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La popularité médiévale des héros des légendes Arthuriennes, une conférence de Michel Pastoureau.

excalibur_legendes_arthuriennes_conference_histoire_medieval_litterature_moyen-age_michel_pastoureauSujet : légendes arthuriennes, corpus littéraire, popularité médiévale, héros arthuriens, chevalier table ronde, littérature médiévale
Période : moyen-âge central à tardif
Média : Conférence
Auteur : Michel Pastoureau
Titre : « Les chevaliers de la Table Ronde : anthropologie d’une société imaginaire »

Bonjour à tous,

R_lettrine_moyen_age_passionemettre en perspective les légendes arthuriennes et leur immense popularité médiévale, voilà l’objectif que se propose l’historien Michel Pastoureau dans cette conférence. Pour le conduire, il choisit une angle original qui passe par l’approche concrète du large corpus littéraire que le moyen-âge nous a livré sur ce sujet, autant que celle des études de prénoms empruntés à cette littérature que les gens du moyen-âge donnèrent alors à leurs enfants,

Loin de l’image et de la grille habituelle des héros que la littérature anglo-saxonne moderne autant que son cinéma nous donnent des lancelot_legendes_arthuriennes_conference_litterature_medievale_heros_chevaliers_arthurien_moyen-agechevaliers de la table ronde, on y découvre, entre autre un Yvain et Gauvain bien plus populaires qu’un Arthur ou même qu’un Lancelot.

Pour l’anecdote et concernant ce dernier, son image médiévale de personnage sombre et ambivalent ne semble finalement pas si loin de celle qu’Alexandre Astier lui prête dans son excellente série Kaameloot, série qui a d’ailleurs inspirée quelques unes des illustrations de cet article (j’en profite pour ajouter ici que ce sont les acteurs Simon Astier et Aurélien Portehaut qui y campent respectivement  les personnages de Yvain et de Gauvain).

Conférence audio: « Les chevaliers de la Table Ronde : anthropologie d’une société imaginaire »

Michel Pastoureau, historien, anthropologue et pédagogue

Formé à la prestigieuse Ecole des Chartes, Michel Pastoureau est de ces historiens médiévistes et anthropologues qui s’intéressent à des sujets qui parlent au public. Ajoutons à cela, qu’il sait les mettre à la portée de ce dernier, avec pédagogie et simplicité, à travers ses oeuvres écrites comme ses conférences.

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Aujourd’hui,  directeur d’Etudes à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, il est également correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres et encore Président de la Société française d’héraldique et de sigillographie. On lui doit, à ce jour, plus de quarante ouvrages, de nombreuses articles et publications, mais encore de nombreuses conférences et participations à des émissions de radios. De fait, il est sans doute un des historiens médiévistes les plus accessibles et les plus populaires de notre temps.

On le retrouve sur des sujets aussi populaires que le bestiaire médiéval, la symbolique des couleurs, et encore les héraldiques et il nous livre ici un peu d’une passion de jeunesse sur les légendes arthuriennes qui, de son propre aveu, a même contribué à sa vocation d’historien. L’analyse puise dans le champ anthropologique et s’avère aussi didactique, qu’accessible et originale. Il y revisite encore la relation entre littérature et Histoire et la place de l’imaginaire dans le social.

En vous souhaitant une excellente journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Edito de rentrée

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passiona fin septembre approche et il est temps de faire notre édito de rentrée. Il est d’abord et avant tout, en forme d’un grand merci pour tous ceux qui nous suivent déjà et nous en profitons pour souhaiter du même coup, une bienvenue chaleureuse à tous nos nouveaux visiteurs.

edito_rentree_2016_monde_medieval_moyen-age_moyenagepassionMoyenagepassion est une sorte de machine à remonter le temps pour voyager dans le moyen-âge de ses périodes les plus reculées jusqu’à nos jours. Pour les curieux comme les passionnés, c’est aussi un  laboratoire d’expérimentation pour explorer et découvrir tout en se divertissant, les mille ans d’histoire fascinante que couvre le monde médiéval.

