Sujet : fêtes historiques, fêtes médiévales, compagnies médiévales, spectacles, animations médiévales, marché médiéval Période : Moyen Âge, médiévalisme Evénement : Les Remparts de l’Histoire Lieu : Dinan, Côtes-d’Armor (Bretagne) Date : du 20 au 25 juillet 2021
Bonjour à tous,
i l’année 2020 a vu s’annuler un nombre incalculable d’événements culturels, dont bien sûr aussi des festivals et fêtes médiévales au motif que l’on sait, cette tendance s’est poursuivie en 2021. Le climat psychologique a joué ; il faut beaucoup d’énergie mais aussi un minimum de foi en l’avenir pour mettre en place des événements. En l’absence de visibilité, de calendrier stratégique et de directions claires, pas facile de se mobiliser.
Gestion culturelle & fêtes médiévales 2021
Plus encore, pour des raisons évidentes de logistique tout autant que de balance économique, les organisateurs n’étaient et ne sont pas toujours en situation de se plier aux mesures sanitaires et aux « jauges » imposées par l’exécutif. Enfin, Pour donner une vision complète du tableau, on pourra encore mentionner dans ces difficultés, la possibilité de décisions intempestives de dernière minute (par l’exécutif et aux mains des préfets) susceptibles de venir annuler une fête ou un festival sur le point d’être lancé et qu’on croyait acquis.
Bref pas simple, même si cet été, certains organisateurs se donnent tout de même les moyens d’être dans les clous pour reprogrammer des fêtes autour du Moyen Âge. C’est notamment le cas de la cité médiévale bretonne de Dinan. En cette fin de mois de juillet, elle entend, en effet, célébrer son Moyen Âge avec une fête qui prendra, toutefois, une forme un peu différente. Présentée comme « intimiste », pour la distinguer de la traditionnelle fête des remparts, l’Association organisatrice a baptisé l’événement ”Les Remparts de l’Histoire”. Formule intermédiaire, il ne s’agit donc pas de l’habituelle Fête bisannuelle des remparts, annulée l’année dernière et qui devrait retrouver sa programmation normale en 2022.
Au programme de la fête médiévale de Dinan
Soucieux de respecter toutes les mesures encore en vigueur, les organisateurs précisent avoir tout mis en œuvre depuis un an pour proposer un événement qui corresponde aux exigences fixées par l’exécutif. Comme la situation semble s’être un peu éclaircie en matière de coercition, on peut se montrer doublement optimiste.
Si la voilure a été réduite au motif de mesures sanitaires, l’Association des Remparts a tout de même packagé, à son habitude, un événement plutôt attractif : compagnies médiévales, animations et spectacles, marché inspiré du Moyen Âge resteront au programme. Mais là où tout le centre ville se mobilise, de manière ouverte, à l’occasion de la Fête des remparts, pour ces Remparts de l’histoire, les lieux seront mieux circonscrits pour en maîtriser les accès et les règles : masques obligatoires, respect des distances, nombre de personnes en simultanée sous contrôle. L’Association précise que « L’accès se fera sans pass sanitaire car la jauge totale est inférieure à 1 000 personnes« (1).
Liste des compagnies médiévales répertoriées
Du point de vue des animations programmées à l’occasion de ces festivités de Dinan, elles se tiendront sur deux sites. Une vingtaine de compagnies médiévales y sont attendues. Des joutes et tournois à cheval sont aussi prévus. Quant au marché artisanal, un peu plus d’une trentaine d’exposants devraient y être présents.
Arkaval – Les Ecuyers de l’Histoire – Clair Obscur – L’effet Railleur – Créalid – Théâtre du Laid Cru – Les pies – OO-Kaï – Gueule de loups – Les coupeurs de Bourses – Rêves temporels – Trace du Geste – Battle of color – Belli Mercator – Sembadelle – Confrérie de Coëtquen – Vitalamine – Art’Themis – La Mesni du Goëlo – Sonjévéyés – La Chalémie – Julien Danielo
Si les visiteurs sont enjoints, comme d’habitude, à se costumer à la façon médiévale, tous les lieux de spectacles et animations seront, avec le marché d’inspiration médiévale (rebaptisé marché « médiévaliste ») accessible pour une somme modique. C’est mathématique, en réduisant la voilure, on peut moins compter sur le nombre pour aider au financement d’un tel événement, sans compter la logistique induite par le contexte.
