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La médecine médiévale de l’Ecole de Salerne, héritière des civilisations méditerranéennes

medecine_medievale_ecole_salerne_science_savant_Regimen_SanitatisSujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage ancien.
Période: moyen-âge central (XI, XIIe siècles)
Titre:  l’Ecole de Salerne (traduction de 1880)
Auteur :  collectif d’auteurs anonymes
Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc

« – Veux-tu jouir en paix d’une santé prospère,
Chasse les noirs soucis, fuis tout emportement ;
Ne bois que peu de vin, soupe légèrement;
Souviens-toi de marcher quand tu quittes la table;
Du sommeil en plein jour crains l’attrait redoutable ; 
Crains en toi le séjour de l’urine et des vents.
Fidèle à ces conseils, tu vivras de longs ans.
Es-tu sans médecins? les meilleurs, je l’atteste,
Ce sont, crois-moi, repos, gaîté, repas modeste.  »
Dédicace de l’Ecole de Salerne au grand roi d’Angleterre
“Flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanum” ou “L’Ecole de Salerne” Traduction de Charles Meaux Saint-Marc (1880)

Bonjour à tous!

I_lettrine_moyen_age_passion copial fut un temps où pour mémoriser les recettes, les prescriptions et les principes de la médecine, on y mêlait la poésie, ou en tout cas les vers. De fait d’Avicenne à la prestigieuse Ecole de Salerne, nous sont parvenus de ces longs poèmes qui ont influencés, longtemps, la médecine arabe, et après elle la médecine occidentale, du moyen-âge central jusqu’à la fin de la renaissance. Les vers sont alors d’un usage plus mnémotechnique que littéraire pour pouvoir être compris et assimilés de tous, mais il est amusant de penser que dans cette forme de musicalité, elle rejoignait alors une forme de poésie pratique.

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Les retombées culturelles, scientifiques,
médicales et inattendues des Croisades

Nous avons dit un mot ici des apports de la civilisation arabe sur la culture, autant que sur les pratiques philosophiques et scientifiques de l’Europe médiévale (voir portrait d’Avicenne). Quoiqu’on en dise, les croisades fournirent une occasion de circulation des savoirs et dans l’Histoire des civilisations qui entourent le berceau méditerranéen, il semble  bien qu’elles aient, à leur manière, participé d’une dynamique d’échanges mais aussi de conquêtes qui n’a guère cessé au fil des âges, autour de notre méditerranée, et ce bien avant même l’émergence des trois grands religions monothéistes.

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Bien avant la conversion de l’Empire de César au christianisme, l’épisode romain  illustre, de manière exemplaire, ce phénomène mais il est loin d’avoir été le seul, ni le premier dans la région. Quelles qu’en soient les raisons, religieuses, politiques ou économiques, depuis des millénaires les peuples méditerranéens ont guerroyé, commercé, échangé et c’est aussi de cela que nous sommes faits. A y regarder de plus près et toute proportion gardée, il n’est d’ailleurs pas certain que nous en ayons totalement fini avec ces luttes de pouvoir, même si elles ont changé de visage. Bien sûr, concernant les spécificités du sol français à travers l’histoire, il a encore hérité du souffle des vents du nord, celui des premiers vikings qui devinrent nos normands, celui des celtes et des francs qui vinrent aussi guerroyer al-razi_medecine_arabe_juive_persane_moyen-age_ecole_salerne_influence_moyen-age_centralou s’installer sur ces terres pour y fondre leur culture.

Ci contre enluminure: le savant médecin Al Razi représenté dans le Recueil des traités de Médecine de Gerard de  Cremone  (1250–1260), célèbre traducteur médiéval italien d’Hippocrate, d’Avicenne, d’Al- Razi entre autres. 

