Sujet : chanson, musique médiévale, renaissance, chanson à boire, folk, musique ancienne. Auteur : Gabriel Bataille (1575-1630) Titre : qui veut chasser une migraine Interprète : le groupe Tri Yann
Une chanson « médiévale » du début de la renaissance
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous faisons une incursion dans les XVI, XVIIe siècles pour présenter une chanson à boire que l’on dit souvent médiévale mais qui, en réalité, ne l’est pas, en tout cas, pas sous la forme musicale qu’on lui connait et qui est celle que nous vous proposons aujourd’hui. Ce ne sera pas la première fois, notez-bien, et il y a souvent une confusion ou quelquefois un abus, sur les choses du passé qui ont tôt fait de se retrouver médiévales quand elles sont, en réalité, de la renaissance, voir même des XVIIe, XVIIIe. De fait, il n’est pas rare que le monde médiéval glisse, en quelque sorte, de quelques siècles vers l’avant dans les esprits. Au fond, on peut en déduire que les lignes tracées par l’Histoire pour tenter de découper l’aventure humaine en période, ne sont pas toujours aussi évidentes ou claires que ça. Quoiqu’il en soit, cette composition: « qui veut chasser une migraine » hérite de cela puisque elle date, quant à elle, de la renaissance plutôt que du moyen-âge.
Le vin, de l’église aux tavernes, enluminure tirée du Missel de Jacques de Beaune, Jean Bourdichon, début XVie siècle
Gabriel Bataille, maître de musique, joueur de Luth et compositeur à la cour
Pour mettre de l’eau au moulin de la confusion (de l’eau? quelle horreur!), on serait bien en peine de dater la tradition des chansons à boire; sans doute sont-elles aussi anciennes que les premières vignes et cette pièce du jour pourrait presque paraître sortie tout droit de la tradition des goliards du XIIe siècle, à ceci près qu’elle nous parvient en bon français du XVIIe siècle, à quelques lettres près pour la moderniser; elle devait, en effet, à fette époque compter plus de f que de s ou de c dans fon tefte que la verfion poftée ici.
On l’attribue à Gabriel Bataille (1575-1630), un musicien, joueur de luth et compositeur de la cour qui a connu un certain succès à son époque pour avoir notamment mis en tablature de luth un certain nombre de compositions et de chansons d’auteurs divers. Quand on feuillette ses ouvrages et notamment le livre VI des Airs de Différents Auteurs mis en tablature de luth, – que l’excellente bnf a digitalisé et publié en ligne pour nous -, on trouve plutôt des histoires « d’amourettes » ou des textes à la gloire du bon roi et des princes, que cette ode à la boisson qui dénote même franchement du reste. La concernant, on en prête à Gabriel Bataille à la fois la paternité et la composition, même si je n’arrive rien à trouver qui établisse de manière certaine qu’il soit l’auteur du texte.
Tri-Yann, groupe folk mythique
Tri-yann une longue carrière au service du folk, et des musiques traditionnelles et anciennes
On trouve de nombreuses versions de cette joyeuse invitation à la débauche dans la qualité, interprétées par des formations diverses, avec certaines voix même quelquefois lyriques, mais, pour aujourd’hui, nous avons clairement penché pour cette version « roots », issue d’un esprit plus résolument « taverne » que « cour » (ouf! On s’y sent plus à l’aise).
Elle est Interprétée par le célèbre groupe Tri-Yann, la mythique bande folk de Nantes qui, depuis les années 70, nous font revivre avec bonheur les musiques celtiques et les chants de la Bretagne antique et traditionnelle et y ajoutent leurs propres créations et compositions. Pour notre plus grand plaisir, ils continuent de le faire 46 ans après et pour rester dans notre sujet, cela mérite un toast à leur santé! Longue vie Tri-Yann et merci pour toutes vos belles invitations au voyage! Le Dauphinois, en moi, pourrait être jaloux que ses terres n’aient point encore semblé trouver de troupes ou d’artistes qui puissent les chanter aussi haut et fort que vous chantez votre Bretagne de Coeur.
Le logo du groupe Tryann revisité pour l’occasion avec les quatre éléments
Nous voulons aussi remercier ici Tri-Yann pour nous avoir répondu si gentiment et si rapidement sur ce projet d’article et pour nous avoir permis l’utilisation de cette vidéo mais aussi d’une photo, en accord également avec Eric Doll qui se charge du site web du groupe. Merci encore!
Pour le reste, vous retrouverez ici sur le site web de Tri-Yann toute leur actualité et leurs nouvelles productions.
