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Exposition : Le Moyen Âge du XIXe siècle, au Musée de Cluny

Sujet : événement, monde médiéval, musée, romantiques, XIXe siècle, art précieux, collections, exposition.
Période : Moyen Âge et XIXe siècle
Lieu : Musée National du Moyen Âge,
Musée de Cluny, Paris.
Dates : du 7 oct 2025 au 11 janvier 2026.
Adresse : 28 rue du Sommerard, Paris 5
Tél : 01 53 73 78 00 – 01 53 73 78 16

Bonjour à tous,

ur l’agenda des événements sur le thème du monde médiéval, voilà une belle exposition à laquelle vous confie le Musée de Cluny jusqu’à la mi-janvier 2026.

Affiche de l'Exposition : Le Moyen Âge du XIXe siècle au Musée de Cluny

L’idée en est aussi originale que la réalisation. L’institution se propose, en effet, de revisiter le Moyen Âge mais pas n’importe lequel, celui ressurgi de ses cendres au XIXe siècle sous l’impulsion des romantiques européens. L’événement est prestigieux puisque de nombreux autres musées français et européens y ont apporté leur contribution.

Au programme, un exposition d’objets rares en provenance du Moyen Âge mais aussi leur copies inspirées, ou même leurs faux, réalisés par les artisans orfèvres du XIXe siècle. L’exposition se double aussi de concerts et conférences sur ce même thème original du Moyen Âge au XIXe. En voici un digest.

Le Moyen Âge à l’ère des romantismes du XIXe siècle

Statuette ange reliquaire du Moyen Âge central, Musée des Beaux Arts de Limoges.
Statuette : Ange Reliquaire du Moyen Âge (XIIe, XIIIe siecle)

Emergé vers la fin du XVIIIe siècle en Allemagne et en Angleterre, puis en France, le mouvement romantique ne tarda pas à faire du monde médiéval un des supports privilégié de son inspiration. Entre peintures, compositions musicales, œuvres littéraires ou poétiques, les plus célèbres auteurs et artistes du XIXe siècle ont ainsi remis au goût du jour un Moyen Âge teinté d’onirisme ou même de néo-gothique.

Les inspirations médiévales du XIXe siècle ne se sont toutefois pas arrêtées aux arts et à la littérature. L’engouement pour ce Moyen Âge retrouvé après les Lumières a donné naissance à tout un monde d’objets rares et précieux dont les collectionneurs d’alors étaient friands. Ce sont justement ces pièces d’orfèvrerie qui font l’objet de cette exposition temporaire au musée de Cluny.

Entre copies, reproductions ou faux, l’événement part à la découverte de certaines des plus belles réalisations de l’art précieux du XIXe. Entre le Moyen Âge et siècle d’Hugo, les techniques d’orfèvrerie ont évolué et l’exposition questionne aussi cette dimension.

L’exposition « Le Moyen Âge du XIXe siècle. Créations et faux dans les arts précieux »

Une copié de cette même Statuette ange reliquaire datée du XIXe siècle, musée des arts décoratifs de Paris.
Et sa copie réalisée au XIXe avec d’autres techniques (galvanosplastie)

Afin de présenter au mieux ces objets et leur contexte, la scénographie de cette exposition propose un voyage en plusieurs temps. On passera ainsi de riches pièces d’art médiéval ayant inspiré les contemporains des romantiques, au rôle du marché et des collectionneurs, pour finalement découvrir de rares objets, pastiches ou copies du XIXe siècle. La dernière partie de l’expo se penche, quant à elle, sur les faux et faussaires et tout un monde de pratiques peu scrupuleuses autour de ce retour inattendu du médiéval.

Comme nous le disions plus haut, la sélection présentée ici est unique et comporte des objets rares en provenance des collections du musée de Cluny, mais également d’un bon nombre d’institutions en France ou à l’étranger. La BnF, Orsay, le Louvre, la cathédrale de Nancy, le Palazzo Madama de Turin, le Musée des Arts déco de Paris et bien d’autres références prestigieuses en font partie.