Depuis ses premiers pas et à quelques rares exceptions près, nous avons publié, quotidiennement, un nouvel article, quelquefois plus. De fait, aujourd’hui, à près de neuf mois de lancement, vous pourrez y retrouver près de 300 articles sur des sujets aussi variés que l’histoire, la poésie, la littérature, la musique, la science, les châteaux, les manuscrits anciens, des livres ou romans plus récents sur le sujet, mais aussi sur des événements d’actualité ou des festivals  célébrant le moyen-âge, et même encore des billets d’humour.

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S_lettrine_moyen_age_passioni nous y parlons très sérieusement et quelquefois plus trivialement d’Histoire, nous n’oublions pas non plus, dans nos pérégrinations, le moyen-âge imaginaire, celui qui vit encore dans nos esprits et même encore celui qui nous transporte jusqu’aux rivages du fantastique et de la fantaisie sur les ailes des dragons. C’est en effet, dans la confrontation de ses faits historiques comme de sa résonance réelle ou révée,  que nous voulons saisir le monde médiéval.  Que nous a-t’il légué? Que nous en reste-t’il? Comment s’invite-t’il encore dans nos vies, dans nos valeurs, dans notre imaginaire? Etait-il donc si barbare? Y était-on si misérable et si triste que nous l’ont conté les georges_duby_histoire_monde_medieval_moyen-age_temps_des_cathedralessiècles qui le suivirent ou que nous le découvrait même parfois le Georges Duby au temps des cathédrales, dans de grands élans lyriques et dramatiques télévisuels? Pour paraphraser Pierre Desproges qui voulait vivre heureux en attendant la mort, ne pouvait-on y vivre heureux en attendant la peste?

Sans aller dans ces deux extrêmes, peut-être faut-il trouver une juste demi-mesure et si vous suivez moyenagepassion depuis quelques temps déjà, vous avez déjà compris que c’est à cela que nous nous employons. De la deuxième moitié du XXe siècle jusqu’à récemment, les historiens médiévistes se sont employés à réhabiliter cette période et c’est avec ce regard neuf, que nous tentons de l’aborder nous-même, pour démontrer qu’on peut, aujourd’hui, s’intéresser au monde médiéval sans pour autant le considérer moyenâgeux.

Li livres dou tresor, une encyclopédie médiévale du XIIIe siècle par Brunetto Latini
Le livre du trésor, une encyclopédie médiévale du XIIIe siècle par Brunetto Latini

T_lettrine_moyen_age_passionoute proportion gardée et en forme de clin d’oeil,  il y a derrière tout cela un projet un peu foufou qui n’est pas sans évoquer les projets d’encyclopédie auxquels certains auteurs médiévaux pouvaient s’atteler, seuls. Nous avons de notre côté, le parchemin et la plume en  moins, mais le multimédia et la souris en plus, avec des images, des illustrations, des vidéos, des documentaires, des films, des conférences et même des lectures audio en vieux français. Au final, encore une fois en le comprenant plus dans son sens médiéval que contemporain et en le projetant un peu dans le temps, cela pourrait prendre la forme d’une sorte de petite encyclopédie médiévale artisanale qui, sans trop se prendre au sérieux, se mettrait par instant à rêver qu’elle puisse, peut-être un jour, devenir idéale, comme l’était le beau palais du facteur Cheval.

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Le palais idéal du facteur Cheval à Hauterives (drôme)

Nous allons donc, de notre côté, pierre par pierre, continuer de l’édifier. Vous êtes déjà des milliers tous les mois à nous  encourager à le faire et nous vous remercions encore du fond du coeur pour cela, et pour ceux qui nous découvrent, restez encore un peu, vous êtes les bienvenus!

En vous souhaitant une très belle journée à tous.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

Conférence : la France et les Français aux temps médiévaux, par Philippe Contamine

conference_monde_medievale_ecole_nationale_des_chartes_philippe_contamineSujet: histoire médiévale, naissance d’une nation française.
Média: conférence
Lieu: Ecole des Chartes
Titre:  la France et les Français aux temps médiévaux
Conférencier: Philippe Contamine (1932), Historien Médiéviste

Des Francs aux Français:
la naissance d’une nation française.

