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Le Roy Engloys ou le roé anglais

troubadours_modernes_musique_medievale_renaissanceSujet : musique et chanson médiévales, Manuscrit ancien, manuscrit de Bayeux.
Titre de la chanson; le Roy Engloys
Période : Moyen Âge tardif, fin du XVe siècle.
Interprète : ensemble Obsidienne.
Album : « le jardin des délices »

Les richesses du manuscrit de Bayeux

D_lettrine_moyen_age_passionécidément, quand il est question d’histoire médiévale, la ville de Bayeux nous régale de bien des choses et pas seulement de la mythique tapisserie de soixante-dix mètres de long que  la reine Mathilde broda aux XIe siècle et qui conte l’histoire de la conquête de l’Angleterre par le Duc de Normandie, Guillaume le conquérant. Aujourd’hui, nous nous intéressons à un chanson_musique_medievale_manuscrit_bayeux_le_roi_anglaisrecueil de chansons datant du XVIe siècle et qui nous vient justement et encore de la ville de Bayeux qui l’a conservé un temps. De cela, nous pouvons déduire que Bayeux est une ville qui conserve, Gloire à elle et à ses habitants! Mais ne nous dispersons pas.

Sous la référence Français 9346, le manuscrit de Bayeux est un ouvrage de cent trois chansons datant donc du début de la renaissance mais compilant des chants et des musiques normandes et d’île de France, réputées écrites dans les cinquante à cent ans précédent leur recompilation par Charles de Bourbon (fin du XVe, début du XVIe siècle).

Entre amour courtois et d’autres chants plus belliqueux ou évocateurs, ou même chansons à boér « Bevons, ma commère », le manuscrit de Bayeux porte aussi la marque indélébile de la guerre de cent ans. Près d’un siècle après les faits, et même si nous sommes presque déjà à l’aube de la renaissance, ce manuscrit ancien peut donc être clairement rattaché au moyen-âge tardif. Avec la chanson « le roy Engloys » (le roi anglais), guerre_de_cent_ans_henri_V_le_roy_engloys_chanson_medievale_bayeuxque nous vous proposons, aujourd’hui, il est question de chanter la mort d’Henri V d’Angleterre  (portrait ci-contre datant  du XVIe siècle), tête couronnée portée aux nues par les anglais et par Shakespeare, mais honni alors du côté français, la sanglante bataille d’Azincourt n’y étant certainement pas étrangère. De fait, les contemporains du manuscrit de Bayeux n’avaient visiblement oublié ni les faits, ni les prétentions sur le trône du souverain anglais. Hormis quelques incohérences historiques dans le texte, qui semblent s’expliquer par le fait que cette chanson a été écrite longtemps après le trépas d’Henri V, il s’agit bien sûr ici de célébrer la victoire sur les anglais « boutés » hors de France. Ah! Les couez (couards), Mauldite en soit la trestoute lignyé ! Je plaisante, calmons-nous ! N’enfilez pas tout de suite vos cottes de maille, les amis, ces temps sont loin!

L’ensemble Obsidienne

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L’interprétation que nous vous proposons aujourd’hui  de cette chanson est tirée de l’album « Le Jardin des Délices » de l’ensemble Obsidienne. N’y cherchez pas par contre la voix de Patrick Bruel « Yalil Yalil Ya bibi Halil ». D’abord c’est un café des délices, lui, et pas un jardin donc il ne s’agit pas du tout de la même chose. En plus cela ne se passe, mais alors pas du tout au moyen-âge et d’ailleurs pas en France non plus, donc bon, pardonnez-moi mais il me semble que vous nagez un petit peu en pleine confusion quand même.

Pour revenir à des considérations plus sérieuses, Obsidienne est  un ensemble vocal et instrumental formé en 2009 et dont l’ambition affichée est de « faire vivre le répertoire du Moyen-âge et de la troubadours_modernes_musique_chanson_medievale_le_roi_anglais_manuscrit_bayeuxrenaissance;  simplement, avec naturel, en réconciliant l’art de l’interprétation avec celui de l’improvisation ». (sic).

Dirigé par le baryton, contre-ténor, musicien et instrumentiste, Emmanuel Bonnardot, l’ensemble ne se ferme aucune porte quand il s’agit de faire vivre son art, mêlant à sa musique, poésie, théâtre ou danse, et dit même faire appel aux oeuvres picturales des grands peintres du moyen-âge pour parfaire son travail de restitution historique, musical et artistique. Autre originalité de ces artistes et troubadours modernes qui ont mis leurs multiples talents au service de la recherche et l’interprétation des musiques anciennes, l’ensemble, qui comporte au complet plus de seize personnes, peut également se produire en formation plus réduite pour des représentations ou des concerts plus intimistes ou plus spécialisés. Pour plus d’informations sur leur actualité et leur discographie, n’hésitez pas à consulter leur site web ici.

Les paroles de la chanson « le Roi anglais »

Roy angloys chanson Manuscrit de Bayeux musique d'un Recueil de  Théodore Gérold 1921
Partition tirée de l’ouvrage « Le Manuscrit de Bayeux, Texte et musique d’un Recueil de Chansons du XVe siècle », Théodore Gérold, 1921.

Le Roy Engloys se faisoit appeler
Le Roy de France par sappellation.
Il a voulu hors du païs mener
Les bons François hors de leur nation.

Or il est mort à Sainct-Fiacre en Brye,
Du pays de France ils sont tous déboutez.
Il n’est plus mot de ces Engloys couez.
Mauldite en soit trestoute la lignye !