En vous rendant sur place, vous aurez, bien sûr, l’occasion de découvrir l’ensemble du musée du Moyen Âge parisien. Si vous ne le connaissez pas encore, n’hésitez pas à faire une session de rattrapage. Au cœur de Paris, ce prestigieux établissement public brille autant par son cadre monumental que par la richesse de ses collections médiévales (voir notre article sur sa réouverture).

Programmation musicale et Concerts

Deux courts concerts en soirée vous proposeront de prolonger le thème de l’exposition sous un angle musical.

Un vent néo-médiéval, le Concert Impromptu

Date : jeudi 06 novembre 2025 – 19:00 Durée : 1h

Dans la veine de l’exposition, le quintet le Concert Impromptu présentera des pièces musicales du 19e siècle trempées d’inspiration médiévale.

Musiciens : Violaine Dufès (hautbois, direction artistique), Yves Charpentier (flûte), Jean-Christophe Murer (clarinette), Émilien Drouin (cor & cor des Alpes), Camille Donnat Bart (basson & guitare électrique).

Danse macabre et Airs d’amour pour Trio

Date : samedi 13 décembre 2025 – 19:00 Durée : 1h

Au programme de ce concert, la célèbre danse macabre de Camille St Saens revisitée par les compositeurs romantiques du XIXe siècle : Jules Massenet, Édouard Lalo et Charles Gounod y seront à l’honneur, servis par un trio de virtuoses.

Musiciens : Johanne Cassar (soprano), Jérémie Maillard (violoncelle), Florence Bourdon (harpe).


Conférences & colloques autour de l’exposition

Poussielgue-Rusand et le néo-gothique, 1847-1870

Dates : Jeudi 13 novembre 2025 de 12h30 à 13h30

Au milieu du XIXe siècle, Placide Poussielgue-Rusand hérite d’un commerce de fabrication de bronzes d’église et l’étend à l’orfèvrerie religieuse. Son entreprise connaîtra une destinée florissante et ses pièces le verront récompenser aux expositions universelles. La conférence reviendra sur son itinéraire et ses ouvrages les plus précieux.

Intervenante : Anne Dion-Tenenbaum, conservatrice générale du Patrimoine au département des Objets d’art du Louvre.

Le Moyen Âge au 19e siècle entre France et Italie

Dates : Jeudi 4 décembre 2025 de 18h30 à 20h

Le thème de cette conférence sera abordé à travers des exemples concernant les arts précieux et les manuscrits enluminés.

Intervenante : Simonetta Castronovo, Conservatrice du Palazzo Madama et du Musée Civico d’Arte Antica de Turin.

Colloque : Les arts du Moyen Âge & de la Renaissance
du 19e siècle

Deux musiciens médiévaux gravés sur ivoire, gravure du XIXe siècle, musée de Cluny.
Deux musiciens médiévaux sur ivoire, 19e siècle, Musée de Cluny.

Dates : Lundi 8 décembre 2025 de 9h à 19h au musée de Cluny, Mardi 9 décembre 2025 de 9h à 19h à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), Mercredi 10 décembre 2025 au Louvre-Lens.

Ce colloque se tiendra sur 3 jours en décembre. Pour le programme détaillé, les conditions d’inscriptions et les intervenants, voir le site du musée.

Retrouvez toutes les infos sur ces événements et sur l’expo sur le site officiel du musée du Moyen Âge.


Retrouvez nos autres articles sur le Moyen Âge revisité par les romantiques du XIXe siècle :

En vous remerciant de votre lecture.

Frédéric Effe
Pour Moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Autour de Jacob Van Maerlant, nouvelle exposition de précieux manuscrits médiévaux au KBR Museum

événements autour du Moyen Âge au KBR Museum.

Sujet : Belgique médiévale, manuscrit ancien, manuscrits médiévaux, exposition, ducs de Bourgogne, musée, enlumineurs médiévaux, Bible enluminée, enluminure
Période : Moyen Âge central à Renaissance
Auteur : Jacob van Maerlant (1230-1300)
Lieu : KBR Museum,  Mont des Arts 28, Bruxelles.
Date : A partir du 23 mai 2023.