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour ceux qui s’intéressent à la naissance d’une « France » médiévale, de la notion de « Français » à l’idée de nation française,  je vous conseille cette conférence de l’érudit Philippe Contamine. L’historien médiéviste y questionne, en effet, l’instant où on peut commencer à parler de France. C’est une conférence intelligente et étayée qui démontre que l’idée de « nation » française n’est pas du tout une « invention » récente du XIXe siècle mais trouve ses racines dans un passé médiéval lointain.

La France de Philippe-Auguste, XII, XIIIe siècle
La France de Philippe-Auguste, XII, XIIIe siècle

Contexte idéologique :  du « progressisme » de la dissolution des nations

Depuis quelques décennies et notamment avec l’avènement de l’Europe « Maastrichtienne » qui est, semble-t’il, une Europe au service du libre marché, des agences de notation et de la finance bien plus qu’au service des peuples ou même des nations, un certain discours entend minimiser, quand ce n’est pas simplement dissoudre, cette idée de « nation » pour des visées qui histoire_monde_medievale_france_nation_francaise_charlemagneservent, sans toujours le savoir, des intérêts bien plus mercantilistes et abscons que fondés sur une idéologie solide et argumentée.

(ci-contre portrait de l’empereur Charlemagne, roi des « francs », Louis-Félix Amiel, 1839)

Au fond, les nations seraient devenues « démodées » et l’on va même volontiers jusqu’à agiter le spectre de la seconde guerre mondiale comme un épouvantail quand il s’agit de prouver combien l’idée est aussi dangereuse que surannée: gommer d’un trait les différences culturelles jusqu’à, pourquoi pas, ignorer ou nier sa propre Histoire serait devenu « moderne » ou « progressiste » autant que « nécessaire » pour un monde meilleur mais, au fond, pourquoi le serait-ce et surtout pour un monde au service de qui et de quoi? Faut-il nécessairement perdre son âme pour faire des alliances économiques? L’idée serait plutôt nouvelle et si vous demandiez à certaines nations du Monde, si elles étaient prêtes à se dissoudre totalement dans le grand tout,  – serait-ce pour mieux vendre ou acheter -, je pense que vous vous rendriez vite compte que ce n’est pas du tout d’actualité pour elles. 

Phillipe-Auguste à la Bataille de Bouvines, 1214, , enluminure du XIVe, Grandes Chroniques de France, Bnf

Bref, tout cela reste tout sauf clair, même si un certain légendaire sens critique « français » semble ne jamais manquer de ressources pour dénigrer ce qui a fait la France, en oubliant quelquefois que son histoire ne commence pas tout à fait au pétainisme. Peut-être l’enseignement de l’Histoire y est-il pour quelque chose? Peut-être nous prenons-nous aussi les pieds dans le tapis de nos propres idéaux humanistes au risque de nous y dissoudre nous-mêmes? Allez savoir…

Je l’ai déjà dit ici mais il me semble utile de le repréciser: l’Histoire est toujours utile pour se comprendre soi-même et c’est même de ce point de vue là une science humaine merveilleuse. On peut, avec elle, se sentir légitimement attaché à l’histoire et à la culture d’un sol sur lequel on est né sans forcément tomber dans l’extrême de la chanson de Brassens et des imbéciles heureux qui sont nés quelque part.  Revenue de ses erreurs de jeunesse, l’Ethnologie qui m’a formé se garde bien elle aussi de mettre les cultures en échelleset les embrasse dans leur totalité et leurs richesses mais la question de l’identité culturelle, en l’occurrence nationale, devient toujours plus épineuse quand on tente de démêler quels intérêts elle sert vraiment, qu’il s’agisse de la dénigrer comme de la galvaniser d’ailleurs. En l’espèce quand les vendeurs de salades et de chips commencent à s’en mêler, cela me parait hautement suspicieux.

Quoiqu’il en soit et à ce moment précis,  cette conférence vient un peu rééquilibrer le jeu des forces et surtout éclairer nos lanternes. Philippe Contamine nous y confirme, en effet, au cas où nous en doutions, que la nation française n’est pas une vue de l’esprit désuète et, mieux même, en clin d’oeil final, enjoint les politiques d’aujourd’hui d’être avisés et de ne pas l’oublier. 