Quoiqu’il en soit, pour revenir aux croisades, on leur accorde généralement d’avoir ramené vers l’Europe médiévale, par l’Italie et notamment par les traductions des érudits de Salerne, la médecine et la science des arabes autant que leur amour de la philosophie grec et d’Aristote. Au même période, ces expéditions catholiques ne furent pourtant pas les seules sources des échanges. Dans l’autre sens, les conquêtes de l’Espagne par les arabes avaient déjà impulsé des premiers transferts de savoir, et la médecine juive s’y exerçait aussi, autant qu’elle trouvait des foyers d’élection dans le sud de la France et la Provence. Il faut relire les pages de Jules Michelet et son histoire du moyen-âge sur le Languedoc médiéval du XIIIe siècle pour comprendre à quel point ces terres étaient déjà riches d’apports ethniques et culturels méditerranéen au sens large. Dans le même ordre d’idée, on peut encore évoquer le rayonnement et l’ouverture de l’Université de Montpellier sur le monde à partir des XIe et XIIe siècles, et jetant un œil de l’autre côté du massif pyrénéen et vers la péninsule ibérique, il faut encore remarquer les œuvres d’un Alphonse de Castille qui, au XIIIe siècle, avait réuni autour de lui des savants et traducteurs de toutes les confessions: juive, musulmane et chrétienne dans une belle dynamique culturelle d’ouverture toute méditerranéenne.

L’école de Salerne ou la médecine médiévale européenne au carrefour des influences

Pour revenir à notre sujet, quand on parle de médecine médiévale après l’an mille, on ne peut donc abstraire l’influence juive, persane ou arabe, même si l’on s’entend à dire que ce sont plus ces deux dernières qui marqueront de leur empreinte les universités naissantes dans l’Europe médiévale des XIe siècles et suivants. Il serait intéressant de connaître les apports mutuelles à la genèse des médecines juives et arabes dans le temps et à travers l’Histoire, mais le sujet déborde le cadre de cet article.

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Les apports de la médecine perse et arabe en Europe médiévale

Symbole de cette méditerranée culturelle, l’Ecole de  Salerne fut dit-on fondée par le Grec Ponto, l’Arabe Adela (ou Abdullah), le Juif Helinus, et le Latin Salernus. Voilà un beau mythe fondateur pour qui rêve de fraternité entre les peuples et pour qui douterait encore que les cultures quand elles se joignent dans un bel esprit collaboratif produisent un peu plus que la simple somme de leurs vérités respectives. On ne date pas précisément la création de cette Ecole, mais on sait que, dès le IXe siècle, elle commença à dispenser des cours de médecine pratique et même de chirurgie, en s’ouvrant à des étudiants de toutes confessions, venus des quatre coins du berceau méditerranéen. Elle accueillera aussi des malades attirés par sa réputation et qui souhaitent bénéficier de soins.

L’école de Salerne, miniature tiré du Canon de Médecine d’Avicenne, Ibn Sina

A partir du XIe siècle, l’Ecole de Salerne entrera dans un âge d’or qui durera plus de sept cent ans. Comme nous l’avons mentionné plus haut, cette impulsion sera due en grande partie à l’apport de la médecine arabe. En l’occurrence, on doit à Constantin l’Africain, un homme né, sur le sol d’Afrique du Nord et à Carthage d’avoir traduit les premiers ouvrages en latin. Ayant beaucoup voyagé, il arriva près de Salerne vers la fin du XIe siècle et, refusant la chaire que l’Ecole lui offrit alors pour enseigner la médecine, se fit moine auprès du monastère bénédictin du Mont-Cassin situé non loin (lieu
qui n’est autre que celui fondé par Saint-Benoit pour y établir son constantin_africain_medecine_europe_medievale_ecole_salerne_influences_perse_juive_arabe_moyen-age_centralordre en 529).

(ci-contre reproduction non datée d’une miniature médiévale de Constantin l’Africain, artiste anonyme,  domaine public)

Dans les années qui suivirent, Constantin l’Africain gratifia l’Ecole de Salerne  de traités et ouvrages de médecine qu’il rédigea alors. Ceux-ci firent autorité, et dit-on, la gloire du moine, qui dura plus de quarante ans. Moins d’un demi-siècle plus tard, on se rendit compte en traduisant des ouvrages de références de la médecine arabe que ce dernier en avait été le traducteur, plus que l’auteur. L’influence était donc déjà signée, on en avait simplement retrouvé les auteurs originaux. Les ouvrages  du bénédictin resteront de grande importance mais seront bientôt supplantés, entre autres références, par l’incontournable Canon Medicinae, d’Avicenne.

