
Période : moyen-âge central
Auteur : Thibaut de Champagne (1201-1253)
Titre : chanson d’amour ou « Por conforter ma pesance »
Manuscrit ancien : le chansonnier du roi
Interprètes : Alla Francesca. Vocal: Emmanuel Vistorky, Harpe: Brigitte Lesne
Bonjour à tous,

Pour ce qui est de la pièce du jour, comme son titre l’indique, il s’agit d’une chanson d’amour courtois dans laquelle le roi poète, victime impuissante et consentante de ses sentiments amoureux, chante à sa dame la douce flamme qui le retient prisonnier.
Alla Francesca : à la découverte du Thibaut de Champagne et du Chansonnier du roi
On doit à la très sérieuse formation artistique et musicale Alla Francesca, spécialisée dans le répertoire des musiques anciennes et médiévales un album entier sur le roi troubadour.
Les chansons sont tirées du manuscrit du roy (roi) ou chansonnier du roi, ouvrage d’importance majeure pour la musique médiévale des XIIe et XIIIe siècles qu’il s’agisse de danses, de pièces instrumentales, comme de chansons monophoniques ou polyphoniques.

Les paroles de la chanson d’amour de Thibaut le Chansonnier & leur adaptation en français moderne
Por conforter ma pesance
  Faz un son.
  Bons ert, se il m’en avance,
  Car Jason,
  Cil qui conquist la toison,
  N’ot pas si grief penitance.
  E! é! é!
Pour soulager mon cœur lourd
 Je compose un air.
Il  serait bon qu’il puisse m’aider
 Car Jason,
Celui qui conquit la toison,
 Ne subit pas si dure pénitence.
 Hé, hé, hé !
Je meïsmes a moi tence,
 Car reson
 Me dit que je faz enfance,
 Quant prison
 Tieng ou ne vaut raençon;
 Si ai mestier d’alejance.
 E! é! é!
Je me fais à moi-même des reproches
 Car ma Raison
 Me dit que je fais une folie
 De rester dans une prison
 Où il n’y a de rançon qui vaille.
 J’ai donc bien besoin de soulagement.
 Hé, hé, hé !
Ma dame a tel conoissance
 Et tel renon
 Que g’i ai mis ma fiance
 Jusqu’en son.
 Meus aim que d’autre amor don
 Un regart, quant le me lance.
 E! é! é!
Ma dame est si reconnue
 Et renommée
 Que j’ai mis toute confiance
jusqu’en elle
Plus  que l’amour d’une autre,  je préfère
un seul regard,   quand c’est elle qui me le lance.
 Hé, hé, hé !
Melz aim de li l’acointance
 Et le douz non
 Que le roiaume de France.
 Mort Mahon!
 Qui d’amer qiert acheson
 Por esmai ne pour dotance!
 E! é! é!
J’aime mieux sa présence
 Et son doux nom
 Que le royaume de France.
 Maudit soit, par Mahomet !
Qui l’Amour veut accuser
En ce qu’il apporte peine et souffrance.
 Hé, hé, hé !
Bien ai en moi remenbrance
 A conpaignon;
 Touz jorz remir sa senblance
 Et sa façon.
 Aiez, Amors, guerredon!
 Ne sosfrez ma mescheance!
 E! é! é!
J’ai en moi  mes souvenirs
 Qui m’accompagnent ;
Pour chaque jour contempler son image
 Et son visage.
 Amour, accordez-moi récompense,
 Ne souffrez pas mon malheur !
 Hé, hé, hé !
Dame, j’ai entencion
 Que vos avroiz conoissance.
 E! é! é!
Dame, j’espère bien
 Que vous saurez faire preuve de discernement.
 Hé, hé, hé !
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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ujourd’hui, nous explorons à nouveau le 
e me permets de citer ici les mots même de Jordi Savall à propos de cet album entièrement dédié aux estampies du manuscrit du Roy parce qu’ils ont le mérite de montrer tout le soin et le sérieux apportés à la préparation de ce type d’albums. En l’absence d’annotations (instruments, tempo, ornementation, etc…), il s’agit d’effectuer là un véritable travail  de reconstitution et on voit bien à quel point l’artiste et le chercheur travaillent alors de « concert » pour retrouver l’interprétation la plus juste tout en conservant une liberté laissée de fait également aux musiciens d’alors, par les « vides » même de l’écriture musicale médiévale:

Sujet : musique médiévale, musiques anciennes, troubadours modernes, Cantiga de Santa Maria.

ous vous proposons un peu de musique, à nouveau aujourd’hui, avec le groupe 