Les paroles de « qui veut chasser une migraine »
Qui veut chasser une migraine N’a quoi boire toujours du bon Et maintenir sa table pleine De cervelas et de jambon.
L’eau ne fait rien que pourrir le poumon Goûte, goûte, goûte, goûte, compagnon, Vide-nous ce verre et nous le remplirons.
Le vin goûté par ce bon père, Qui s’en rendit si bon garçon, Nous fait discours tout sans grammaire Et nous rend savant sans leçon.
L’eau ne fait rien que pourrir le poumon Goûte, goûte, goûte, goûte, compagnon, Vide-nous ce verre et nous le remplirons.
Buvons donc tous à la bonne heure Pour nous émouvoir le rognon Et que celui d’entre nous meurt Qui dédira son compagnon.
L’eau ne fait rien que pourrir le poumon Goûte, goûte, goûte, goûte, compagnon, Vide-nous ce verre et nous le remplirons.
Une belle journée à tous et, il nous faut bien l’ajouter, puisque les législateurs se sont mêlés de nous l’expliquer (comme si nous n’étions pas assez grands pour le savoir), que tout cela soit dans la modération!
Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : Un « air » médiéval et ancien pour une belle poésie de Gilles Vigneault. Chanson folk, musique traditionnelle. Titre : le jardin de mon père Interpréte : Gilles Vigneault
Bonjour à tous!
ous allez me dire que ce morceau de Gilles Vigneault que nous postons ici ne date pas du moyen-âge et que par conséquent, il n’a pas grand chose à voir avec le monde médiéval et vous aurez bien raison. Que les plus puristes d’entre vous ne me jettent pas la pierre pourtant, et conviennent avec moi que autant la musique et les arrangements de ce morceau que la poésie merveilleuse de Gilles Vigneault pourraient bien faire paraître cette chanson bien plus ancienne qu’elle ne l’est en réalité. Il y a quelquefois un fil ténu du folk ou de la musique traditionnelle et populaire, à certains airs de la musique médiévale, notamment de la fin du moyen-âge et des siècles suivants. C’est au fond une forme de continuité, rien de ces pièces hautement sophistiquées et allégoriques, quelque chose d’une transmission orale et populaire, des instruments anciens que l’on chérit aussi et que l’on soigne, un sens de la fête, de la joie mais du drame aussi. Me concernant, en tout cas, avant de connaître ce morceau et de savoir qui l’avait écrit, vous m’auriez dit que c’était un chant populaire ancien du XVIe XVIIe, je pense que je n’aurais pas ciller. Il n’est pas impossible que Gilles Vigneault y fasse indirectement allusion à une chanson ancienne du XVIIIe intitulé « Dans les jardins de mon père » mais ce n’est qu’une supposition.
En même temps, comme sur ce site, nous aimons la langue française et ses origines autant que ses poètes, ce post nous fournit une double occasion : la première est de saluer ce beau poète vivant qu’est Gilles Vigneault et dont il faut écouter et réécouter la belle poésie. Elle s’élève sans rougir au rang d’un Prévert, et cet homme de coeur et de verbe, aux racines bien trempées dans sa terre natale et qui rêve encore d’un monde meilleur en regardant les étoiles est un vrai cadeau. Tout cela nous donne aussi l’occasion de faire un clin d’oeil chaleureux aux gens du Québec, à leur attachement à leur histoire, autant qu’à leur amour de la langue française et à leur façon de la faire chanter et de la porter haut. Il y a vraiment des trésors de musiques traditionnelles et de musiques folk à découvrir de cet autre côté de la mer. On y trouve d’ailleurs de nombreuses associations et compagnies médiévales et il s’y organise à Montréal même et annuellement, un grand salon de la passion médiévale et historique, unique sur le continent nord américain. Le prochain sera bientôt là!