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Flos medicinae
vel regimen sanitatis salernitanum

« Lecteur, tu désirais cette Fleur Médicale:
Que d’elle, pour toujours, un doux parfum s’exhale. »
Epigraphe du Flos Medicinae ou Fleur médicinale
de l’Ecole de Salerne

Par la suite, des nombreux écrits et traductions que Salerne légua à l’occident médiéval et qui furent diffusés en direction des Ecoles et universités de l’Europe d’alors, l’un des plus populaires, sur le terrain de la médecine, fut sans doute le Flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanum. C’est un ouvrage collectif écrit en vers et en latin, que l’on prêtait quelquefois originellement à un auteur du nom de Jean de Milan et qui se présente comme un véritable bible de médecine pratique, en vers. Il fut une des grandes références de l’Ecole de Salerne, et son succès a littéralement traversé les siècles pour être encore, jusqu’à la fin de la Renaissance, un texte considéré comme fondamental dans l’art d’exercer la médecine. Pour en donner la mesure, et même s’il date des XIe, XIe siècles, entre le XVe et le milieu du XIXe siècle, on en compte plus de 240 éditions, Il sera notamment abondamment commenté au XIIIe siècle par le célèbre médecin catalan Arnaud de Villeneuve (Arnau de Vilanova)(1240-1311) sous le simple titre de Regimen Sanitatis. Élève lui-même de l’école de Salerne et de l’université de Montpellier, l’édition qu’il en fit connut une grande popularité et contribua encore à la propagation de ce savoir.

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Un long apprentissage pour une profession risquée

medecine_science_medievale_ecole_salerne_moyen-age_medicale_europeen_mediterraneenPour l’anecdote, ajoutons que, dès le XIIe siècle, il fallait plus de huit ans pour faire un médecin à Salerne: à trois années initiales de philosophie et de logique, viennent en effet s’ajouter cinq ans de médecine pratique et théorique, incluant la chirurgie. Même si l’évolution de la science médicale a alors de beaux jours devant elle, cela permet tout de même de mesurer le sérieux que l’on conférait déjà à l’exercice de la médecine.

La profession n’en est pas pour autant, dénuée de risque puisque le moyen-âge connaîtra quelques médecins ainsi formés, exécutés ou brûlés pour n’avoir pas réussi à soigner de haut dignitaires religieux ou politiques un peu chatouilleux. D’autres encore furent même jetés en prison, après coup, bien que les ayant soigné. C’est le cas entre autre d’Arnaud de Villeneuve qui échappa de peu au Bûcher pour certaines de ses prises de position autant que pour sa pratique, bien qu’il avait soigné le pape Boniface VIII. Il fut d’ailleurs sauvé de justesse par ce dernier. L’utilisation que les médecins font alors de l’Astrologie ou de certaines pratiques rituelles pas toujours intelligibles du point de vue chrétien, ont souvent été la source de controverses dont ils ont fait les frais, en se retrouvant frappés d’hérésie.
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Concernant cet ouvrage et pour en conclure, nous vous proposons de le découvrir, par petites touches, en en tirant des citations, issues d’une version traduite en vers français de la version originale de l’Ecole de Salerne et datant de la fin du XIXe siècle. Nous espérons que vous saurez apprécier cette médecine non dénuée de sagesse et qui nous vient tout droit du monde médiéval. Et même si par instants, elle prendra indéniablement dans ses tournures quelques tours désuets, vous y constaterez sûrement, avec de nombreux autres auteurs, que les traités d’hygiène moderne et même certaines formes de médecine hygiénistes ou naturelles actuelles en reprennent les principes, en en ayant souvent oublié les lointaines origines.