Bonjour à tous,

rés régulièrement, le KBR Museum de Bruxelles nous gratifie de nouveaux événements autour du Moyen Âge. A ces occasions, la grande institution bruxelloise — connue, auparavant, comme la Bibliothèque Royale de Belgique — en profite pour exposer de nouveaux trésors issus de la riche collection de la Librairie des ducs de Bourgogne dont elle a la charge.

Bien plus qu’une simple exposition

Si ces expositions tournantes permettent au public de découvrir de précieux manuscrits du Moyen âge, elles ont aussi l’avantage d’éviter que ces codex d’une grande rareté ne restent trop longtemps exposés aux lumières, même soigneusement tamisées des salles du musée. Après quelques mois d’exposition au public, ces ouvrages d’exception et leurs belles enluminures regagnent, donc, leur coffre aux trésors afin d’y retrouver un lieu de conservation plus approprié pour une durée indéterminée, et c’est aussi ce qui fait la valeur de ces exhibitions.

Pour le plaisir du public, ajoutons que ces événements ne se limitent pas à l’exposition de manuscrits, d’enluminures et d’estampes rares, ce qui pourrait déjà contenter de nombreux amateurs d’œuvres anciennes. Chaque nouvelle saison au KBR Museum inaugure également son lot d’activités interactives, entre visites sur mesure, conférences et échanges, ou encore ateliers à la découverte de nouvelles techniques d’enluminure médiévales, etc… Bonne nouvelle, les mois à venir ne dérogeront pas à la règle !

Ajoutons que ce musée moderne et dynamique, tout à fait dans son temps, offre encore à ses visiteurs, un parcours animé et immersif à la découverte de la vie au XVe siècle, du temps des ducs de Bourgogne.

Grand trésor de cette nouvelle saison :
la Rijmbijbel de Jacob Van Maerlant

Enluminure de la bible en vers de Jacob  Van Maerlant (XIIIe siècle), ms 15001, KBR Museum

Pour cette nouvelle saison qui s’ouvre le 23 mai, l’occasion sera donnée aux férus d’histoire et aux passionnés de Moyen Âge de faire la découverte d’un manuscrit de très grande valeur et copieusement enluminé : la Rijmbijbel, bible en vers que l’on doit au poète et écrivain flamand Jacob Van Maerlant. Avant de dire un mot de cette véritable star de l’exposition, nous vous invitons à découvrir cet auteur médiéval et son œuvre majeure pour la Belgique et les Pays-Bas du Moyen Âge central.

L’œuvre et le legs de Jacques Van Maerlant

Satut de Jacob Van Maerlant a Damme

A propos de Jacob Van Maerlant, en français Jacques Van Maerlant, quelques zones de floue subsistent dans a biographie mais dans les grandes lignes, cet homme de lettres, natif de la province de Bruges, aurait officié comme sacristain à Maerlant, avant de s’installer à Damme, ville de la banlieue de Bruges où il fut greffier et clerc.

Durant sa longue vie, il produisit une œuvre impressionnante et variée qui l’a fait considérer comme un des pères de la littérature médiévale en langue néerlandaise. Il a notamment donné au moyen néerlandais, ses véritables lettres de noblesse, en le faisant entrer de plein pied dans les bibliothèques du Moyen Âge central, aux côtés du latin.

Jusqu’à aujourd’hui, la plupart des biographes de Jacques Van Maerlant ne tarissent pas d’éloges à son sujet et certains n’ont pas hésité à le qualifier de « glorieux père de la poésie flamande« , de « père de la littérature belge« , avançant encore « qu’il a ouvert une nouvelle ère de l’intelligence en Belgique » (1).

