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Poésies courtes : trois dizains amoureux de Melin de Saint-Gelais

Sujet :  poésies courtes,  poésie de cour, dizain, moyen français, courtoisie, poésie amoureuse.
Période :   XVIe siècle, Renaissance, hiver du Moyen Âge
Auteur  :  Mellin Sainct-Gelays ou Melin de Saint- Gelais (1491-1558)
Ouvrage  :  Oeuvres Poétiques de Melin de S. Gelays, Tome 1 et 3, Prosper Blanchemain, Editeur Paul Daffis, (1873).

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous embarquons pour l’hiver du Moyen Âge et plus précisément pour le XVIe siècle. Nous sommes à la cour de France et Melin de Saint-Gelais y brille par ses poésies courtes et incisives, son art oratoire et son don pour le luth.

Sous François 1er puis sous Henri II, cet émule et ami de Clément Marot (Blanchemain T1 op cité) a su se mettre sous les bons auspices des souverains. Il compte même, en terme de statut, comme un des poètes majeurs de ces deux cours. Nous le retrouvons, aujourd’hui, pour trois dizains amoureux qui nous permettront d’apprécier une nouvelle fois son style enlevé et son sens de la chute. Avant cela, disons quelques mots de la poésie au XVIe siècle et de la biographie de Melin.

La poésie, une affaire sérieuse ?

La poésie est-elle une affaire sérieuse ? Au Moyen Âge, elle est partout et tous les thèmes s’y prêtent. Elle peut véhiculer l’humour sur des sujets variés, sociaux ou satiriques comme dans les fabliaux. Elle peut, bien sûr et elle est, l’objet d’un exercice de style. Pourtant, sous ses formes les plus variées y compris les plus émotionnelles, elle reste un sujet majeur (voir l’importance de la poésie au Moyen Âge, Régine Pernoud).

Au XVIe siècle, une certaine poésie de cour semble s’être faite plus légère et triviale. Loin des pompes des poètes qu’on rassemblera bientôt sous la Pléiade, ses auteurs entendent se divertir et faire rire. A la recherche constante du trait d’esprit, ils peaufinent une certaine sophistication autour de la légèreté 1. C’est aussi le temps des « Fleurs de poésies« , ces recueils de poésies courtes à butiner et à consommer pour le plaisir et dans lesquelles les auteurs ne sont souvent pas cités.

Dans la veine de ce courant, des Marot ou des De Saint-Gelais, tous deux héritiers de grands rhétoriqueurs, se distinguent par cette poésie « mondaine » qui tuerait presque pour un bon mot, dusse-t-elle en appeler à la grivoiserie ou même au graveleux parfois 2. Face à eux (et peut-être même contre), montent les ambitions d’une nouvelle génération d’auteurs qui veulent refaire de la poésie un art ultime, sous l’égide des classiques. Les deux tendances connaîtront des frictions, les nouveaux auteurs cherchant leur place et leur légitimité, les anciens défendant la leur.

Il s’agit, bien sûr, de grandes tendances et c’est un avis très personnel que je ne prétends pas ici développer mais, dans les deux cas, on pourrait discerner un jeu sur les formes et une dissociation qui ne sont déjà plus médiévales. Quoiqu’il en soit, les deux écoles s’opposent sur le fond et la destination de l’objet poétique. Ce cadre étant posé, revenons à Melin Saint-Gelais.

Saint-Gelais, favori et conseiller des rois

« Aucune fête n’étoit réussie s’il (Melin) n’en avoit réglé les mascarades, écrit les vers, composé la musique »

Oeuvres Poétiques de Melin de S. Gelays, T 1, P Blanchemain.

En dehors de son statut de favori et conseiller du roi, Melin de Saint-Gelais est à la fois ecclésiastique et abbé. Il sera aussi aumônier et bibliothécaire de François 1er et occupera des charges religieuses auprès de différentes abbayes. A la cour, il organise aussi des divertissements. Pour autant, la poésie n’est pas son seul talent. Il semble même y être venu à la faveur des circonstances.

