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Cantiga de Santa Maria 1, des louanges royales à la vierge

Sujet : Cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, chants de louange, Sainte-Marie, nativité, révélation.
Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur : Alphonse X  (1221-1284)
Titre : Cantiga de Santa Maria 1  « Des hoge mais quér’ éu trobar. » 
Interprète : Boston Camerata et Joel Cohen,
A Spanish Christmas ( 2008, Warner Music)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous voguons vers l’Espagne médiévale du XIIIe siècle, à la découverte d’une nouvelle pièce musicale de la cour de Castille et quelle pièce : la cantiga de Santa Maria 1.

Pour rappel, les quelques 417 Cantigas de Santa Maria comportent une grand majorité de récit de miracles qui alternent régulièrement avec des chants de Louange. La pièce qui ouvre le corpus des chants à la vierge légués par Alphonse X de Castille est un de ceux là.

La cantiga de Santa Maria 1, partition, texte et enluminures mariales dans le Codice Rico de la Bibliothèque de l'Escurial
le somptueux Códice Rico (T. I. 1) de la Bibliothèque Royale de l’Escurial (à consulter en ligne ici)

Une représentation de la nativité dans les Cantiga de Santa Maria.

En plus d’ouvrir le bal, la Cantiga de Santa Maria 1 a ceci de particulier que ses enluminures, en particulier celles du Codice Rico représentent, entre autres scènes bien connues de l’imagerie chrétienne, une scène de la nativité. Ce chant marial nous a donc semblé particulièrement indiqué pour cette période de l’année où l’on célèbre traditionnellement, en France et dans de nombreux pays occidentaux, la naissance du christ et du christianisme mais aussi, finalement, la maternité et l’enfantement.

A noter que le Cantiga de Santa Maria n’est pas la seule à présenter une scène de la nativité dans le large corpus. On retrouve, en effet, cette scène attachée à la Cantiga 80 qui est, elle aussi, un chant de louange à la vierge.

Moyen Âge chrétien et naissance de la crèche

La révélation à Marie par l'ange Gabriel, enluminure de la Cantiga de Santa Maria 1 (XIIIe siècle)

Pour rappel, la célébration de la nativité et l’établissement de la date du 25 décembre par l’Eglise romaine remontent au quatrième siècle de notre ère. La date avait d’abord été fixée au 6 janvier mais le 25 décembre fut bientôt établi par Rome car il coïncidait, entre autre date, avec le solstice d’hiver et le culte de Mitra, le dieu solaire 1.

Enluminure de la nativité, Cantiga de Santa Maria 1 (XIIIe siècle)

Au Xe siècle, l’enthousiasme et les célébrations autour de la nativité portés par les chrétiens et relayés par le clergé commencèrent à donner lieu à des représentations et un engouement autour de moments importants des évangiles comme l’annonce aux bergers ou l’arrivée de rois mages.

Une initiative de Saint François d’Assise

Au début du XIIIe siècle, le pape romain Innocent III ne tarda pas à les interdire et il faudra attendre saint François d’Assise et quelques décennies (1223) pour que soit acceptée par la papauté romaine une première mise en scène de la nativité, à l’occasion d’une messe de Noël.

L'annonciation aux bergers, enluminure de la Cantiga de Santa Maria 1 (XIIIe siècle)

L’initiative de saint François d’Assise connut bientôt un franc succès et son installation originelle avec son bœuf et son âne allaient entrer dans la tradition. La crèche de Noël était née. Elle commença à se diversifier entre personnages à l’effigie des protagonistes, représentations artistiques, peintures, sculptures, puis figurines et finit pour traverser les siècles.

L'arrivée des rois mages enluminure de la Cantiga de Santa Maria 1

Au moment de l’écriture des cantigas et de leur mise en image dans le codice rico (daté du dernier tiers du XIIIe siècle) on est donc assez proche historiquement de la naissance de cette imagerie vivante, à quelques dizaines d’années à peine. Bien sûr, les premières représentations de la nativité sont antérieures à ce rite de la crèche et on peut dater les premières représentations des tout premiers siècles de notre ère (Catacombes de Priscille).