Un nombre vertigineux d’ouvrages adaptés
en moyen néerlandais

Une certitude demeure. Au cœur du XIIIe siècle, cet auteur médiéval a pris l’éducation de ses contemporains très au sérieux, en nourrissant le projet de rompre avec le latin pour mettre, à leur disposition, un large corpus d’ouvrages en langue vernaculaire. Ainsi, s’il s’attaqua dans un premier temps à la traduction du Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure (1160-1170) et du Roman d’Alexandre, et s’il adapta aussi, de manière plus libre, certains romans arthuriens en langue d’oïl de Robert de Boron (2), il se dirigea, par la suite, vers des ouvrages plus scientifiques et encyclopédiques. On pourrait même presque dire « académiques ».

A ce titre, il traduisit le Secretum Secretorum du pseudo Aristote du latin vers le moyen néerlandais, sous le titre Heimeliсheit der Heimeliсheden, ainsi que des précis d’histoire naturelle (Der naturen bloeme à partir du De natura rerum de Thomas de Cantimpré), des chroniques historiques (le Spiegel historiael tiré du Speculum historiale du dominicain Vincent de Beauvais) et et d’autres textes variés. Entre toutes ses contributions, on lui doit encore des ouvrages plus liturgiques et religieux, incluant une hagiographie de Saint François d’Assise, ainsi que sa bible en vers, la Rijmbijbel que le KBR Museum exposera cette saison.

L’auteur & poète au delà du traducteur

« Quand Van Maerlant n’eût été que le simple traducteur de cette masse prodigieuse de compilations qui renfermait, pour ainsi dire, toute la science du Moyen Âge, il eût fait l’admiration de son siècle. (…) Mais il se distingua aussi comme poète original et lyrique. »

Revue trimestrielle, Trente-quatrième volume – Tome 2, Bruxelles (1862)

Impressionnants par leur seul volume, les travaux d’adaptation de Jacques Van Maerlant furent loin de se résumer à de simples traductions littérales ; dans de nombreux cas, l’écrivain flamand a su prendre de vraies libertés d’auteur, ajoutant, retranchant et apportant ses propres précisions et connaissances.

Portrait de Jacob Van Maerlant, dans le Spiegel Historiael (XIVe siècle), enluminure retouchée par Moyenagepassion.
Portrait de Jacob Van Maerlant (XIVe)

Au delà, cet homme de lettres prolifique ne s’est pas contenté d’adapter en néerlandais ce que d’aucuns considèrent comme la somme des savoirs encyclopédiques de son temps. Il a également rédigé de nombreux poèmes dont quelques satires (le Wapene Martyn, un dialogue sur la corruption de la noblesse, ou encore le Dek Kerken Clerghe, une complainte sur le clergé corrompu). Autant d’écrits qui l’ont fait reconnaître par les érudits et littérateurs médiévaux, comme une des plumes les plus fines de son temps, et même comme le plus grand poète en langue néerlandaise du XIIIe siècle.

Pour finir, entre tous les efforts de Jacques Van Maerlant pour mettre à portée de ses contemporains une large librairie en langue néerlandaise, sa «Rijmbijbel», est, à ce jour, considérée comme le premier manuscrit illustré rédigé en moyen néerlandais, c’est dire à quel point sa valeur intrinsèque est grande. Avant d’y revenir, il nous semble utile de faire, ici, une parenthèse sur la langue néerlandaise et sa formation du haut Moyen Âge au Moyen Âge tardif. Cela nous permettra de fixer quelques connaissances supplémentaires sur l’Europe médiévale.


A l’origine de la langue néerlandaise

La langue néerlandaise trouve ses origines dans le bas-francique. Cet ensemble de dialectes d’origine germanique était celui que parlaient, au haut Moyen Âge et au milieu du Ve siècle, les francs saliens fraîchement débarqués aux Pays-bas. Ce sont ces mêmes francs saliens qui donnèrent lieu à la dynastie mérovingienne. Sur cette nouvelle ère géographique, qui comprenait la Hollande et une partie de la Belgique actuelle, ces dialectes franciliens se sont assez vite différenciés de leurs racines originelles.

