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Agenda: une fin de semaine pour célébrer le moyen-âge à Perpignan la Catalane

perpignan_catalane_histoire_medievale_ville_heraldique_moyen-age_fetes_historiquesSujet : fêtes historiques, festival moyen-âge, troubadours, compagnies médiévales.
Evénement : Les Trobades médiévales de Perpignan 2016
Lieu : Perpignan (Pyrénées-Orientales, Occitanie)
Date : les 15 et 16 octobre 2016

Bonjour à tous,

festival_fete_medievale_perpignan_trobades_2016_sortie_moyen-age_week_endC_lettrine_moyen_age_passionette fin de semaine, sur l’agenda des événements célébrant le monde médiéval, c’est vers le sud de la France que nous vous invitons à diriger vos chausses si vous ne vous y trouvez pas déjà, pour une grande fête de deux jours en bord de mer, dans la cité de Perpignan la Catalane.

L’événement, organisé à la fois par la ville et par l’office du tourisme, est de taille puisque pendant ces deux journées de samedi et dimanche ce sont plus de deux cent cinquante figurants et acteurs et près de vingt compagnies médiévales qui investiront le centre historique de la cité catalane, pour la faire revenir pour vous au moyen-âge central des XIIIe et XIVe siècles.perpignan_la_catalane_troubades_medievales_2016_festival_fetes_historiques

Le programme détaillé
des trobades de Perpignan 2016

Eperpignan_la_catalane_troubades_medievales_2016_festival_fetes_ripailles_historiquesntre jeux médiévaux, défilés et parades, animations, concerts de musique, troubadours et jongleurs, de la farce légère aux reconstitutions historiques les plus sérieuses, le programme de ces Trobades 2016, s’annonce fort chargé et ne vous laissera que l’embarras du choix. Au titre des spectacles de rue, il y aura même une troupe humoristique qui vous fera voyager dans la médecine des temps anciens et encore une bande de joyeux goliards pour vous entraîner dans leurs facéties musicales et farcesques.

perpignan_la_catalane_troubades_medievales_2016_festival_fetes_historiques_chevalierLes chevaux seront aussi de la fête et une belle place leur a été ménagée puisque trois compagnies différentes les représenteront, entre camp équestre, numéros de dressage en costumes d’époque, mais encore  joutes et voltiges. En plus de toutes ces animations historiques et festives, vous pourrez, bien sûr, compter sur des campements ou ateliers thématiques à la redécouverte des métiers du moyen-âge mais encore  – que les amateurs de ripailles se rassurent – sur un marché médiéval et « gourmand »! Ajoutons enfin que la fête se veut résolument familiale et que les enfants n’ont pas été oubliés puisque de nombreuses animations leur seront également destinées.

Téléchargez le programme complet des Trobades 2016 ici

La riche histoire médiévale
de Perpignyà, la catalane

L’histoire du site de Perpignan et de ses environs ne commence pas tout à fait au moyen-âge. Au VIIe siècle avant notre ère, on trouve, en effet, des traces attestées d’occupation des lieux par les Sordes, une tribu d’origine ibérique, qui y tenaient leur capitale: une cité du nom de Ruscino, qui donnera plus tard son nom à la province du Roussillon. Autour du premier siècle et après la colonisation romaine, les Sordes finiront par disparaître et les romains s’installeront sur ce site, situé à quelques kilomètres de l’actuel cité de Perpignan. Ils y établiront un Forum et feront même de Ruscino une véritable cité romaine mais l’abandonneront pourtant, un peu plus tard dans le temps, pour des raisons que les historiens n’ont pas réussi à percer à ce jour (l’hypothèse d’un séisme a été soulevée sans être, pour l’instant, perpignan_la_catalane_histoire_medievale_catalogne_tour_castell_roussiloavérée). Vraisemblablement, ils iront s’installer  un peu plus loin pour y fonder la ville de Perpignan. De son côté, la ville de Ruscillo restera occupée durant le haut moyen-âge mais son histoire est mal connue, même si des découvertes récentes montrent qu’elle a pu jouer un rôle important, au VIIe siècle, dans la conquête de Narbonne par les Arabes. Quoiqu’il en soit, elle disparaîtra, semble-t’il, de manière définitive à la période carolingienne et la seule certitude que l’on est que le site de la ville actuelle de Perpignan est sans relation avec celui dont les Sordes avait fait, à quelques kilomètres de là leur capitale. Concernant la cité catalane, il faudra attendre le Xe siècle pour en trouver les premières mentions. (ci- dessus la tour de Château Roussillon, construite au XIIIe, XIVe siècles, sur le site de l’ancienne Ruscino ).

Perpignan en Roussillon-Empúries

L’histoire médiévale de Perpignan est assez mouvementée. La cité changera, en effet, plusieurs fois de main, de province et même de nation, du moyen-âge central, jusqu’au XVIIe siècle. Dès son entrée dans l’histoire du Xe siècle, en 927 précisément, elle sera sous l’égide  des comtes de  Roussillon-Empuries.

