
Période : XVIe, début de la renaissance, toute fin du moyen-âge
Titre : Lady Greensleeves, Greensleeves to a Ground, Greensleeves
Groupe : Hespèrion XXI, Jordi Savall,
Album : Ostinato (2001) AliaVox
Bonjour à tous,

La superbe adaptation musicale de Lady Greensleeves par Jordi Savall
Pardonnez-nous si nous avons l’air d’insister avec Jordi Savall et sa formation Hespérion XXI, mais c’est qu’en dehors du grand travail de recherches historiques et d’interprétation effectué, en amont de chaque album, pour restituer des joyaux et des trésors de musique ancienne, le toucher et le son 
Pour parler un peu de l’album Ostinato (Obstiné en Italien) dans lequel on peut retrouver cette version unique de Greensleeves, son titre contient tout entier son objet. A travers plus de 150 ans d’histoire de la musique ancienne et européenne, Hesperion XXI y explore, en effet, des morceaux choisis qui font appel à ce que l’on appelle la basse « obstinée » ou basse « contrainte ». Connu encore sous le nom d’Ostinato, ce procédé de composition consiste à répéter une mesure de 4 à 8 temps tout au long d’une pièce avec des variations et improvisations autour. Au XVIe siècle, il deviendra caractéristique de certaines danses italiennes telle que la romanesca ou la passamezzo.
Les paroles et la légende de Greensleeves
Même si cette pièce est au départ une chanson, elle a été reprise un nombre incalculable de fois, depuis des siècles, sous sa forme uniquement instrumentale. C’est d’ailleurs cette dernière forme que nous avons choisi aujourd’hui pour vous la présenter, mais nous en profitons tout de même pour aborder également les paroles qu’on lui connait et aussi les traduire.
Du point de vue de l’histoire, la chanson conte les déboires d’un amant rejeté par sa belle, une demoiselle du nom de « lady Greensleeves ». L’amour a visiblement été consommé entre les deux amants mais l’homme en est encore « captif » et ne se résout pas à la séparation. Il implore sa maîtresse de revenir l’aimer encore une fois, lui rappelant même toutes les attentions qu’il a eu pour elle, mais aussi tous les beaux cadeaux qu’il lui fit, du temps de leurs élans conjoints. Ceci pourrait paraître quelque peu indélicat, dit comme cela, quoiqu’en le traduisant dans sa version originale et complète, je me sois franchement demandé à plusieurs reprises si la longue liste qu’il fait de ses achats pour elle, qui pourrait presque paraître pathétique tant elle est détaillée, est faite sous l’effet du désespoir ou si le détail et la répétition ne cherchent pas finalement à ménager un effet humoristique. Par certains endroits, l’homme me fait un peu penser au Arnolphe de l’école des femmes de Molière, bien que 
Au vue des détails qu’il donne, il apparaît d’ailleurs comme un homme relativement riche et puissant puisque, entre autre bijoux et habits précieux, il avait même mis au service de la demoiselle des « hommes tous vêtus de vert » pour s’assurer qu’elle ne manque de rien; il parle aussi de ses terres. On n’est donc pas du tout face à un trouvère désargenté de type Rutebeuf ou Villon. Quoiqu’il en soit, malgré toutes ses belles attentions, il semble bien que la rupture ait été consommée; la demoiselle a fermé sa porte et l’amant transi n’a plus que sa plume, sa longue liste de reproches et sa chanson pour se consoler. Qui eut pu dire alors que cette dernière traverserait les siècles et connaîtrait la renommée incroyable qui fut la sienne durant plus de quatre cents ans et jusqu’à nos jours?
Sur le nom de la Demoiselle : GreenSleeves, que nous pourrions traduire littéralement par « Manches Vertes », même si cela sonne affreusement mal, ou par « Vertemanches » ce qui sonne légèrement mieux, on trouve quelques analyses à la ronde que je ne fais ici que mentionner sans avoir le moyen de les accréditer. L’une d’elle avance que la couleur verte était alors le symbole de la « légèreté » en amour, dans le sens d’amours « volages » ou même de l’amour naissant.

Le roi Henri VIII d’Angleterre,
auteur-compositeur de Greensleeves?