Eléments de biographie

Fils de Octavien de Saint-Gelais ( évêque d’Angoulême, traducteur et poète de l’école de rhétoriqueurs), Melin a reçu une solide éducation. Musicien, chanteur, poète à ses heures, il est aussi versé dans les sciences, les mathématiques, la philosophie, l’astronomie et la théologie.

Point de trace de pédanterie chez lui, pourtant, pas d’avantage que de lourdeur académique ni même de grandes ambitions d’auteur. S’il glisse quelquefois des références théologiques ou philosophiques dans ses poésies, De Saint-Gelais est adepte d’une poésie galante, toujours à la recherche du bon mot à l’attention des courtisans, des courtisanes et des têtes couronnées. A la lecture de nombre de ses pièces, on imagine bien à quel point ses interventions ont dû ravir ses auditoires 3. Du reste, sa longévité aux différentes cours l’atteste, notre poète sait séduire son public.

Homme de « scène » autant que de lettres, Melin de Saint-Gelais versifie, chante et joue du luth. Quatrains, sixains, huitains, dizains, épigrammes, … Les poésies courtes et efficaces deviennent sa marque de fabrique. A l’image d’un Marot, il en use aussi abondamment auprès des dames. S’il a ramené de ses études en Italie, le sonnet (d’aucuns attribuent cette paternité à Marot) et un goût pour les vers Pétrarque, Melin reste adepte d’une poésie mondaine qui s’épanouit pleinement dans l’exercice de la séduction et du divertissement.

"Amour aveugle aveugle tout le monde", un dizain amoureux de Melin avec portrait de l'auteur

Pas de postérité pour le favori des cours

Peut-être est-ce tout cela qui explique que De Saint- Gelais n’ait pas pris, lui-même, sa poésie suffisamment au sérieux pour vouloir y mettre un peu d’ordre et en organiser la publication de son vivant. Certains biographes mentionnent qu’il ne le fit pas de crainte de ne pouvoir réutiliser ses plus belles pièces auprès des dames. Sans doute est-ce un peu exagéré mais, en tout cas, au cœur de l’ère Gutenberg, il n’a pas souhaité formaliser ses œuvres poétiques.

Son legs sera donc mis en ordre post mortem et non sans difficultés. En plus de quelques 600 poésies réunies par certains biographes (donc Bernard La Monnoye au début du XVIIIe s et Blanchemain dans le courant du XIXe siècme) Melin laissera quelques traductions ainsi qu’un opuscule d’Astrologie.

Légèreté, esprit, quelquefois même gaillardise et gauloiserie, dans ses poésies courtes, Melin n’a de cesse que d’exercer son sens de la chute. La parenté de plume d’avec Clément Marot est indéniable. Même si l’œuvre de ce dernier a, par endroits, plus de consistance thématique ( ou même encore d’esprit) ce qui a d’ailleurs assuré au poète de Cahors une postérité dont De Saint-Gelais s’est trouvé privé. C’est un peu injuste car certaines pièces sont d’excellente facture. Retour du sort peut-être ? Melin s’est-il à ce point complu dans son rôle de favori au risque de s’y trouver réduit et d’épuiser tout son talent dans la galanterie ?

Melin De Saint-Gelais contre la Pléiade

Plus que son œuvre, l’histoire a justement retenu de Melin de Saint-Gelais de s’être dressé contre les adeptes du renouveau poétique, à l’ombre des classiques. Au XVIe siècle, Dante était de longtemps passé par là et la Pléiade s’employait déjà à enterrer le Moyen Âge et ses poètes.

Entre tradition et modernité, il en restait pourtant quelques-uns à la cour pour jouer de la plume, sans renier totalement l’héritage médiéval. Marot comme de Saint-Gelais étaient de cette école. Marot aime Villon et cède aux archaïsmes même si, pour ne prendre que cet exemple, leurs envolées courtoises semblent plus souvent guidées par la recherche du bon mot, que par l’émotion véritable. Le loyal amant en souffrance des temps médiévaux n’est plus qu’une lointaine remembrance. Avec Marot et de Saint-Gelais, l’heure est un peu aux poètes séducteurs collectionneurs.

Poésies courtes : "Fortune montre assez de cruauté", un dizain amoureux de Melin avec portrait de l'auteur

Querelle contre Ronsard et Du Bellay

Pour revenir à ses frictions d’avec les nouveaux auteurs, bien installé à la cour, de Saint-Gelais se fit épingler par Du Bellay qui le qualifia, sans le nommer, de « poète courtisan ». Peu après, Melin se moqua ouvertement de Ronsard devant la cour d’Henri II. Lors d’une lecture à voix haute, il fit une sélection choisie des textes du chef de file de la Pléiade, en appuyant exagérément sur sa pédanterie et sa fatuité.

L’exercice ravit le roi, mais choqua la sœur de ce dernier, Marguerite de Valois, qui ne goûta pas cet humour. Piquée, elle entreprit de poursuivre elle-même la lecture pour rendre justice à Ronsard. Ce dernier absent fut bien vite mis au fait de l’incident. Il riposta à grands traits de plume et la querelle dura plusieurs années, de 1550 à 1553 4. L’affaire se retourna donc contre Melin désormais entré dans l’âge mur et dont la réputation fut écornée.

Contrairement à Marot à qui les aventures politiques et religieuses coûtèrent l’exil, l’incident de la lecture n’eut pas de conséquences fâcheuses pour de Saint-Gelais. Il sut même rester dans les bonnes grâces d’Henri II jusqu’à son trépas. Il mourut alité et, dit-on, peu de temps après avoir entonné une dernière chanson, le luth à la main (Blanchemain op cité).

A noter que Melin resta fidèle à Marot et le soutint à travers ses déboires et son infortune. Il fut donc un bon et loyal camarade et cela ajoute à son épaisseur comme à son crédit.

Trois Dizains amoureux et poésies courtes
de Melin en moyen français


Au programme du jour donc, trois poésies courtes et trois dizains courtois, issus des œuvres poétiques de Melin de Saint-Gelais. Le moyen français n’y pose guère de difficultés. Nous vous les livrons donc à l’état brut.

De qui plus tost me devrois-je complaindre,
D’amour, de Vous, de Moy-mesme ou du Temps ?
Amour me veult à le servir contraindre;
Vous refusez ce qu’à bon droict j’attends.
Je vy d’espoir et nul bien ne pretends,
Et par le Temps constraint suis m’absenter.
Ainsy j’ai cause assez de lamenter,
Mais plus de Vous ; car vous estes à mesme
De me pouvoir promptement contenter
D’Amour, de Vous, du Temps et de Moy-mesme.


Amour aveugle aveugle tout le monde
Et moins souvent espargne le plus saige.
Oncques le sens, le sçavoir ou faconde
Ne peult couvrir ce qu’on voyt au visaige.
Or je cognois qu’il vous guette au passaige
Le traistre Enfant qui m’a tant abusé!
Fuyez-vous-en, car il est trop rusé
Et n’en croyez Petrarque ny Ovide ;
Mais advisez s’il doit estre excusé
Celuy qui prend un aveugle pour guide.


Fortune monstre assez sa cruaulté
En m’esloignant du lieu ou gist mon cueur ;
Amour me rend serf de vive beaulté
Et n’adoulcist vostre extresme rigueur ;
Le Ciel n’a point pitié de ma laugueur ;
Nature aussy ne m’a pas figuré
Pour estre à vous en grace mesuré.
La Mort souhaite
5 et Mort de moy n’a cure ;
Contre moy donc ensemble ont conjuré
Fortune, Amour, le Ciel, Mort et Nature.

En espérant que vous ayez apprécié ces poésies courtes et courtoises de Monsieur de Saint-Gelais, nous vous souhaitons une belle journée.

Encore merci de votre lecture.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge  sous toutes ses formes.


NOTES

NB : sur l’image d’en-tête, vous retrouverez le portrait présumé de Melin de Saint-Gelais tiré de l’œuvre du peintre franco-hollandais Corneille de Lyon ou Corneille de la Haye (1510-1575). Cette toile fait partie des collections du Louvre. En arrière plan, le manuscrit est le Français 885 de la BnF. Cet ouvrage, daté du XVIe siècle, présente une partie des œuvres de Melin de Saint-Gelais. Vous pourrez le retrouver en ligne sur gallica.fr.

  1. Les concours à la cour de Charles d’Orléans préfiguraient peut-être déjà cette tendance même si les joutes poétiques médiévales les avaient précédé. Voir Blosseville à la cour de C d’Orléans. ↩︎
  2. Marot a tout de même su diversifier avec des pièces un peu moins triviales mais une partie de son œuvre reste attachée à cette poésie légère et galante. ↩︎
  3. Le film « Ridicule » de Patrice Leconte vient même à l’esprit avec, notamment, la superbe prestation de Bernard Giraudeau dans le rôle de l’abbé de Vilecourt. ↩︎
  4. D’une prétendue réconciliation de Ronsard et Saint-Gelais en 1553, Claire Sicard, Audaces et innovations poétiques, Honoré Champion (2021) ↩︎
  5. « La Mort souhaite » Il s’agit d’une inversion. Il faut lire « Je souhaite la mort ». ↩︎

Une Chanson de Mal mariée du Manuscrit de Bayeux

Sujet :  chanson, musique, médiévale, poésie médiévale,  manuscrit de Bayeux, mal mariée, humour, chanson d’amour.
Période  : Moyen Âge tardif (XVe), Renaissance.
Auteur :  anonyme.
Titre : Ne l’oserai-je dire
Interprète  :  Ensemble Obsidienne (2020).

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous repartons au Moyen Âge en musique et avec une nouvelle chanson du Manuscrit de Bayeux. Ce très beau manuscrit normand, joliment enluminé et daté des débuts de la Renaissance (XVIe siècle) contient un peu plus de cent chansons de la fin du XVe siècle.

Les pièces du Manuscrit de Bayeux sont assez variés. On y trouve des chansons d’amour et d’autres plus grivoises, politiques ou satiriques. Nous avons eu l’occasion d’en aborder déjà un certain nombre sur Moyenagepassion (voir référence en pied d’article).

Le Manuscrit de Bayeux est actuellement conservé à la BnF sous la référence Français  9346 et on peut le consulter librement sur Gallica. Vous pouvez également le retrouver avec ses notations musicales modernes et ses textes retranscrits en graphie actuelle dans l’ouvrage de Théodore Gérold : Le Manuscrit de Bayeux, texte et musique d’un recueil de chansons du XVe siècle, aux Editions Librairie Istra (1921).

Une chanson de mal mariée

Le Manuscrit de Bayeux, "Ne l'oserais-je dire" chanson et partition, chanson des XVe, XVIe siècles

Loin de l’amour courtois, la chanson du jour est une pièce qu’on rattache généralement aux chansons de mal mariée. Comme leur nom l’indique, ces compositions ont pour thème les mariages arrangés mais qui ne conviennent guère aux intéressées (voir également cette chanson de Moniot de Paris).

Sous des airs retenus, une belle se plaindra ici du peu d’ardeur de son partenaire, considérant même d’en changer pour un plus adapté à ses désirs. Sous le drame apparent de l’union arrangée, difficile de ne pas lire entre les lignes de cette pièce un humour dont le Manuscrit de Bayeux ne tarit pas, par ailleurs.

D’un point de vue musical, la pièce est une branle coupé. On peut retrouver cette danse « récréative » et joyeuse de la fin du Moyen Âge décrite dans l’Orchésographie de Thoinot Arbeau.