Unifiés au IXe siècle par le comte catalan Sunyer II, fondateur de la maison d’Empúries (Ampurias), les deux comtés d’Empúries et de Roussillon étaient alors sous la même main et Perpignan la catalane en était devenue la capitale. A la fin du Xe siècle, en 991, et quelques trois générations plus tard, à la mort de Gausfred 1er, les comtés se retrouveront divisés entre deux de ses héritiers: Hug et Guislabert qui deviendront respectivement les comtes Hug 1er d’Empuries et Guislabert 1er de Roussillon. Par un jeu complexe d’alliances, d’obligations et d’héritage, un status quo sera toutefois maintenu perpignan_la_catalane_histoire_medievale_catalogne_blason_conte_empuriasentre les deux provinces pendant encore longtemps et la séparation ne semblera même pas effective jusque dans le courant du XIe siècle. Les alliances résisteront même à de sérieux conflits qui éclateront entre les deux maisons, jusqu’à ce dans le courant du XIIe siècle le comte de Barcelone devenant lui-même de plus en plus puissant s’en mêle. En commençant à faire pression sur le comte d’Empúries, il modifia, en effet, le jeu des forces pour que ce dernier se sépare de manière plus tranchée de ses alliances d’avec le comté de Roussillon. Bien que le Roussillon s’en trouva quitte de céder certaines de ses terres et châteaux, la séparation ne fut pour autant pas consommée et malgré un fort déséquilibre entre les deux comtés né de ces jeux de pouvoirs, les relations loyales complexes qui s’étaient été établies de longue date entre les deux provinces perdurèrent longtemps et même après que le Roussillon et Perpignan aient changé de mains pour passer dans celles d’Aragon*.

D’Aragon à Majorque

Le palais des rois de Majorque construit à Perpignan par Jaume 1, ou Jacques 1er le conquérant
Le palais des rois de Majorque construit à Perpignan par Jaume 1, ou Jacques 1er le conquérant

En 1172, le comté de Roussillon et la ville de Perpignan seront finalement légués par Girard II de Roussillon à la couronne d’Aragon, en la personne d’Alphone II d’Aragon. Pierre II le catholique, le fils de ce dernier crééra vingt ans plus tard dans la cité, un consulat, accordant à la ville et ses habitants des privilèges et droits en matière politique, juridique et civile ce qui marque bien l’importance que la ville avait alors déjà prise. Il faudra pourtant attendre le fils de Pierre II: Jacques 1er d’Aragon, nommé en catalan Jaume el Conqueridor pour que le cours du destin de Perpignan soit changé à jamais.

Sous le règne de ce roi chevalier conquérant, la ville connaîtra, en effet, sa période la plus florissante et, pour le dire autrement, un véritable âge d’or. Il en fera la capitale du royaume de Majorque, y fera construire un palais des rois et, de 1276 à 1344, Perpignan connaîtra un essor économique et commercial sans précédent: cuir, draperie, orfèvrerie, artisanat de luxe, elle sera devenue alors le centre d’un royaume nouveau fondé de toutes pièces par ce personnage historique flamboyant dont il faut dire un mot ici.

Jacques 1er ou Jaume le conquérant

Né à Montpellier, cet homme est devenu un véritable héros catalan. Fils de Pierre II et de Marie de Montpellier, il se montrera, en effet, durant son long règne, aussi fin politique que bon stratège. Roi d’Aragon, comte de Barcelone, D’abord contesté par les nobles d’Aragon, il s’imposera bientôt en faisant d’habiles alliances avec la couronne d’Espagne et en mettant en place des réformes sur ses territoires. Sous la pression des marchands et nobles de Barcelone qui se plaindront alors de nombreux raids de pirates maures dans les eaux côtières, tout autant qu’animé par l’idée chrétienne de reprendre des territoires historiques des mains des maures, il organisera bientôt de véritables campagne de perpignan_la_catalane_histoire_medievale_catalogne_jacques_1er_de_majorque_le_conquerantreconquêtes et connaîtra un succès retentissant dans ses entreprises qui lui vaudront son surnom, autant que son entrée dans la postérité: il reprendra, en effet, des mains des musulmans et avec ses armées les territoires de Majorque (Mallorqua), mais aussi la Ville de Valence et plus au sud celle d’Alzira. Il réussira même à soumettre Minorque (Menorqua).

Au sortir de ses conquêtes il fondera le royaume de Majorque et fera de Perpignan sa capitale, faisant entrer cette dernière dans la période la plus faste de son histoire. La liste de titres que Jacques le Conquérant possède alors donne la mesure de son influence et, du même coup, du rayonnement et du prestige qu’il offrira à la cité catalane: souverain de la couronne d’Aragon et comte de Ribagorce,  comte de Barcelone, de Gérone, de Besalú et de Pallars Jussà, Roi de Valence, Comte de Gevaudan, Comte d’Urgell, Seigneur de Montpellier, et pour finir, comte de Roussillon et roi de Majorque.

Au terme d’un règne de plus de soixante-ans,  il laissera derrière lui douze héritiers issus de deux mariages différents. Le royaume de Majorque, la seigneurie de Montpellier, les comtés de Cerdagne et celui de Roussillon et avec lui Perpignan, reviendront alors à son fils cadet Jacques (Jaume) II de Majorque, ce qui n’ira pas sans poser quelques problèmes à son fils ainé, Pierre III d’Aragon dit Pierre le Grand que l’héritage de l’aragonais, de Barcelone et de Valence ne semblait pas seul contenter. Huit ans après la mort de Jaume le conquérant, cette mésentente et les tensions entre les deux frères nés de cette convoitise, se traduiront par une mésalliance. Le roi de France Philippe III le Hardi partant à la conquête de l’Aragonais avec la bénédiction du pape Martin IV qui voulait freiner les ardeurs conquérantes de Pierre III en Sicile, le cadet Jacques II, s’alliera, en effet, avec le roi de France contre son frère aîné. Revenant de cette croisade infructueuse contre Pierre III d’Aragon, c’est d’ailleurs dans la ville de Perpignan que le roi de perpignan_la_catalane_histoire_medievale_catalogne_pierre_IV_aragonFrance trouvera la mort en 1285. Mais le conflit laissera longtemps des traces entre les deux branches familiales et pour le dire trivialement, le ver sera dans le fruit.