De fait, la langue néerlandaise s’est constituée peu à peu, par la combinaison et la réunion de ces différentes formes dialectales. On considère qu’elle est parvenue à sa forme à peu près fixée, vers la fin du Moyen Âge central, au XIVe/XVe siècle. Sur ces dix siècles d’évolution, la période correspondant au moyen néerlandais s’étale du milieu du XIIe siècle à la fin du Moyen Âge (XVe). Lui succédera le néerlandais moderne.

Aujourd’hui, le néerlandais est parlé sous diverses variantes, par plus de 30 millions de locuteurs sur la planète, ce qui en fait la 3eme langue d’origine germanique du monde, après l’allemand et l’anglais. La Hollande et la Belgique restent son fief principal avec les 2/3 des locuteurs, mais c’est aussi la langue officielle du Suriname et des Antilles néerlandaises. On la trouve encore en usage dans certains coins plus marginaux : au nord de France, dans certaines provinces allemandes, ou encore aux Philippines, sur le continent Australien et en Nouvelle Zélande. C’est encore elle qui a donné naissance à la langue des Afrikaners, toujours pratiquée en Namibie et en Afrique du Sud.


La précieuse bible en vers de Jacob Van Maerlant

Après ce long détour qui vous aura, nous l’espérons, appris des choses, revenons à l’exemplaire de la Rijmbijbel de Jacob Van Maerlant exposé, à partir du 23 mai, au KBR Museum. Au vu du nombre de manuscrits de cette bible en vers ayant traversé le temps pour nous parvenir, cet ouvrage a assurément connu un certain succès dans son berceau d’origine. On compte, en effet, à date, soixante-quatre codex survivants, ce qui est assez considérable pour un ouvrage du XIIIe siècle (voir l’excellente conférence de Richard Trachsler sur la codicologie).

Dans le lot, un superbe exemplaire se trouvait, donc, conservé dans la bibliothèque des Ducs de Bourgogne et quel exemplaire ! Sous la référence ms 15001, plusieurs facteurs font la particularité et la grande valeur de ce manuscrit médiéval. Tout d’abord sa datation. Copié dans la dernière partie du XIIIe siècle, à date, ce codex est une des plus anciens manuscrits illuminés en langue néerlandaise.

Entre toutes les autres bibles en vers de Jacob Van Maerlant répertoriées, le ms 15001 est également l’un des plus enluminé, avec un total envoisinant les 160 miniatures, auxquels viennent s’ajouter des enluminures textuelles et d’autres ornements. Bref, un travail d’orfèvre pour une copie destinée assurément, en son temps, à un public très sélect.

Un patient travail de restauration

Enluminure de la bible en vers de Jacob  Van Maerlant (XIIIe siècle), ms 15001, KBR Museum

Pour les conservateurs du KBR Museum, ce trésor du Moyen Âge et du patrimoine mondial avait grand besoin, de longue date, d’un traitement spécial. Fort heureusement l’opération put être financée et lancée en 2014. Au programme, digitalisation, restauration et une foule d’opérations minutieuses pour s’assurer de la longévité et de la conservation future du manuscrit. Ce sont tous ces soins patients, effectués par des mains expertes, qui ont permis au Musée Bruxellois d’exposer, aujourd’hui, ce rare codex médiéval, aux yeux du public.

De Van Maerlant aux bibles enluminées

A l’occasion de cette exposition, la bible versifiée de Jacob Van Maerlant sera accompagnée d’une nouvelle sélection de manuscrits mais aussi d’estampes et d’enluminures en provenance de la librairie des ducs de Bourgogne. L’œuvre de l’auteur médiéval flamand y sera largement à l’honneur mais pas seulement puisque le thème des enluminures et de l’imagerie dans les bibles du Moyen âge et de la Renaissance sera également exploré.

Pour le reste, le programme se partagera, entre conférences, visites spéciales, ateliers et même lectures poétiques. Vous en trouverez, ci dessous, un petit digest des dates clef. Pour plus de détails sur les tarifs et les disponibilité, n’hésitez pas à vous reporter au site web officiel du KBR Museum.