Pour la petite histoire, il faut tout de même se souvenir que Anne Boleyn ne fut pas la seule de ses épouses que ce roi, à la vie maritale et sentimentale, riche en péripéties et en « rebondissements » dramatiques, fit exécuter, au point qu’on lui prête même d’avoir été le véritable personnage ayant inspiré le conte de Perrault Barbe Bleue, bien plus que Gilles de Retz.
Pour revenir à Greensleeves, et dans une autre version de l’histoire on allègue, en relation avec l’hypothèse soulevée plus haut que cette Lady Greensleeves aurait plutôt été une prostituée et non la future reine d’Angleterre. En réalité, aucun document ne permet d’étayer, historiquement, ni l’une ni l’autre de ces versions.
L’histoire de Greensleeves et les faits connus
On sait de source sûre que cette pièce, dont l’auteur et le compositeur sont demeurés anonymes à ce jour, est mentionnée, pour la première fois sous le règne dynastique de la maison Tudor, dans le registre de la compagnie des papetiers et éditeurs de presse de Londres ». En 1580, un dénommé Richard Jones l’a, en effet, faite enregistrer, en vue de sa publication. Dans les deux années qui suivront, on la retrouvera mentionnée sept fois dans ce même registre, sous des titres variés autour de « Lady Greensleeves » et sous le nom d’éditeurs ou d’imprimeurs divers. Même si cela ne permet toujours pas de dater sa composition, il est indéniable qu’elle est déjà alors « officiellement » devenue extrêmement populaire comme elle l’est restée d’ailleurs depuis. En 1602, Shakespeare y fera même allusion dans une de ses comédies: « Les Joyeuses Commères de Windsor » (The Merry Wives of Windsor).
C’est en 1584 que les paroles de Greensleeves apparaissent pour la première fois dans un document écrit traçable, quant à sa musique, on la retrouve dans divers livres datant de la même période: le premier étant celui connu sous le nom de « William Ballet Lute Book« date de 1590 et présente une partition pour luth de la chanson. Elle apparaîtra également en 1595 dans un manuscrit hollandais de Luth, le « Het Luitboek van Thysius », rédigé par un certain Adriaen Smout de Rotterdam et on la retrouvera, au fil du temps, dans de nombreux autres ouvrages.

Les paroles anglaises de Greensleeves
Il en existe de nombreuses variantes remaniées, rallongées, au besoin pour être converties, nous l’avons mentionné plus haut, en chant de noël mais Lady Greensleeves fut aussi adaptée au XVIIe siècle par ceux que l’on dénommait alors « les cavaliers » et qui étaient les troupes royales au service du roi Charles 1er, durant la guerre civile anglaise (1642–1651). On lui connait depuis des myriades de versions: jazz, folk, rock ou même variétés, de John Coltrane à Elvis Presley en passant par Léonard Cohen, Marianne Faithfull, Neil Young, Jethro Tull et même plus récemment Hélène Segara.
Les paroles anglaises que nous donnons ici proviennent de l’époque des Tudors. Nous les avons traduites et adaptées librement. Je précise que j’ai finalement consenti à traduire Greensleeves par Vertemanche en vous laissant libre d’utiliser le nom original, si vous le préférez. Mais, allons, assez parlé, en piste!
The Chorus / le Refrain
Greensleeues was all my ioy,
Greensleeues was my delight:
Greensleeues was my hart of gold,
And who but Ladie Greensleeues.
Vertemanche était toute ma joie
Vertemanche était tout mon plaisir
Vertemanche était mon coeur d’or
Et qui d’autre que demoiselle Vertemanche
The Verses / les paroles
Alas my loue, ye do me wrong,
to cast me off discurteously:
And I haue loued you so long
Delighting in your companie.
Hélas, mon amour, mon amour, vous me faites du mal
De me rejeter ainsi sans courtoisie
Car je vous ai aimé bien et longtemps
Prenant plaisir en votre compagnie
Chorus/Refrain
I haue been readie at your hand,
to grant what euer you would craue.
I haue both waged life and land,
your loue and good will for to haue.
Je me suis tenu près de votre main
Pour satisfaire tous vos désirs
J’ai gagé mes terres et ma vie
Pour gagner votre amour et votre bienveillance
Chorus/Refrain
I bought three kerchers to thy head,
that were wrought fine and gallantly:
I kept thee both boord and bed,
Which cost my purse wel fauouredly,
Je t’ai acheté trois fichus
De fine étoffe et galante
Je t’ai gardé près de moi et dans mon lit
Ce qui a bien vidé ma bourse
Chorus/Refrain
I bought thee peticotes of the best,
the cloth so fine as might be:
I gaue thee iewels for thy chest,
and all this cost I spent on thee.
Je t’ai acheté trois jupons
Du meilleur et plus fin tissu
Et trois bijoux pour ton giron
Et tous ces frais c’était pour toi
Chorus/Refrain
Thy smock of silk, both faire and white,
with gold embrodered gorgeously:
Thy peticote of Sendall right:
and thus I bought thee gladly.
Ta chemise de soie, pure et blanche
Magnifiquement brodée d’or
Ton foulard de soie légère
Et tout ça acheté de bonne grâce
Chorus/Refrain
Thy girdle of gold so red,
with pearles bedecked sumptuously:
The like no other lasses had,
and yet thou wouldst not loue me,
Ta ceinture d’or si rouge
ornée de perles somptueuses
Du genre qu’aucune fille n’avait
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
Thy purse and eke thy gay guilt kniues,
thy pincase gallant to the eie:
No better wore the Burgesse wiues,
and yet thou wouldst not loue me.
Ta bourse et tes jolis poignards
Ta boîte à épingles si belle au regard
De meilleur, n’avait femme bourgeoise
Et avec tout ça, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
Thy crimson stockings all of silk,
with golde all wrought aboue the knee,
Thy pumps as white as was the milk,
and yet thou wouldst not loue me.
Tes bas pourpres, tous de soie
Brodés d’or au dessus du genou
Tes escarpins immaculés, aussi blancs qu’était le lait
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
Thy gown was of the grossie green,
thy sleeues of Satten hanging by:
Which made thee be our haruest Queen,
and yet thou wouldst not loue me.
Ta robe était du vert des prés
tes manches de Satin tombantes,
Qui faisait de toi notre reine des moissons
Et avec tout ça, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
Thy garters fringed with the golde,
And siluer aglets hanging by,
Which made thee blithe for to beholde,
And yet thou wouldst not loue me.
Tes jarretières frangées d’or
aux aiguillettes d’argent pendantes,
Dont la vue t’avait tant ravi
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
My gayest gelding I thee gaue,
To ride where euer liked thee,
No Ladie euer was so braue,
And yet thou wouldst not loue me.
Mon vaillant hongre je t’ai donné
Pour le mener où tu voudrais
Nulle fille n’eut jamais ton audace
Et avec tout ça, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
My men were clothed all in green,
And they did euer wait on thee:
Al this was gallant to be seen,
and yet thou wouldst not loue me.
Mes hommes tous vêtus de vert
Toujours prévenants avec toi
Quel beau tableau cela faisait
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
They set thee vp, they took thee downe,
they serued thee with humilitie,
Thy foote might not once touch the ground,
and yet thou wouldst not loue me.
Ils t’aidaient à le monter et t’en faisaient descendre
Ils te servaient avec tant d’humilité,
Pas une seule fois, je crois, tu n’eus à toucher le sol de ton pied
Et avec tout ça, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
For euerie morning when thou rose,
I sent thee dainties orderly:
To cheare thy stomack from all woes,
and yet thou wouldst not loue me.
Et chaque matin quand tu t’éveillais
Je te faisais porter de délicieux mets
Pour prévenir ton estomac de tous maux
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
Thou couldst desire no earthly thing.
But stil thou hadst it readily:
Thy musicke still to play and sing,
And yet thou wouldst not loue me.
Tu ne pouvais désirer aucune chose terrestre
Sans l’obtenir sur l’instant
Tes musiciens toujours prêts à jouer et à chanter
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.
Chorus/Refrain
And who did pay for all this geare,
that thou didst spend when pleased thee?
Euen I that am reiected here,
and thou disdainst to loue me.
Et qui paya pour tout ce faste
Que tu dépensas à ta guise
Jusqu’à moi qui suis, là, rejeté
et toi qui dédaignas aimer
Chorus/Refrain
Wel, I wil pray to God on hie,
that thou my constancie maist see:
And that yet once before I die,
thou wilt vouchsafe to loue me.
Bien, je vais prier Dieu sur le champ
Pour que tu vois tous mes efforts
Et qu’une fois avant ma mort
Tu daignes consentir à m’aimer
Chorus/Refrain
Greensleeues now farewel adue,
God I pray to prosper thee:
For I am stil thy louer true,
come once againe and loue me.
Vertemanche, maintenant, farewell, adieu
Je prie Dieu pour que tu prospères
Car je suis toujours ton amant sincère
Reviens m’aimer une fois encore.
Chorus/Refrain
Une très belle journée à tous
Fréderic EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.