Les Paroles de la poésie de Gilles Vigneault
Au jardin de mon père
L’était un gros ballon
Au jardin de mon père
L’était un gros ballon
Tout rond comme la terre
En vert et bleu profond sous le pont
Danse et ris mon compère
Les beaux jours viendront
Des lacs et des rivières
Des plaines des vallons
Des lacs et des rivières
Des plaines des vallons
Le long de ces rivières
Des gens dans les maisons sous le pont
Danse et ris mon compère
Les beaux jours viendront
Un jour des gens de guerre
En rempli l’horizon
Un jour des gens de guerre
En rempli l’horizon
Ont cassé la barrière
Et crevé le ballon sous le pont
Danse et ris mon compère
Les beaux jours viendront
Ont vidé la rivière
Et pris tous les poissons
Ont vidé la rivière
Et pris tous les poissons
Ont pris toutes les pierres
Pour nourrir leurs canons sous le pont
Danse et ris mon compère
Les beaux jours viendront
Ont tué père et mère
Et brûlé la maison
Ont tué père et mère
Et brûlé la maison
Moi je les ai vus faire
Caché dans le bas-fond sous le pont
Danse et ris mon compère
Les beaux jours viendront
Moi je fais mes prières
Je sais bien ma leçon
Moi je fais mes prières
Je sais bien ma leçon
Si Dieu les laisse faire
C’est qu’il a ses raisons sous le pont
Danse et ris mon compère
Les beaux jours viendront
Si vous voyez mon frère
Dites-lui ma chanson
Si vous voyez mon frère
Dites-lui ma chanson
Dites-lui que j’espère
Qu’il rentre à la maison sous le pont
Danse et ris mon compère
Les beaux jours viendront
Au bord de la rivière
J’ai trouvé mon ballon
Au bord de la rivière
J’ai trouvé mon ballon
Il se prend pour la terre
A perdu la raison sous le pont
Danse et ris mon compère
Les beaux jours viendront
Danse et ris mon compère
Les beaux jours viendront
Sujet : chanson, musique moyen-âge, troubadours, trouvères Période : haut moyen-âge, fin du moyen-âge, XVIe siècle (1544) Auteur de la chanson : non connu, chant populaire Interprètes : Malicorne Extrait de l’album : Pierre de Grenoble sortie en 1973
Malicorne, troubadours & folk des 70’s
roupe folk mythique des années 1970, Malicorne s’est fait connaître pour avoir repris et fait connaître un répertoire de chansons populaires anciennes qui, pour la plupart, se situe à la toute fin du moyen-âge, sinon un peu après.
Passionnés d’instruments anciens et de musique folk, le groupe dispose aussi des talents vocaux uniques et de la belle sensibilité de ses interprètes principaux : Gabriel Yacoub et Marie Sauvet(photo ci dessous de ces deux artistes). De fait, on leur doit des titres aux résonances magiques qui ont remis au goût du jour un certain nombre de complaintes et de textes anciens. A l’appel de leurs fans et pour leur plus grand plaisir, le groupe mythique s’est reformé en 2010, à l’occasion d’un concert aux Francofolies de la Rochelle.
Concernant la chanson « le prince d’Orange », en dehors du groupe Malicorne, qui l’a rendue populaire, à nouveau, par le grand succès rencontré avec l’album Pierre de Grenoble, dans les années soixante-dix, il faut noter qu’elle a été reprise et est encore au répertoire de nombreux groupes de folks ou de troubadours des temps modernes qui sillonnent les nombreuses fêtes et festivals dédiés au monde médiéval et au moyen-âge sur notre bonne terre de France. A ce qu’il semble, la plupart s’inspire du même texte que celui de Malicorne; on doit donc bien supposer une certaine influence, à défaut d’une filiation ouvertement revendiquée.
L’histoire de la chanson du Prince d’Orange.
La chanson « Le prince d’Orange » est supposée datée de 1544. Nous sommes donc pratiquement à la toute fin du moyen-âge. En réalité, il y a forcément une confusion quelque part concernant ce chant et son histoire, car s’il est bien daté de 1544, ce sur quoi on semble s’accorder dans des ouvrages même anciens, il ne peut, en aucun cas, comme on le trouve affirmé en certains endroits, conter la mort du célèbre Guillaume de Nassau, prince d’Orange, (1533-1584) appelé également « Guillaume le Taciturne » qui, lui, ne mourra que cinquante ans plus tard et pas du tout sur le champ de bataille, mais assassiné par un fanatique comtois.
Comme on s’en doute, il y a eu dans l’histoire de nombreux princes d’Orange, et tant de Guillaume(s) en plus de cela qu’il est bien difficile de faire le tri. On en compte plus de vingt auquel on ajoute pas toujours le chiffre en latin quand on les cite! Imaginez que l’on ne parle que de Louis de France sans mentionner le I, le II, le IX etc, cela vous donne à peu près une idée de la situation. Donc, rien à voir là non plus avec le célèbre troubadour Guillaume d’Aquitaine (1071-1126) qui nous aura épargné d’être, lui aussi, comte d’Orange pour ne point ajouter à notre confusion, ce dont nous lui rendons grâce ici, même s’il y a eu aussi un autre Guillaume d’Orange (1155-1218), troubadour mais il s’agissait cette fois-ci de Guillaume de Baux.
Bon mais alors quoi ?