Atelier : peindre une miniature de la Rijmbijbel

Date : 28 mai 2023 – 10h00 17h00
Intervenante : Dorothée Van Hona

Dans cet atelier, il s’agira d’apprendre à créer et reproduire une miniature de manuscrit médiéval de Jacques Van Maerlant. Au programme, variations autour des techniques, des pigments, des pinceaux et des supports utilisés par les enlumineurs médiévaux. Réservation recommandée, le maximum de participants étant fixé à 10 personnes.

Conférence : La restauration de la Rijmbijbel

Date : 03 juin 2023 – 11h00 12h30
Intervenante : Tatiana Gersten,
conservatrice-restauratrice au KBR

Cette conférence vous proposera de suivre les étapes de la délicate restauration du précieux manuscrit médiéval du XIIIe siècle, en compagnie d’une experte au première loge du sujet.

Lecture poétique & scénique autour du manuscrit

Date : 10 juin 2023 – 13h30 16h30
Intervenant : le collectif de poésie SpeakEasy Spoken Word BXL

Lecture poétique et scène ouverte autour de la bible en vers de Jacob Van Maerlant par un collectif d’artistes.

Atelier libre autour des enluminures

Date : 11 juin 2023 – 14h00 16h30
Intervenant : Dorothée Van Hona
Cette atelier vous permettra de vous familiariser de manière générale, avec les techniques d’enluminure en usage au Moyen Âge.


Pour conclure et comme vous l’aurez compris, à partir du 23 mai, l’histoire médiévale vous donne rendez-vous en grand au KBR Museum. Le temps de votre séjour (si vous ne vous trouvez pas déjà sur place), vous pourrez bien sûr, bénéficier de tous les agréments que ne manquera pas de vous proposer la capitale belge, si chère à Dick Annegarn.

En vous souhaitant une excellente journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.


Notes

(1) Notice sur Jacques Van Maerliant, Philip Blommaert, Bruges (Vandecasteele-Werbrouck 1849),
(2) Jacques Van Maerlant, par Willem Lodewijk de Vreese, Bruxelles (Imprimerie Bruylant-Christophe et Cie, 1894)

Manuscrits rares et basse-danse au KBR Muséum de Bruxelles

événements autour du Moyen Âge au KBR Museum.

Sujet : musique, basse danse, Bourgogne médiévale, manuscrit ancien, manuscrits médiévaux, exposition, ateliers, ducs de Bourgogne, musée, enlumineurs médiévaux
Période : Moyen Âge tardif, XVe siècle & renaissance
Lieu : KBR Museum,  Mont des Arts 28, Bruxelles.
Dates : samedi 3 et dimanche 4 décembre 2022

Bonjour à tous,

vec l’arrivée de l’hiver, le KBR Museum de Bruxelles se drape de ses plus belles couleurs médiévales pour proposer à ses visiteurs de nouvelles expositions et de nouveaux ateliers.

Ainsi, à partir du 22 novembre, le musée exposera une nouvelle sélection de manuscrits et œuvres du temps de la Bourgogne médiévale. Le KBR a, en effet, hérité de la riche librairie des Ducs de Bourgogne, une collection d’ouvrages conservée précieusement sur place et que le public peut découvrir à l’occasion d’exposition variées.

Nouveaux manuscrits à découvrir
& basses danses de Marguerite d’Autriche

Temps fort de cette nouvelle exposition de pièces et manuscrits de la fin du Moyen Âge et des débuts de la renaissance, le week-end des 3 et 4 décembre verra exposer un manuscrit particulièrement précieux, demeuré sous clef depuis de longues décennies. Il s’agit du manuscrit original des basses danses de Marguerite d’Autriche, référencé KBR ms 9085. Véritable symbole de luxe et de prestige en son temps, cet ouvrage ancien d’une grande rareté est réalisé sur parchemin noir, pour une écriture et des notations musicales faites à l’encre doré et argenté.

feuillet du manuscrit ms9085, basses danses & musique médiévale du XVe siècle

Pour prendre toute la mesure de sa nature exceptionnelle, à ce jour, on compte seulement 7 manuscrits anciens dans le monde réalisés avec une technique similaire et sur un tel parchemin. C’est d’ailleurs ce qui explique que cet ouvrage ne voit pratiquement jamais la lumière. En plus d’être précieux et prestigieux, le ms 9085 est, en effet, extrêmement fragile et s’est montré, jusque là, rétif à toute tentative de restauration.