Ils ont chargé lartillerie sur mer,
Force biscuit et chascun ung bidon,
Et par la mer jusquen Bisquaye aller
Pour couronner leur petit roy Godon.

Mais leur effort n’est rien que moquerie :
Cappitaine Prégent lez a si bien frottez
Qu’ils ont esté terre et mer enfondrez.
Mauldite en soit trestoute la lignye !


Une excellente journée à tous!

Fred
pour moyenagepassion.com
« A la découverte du monde médiéval d’hier et d’aujourd’hui »

Une Vidéo sur les techniques de combat à l’épée et en armure au XVe siècle

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiarésentée dans le cadre d’une exposition sur les armes anciennes et plus particulièrement l’épée, au musée national du moyen-âge de Cluny, cette vidéo très sérieuse détaille les techniques de combat à terre  en armure. Elle se base sur des traités du XVe siècle et met en présence deux combattants revêtus d’armures qui sont, sans aucun doute, le fleuron de l’époque. Ce sont d’ailleurs les reconstitutions d’armures ayant appartenu à de grands nobles et seigneurs : d’un côté, Frédéric 1er le victorieux de Bavière (1425 -1476), électeur palatin du  Rhin et fils de Louis III, Pour information d’ailleurs, la reproduction de son armure armures_anciennes_monde_medieval_technique_de_combat_epee_escrime_moyen-age(photo ci-contre), vous coûtera la bagatelle de 6105 euros sur le site boutique.epees.fr. On pourra donc en conclure que l’investissement de départ pour l’escrime ancienne est un peu plus important qu’au Judo qui, lui-même, tout étant toujours relatif, reste bien supérieur  au Sumo. mais je plaisante car cette armure n’est apparemment que décorative et pèse pas moins de 45 kilos, ce qui est sans doute plus que l’authentique. Cela reste à vérifier car sauf à quelques exceptions près, les armures du moyen-âge semblent en effet avoir été plus proches de 25 kilos.

Pour ce qui est de la reconstitution de ces techniques de combat à l’épée, de l’autre côté et dans cette vidéo, nous avons donc l’armure de Robert de Sanseverino d’Aragona (1418-1487), comte de Cajazzo, noble également donc, mais encore condotierre* italien (*chef d’armées de mercenaires)  et donc combattant aguerri. (ci-dessous l’armure en question).

robert_sanseverino_armure_technique_combat_medieval_epee_armes_anciennes_moyen-agePour ceux qui avaient pu voir ici le documentaire sur le manuel du maître d’armes Hans Talhoffer dont nous avions publié la vidéo, ce reportage nous donnait également un aperçu de ces techniques et de la capacité de mobilité en armure. Contrairement ce qu’on pourrait être tenté de croire, ces équipements sont loin d’être aussi peu maniables qu’on pourrait le penser et n’étaient pas conçus que pour protéger un chevalier, juché sur un lourd frison. L’homme devait pouvoir combattre au sol, remonter sur sa monture ou même gravir des obstacles lors des sièges. Du fait que la charge est répartie sur l’ensemble du corps, le poids de ces armures reste donc relatif  et c’est bien plus certainement l’endurance sur la durée et la longueur du combat que la liberté de mouvement qui est en question. Pour information, la moyenne, comme nous le disions, semble se situer autour de 25 kilos, ce qui correspond à peu près au poids de la tenue d’un sapeur pompier en action. Pour poursuivre la comparaison, pendant la première guerre mondiale et près de cinq siècles après, le poids moyen de la tenue militaire des fantassins, toute nation confondue, se situait autour de valeurs similaires et même supérieures puique voisines de 30 kilos, suivant que l’on inclut ou non l’ensemble du paquetage.

miniature du XVe, Martial d'Auvergne, manuscrit les Vigiles du roi Charles VII BnF
miniature du XVe, Martial d’Auvergne, manuscrit les Vigiles du roi Charles VII BnF

R_lettrine_moyen_age_passioneste qu’au vue du prix exorbitant de ce genre d’équipements à l’époque, dans ce documentaire, on a bien la fine fleur de ce type d’armures que seuls les plus nobles et fortunés chevaliers pouvaient acquérir, à défaut de les récupérer directement sur technique_combat_medieval_epee_XIVle champ de bataille ou sur leurs ennemis. Sauf bien sûr à parler des coups fatals qui intervenaient dans le feu de l’action, il faut encore ajouter que pour ce qui est d’achever au sol un homme d’armes vêtu d’une telle valeur sur lui, on préférait bien souvent mieux lui ôter, la récupérer, ainsi que son cheval, mais si possible ne pas le tuer pour obtenir rançon de sa libération. C’est un sport dont les compagnies de routiers étaient assez friandes durant la guerre de cent ans. mais qui faisaient aussi partie intégrante des retombées économiques appréciées de toute victoire durant les batailles du moyen-âge. Il y a bien sûr eu de sanglantes exceptions comme Azincourt, où la crainte d’être débordé et pris à revers par les prisonniers a  poussé Henri V à faire exécuter sans forme de procès tous les prisonniers, mais l’histoire raconte que même ses archers refusèrent d’obéir à ses ordres justement pour ne pas perdre le bénéfice de ces rançons. (photo de droite, épée du XIVe siècle, musée de l’armée, Paris),

En vous souhaitant une bonne journée!

Fred
Pour moyenagepassion.com
« A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »