
Période : moyen-âge tardif (1346-1406)
Auteur : Eustache Deschamps
Titre : « Je n’ai cure d’être en geôle » « Pourquoi viens-tu si peu à la cour? » « Trop de périls sont à suivre la cour ».
Bonjour à tous,

« Princes, j’ay veu a mainte court en France
Maint serviteur servir par ce moien;
Et quant g*i voy si doubteuse balance,
Je ne vueil plus fors que vivre du mien. »
Eustache Deschamps   (1346-1406) et la cour des puissants
Eustache Deschamps – Patrice Leconte : anachronisme pertinent?
Qu’est-ce que « l’esprit de cour »? Que s’y passe-t-il au quotidien de ces banquets et de ces fêtes et comment y brille-t-on? On peut difficilement penser aux jeux de cour et à leur cruauté sans évoquer l’excellent film Ridicule de Patrice Leconte. Bien sûr, l’histoire du film se passe sous Louis XVIe et à la cour de 
Scène culte 1:
l’esprit au service des enjeux de pouvoir
Pour toutes ces raisons et mis entre guillemets quelques anachronismes, un peu moins de poudre et de perruques et un « esprit » qui se traduit, du temps d’Eustache Deschamps, dans un langage qui n’a pas encore la modernité de celui de la cour de Versailles, nous ne résistons pas à l’envie de partager ici, mêlés de la poésie de l’auteur médiéval, quelques extraits de ce savoureux film: la réalisation est celle d’un virtuose qui aime flirter avec la satire et la causticité, Patrice Leconte (photo plus bas dans l’article), les acteurs sont exceptionnels et nous devons les excellents dialogues à trois scénaristes : Rémi Waterhouse, Michel Fessler et Eric Vicaut.
Ridicule : deux mots sur l’histoire du film
Au XVIIIe siècle, Grégoire Ponceludon de Malavoy (Charles Berling), un jeune aristocrate et ingénieur des Dombes – zone marécageuse, constellée d’étangs de la région bressane -, projette d’en faire assécher les marais pour assainir son domaine et mettre ses terres en exploitation. Les paysans y vivent dans la misère, dévorés par les moustiques et les maladies et les marécages condamnent toute possibilité d’y cultiver.

Si vous n’avez pas encore vu ce film plus historique que médiéval, nous vous conseillons vivement une séance de rattrapage non sans conseiller aux âmes sensibles de s’abstenir, une des premières scènes du film étant, en effet, assez vitriolé.
La poésie d’Eustache Deschamps
dans le moyen-français du XIVe siècle
« Pourquoi viens tu si po a court?
Qui fuit la court, la court le fuit.
– Pour ce qu’il y fault estre sourt,
  Et sanz veoir ne que  de nuit,
  Estre muyaux; parler y nuit;
  Or voy, or oy bien et parole :
  Par ces trois poins sont maint destruit :
  Je n’ay cure d’estre en geôle.
Qui dit voir, nul ne le secourt,
  Qui voit trop cler, l’en le deffuit;
  Qui voit et entent, sur lui court
  Chascuns, lors sera mis en bruit;
  Li soulaulx fault, la lune y luit
  Ténébreuse, la se rigole;
  Tenez vous y toutes et tuit:
  Je n’ay cure d’estre en geôle.
Car je voy qu’a ces oiseaulx sourt
  En geôles po de déduit;
Ilz sont tenuz crêpes et court .
  Ceuls qui ont des champs le conduit . 
  Vivent frans; franchise les duit,
  Et l’angeolé  pas ne vole,
  Qui pour yssir hors se deruit :
  Je n’ay cure d’estre en geôle. »
Eustache Deschamps
Ballade : de la douleur qui peut advenir à ceux qui suivent la cour de Prince
« Mon corps se pert , use , gaste et destruit
,A court suir , qui est doubteuse vie :
On dort le jour, et y veille-on la nuit;
Et y fait-on trop de gourmenderie.
Vin barillié et viande pourrie
Y ont pluseurs ; tant d’ordure y a court
Qu’eureus est cilz qui ne la poursuit mie :
Trop de périlz sont à suir la court.
A apetit d’aucuns fault estre duit,
Et que frans cuers au félon s’umilie ,
Et telz se faint amis d’autre qui nuit ;
Blandir convient, doleur, paine et envie,
A suir ceuls qui ont la seignourie;
Aveugle fault estre, muet et sourt,
Bon fait fuir tele merancolie :
Trop de périlz sont à suir la court.
On est logiez non pas à son déduit
En poures draps et en paillarderie ;
Souventefoiz en grant noise et en bruit;
Et maintefoiz , qui bien n’y remédie,,
Plus y despent qui plus a de mesgnie.
Le temps s’en va, viellesce sus y court
Sanz guerdon ; qui s’i tient c’est folie :
Trop de périlz sont à suir la court.
Prince , li homs qui suffisance instruit,
Vit liement, et n’eust c’un seul pain cuit;
Mais curiaux en grant doleur décourt :
L’un a joie, tristeur l’autre conduit.
Or avisez ci , toutes et tuit :
Trop de périlz sont à suir la court. »
Eustache Deschamps
En vous souhaitant une excellente journée et une belle semaine!
Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
		