La Cantiga de Santa Maria 1 , ouverture du corpus sur un chant de louange

Les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X s’ouvrent donc sur ce chant de louange mariale particulièrement important puisqu’il introduit le corpus.

Sur huit strophes, le poète et compositeur, sans doute Alphonse X pour le coup, reprend les épisodes les plus forts des évangiles autour de la vierge. Son insistance à n’en oublier aucun marque toute l’importance qu’il accorde à la vie de la sainte et l’emphase qu’il entend mettre, dans son ouvrage, à transmettre les écritures et le culte marial.

Dans les enluminures de la première Cantiga de Santa Maria, on retrouvera tous ces temps forts représentés, aux côtés de la nativité : la révélation de l’Ange Gabriel à Marie, l’annonciation aux bergers, l’arrivée des rois mages, etc…

Sur le fond, on retrouvera tous les ingrédients qui ont fait la popularité du culte marial au Moyen Âge central et ce pouvoir de protection mais aussi d’intercession de la vierge auprès de Dieu, son fils.

Un Noël Médiéval avec la Boston Camerata et Joel Cohen

Pour l’interprétation musicale de la cantiga de Santa Maria 1, on n’a que l’embarras du choix. Sa place dans le corpus et ses qualités l’ont, en effet, rendue très populaire et elle a été enregistrée par de nombreux musiciens et formations de la scène médiévale.

Ici, nous avons choisi la belle version de l’ ensemble de musique ancienne américain, la Boston Camerata sous la direction de Joel Cohen.

Au début des années 2000, la talentueuse formation proposa un voyage musical original à travers un triple album et trois façons de célébrer Noël : à l’américaine, à la française et à l’espagnol. Cette production est sortie sous le titre « A Boston Camerata Christmas : Worlds of Early Music. »

Du milieu des années 70 et jusqu’aux années 90, la Boston Camerata et son directeur avaient eu l’occasion d’aborder, à de nombreuses reprises, le thème de Noël et des musiques anciennes. Ce travail de remise à plat était donc le fruit d’un long itinéraire de recherche et de compilation. Sur une période couvrant plus de 7 siècles et 3 continents, cet album reste, à ce jour, totalement unique.

Un Noël à l’Espagnol et en musique

Le CD dédié au Noël espagnol propose 18 pièces pour plus d’une heure d’écoute. Il est intitulé : « Un Noël Espagnol : musique de la péninsule ibérique, l’Afrique du Nord, la terre promise et le nouveau monde » (A Spanish Christmas. Music from the Iberian Peninsula, North Africa, the Holy Land & the New World, 1200-1700). On y trouve cinq cantigas de Santa Maria. Le reste des pièces s’étale sur une période allant du XIIe siècle (Calendia maya) au XVIIe siècle et voyage d’un continent à l’autre.

Cette production commence un peu à dater. En l’absence de réédition récente, il peut donc s’avérer difficile de la trouver en stock chez votre disquaire. A défaut, vous pourrez également accéder à des versions digitalisées sur de nombreuses plateformes en ligne. A toutes fins utiles, voici un lien vers le CD du Noël espagnol au format MP3 : A Spanish Christmas, Joel Cohen et la Boston Camerata


La Cantiga de Santa Marial d’Alphonse X
et sa traduction française

Esta é a primeira cantiga de loor de Santa María, ementando os séte goios que houve de séu Fillo.

Voici le premier chant de louange à Sainte Marie, évoquant les sept joies qu’elle a éprouvées pour son Fils.

Des hoge mais quér’ éu trobar
pola Sennor honrrada,
en que Déus quis carne fillar
bẽeita e sagrada,
por nos dar gran soldada
no séu reino e nos herdar
por séus de sa masnada
de vida perlongada,
sen havermos pois a passar
per mórt’ outra vegada.

A partir d’aujourd’hui, je souhaite chanter
pour la Dame honorée
en qui Dieu a choisi de s’incarner,
bénie et sainte,
pour nous donner une grande récompense
dans son royaume et pour nous donner en héritage,
comme [membres] de sa suite,
une vie prolongée
sans avoir à repasser
par la mort.

E porên quéro começar
como foi saüdada
de Gabrïél, u lle chamar
foi: “Benaventurada
Virgen, de Déus amada:
do que o mund’ há de salvar
ficas óra prennada;
e demais ta cunnada
Elisabét, que foi dultar,
é end’ envergonnada”.

C’est pourquoi je souhaite commencer
par la manière dont elle fut accueillie
par Gabriel, lorsqu’il lui dit :
« Vierge bénie, bien-aimée de Dieu,
de celui qui sauvera le monde,
maintenant tu es enceinte,
comme ta parente
Élisabeth, qui avait des doutes,
et en a désormais honte. »

E demais quéro-ll’ enmentar
como chegou canssada
a Beleên e foi pousar
no portal da entrada,
u pariu sen tardada
Jesú-Crist’, e foi-o deitar,
como mollér menguada,
u deitan a cevada,
no presév’, e apousentar
ontre bestias d’ arada.

Et de plus, je veux me souvenir
de son arrivée fatiguée
à Bethléem, et de la façon dont elle s’installa,

comme une pauvre femme,
dans l’étable à l’entrée,
où elle donna naissance

à Jésus-Christ et le déposa
là où l’on sème l’orge,
dans la mangeoire, et comment elle se logea
parmi les animaux de la ferme.

E non ar quéro obridar
com’ ángeos cantada
loor a Déus foron cantar
e “paz en térra dada”;
nen como a contrada
aos tres Reis en Ultramar
houv’ a strela mostrada,
por que sen demorada
vẽéron sa oférta dar
estranna e preçada.

Et je ne veux pas oublier
comment les anges chantant

les louanges de Dieu chantèrent
et « Paix sur la terre » ;
ni comment l’étoile
montra aux trois rois mages
le lieu des mers lointaines,
afin que sans tarder
ils viennent apporter leur présent
extraordinaire et précieux.

Outra razôn quéro contar
que ll’ houve pois contada
a Madalena: com’ estar
viu a pédr’ entornada
do sepulcr’ e guardada
do ángeo, que lle falar
foi e disse: “Coitada
mollér, sei confortada,
ca Jesú, que vẽes buscar,
resurgiu madurgada.”

Une autre chose que je veux raconter,
et que lui raconta plus tard
a Marie-Madeleine : comment

elle vit la pierre entrouverte
du sépulcre et gardée
par un ange qui lui parla
et lui dit : « Femme affligée,
sois réconfortée
car Jésus, que tu es venue chercher,
est ressuscité à l’aube. »

E ar quéro-vos demostrar
gran lediç’ aficada
que houv’ ela, u viu alçar
a nuv’ enlumẽada
séu Fill’; e pois alçada
foi, viron ángeos andar
ontr’ a gent’ assũada,
mui desaconsellada,
dizend’: “Assí verrá julgar
est’ é cousa provada.”

Et je veux aussi vous montrer
l’immense joie
qu’elle a ressentie en voyant s’élever
sur la nuée illuminée

son Fils ; et une fois qu’il fut élevé,
ils virent les anges marcher
parmi le peuple rassemblé,
qui était très déconcerté
et disait : « Ainsi viendra-t-il nous juger,
cela ne fait aucun doute. »

Nen quéro de dizer leixar
de como foi chegada
a graça que Déus envïar
lle quis, atán grãada,
que por el’ esforçada
foi a companna que juntar
fez Déus, e enssinada,
de Spírit’ avondada,
por que soubéron preegar
lógo sen alongada.