De fait, deux générations plus tard, en 1344 et durant la guerre de cent ans, le royaume de Majorque périclitera suite à une trahison entre les descendants des deux maisons, Pierre IV d’Aragon (ci-contre) et Jacques III de Majorque, autant que par des prises de position par ce dernier « un peu trop anglaises » au goût du royaume de France, en la personne de Phillipe VI qui aura son rôle à jouer. Indéniablement, sur l’échiquier, il faudra désormais compter sur la couronne française et sur son intérêt pour la province qui ne fera que s’affirmer avec le temps. Au sortir du conflit, la seigneurie de Montpellier sera rachetée par le roi de France et le Roussillon tombera aux mains de Pierre IV. Perpignan sera redevenue aragonaise. Elle perdra alors son statut de capitale mais conservera tout de même son importance se voyant construire une université et, quelques trente ans plus tard, un tribunal de la mer. Entre temps, en 1346, la peste noire l’aura sévèrement mise à l’épreuve.

Perpignan et la Catalogne
prises entre deux couronnes

Au milieu du XVe siècle, le siège de Perpignan par les armées de Louis XI
Au milieu du XVe siècle, le siège de Perpignan par les armées de Louis XI

Au moyen-âge finissant et dans le courant du XVe siècle, la couronne de France confirmera ses visées expansionnistes en occupant Perpignan dans la ferme intention de la reprendre. Les habitants de l’entendront pourtant pas de cette oreille et la cité se soulèvera quelques dix ans plus tard, en pure perte, lors d’un siège cruellement mémorable de deux ans, de 1473 à 1475. A l’issu du conflit, elle restera française mais sa pugnacité sera saluée par les rois d’Aragon. Le coeur catalan n’a jamais eu le goût de la soumission. Vingt ans plus tard, Charles VIII la restituera toutefois avec le Roussillon aux rois catholiques dans une Espagne qui, à l’image des autres royaumes d’Europe, s’unifie et entend bien centraliser son pouvoir. A partir de cette période, la cité fera les frais des conflits entre les deux grandes puissances et son économie en pâtira.

Dans le courant du XVIIe, en 1640, durant la guerre des faucheurs et le soulèvement des catalans contre l’occupation de leur territoire par les troupes madrilènes, Perpignan se révoltera aussi contre Madrid et la ville connaîtra, à nouveau, un siège. Elle sera alors alliée dans ce conflit avec la France. Vingt ans plus tard, le traité des Pyrénées de 1659 la restituera, cette fois-ci définitivement, avec le Roussillon et la moitié du comté de Cerdagne, à la couronne de France, laissant la Catalogne coupée en deux par une frontière qui, dans le coeur de nombre de catalans, n’a toujours existé que sur le papier. Qu’il suffise de lever un peu la tête en se promenant dans Perpignan en toute saison, pour y voir les fetes_festival_medievals_trobades_medievales_perpignan_2016bannières dorées au quatre griffures rouge sang, pour s’en apercevoir (ci-dessus la première page du traité des Pyrénées).

Quelques siècles plus tard et après bien des péripéties, Perpignan la catalane de coeur n’a rien oublié de son histoire et pour aller la découvrir et s’ouvrir à ce riche passé, il n’y a surement pas de plus belles occasions que ces trobades en fête qu’elle vous offre cette fin de semaine. Vous y êtes donc conviés chaleureusement et si vous avez l’opportunité de vous y rendre, n’hésitez pas un seul instant.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

* Sur ces aspects, nous vous conseillons un excellent article de Persée de Stephen P  Bensch : La séparation des comtés d’Empúries et du Roussillon.

Vienne, Civitas Sancta : une balade culturelle dans un haut lieu d’intérêt historique

heraldique_vienne_histoire_moyen-age_patrimoine_festivites_medievalesSujet : lieux d’intérêt. idées sorties, ville historique, patrimoine, histoire médiévale, balades culturelles
Période : de l’antiquité au moyen-âge tardif
Lieu :  Vienne, (Civitas Sancta)
Région : Rhône-Alpes
Département : Isère

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans le cadre de nos articles sur les lieux d’intérêt , nous vous proposons de lever avec nous les voiles pour découvrir la belle cité de Vienne en Isère et son histoire. Il y a d’ailleurs tant à en dire que nous allons débordé un peu de notre sujet habituel en survolant son antiquité et sa période gallo-romaine avant d’aborder, ensuite, sa flamboyante histoire médiévale.

A quelques pas de Lyon, sur la route du sud, et en plein cœur de la vallée du Rhône, la riche héritière gauloise qui fut un jour capitale des Allobroges, connut, en effet, de longs siècles de gloire et de prestige,  de l’antiquité à la renaissance. Le patrimoine hors du commun qu’elle a su conserver tout autant que son sol chargé d’Histoire, en font aujourd’hui un site d’intérêt pour les amateurs de moyen-âge ou d’antiquité, comme pour les amants de flâneries culturelles.

D‘un point de vue géographique et géo-stratégique, Vienne occupe un site privilégié. Sise dans la vallée du Rhône, sur cet axe fluvial qui relie le nord au sud et que les romains surent aussi exploiter, la cité se tient encore sur un couloir qui s’ouvre sur le Massif central, à l’ouest, et sur les Alpes, à l’est. De fait, on retrouve les premières traces d’occupation de la zone, autour de l’an 5000 avant Jésus-christ, durant la période néolithique et cette présence humaine s’est confirmé également à l’âge du bronze.

Vienne, capitale des Allobroges
dans la France Gauloise

Au début de notre ère, Vienne - Capitale des Allobroges
Au début de notre ère, Vienne – Capitale des Allobroges

Durant l’antiquité, le site sera colonisé par les Allobroges, nom sous lequel on a regroupé une certain nombre de tribus celtes en provenance de Hongrie. Il se sédentarisèrent et, semble-t’il, se fédérèrent sur une bande de terre bordée au nord-est par Genève et le lac Léman, et se terminant au sud, en amont de la Ville de Valence en débordant à l’ouest du côté de l’Ardèche actuelle. Bien qu’excentrée et située à l’est du territoire des Allobroges, Vienne deviendra allobroges_gaulois_empire_romain_bataille_vindalium_conquete_de_vienneleur capitale, confirmant déjà l’importance stratégique et commerciale du site.