Le contenu du très rare ms 9085

Du point de vue de son contenu, ce manuscrit propose, sur 47 feuillets, 58 basses danses annotées musicalement et chorégraphiquement. Nous lui avions d’ailleurs consacré un article accompagné d’une basse danse en musique, ici. Daté des tout débuts du XVIe siècle, le ms 9085 compte aussi parmi les plus anciens témoins écrits des basses danses, danses de cour tout en maintien qui resteront prisées de la classe nobiliaire, jusqu’à la fin du siècle suivant.

Resté au coffre du musée depuis plus de trente ans, ce véritable trésor plusieurs fois centenaire fera donc une sortie exceptionnelle, le temps d’un week-end, avant de regagner, en toute discrétion, son lieu protégé, loin des regards du public.

Visite guidée et ateliers sur les secrets
de fabrication des manuscrits médiévaux

Basse-danse enluminure médiévale du Ms 5073 de la BnF
« Regnault de Montauban », T2, ms 5073 réserve, Arsenal, basse-danse, BnF.

Au KBR Museum, ce même week-end de décembre sera, bien sûr, l’occasion de parler de musique médiévale et notamment de basses danses. A ce titre, nous ne pouvons que vous conseiller de profiter de l’occasion pour une visite guidée (le 4 décembre de 11h00 à 12h30), en compagnie des guides du musée. Ils se proposeront de vous faire découvrir tous les secrets de fabrication des manuscrits médiévaux et de vous initier au sens caché et aux symboles que recèle l’art des enluminures au Moyen-Âge. En leur compagnie, vous pourrez également découvrir les nouveaux manuscrits de la Librairie des Ducs de Bourgogne exposés cette saison, donc celui mentionné ci-dessus.

Durant ce même week-end, l’exposition sera encore complétée par deux ateliers de découverte et mise en pratique de la calligraphie ancienne et de l’usage des pigments naturels dans l’enluminure médiévale : les samedi 3 & dimanche 4 décembre, de 14h00 à 17h00 heures.

Voir les détails et informations sur le site officiel du KBR Museum.


En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen âge sous toutes ses formes.

Exposition : tout sur la médecine médiévale à la tour Jean-Sans-Peur

Sujet : science médiévale, savant, médecine médiévale, santé, médecin médiéval, pratique médicales, pratiques chirurgicales, diagnostic, posologie, pharmacopée, santé publique.
Période : Moyen Âge central à tardif
Exposition : La Santé au Moyen-âge
Lieu : Tour Jean-Sans-Peur, 20 Rue Étienne Marcel, 75002 Paris
Dates: de juin 2022 au 12 mars 2023

Bonjour à tous,

ur l’agenda des événements d’intérêt, si vous êtes sur Paris ou que vous y passez, ne manquez pas de faire un crochet par la Tour Jean-Sans-Peur pour y découvrir une belle exposition sur la santé et sur la médecine au Moyen Âge. Lancée depuis le 22 juin, elle y restera visible jusqu’au 12 mars 2023.

Santé, médecine et chirurgie médiévales
sous toutes les coutures

Avec près de cent documents exposés, cette exposition sur la médecine médiévale propose aux visiteurs de se glisser tantôt dans la peau du praticien ou du malade. Son programme se décline aussi en des thèmes variés, favorisant une large balayage du sujet.

