Sujet : poésie médiévale, ballade, auteur médiéval, moyen-français, poésie morale, folk, musique
Auteur : François Villon (1431-?1463)
Titre : extrait du testament
Période : moyen-âge tardif, XVe siècle.
Interprète : Evgen Kirjuhel
Album: 12 poèmes en langue française
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous nous éloignons un peu des compositions musicales purement médiévales pour revenir aux inspirations plus modernes qu’ont pu susciter les auteurs et poètes du Moyen-âge chez nos compositeurs et chanteurs contemporains. C’est avec François Villon que nous y revenons. On sait qu’il a inspiré Georges Brassens, Léo Ferré, Monique Morelli et d’autres encore et, pour cet article, c’est un extrait du Testament mis en musique et chanté par Evgen Kirjuhel que nous vous présentons.
Un extrait du testament de François Villon chanté par Evgen Kirjuhel
Evgen Kirjuhel itinéraire et portrait
d’un artiste insatiable
Né en 1929, Evgen Kirjuhel (nom de scène et d’écriture de Jean Frédéric Brossard) est un auteur-compositeur-chanteur à la longue carrière. Inclassable, il a, jusque là, œuvré dans un registre qui va de la chanson bretonne et française poétique ou sociale, à des expérimentations textuelles et musicales aux origines culturelles très diverses : de la Grèce ancienne à la musique contemporaine, au jazz, au flamenco, en passant par bien d’autres univers musicaux ou poétiques.
Chanson sociale et militante
D’origine parisienne, l’artiste s’est cherché dans les arts du théâtre et de la musique jusqu’aux années 68. Leur impact a éveillé chez lui une vocation plus engagée et il s’est alors engagé plus clairement vers la chanson militante et sociale. Durant ces années là, il s’est rangé notamment aux côtés des révoltes ouvrières et paysannes. Installé en Bretagne, il a fait, un peu plus tard, 
Le temps des voyages
La fin des années 70 sera source pour Evgen Kirjuhel de nouveaux horizons. La Bretagne a-t-elle un peu perdu de sa verve et laissé en chemin certains des engagements militants des premières heures des soixante-dix ? En tout cas, l’artiste s’en est éloigné avec, dans ses valises, grand soif d’aventure et de découvertes : Allemagne, Afrique, Grèce, il est de tous les voyages et de toutes les expériences. S’il n’est pas question pour lui de faire le deuil de ses sensibilités premières, sans doute cherche-t-il aussi autre chose à présent ; d’autres nourritures. La poésie des grands auteurs l’inspire, celle des celtes, des français mais encore celle des grecs anciens. Ses recherches s’étendent aussi sur l’expérimentation instrumentale et musicale à partir des berceaux culturels qu’il explore et au delà, à l’inde, au Tibet, la Turquie, le Japon, et même la musique plus contemporaine. Il inventera même un instrument à la mesure de sa créativité, une harpe baptisée « nucléaire » aux cordes métalliques et au son unique.
Cherchant son propre chemin poétique et musicale dans la synthèse et la modernité, Evgen se refuse à être cantonné au registre des musiques folkloriques ou traditionnelles. Il ne l’a, du reste, jamais été, puisque, face aux compositions anciennes, il n’a cessé de vouloir les transcender, recomposer, adapter, actualiser. En 1996, à l’aube des années 2000, il fondera Revoe Productions une maison d’édition à sa mesure, pour distribuer ses productions : quelques simples syllabes pour une triple lecture et une étymologie qui contient à la fois tous ses rêves, toute sa révolte et tout son goût pour l’évolution ; trois clefs essentiels pour comprendre son itinéraire atypique.
12 poèmes en langue française, l’album