Au début du IIe siècle avant notre ère, autour de l’an -125, les romains viendront y guerroyer dans leur marche conquérante vers le nord des terres gauloises. Poursuivant les Salyens (ou Salluviens) peuple installé au sud et dans le midi qui s’était réfugié sur les terres des Allobroges pour fuir l’avancée de l’armée romaine, cette dernière se heurtera aux guerriers gaulois qui refuseront de lui livrer les Salyens. Suite à l’incident et sur une période de plusieurs années, la vallée du Rhône sera le théâtre de batailles d’envergure qui se solderont finalement, en l’an -121 par la défaite des Allobroges.  Les pertes seront considérables et leur alliance avec les puissants Arvernes, peuple gaulois alors installé sur le territoire de l’Auvergne actuelle qui donnera bientôt naissance au légendaire Vercingétorix, n’aura pas suffi à les prémunir de la détermination des romains. Vienne, défaite, tombera aux mains de Rome.

Les riches heures de Vienne, la romaine

Désormais sous le joug de l’impôt romain, la Vienne des Allobroges se soulèvera encore, un peu plus d’un demi-siècle plus tard, en -61 avant Jésus-Christ, menée par un chef du nom de Catatugnos; en pure perte. Leur valeur guerrière ne pourra rien, là encore, contre  les moyens déployés par monument_patrimoine_ville_historique_vienne_temple_romainRome pour conserver la main mise sur ses conquêtes. Cette fois-ci, les Allobroges rentreront dans les rangs de l’empire, se tenant de son côté durant la guerre des Gaules et levant même des armées pour contribuer à en protéger les frontières. Vienne sera et restera romaine et dans les années qui suivent, elle deviendra même une colonie romaine prestigieuse.

Au premier siècle après Jésus-Christ, de riches familles venues de Rome viendront s’y établir. Ses voies de communication favorisent l’expansion de son commerce et on y exploite la terre au sein de vastes domaines au point que cet essor économique favorisera le développement des  cités voisines parmi lesquelles compteront Annecy, Aix-les-Bains et encore Genève. Signe de son opulence autant que de son importance stratégique pour Rome, Vienne se verra même autoriser par l’empire à édifier des fortifications et on y construira des remparts qui deviendront bientôt, les plus longs de la Gaulle romaine. Elle connaîtra, dès lors, de belles heures d’architecture et verra se construire, entre autres monuments, son théâtre antique, son temple d’Auguste et de Livie, et encore un cirque pour les jeux jeux_du_cirque_romain_vienne_ville_historique_patrimoine_histoire_medievalequi sera en bois au premier siècle, puis en pierre au siècle suivant; il en reste encore aujourd’hui pour témoin un monument appelé la pyramide de Vienne.

Dernier épisode anecdotique qui émaille le développement de cette Vienne romaine qui durera près de cinq siècles, à la mort de César, en l’an 44 av JS, les Allobroges feront encore parler d’eux en expulsant certains colons romains qui se seraient alors déplacés vers les plaines du lyonnais, au nord de Vienne. L’année suivante, serait fondée sur leur nouveau site d’élection, une nouvelle colonie romaine qui allait donner bientôt naissance à  Lugdunum, ville qui moins de vingt ans plus tard, deviendrait la nouvelle capitale de la gaule romaine.

Pour vous donner une ampleur de l’activité commerciale de la cité de Vienne, durant cette période romaine et ne parlant que de l’activité fluviale, les archéologues du musée gallo-romain de Saint Romain en Gal ont reconstitué d’après fouilles, une maquette de ce à quoi le port de Vienne pouvait ressembler en l’an 200 après Jésus-Christ. En voici un aperçu:

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Le port romain de Vienne et son activité débordante, en 200 après Jésus-Christ

Le haut moyen-âge florissant de Vienne
au temps de burgondes

A l’effondrement de l’empire romain, l’ancienne capitale des Allobroges, devenue prestigieuse colonie romaine, connaîtra une période mouvementée, mais continuera pourtant sa marche vers le prestige.

La France mérovingienne du Ve siècle
La France mérovingienne du Ve siècle

A la fin du Ve siècle et sous les méronvingiens, la cité sera devenue burgonde. Le territoire que ces tribus d’origine germaine avait fondé à la faveur de la dislocation de l’empire romain n’était pas encore alors le royaume de bourgogne mais allait le devenir quelques temps après. Vienne, dit-on, y donnera bientôt naissance à une princesse nommé Clotilde, qui deviendra la deuxième épouse de Clovis, permettant à ce dernier de s’allier les puissants burgondes. Dans cette gaule devenant catholique, et du Ve au VIe siècle, l’évêché de Vienne prendra une avit_de_vienne_saint_avit_ville_historique_sortie_decouverte_patrimoine_histoire_medieval_haut_moyen-agepart active dans la conversion de chefs francs et burgondes prestigieux. Son opulence économique ne s’est toujours pas démentie mais son rayonnement sera alors devenu également religieux et spirituel. On y construira d’ailleurs, en 475, dans l’enceinte du rempart, une église qui sera l’une des plus anciennes de France, l’église Saint-Pierre de Vienne

On retiendra encore de ce siècle le nom de Avit de Vienne ou Saint Avit, (gravure ci-contre) prestigieux évêque de Vienne, d’origine Arverne. Diplomate, poète, érudit en langue latine, et écrivain on le décrira comme un des plus illustres hommes de son temps. Oeuvrant pour la paix, autant que pour la bonne tenue et les règles de l’église, il présidera notamment le concile d’Epaone et sera aussi conseiller du roi de burgonde Gondebaud, mais aussi de son fils Sigismond qu’il convertira au catholicisme.  