Principes de santé & pratiques médicales

La Santé au Moyen Âge - Exposition sur la médecine médiévale - Paris

Théorie des humeurs, principes des analogies (couleur, formes) et des signatures, ou encore prévention et régime diététique dans la droite ligne d’Avicenne ou de l’Ecole de Salerne, venez découvrir les dessous théoriques des pratiques médicales médiévales, ainsi que leur diffusion de la fin du haut moyen-âge au moyen Âge tardif.

On y verra aussi comment la religion, l’astrologie, mais aussi des principes magiques restaient alors étroitement intriqués aux pratiques médicales du côté du praticien comme du patient (sur la partie religieuse, on pourra se référer, par exemple, aux prières de guérison préconisées par Hildegarde de Bingen). Quant à l’expérimentation, la médecine médiévale ouvre de nouveaux espaces de recherche en matière d’anatomie comme en matière de traitements expérimentaux d’une façon que n’aurait sans doute pas désavoué Roger Bacon ( tous ces aspects devraient rappeler des souvenirs à ceux qui ont lu notre roman Frères devant Dieu ou la tentation de l’Alchimiste ). L’exposition fera également la lumière sur le corps humain au Moyen Âge et une vision de son fonctionnement souvent attachée à de nombreuses analogies : le foie alambic, la panse chaudron, etc…

Trousse du médecin médiéval & chirurgie

Comment le médecin médiéval établit-il un diagnostic et, une fois ce dernier posé, comment engage-t-il l’acte médical ? Mais encore que transporte-t-il avec lui dans sa trousse à outils ? Pansements, traitements d’urgence, médicaments, dosages… Cette partie de l’exposition approche toutes ces questions et s’y ajoute un large crochet par la chirurgie au Moyen-âge : diagnostic, examens, intervention, convalescence, etc… Autant de pratiques fascinantes et élaborées, dont certaines vont vous faire adorer, encore plus, le monde moderne (effet garantie !).

Os de Seiche, Poudre de Momie : détail d’enluminures du MS Français 12322, « Platearius,Livre des simples médecines, ou l’Herboriste. » , BnF départements des manuscrits.

Santé publique & profession médicale

Gare aux miasmes et à l’air vicié, sus aux vapeurs méphitiques et perfides qui contiennent assurément les promesses de maladies prochaines ! Peste, lèpre, mal des ardents, maux inconnus, durant la période médiévales, la santé publique sera mise au défi bien des fois. L’exposition vous proposera, ici, une incursion du côté du développement de la profession médicale (réseaux, implantation, universités et diplômes, contrôle de la pratique), mais aussi des établissements hospitaliers au Moyen-âge central.

Les maladies au Moyen Âge

Apothicaire, Français 218, Barthélémy l’Anglais, Livre des propriétés des choses, traduit du latin par Jean Corbechon, (1485) BnF, Département des Manuscrits

Enfin c’est un des derniers grands thèmes de cet événement à la Tour Jean-Sans-Peur, vous serez invité à un détour sur les maladies et leur définition au Moyen-Âge : une longue liste à la Prévert un peu spéciale, du petit bobo au grand fléau pour une médecine qui tente déjà d’apporter des réponses sur tous les terrains avec des pharmacopées diverses et pas toujours conventionnelles : vous allez me prendre deux cuillérées à café de poudre de momie et une pincée d’Os de Seiche et vous verrez qu’après une saignée ou deux, vous irez tout de suite mieux.

Commissaire de l’Exposition : Danièle Alexandre Bidon. Les écrits de cette imminente, historienne et médiéviste de L’EHESS nous avait déjà servi de guide à l’occasion d’un article sur le statut de la mort et ses représentations au Moyen Âge.

Pour plus d’informations, détail, horaires sur cette exposition, rendez-vous sur le site web de la Tour Jean-Sans-Peur

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes.

NB : l’enluminure en-tête d’article est tirée du « Livre des propriétés des choses de Bathélemy l’Anglais » , traduit du latin par Jean Corbichon. Ce manuscrit médiéval du XVe siècle est conservé au Département des manuscrits de la Bnf sous la cote Français 22534.