En vous souhaitant une très belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Château de Wasselonne : une sortie week-end aux couleurs de Noël et du moyen-âge

wasselonne_blason-heraldique_chateau_marche_medieval_histoire_moyen-age_fetes_festival_idees_sortiesSujet : fêtes historiques, événement moyen-âge, troubadours, compagnies médiévales. idée sorties, marché noël.
Evénement : « Noël au château »
Lieu : Wasselonne, Bas-Rhin (Alsace)
Dates : les 3 et 4 décembre 2016

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passion l’approche des fêtes de fin d’année, la réputation des marchés de Noël alsaciens n’est plus à faire et si vous êtes proche du Bas-Rhin, cette fin de semaine, la cité de Wasselonne et son château vous proposent en plus d’un incontournable marché de Noël dans les règles de l’Art, deux jours de fêtes costumées ayant pour thème tout à la fois le moyen-âge mais aussi noël.

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Le Programme des réjouissances:
Marché de noël et animations médiévales

L_lettrine_moyen_age_passion‘événement débutera le samedi 3 décembre dans l’après-midi pour se poursuivre jusqu’au dimanche 4, en soirée. Côté ambiance et animations, c’est une fête de deux jours relativement panachée et aux couleurs clairement locale. Rien à voir, il faut bien le dire, avec un grand festival historique comme nous en présentons souvent ici avec des dizaines de compagnies médiévales, etc… Et il faut plutôt y voir l’occasion d’aller voir un beau marché de Noël alsacien, tout en ayant des animations et un cadre historiques à se mettre sous la dent.

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On y célébrera donc Noël autant et sinon plus que le moyen-âge. Du côté du monde médiéval, vous pourrez toutefois trouver de nombreux ateliers avec démonstrations d’artisanat et métiers anciens (cuir, taille de pierre, vannerie, etc,…), des animations musicales de type fanfare médiévale avec le trio Toroul Boroul et le groupe Muzikë, un campement avec présentation d’armes et d’armures par la jeune association locale « l’Ost du Hibou » et encore un atelier de tir à l’arc et des démonstrations de fauconnerie.

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Côté nativité, des concerts de chant de Noël seront proposés du côté des différentes paroisses de la ville, ainsi que des contes pour les enfants sur le même thème. Quand au marché de Noël, il sera ouvert traditionnellement le samedi jusqu’à 21 heures et le dimanche jusqu’à 20 heures.

Côté ripailles, outre les nombreuses gourmandises qui vous attendent sur place en journée, si vous vous sentez l’âme gauloise, on prévoit le samedi de faire rôtir un sanglier à la broche!

Pour le programme détaillé des fêtes Wasselonne c’est ici.

L’histoire médiévale de Wasselonne

L_lettrine_moyen_age_passion‘archéologie et l’histoire font remonter l’occupation du site de Wasselonne à plus de 20 000 ans, à partir du néolithique jusqu’à la période gallo-romaine et, plus tard, sous les mérovingiens. La première wasselonne_histoire_medievale_ville_chateau_moyen-age_tardifmention écrite de la ville date du VIIIe siècle et du haut moyen-âge. Elle était alors vraisemblablement occupée par des tribus celtiques et on la nomme: WasselnheimDepuis le VIIe siècle, elle bénéficie aussi de sa proximité avec le village de Kirchheim où les rois carolingiens, Charles le Gros, notamment, ont établi l’une de leur résidence royale.

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Au début du XIVe siècle, en 1308, l’empereur du Saint Empire romain, Henri VII, cédera la moitié des terres de la commune aux évêques de Strasbourg pour reprendre la main sur Mulhouse. C’est durant ce même XIVe siècle que l’on trouve les premières mentions du château de Wasselonne. Il est possible qu’une autre construction l’ait précédée mais l’édifice défensif, fait de pierre de gré rose, ne prendra sa vraie dimension que durant ce siècle et le suivant. Au XVe siècle. Il sera devenu un des plus gros château-forts de la basse Alsace avec pas moins de vingt-sept tours.