Sujet : reconstitution, fêtes historiques, siège médiéval, engin de siège, joutes, tournoi, château-fort, compagnies médiévales.
ans le cadre de l’agenda sorties et fêtes médiévales, c’est encore la cité ariégeoise de Foix qui vous propose, cette fin de semaine, une fête dans son beau château-fort de légende, planté sur son impressionnant piton rocheux.
our le reste et du point de vue du programme, ce samedi et ce dimanche, le château se propose de vous faire revivre la période qui a suivi la mort du Lion des Pyrénées, Gaston III de Foix-Béarn, plus connu encore sous le nom de Gaston Fébus.


ette compagnie berrichonne, formée des passionnés d’engins militaires médiévaux, du XIe siècle jusqu’à la guerre de cent ans, prend l’histoire autant 

ociété languedocienne spécialisée dans la production d’événements autour de l’Histoire et du moyen-âge, L’Oriflamme propose à la fois des spectacles et reconstitutions, des visites guidées animées sur site, mais encore des ateliers d’initiation et pédagogiques dans ce domaine. Elle intervient ainsi dans les fêtes et festivals autour du moyen-âge, sur des sites historiques de renom, mais également en milieu scolaire et se propose même encore d’animer historiquement des événements privés. Nous avons posté, il y a quelques jours, une annonce de 




Sujet : fabliau, poésie médiévale, conte populaire satirique, cupidité, vieux français, trouvères d’Arras
n ne connait pas précisément la date de naissance de ce jongleur trouvère qui vécut dans la province d’Arras de la fin du XIIe siècle au début du XIIIe. Sa mort est en revanche datée, puisqu’on le retrouve dans le registre de la confrérie des jongleurs d’Arras auxquels il appartenait.
et les trouvères d’Arras y donneront naissance à une forme de poésie bourgeoise dont Jean Bodel est un des premiers à ouvrir le bal.
hésitations et palabres, les deux jongleurs se seraient réconciliés et la vierge leur aurait alors remis une sainte chandelle avec laquelle ils purent guérir de leur mal tous ceux qui se trouvaient là. Hasard de l’Histoire ou bienveillance de la ville à l’égard des trouvères du fait de cette légende, au XIIe siècle et aux siècles suivants, la province arrageoise donnera naissance à de nombreux poètes et trouvères au nombre desquels on comptera notamment Adam de la Halle.
christianisme pour laquelle les armes ne seraient pas nécessai-rement d’un grand secours; le roi des sarrasins, bien que, vainqueur sur les chrétiens et les ayant décimé, finira, en effet, par se convertir tout de même. En dehors des aspects religieux de la pièce, Jean Bodel y brosse encore des tableaux sociaux et humoristiques de l’époque ayant pour théâtre les tavernes de l’arrageois.
fait toujours depuis l’intérieur de la religion. On retrouvera cela dans les fabliaux et dans certaines poésies de Rutebeuf ou même de Villon. Pour autant qu’ils peuvent être acides à l’égard de certains membres du corps religieux (leur soif de pouvoir, leur propension à vouloir s’enrichir, la distance qu’ils tiennent entre le contenu de leurs prêches et leurs pratiques réelles, etc…), ces critiques ne visent pas tant, la plupart du temps, à ébranler l’église comme institution, ni à remettre en cause son existence, mais bien plutôt à la nettoyer de ses mauvais « représentants ». Dans des siècles où le salut de l’âme est une question au centre des préoccupations, on se sent forcément concerné par la probité et la conduite de ceux qui, de la naissance à la mort, sont supposés être les garants de ce salut.