Clovis & Clotilde qui lui montre le Dieu unique, Antoine-Jean Gros, esquisse, XIXe siècle
Clovis & Clotilde qui lui montre le Dieu unique, Antoine-Jean Gros, esquisse, XIXe siècle

Après cette période, suivra un temps de guerres et de conflits entre les burgondes et un royaume franc devenu catholique qui s’est renforcé et unifié. De fait, les burgondes verront leur règne s’achever au début du VIe siècle avec leur dernier roi Godemar III et leur royaume sera divisé entre les différent branches mérovingiennes qui se disputeront, tour à tour, la main sur Vienne, jusqu’au IIXe siècle. Au début de ce même siècle, les remparts de la cité limiteront partiellement les dégâts de l’invasion sarrasine, mais la province et les alentours auront tout de même à en souffrir les conséquences. C’est Charles Martel lui-même qui viendra libérer la vallée du Rhône et la cité de leur joug, , quelques années plus tard,  en 733. 

L'église Saint-Pierre de Vienne, une des plus anciennes de France. Construite au Ve siècle puis transformée au XI et XIIe siècle
L’église Saint-Pierre de Vienne, une des plus anciennes de France. Construite au Ve siècle puis transformée au XI et XIIe siècle

Du royaume de Provence  au Saint-Empire

Quand l’empire carolingien éclatera, Vienne tirera à nouveau son épingle du jeu en faisant partie d »une des toutes premières provinces autonomes de ce nouveau monde en émergence et des nouveaux ordres qui y prennent place. La province,  ou plutôt le royaume, dont il est question sera revendiqué et concédé à un homme de guerre, fin seigneur et fin politique : Boson, comte d’Autun, proche et beau-frère par sa soeur du roi Charles le Chauve  et qui deviendra bientôt Boson V de Provence. Il sera, en effet, le premier à tenter de fonder un royaume autonome sur les terres carolingiennes ce qui vaudra d’ailleurs à Vienne un siège en règle de plus de deux ans par les autres branches de l’empire carolingien. A l’issu des conflits, Boson l’emportera tout de même en devenant le premier roi du royaume restauré de Burgondie et de la Provence réunie. Nous sommes alors au IXe siècle, et pour rester dans le ton des invasions du temps, Vienne sera bientôt pillée par les envahisseurs hongrois.

Offrande d'un roi à un saint, fragmant d'une fresque religieuse du VIIe siècle, musée de Cluny
Le roi Boson V de provence et de bourgogne. Offrande d’un roi à un saint, fragment d’une fresque religieuse du VIIe siècle, musée de Cluny

Prés de deux siècles plus tard, au début du XIe siècle, à la mort de Rodolphe III de Bourgogne, dit le pieux ou le fainéant, le royaume bâti par Boson tombera dans l’escarcelle du Saint-Empire Germanique. Faute de descendant, Rodolphe III avait, en effet, constitué comme héritier de la province, le mari de sa soeur cadette, l’empereur conrad_le_salique_heritier_du_comte_de_vienne_histoire_monde_medievaleConrad II le Salique (enluminure ci-contre).

La passation n’ira pas sans heurt du côté bourguignon puisque Eudes II de Blois, neveu et fils de la soeur ainé du défunt roi, tentera par les armes de récupérer la province perdue, en dressant de puissants vassaux contre l’empereur du Saint Empire.. Les conflits dureront deux ans de 1032 à 1034, au sortir desquels l’homme finira par reculer. En 1037, il fera une nouvelle tentative mais faillira encore et mourra cette même année sur le champ de bataille. Pour ce qui est du sort de la cité de Vienne, ne laissant encore une fois derrière lui qu’un fils illégitime devenu évêque, Rodolphe III l’avait aussi déjà scellé, en cédant le comté viennois à l’église, en la personne de l’archevêque de Lyon Burchard II, qui se trouvait être son demi-frère puisque étant, lui-même, le fils illégitime du père de Rodolphe III, (Conrad III de Bourgogne), Etranges destins parfois, que celui des provinces et seigneuries médiévales qui se maintiennent ou se divisent au fil des méandres des passations familiales.

Moyen-âge central: archevêques suzerains, l’âge d’or spirituel de Vienne

Philippe le Bel et le Pape Clément V au concile de Vienne où se décidera le sort des templiers, gravure du IXe siècle
Philippe le Bel et le Pape Clément V au concile de Vienne où se décidera le sort des templiers, gravure du IXe siècle

De 1023 jusqu’au milieu du XVe siècle, date de rattachement du comté de Vienne à la couronne de France, les évêques resteront les seigneurs de Vienne. Dépendant directement de l’autorité du Saint-Empire et de la papauté romaine, ils y régneront avec prestige et conféreront à la cité de véritables lettres de noblesse au sein de l’église catholique. De son archevêché, déclaré Primat des primats des Gaules,  en dépendront, en effet, six autres, ceux de Genève, Grenoble, Valence, Die, Viviers et Maurienne. Fait marquant, autour de l’année 1030, l’archevêque Burchard partagera le comté de Vienne en deux fiefs sans savoir que plus tard ces deux provinces allaient se mettre à guerroyer entre elles. D’un côté, il créera le comté d’Albon qui deviendrait le futur Dauphiné et de l’autre le comté de Maurienne qui serait bientôt la Savoie. Le religieux ne conservera que la cité de vienne elle-même qui restera, quant à elle et pour longtemps, sous la main des archevêques suzerains.

Dans le courant des XIIe et XIIIe siècles, la ville sera plus que jamais florissante tant au niveau économique et politique que spirituelle. La cathédrale Saint-Maurice y sera édifiée et les autres édifices religieux de la ville bénéficieront également des largeurs des vienne_cathedrale_saint_maurice_histoire_medievale_sorties_historiques_patrimoine_historique_haut_moyen-ageévêques et des seigneurs du lieu. La ville attirera ainsi à elle d’autres communautés religieuses qui viendront s’y installer dans le courant du XIIIe siècle.