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C_lettrine_moyen_age_passion‘est au milieu de ce même XVe siècle que la forteresse et le village seront assiégés par les troupes strasbourgeoises lors d’un conflit qui les opposera au bailli de Dhan, alors propriétaire du château, au motif d’une alliance que ce dernier avait conclu avec le comte de Fenétrange, ennemi juré des Strasbourgeois qui avait, lui-même, soutenu les Armagnacs lors du sac des campagnes autour de Strasbourg. Suite à cet épisode de deux ans, connu sous le nom de guerre de Wasselonne (1446-1448), le château, incendié et ravagé par le siège, sera bien vite reconstruit (les gravures présentes dans cet article témoignent de cette nouvelle architecture).

Pour en finir avec l’Histoire médiévale de Wasselonne, à la fin du XVe siècle le village ainsi que son château seront vendus à la ville de Strasbourg par Walther von Dahn, avec le consentement du Saint-Empire et de son empereur d’alors Maximilien 1er.

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A_lettrine_moyen_age_passion ce jour, il ne reste du château que quelques vestiges: la porte d’entrée, le logis du bailli, quelques restes de l’enceinte et la base d’une tour ronde. Il fut en effet partiellement détruit au XVIIe siècle pendant la guerre de Hollande et ne fut jamais plus reconstruit. L’illustration ci-dessous, tirée du panneau présent dans la cour du château, vous donne de plus amples détails sur les vestiges actuelle de cette forteresse.

Voilà pour la sortie week-end, mes amis, pour le cas où vous soyez proche de l’Alsace cette fin de semaine. avec, une fois n’est pas coutume, une saveur de fêtes de noël, autant qu’une touche de médiéval. Quoiqu’il  en soit, et comme toujours, que vous puissiez vous y rendre ou non, passez un excellente fin de semaine.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Réflexions sur les merveilles et attraits du moyen-âge, à partir d’une citation de Georges Duby

“Le moyen âge est un monde merveilleux, c’est notre western, et en cela il répond à la demande croissante d’évasion et d’exotisme de nos contemporains.”
Citation de Georges Duby (1919 – 1996), Historien médiéviste.
Entretien avec Antoine de Gaudemar – Octobre 1984

Bonjour à tous,

C_lettrine_moyen_age_passionette citation de Georges Duby situe l’intérêt moderne pour le moyen-âge dans le champ du divertissement, de l’évasion exotique ou de « l’entertainment » pour le dire à l’anglaise. Au vue de l’intérêt que suscite le monde médiéval chez nos contemporains, il y a sans doute, dans l’échantillon, une recherche qui va tout de même un peu au delà du simple dépaysement. En d’autres termes, il y a certainement de cela, mais on ne peut pas réduire l’attrait du moyen-âge qu’à cela, sauf à  mieux définir et cerner cette « demande croissante d’évasion ». Doit-on la situer uniquement sur le marché des loisirs en corrélation avec l’augmentation du temps libre? Ou faut-il encore la placer dans les creux de nos sociétés modernes et d’un certain « déficit » de valeurs?

D’une certaine manière, à l’autre bout du spectre des motivations ou de l’intérêt pour le moyen-âge, et dans l’ombre de ce dépaysement, se dessine aussi, dans certains cas, en filigrane cette autre réalité que nous dépeint Jacques le Goff dans une citation que nous avons déjà publié ici. Il vient y ajouter au simple divertissement, une forme de fuite face à un monde moderne qui ne comble pas toutes les attentes, loin s’en faut, et duquel il s’agit de s’arracher:

histoire_monde_medieval_jacques_le_goff_citations_moyen-âge“Le Moyen-Âge ne m’a retenu que parce qu’il avait le pouvoir quasi magique de me dépayser, de m’arracher aux troubles et aux médiocrités du présent et en même temps de me le rendre plus brûlant et plus clair.”

Citation de Jacques Le Goff, historien médiéviste (1924-2014),  « A la recherche du Moyen Âge »

Il faudrait bien sûr, une sérieuse étude pour mieux cerner les attentes et les représentations entre un dépaysement léger et festif d’un côté, et la recherche plus profonde d’un moyen-âge des valeurs de l’autre, mais cette dernière dimension ne peut être minimisée, et ce, que certaines des valeurs prêtées au moyen-âge soient idéalisées ou non.