Pour conclure, la fête s’adresse-t-elle seulement aux dinannais ou même aux habitants de Bretagne et des Côtes-d’Armor ? Loin s’en faut. Les 5 jours prévus devraient pouvoir permettre de contenter un grande nombre de visiteurs dans le respect des règles. Si vous prévoyez de venir de loin, la prudence recommanderait de contacter les organisateurs pour s’enquérir des places disponibles ou d’éventuelles réservations. Consulter le site officiel ici pour en savoir plus : Fête des remparts Dinan.
Fred Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
(1) Pardon pour cette disgression, mais il est difficile de s’empêcher de réprimer un frisson à se dire que ce type d’affirmations est peut-être, en passe, de se banaliser : « Pass sanitaire requis ou non à l’entrée ». Vous nous avez compris, pas du fait des organisateurs d’événement de taille, mais en raison des orientations politiques en cours. S’il est bien clair que les visiteurs n’auront pas à le faire à cette fête de Dinan, l’idée de devoir présenter, en d’autres circonstances, un document de santé à l’entrée d’un lieu privé et à un parfait étranger, donne franchement l’impression qu’on est en train de passer dans un monde orwellien. Si cela perdure, on peut même supposer qu’il faudra s’attendre à des baisses substantielles de fréquentation d’un nombre important de grands événements. On pense aux complications engendrées par ce genre de contrôle mais aussi à tout ceux qui se sentiront bafoués dans leur liberté et leur intimité, et seront réticents à étaler leur état de santé (chose jusque là totalement privée) à la vue de n’importe quel quidam, non officiel, non habilité, ni même lié par une quelconque obligation de secret médical. Au passage et pour clore cette parenthèse, on parle déjà de faux documents et de fausses attestations de tests et l’on mesure bien que ce pass sanitaire est un engrenage dans lequel l’exécutif s’engage sans du tout mesurer où tout cela pourra le mener et nous avec.
e mois dernier, le Moyen Âge est revenu en force dans l’actualité au cri de « Montjoie Saint-Denis ! À bas la Macronie!« . L’histoire a défié la chronique. Elle a même fait le tour du monde depuis, en trouvant de larges échos dans la presse internationale.
Une rencontre inattendue en pays drômois
Rappelons les faits pour ceux qui vivraient coupés des médias : lancé à plein régime, depuis quelque temps déjà, dans sa campagne présidentielle de 2022, le président français Emmanuel Macron, faisant fi de la Covid et n’écoutant que son enthousiasme, a décidé de sortir de sa bulle élyséenne pour partir à la rencontre du bon peuple. Au programme donc, grosse opération de communication sous l’œil des caméras, serrage de louches et, peut-être encore, pour la gourmandise, quelques selfies concédées aux pécores épris de réseaux sociaux, croisés sur l’itinéraire.
blason de la cité de Saint-Vallier dans la Drôme
Ainsi, rendu à Tain l’Hermitage, jolie petite cité drômoise du bord du Rhône aux collines parsemées de belles vignes, le champion toute catégorie de la communication de haute voltige et du « en même temps », a croisé, contre toute attente, un destin plutôt inattendu. Sûr d’être en terrain conquis, le président français 3.0 s’est, en effet, approché d’un pas léger d’une petite foule de gaulois qu’il croyait acquise, sans se douter qu’une drôle de réalité allait bientôt lui tomber dessus de manière inattendue. C’est en la personne d’un villageois de 28 ans que l’affaire survint : Damien T, natif de Saint-Vallier, une petite ville à 13 km de là.
L’affaire est d’autant plus incroyable que nous sommes, nous-même, natif du coin et quand je dis nous c’est surtout moi puisque c’est un nous de politesse. Je sais, c’est peut-être un détail pour vous, mais comme aurait pu ajouter France Gall : « pour moi ça veut dire beaucoup ». Le village dauphinois et drômois de Saint-Vallier, anciennement baptisé Saint-Vallier-sur-Rhône, compte, en effet, un peu moins de 4000 habitants pour vous dire à quel point la coïncidence est frappante (si l’on me passe l’expression). Etant nous-même amateur de monde médiéval et ne rechignant pas, de temps en temps, à suivre quelques vidéos de béhourd, l’inquiétude pourrait nous effleurer pour peu. Pourrions-nous être sujet à une sorte de contagion et surtout de quelle nature ? Après avoir donné naissance à des brigands de grand chemin comme Mandrin, le Dauphiné, ou même la Drôme des collines seraient-ils susceptibles d’engendrer de nouvelles sortes de révolutionnaires anti-macroniens ?