Je ne veux pas omettre de dire
comment fut reçu

La grâce que Dieu
voulait leur envoyer,
avec une telle abondance,
que par elle,
le groupe que Dieu avait fait se rassembler
fut très instruit et déterminé,
et rempli du Saint-Esprit,
si bien qu’ils apprirent à prêcher
immédiatement, sans délai.

E, par Déus, non é de calar
como foi corõada,
quando séu Fillo a levar
quis, des que foi passada
deste mund’ e juntada
con el no céo, par a par,
e Reínna chamada,
Filla, Madr’ e Crïada;
e porên nos dev’ ajudar,
ca x’ é nóss’ avogada.

Et, par Dieu, je ne dois pas me taire
sur la façon dont elle a été couronnée,
lorsque son Fils voulut la porter
lorsqu’elle a quitté ce monde,

et, la tenir avec lui, à ses côtés, au Ciel,
où (et) elle est appelée Reine,
fille, mère et servante ;
et c’est pourquoi elle doit nous aider,
car elle est notre avocate.


Retrouvez toutes les cantigas de santa maria traduites et commentées sur ce lien.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

  1. Miniaturas de la navidad en las cantigas de santa maria, María Rosa Fernández Peña, source dialnet.unirioja.es ↩︎

La Cantiga de santa maria 70 : des 5 lettres du nom de Marie

Enluminure de Saint-Louis

Sujet :  musique  médiévale, galaïco-portugais, culte marial, chant de louanges, nom de la vierge, chanson médiévale
Période :   XIIIe s, Moyen Âge central
 Auteur  :  Alphonse X de Castille (1221-1284)
Titre : CSM 70,  « En o nome de MARIA, cinque letras, no-mais, i há»
Interprète :  Universalia in Re
Album :  Cantigas de Santa Maria, Grandes Visiões (2012)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous vous invitons à poursuivre notre exploration des musiques et chansons médiévales. Nous voguons, cette fois-ci, en direction des rives de l’Espagne du XIIIe siècle pour vous présenter un chant de louanges, la Cantiga de Santa Maria 70.

A partir du Moyen Âge central, le culte marial prend une forte importance dans le monde chrétien occidental et l’homme médiéval s’adresse, de plus en plus, directement à la vierge Marie ; femme et mère, douce et compréhensive, le croyant espère qu’elle pourra intercéder en sa faveur, auprès de son fils, le Christ, le « Dieu mort en croix », comme on le nomme souvent alors.

Manuscrit médiéval Codice Rico : Cantigas de Santa Maria
La Cantiga de Santa Maria 70 dans le superbe Codice Rico de la Bibliothèque Royale de l’Escurial à Madrid (Espagne)

Pèlerinages, miracles et dévotion

Si l’on prête de l’écoute, de la compassion et de la miséricorde à Marie, on lui reconnaît aussi d’immenses pouvoirs. Pour chercher le salut, le pardon et pour montrer sa dévotion, on fait même de nombreux pèlerinages vers les nombreuses églises ou cathédrales élevées en son honneur.

Au Moyen Âge, les miracles qu’on lui prête sont aussi légion aux quatre coins d’Europe et même jusqu’en terre sainte (voir la cantiga 29 sur l’apparition de la vierge sur une pierre à Gethsémani). Ils courent le long des routes des pèlerinages et animent les chants de dévots. Au XIIIe siècle, le roi Alphonse X de Castille lancera une grande compilation d’une partie importante de ces récits dans ses Cantigas de Santa Maria. Ce vaste corpus de 417 chants et chansons sur le thème de la vierge demeure, encore aujourd’hui, une œuvre majeure témoignant du culte marial de la Castille médiévale et même d’au delà les frontières espagnoles.

A cette période, la dévotion à Marie soulève des montagnes en prenant la forme de pèlerinages, de témoignages de foi, de prières et de chants, mais la simple évocation de la sainte chrétienne peut même, quelquefois, suffire à produire des miracles. Dans le même esprit, les seules lettres de son prénom se drapent de vertus magiques et deviennent source de prodiges (voir cantiga 384, les clés du paradis pour l’écriture du nom de la vierge ). C’est le thème de la Cantiga Santa Maria du jour.