Sujet : fêtes historiques, événement moyen-âge, troubadours, compagnies médiévales. idée sorties, marché noël.
 l’approche des fêtes de fin d’année, la réputation des marchés de Noël alsaciens n’est plus à faire et si vous êtes proche du Bas-Rhin, cette fin de semaine, la cité de Wasselonne et son château vous proposent en plus d’un incontournable marché de Noël dans les règles de l’Art, deux jours de fêtes costumées ayant pour thème tout à la fois le moyen-âge mais aussi noël.
‘événement débutera le samedi 3 décembre dans l’après-midi pour se poursuivre jusqu’au dimanche 4, en soirée. Côté ambiance et animations, c’est une fête de deux jours relativement panachée et aux couleurs clairement locale. Rien à voir, il faut bien le dire, avec un grand festival historique comme nous en présentons souvent ici avec des dizaines de compagnies médiévales, etc… Et il faut plutôt y voir l’occasion d’aller voir un beau marché de Noël alsacien, tout en ayant des animations et un cadre historiques à se mettre sous la dent.

mention écrite de la ville date du VIIIe siècle et du haut moyen-âge. Elle était alors vraisemblablement occupée par des tribus celtiques et on la nomme: Wasselnheim. Depuis le VIIe siècle, elle bénéficie aussi de sa proximité avec le village de Kirchheim où les rois carolingiens, Charles le Gros, notamment, ont établi l’une de leur résidence royale.

‘est au milieu de ce même XVe siècle que la forteresse et le village seront assiégés par les troupes strasbourgeoises lors d’un conflit qui les opposera au bailli de Dhan, alors propriétaire du château, au motif d’une alliance que ce dernier avait conclu avec le comte de Fenétrange, ennemi juré des Strasbourgeois qui avait, lui-même, soutenu les Armagnacs lors du sac des campagnes autour de Strasbourg. Suite à cet épisode de deux ans, connu sous le nom de guerre de Wasselonne (1446-1448), le château, incendié et ravagé par le siège, sera bien vite reconstruit 


Sujet :


out de même au sortir de tout cela, niveau stratégie militaire, il reste un constat un peu gênant: mettre près de cent ans pour se rendre compte que l’arc long ça pique et qu’il faut s’en méfier, ça fait quand même un peu long même s’il est vrai, comme le fait remarquer l’historien Olivier Naulleau (est-il cousin de Eric et surtout est-ce vraiment une question pertinente dans le cadre de cet article?) que la foi dans la chevalerie et ses valeurs avaient alors une grande place dans l’idée de la gloire et de la guerre du côté français. Cela ne peut tout expliquer. Il y a peut-être encore des histoires de discipline militaire, mais aussi certainement quand même des bons et des mauvais chefs de guerre dans toute cette histoire. Crécy (1346), Azincourt (1415), après les nombreuses guerres de croisades, les armées royales des XIVe et XVe siècles sont tout de même censées être un peu plus professionnalisées et disciplinées que celles des siècles précédents.