Damien T, villageois natif de Saint-Vallier
Passionné d’histoire médiévale et de béhourd, le jeune homme a été décrit par ses amis comme un gilet jaune, mais aussi comme quelqu’un « de sans histoire », ce qu’attesterait plutôt, son casier judiciaire. Pris dans les mailles de la ruralité, il anime quelques associations, en rêvant sans doute d’ailleurs un peu plus bleu. Prenons toutefois des précautions. Le villageois a, en effet, aussi été décrit, par certains médias officiels (d’immense tenue comme toujours) comme « une nouvelle forme de terrorisme » à lui tout seul. Selon eux, il serait, en somme, une sorte d’hybride entre Adolf Hitler, Bruce Lee, un égorgeur extrémiste tchétchène et encore un fils caché de Papacito, auteur, polémiste et youtubeur occitan passionné de monde médiéval et de Béhourd, lui aussi (décidemment).
Bref, pour certains journalistes appartenant aux sphères les plus proches des milieux autorisés (chers à feu Coluche), le jeune drômois ne serait qu’une tête de l’hydre, la ligne de front de tout un climat de violence sociale généralisée, et plus encore, le symbole d’une fronde extrémiste rampante contre l’autorité. Pour tous ces journalistes (que je décrirais comme atteints de certaines formes d’hystérie collective si j’osais me prononcer) notre villageois serait donc le point culminant d’une sorte de mal diffus. En gros, vous avez compris, « La peste brune serait en marche ». Au passage, vous noterez la vitesse effrayante à laquelle ses moindres affinités sur les réseaux ont été jetées en pâture au public, de manière sélective, par cette presse lapidaire et expéditive. Damien, as-tu liké notre chaîne youtube ou notre compte twitter ? Pour un peu, j’aurais peur…
Définition : « Montjoie Saint-Denis ! »
Tout cela étant dit, l’actualité file à toute vitesse et nombreux sont ceux qui ont déjà oublié l’incident. Il s’est déroulé à peine quelques semaines en arrière, mais, au vu de notre intérêt pour la langue d’oïl et le vieux-Français, nous nous devions au moins d’éclairer la définition de cette expression héritée du Moyen Âge et sortie au moment fatidique : « Montjoie Saint-Denis ! ». En l’occurrence elle a été suivi de « À bas la Macronie ! » mais ça tout le monde comprend. C’est du français moderne.
Le Petit dictionnaire de l’ancien français
Dans le Petit dictionnaire de l’ancien français de Hilaire de Van Daele, on trouve :
Montjoie : sf : comble, sommet, perfection. Comme cri de guerre de Charlemagne et de ses chevaliers (plus tard Montjoie Saint-Denis !), ce mot semble une corruption de Montjoux litt. « Mont de Jupiter » (montem Jovis), très répandu en diverses localités qui s’applique toujours à une hauteur naturellement placée sous la protection du plus « élevé » des Dieux. Montjoie serait donc à l’origine une invitation à invoquer le maître des dieux, dans laquelle plus tard l’élément joux n’étant plus compris aurait fait place à « joie », mot qui excite l’Enthousiasme.
Glossaire de la langue Romane
Dans le Glossaire de la langue Romane de J.B.B. Roquefort (1813), on retrouve cette idée d’élévation et de cri de guerre.
Monjoie, monjoye, montjoie : cri de guerre des Rois de France, nom du Roi d’Armes de France ; petite montagne, colline, élévation, monceau de pierre. Voyez Mont-joe. Il ajoute encore cette définition : Monjoie : Conciliateur, entremetteur de la paix selon D Carpentier.
Les définitions du Trévoux
Plus complet, le Trévoux (Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement appelé dictionnaire de trévoux.T6 – 1771) vient ajouter de nombreux éléments permettant d’éclairer cette notion. Concernant le sens de Mont-Joie admis par les autres dictionnaires, on rejoint cette idée d’élévation artificielle, de tertre qui pourrait aussi symboliser la tombe antique des chefs de guerre. Ainsi, on aurait même désigné, par la suite, de Mont-joie Saint Denis, le tombeau même du Saint.
