« La connaissance, c’est l’expérience que fait l’homme de l’unité qui unit tous les hommes. » Citation médiévale, mystique chrétienne
Maître Eckhart (1260-1328), théologien, philosophe et grand mystique chrétien et dominicain du moyen-âge.
oilà encore une belle citation de maître Eckhart, l’un des mystiques les plus profonds que les dominicains et le monde médiéval nous aient légué. Au delà des formules ou des mots, cette connaissance que l’on peut toucher et de laquelle il parle, se fond chez lui avec le concept de Un taoïste. Le Un de l’unité du monde. Rien n’est séparé, pas même un être, pas même une mouche. Cette connaissance est une expérience directe, non livresque, et comme toujours, elle repose et se niche dans la méditation silencieuse plus que dans la glose. Les mots de Maître Eckhart se lisent toujours à travers sa pratique, avec l’âme ou le coeur, plutôt qu’avec la tête.
Sujet : musique et chanson médiévales, Manuscrit ancien, manuscrit de Bayeux. Titre de la chanson; le Roy Engloys Période : Moyen Âge tardif, fin du XVe siècle. Interprète : ensemble Obsidienne. Album : « le jardin des délices »
Les richesses du manuscrit de Bayeux
écidément, quand il est question d’histoire médiévale, la ville de Bayeux nous régale de bien des choses et pas seulement de la mythique tapisserie de soixante-dix mètres de long que la reine Mathilde broda aux XIe siècle et qui conte l’histoire de la conquête de l’Angleterre par le Duc de Normandie, Guillaume le conquérant. Aujourd’hui, nous nous intéressons à un recueil de chansons datant du XVIe siècle et qui nous vient justement et encore de la ville de Bayeux qui l’a conservé un temps. De cela, nous pouvons déduire que Bayeux est une ville qui conserve, Gloire à elle et à ses habitants! Mais ne nous dispersons pas.
Sous la référence Français 9346, le manuscrit de Bayeux est un ouvrage de cent trois chansons datant donc du début de la renaissance mais compilant des chants et des musiques normandes et d’île de France, réputées écrites dans les cinquante à cent ans précédent leur recompilation par Charles de Bourbon (fin du XVe, début du XVIe siècle).
Entre amour courtois et d’autres chants plus belliqueux ou évocateurs, ou même chansons à boér « Bevons, ma commère », le manuscrit de Bayeux porte aussi la marque indélébile de la guerre de cent ans. Près d’un siècle après les faits, et même si nous sommes presque déjà à l’aube de la renaissance, ce manuscrit ancien peut donc être clairement rattaché au moyen-âge tardif. Avec la chanson « le roy Engloys » (le roi anglais), que nous vous proposons, aujourd’hui, il est question de chanter la mort d’Henri V d’Angleterre (portrait ci-contre datant du XVIe siècle), tête couronnée portée aux nues par les anglais et par Shakespeare, mais honni alors du côté français, la sanglante bataille d’Azincourt n’y étant certainement pas étrangère. De fait, les contemporains du manuscrit de Bayeux n’avaient visiblement oublié ni les faits, ni les prétentions sur le trône du souverain anglais. Hormis quelques incohérences historiques dans le texte, qui semblent s’expliquer par le fait que cette chanson a été écrite longtemps après le trépas d’Henri V, il s’agit bien sûr ici de célébrer la victoire sur les anglais « boutés » hors de France. Ah! Les couez (couards), Mauldite en soit la trestoute lignyé ! Je plaisante, calmons-nous ! N’enfilez pas tout de suite vos cottes de maille, les amis, ces temps sont loin!
L’ensemble Obsidienne
L’interprétation que nous vous proposons aujourd’hui de cette chanson est tirée de l’album « Le Jardin des Délices » de l’ensemble Obsidienne. N’y cherchez pas par contre la voix de Patrick Bruel « Yalil Yalil Ya bibi Halil ». D’abord c’est un café des délices, lui, et pas un jardin donc il ne s’agit pas du tout de la même chose. En plus cela ne se passe, mais alors pas du tout au moyen-âge et d’ailleurs pas en France non plus, donc bon, pardonnez-moi mais il me semble que vous nagez un petit peu en pleine confusion quand même.
Pour revenir à des considérations plus sérieuses, Obsidienne est un ensemble vocal et instrumental formé en 2009 et dont l’ambition affichée est de « faire vivre le répertoire du Moyen-âge et de la renaissance; simplement, avec naturel, en réconciliant l’art de l’interprétation avec celui de l’improvisation ». (sic).
Dirigé par le baryton, contre-ténor, musicien et instrumentiste, Emmanuel Bonnardot, l’ensemble ne se ferme aucune porte quand il s’agit de faire vivre son art, mêlant à sa musique, poésie, théâtre ou danse, et dit même faire appel aux oeuvres picturales des grands peintres du moyen-âge pour parfaire son travail de restitution historique, musical et artistique. Autre originalité de ces artistes et troubadours modernes qui ont mis leurs multiples talents au service de la recherche et l’interprétation des musiques anciennes, l’ensemble, qui comporte au complet plus de seize personnes, peut également se produire en formation plus réduite pour des représentations ou des concerts plus intimistes ou plus spécialisés. Pour plus d’informations sur leur actualité et leur discographie, n’hésitez pas à consulter leur site web ici.