Vercingétorix rendant les armes devant César, par Lionel Royer, fin XIXe musée de Versailles
Vercingétorix rendant les armes devant César, par Lionel Royer, fin XIXe musée de Versailles

Au final, il n’est peut-être pas si facile qu’on le pense, d’effacer d’un simple trait plus de huit cents ans d’histoire. On trouvera sans doute intéressant dans le contexte actuel et avec le peuple anglais qui vient de voter sa sortie de l’Europe d’apprendre aussi ici, que la nation anglaise existe depuis plus longtemps que la France. Cette conscience historique est-elle pour quelque chose dans ce vote, en dehors de la crise sociale et économique qui n’en finit pas de secouer l’Europe et pour laquelle cette dernière a finalement si peu de réponses, ni de solutions à apporter. S’il faut sans doute un peu plus qu’un projet économique de libre échange pour faire une nation, il se pourrait bien que cette loi se vérifie, a fortiori, quand il s’agit de former une confédération.

Conférence : la France et les Français aux temps médiévaux

Philippe Contamine
Un érudit des questions médiévales

Pour en dire un mot, Philippe Contamine est historien médiéviste,  membre ordinaire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et encore Commandeur de l’Ordre des Palmes académiques. Agrégé d’Histoire et Agrégé es-Lettres, on lui doit de nombreux ouvrages et publications centrés sur la période médiévale, avec une prédilection philippe_condamine_conference_histoire_monde_medieval_nation_francaisepour le moyen-âge tardif.  A 84 ans, il porte avec lui l’héritage d’une longue carrière et plus de soixante ans de recherches sur les questions médiévales et c’est un vrai plaisir de pouvoir l’écouter sur ces sujets. Ajoutons que nous devons cette conférence à la prestigieuse Ecole Nationale des Chartes, grande école française fondée en 1821 et qui se dédie à la formation dans les domaines de l’Histoire et de la paléographie (soit l’étude  des écritures manuscrites anciennes).

Des conférences sur moyenagepassion ?

Nous inaugurons, avec cet article, une nouvelle catégorie sur le site dédiée aux conférences dans l’idée d’y indexer quelques médias et intervenants d’intérêt sur le monde médiéval. C’est un format qui peut être quelquefois un peu ardu mais les plus patients et opiniâtres d’entre vous pourront grâce à de brillants conférenciers comme celui d’aujourd’hui, mieux comprendre le monde médiéval dans sa profondeur. Comme nous ne cessons de le dire, nous nous intéressons au monde médiéval sous toutes ses formes, et dans ce cadre, toute richesse médiatique (sons, musiques, conférences, lectures audio, vidéos, etc) venant l’illustrer, l’étayer, ou le transmettre s’avère pertinente. Ces conférences autour du moyen-âge trouvent donc très naturellement leur place ici.

En vous souhaitant une très belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C

Les caractéristiques du Moyen-âge et les règles de la guerre médiévale, par Jacques Le Goff

histoire_monde_medieval_jacques_le_goff_citations_moyen-âge« Le Moyen Age a connu une grande aspiration à la nature, à la paix, à la raison ; et a été, dans le même temps, une période de violence, en particulier à travers l’existence endémique de la guerre – quoique la guerre au Moyen Age, si elle entraîne beaucoup de destructions et de malheurs, ne fasse pas beaucoup de morts, et soit soumise à réglementation : les hommes, les théoriciens de l’époque se réfèrent, de manière à peu près constante, à la conception de saint Augustin, n’autorisant que la guerre juste, c’est-à-dire menée contre les infidèles, ou contre les chrétiens injustes ; le prince est seul qualifié pour déclarer ou arrêter la guerre, ce qui a d’ailleurs favorisé la construction de l’État moderne, à partir du xmc siècle ; enfin, même dans la guerre juste, Augustin recommandait de faire preuve de miséricorde à l’égard de l’ennemi. »
Citation de Jacques le Goff, (1924 -2014), historien médiéviste.
Extrait d’un entretien pour la revue L’Histoire, mensuel 236, 1999

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Lire l’ensemble de cet excellent entretien de Jacques le Goff ici
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