Ce chant de louanges gravite, en effet autour des cinq lettres de « Maria » et nous propose d’en décrypter le sens. Il y a quelque temps, nous avions déjà étudié, ici, une chanson très semblable du roi trouvère Thibaut IV , roi de Navarre et Comte de Champagne (voir du trez doux nom de la virge Marie). Celle de jour ne vient pas de sa cour mais de celle d’Alphonse le savant.

L’interprétation de la version de la Cantiga 70 par Universalia in Re

Universalia in Re et les musiques médiévales

Musique médiévale, l'Ensemble Universalia en Ré

Par les hasards de la programmation, l’interprétation que nous vous présentons, aujourd’hui, nous provient d’une formation musicale russe. Cela nous fournira l’occasion de dire qu’en ces temps de conflit, nous formons le vœu pour que la paix revienne et que des compromis soient rapidement trouvés entre ses deux nations historiquement très proches que sont la Russie et l’Ukraine. Nous espérons que les populations ukrainiennes, à l’est comme à l’ouest, se tiennent en sécurité mais également que toutes les parties tiers impliquées feront le nécessaire pour éviter l’escalade.

Cette parenthèse faite, revenons à l’ensemble de musique du jour. Il a pour nom Universalia in Re et est originaire de la ville de Nijni Novgorod. Dès sa création en 2001, ses fondateurs se sont concentrés sur la musique médiévale européenne des XIIIe et XIVe siècles. Par la suite, la formation a eu l’occasion de participer à de nombreux concerts et festivals de musique ancienne en Russie, en Ukraine, mais aussi en Pologne, en Estonie et en Suisse.

Cantigas de Santa Maria: Grandes Visiões

Album de musique médiévale sur les Cantigas de Santa Maria

Sortie en 2012, l’album Grandes Visiões propose, sur une durée proche de 50 minutes, 8 cantigas de Santa Maria prises dans le répertoire d’Alphonse X. Le chant de louanges de la cantiga 70 que nous vous présentons aujourd’hui, ouvre l’album. On peut trouver ce dernier en ligne sous forme digitalisée, voici un lien utile pour l’obtenir : Cantigas de Santa Maria: Grandes Visiões. C’est le second album que Universalia in Re a consacré au Cantigas d’Alphonse X. le premier datait de 2005. A date et sauf erreur, cette production est aussi la dernière de l’ensemble médiéval.

Membres ayant participé à cet album

Maria Batova (chant), Yulia Ryabchikova (chant, psaltérion, tambourin), Ekaterina Bonfeld (chant, flute), Maria Golubeva (vielle, rebec), Danil Ryabchikov (guitare sarrazine, narration).


La cantiga de Santa Maria 70
Paroles et traduction en français actuel

Esta é de loor de Santa María, das cinque lêteras que há no séu nome e o que quéren dizer.

En o nome de MARIA,
cinque letras, no-mais, i há.

« EME » mostra Madr’ e Mayor,
e mais Mansa, e mui Mellor
de quant’ al fez Nostro Sennor
nen que fazer poderia.
En o nome de MARIA…

« A » demostra Avogada,
Aposta e Aorada
e Amiga, e Amada
da mui Santa compannia.
En o nome de MARIA…

« ERRE » mostra Ram’ e Rayz ,
e Reyn’ e emperadriz,
Rosa do mundo e fiiz
quena visse ben seria.
En o nome de MARIA…

« I » nos mostra Jhesu Cristo,
Justo, Juiz, e por isto
foi por ela de nos visto,
segun disso Ysaya.
En o nome de MARIA…

« A » ar diz que Averemos,
e que tod’ Acabaremos
aquelo que nos queremos
de Deus, pois ela nos guia.
En o nome de MARIA…


Celle-ci (cette chanson) est un chant de louange à Sainte Marie, à propos des cinq lettres qu’il y a dans son nom et ce qu’elles signifient.