Une interprétation en duo de l’Ensemble Obsidienne

Pour découvrir cette chanson du Manuscrit de Bayeux en musique, nous vous proposons une version de l’Ensemble Obsidienne. On retrouve ici Hélène Moreau et Emmanuel Bonnardot en duo, formation plutôt inhabituelle pour cet ensemble de musiques anciennes.

Un mot de l’ensemble Obsidienne

Sous la direction d’Emmanuel Bonnardot, l’ensemble Obsidienne officie depuis 1993 sur un répertoire marqué par les musiques médiévales à renaissantes. Au sortir d’une longue carrière, la discographie de cette formation est ample et de qualité : Guillaume de Machaut, Guillaume Dufay, Josquin Desprez, les Cantigas de Santa Maria, Carmina Burana, etc… Ce sont plus de 20 albums en tout autour des musiques profanes ou sacrées du Moyen Âge.

Largement reconnu sur la scène médiévale, l’ensemble Obsidienne s’est vu gratifier de nombreux prix pour son travail de restitution et d’interprétation. On lui doit encore quelques escapades hors de sa période historique de prédilection. Ainsi, la formation s’ouvre aussi sur le thème « de la chanson du Moyen Age à nos jours ». Dans sa discographie, on trouvera également des contes musicaux et des albums à destination de la jeunesse. Pour les suivre de près, nous vous invitons à consulter leur site web officiel sur obsidienne.fr.

Album : Chansons traditionnelles de France, Manuscrit de Bayeux

L'album, Chansons traditionnelles de France, Manuscrit de Bayeux de l'Ensemble Obsidienne

L’Ensemble Obsidienne a particulièrement bien mis en valeur les chansons du Manuscrit de Bayeux dans cet album sorti en 2021. Vous y retrouverez 24 titres dont une bonne partie est extraite de l’ouvrage renaissant. Cet album qui privilégie une approche polyphonique a fait l’objet d’une collaboration entre l’Ensemble Obsidienne et l’Ensemble Vocal Ligérianes dirigé par Jean-Charles Dunand.

Si vous souhaitez vous la procurer, cette production devrait être toujours à la vente chez votre disquaire habituel. A défaut, vous pourrez également la trouver à la vente en ligne (voir lien ). Hors du format CD, et pour les fans de musique dématérialisée, on trouve également cet album au format MP3 sur certaines plateformes de streaming légales.


Ne l’oserai-je dire si j’aime par amour

Ne l’oserai-je dire si j’aime par amour
Ne l’oserai-je dire.
Mon père m’y maria,
Un petit devant le jour;
A un vilain m’y donna
Qui ne sait bien ni honnour.
Ne l’oserai-je dire.

Ne l’oserai-je dire si j’aime par amour
Ne l’oserai-je dire.
La première nuitée
Que je fus couchée o lui,
Guère ne m’a prisée,
Au lit s’est endormi.
Ne l’oserai-je dire.

Ne l’oserai-je dire si j’aime par amour
Ne l’oserai-je dire.
Je suis délibérée
De faire un autre ami,
De qui serai aimée
Mieux que ne suis de lui !
Ne l’oserai-je dire.


Découvrir d’autres chansons du manuscrit de Bayeux :
Hélàs, mon coeurUng espervier venant du vert boucaigeTriste plaisir et douloureuse joie Par droit, je puis bien complaindre et gemirLe Roi anglaisHellas Ollivier BasselinLa belle se sied au pied de la tourbon jour, bon mois.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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Joyeux Noël et joyeuses fêtes 2023

Bonjour à tous,

l’approche de Noël, nous tenions à vous souhaiter d’heureuses fêtes de fin d’année, si vous les célébrez. Nos pensées particulières vont à ceux qui seront d’astreinte et les passeront au service mais aussi à tous ceux qui les passeront dans la solitude et le besoin.