On y apprend encore que Mont-Joie est aussi « un vieux mot qui signifiait, autrefois, enseigne des chemins et particulièrement de ceux qui menoient aux lieux saints. Mons Gaudii via index. Ainsi, il y en avait un près de Saint Pierre de Rome, qu’on appeloit Mons Gaudii parce que les pélerins se réjouissoient se voyant près du lieu où il voulait aller. Orto Frisingensis appelle Mont-Joie le Vatican. Les croix qui sont sur le chemin de Paris à Saint-Denis, sont appelés Mon-joie-Saint-Denis. »
Quant aux hypothèses plus particulièrement liées à la définition « Mont-joie-Saint-denis », le Trévoux nous confirme quec’est aussi « l’ancien cri de guerre des rois de France, ès Behours & Batailles livrées aux ennemis dès que le Roi Clovis eut embrassé le Christianisme ». Certains y voient un dérivé de « moult joie » et le dictionnaire y compile encore des hypothèses en provenance d’autres auteurs du passé : bataille de Clovis s’étant terminé sur une montagne où se tenait une tour du nom de Mont-joie ou encore, invocation faite par Clovis, avant sa conversion au christianisme, face au danger de Saint-Denis sous le nom de Jupiter : « Saint Denis, mon Jove« . Pour conclure que le plus probable était simplement que c’était « un cri de guerre et de ralliement, qu’on faisait sous la bannière ou l’oriflamme de Saint-Denis, que les Rois portaient alors à l’armée, & qui en conduisait la marche. Dans le ralliement on se rangeait autour de cette bannière. Les Ducs de Bourgogne criaient Mont-Joie-Saint-André, parce qu’ils avaient la croix de Saint-André dans leurs drapeaux. les Ducs de Bourbon Mont-Joie-Notre-Dame et les rois d’Angleterre Mont-Joie-Notre-Dame-Saint-George. »
Pour faire une synthèse, « Montjoie Saint-Denis ! » symbolise à la fois l’élan, le ralliement, et un appel à la foi et au courage avant la bataille. Voilà pour le petit tour d’horizon et quelques définitions sur ce cri d’origine médiévale plein d’allant propulsé sur le devant de l’actualité. Impossible d’ailleurs de le mentionner, sans se souvenir qu’on avait pu l’entendre à de nombreuses reprises à l’occasion du film Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré, comédie du début des années 93, devenue quasiment culte grâce aux inoubliables prestations de Jean Réno (aka le comte Godefroy de Montmirail) et Christian Clavier (Jacquouille la Fripouille).
Quelques réflexions inspirées du contexte
Pour reprendre un peu l’affaire donc : au cœur de la Drôme des collines, celui que la presse nous avait vendu comme le double sur terre de Jupiter (mon Jove) a reçu un soufflet (un joée en vieux français), sur la joue (joé c’est en général là que ça se donne). Dans la foulée, la victime a minimisé le geste, en le déclarant isolé (ce n’était après tout que le début de sa tournée électorale anticipée), mais il a aussi parlé, un peu plus tard, « d’ultra violence ». Ne reculant devant rien, le champion toute catégorie des médias (qui ont, de concert, œuvré à le propulser au pouvoir) a tenté de récupérer l’incident pour se poser, en de grandes envolées, comme LE défenseur des libertés républicaines contre qui ? Bin contre « l’extrême-droite » bien sûr, qui d’autre ? « Une tentative de gifle ne fera pas reculer la République. » (sic) No pasarem (eux non plus).
Communication politicienne quand tu nous tiens… Il faut dire qu’il n’a guère eu le choix. Si elle n’est pas dénuée de violence, la gifle s’exerce sur un terrain puissant au niveau symbolique. D’une certaine façon, elle rend l’affaire presque pire pour l’image du président. Un coup direct eut été bien plus clair que se faire souffleter. On aurait pu alors vraiment parler d’attentat, de terrorisme, etc… Là, les médias ont bien essayé un peu mais soyons honnête, on sent que ça ne prend pas sur tout le monde, loin de là. Une tarte à la crème ? Il aurait pu se réfugier derrière l’humour et montrer qu’il n’en manquait pas mais là… La gifle est bien plus humiliante. Elle est vexante, infantilisante, bref, bien plus encombrante. Au delà, dans l’intention de celui qui la donne, elle peut encore avoir pour fonction de faire atterrir brutalement celui qui la prend dans la réalité. Douche froide. Je te rabaisse et je te rappelle l’existence du réel. Là encore, la symbolique est gênante pour celui que ses détracteurs ont si souvent décrit un peu comme un monarque dans sa tour d’ivoire. D’ailleurs, la désignation de « Macronie » vient également de là. Utilisée elle aussi à grands renforts par l’opposition et au delà, elle moque une sorte de petite monarchie qui n’est plus tout à fait ni une république, ni une démocratie, et qui n’a plus rien de la France. Au bénéfice du doute et dans les cinquante dernière années écoulées, je n’ai pas souvenance qu’un président de la république ait fait hériter la France d’un tel sobriquet.
Une condamnation éclair
Le jeune Saint-Vallierois, au casier jusque là blanc comme neige, s’est retrouvé, quant à lui, instamment mis au fer par une justice qui, pour une fois, a décidé de se montrer éclair. Jugé sur le champ, il a déclaré au tribunal que son geste avait été impulsif. Le procureur n’en a pas voulu, considérant qu’il s’agissait d’un « acte de violence délibéré ». Le Tribunal a donc condamné le geste mais ne sans aller tout de même jusqu’à prêter à l’accusé des intentions machiavéliques ou préméditées de longue date. En ce qui nous concerne, nous sommes de l’avis que s’il l’avait prémédité son acte, il aurait sans doute opté pour une tarte à la crème. Non que cela aurait été plus souhaitable, mais cela nous semble plus exprimer la nature du personnage que les diabolisations qu’on a pu en lire ça et là. Tour étrange du destin. Si Macron ne s’était pas dirigé droit sur lui pour lui serrer la main, sans doute que rien ne se serait passé. Ici tout s’est joué en situation.
Quoi qu’il en soit, les faits sont là et l’outrecuidant drômois a écopé d’une condamnation de 18 mois de geôle dont quatre mois fermes, associée d’une déchéance de droits civiques durant plus de 3 ans, d’une impossibilité à vie d’exercer un métier dans la fonction publique et enfin d’une interdiction de détention d’armes pour cinq ans. Plutôt lourd pour un soufflet même si, on vous dira que dans certains pays, on n’aurait simplement plus jamais entendu parler de lui. Impulsif ou non, il était, de toute façon, inconcevable que ce camouflet qui a fait le tour du monde, reste impuni ; la loi a encadré précisément ce genre de cas même si certaines graduations semblent transparaître dans la mise en application, en relation à la fonction visée. Par exemple, on n’a vu récemment des maires se faire molester très rudement par des citoyens avec un soutien assez mitigé de l’exécutif, et une justice plutôt clémente. De même, on ne compte plus les fonctionnaires de police, agressés, ciblés au mortier, voire occis sans que cela déclenche jamais de procédures dérogatoires d’envergure. La rime est tentante : deux poids, deux mesures ? Bon, il s’agit du président, en même temps (j’ai hésité pour la virgule).
Taper c’est pas bien
Nous n’épiloguerons pas ici sur des commentaires trop politiques qui pourraient nous entraîner hors cadre. Posons déjà que « Taper c’est pas bien ». Tout le monde en a convenu. Le faire sur un président, fut-ce un soufflet, c’est encore moins bien. Sur cette idée, une partie de l’opinion a suivi. De l’obligation légale au reste de sacré monarchique, on pense au « Surveiller et Punir » de Michel Foucault et à ces temps où la chair du roi et celle de la France se confondaient dans une continuité symbolique. Porter atteinte à l’un équivalait alors à porter l’estocade à l’autre et quand l’Etat sévissait, il s’autorisait à punir le contrevenant dans ses chairs pour cette raison même. On ne se défausse pas si facilement de son histoire fusse-t-elle monarchique et médiévale. Certains journalistes zélés sont d’ailleurs montés au filet avec un argument flairant à plein nez une sorte de patriotisme à géométrie variable. Selon eux, à travers ce geste, nous devrions tous nous sentir atteints dans notre chair. Pour le dire trivialement, faut pas non plus trop en demander…
L’homme et la fonction
Pour rester cohérent, nous n’entrerons pas non plus dans le débat, posé par d’autres commentateurs, de savoir si la personne d’Emmanuel Macron a les épaules assez grandes pour remplir son costume présidentiel. Par ses actes et ses paroles, il s’est positionné à plus d’un titre, contre la hauteur de sa fonction même. Sur le fond, il est aujourd’hui perçu par un grand nombre de français plutôt comme un « déconstructeur » voire un destructeur de la France que comme un défenseur. C’est un peu ennuyeux tout de même, sur le plan du respect de la fonction, comme des institutions.
Au delà et cela n’aide pas, l’homme s’est aussi signalé par une pléthore de petites phrases méprisantes à l’égard du peuple qu’il est censé représenter :« ceux qui ne sont rien », « les gaulois réfractaires au changement », « je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques », « qu’ils viennent me chercher… » (voir également ici). Et il a en prononcé un nombre égal à l’égard de la nation qu’il est censé porter : « il faut déconstruire l’histoire de France », « il n’y a pas de culture française », etc… Enfin, pour compléter ce premier tableau, d’aucuns considèrent qu’Emmanuel Macron s’est personnellement abaissé à des niveaux indignes d’une fonction présidentielle, en s’affichant de manière inconsidérée et peu conventionnelle dans un nombre varié de situations (selfies contestables, fêtes peu conventionnelles, youtubeurs à l’Elysée, …). Pour ces commentateurs, Emmanuel Macron aurait perdu de vue que représenter la France et en être le président induisait le respect d’une certaine tenue protocolaire. Bien sûr, pas question ici d’établir une relation de cause à effet, et encore moins de justifier une baffe (Holala non), mais simplement de réfléchir aux éléments ayant pu mettre à mal son autorité, son image et le respect dû à sa personne, au delà de sa fonction.
Le mouvement des gilets jaunes
En réalité, le fait que l’auteur de cet acte hors du commun se soit revendiqué comme un gilet jaune pourrait être une clef suffisante pour comprendre, en partie, son geste, à défaut de le cautionner. Pas question non plus de dire ici que les gilets jaunes auraient pu le soutenir en cela ou l’y pousser. On n’a bien compris que lui-même ne l’a pas contrôlé, ni prémédité et s’est retrouvé totalement débordé. Il n’a, du reste, même pas cherché à faire appel de la décision de justice, ni à la différer. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’avoir un pensée, ici, pour les traitements réservés, en 2018, à ce mouvement populaire : 11 morts, plus de 4400 blessés, yeux crevés, mains arrachées, près de 10800 gardes à vue, 2000 condamnations. On se souvient aussi de la frustration et de la colère ressenties par les membres de ce mouvement et des sentiments d’injustice légitimes exprimés face aux terribles violences policières, à la main de l’exécutif. On feint, aujourd’hui, de ne pas mettre en relation tout cela et pourtant, c’est l’évidence même. Cette plaie ne s’est jamais refermée et si le mouvement s’est dilué dans des récupérations politiques nauséabondes et orchestrés, les rancunes, pas plus que les frustrations ne se sont éteintes. Si pour de nombreuses raisons dont la crise sanitaire, les gilets jaunes ne sont plus si souvent de sortie, rien n’a été résolu.
Et vice et versa
Dans ce contexte, il est opportun d’ajouter que toute forme de violence gratuite devrait être condamnée, du bas de l’échelle vers le haut, et vice et versa : répréhensible des citoyens vers les corps officiels et encore les représentants politiques et élus, son exercice arbitraire devrait être également proscrit quand elle s’exerce des représentants du pouvoir et de l’autorité envers les citoyens. Une telle réciprocité évite, en principe, de verser vers des formes d’abus de pouvoir et d’autoritarisme. Juste un peu après les dérives de l’affaire Benalla, il est difficile d’oublier que, dès le début de ce quinquennat Macron, de nombreux manifestants pacifistes, dont un nombre important issu de la ruralité, de la France périphérique et des classes les plus modestes, ont été chargés pratiquement à l’arme de guerre et meurtris dans leurs chairs sans qu’un mot d’excuses ou une explication fussent jamais officiellement prononcés pour alléger leurs souffrances.