Dans le nom de Marie
il y a cinq lettres, pas plus.

« M » nous montre la Mère
plus grande
La plus dotée de Mansuétude, la Meilleure
De tout ce que créa notre Seigneur
Et de ce qu’il pourrait créer.
Dans le nom de Marie


« A » la montre Avocate,
Apprêtée et Adorée,
Amie et Aimée
De très-sainte compagnie.
Refrain

« R » la montre Rameaux (branches) et Racines
Et Reine et impératrice,
Rose du monde qui comblerait
Celui qui la verrait.
Refrain

« I » nous montre Jésus Christ
Juste, Juge et c’est grâce à elle
Qu’il nous fut révélé,
Selon ce que dit Ésaïe
.
Refrain

« A » nous dit que nous Arriverons
À
Avoir et obtenir tout
Ce que nous désirons
De Dieu, puisqu’elle nous guide.
Dans le nom de Marie
Il y a cinq lettres, pas plus.



Retrouvez les Cantigas de Santa Maria traduites en français avec leurs partitions et leur interprétations par les plus grands ensembles de musique médiévale.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

NB : sur l’image d’en-tête, l’illustration et l’enluminure sont issues du Codice rico de la Bibliothèque royale du Monastère de l’Escurial, à Madrid. Ce manuscrit médiéval, également référencé  Ms. T-I-1, peut désormais être consulté en ligne sur le site de la grande institution espagnole.

La Cantiga de Santa Maria 140 : chant de louange à la Vierge et culte marial médiéval

musique_espagne_medievale_cantigas_santa_maria_alphonse_de_castille_moyen-age_centralSujet  : musique médiévale,  Cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, louange, Sainte-Marie,  vierge, miséricorde
Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Titre :  Cantiga de Santa Maria 140    « Sean dados honrados »
Auteur
: Alphonse X  (1221-1284)
Ensemble :  Theatrum Instrumentorum & Aleksandar Sasha Karlic 
Album :  Alfonso « El Sabio »: Cantigas de Santa Maria (1999)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous  revenons, aujourd’hui, à l’Espagne médiévale d’Alphonse le Savant avec une  Cantiga de  Santa Maria. Nous avons, jusque là, étudié de nombreux miracles  issus de ce corpus du roi de Castille du XIVe siècle.   Cette fois-ci, pour varier un peu, la pièce que nous vous proposons, la cantiga  140 est un chant de louange. Elle alimentera également,   nos autres articles au  sujet du culte marial et son importance au Moyen Âge central.

Theatrum Instrumentorum & Aleksandar Sasha Karlic

Theatrum  Instrumentorum   &  Aleksandar Sasha Karlic 

La formation Theatrum  Instrumentorum fut fondée  au milieu des années 90  et dirigée par   Aleksandar Sasha Karlic.  La passion de ce musicien yougoslave pour les musiques anciennes ou encore ethniques, n’était pas nouvelle.  Installé en Italie, il y  avait suivi le conservatoire de Milan et de Parme. Plus tard, il avait également collaboré avec quelques grands noms de la scène locale des musiques anciennes et traditionnelles. En plus de ses talents  de directeur, Aleksandar Sasha Karlic  est aussi  joueur de luth , de oud, de  percussions et il également doté de talents vocaux.

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Aleksandar Sasha Karlic et la passion des musiques traditionnelles et anciennes

Sous sa houlette, la formation  Theatrum Instrumentorum   s’est faite connaître dans le domaine des musiques anciennes et médiévales,  en Italie,  mais aussi dans d’autres pays d’Europe. Du point de vue discographique, elle a légué 6 albums qui furent tous  bien accueillis par la critique.   En plus de la Cantiga de Santa Maria qui fait l’objet de cet article et d’autres encore, on peut y trouver les Carmina Burana, le Llibre Vermell de Montserrat, mais encore des Chants grégoriens et religieux de Giovanni Pierluigi da Palestrina en provenance du XVIe siècle.