Les bourgeois et les communautés marchandes de la ville ne seront pas non plus oubliés puisqu’on leur donnera de nouvelles libertés favorisant leur expansion et leur organisation. On bâtira également un prestigieux château-fort, celui de la Bâtie qui deviendra alors le lieu de résidence des archevêques, qui trouvera son usage défensif à plusieurs reprises durant les guerres de religions notamment, montrant bien, s’il en était besoin le sens de la stratégie militaire chez les religieux, au temps médiévaux. Démantelé par Richelieu, il ne reste aujourd’hui de l’édifice qu’une ruine de pierre. Au niveau politique, une nouvelle entité le chapitre de la cathédrale, sera aussi créé qui prendra, bien plus tard, une part active dans les guerres et les conflits opposant la Savoie au Dauphiné.

Point culminant de cet âge d’or des archevêques  de Vienne, le tout début XIVe siècle y verra affluer le Roi Philippe le Bel et le pape Clément V, ainsi que les religieux les plus prestigieux de la papauté à l’occasion du concile de Vienne. C’est même là que se jouera le triste sort de l’ordre des templiers puisqu’il sera décidé d’y mettre fin, chose qui, on le sait, sera faite par le roi dans la lettre et dans les faits.

Une présence royale pressante

Peu de temps après le concile, le roi de France qui veut étendre sa couronne convoite la cité de Vienne. Ne pouvant pour autant, lui mettre simplement et directement la main dessus, il décidera d’annexer la ville de Sainte Colombe de l’autre côté du Rhône, sous le prétexte de la mieux protéger des voyageurs.

tour_des_valois_sainte_colombe_philippe_le_bel_dauphine_vienne_ville_historiqueIl y fera édifier un rempart et une tour, la tour des Valois, et y installera même une garnison, laissant là, ce qui ressemble à un dispositif d’attaque possible de la cité de Vienne, tout autant qu’un message clair à l’attention de ses archevêques sur la proximité pressante de la présence royale. La gravure ci-dessous montre une vue très claire de Vienne depuis Saint Colombe et des remparts construits par Philippe le Bel autour de la ville et du couvent des cordeliers.  Le fait que le roi avait, lors du concile de Vienne, passé la nuit dans ce même couvent a-t’il pu influencer d’une quelconque manière cette décision d’annexion? Rien n’est moins sûr et si c’est le cas, c’est un secret que l’histoire a emporté dans son cours. Quoiqu’il en soit, il ne subsiste aujourd’hui de ce dispositif qui ne laissa sans doute, à l’époque, personne dupe sur son utilité réelle, que la tour, et même le pont médiéval d’alors a été, depuis bien longtemps déjà, reconstruit plus loin.

Vienne vue depuis les remparts de Sainte Colombe, Gravure du XVIIe siècle, Musée de Vienne
Vienne vue depuis les remparts de Sainte Colombe, Gravure du XVIIe siècle, Musée de Vienne

Contre vents et marées: Vienne au moyen-âge tardif

Frappée par les grands drames des XIVe et XVe siècles: la peste, la famine et les conséquences de la guerre de cent ans, Vienne se relèvera pourtant, maintenant  sa position forte. A la cession du Dauphiné à la France par Humbert II au milieu en 1349, la petite enclave du Saint-Empire se verra désormais cernée de toute part par le royaume de France mais continuera pourtant de converser une relative indépendance bien que de plus en plus sujette aux pressions et aux manoeuvres de la couronne pour l’annexer. Il faudra pourtant encore attendre un siècle pour que l’archevêque de Vienne se résigne à mettre fin à l’indépendance de la cité. Nous sommes alors en 1450 et cette reconnaissance ne ternira en rien le prestige de la ville pas plus qu’elle n’atermoiera la puissance de son économie.

Le rattachement du Dauphiné à la France, en 1349 par Alexandre Debelle, peintre isèrois du début du XIXe siècle
Le rattachement du Dauphiné à la France, en 1349 par Alexandre Debelle, peintre isèrois du début du XIXe siècle

La monnaie qu’on y frappera fera encore longtemps référence pour les autres monnaies du royaume, les foires y bâteront leur plein, et les routes qui avaient fait depuis des temps reculés de Vienne ce haut lieu commercial, stratégique et historiques continueront de lui prodiguer la manne de toujours. Sur la route des pèlerinages, les croyants venus du nord, y feront même des haltes pour venir contempler ses merveilles et ses saintes reliques. Contre vents et marées, le destin hors du commun de la cité de Vienne continuera de la faire briller de mille feux au niveau économique comme spirituel durant la renaissance. (ci contre un denier médiéval frappé à Vienne par l’archevêché).

Fidèle à notre objet médiéval, c’est là que nous laissons son histoire, aux portes du siècle des lumières, pour faire un bond dans le temps et vous inviter à achever cette longue balade historique par la Vienne d’aujourd’hui.

Vienne en Fête : histoire et culture

Outre les quelques quarante monuments classés que Vienne a conservé de sa longue et prestigieuse histoire, la ville à encore bien d’autres choses à offrir pour qui viendrait la visiter. Il y a, bien sûr, les fêtes historiques et les médiévales qui se tiennent chaque début septembre mais ce ne sont pas les seuls moments durant lesquels cette belle cité célèbre son histoire et de ce point de vue, vous y trouverez de quoi vous sustentez toute l’année; journées gallo-romaines, vendanges romaines, musée, et encore visites guidées et découvertes des monuments et de l’Histoire de la ville (une a deux fois par mois),.