L’album fut salué, dès sa sortie, par Telerama. Il a été réédité en 2004 par Revoe Productions et on peut le trouver en ligne au format CD ou même en MP3, avec la possibilité de l’acquérir par pièces. Voici un lien utile pour en savoir plus ou pour le pré-écouter : 12 Poèmes de Evgen Kirjuhel.
Sélection faite par Evgen Kirjuhel
dans les strophes du Testament de Villon
I
En l’an trentiesme de mon aage,
Que toutes mes hontes j’eu beues,
Ne du tout fol, ne du tout sage.
Nonobstant maintes peines eues, (…)
XXII
Je plaings le temps de ma jeunesse,
Ouquel j’ay plus qu’autre gallé,
Jusque à l’entrée de vieillesse,
Qui son partement m’a celé. (…)
XXVI
Bien sçay se j’eusse estudié
Ou temps de ma jeunesse folle,
Et à bonnes meurs dedié,
J’eusse maison et couche molle!
Mais quoy? je fuyoye l’escolle,
Comme faict le mauvays enfant…
En escrivant ceste parolle,
A peu que le cueur ne me fend.
XXIX
Où sont les gratieux gallans
Que je suyvoye au temps jadis,
Si bien chantans, si bien parlans,
Si plaisans en faictz et en dictz?
Les aucuns sont mortz et roydiz;
D’eulx n’est−il plus rien maintenant.
Respit ils ayent en paradis,
Et Dieu saulve le remenant!
XXX
Et les aucuns sont devenuz,
Dieu mercy! grans seigneurs et maistres,
Les autres mendient tous nudz,
Et pain ne voyent qu’aux fenestres;
Les autres sont entrez en cloistres;
De Celestins et de Chartreux,
Bottez, housez, com pescheurs d’oystres:
Voilà l’estat divers d’entre eulx.
XXXV
Pauvre je suys de ma jeunesse,
De pauvre et de petite extrace.
Mon pere n’eut oncq grand richesse.
Ne son ayeul, nommé Erace.
Pauvreté tous nous suyt et trace.
Sur les tumbeaulx de mes ancestres,
Les ames desquelz Dieu embrasse,
On n’y voyt couronnes ne sceptres.
XXXIX
Je congnoys que pauvres et riches,
Sages et folz, prebstres et laiz,
Noble et vilain, larges et chiches,
Petitz et grans, et beaulx et laidz,
Dames à rebrassez colletz,
De quelconque condicion,
Portant attours et bourreletz,
Mort saisit sans exception.
XL
Et mourut Paris et Hélène.
Quiconques meurt, meurt à douleur.
Celluy qui perd vent et alaine,
Son fiel se crève sur son cueur,
Puys sue Dieu sçait quelle sueur!
Et n’est qui de ses maulx l’allège:
Car enfans n’a, frère ne soeur,
Qui lors voulsist estre son pleige.
XLI
La mort le faict frémir, pallir,
Le nez courber, les veines tendre,
Le col enfler, la chair mollir,
Joinctes et nerfs croistre et estendre.
Corps féminin, qui tant est tendre,
Polly, souef, si precieulx,
Te faudra−il ces maulx attendre?
Ouy, ou tout vif aller ès cieulx.
Une belle journée.
Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes

uite à notre article sur la
Sujet : citation médiévale, poésie, extrait, quatrain
n trouve, en général, le testament dont il est question aujourd’hui, annexé au roman de la rose. Il est attribué à Jean ou même plutôt Jehan de Meung, de son vrai nom jean Clopinel, érudit et co-auteur du nom de la rose. Il s’agit d’un texte de quelques 2176 vers, présenté sous la forme de 544 quatrains d’alexandrins monorimes. Comme son titre l’indique, cette poésie qui prend aussi la forme de conseils donnés par l’auteur à ses contemporains, est, sans doute d’ailleurs, une des dernières du brillant poète médiéval du XIIIe siècle.

Bref, vous avez compris le principe, même si je vous conseillerais assez, personnellement, et pour ménager votre effet, de maintenir la locution telle quelle; l’effet de surprise et le camouflet n’en seront que plus grands. Ah, mes amis, quelle manière plus enlevée de relever le gant! Je vois déjà d’ici la mine pitoyable du pauvre Eusèbe face à ce revers du destin! Alors, mais qu’est-ce qu’on dit? Hein? Merci qui? Je plaisante bien sûr, ne nous remerciez pas, c’est bien naturel.

ujourd’hui, nous vous invitons à vous élever dans le monde mystérieux du langage des poètes, à la quête d’un tout autre éclairage sur 
des rives de la vie, et qui priait pour son rachat et le nôtre depuis une éternité de souffrance allant bien au delà de la simple déchéance de ces corps pendus. Le détachement de cette prière de Villon adressée à ses « frères humains » pouvait-il être celui de la mystique et non pas seulement celui du condamné tremblant pour sa vie et redoutant la corde? Pourquoi pas? Au fond, Taisen Deshimaru 