En général, on s’accorde plutôt à dire que cette chanson conte la mort de René de Chalon (1519-1544), prince d’Orange, comte de Nassau et seigneur de Bréda, oncle et ancêtre direct de Guillaume 1er d’Orange. René de Chalon, donc, serait mort en 1544, emporté à vingt cinq ans par une blessure reçue sur le champ de bataille, durant le siège de Saint-Dizier (portrait ci dessous). Cette chanson aurait été écrite en son hommage et l’année de cette même mort. Voilà qui est plus cohérent cette fois-ci au niveau des dates au moins. Oui, mais voilà, si c’est bien de ce prince d’Orange là dont cette chanson nous parle, que viennent faire ici les anglais et la guerre de cent ans? La réponse est: « absolument rien du tout », puisque, même si les tensions franco-anglaises ont eu la vie dure au fil des alliances ou dés-alliances entre les deux royaumes, après cette même guerre de cent ans, cette dernière est réputée finie plus d’un siècle avant que cette chanson ne soit écrite.
En réalité, le siège de Saint Dizier, durant lequel René de Chalon trouva la mort, est une bataille qui fait partie de la Neuvième Guerre d’Italie. Cette guerre a opposé l’empereur du Saint Empire romain germanique, Charles Quint, soucieux d’unifier son royaume, au roi de France d’alors, François 1er, qui refusait de céder son trône. Et si, encore une fois comme nous le dit l’Histoire, René de Chalon était un proche de l’empereur Charles Quint qui l’aurait même veillé sur son lit de mort, c’est à l’appel de cet empereur que notre prince d’Orange s’en fût en guerre pour guerroyer donc contre le roi de France. Les ennemis auxquels il faisait face alors, n’étaient donc pas les anglais, mais bien les français et les fidèles du roi de France, François 1er.
(photo ci-contre l’incroyable sculpture datée de 1545 et réalisée par le sculpteur lorrain Ligier Richier sur le transi de René de Chalon, église Saint-Étienne de Bar-le-Duc (Meuse).
Dans les faits, durant cette bataille de Saint- Dizier, les anglais, s’il y en avait sur le terrain ce que je ne saurais affirmer, par le soutien d’Henri VIII d’Angleterre à l’empereur devaient même se trouver du côté de René Chalon et de l’empereur et non pas du roi de France! Comment dans ces circonstances auraient-ils pu tirer et tuer le prince d’Orange? La chanson ferait-elle allusion à un autre prince d’Orange et une autre bataille? Si c’est le cas, point n’en trouve trace pour l’instant, mes bons amis. Et du coup, ça y est! Tout cela commence à me monter un peu. Si ça continue, je vais finir par faxer tout ça à Alain Decaux ou à Stéphane Berne moi, ça va pas traîner. Qu’ils bossent un peu là-dessus, eux aussi! Il n’y a aucune raison, mais vraiment aucune raison que je sois le seul à m’y coller! Mais allons, assez devisé! Haut les coeurs et chantons!
Le prince d’Orange, le texte en 1835
Bulletin de la Société d’Histoire de France, ouvrage de 1835
Paroles modernes de ce chant ancien
C’est le Prince d’Orange Tôt matin s’est levé Est allé voir son page » Va seller mon coursier « Que maudit soit la guerre » Va seller mon coursier «
Mon beau Prince d’Orange Où voulez-vous aller ? Que maudit soit la guerre Où voulez-vous aller ?
Je veux aller en France Où le Roi m’a mandé Que maudit soit la guerre Où le Roi m’a mandé
Mis la main sur la bride Le pied dans l’étrier Que maudit soit la guerre Le pied dans l’étrier
Je partis sain et sauf Et j’en revins blessé Que maudit soit la guerre Et j’en revins blessé
De très grands coups de lance Qu’un Anglais m’a donnés Que maudit soit la guerre Qu’un Anglais m’a donnés
J’en ai un à l’épaule Et l’autre à mon côté Que maudit soit la guerre Et l’autre à mon côté
Un autre à la mamelle On dit que j’en mourrai Que maudit soit la guerre On dit que j’en mourrai
Le beau Prince d’Orange Est mort et enterré Que maudit soit la guerre Est mort et enterré
L’ai vu porté en terre Par quatre cordeliers Que maudit soit la guerre Par quatre cordeliers
Une belle journée à tous en chanson!
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publilius Syrus Ier s. av. J.-C
Sujet : troubadour et trouvère, conte médiéval Type de musique : folk médiévale, folk catalan Groupe : Esquirols (les écureuils) Auteur de la chanson : Joan Vilamala Période : moyen-âge imaginaire, monde féodal Tiré de : album « Fent Cami » sorti en 1975
Le conte médiéval folk d’Esquirols
Nous continuons aujourd’hui notre ballade dans le moyen-âge rêvé ou imaginaire avec une pièce de musique et un conte évocateurs du monde médiéval mais plus moderne que véritablement anciens.