Pour cette carte 2023, nous avons choisi une œuvre du XVe siècle italien. Plus renaissante que médiévale, il s’agit d’une représentation de la nativité du peintre Fra Filippo Lippi (1406-1469). Cette peinture tardive de l’artiste florentin du quattrocento a pour titre « adorazione del bambino » : adoration de l’enfant. Elle est actuellement conservée au Musée du Palazzo Pretorio à Prato en Italie.

Un joyeux Noël et de belles fêtes fin d’année 2023 à vous tous.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
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Au XVIe siècle, un joli huitain amoureux de Saint-Gelais

Sujet :  poésies courtes,  poésie de cour, huitain, moyen français, courtoisie, poésie amoureuse.
Période :   XVIe, renaissance, hiver du Moyen Âge
Auteur  :  Mellin Sainct-Gelays ou Melin de Saint- Gelais (1491-1558)
Ouvrage  :  Œuvres complètes de Melin de Sainct-Gelays  par Proper Blanchemain, T2 (1873)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous revenons à un peu de poésie légère, empreinte de courtoisie. Nous sommes à l’hiver du Moyen Âge, en compagnie du poète Melin de Saint-Gelais qui fut un des favoris de François 1er et qui occupa diverses fonctions à la cour de ce dernier, ainsi qu’à celle d’Henri II.

A l’image de Clément Marot dont il est contemporain, Melin de Saint-Gelais a particulièrement brillé dans les poésies courtes où son sens de la chute et son esprit pouvaient s’exprimer à plein. Chansons, humour et grivoiseries, voire même gauloiseries, ont également fait partie de son arsenal. Comme Marot, il s’est, lui aussi, frotté aux humeurs de certains auteurs de la Pléiade dont Du Bellay et en a fait, quelque peu, les frais.

Si l’œuvre Melin reste prolifique — à la fin du XIXe siècle , Proper Blanchemain l’a recompilée sur trois tomes qu’on trouve encore édités — elle ne se hisse sans doute pas à la hauteur de celle d’un Marot, en matière de style comme d’ambition. De fait, l’œuvre de Saint-Gelais n’a pas connu la même postérité, loin s’en faut. Il y brille toutefois de nombreuses pépites qui valent un détour comme ce huitain amoureux que nous vous proposons de découvrir aujourd’hui.

Aux sources manuscrites et historiques

Le huitain de Mellin de Saint-Gelais dans le Français 885 de la BnF
Le huitain de Melin de Saint-Gelais dans le Français 885 de la BnF (consulter sur Gallica)

Aux sources historiques de ce huitain, nous recroisons ici le ms Français 885 de la BnF. Daté de la deuxième partie du XVIe siècle, ce manuscrit de 218 feuillets richement relié mais de peu d’intérêt du point de vue des enluminures, est entièrement dédié à l’œuvre du poète natif d’Angoulême.

Huitain : « ce que je veux et ce que je mérite… »

En matière de compréhension, la langue de Melin de Saint-Gelais ne pose pas, en principe, de difficultés particulières. Nous sommes au XVIe siècle et nous nous rapprochons à grand pas du français moderne. Nous vous laissons donc découvrir cet huitain tel quel et sans y adjoindre de clefs de vocabulaire.

Un Huitain amoureux de Melin de Saint-Gelais (XIVe siècle)

Ce que je veux et ce que je merite
Ont d’une part entre eux quelque distance.
Humble est mon rang ; ma fortune est petite ;
Mais bon esprit, bon coeur valent chevance.
Jà ne deviez éprouver ma constance,
Puis de l’espoir m’oster le réconfort.
Rendez moy donc, s’il vous plaist, l’esperance,
Ou m’enseignez à n’aimer plus si fort.


En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge  sous toutes ses formes.

NB : sur l’image d’en-tête, au premier plan, on retrouve un portrait présumé de Melin de Saint-Gelais tiré de l’œuvre du peintre franco-hollandais Corneille de la Haye, encore connu sous le nom de Corneille de Lyon (1510-1575). Cette toile fait partie des collections du Louvre.