Sauf erreur, Theatrum Instrumentorum n’est plus actif depuis longtemps déjà et on ne trouve plus grand chose à son sujet sur le net.  Quant à son directeur, en 2004, il a fondé, toujours en Italie,   Balkan Blues, une nouvelle formation autour des musiques des Balkans qu’il affectionne particulièrement depuis ses débuts de carrière.  Parallèlement, il a  continué de laisser vibrer sa passion pour les musiques anciennes et traditionnelles du berceau méditerranéen, en étant encore largement salué par la critique pour ses travaux dans ce domaine.

Alfonso « El Sabio »: Cantigas de Santa Maria

En 1999,   Theatrum Instrumentorum sortait un album   autour des Cantigas d’Alphonse X de Castille.  On peut y trouver 12 pièces  d’exception qui laissent une large  place  à  l’interprétation vocale.

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Alfonso el Sabio, Cantigas de Santa Maria, l’album

Cet album est toujours disponible à la distribution. Le CD ne semble pas avoir été réédité, ces dernières années ; Il peut donc s’avérer difficile à débusquer ou être mis en vente à des prix un peu hors de portée. En revanche,  les pièces qui le composent sont disponibles à la vente et au téléchargement, au format MP3, sur divers sites internet. A toutes fins utiles, voici le lien correspondant sur Amazon : Alfonso X « El Sabio »: cantigas de Santa Maria by Theatrum Instrumentorum.


La Cantiga de Santa Maria 140
du  galaïco-portugais  au français moderne

Esta es de loor de Santa María.

Celle-ci (cette cantiga) est en louanges à Sainte Marie

A Santa Maria dadas
sejan loores onrradas.

Qu’à Sainte-Marie soient faites
des louanges respectueuses.
(Que soit louée avec respect Sainte Marie)

Loemos a sa mesura,
seu prez, e ssa apostura,
e seu sen, e ssa cordura,
mui mais ca cen mil vegadas.

A Santa Maria dadas
sejan loores onrradas.

Louons sa mesure,
Son prestige et son intégrité (maintien)
Son bon jugement et sa raison,
Bien plus  de cent mille fois.

refrain.

Loemos a ssa nobressa,
sa onrra e ssa alteza,
sa mercee e ssa franqueza,
e sas vertudes preçadas.

A Santa Maria dadas
sejan loores onrradas.

Louons sa noblesse,
son honneur et son altesse (élévation, noblesse des valeurs)
Sa miséricorde, sa franchise
Et ses précieuses vertus.

refrain.

Loemos sa lealdade,
seu conort’ e ssa bondade,
seu accorr’ e ssa verdade,
con loores mui cantadas.

A Santa Maria dadas
sejan loores onrradas.

Louons sa loyauté,
Sa consolation (ou confort : dans le sens de conforter) et sa bonté,
Son secours et sa vérité
Avec des louanges bien chantées.

refrain.

Loemos seu cousimento,
conssell’ e castigamento,
seu ben, seu enssinamento,
e sass graças mui grãadas.

A Santa Maria dadas
sejan loores onrradas.

Louons son attention,
Son conseil et ses mises en garde,
Son bien, ses enseignements,
Et ses grâces très prisées.

refrain.

Loando-a, que nos valla,
lle roguemos na batalla
do mundo que nos traballa,
e do dem’ a donodadas.

A Santa Maria dadas
sejan loores onrradas.

Et la louant, nous la prions,
qu’elle nous prête courage dans la bataille
Contre le monde qui nous tourmente
Et contre le démon.


Vous pourrez trouver ici les Cantigas de Santa Maria traduites et étudiées  avec leurs sources anciennes et leur interprétation par les plus grandes formations de musique médiévale.

En vous souhaitant une belle  journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge  sous toutes ses formes.