Les langues des troubadours du moyen-âge
Traduction libre du « conte médiéval »
Temps era temps hi havia en un poblet medieval un baró de mala jeia que a tothom volia mal
Il était, il y avait une fois dans une ville médiévale un baron méchant et mauvais Qui à tous voulait du mal
Amb carrossa d’or i plata passetjava tot superb pel seu terme que moria d’esquifit i famolenc
En carrosse d’or et d’argent Il passait tout fier de lui sur ses terres qui mouraient de faim et de rachitisme
Xics i grans mig morts de gana li sortien al seu pas demanant-li amb ulls plorosos que tingués d’ells pietat
Jeunes et Vieux moitié mort de faim sortaient tous sur son chemin l’implorant les yeux embués qu’il les prenne en pitié
Però ell somreia, i burleta els cridava amb veu de tro: « A pencar males abelles, necessito molt més or »
Mais lui souriait et se moquait Leur criant d’une voix de tonnerre « Au travail, mauvaises abeilles J’ai besoin de bien plus d’or »
Els diumenges a la tarda organitzava un gran joc. « Villageois venez à la fête, Vilatans vinga a la festa, a la festa de la mort »
Les dimanches après-midi Il organisait un grand jeu « Villageois, venez à la fête, A la fête de la mort »
« Vull setze joves per banda amb espases i garrots a fer d’escacs a la plaça i que guanyin els més forts »
Je veux seize jeunes en bandes avec épée et bâtons croisant le fer sur la place et que gagne le plus fort!
Xics i grans mig morts de pena li sortien al seu pas demanant-li amb ulls plorosos que tingués d’ells pietat
Jeunes et Vieux moitié mort de peine Sortaient tous sur son passage L’implorant les yeux mouillés Qu’il les prenne en pitié
Però ell somreia, i burleta els cridava amb veu de tro: « A jogar batua l’olla, que a mi m’agrada aquest joc »
Mais lui souriait et se moquait Criant d’une voix de tonnerre « Tous au jeu, Diables de vous, A moi ce jeu plait beaucoup »
Un juglar passà pel poble avançada la tardor que amb senzilla veu cantava i així deia la cançó:
Au village vint un menestrel Tandis qu’avançait l’automne qui d’une voix simple chantait Et ainsi son chant disait
« Ai! del poble, ai! de la vila que té un lladre per senyor si vol pau que sigui justa l’haurà de guanyar amb suor »
Hélas, gens du peuple! Hélas gens de la ville Qui avez un voleur pour seigneur si vous voulez paix et justice, les devrez gagner par la sueur
Xics i grans tots l’escoltaven li donàven la raó els neixia l’esperança van anar a trobar el baró
Jeunes et vieux l’écoutèrent Et raison il lui donnèrent Une espérance était née Et baron s’en furent trouver
Però ell somreia, i burleta els cridava amb veu de tro: « Us faré tallar una orella si escolteu el trobador »
Mais lui souriait et se moquait Criant d’une voix de tonnerre « Je ferais couper l’oreille de qui écoute ce trouvère »
Els vilatans es negaren a pagar més els tributs, a palau armats anaren i parlaren sense embuts:
Les villageois refusèrent de payer plus de tributs, Au palais venus armés, Ils parlèrent sans retenue
« No et volem per baró nostre, no et volem ves-te’n d’aquí que si et quedes ai! de tu, a la forca has de morir »
Ne te voulons pas pour Baron, pars d’ici, ne te voulons plus, car si tu restes, Hélas!
tu devras mourir pendu
Xics i grans tots a la una li cantaven la cançó, « Ai! del poble, ai! de la vila que té un lladre per senyor »
Jeunes et vieux tous ensemble entonnèrent la chanson Hélas, du peuple, Hélas de la ville qui avez un voleur pour seigneur
I ell callava, i de ràbia, se li corsecava el cor mentre el poble repetia la cançó del trobador:
Et lui se tut, et de rage son cœur se consuma tandis que tous entonnaient la chanson du troubadour
« Ai! del poble, ai! de la vila que té un lladre per senyor si vol pau que sigui justa l’haurà de guanyar amb suor »
Hélas du peuple! Hélas de la ville! Qui avez un voleur pour seigneur Pour avoir paix et justice, les devrez gagner par la sueur.
Une très belle journée à tous!
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C