Toute proportion gardée et toute précaution prise, si l’on juge avec beaucoup de sérieux l’intérêt du moyen-âge pour l’antiquité, pourquoi ne jugerait-on pas avec le même sérieux, l’intérêt du monde moderne pour le moyen-âge, sauf à penser que tout est devenu un produit culturel emballé sur un marché aux valeurs pipées et que tel raisonnement appliqué au passé n’est pas applicable au présent?

Quoiqu’il en soit, au sein du grand supermarché de l’offre culturelle et spirituelle, passée et présente – ce grand marché décloisonné dans l’espace et dans le temps dont nous sommes devenus les clients/consommateurs – , la question de sonder la profondeur de nos choix en relation à notre propre société et notre propre culture reste toujours une question dont on ne peut faire l’économie.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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La popularité médiévale des héros des légendes Arthuriennes, une conférence de Michel Pastoureau.

excalibur_legendes_arthuriennes_conference_histoire_medieval_litterature_moyen-age_michel_pastoureauSujet : légendes arthuriennes, corpus littéraire, popularité médiévale, héros arthuriens, chevalier table ronde, littérature médiévale
Période : moyen-âge central à tardif
Média : Conférence
Auteur : Michel Pastoureau
Titre : « Les chevaliers de la Table Ronde : anthropologie d’une société imaginaire »

Bonjour à tous,

R_lettrine_moyen_age_passionemettre en perspective les légendes arthuriennes et leur immense popularité médiévale, voilà l’objectif que se propose l’historien Michel Pastoureau dans cette conférence. Pour le conduire, il choisit une angle original qui passe par l’approche concrète du large corpus littéraire que le moyen-âge nous a livré sur ce sujet, autant que celle des études de prénoms empruntés à cette littérature que les gens du moyen-âge donnèrent alors à leurs enfants,

Loin de l’image et de la grille habituelle des héros que la littérature anglo-saxonne moderne autant que son cinéma nous donnent des lancelot_legendes_arthuriennes_conference_litterature_medievale_heros_chevaliers_arthurien_moyen-agechevaliers de la table ronde, on y découvre, entre autre un Yvain et Gauvain bien plus populaires qu’un Arthur ou même qu’un Lancelot.

Pour l’anecdote et concernant ce dernier, son image médiévale de personnage sombre et ambivalent ne semble finalement pas si loin de celle qu’Alexandre Astier lui prête dans son excellente série Kaameloot, série qui a d’ailleurs inspirée quelques unes des illustrations de cet article (j’en profite pour ajouter ici que ce sont les acteurs Simon Astier et Aurélien Portehaut qui y campent respectivement  les personnages de Yvain et de Gauvain).

Conférence audio: « Les chevaliers de la Table Ronde : anthropologie d’une société imaginaire »

En cas de problème de chargement de la vidéo, voici un lien alternatif vers la conférence au format audio.

Michel Pastoureau, historien, anthropologue et pédagogue

Formé à la prestigieuse Ecole des Chartes, Michel Pastoureau est de ces historiens médiévistes et anthropologues qui s’intéressent à des sujets qui parlent au public. Ajoutons à cela, qu’il sait les mettre à la portée de ce dernier, avec pédagogie et simplicité, à travers ses oeuvres écrites comme ses conférences.

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Aujourd’hui,  directeur d’Etudes à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, il est également correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres et encore Président de la Société française d’héraldique et de sigillographie. On lui doit, à ce jour, plus de quarante ouvrages, de nombreuses articles et publications, mais encore de nombreuses conférences et participations à des émissions de radios. De fait, il est sans doute un des historiens médiévistes les plus accessibles et les plus populaires de notre temps.

On le retrouve sur des sujets aussi populaires que le bestiaire médiéval, la symbolique des couleurs, et encore les héraldiques et il nous livre ici un peu d’une passion de jeunesse sur les légendes arthuriennes qui, de son propre aveu, a même contribué à sa vocation d’historien. L’analyse puise dans le champ anthropologique et s’avère aussi didactique, qu’accessible et originale. Il y revisite encore la relation entre littérature et Histoire et la place de l’imaginaire dans le social.

En vous souhaitant une excellente journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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