Comme l’avait écrit Barbara dans son vivant poème de 1996 : « Je sais que le monde a des dents, comme nous le monde se défend« . D’une certaine manière, il n’est pas impossible que le président français vienne de l’apprendre à ses dépens. A-t-il fini par nourrir une foi aveugle dans les sondages pipés que les instituts ne cessent d’asséner sur sa popularité grandissante ? Mémoire du poisson rouge, excès de confiance ou, plus sûrement, véritable faille dans son système de sécurité habituel ? Il semble étonnant qu’il ait pu penser pouvoir se balader n’importe où en France, sans filet, comme le bon sauveur du peuple, sans risquer de croiser sur sa route quelques citoyens réfractaires à sa politique ou quelques gilets jaunes à la mémoire longue. Si on ajoute à tout cela, deux ans de confinement et de couvre-feu et des centaines de milliers de personnes ayant perdu leur emploi, l’affaire se complique d’autant pour lui.
Même si la leçon a été dure, on suppose, toutefois, qu’elle ne le fera pas reculer sur son envie de briguer un second mandat. On peut donc gager qu’à partir de maintenant, les dispositifs doublement renforcés lui permettront de soigner sa communication face caméra et sa course au pouvoir.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
NB : la photo d’entête est, bien sûr, tirée des Visiteurs de Jean Marie Poiré, série de films débutée en 1993, qui a permis de découvrir le superbe duo formé par Jean Réno aka le comte Godefroy de Montmirail) et Christian Clavier dans le rôle de Jacquouille la Fripouille.
Sujet : Kaamelott, médiéval-fantastique, légendes arthuriennes, cinéma, trilogie, affiche, humour Période : haut Moyen Âge à central Auteur/réalisateur : Alexandre Astier Date de sortie : 21 juillet 2021
Bonjour à tous,
andis que les dates de sa sortie en salle se rapprochent, Kaamelott premier volet déroule tranquillement mais sûrement sa promo. Les entretiens médias avec son auteur-réalisateur Alexandre Astier se multiplient et ce dernier vient également de publier l’affiche officielle du film sur son compte twitter personnel. Elle a été relayée, dans la foulée, sur le compte twitter officiel de Kaamelott.
Graphiquement, elle est de la même veine que les affichettes parues précédemment : très soignée, avec en-tête une formule qui donne bien le ton général du film. En faisant le choix d’éclipser un peu plus les acteurs (largement mis à l’honneur dans le set précédent), elle plante aussi superbement l’intrigue. Jugez plutôt.
Entre autres opérations médias, on pourra citer celle menée, tout au long de la semaine, par Antoine De Caunes, sur France Inter. Ce complice de l’auteur (qui incarne Dagonet dans le film et dans la série) consacre une spéciale à Kaamelott et à la sortie du film dans le cadre de son programme Popopop. Jusqu’à vendredi, à partir de 16 heures, il sera entouré d’Alexandre Astier et d’invités spéciaux. Pour retrouver le podcast, c’est par là.
On notera également que ça commence un peu à bouger du côté de l’url officielle Kaamelott.com qui était restée, jusque là, en sommeil. Merchandising en vue ? Point ne sait.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : Kaamelott, médiéval-fantastique, légendes arthuriennes, cinéma, trilogie, trailer cinéma, interview, Alexandre Astier, humour Période : haut Moyen Âge à central Auteur/réalisateur : Alexandre Astier Date de sortie : 21 juillet 2021
Bonjour à tous,
ans la foulée des bonnes nouvelles au sujet de la sortie de Kaamelott le film, au cinéma, voici le premier trailer officiel, suivi, en prime d’une interview toute fraiche du jour de l’auteur-réalisateur Alexandre Astier.
Le trailer du film Kaamelott 1er volet
D’une certaine manière, ce trailer répond à la question que nous nous posions, dans notre dernier article, sur le ton général de ce nouvel opus de Kaamelott (voir Kaamelott sortie confirmée pour juillet). Si les affiches, très artistiques, n’étaient pas dénuées d’une certaine dimension dramatique, le trailer donne un autre la et semble annoncer une comédie plutôt décapante. Je dis « semble » car une bande annonce n’est jamais tout à fait le film et on peut gager que l’auteur n’y a pas tout mis.
