le signe d’une bonne santé de la rate lorsqu’il est modéré, peut donc indiquer dans la médecine ancienne un disfonctionnement de l’organe lorsqu’il devient incontrôlé et, par retour, blesser celle que l’on désignait communément comme étant le siège du rire.

conference_sainte_hildegarde_de_bingen_chant_moyen-age_central_chretien_XIIe_siecleCe sont de telles dimensions de connaissance, où création, âme et corps sont observés dans leurs interactions, qui m’ont poussé à mettre en scène avec l’ensemble médiéval Vox in Rama et la comédienne Marie-Laure Saint-Bonnet le Mystère Vox Sanguinis sur la vie et les visions d’Hildegarde de Bingen.

Les textes que je viens de citer dans cet article font notamment l’objet de l’une des dernières scènes du spectacle consacrée à « la voix du premier Adam », afin de redonner aux textes de notre auteure toute leur puissance et d’en partager la saveur avec le public. Cette formidable réflexion de la visionnaire a provoqué chez moi un tel engouement que je lui consacre depuis plus d’un an une conférence sur sa conception de la voix et du chant en lien avec le rire, que je referai encore trois fois entre les mois de novembre et de décembre 2017 sur Paris.

Je suis heureux de pouvoir à nouveau représenter ce mystère sur Paris, qui d’ailleurs a connu un franc succès au mois de mai, les vendredi 17 et samedi 18 novembre 2017 à 20h à l’église évangélique Saint-Marcel (Paris 5e) et le dimanche 19 novembre 2017 à 15h30 à la basilique de Longpont-sur-Orge (91) avec une conférence introductive à 14h. Avant les spectacles des 17 et 18 novembre sera proposé au public sur réservation un atelier de chant entre 18h et 19h sur « le rire au moyen âge », en repartant des textes anciens sur le rire.

Lundi 6 novembre 2017 à 20h, j’introduirai les textes du spectacle ainsi que des chants d’Hildegarde de Bingen dans une conférence qui se déroulera à l’Espace le Moulin, Paris 5e.

Frédéric Rantières.
Directeur Artistique de Vox in Rama


Comme indiqué plus haut, pour tout renseignement ou réservation sur les réalisations et le travail de Frédéric Rantières, n’hésitez pas à consulter son site web officiel.