Les paroles de la chanson « le Roi anglais »
Le Roy Engloys se faisoit appeler Le Roy de France par sappellation. Il a voulu hors du païs mener Les bons François hors de leur nation.
Or il est mort à Sainct-Fiacre en Brye, Du pays de France ils sont tous déboutez. Il n’est plus mot de ces Engloys couez. Mauldite en soit trestoute la lignye !
Ils ont chargé lartillerie sur mer, Force biscuit et chascun ung bidon, Et par la mer jusquen Bisquaye aller Pour couronner leur petit roy Godon.
Mais leur effort n’est rien que moquerie : Cappitaine Prégent lez a si bien frottez Qu’ils ont esté terre et mer enfondrez. Mauldite en soit trestoute la lignye !
Une excellente journée à tous!
Fred
pour moyenagepassion.com « A la découverte du monde médiéval d’hier et d’aujourd’hui »
Enfin, une expérience scientifique pour vérifier les actuelles hypothèses sur la disparition des mottes castrales au moyen-âge.
on, nous l’avions déjà posté à l’occasion de notre troisième article sur l’histoire des châteaux-forts et de la poliorcétique, mais pour ceux qui l’auraient raté autant que pour les besoins de l’indexation je reposte ici cette ânerie en image.
Attention!, « Vous qui êtes, chez vous, ne tentez pas de reproduire cette expérience à la maison, ni ailleurs non plus d’ailleurs! ». Outre le fait que vous pourriez passer pour un gros débile, cela pourrait, à coup sûr, s’avérer dangereux. En plus, vous ne connaissez pas le seigneur des lieux et si petit soit-il, si ça se trouve, il est du genre rancunier!
Humour : pas taper!
Il ne faut pas m’en vouloir, je suis comme un enfant, mais j’avoue que le fait d’imaginer vingt historiens et scientifiques assis, silencieux et concentrés (autant que l’air dépité de celui qui a réalisé ce patient travail de maquette) autour de cette expérience que l’on pourrait qualifier sans trop s’avancer de totalement absurde et crétine, ne lasse pas de me faire rire.
Que l’on se rassure donc, la motte castrale sur la photo ne sera pas sacrifiée sur l’autel de l’Histoire « un poil » approximative, issue de mes pitreries du jour. Elle est actuellement visible au musée historique de la ville de Bayeux. Visitez-le si vous passez par là-bas pour apprécier, entre autre chose, le travail effectué sur cette jolie reconstitution historique miniature d’une motte castrale médiévale!
ujourd’hui, j’avais envie de dédier quelques vers aux châteaux, d’ici ou ailleurs. Je n’aurais pas l’arrogance de nommer cela poésie. Faire de la poésie, c’est comme se prétendre « artiste », c’est une définition que seuls les autres peuvent donner, qu’il me suffise déjà d’avoir l’outrecuidance de publier ces quelques lignes…
Oeil des Siècles
Coquilles d’escargot en spirale indolente, Qui gravissent les cieux jusqu’à tes dents de pierre Tandis que l’eau se mire dans tes hauteurs lierres Tes tours tremblent encore d’émotion retenue Au souvenir des temps où l’on donnait le cor A l’assaut de tes murs, à l’assaut de tes rues D’émotion contenue, tes tours tremblent encore.
Et s’ils te disent ruines, O vénérable ancien, Le port encore bien droit dedans ta robe altière, Digne comme un promis que l’on mène à sa belle A peine effacé, le souvenir revient Des jours où face aux osts, tu te tenais rebelle. Tous alors, fols ou rois, redoutaient le courroux De tes remparts grondants d’une rage tonnerre.
Et cette tour qui penche comme une cicatrice, A l’Est de ta ronde, du côté du levant, Insigne de victoire dans ta chair pierraille A la beauté étrange des blessures refermées Et des marques guerrières, au large des batailles, Tes ennemis d’alors ? Poussière au lit du temps Leur ambition déchue en régal aux chimères. Mais toi, oeil des siècles, vieil ami, vieux complice, Tu te tiens encore là, debout, vibrant et fier.
Et dans l’eau qui se pâme aux langueurs célestes De tes murailles borgnes aux longs doigts effilés Raisonnent encore les luths, les vièles et les gestes Des jongleurs en liesse venus te célébrer. Trouvères, montreurs d’ours et belles damoiselles, Dames à la coiffure plus haute qu’un donjon, Vendeurs ambulants qui vantent leurs chiffons, Seigneurs, manants, vilains, en fête tout autour, A la gloire de tes faits, au soleil de tes jours.
Et de ton pont-levis dont il ne reste rien, Pas plus que de ta grille mâchurée de ferraille, Moi je sais bien, vieux frère, que c’est coquetterie. Du sage un peu railleur à la barbe grisaille. Au jour qui les perce, ces ouvertures qui baillent Sont comme le sourire édenté de l’ancien, Des ridules de joie autour de ses yeux gris, Et qui se rie de nous, nous qui ne savons rien.
Une bien belle journée à tous sur les terres de monde où l’on parle le Françoués.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publilius Syrus Ier s. av. J.-C