Kaamelott au Cinéma – trailer officiel
Le teaser de début 2020 nous en avait déjà donné un avant-goût visuel, mais on découvre ici de nouvelles images qui laissent présager d’une belle tenue en terme de production, de décors et finalement d’aventure (avec une mention spéciale pour certains costumes plutôt spectaculaires). Bref, on est loin du format parfois un peu à huis-clos des origines. Si ce dernier avait ses charmes, on comprend mieux, à la vue de ce trailer, à quel point Alexandre Astier a pu ressentir le besoin d’en repousser les bords. Il avait d’ailleurs commencé à le faire à l’occasion du Livre V, et plus encore du Livre VI de Kaamelott tourné, en partie, à Cinecittà. Là encore, pourtant, il avait dit avoir touché de nouvelles limites en terme de format : celles de la production télévisuelle contre celles du 7ème art. L’affaire était claire ; la suite se raconterait au cinéma ou elle ne serait pas. De longues années après, la première partie de son rêve est donc en train de se concrétiser.
L’interview d’Alexandre Astier
Publiée, aujourd’hui même, sur la chaîne youtube pop corn (redif de la chaîne Twitch Domingo), Alexandre Astier y donne quelques précisions sur le film. On y fait aussi quelques agréables détours par le voyage intergalactique, la SF et quelques autres sujets. Concernant le premier long métrage Kaamelott, il y confirme ce qu’il avait déjà déclaré il y a quelques années : le fait que le temps a passé dans la vie réelle autant (et même sans doute plus) que dans l’histoire sert son propos et il s’en dit même privilégié. Pas d’artifice donc, le temps s’est écoulé pour les personnages, comme pour les acteurs.
A l’occasion ce cet entretien, l’auteur-réalisateur affirme aussi (en toute logique) que le film ne s’adresse pas spécifiquement aux inconditionnels de Kaamelott. On pourra donc aller le voir en famille même sans rien connaître de la série TV. Quant aux fans, ils y croiseront forcément des surprises même si après tout ce temps, le meilleure chose serait sans doute de rester ouvert à l’œuvre et de se défaire, si on en avait formé, de quelque attente trop précise et particulière pour retrouver un œil neuf.
Alexandre Astier part-il « gagnant » en terme de succès ? Pas nécessairement. En tout cas, on le sent sur une réserve qui semble sincère et pas le fruit d’une fausse modestie. Même si la fan base est réputée impressionnante en taille, avant la sortie concrète, il est toujours délicat pour un réalisateur de préjuger du nombre d’entrées. Avec un peu de recul et à juger les échos que fait systématiquement la presse de la moindre nouvelle autour de l’auteur et de Kaamelott, on est quand même tenté de demeurer résolument optimiste sur l’engouement du public à aller voir ce film à partir du 21 juillet.
Ecriture, réalisation, composition, montage
On saluera encore ici sa vision globale de la tenue de l’œuvre et sa façon originale d’approcher le métier. Auteur, acteur, scénariste, réalisateur, compositeur de la musique et même monteur, le parti-pris d’assumer seul cette pluralité de fonctions qu’on a plus souvent l’habitude de voir déléguer à des personnes différentes n’est pas chose commune. Qui était le dernier à l’avoir fait en France ? Gainsbourg ? Et encore sans doute pas pour une production de cette dimension.
L’auteur de Kaamelott semble, en tout cas, y trouver une liberté d’action autant qu’une façon essentielle d’exprimer, jusque dans les moindres détails, sa vision d’auteur. Dans des entretiens passés, il avait dit, à plusieurs reprises, préférer assumer les limites, voire les imperfections éventuelles d’un tel choix pour parvenir à une œuvre qui soit entièrement sienne plutôt que de prendre le risque de déléguer les choses, pour de mauvaises raisons, et pour un résultat qui soit loin de ses aspirations.
D’un point de vue de l’écriture scénaristique, autant que musicale, il faut dire que tout le monde n’a pas, non plus, sa double compétence. Et s’il n’a pas lui-même dirigé l’orchestre sur ce long métrage, il va être intéressant de voir comment sa vision, presque à la Sergio Leone, d’une musique qui préexiste au film et fait bien plus que l’accompagner se conjugue ici, toute comparaison de style gardée, avec une composition que Leone aurait inévitablement confié à Ennio Morricone. Sur Kaamelott, premier volet, c’est bien la même personne qui tiendra ces deux rôles.
Pour conclure, sachant aussi que du succès de ce premier film dépendra le déroulement et la production du reste de la trilogie, on lui souhaite, à nouveau, tout le meilleur.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
NB : sur l’image d’en-tête d’article issue du trailer, on reconnaître Franck Pitiot dans le rôle de Perceval et Jean-Chrstophe Hembert dans celui de Karadoc.