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Côté culture entre grands événements populaires et foires, elle vous proposera encore un festival d’écriture et un autre d’humour et pour les amateurs de musique, son magnifique théâtre antique exceptionnellement conservé est, chaque année, le théâtre de nombreux événements et concerts. Du classique au Jazz en passant par les artistes les plus variés, le lieu a vu passer des invités de prestige à la renommée internationale. Les belles heures de son festival de Jazz font aussi chaque année, au début du mois de juillet, le bonheur des vienne_ballade_culturelle_et_historique_ville_de_prestige_patrimoine_histoire_medievaleamateurs du genre. On y vient, de toute la France ou de la région, son petit coussin à la main, passer des nuits entières dans la tiédeur de l’été, à se laisser bercer pas les notes chaudes, blues, feutrées ou free jazz d’artistes au sommet de leur art, dans une qualité acoustique exceptionnelle. Croyez le dauphinois qui vous parle, mes amis. Tout cela est du vécu. Il suffit de quelques instants passés au milieu des vieilles pierres du théâtre de Vienne, dans la chaleur de l’été et la magie d’un concert pour vous sentir, ici, plus seulement en terre d’histoire mais aussi en terre d’émotion et d’amitié.

Un de ces prochains week end ou même un de ces mois d’été où l’appel de la mer vous gagne, sur la route de vos vacances, plutôt que de passer trois heures à vous déshydrater dans les embouteillages, au douloureux péage d’autoroute de Reventin-Vaugris, je vous conseille volontiers de faire une belle halte en la cité de Vienne, pour venir vous rafraîchir à l’ombre de sa prestigieuse histoire et de ses merveilles. Il sera bien tant de reprendre la route à la fraîcheur du matin suivant, quand les bouchons auront sauté.

Une excellente journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

Foix : cinq jours de fêtes historiques et médiévales en terre cathare!

foix_ville_medievale_festival_festivites_moyen-age_idees_sortiesSujet : marchés, fêtes médiévales, événements, festivités, idées sorties, festival historique, lieu d’intérêt, Foix, ville historique
Evénement : Festival Historique
Lieu : Foix (Ariège)
Date : du 9 au 15 août 2016

 

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passione mois d’août nous régale vraiment de mille festivités sur le thème du moyen-âge au point qu’il s’avère même quelquefois difficile de décider sur quoi nous portons notre attention pour vous donner quelques festivites_marches_fetes_medievales_ville_patrimoine_historique_ariegeidées de sorties ou de week end aux couleurs médiévales. Pourtant, cette fois, il nous est d’autant plus aisé de vous parler de l’événement et des réjouissances qui se préparent à Foix, en Ariège, que cette ville semble, en toute saison, pénétrée de son histoire ancienne depuis les hauts des remparts de son château, jusque dans ses ruelles et dans ses murs. Et même s’il n’y avait une grande fête qui s’y prépare dans les jours qui viennent pour célébrer le moyen-âge, et qui, d’ailleurs, a déjà commencé depuis hier, nous vous recommanderions bien volontiers de vous y rendre en quelque époque de l’année ou à quelque occasion, ne serait-ce que pour la beauté des lieux et ce sentiment de retour dans le temps que le site vous procurera invariablement. Arriver aux abords de Foix est, en effet, plus qu’une étape ou une fin de voyage, toujours une émotion.

La magie du beay château-fort de Foix planté sur son éperon rocheux
La magie du beay château-fort de Foix planté sur son éperon rocheux

Planté sur son immense piton rocheux qui semble surgi de terre comme pour mieux lui permettre de s’approcher du ciel, le château fort de Foix, dont les premières pierres furent posées au début du fetes_historiques_festival_medieval_foix_comtes_chateauXIe siècle est là, majestueux. Il embrasse la ville de son regard de pierre et donne d’emblée le ton. Certes, les comtes de Foix l’ont déserté depuis longtemps et il est aujourd’hui converti en musée départemental de l’Ariège mais vous pourrez valablement le visiter et vous promener sur le haut de ses remparts pour embrasser la vue, et peut-être encore y faire revivre un peu de cette sensation que les seigneurs des lieux ont dû éprouver en s’y tenant, abîmés dans la contemplation de leur domaine ou de leurs gens, tout en bas. Mais revenons donc, pour l’instant, à notre événement et à ces fêtes historiques.

Les fêtes historiques de Foix

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D_lettrine_moyen_age_passionu 9 au 15 août 2016, la ville se propose donc de vous faire revivre et même de renouer avec ses traditions festives d’antan. C’est l’association Foix Terre d’Histoire qui organise le tout et vous divertira de ces reconstitutions et autres animations en journée, comme en nocturne et rien n’y manquera pour faire de l’événement un rendez-vous réussi et festif autour du moyen-âge: grande parade, animations de rue, musique, troubadours et saltimbanques, flambeaux et spectacles de cracheurs de feu, marché et campement chateau-fort_de_foix_ville_historique_fetes_medievalesmédiéval, ripailles et banquet animé, ateliers, chasse au trésor pour les enfants, et grand spectacle son et lumière sur les pierres du château en nocturne. Du côté théâtre de rue, des troupes professionnelles seront présentes et il y aura même un feuilleton médiéval joué durant toute la journée dans les belles rues et ruelles de la ville. Autant dire qu’il vous sera difficile de vous ennuyer en cette aube de 15 août dans la jolie ville ariégeoise, bastion antique des comtes de Foix.

Le programme en un clin d’oeil

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Retrouvez plus d’informations sur les fêtes historiques et médiévales de Foix, les prestataires et intervenants ou posez-vos questions si vous en avez, sur le site web de l’association Foix Terre d’Histoire qui fait vivre et anime l’Histoire de la ville comtale depuis déjà plus de cinquante ans.

Un peu d’Histoire sur le comté de Foix
et son incontournable château-fort

I_lettrine_moyen_age_passion copial demeure difficile d’aborder l’histoire de ce chef lieu de l’Ariège (plus petit chef-lieu des départements de France à ce jour) sans parler de son château fort. Sources historiques à l’appui, on date du XIe siècle, cet édifice qui a bien plus que quelques beaux restes, mais on s’entend généralement sur le fait qu’il a été probablement construit près d’un siècle auparavant. Lui avait précédé à l’époque gallo-romaine un fort, ce qui montre bien la puissance de l’emplacement stratégique que représentait déjà ce piton rocheux au pied duquel s’étale désormais la ville.

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Un site naturel d’exception pour un château-fort mythique du pays cathare et ariégeois

Au début du XIe siècle, Bernard-Roger, fils du comte de Carcassone, Roger 1er le vieux s’y installe et devient ainsi le premier comte de Foix. Le comté de foix appartient alors au territoire de Carcassonne. Leurs armoiries (voir blason en haut de page) sont celles de la plan_de_foix_patrimoine_historique_histoire_medievale_comte_de_foixCatalogne et ils se disent eux-même issus d’une branche familiale des comtes de Barcelone. Il n’y aura à cette époque qu’une haute tour cintrée d’une enceinte au sommet du piton rocheux. Cette implantation naturelle hautement stratégique au niveau défensif, conféra  pour longtemps aux comtes de Foix, leur prestige et leur rayonnement et fera ses preuves, notamment, au début du XIIIe siècle, lors des multiples assauts de la forteresse durant la croisade des albigeois. Le Château y deviendra alors le refuge des cathares persécutés et, avec cela, le symbole de la résistance occitane. A l’issue des conflits et même s’il sera épargné par les sièges, le château sera ôté des mains de ses comtes et remis dans les mains du légat des papes, durant quatre années au sortir desquelles il leur sera restitué.

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L_lettrine_moyen_age_passion‘âme languedocienne n’a pas toujours été docile au pouvoir central et on retrouvera encore le château et ses comtes tenant tête à Philippe le Hardi et refusant de ployer le genou devant lui dans le troisième quart de ce même XIIIe siècle. Le roi, qui entend bien alors mettre la main sur le Languedoc, ne l’entendra pourtant pas de cette oreille et fera lever une armée pour assiéger le château. Devant les forces en présence et même s’il avait fait fortifier la place, le comte de Foix d’alors, Roger IV finira par se soustraire à la volonté de la couronne.

gaston_phebus_febus_comte_de_foix_histoire_medievaleDans le courant du XIVe siècle, l’héritage du Béarn fut reconnu, et même conquis, peut-on dire, par les comtes de Foix, en la personne de Gaston III de Foix-Béarn, dit encore Gaston de Fébus ou Phebus, « le Lion des Pyrénées »,  après une période houleuse de conflits avec l’Armagnac (ci-contre statue de Fébus au Château de Pau, Béarn). Le chroniqueur Jean Froissart écrira même des lignes élogieuses sur ce riche et puissant seigneur de Foix et du Bearn, guerrier et chasseur émérite et dira de lui:

 » J’ai vu bien des chevaliers, des rois, des princes. Mais jamais je n’en vis qui fut de si magnifique stature et de si merveilleuse prestance. Son visage était très beau, coloré et rieur. Ses yeux étaient verts et amoureux. En toutes choses il était parfait. Il aimait ce qu’il devait aimer, haïssait ce qu’il devait haïr. Il était aimable et accessible à toutes gens et il leur parlait doucement et amoureusement, mais dans son courroux nul n’avait pardon. »
Extrait des Chroniques de Jehan Froissart (1337-1405)

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Q_lettrine_moyen_age_passionuoiqu’il en soit, fruit ingrat de la conquête de leur titre en Béarn, le château se verra peu à peu déserté par ses comtes, qui, devenus vicomtes de cette province  préféreront s’installer en béarnais.  La ville ne perdra pas, pour autant, son statut de capitale comtale pas d’avantage que son prestige.

Plus tard dans le temps, au XVe siècle, le château sera converti en prison et le restera durant près de trois siècles. Ce n’est qu’à la fin du XIXe qu’il sera délivré de ce statut pour devenir la pièce unique du patrimoine historique français qu’il est encore aujourd’hui. Même si l’oeuvre du temps ne l’a pas laissé totalement intacte, par sa position élevée autant que par un concours de circonstances historiques, mais aussi par les oeuvres de maintien et de rénovation qui y ont été entreprises, ce bel édifice dont les fetes_historiques_foix_ville_medievale_historique_abbaye_saint_volusiendifférentes composantes témoignent de différentes époques est, encore à ce jour, très bien conservé et très agréable à visiter

Pour dire un dernier mot de l’Histoire de Foix et de son patrimoine historique, il faut encore mentionner l’abbaye de Saint-Volusien fondée à la fin du IXe siècle et dont la dynamique aura permis de faire fructifier la ville et d’attirer à elle un certain développement urbain et économique. Détruite durant  les guerres de religions du XVIe, il ne reste aujourd’hui pas grand chose de l’édifice originel, mais, comme la nature a horreur du vide, une belle église gothique fut construit en son lieu et place au  XVIIe siècle.

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Troubadours, saltimbanques et crâcheurs de feu, théâtre de rue, des festivités 2016 qui promettent d’être hautes en couleurs!

Voilà pour aujourd’hui, mes amis. En bref, si vous avez le grand plaisir de pouvoir vous rendre à ses belles fêtes historiques et médiévales de Foix pour y célébrer la ville et son histoire, n’hésitez pas! Pour les autres qui travaillent, sont trop loin ou ne peuvent s’y rendre dans les jours qui viennent, sachez encore que Foix aime son château autant que son histoire et organise très régulièrement des événements, reconstitutions et animations autour du sujet. Il peut être utile de consulter l’agenda du site officiel de la ville de Foix pour s’en tenir informer.

En vous souhaitant une très belle journée!

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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